UACORO

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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je partage d’autant plus la réserve des deux précédents intervenants que je me demande si l’intérêt réel de l’opération n’est pas d’attirer l’ÉCOF-Blanqui, qui est maintenant dans une totale impasse, et de mettre la main sur son patrimoine immobilier. Reste le problème de la forme corporative que l’Église serbe pourra donner à ses recrues, de l’influence qu’elle pourra avoir sur elle et et de l’encadrement qu’elle pourra lui fournir.

Par ailleurs une alternative pourrait se dessiner, très inattendue, dans la mesure où certains (de l’ÉCOF et de l’ex-UACORO) pensent pouvoir constituer un groupe spécifique… au sein de l’Église catholique ! Il est probable que l’épiscopat catholique peut compter sur la complicité des évêques orthodoxes de l’AEOF, et cela correspond à la ligne actuelle de “récupération des groupes fondamentalistes”, qu’on pouvait deviner dans le texte du cardinal Kasper cité dans un autre fil par Sophie.

Donc un nouvel épisode à suivre.

Ce qui me frappe dans toute cette histoire, c'est qu'on semble surestimer la réelle implantation (fort minime) tant de l'UACORO que de l'ÉCOF, ainsi que leur dybamisme (fort tristounet). En fait on voit surtout les locaux.
Jean-Louis Palierne
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Mon cher Antoine,

Le vote sur la dissolution a eu lieu le samedi 19 en fin d’après-midi. C’est une étape importante, mais c’est une étape. Il reste une « UACORO croupion » si l’on veut mais ce n’est qu’une question légale, puisque la date butoir a été votée et que, jusqu’à cette date, la seule responsabilité du bureau est de procéder à la dévolution des biens telle qu’elle a été votée aussi par l’AG. C’est la ratatouille pour César.
La dernière étape va avoir lieu dans les paroisses, chacune pour elle-même, chacune va devoir faire la démarche prévue auprès de l’Eglise de Serbie, ou de l’Eglise Russe pour une au moins, ou partir à l’aventure, ou se dissoudre. Il n’y a plus d’ensemble.

Cela précisé, j’ai posté ce message dimanche 20 après la liturgie à Juvisy et les agapes monstres qui ont suivi. Alors le « nous » que j’ai écrit, je le reconnais, est ambigu. Il ne désignait pas une entité organisée ni une ombre mais une communauté de cheminement vécu par les personnes, tous les débats, les dialogues, les maturations qui ont mené à accepter la main tendue par l’Eglise serbe. Ce « nous » recouvrait des noms, des visages, des amitiés, des souffrances partagées. Autant l’UACORO n’a plus aucune raison d’être, autant ce vécu ne peut s’arracher du cœur. Pour ma part, il y a dans ces paroisses, en dehors même de Juvisy, des gens que je connais et avec qui j’ai noué des liens d’amitié très forts depuis 25 ans. Je ne vais pas leur tourner le dos ou leur faire la soupe à la grimace parce que, entrés dans la même Eglise, nous devrions faire attention à ne pas constituer je ne sais quel fantôme.
Pris individuellement, tous les clercs et fidèles de l’ex-UACORO ne rejoindront pas l’Eglise serbe. D’ores et déjà, tous les … etc., la bonne formule… savent très bien qui fera quoi et personne ne peut voir les quelques décisions d’errance sans en souffrir. C’était le seul sens de ma phrase.

Le rattachement par paroisse ne signifie pas que ne seront pas pris en compte les situations canoniques personnelles mais soyez un peu réalistes ! La dispersion dans les juridictions n’était de toute manière envisageable que pour les Parisiens et banlieusards. En province, ou bien les fidèles et clercs, etc., entraient ensemble dans la ou les deux juridictions existantes, ou bien restaient de toute manière une paroisse parce que seuls sur le terrain. C’est un faux problème. Le vrai, c’est effectivement la façon dont va se vivre cette intégration. Et ça, je n’en sais rien. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’évêque Luka et le père Jovan l’ont présentée, dans une vision pastorale vivante. J’ai tendance à leur faire confiance. Ils ont agréablement surpris tous ceux qui nourrissaient des craintes, échaudés par d’autres attitudes. Il y avait un monde entre l’évêque Luka nous rappelant (à l’ouverture de l’AG) que l’Eglise est le corps du Christ, nous parlant d’emblée théologie, et quelqu’un que je ne nommerai pas nous traitant à l’AG précédente comme des gamins de l’école maternelle parce qu’un homme avait eu le malheur de se tenir les mains derrière le dos et qu’en Serbie, ça ne se fait pas.

Et, mon cher Jean Louis, vous m’atterrez. Si tout ce que cherchent les évêques, ce n’est pas le salut de nos âmes mais les locaux de l’ECOF, ils ont fait une grave erreur de tactique. L’ex-UACORO n’en possède pas, tout est loué, prêté ou hélas juridiquement à l’ECOF. Et je ne vois pas Babar lâcher ses biens comme ça, sauf à les vendre pour entretenir « Céleste ». Donc…
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Anne-Geneviève,

Ne soyez pas atterrée. Vous savez bien que les chefs historiques de l’UACORO ont agi ainsi parce qu’ils qont allés à Cetinije pour entendre du métropolite Amfilohije l’assurance que le rite des Gaules est bon, qu’il voudrait bien le célébrer et qu’il espère qu’il sera bientôt autorisé, puisqu’il l’avait déjà été par saint Jean Maximovitch. Ces personnes s’étaient d’ailleurs empressées de le faire savoir autour de l’UACORO. C’est ce que j’avais indiqué dans la orésente file “UACORO” dans mon message du 6 septembre dernier. Comme certains présentent à Belgrade mgr Amfilohije comme le futur et prochain patriarche serbe, lesdits “chefs historiques” espèrent que leur attente sera de courte durée. Ils ne tiennent donc aucun compte de la position du synode serbe qui leur avait été notifiée, de manière très officielle, par mgr Athanase Jevtitch, et d’ailleurs l’Église serbe ignore aussi la position qui avait été prise en son nom, elle a retourné sa veste en acceptant de recevoir les ex-uacoriens par paroisses entières (et par lequel des saints Mystères de l’Église orthodoxe : Chrismation ? Pénitence ? rien du tout ?).

L’étape suivante sera de constituer un doyenné francophone au sein de l’Église serbe, d’attirer les fidèles de Blanqui (l’ÉCOF-Germain) dans ce doyenné en leur faisant miroiter une probable prochaine réhabilitation (par l’Église serbe) du rite des Gaules, puis de provoquer une mutation juridictionnelle de cette ÉCOF qui se survit, en sorte d’acquérir son patrimoine (surtout l’Église du boulevard Blanqui).

Le problème est que les divers constituants de cette éventuelle renaissance de l’ÉCOF (un certain nombre de paroisses, et aussi un certain nombre de personnes) ne cessent de s’effriter et de se disperser, et qu’ils sont de plus en plus nombreux à sougaiter dans une Église orthodoxe authentique.
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Pourquoi la Serbie? Cette question est aussi une réponse.
Des tensions se sont cristallisées autour de cette liturgie des Gaules au sein du patriarcat de Serbie: prendre la liturgie pour un moyen alors qu'elle est une finalité en soi , n’est-ce pas là un dérapage inquiétant ?

Il devait y avoir un examen de la liturgie des Gaules par le synode de Serbie. Cet examen , il me semble, était un préalable à toute négociation ou tout au moins une pièce importante du dossier. Qui a été chargé de cette analyse? Quelles sont les conclusions de cette étude? Quelle est la position synodale de l'Eglise Serbe sur cette liturgie? Les propos du métropolite Amfilohije à Cetinije sur ce rite des Gaules ont ils été unanimement désavoués par le synode serbe? Je comprends bien qu'il y avait urgence à traiter la souffrance spirituelle de ceux qui ont demandé asile à la Serbie, mais n'a-t-on pas traité un cancer avec un cachet d'aspirine?
Une légitimation prochaine éventuelle de cette pseudo liturgie des Gaules ne porterait-elle pas une très lourde atteinte à l'orthodoxie en France et à l'établissement d'une Eglise locale?
Combien de fidèles de l'ex UACORO ont-ils encore l'espoir d'une reconnaissance de "leur" liturgie? Les membres de l'ex UACORO sont-ils convaincus de la nécessité définitive de ne plus jamais pratiquer ce rite des Gaules? Qu'en est-il de leur pratique personnelle chez eux?
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Le plus étrange, c'est la distance énorme entre votre discours et celui de monseigneur Luka ou du père Jovan. Ils parlent de l'Eglise corps du Christ, de la relation personnelle sur laquelle se bâtit l'Eglise. En les écoutant, je me sentais proche des collines de Tibériade quand le Christ énonçait les Béatitudes. Mon coeur s'ouvrait et jubilait.
A vous lire sur ce fil, je retombe dans la politique ecclésiastique et la pire. Mais -- et là je vais au delà de la question de l'UACORO, de l'ECOF, des rites ou de tout ce que vous voudrez -- si vous pensez vraiment que toute démarche ecclésiale orthodoxe aujourd'hui est d'ordre politique ou motivée par la rapacité, qu'est-ce que nous fichons là, tous, à essayer d'approfondir notre foi et partager notre expérience ou nos questionnements théologiques sur ce forum ? C'est le dernier carré des grognards à Waterloo ? Je veux encore croire en l'Eglise corps du Christ et porteuse des Béatitudes. Je n'ai rien à faire (j'édulcore, j'édulcore) des querelles de juridiction, des locaux de Babar et je tiens l'irruption de la géopolitique dans l'Eglise comme une calamité.
Je suis la première à chercher une "vraie Eglise orthodoxe", mais ce que je cherche n'est PAS un lieu où je devrais en permanence vérifier que les casseroles du passé ne viennent pas heurter un portillon, où il me faudrait prouver toutes les deux heures que je suis blanc bleu pour avoir bien été blanchie aux yeux de Pierre, Paul, Jacques ou Athanase, où je devrais me torturer la tête pour savoir si, en faisant la bise à un vieux copain, je ne vais pas recréer l'ECOF dont j'ai claqué les portes il y a plusieurs années, où la loi et la méfiance transformeraient l'accueil en prison.
Si vous savez ce que sera l'avenir, tant mieux pour vous. Sans naïveté, pour ma part, je vais à sa rencontre en laissant toutes les possibilités ouvertes. En espérant tout de la grâce divine et d'abord et surtout ce que je n'aurai pas prévu !
Et je vous supplie de ne pas voir dans cette phrase je ne sais quel tortueux projet pour réhabiliter un rite ou une organisation ou je ne sais quoi encore. J'ai l'impression affreuse que tout ce que j'écris pourrait être interprété au travers de lunettes politiques à rebours de ce que je balbutie.
Et je laisse les chefs "historiques" et le canal du même nom aux mouvements politiques. Ou alors l'histoire est vraiment à court terme !
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Antoine
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Message par Antoine »

Le plus étrange, c'est la distance énorme entre votre discours et celui de monseigneur Luka ou du père Jovan. Ils parlent de l'Eglise corps du Christ, de la relation personnelle sur laquelle se bâtit l'Eglise. En les écoutant, je me sentais proche des collines de Tibériade quand le Christ énonçait les Béatitudes. Mon cœur s'ouvrait et jubilait.
Oui, vous avez raison, je voulais rajouter à mon message en conclusion que ces interrogations étaient un peu abstraites ne s'appuyant que sur des dossiers et qu'il manquait un pan essentiel: la relation personnelle, humaine et fraternelle avec ces orthodoxes de l'UACORO, le partage commun de leur expérience vécue que vous avez évoquée. Mais quelle est la part du talent de Geneviève et celle de la réalité? Voir la réalité à travers vos yeux est déjà une sublimation... Combien de Geneviève à l'Uacoro? Je reste bien conscient que l'Eglise en plus d'être un corps spirituel, est un corps physique et non pas un corps administratif. Mais que voulez-vous le forum est essentiellement livresque et anonyme et on ne peut pas "toucher la bête". Je ne devrais même pas poster ce message. Je fais une exception «avec rien que l’espoir et toute l’alarme» comme l’écrit Yves Bonnefoy dans L’encore aveugle (coll. poésie/Gallimard : les planches courbes, p111.) et je crie aussi à Dieu comme les théologiens qu'il dénonce : «Tu es la bête furtive au cœur maçonné de nuit». (page suivante)
Irène
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Message par Irène »

Je ne devrais même pas poster ce message.
a dit Antoine. Ravie qu'il l'ait fait !
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Mon cher Antoine

J’écrivais ma réponse quelque peu exaspérée ou désespérée, je ne sais plus trop, à Jean Louis tandis que vous postiez vous-même un message. Ce croisement involontaire donne à la relecture un drôle de ton qui n’était pas prévu et que je ne tiens pas à prolonger. Qu’il soit bien clair que mon post du 26 novembre ne répondait qu’à Jean Louis Palierne.

Je vais essayer de répondre à vos questions calmement.
L’examen de la liturgie des Gaules a eu lieu de deux manières : sur les textes d’une part et par la visite d’un liturgiste réputé dont j’ai oublié le nom qui est venu deux fois assister à la liturgie à Juvisy. J’étais au chœur la première fois et je peux vous assurer que j’avais, comme les autres choristes, un trac de gamine qui passe un oral du bac ! Ce n’était pas un examen pour rire.
Les conclusions, elles sont sous-entendues puisque la lettre du Saint Synode met comme condition à l’intégration des paroisses la célébration exclusive de la liturgie selon saint Jean Chrysostome. Cela fut rappelé clairement par monseigneur Luka. Célébration en français, bien sûr. Et là, c’est tout un travail déjà bien suffisant, même si les paroisses francophones pourront bénéficier de l’expérience de celles qui existent déjà dans d’autres juridictions.
J’ai comme tout le monde entendu les rumeurs qui font de monseigneur Amfilohije le prochain patriarche mais là, je suis plus prudente que Jean Louis et vous. L’expérience historique prouve qu’en matière d’élection patriarcale, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué mène souvent à des surprises. Ce qui par contre est certain, c’est que l’Eglise de Serbie a un fonctionnement très fortement synodal et qu’un patriarche, quels que soient ses desiderata personnels, ne fera rien contre une décision collégiale.
Je n’ai pas entendu à l’AG de dissolution, même dans les couloirs, de complot quelconque pour « légitimer » prochainement le rite des Gaules et monseigneur Luka n’a rien fait miroiter en ce sens. J’ai plutôt entendu une demande de partitions pour la liturgie selon saint Jean Chrysostome et une inquiétude pour savoir comment se procurer des partitions du propre et pas seulement des textes.
N’étant pas madame Irma, je ne sais donc pas ce que sera l’avenir.

Cela dit, vous écrivez en fin de post à propos des fidèles de l’ex-UACORO : « Qu’en est-il de leur pratique personnelle chez eux ? » Ma réponse est nette : je n’en sais rien et je m’en fiche. La façon dont chacun prie chez lui, le mode de sa relation personnelle avec la Sainte Trinité, c’est une intimité où je ne me sens aucun droit ni d’intervenir tant qu’on ne me demande pas conseil ni surtout de fliquer. Si cela regarde quelqu’un d’autre, c’est le prêtre confesseur ou plus sûrement encore un père spirituel. Cela ne regarde ni vous ni moi. J’ai déjà assez de mal à trouver un mode de prière qui me convienne sans aller épier par le trou de la serrure ce que font les autres.
Pour ma part, je ne me suis jamais sentie à l’aise dans les offices bénédictins, même s’ils datent d’avant le schisme. Je m’y ennuie. Et au réveil, le moment où je prie plus formellement devant les icônes, c’est pire parce que je cantile en dormant (ou réciproquement)… J’ai essayé les offices byzantins, ils sont sans doute très puissants dans une communauté, mais pas très adaptés à la prière personnelle solitaire. J’ai essayé trois psaumes en déroulant le psautier d’un jour sur l’autre, à la manière des premiers moines. Ce n’est pas suffisant, pas assez chrétien si l’on ne dit que cela. Je cherche et je tâtonne pour trouver ce qui me conviendra vraiment. Et si je le trouve, je ne suis pas sûre du tout que cela conviendrait à quelqu’un d’autre.
C’est étrange d’ailleurs, votre question me fait prendre conscience de ce que j’ai entendu très peu de confidences, quelle que soit la juridiction, sur la prière personnelle de mes amis. Et je leur en ai fait aussi très peu. C’est bien la première fois que je pose mes interrogations en ce domaine, mes tâtonnements, devant d’autres.
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Glicherie
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Message par Glicherie »

Anne Geneviève,

simplement pour dire qu'il existe en français des livres ou livret contenant les prières pour le matin, le soir etc... qui sont prévues pour les orthodoxes, et qui sont plus courtes qu'un office. Je crois qu'elles contiennent vraiment tout ce qu'un chrétien dois dire au Seigneur à son réveil. Vous les trouverez dans le livre de prière du P.Denis Guillaume, de celui de Sebastopol, de St Nicolas de la Dalmerie, et surement sur le net.
eliazar
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UACORO

Message par eliazar »

Puisque Anne Genevièv se met à faire du strip tease spirituel, je me sens autorisé à me dévoiler à mon tour.

Pour répondre à Glicherie, je n'ai jamais compris le sens de "tout ce qu'un chrétien doit dire au Seigneur " : j'ai l'impression d 'entendre en écho un énoncé sur le devoir conjugal. Les livrets de prières personnelles édités par l'une ou l'autre église locale me donnent plutôt mauvaise conscience qu'autre chose : puisque tel ou tel évêque les recommande, ma voix intérieure de Capricorne me fronce les sourcils (exercice déjà très dur pour une voix) et me dit en roulant les Rrrr que je devrais les pratiquer, pour rester pleinement obéissant à ma hiérarchie.

Manque de bol, ils sont pratiquement tous farcis de prières qui me donnent des boutons. Je ne parle même pas de celles qui commencent par "Christouli mou" ("mon petit Jésus"), mais tous ces textes émanant de grands saints parfois, et dont le piétisme humide me donne l'impression d'avoir fait un mauvais rêve et de me réveiller en plein XVIIème siècle - je n'arrive pas à les lire (même à voix basse) sans me sentir emporté très loin de l'Église ; par exemple dans une "retraite spirituelle" organisée tambour battant par les RR.PP. de la Compagnie de Jésus.

En pratique :
1° J'aime bien, le soir, prendre le Grand Livre d'Heures du P. Denis (Guillaume), et dire les tropaires et kondakia du ou des saints du lendemain.

2° Je dis un mot personnel de vénération devant telle ou telle de mes icônes, lorsque je lève les yeux vers elle au passage dans la journée.

3°Et le matin je commence ma journée comme on commence toute action liturgique, par la récitation des Prières Initiales. Elles contiennent pour moi toutes mes demandes - et à part la manducation de la Prière de Jésus, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter comme "formulaire à remplir et signer"...

... Le reste, offices, psaumes, lecture de la Parole, est donc pour ma pratique personnelle quelque chose de sans règle, ni date ni horaire, ni lieu précis. Quelque chose d'essentiel, mais pas d'obligatoire, et que je fais quand j'en ai besoin, ou plutôt quand Il décide de me pousser un peu : je le fais donc avec une arrière-pensée du type "Pardonne-moi de Te négliger tellement; je ne suis vraiment pas capable d'être un vrai, bon, pieux et fidèle orthodoxe! Mais Tu le sais bien, Toi, et depuis si longtemps ... Merci de n'être pas encore dégoûté de moi."

Pour répondre à un passage d'Anne Geneviève, par contre, je voudrais dire un mot de la liturgie byzantine. Je fais partie du choeur de ma paroisse et chaque dimanche ou presque, je la chante de 10 h à midi. Malgré ma négligence et mon manque de mémoire, je finis donc par connaître par coeur certains moments essentiels, comme par exemple le "O Monogénis...".

J'aime les chanter, quand je suis seul, et tant pis pour les voisins (d'ailleurs, ma voix n'est plus aussi sonore que naguère) : je puis témoigner qu'ils conviennent parfaitement à la prière personnelle privée. Bien mieux (pour ce qui est de moi) que les interminables flots de miel trempé de larmes des sempiternelles "Prières avant la Communion", "Prières après la Communion", Prières pour tous les moments de la Journée", Prières avant le coucher", etc etc qui me donnent l'impression d'avoir été imprimées surtout pour meubler les longues journées solitaires des vieillards alités dans les maisons de retraite, et leurs nuits insomniaques.

En période de bains de mer, j'aime tout spécialement (une fois que je suis au large, c à d assez éloigné de la partie fréquentée de la mer) chanter mes fragments de Liturgie dominicale à pleine voix, en nageant : ce sont mes "cailloux de Démosthène" de chantre du Dimanche. Et j'ai remarqué que les mouettes y prennent plaisir : elles viennent souvent se poser sur les vagues autour de moi quand je chante sans nager, c à d vertical dans l'eau sans la déranger (elles apprécient le chant liturgique byzantin, mais détestent qu'on fasse des vagues!)

En fait, je pense que la vie de prière d'un laïc dans le monde (ce que je suis) consiste fondamentalement en la répétition de la Prière au Nom de Jésus. A toute heure du jour, et de la nuit (? les saints hésychastes y parviennent, dit-on!), et quelle que soit mon occupation - sauf évidemment de lire, d'écrire... et de parler !

Mais je crois avoir déjà dévoilé que je suis Nissart : donc paresseux, et plus-qu'indépendant.
Et néo-orthodoxe : donc sans hérédité familiale religieuse ni tradition enfantine de prière, de ce côté-là.
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Re: UACORO

Message par Glicherie »

eliazar a écrit : 3°Et le matin je commence ma journée comme on commence toute action liturgique, par la récitation des Prières Initiales. Elles contiennent pour moi toutes mes demandes - et à part la manducation de la Prière de Jésus, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter comme "formulaire à remplir et signer"...
C'est cela que j'ai voulu dire.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Oui, ça fait déjà un moment que je les ai récupérés, ces textes, sur le net. Et j'ai la version du calendrier serbe aussi. Mais il me manque quelque chose que je ne parviens pas à définir. Alors comme vous, Glicherie, comme Eliazar, je me borne pour l'instant aux prières initiales... et j'ai toujours le sentiment d'un manque !
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Message par Jean-Louis Palierne »

Pour ma part, et strictement de manière personnelle, j’estime par dessus tous la prière des psaumes. Je ne me préoccupe pas de leur affectation à des temps et des jours précis. Il faut les lire comme les paroles même du Christ, racontant par Lui-même tout ce qu’un homme peut avoir à dire. Tous les mots des psaumes viennent du Verbe et parlent de l’unique Mystère, celui du Salut. On n’aura jamais fini d’exploiter cette carrière.
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Sylvie
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Message par Sylvie »

Après avoir fait mes prières du coucher, je lis lentement les textes bibliques du lendemain au calendrier liturgique et je "rumine" une phrase qui m'a touchée. Le lendemain, je fais mes prières du lever et je relis les textes bibliques et je "rumine" la phrase choisie la veille. Ensuite je prie cette Parole et fait silence. Nous appelons cela la Lectio Divina. C'est un prêtre Catholique qui m'a enseigné cette façon de prier la Parole de Dieu. Cela semble remonter d'avant le schisme.

Sylvie
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Message par Anne Geneviève »

La lectio divina est effectivement une très ancienne pratique monastique dont on trouve trace sur notre sol dès la fondation des deux familles monastiques que furent Lérins la lumineuse et Ligugé la fougueuse. C’est un usage monastique universel dès le IVe siècle, que l’on trouve aussi bien en Egypte qu’en Palestine, en Grèce ou en Cappadoce, en Afrique comme à Rome et Milan. Et bientôt jusqu’en Irlande.
Je suis très touchée d’avoir suscité ces confidences.
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