En Grèce, des scandales de corruption éclaboussent l'Eglise

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En Grèce, des scandales de corruption éclaboussent l'Eglise

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Article paru dans LeMonde.fr .

Conséquences:

- La popularité de Mgr Christodoulos est au plus bas aujourd'hui
- On parle beaucoup de séparation entre église et État.

Suit une copie de l'article. Apostolos.

En Grèce, des scandales de corruption éclaboussent l'Eglise orthodoxe et la justice

LE MONDE | 08.02.05 | 14h54

Athènes de notre correspondant

Une série de scandales éclabousse la justice grecque et ébranle fortement la toute-puissante Eglise orthodoxe depuis la mi-janvier. Le chef de l'Eglise lui-même, Mgr Christodoulos, archevêque d'Athènes, a été mis en cause. Face au tollé provoqué par cette affaire sans précédent, le gouvernement a été contraint, fin janvier, d'annoncer un projet de loi drastique contre la corruption.

Les premières poursuites ont été lancées, le 15 janvier, contre le président du tribunal de première instance d'Athènes, après la diffusion, sur une chaîne de télévision grecque, d'images le montrant en train d'exiger 5 000 euros d'un avocat pour que l'un de ses clients bénéficie d'une indemnisation.

Dans la foulée, trois autres magistrats, deux juges et un procureur, ont été traduits devant l'assemblée générale de la Cour suprême, pour avoir réclamé des pots-de-vin. Selon les médias, une dizaine d'autres magistrats seraient également visés.

Dans le même temps, la presse révélait que l'archimandrite (supérieur d'un monastère) Iakovos Giosakis, déjà poursuivi pour une affaire de trafic d'antiquités sur l'île de Cythère, au sud du Péloponnèse, était en contact avec ces magistrats suspects. Il a été arrêté en pleine rue à Athènes, vendredi 4 février, et placé en détention préventive.

Iakovos Giosakis aurait corrompu les magistrats à son profit et au bénéfice de deux métropolites, Mgr Theoklitos, évêque de Thessalie, et Mgr Pantéléïmon, évêque d'Attique, dans l'agglomération d'Athènes. Ils sont tous deux proches du chef de l'Eglise, Mgr Christodoulos.

Mgr Pantéléïmon est, en outre, accusé par les médias (qui ont diffusé des cassettes compromettantes) de s'être assuré le soutien d'un juge du Conseil d'Etat pour contrer la contestation de sa nomination.

Devant cette avalanche d'accusations, l'archevêque d'Athènes, Mgr Christodoulos, a promis un grand "nettoyage" au sein de l'Eglise. Il a réuni l'organe judiciaire du Saint-Synode qui a suspendu, vendredi, Mgr Pantéléïmon pour six mois. Le cas de Mgr Theoklitos devait être jugé mardi 8 février.

Le Saint-Synode avait également appelé, jeudi, ses fidèles à dénoncer les prélats corrompus : "Tout fidèle détenant des preuves légales à charge - est invité - à venir déposer devant les organes ecclésiastiques pour faire face à d'éventuels comportements susceptibles d'affecter le prestige de l'Eglise".

Très influente dans un pays où elle n'est pas séparée de l'Etat, l'Eglise a aussi dû s'expliquer, vendredi, sur une lettre du chef de l'Eglise lui-même, datant de 1996. Mgr Christodoulos, alors évêque de Volos, y intercédait pour la remise en liberté d'un trafiquant de drogue grec d'Albanie. Son porte-parole a déclaré qu'il s'agissait d'une intervention "philanthropique". Trois autres hauts prélats seraient également impliqués dans des scandales, selon la presse.

Cette avalanche d'affaires a notamment relancé le conflit, récurrent au sein de la hiérarchie, entre Mgr Christodoulos et l'un de ses principaux rivaux, Mgr Hiéronymos, évêque de Thèbes, sur les liens présumés entretenus avec le sulfureux archimandrite, Iakovos Giosakis. Ce dernier aurait, selon la presse, agi en faveur de l'élection de Mgr Christodoulos, qui a démenti.

Pour enrayer la crise judiciaire, le ministre de la justice, Anastassios Papaligouras, a annoncé, fin janvier, une série de mesures visant à lutter contre la corruption. "Les accusations et les révélations des derniers jours (...) jettent une ombre pesante sur la justice", a déclaré le premier ministre, Costas Caramanlis. "Une crise peut être positive si elle permet l'assainissement. La justice veut éclaircir la situation, l'Eglise a toute capacité pour faire face à la crise", a commenté le chef de l'Etat, Costis Stéphanopoulos.

Selon le projet de loi qui sera prochainement déposé au Parlement, le délit de corruption commis par un juge sera transformé en crime. Le nombre d'inspecteurs chargés de contrôler les activités des juges devrait augmenter tout comme les contrôles des revenus des magistrats. Des peines plus sévères seront appliquées pour le parjure et le faux témoignage, "deux phénomènes qui ont pris des dimensions endémiques", selon M. Papaligouras.

Didier Kuntz

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.02.05
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