Consécration épiscopale de Mgr Marc à la métropole roumaine

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Irène
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Message par Irène »

J'adhère totalement à cette opinion de Jean Louis Palierne ;

Nous devons nous réjouir de l'ordination de Mgr Marc ;

La "reconquête"est vraiment ardue ...

Pour confirmer les dires de Jean Louis Palierne, je me permets juste un commentaire personnel : j'ai assisté à un baptême catholique dimanche ou - plutôt - à trois baptêmes ... Car il y avait là trois enfants baptisés à la chaîne dans des conditions de pauvreté spirituelle que je ne pouvais même pas imaginer.
Antoine
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Message par Antoine »

XB!

Journal La vie n°3118 / 2 juin 2005

Mgr Marc, d'une Église à l'autre.


Avec l'immigration qui a suivi la chute du communisme à l'Est, les communautés orthodoxes roumaines se multiplient en Europe occidentale. En France, elles viennent de recevoir un
nouvel évêque... d'origine catholique. Par Caroline David



Parcours :
11 mai 1958 Naissance à Paris.
1990 Premier voyage en Roumanie.
1992 Tonsuré au monastère orthodoxe de Sihastria (Moldavie), puis ordonné diacre quelques jours après.
20 août 1994 Ordonné prêtre au monastère de Lassy (Moldavie).
Avril 2003 Responsable de la paroisse Saint-Joseph (Bordeaux).
Mai 2005 Évêque vicaire de la métropole d'Europe occidentale et méridionale


Il est français, né catholique, et vient tout juste d'être ordonné évêque pour l'Église roumaine orthodoxe. Marc Alric, devenu Mgr Marc, arrive en renfort au service d'un diocèse regroupant pas moins de neuf pays, du Portugal aux Pays-Bas, et qui connaît actuellement une forte évolution. «Il y a déjà une importante communauté roumaine exilée en Europe suite aux guerres mondiales, puis à l'ouverture des frontières après 1989, mais également de nombreux nationaux qui, comme moi, sont entrés en communion dans l'orthodoxie », explique- t-il. Vêtu de sa soutane, la barbe longue et les cheveux noués, Mgr Marc tient à préciser la nuance : «Je ne parle pas de conversion, car il ne s'agit pas d'une rupture avec le catholicisme. Nous partageons tous la même foi. »

Prêtre de la paroisse Saint-Joseph, à Bordeaux, depuis avril 2003, il vient de recevoir la consécration épiscopale en l'église des Saints-Archanges, à Paris, et se familiarise tout juste avec son nouveau statut. Mais il accepte de se dévoiler, comme par devoir : « Je suis moine avant tout et parler de moi ne m'intéresse pas. C'est la vie en Christ qui me passionne. »

Né en 1958 à Paris, au sein d'une famille catholique, Marc Alric grandit dans la capitale. En 1980, un diplôme d'architecte en poche, il trouve rapidement un emploi, tout en approfondissant sa foi.
«J'étais catholique, pratiquant, mais je ne me sentais pas tout à fait rassasié, raconte-t-il. Puis un jour, en poussant la porte d'une église orthodoxe, j'ai découvert une liturgie d'une grande beauté, des textes qui m'ont parlé et qui m'ont appelé. »

Il intègre dès lors la communauté rattachée au patriarcat de Roumanie. Pourquoi une paroisse roumaine?
«Par hasard. En fait, c'était l'église la plus: proche de chez moi ! » Il faudra encore dix ans avant qu'il ne trouve celle qu'il appelle désormais son « Église mère. Une expérience si fabuleuse que j'ai immédiatement fait le choix d'y retourner, explique-t-il.

Accueilli à Sihastria, dans forêt des Carpates, il expérimente alors la vie monastique Ses larges mains s'animent tandis qu'il remonte le fil de ses souvenirs. «Un extraordinaire haut lieu spirituel où les gens affluent comme dans une maison de campagne, pour se ressourcer. J'ai eu la chance de rencontrer là-bas deux grands maîtres de l'orthodoxie, Paissié et Cléopa.»

Abandonnant sa carrière parisienne, Marc Alric retourne au monastère en 1991, se met au roumain et prend l'habit de moine un an après. Treize ans plus tard, le voilà évêque vicaire, autrement dit adjoint de l'archevêque, le métropolite Joseph. « Une lourde tâche admet-il, d'autant plus que le nombre de fidèles du diocèse. a considérablement augmenté ces dernières années. « En 1998 on comptait une trentaine de paroisses sur tout le territoire, et aujourd'hui, on en recense plus de 120, dont un quart pour la France précise-t-on au siège de la Métropole (le diocèse, ndlr), à Limours (Essonne). Un afflux principalement dû à une immigration roumaine qui s'est récemment accélérée en Italie et en Espagne au cours des cinq dernières années.

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Pourquoi avoir dans le « parcours » passé sous silence la période passée au monastère St Silouane près du Mans juste avant la nomination comme recteur de la paroisse de Bordeaux. Beaucoup y auront pourtant
rencontré Marc qui y était moine sous la direction de l'higoumène Syméon.

Nous regretterons bien sûr la déclaration très oecuméniste sur l'identité de foi avec les catholiques que nous avons mise en caractères gras dans le texte.

L'appellation "Evêque vicaire" reçoit ici la plénitude de sa signification:"adjoint de l'archevêque, le métropolite Joseph." C'est ce qu'on appelle la nouvelle synodalité sans doute...AEC (appellation évêque contrôlé, mis en bouteille au château)

Soulignons également que la journaliste se plait à noter:<< celle qu'il appelle "son Eglise Mère" >> . Je la sens gênée de devoir retranscrire ainsi un titre auquel seule Rome a le droit bien sûr.

La conversion du grand nombre de fidèles en paroisses est bien commode. Il est effectivement plus faciles d'afficher 30 paroisses pour la France que d'afficher le nombre de paroissiens. On pourrait peut être s'apercevoir que cela ne reflète aucune réalité et que la politique de création de paroisses sur la France n'est que de la politique.

Contrairement à ce qui s'est dit dans cette rubrique , je ne me sens pas prêt à pousser des cocoricorthodoxes sur la nationalité française de l'évêque Marc. Elle m'importe vraimant peu et je n'y vois certainement pas une pierre inaugurale de l'Eglise locale.. Ce que j'attends c'est plutôt un évêque, quelle que soit sa nationalité, qui aura le courage d'affirmer en France, que seule l'Eglise Orthodoxe est l'Eglise, que nos divergences
dogmatiques avec les catholiques romains sont très profondes et que l'unité ne peut se faire que sur la même confession de la foi ce qui impliquerait que les catholiques romains abandonnent leur
ecclésiologie papiste et reviennent à la foi commune de l'Eglise indivise du premier millénaire. Nos évêques feraient bien de considérer l'hérésie catholique romaine pour ce qu'elle est. Au lieu de cela nous avons là une déclaration contraire à tous les textes dogmatiques et conciliaires orthodoxes: « Nous partageons tous la même foi ». Une trahison de bien mauvaise augure.
S 'il" partage la même foi", qu'attend-il pour rétablir la communion avec eux? A moins que ce ne soit déjà fait...
Dernière modification par Antoine le sam. 04 juin 2005 9:11, modifié 1 fois.
Irène
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Message par Irène »

Je suis déçue.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

N'oubliez pas que l'interview a été publiée dans La Vie (ex-catholique). Je suppose que la phrase que vous avez mise en gras était la condition sine qua non pour pouvoir seulement mentionner le fait que des Français avaient rejoint l'Eglise orthodoxe et qu'un d'entre eux était devenu évêque.

Vous savez très bien comment fonctionne le système de désinformation de la presse catholique (Télérama, La Vie, Pélerin Magazine, La Croix, France Catholique, L'Homme Nouveau). D'abord, ils passaient sous silence le fait que des papistes étaient retournés à l'Orthodoxie. Ensuite, ils ont minimisé le phénomène (je me souviens d'un article de France Catholique il y a une dizaine d'années: "Jean-François Colosimo fait partie de ces rares Français qui ont choisi l'Orthodoxie"). Maintenant, ils reconnaissent le phénomène, alors ils doivent nier la profondeur du fossé qui existe entre les deux confessions.
Ils n'agissent pas autrement à l'égard du protestantisme.

Je vous ferai aussi remarquer que, dans mon expérience personnelle, ma conversion à l'Orthodoxie fut dans un premier temps facilité par ce genre de discours minimisant les différences et le fait que les cathos (dont j'étais tout de même issu) ne brandissent plus aussi facilement les foudres qu'autrefois. Le parcours aurait été plus difficile pour moi si j'avais eu d'emblée conscience de l'importance de la rupture. Je ne pense pas être le seul dans ce cas.

Indiquer le nombre des paroisses plutôt que celui des fidèles est-il une attitude plus condamnable que d'écrire dans un livre pour attribuer à tel diocèse vingt fois plus de fidèles qu'il n'en a en réalité?
Certes, les paroisses francophones du Patriarcat roumain sont très petites, mais il en va de même de pratiquement toutes les paroisses francophones, sauf celles de la mission de Lectoure.
En ce qui concerne les paroisses roumaines, le nombre des fidèles de cette métropole se compte en centaines de milliers. En Italie, les paroisses roumaines ont procédé en 2003 à 6'000 baptêmes. Le phénomène ne concerne pas la France qui privilégie, comme chacun sait, l'immigration en provenance du Maghreb et de l'Afrique noire et est assez fermée à l'immigration européenne (par la magie du "regroupement familial") - de même que la Suisse, par la magie de "l'asile", n'est de fait ouverte qu'à l'immigration en provenance de l'Afrique noire et du Kosovo.

En revanche, en Italie, au Portugal et en Espagne, qui ont privilégié une politique de recrutement de travailleurs dans les anciens pays communistes, il y a vraiment une présence roumaine massive, avec institution de dizaines et dizaines de paroisses. Cette immigration a aussi concerné les Russes, les Bulgares et les Ukrainiens, mais elle n'a pris de proportions aussi importantes que pour les Roumains. C'est aussi un fait connu que les maires de certains villages dépeuplés de Castille ont organisé une politique délibérée d'immigration roumaine, préférant repeupler leurs communes avec des populations facilement assimilables sur le plan linguistique. Il suffit de voir la proportion de Roumains parmi les victimes des attentats du 11 mars 2004 à Madrid pour avoir une idée de l'importance de cette immigration dans certaines localités comme Alcala de Henares.
En Italie, les Roumains commencent à construire des églises. N'oublions pas que cette immigration n'a commencé qu'il y a une dizaine d'années, et qu'il faudra donc encore plusieurs années pour que cette nouvelle présence orthodoxe s'inscrive durablement dans le paysage italien ou ibérique: le temps qu'une partie des immigrés fasse le choix de ne pas retourner dans le pays d'origine, que par conséquent ils construisent des églises pour s'enraciner, qu'ils commencent à passer à l'italien comme langue liturgique, etc. Il est vrai que, pour le moment, la Métropole roumaine ne compte qu'un prêtre italien. Mais d'autres viendront avec le temps.

Il ne faut pas non plus s'enferrer dans des illusions. En dehors de la France et un peu de la Belgique et des Pays-Bas, il n'y a aucun espoir dans les prochaines décennies de voir des conversions à l'Orthodoxie autrement que dans le cadre de mariages mixtes ou autrement que pour quelques individualités.
Au cours du dernier demi-siècle, il n'y a eu de recherche réelle, d'intérêt réel pour l'Orthodoxie, en dehors de la France, des Pays-Bas et de la Belgique, que dans des zones géographiques très localisées: nord du Portugal, Catalogne, Baléares, Sardaigne, Calabre, Lombardie et Frioul, où la constitution de paroisses autochtones correspondaient aussi parfois à la réappropriation d'un ancien héritage grec ou à des particularismes locaux. C'est pour cette raison que je pense que l'Orthodoxie en Italie ou en Espagne ne va, dans les prochaines décennies, se développer que par naturalisation et assimilation à la langue du pays des communautés roumaines immigrées.

C'est un fait qu'en France il y a eu des conversions, la constitution d'une trentaine de paroisses francophones, la fondation de plusieurs monastères, et qu'il y a maintenant un évêque français (fait qui a l'air de déplaire souverainement). Il faudrait être naïf pour imaginer qu'un phénomène similaire puisse se produire en Allemagne ou en Suisse, où le système bismarckien de fonctionnarisation et d'étatisation des cultes a achevé de "vacciner" la plupart des gens contre toute idée de religion personnelle et de rapport personnel avec Dieu. Des gens comme le prêtre Daniel Schmid se battent avec courage pour maintenir une présence orthodoxe dans la langue du pays, mais nous savons bien que les conversions de Suisses à l'Orthodoxie ne concerneront que quelques personnes au cours des prochaines décennies. Ce sont aussi des réalités dont il faut être conscient.

Un prêtre orthodoxe francophone de Montréal (Québec) me disait un jour qu'il en allait de même en Amérique du Nord: autant il y avait de nombreuses conversions à l'Orthodoxie aux Etats-Unis, autant le phénomène était inexistant au Québec. Alors que dans les pays de l'Europe germanophone, c'est l'étatisation de la religion qui a tué le sentiment religieux, dans le cas du Québec c'était l'ancienne cléricalisation de l'Etat.

Il faut être bien conscient qu'il y a des terreaux où rien ne va pousser pendant des générations et qu'un orthodoxe désireux de faire un peu d'apostolat récoltera d'autres fruits à Grenoble qu'à Zurich. C'est ainsi.

Puisque vous avez tenu à aborder le terrain des chiffres, je dirai donc en conclusion que la Métropole roumaine d'Europe occidentale est à mon avis le deuxième diocèse orthodoxe en Europe occidentale par le nombre de fidèles, derrière la Métropole grecque d'Allemagne.
Dernière modification par Claude le Liseur le sam. 04 juin 2005 11:55, modifié 2 fois.
Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Tout à fait d'accord avec les remarques démographiques du Lecteur Claude; l'immigration roumaine est très importante en Espagne. Ainsi dans la paroisse du Patriarcat de Serbie d'Alicante, et même dans celle de Barcelone, même si la liturgie est faite en espagnol ou catalan, il y a de nombreux roumains (peut-être une majorité même).

Pour ce qui est de la mention en gras, "nous avons la même foi", je dirais : "pourquoi dire aux catholiques de se convertir si on a la même foi?" Qu'ils restent catholiques, nous orthodoxes et les vaches seront bien gardées!!! A mon avis, c'est ce relativisme (et l'oecuménisme) qui nuisent le plus à la mission comme l'a si bien dit hiéromoine Alexis de la Sainte Montagne lors de la Conférence sur l'oecuménisme à Thessalonique (à lire impérativement : http://uncutmountain.com/uncut/docs/fra ... ntours.pdf)

L'ennui est que si nous avons la même foi, et à lire le compte-rendu de l'interview, les seuls motifs de la conversion sont esthétiques et sentimentaux (voire piétistes) : "une liturgie d'une grande beauté, des textes qui m'ont parlé et qui m'ont appelé". Exit les dogmes : pourquoi ne pas devenir uniate alors?

Si c'était une condition pour publier l'interview, pour moi ça ressemble un rien à de la prostitution spirituelle... Dès lors autant ne rien publier... car ça contribue auprès des catholiques à répandre l'idée que l'orthodoxie et le catholicisme au fond c'est la même chose (donc pourquoi chercher) et auprès des orthodoxes à répandre les idées oecuménistes... Cela dit sans vouloir faire du bombardement massif et indiscriminé, je ne suis que modérément surpris car les églises les plus enpointe dans l'oecuménisme me semblent être les Patriarcats d'Antioche, de Constantinople et de Roumanie...

Une dernière possibilité : méfions-nous de la façon dont les journalistes tronquent, extraient de leur contexte certains propos... Surtout si l'interviewé ne vérifie pas le texte définitif avant publication... Cela peut-être le cas... Si cela se confirme, je présente à l'avance... mes excuses à l'évêque Marc
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eliazar
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Consécration épiscopale de Mgr Marc

Message par eliazar »

Je tombe un peu par hasard sur ce qu'a écrit Claude :

"Je vous ferai aussi remarquer que, dans mon expérience personnelle, ma conversion à l'Orthodoxie fut dans un premier temps facilité par ce genre de discours minimisant les différences et le fait que les cathos (dont j'étais tout de même issu) ne brandissent plus aussi facilement les foudres qu'autrefois. Le parcours aurait été plus difficile pour moi si j'avais eu d'emblée conscience de l'importance de la rupture. Je ne pense pas être le seul dans ce cas."

Oui, il a parfaitement raison. Une très grande partie des cartholiques restés assez fervents pour ne plus pouvoir se satisfaire du cartholicisme de l'après-Vatican II sont en même temps respectueux "à la Maurras" de ce Vatican qui représente pour eux (et même pour bon nombre d'athées français) l'Église. Sous-entendu : du Christ. La quitter leur donne la chair de poule - et j'ai remarqué, après de multiples essais d'aider tel ou tels amis à sauter la barrière, que j'arrivais au contraire du but recherché avec mon insistance à souligner à quel point la doctrine romaine a dévié - et aussi qu'elle ne peut plus être considérée comme la doctrine des Apôtres et de la primitive Église.

Du coup, ils battaient en retraite, et se sentaient "tout de même" responsables de défendre la Papauté ! Ce sont naturellement des catholiques plutôt traditionnalistes, avec une vieille tradition familiale de défense de l'école libre contre la laîcité agressive. Abandonner le bateau au moment où il donne de la bande leur fait le même effet que si je leur proposais de le couler eux-mêmes. Ils réagissent alors comme des zouaves pontificaux du temps où Garibaldi investissait Rome pour l'arracher au gouvernement du Pape !

Et malgré mon esprit critique et polémiste, j'ai eu au moment de quitter Rome des "mouvements d'âme" dans la même ligne que Claude. Je me sentais scélérat, et je ressentais cela comme une sorte d'apostasie familiale : que diraient mes ancêtres cathos militants quand nous nous retrouverions "là-haut" ?! Ils verraient en moi le mouton noir de la lignée !

Si je n'avais pas miraculeusement découvert l'uniatisme de St Julien le Pauvre, je n'aurais sans doute jamais eu le courage de franchir le pas. Et c'est dans l'uniatisme, pratiqué avec une ferveur retrouvée, que j'ai pu reconsidérer clairement la question doctrinale, complètement occultée par celle de mon soi-disant "devoir envers les ancêtres".

Qui a donc écrit que le Saint Esprit excelle à écrire droit avec des plumes tordues ? Comme le savent ceux qui aiment la montagne, c'est souvent par des chemins tortueux qu'on peut enfin accéder au sommet !

Par ailleurs, concernant le Quebec, Claude écrit :

"Alors que dans les pays de l'Europe germanophone, c'est l'étatisation de la religion qui a tué le sentiment religieux, dans le cas du Québec c'était l'ancienne cléricalisation de l'Etat. "

Le problème religieux du Québec est double : l'excès de cléricalisation de la vie sociale, longtemps d'esprit ultra-jésuitique, a créé ce phénomène de jurons sacrilèges qui saisit toujours les Français à leur arrivée - même les moins cathos ! On a l'impression que les Québécois "de souche" ne peuvent pas dire trois mots sans blasphémer, ou insulter le Saint Sacrement ! Mais ce n'est qu'un des côtés de la feuille d'érable, si j'ose dire.

Le verso est au contraire assez touchant : être catholique et défendre l'Église vaticane représente là aussi une fidélité aux ancêtres, et au "drapeau" : il y a d'un côté "les Anglâs", assimilés aux "Réformés", et de l'autre les "Franças" (mais les générations récentes parlent plutôt des "Canayens"), qui ne peuvent être que catholiques. Même s'ils ne croient ni à Dieu ni à diable.

Nous avons connu un phénomène assez semblable en France pendant l'occupation : s'affirmer catholique revenait souvent à déclarer urbi et orbi qu'on était "pas des Juifs"...

Quant à la quasi inexistence de conversions québécoises à l'orthodoxie, elle m'a été confirmée par un prêtre uniate qui a pourtant fondé là-bas une paroisse très prospère ... à base majoritairement de Libanais et Syriens expatriés, mais aussi d'autres immigrés en provenance de pays orthodoxes à fortes minorités uniates.
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je voudrais m’associer à ce qu’ont écrit Claude et Éliazar.

Les multiples faux-semblants et leurres qui environnent l’Orthodoxie sont pour beaucoup de gens des étapes, des paliers, sur un chemin initiatique long et difficile. Les itinéraires sont variables, car notre société est très complexe, mais pour la plupart ces étapes sont des points de passage. C’est pourquoi je crois qu’il faut dénoncer ces mensonges, mais ne pas trop y attacher d’importance. Attachons-nous plutôt à faire connaître positivement l’Orthodoxie, à publier, à traduire etc.

Les leurres, les petits groupes, les fausses paroisses, les ecclésioles, les stages de gourou utilisent la passion bien française pour la fondation de trucs et de machins qui croient qu’ils vont reconstruire le monde et montrer la bonne voie. Je crois que c’est une grande tentation. C'est en fait le militantisme ecclésial. . Mais finalement peu nombreux sont ceux qui s’y laissent vraiment piéger.

Je constate également que peu nombreux sont ceux qui se laissent prendre au discours révisionniste du club moderniste. Les “nouveaux convertis” étudient, réflechissent, lisent beaucoup, questionnent un peu, et finalement approfondissent.

Ce qui est très triste, c'est que les évêques résidant en France, envoyés par leurs églises ethniques pour contrôler leurs "diasporas" respectives, ne se soucient nullement, n'ont même pas conscience de la douleur que leurs courbettes devant la hiérarchie catholique provoquent chez les "nouveaux convertis" à l'Orthodoxie. Ce qui est sûr également, c'est qu'ils ne savent même pas que l'Église catholique est en train de s'effondrer, ils la croient encore savante et puissante, en pleine vigueur.

Cette faiblesse des hiérarques orthodoxes en Occident est infiniment plus grave que l'errance des groupuscules et autres ecclésioles.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Bon, je vois naturellement tous les motifs de réserve qu’on peut émettre, principalemenr la courbette à l’œcuménisme, l’héritage du blanquisme au sein du doyenné roumain francophone, les paroisses hâtives qui surgissent de rien. Rien de tout cela n’appelle à une confiance aveugle Mais les ex-blanquistes de la métropole roumaine ont tout de même bien su “passer à saint Jean Chrysostome", comme le leur reprochent ceux qui, hélas, n’ont pu s’y résoudre. Et je ne juge pas de la fermeté de la foi sur la seule base d’un interview à la Croix. Par contre le fait que la Frat et l’AEOF aient boudé cette ordination n’est pas pour me déplaire. Attendons des actes concrets. Et tout de même voici enfin un évêque qui a réellement fait l’apprentissage de la vie monastique. Et surtout n’oublions pas que l’épiscopat est un charisme, un don du saint Esprit, qui sait se tirer des situations les plus difficiles. Je crois donc qu’il faut réserver un préjugé favorable au nouvel évêque… et observer la suite des événements.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Serge
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Indulgence

Message par Jean-Serge »

Quelle indulgence!!! Bref on verra la suite mais le début n'est pas brillant...
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Messieurs, je trouve que vous devriez parler à Monseigneur Marc, pour le coup, vous n'aurez pas l'obstacle de la langue, plutôt que d'accorder d'avance un crédit qui ne me semble pas bienveillant aux propos d'un journaliste catholique.

La Roumanie a fait beaucoup pour les orthodoxes francophones comme elle pu.

Résidence épiscopale:
62 rue Mazarin
33000 Bordeaux
Mobile: 0033 (0)6 64 49 32 77

Église:
Saint-Joseph
58-60 rue Paul Louis Lande
33000 Bordeaux
Tel: 0033 (0)5 56 96 90 95

Sur le site de la Métropole Roumaine; vous pouvez lire:

Né le 11 mai 1958 à Paris (nom civil Marc ALRIC).

Il a terminé la Faculté d'Architecture de Paris (1981) et l'Institut d'Urbanisme de Paris - Université de Paris VIII (1980).

Il est entré au monastère de Sihàstria en Moldavie, où il a été tonsuré moine le 6 septembre 1992.

Il a reçu, pour le diaconat (9 septembre 1992) et pour la prêtrise (20 août 1994), l'imposition des mains du métropolite Daniel, et il a terminé la Faculté de théologie orthodoxe de Iassy (1995).

En 1996, il est rentré en France, auprès de la paroisse Saint-Germain-et-saint-Cloud de Louveciennes, et depuis 1997 il a passé quelques années au monastère Saint-Silouane à Saint-Mars-de-Locquenay.
En avril 2003, il lui a été confié la responsabilité pastorale de la paroisse Saint-Joseph de Bordeaux, en étant membre du Conseil du Doyenné de France.

Récemment il a traduit du roumain en français le volume de l'archimandrite Ioannichie Bàlan, Le Père Cléopas, L'Age d'Homme, Paris 2004 - edition roumaine: Arhim. Ioanichie Balan, Viata Parintelui Cleopa, Iassy 1999.

Le 27 octobre 2004 S. Em. le Métropolite Joseph l'a proposé, et le 3 mars 2005 le Saint-Synode l'a élu évêque vicaire de notre Métropole. L'ordination (chirotonie) a eu lieu le samedi radieux, 7 mai 2005, en l'église des Saints-Archanges à Paris.

En tant qu'évêque il est membre du Saint Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine et membre de l'Assemblée des Évêques Orthodoxes de France.


Vous voyez, il parle de son passage dans le monastère russe.
cathaga
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Message par cathaga »

J'ai parlé avec Mgr Joseph aujourd'hui, qui m'a dit que Mgr Marc avait pour l'instant la charge... des roumains !
Au passage, le père Denis Guillaume, qui est dans la juridiction de la métropole grecque, me disait la semaine dernière qu'outre sa célébration mensuelle à San Remo (Daru) en itlalien et slavon, il célèbre désormais 2 fois par mois à Nîmes chez les roumains et en roumain !
Je connais, de même, un certain nombre de prêtres français qui célèbrent dans une langue qui n'est pas la leur. Et l'évêque Marc s'occuperait des roumains. Il va bien falloir pourtant que quelqu'un s'occupe des français. Apparemment, pour pallier notre "délaissement", il faudrait qu'un évêque français soit placé, pourquoi pas, sous l'égide de l'Assemblée des Evêques...
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Glicherie,

Je comprends que vous soyez un peu déçu par le peu d’enthousiasme que manifestent les orthodoxes francophones devant l’ordination de mgr Marc.

Cela tient pour une large part au malentendu entre les Églises des pays orthodoxes (et pas seulement celle de Roumanie) et les occidentaux qui, venant dans l’Orthodoxie, ne comprennent pas du tout que les échanges de politesse entre Églises orthodoxe et catholique n’aient pour les orthos de tradition qu’une signification de politesse purement verbale. Nous ressentons cela déjà comme une faute contre la vérité.

En ce qui concerne l’Église roumaine en Europe occidentale, il y a aussi l’étonnement devant la présence dans le doyenné francophone de tant d’anciens de l’ÉCOF, ainsi que le souci de la métropole de “faire nombre” à tout prix par la création de pseudo-paroisses dotées d’un clergé totalement inexpérimenté.

On pourrait dire aussi que cette métropole n’est pas une métropole (c’est un évêque avec des auxiliaires, il n’y a pas d’autre synode que celui de l’Église roumaine, et ces évêques portent le titre de diocèses fictifs). Le fidèle ordinaire ne s’en rend pas compte, mais c’est une grande faiblesse canonique.

Mais d'autre part je crois aussi que l’état général des Églises orthodoxes sur la terre entière est tel qu’il est peu probable qu’une Église autocéphale, quelle qu’elle soit, puisse prendre les initiativas nécessaires pour qu’une métropole supra-ethnique se crée en Europe occidentale. Il est donc très possible que l’ordination épiscopale de mgr Luc soit une première étape en ce sens. Mais il faudra encore bien d’autres étapes à franchir.

Je ne suis pas prophète et je ne sais pas si mgr Marc sera un instrument de la Providence. Nous avons eu tellement de déceptions qu’il faut rester prudent. Il est possible que ce soit une étape excessive, et le contraire est également possible. Mais vue dans l’absolu, l’initiative qu’a prise l’Église de Roumanie n’est qu’un pari, et c’est bien peu de choses par rapport à ce qui aurait été nécessaire. Mais le nécessaire était probablement impossible…

J’espère que vous apprécierez mon jugement incertain, nuancé et prudent.
Jean-Louis Palierne
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Glicherie
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Message par Glicherie »

Jean-Louis,

Je trouve que pour le doyenné vous êtes un peu dur: d'abord, s'il est à une juridiction canonique de s'occuper des restes de l'ECOF, c'est bien à la Mitropolia, puisque l'ECOF fut plus de 20 ans sous le Patriarcat Roumain. Il y a une responsabilité pastorale que Métropolite Joseph exerce avec bienveillance pour les écofiens qui veulent entrer dans l'Eglise Orthodoxe.

Les ex-écofiens ne sont pas si mauvais ou inexpérimentés que cela, j'en veux pour preuve vous-même, qui en êtes un, et qui avez tant oeuvré pour l'Orthodoxie véritable.

Quant à la canonicité de la Métropole, elle n'est pas en doute: instituée par le Saint Synode d'une Eglise canonique autocéphale, avec un statut d'autonomie, et il y a bien 3 évêques en son sein.

Cela étant, ce n'est pas une Métropole locale, avec des sièges de plein exercice attribués aux évêques: aucune juridiction en France ne l'a fait.

Quant aux paroisses pour faire nombre...il n'y en a pas tant que cela, des paroisses ? Et il y a beaucoup de roumains en France...


Je comprend très bien vos agacements sur l'oecuménisme, ou ce qui peut être perçu comme tel.

Quant à l'établissement d'une Eglise locale avec des hiérarques français, je crois que personne ne se pressera, car à vouloir aller vite, on a vu le triste résultat qu'a donné la tentative ratée de l'ECOF...
paraclésis
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Inscription : jeu. 09 juin 2005 20:33
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Message par paraclésis »

Je prends en route ce fil sur la récente ordination pour la métropole roumaine. Peu importe le nombre de paroisses et celui des paroissiens. Ayant rencontré Mgr Joseph juste avant son départ au synode qui devait lui accorder ce nouvel auxiliaire, j'avais été frappée par sa fatigue. Ne pouvons-nous pas comprendre que mgr Joseph a besoin d'aide ne serait-ce que par l'étendue du territoire à couvrir ?
Qu'un éveque ou un pretre comprenne et parle le français me parait une bonne chose, mais je n'en fait pas une absolue nécessité. Je participe indifféremment à des liturgies en français et en grec, (que je comprends) qu'en slavon, arabe ou roumain. Les lectures sont prévues par l'ordo, je peux anticiper si je dois les ouir en une langue que je ne comprends pas.
Le parcours qui a conduit mgr Marc à l'épiscopat, je n'ai rien à en dire. Dieu écrit droit en des lignes sinueuses, et chacun d'entre-nous peut le ressentir.
Longues années à ce nouvel éveque ! mes indignes prières l'accompagnent. L'orthodoxie, quelque soit notre langue cultuelle a grand besoin de nombreux serviteurs, aidons-les, portons leurs faiblesses (mais que gagnons nous à nous user les yeux à les rechercher ?), prions et rendons grace.
Oui longues années à tous nos éveques !
en-arké-o-logos
Antoine
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Message par Antoine »

Bien sûr nous devons priez pour nos évêques et je soutiens pleinement votre intervention.
Mais nous demandons aussi à nos évêques de proclamer la Vraie foi, de proclamer que l'Eglise orthodoxe est la seule Eglise et nous les supplions d'arrêter toutes ces trahisons qui renient nos propres conversions, ces déclarations que notre foi est commune avec celle d'autres entités chrétiennes qui ne sont pas l'Eglise, toutes ces compromissions oecuméniques sous couvert de diplomatie. Qu'ils soient clairs dans leurs affirmations et clairs dans leurs démarches. Transparents dans leur dialogue avec les autres confessions et autres religions. Qu'ils arrêtent leur guéguerre interjuridictionnelle, leur philéthisme stupide, leur course au pouvoir et qu'ils établissent en toute humilité l'Eglise locale de France selon l'Esprit pentecostal dont ils sont dépositaire.

Que Mgr Joseph ait besoin d'aide c'est certain . Mais pourquoi des évêques auxiliaires et non pas la division de son territoire en plusieurs diocèses avec à la tête de chaque un évêque en plénitude épiscopale? Un métropolite et des évêques. Pourquoi inventer une structure ecclésiologique au lieu de respecter celle de la Tradition?

Longues années à Mgr Marc et ceci sans cocorico sur le fait qu'il soit de nationalité Française.
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