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Publié : ven. 20 mai 2005 11:25
par samuel
Moi, j'ai fait l'expérience suivante. Dans une paroisse roumaine, je suis allé aux vêpres. J'étais le seul français, et l'un des concélèbrant qui me connaissait s'en appercevant à dit quelque chose à l'oreil du célébrant, qui a continué les prières et les bénédictions en français jusqu'a la fin.

Par la suite, à la sortie de l'office, les gens parlaient tous en français autour de moi, certains pourtant (fort accent moldave) c'était très dur de les comprendre.

Je pense qu'il y a des paroisses ouvertes à ce problème.

Publié : ven. 20 mai 2005 11:44
par Glicherie
Il est de la responsabilité des français (ou du moins des francophones) de réclamer à leurs évêques des paroisses et un clergé francophone.

Et de s'impliquer aussi dans une formation pour devenir lecteur, sous-diacre, diacre, prêtres, et célébrer en français, constituer des paroisses francophones.

Pour l'instant, reconnaissons à l'Ecof l'immense mérite d'être le principal fournisseur officiel de clergé et de paroisses francophones à l'Orthodoxie.
D'ailleurs, à titre d'exemple, le nouvel évêque, PS Marc (Alric) est un ancien de l'ECOF, comme toute la paroisse de Louveciennes, Bordeaux, Ste Geneviève, ...

Mais je partage l'avis de Jean-Louis: il faut maintenant que l'AEOF envisage pour ses diocèses la formation complète d'un clergé francophone ad'hoc.
La fréquentation de paroisses orthodoxes françaises pour les immigrés peut d'ailleurs être pour eux un facteur bénéfique d'intégration. Mais je suis pour qu'il reste des paroisses "ethniques" dans les langues des diasporas.

C'est à ce prix là qu'on épargnera aux français, rebuttés par des liturgies qu'ils ne comprennent pas, d'aller errer dans des groupes non-canoniques mais francophones, voir ethnophylétistes français!

Les langues

Publié : ven. 20 mai 2005 11:53
par Jean-Serge
Je crois que nous tous devons faire preuve d'ouverture linguistique : une paroisse en langue différente que le français s'il y a des francophones (et surtout s'il s'agit de l'unique paroisse orthodoxe à la ronde) et les paroisses francophones également s'il y a des personnes avec une compréhension faible du français et à nouveau s'il s'agit de l'unique paroisse orthodoxe du coin... Mais comme le rappelle Samuel, il ne faudrait pas voir enn toute paroisse célébrant dans une langue "d'immigrés" un temple de l'hérésie ethnophylétiste.

D'ailleurs cela me rappelle l'anecdote suivante, absolument authentique, entendue le jour des récentes canonisatiions à Saint Alexandre Nevsky. J'ai entendu une dame francophone dire :

- ils auraient pu mettre plus de français, là on a eu trop de slavon. Moi quand c'est comme ça, je ne communie pas (sic).

Publié : ven. 20 mai 2005 14:00
par Antoine
XB!

Saine réaction cette brave dame. Quand 99% de l'assistance ne comprend rien à l'office qui est célébré cela s'apparente à de l'idolâtrie. (dixit notre évêque Gabriel) "Leitourgia" ça veut dire quoi? Oeuvre du peuple, oeuvre commune?! Si cette "oeuvre commune" est une tour de Babel il vaut mieux effectivement ne pas aller y communier.

Quand j'entends des Français convertis prétendre préférer les offices en Slavon parce que le fait de ne rien comprendre préserve le mystère, tout comme le latin de leur enfance, je me dis qu'il y a des conversions qui n'ont pas grande justification...

La liturgie n'est pas un acte de sorcellerie avec incantations magiques que seul le grand sorcier à soutane habité de l'Esprit doit être capable de comprendre. Et encore, je sûr qu'il y a des prêtres qui célèbrent en slavon le canon de l'orthros des ménées et qui seraient bien embêtés si on leur demandait de traduire à livre ouvert!

Publié : ven. 20 mai 2005 14:19
par Georges Papathanassios
Oui , les français doivent exiger des liturgies en français.

Si on ne comprend pas la langue liturgique, ce n'est pas une très bonne idée d'aller dans une paroisse sans l'apprendre. A quoi bon ?

Célébrer sans comprendre c'est invraissemblable. Répondre amen sans savoir à quoi tout autant.

Je crois que les locuteurs français, du moment qu'ils sont 2 ou 3 doivent, non pas forcément s'incérer dans la plus proche paroisse non francophone, mais réclamer de leur évêque l'envoi d'un prêtre francophone pour célébrer pour eux. Et c'est comme cela que se constitueront des paroisses françaises.

Consécration épiscopale de Mgr Marc

Publié : ven. 20 mai 2005 16:34
par eliazar
Jean-Serge a écrit :

"Ce n'est pas être ethnophylétiste que de le dire. Chacun préfère prier dans sa langue et il faut respecter ce choix. "

Tu as raison, mais cela sonne un peu, à nos oreilles, comme un sarcasme quand c'est exprimé par exemple par un Grec ou par un Russe, etc etc comme une défense pour qu'on cesse de lire même l'Apôtre seulement en la langue DU PEUPLE chez lequel on habite.

Là, pardonne-moi, mais ce que tu appelles ethnophylétisme, moi je l'entends comme une défense et illustration du "droit à être ethnophylétiste" (pour les frères étrangers venus se réfugier ici) et comme une "accusation d'être ethnophylétiste" qui ne s'applique bien sûr qu'aux autochtones, aux "indigènes", aux gens du pays. A une peuplade assimilée à des "sous-orthodoxes".

En d'autres termes, pour moi et mes frères de souffrance, c'est cela que tu pourrais appeler "prêcher pour sa paroisse" ! - même quand on a la "gentillesse" d'y admettre fraternellement les "autres" orthodoxes ... à condition qu'ils ne comprennent rien et se tiennent bien sages dans leur coin en attendant que par courtoisie, on leur offre la traditionnelle tasse de café et les petits gâteaux. Et après cela, au revoir !

Je voudrais dire à Sabrina que j'ai vécu sa douleur pendant plusieurs décades. Dans des tas de lieux et de conditions différentes, mais la douleur et la faim étaient les mêmes.

Bien sûr, quand j'étais dans une paroisse grecque, j'oubliais mon "exil intérieur" en chantant dans le choeur (parce que 1° je sais lire l'alphabet, et 2° j'ai appris à prononcer correctement ce que je lis, et 3° je sais chanter juste - ce qui n'est pas à la portée de tous les francophones tout de même) : cela veut dire que je faisais une sorte d'activisme liturgique; quand je chantais, je veillais à bien accomplir ma tâche, et je ne pensais à rien d'autre. Naturellement, exit la prière intérieure, et le recueillement !

Mais quand j'étais dans une paroisse slave, je n'arrivais même pas à chanter : les diphtongues, triphtongues ou quadriphtongues si fréquentes me sont impossibles à prononcer, surtout si la musique va un peu trop vite. Alors, j'allais prier ma Prière du Nom de Jésus dans le fond de l'église en attendant que "les autres" aillent communier, et alors, je les suivais. Et en voyant cet homme qu'il ne connaissait pas, le prêtre me demandait qui j'étais... et me le demandait naturellement en russe ou en etc. etc. : il ne lui venait même pas à l'idée que je pouvais parler la langue du pays où lui-même était venu vivre !

Mais les dimanche où personne n'avait envie de communier, je n'osais même pas me faire remarquer... Je ne me sentais pas chez moi à ce point-là : de dire que j'avais faim, et que j'aurais volontiers pris les miettes de ce festin que les enfants de la maison dédaignaient.

Est-ce que tu comprends ? Ou bien cela te semble-t-il sans grande importance qu'un de tes frères soit obligé, au sein de sa / de ta / de notre propre famille, de se sentir malade d'avoir le ventre vide, et le coeur douloureux - et de devoir encore une fois repartir incognito (et surtout : sans rien dire qui puisse poser question !) ... et toujours à vide ?

Sois indulgent pour l'indigène, le "sauvage" que je suis : évite de me répondre du haut de ta culture que je n'ai qu'à lire les bons livres à la place. Je veux bien les lire avant, ou après, mais pas A LA PLACE. Sinon, grand Dieu ! pourquoi les Pères auraient-ils construit la Sainte Liturgie avec une telle minutie, et des textes qui changent d'une page à l'autre, parfois pour deux ou trois lignes seulement, selon les jours - et des chants qui changent de mélodie, selon les temps, etc etc ? Si ce n'était pas pour que TOUS les chrétiens les comprennent et s'en nourrissent ?

J'ai parfois l'impression de parler à des sourds - ou à des bouddhistes (je n'en connais qu'un, un Niçois comme moi, tout fier d'être arrivé à réciter/chanter d'interminables "mantras" - enfin je crois, mais je ne suis pas certain du terme exact - dans une langue totalement inconnue de lui, dont il est même incapable de me traduire le moindre rudiment, si peu que ce soit, mais dont il me dit avec une touchante gloriole : "C'est tout de même autre chose que ton christianisme infantile, le bouddhisme, non ?"...

Faut-il vraiment que pour redevenir enfin membres de notre propre famille d'origine (l'orthodoxie, à laquelle tout l'Occident a été arraché quand il était encore dans sa petite enfance : entre l'an 800 et l'an 1050), nous devenions comme cet ami, des simplets, des sourds-muets virtuels, bégayant de confiance des paroles sublimes sans rien en comprendre et sans chercher à le faire ? Est-ce que Paul, pourtant disciple doué du grand Gamaliel, a exigé de parler en hébreu de la haute époque pour annoncer le Christ aux Grecs de l'Aréopage ? Est-ce que le Christ, quand la foule qui l'avait suivi avait faim, leur a conseillé de lire des livres, ou de s'acheter une Bible et de se débrouiller avec ? Est-ce que c'est cela qu'on persiste à appeler la "liturgie de la Parole" ?

Est-ce que c'est CELA que les Patriarcats orthodoxes qui se sont investis (en principe) dans la mission, et en France, veulent vraiment faire avec nous ? Et même si ce n'est pas cela qu'ils veulent, comprendront-ils que c'est comme cela qu'ils font glisser vers les sectes, l'ésotérisme ou le bouddhisme, voire le New Age, tant de "petites gens" qui cherchaient la Vérité du Christ et qu'on renvoie "gentiment" chez eux, sans rien pour la route, avant de refermer l'église dans leur dos jusqu'à la semaine prochaine ?

Comprendra-t-on un jour que c'est de cette manière qu'on a pour ainsi dire mené l'ECOF à sa perte, et tant de braves gens avec elle ? Et que l'on continue à le faire, impavides sauf de rares exceptions ?

Et que la France, ce n'est pas seulement Paris-Babylone - où on trouve de tout y compris des restaurants chinois, et du reste où la plupart de nos grands théologiens ou hiérarques résident - comme dans un grand ghetto bien confortable où il est aisé de rencontrer ses semblables.

Parce que, en dehors de ce Paris hypertrophié (qui prétend avec insolence et depuis le Moyen-Age au moins qu'il n'est bon bec que de chez lui), il existe tout de même l'immensité relative du territoire français. Et que ce vaste "désert" (c'est sans doute ce que pensent les "Parisiens") est peuplé de plusieurs dizaines de millions d'anciens orthodoxes, floués depuis plus d'un millénaire par les schismato-hérétiques franks - qui ont d'abord colonisé toute la France du Sud, puis colonisé le Patriarcat de Rome lui-même jusqsu'à en faire, nolens volens, le siège universel de leur hérésie particulière, le satanique "filioque".

Et qu'au véritable coeur du peuple francophone (c'est à dire ce que les édiles appellent du bout des lèvres : "la Province") il faille avoir une voiture et de l'argent pour pouvoir aller de temps en temps se ressourcer dans une paroisse de notre foi - qui ne soit pas réservée pour ainsi dire aux seuls immigrés d'un pays lointain - voire même qu'il faille avoir fait des études suffisantes dans sa jeunesse (à l'époque où les enfants des milieux aisés faisaient encore "leurs humanités") pour pouvoir s'adapter à lire un peu de grec liturgique - voire à deviner quelques rudiments de slavon - est ce que cela évoque vraiment la maternelle Église du Christ ?

Ne peut-on vraiment pas trouver les quelques sous nécessaires pour louer une boutique à loyer abordable, parmi toutes celles qui ferment chaque mois, dans toute la France et surtout en province justement, pour cause de faillite ? ... au besoin même dans une petite rue, pour y ouvrir une paroisse pour les quelques orthodoxes de la région proche, en attendant mieux ? Et cela au moins dans chaque département ?

Et comment font les musulmans, alors ?! Dans le fin fond d'un département aussi rural et peu peuplé que le Gers (où j'ai vécu une partie de mon exil) ils n'ont pas moins de quatre mosquées, et nous pas une église ni même une chapelle orthodoxe ! Qu'on regarde un peu la carte des départements ... il s'y trouve une multitude d'autres "Gers"...

Et pendant ce long exil, il n'y a pas de mois où je n'aie eu l'occasion de parler avec des gens sincères, qui me demandaient où ils pourraient aller pour se rapprocher de la doctrine orthodoxe, et "voir" si c'était bien l'orthodoxie qui répondrait à leur soif de Dieu. Et où les aurais-je envoyés ? Dans une paroisse où ils auraient dodeliné de la tête sans rien comprendre ? Dans une librairie "religieuse" (catho, bien sûr, ou protestante) dans l'espoir qu'ils trouveraient un livre à la fois véritablement orthodoxe, et capable de remplacer une communauté vivante ?! Et qu'ils le liraient vraiment, en continuant à me poser des questions, au besoin et faute de mieux - à moi qui ne suis ni théologien, ni prêtre, et qui n'ai pas reçu mission épiscopale de suppléer à leur absence ?

Je me demande parfois si l'amour de l'orthodoxie, dans ce pays, n'est pas considéré (s'agissant des néo orthodoxes francophones) comme une sorte de monomanie - propre à attirer la sympathie un peu condescendante de nos hiérarques, mais en aucune manière à les inciter à s'engager vraiment pour mener à bien leur mission d'évangélisation...

Notre Foi Orthodoxe restera-telle encore un siècle de plus réservée aux seuls happy few d'une bourgeoisie "éclairée" ?

Ou bien est-ce moi qui suis idiot ? Et qui n'ai encore rien compris ?

Publié : ven. 20 mai 2005 16:55
par Glicherie
J'ai hélas bien souvent entendu les mêmes propos que ceux d'Eliezar. Quelle tristesse! Quelle souffrance pour les français dans ce cas. Il faut vraiment prier et agir pour que les évêques fasse plus pour qu'il y ai des parohisse francophones.

Je crois que la Mitropolia Roumaine en a fait, avec un doyenné francophone, et l'Archeveché Daru aussi.

Il faut faire comme la veuve importune dans la parabole.

Je suis choqué

Publié : ven. 20 mai 2005 18:33
par Jean-Serge
Antoine a écrit :XB!

Saine réaction cette brave dame. Quand 99% de l'assistance ne comprend rien à l'office qui est célébré cela s'apparente à de l'idolâtrie. (dixit notre évêque Gabriel) "Leitourgia" ça veut dire quoi? Oeuvre du peuple, oeuvre commune?! Si cette "oeuvre commune" est une tour de Babel il vaut mieux effectivement ne pas aller y communier.
Je suis choqué par votre réaction... La liturgie fut bilingue (avec une prédominance de slavon certes) mais la brave dame en vieille habituée connaît assez bien la liturgie pour comprendre les choses même en chinois ancien... Par ailleurs la paroisse Saint Alexandre Nevsky est une paroisse en slavon. Si des gens n'aiment pas qu'ils se trouvent des paroisses francophones qui d'ailleurs ne manquent pas à Paris (nous ne sommes pas dans des villes de province où l'offre est réduite).

Et surtout cette femme met ainsi ses choix linguistiques avant le Corps du Christ ce qui m'a le plus choqué... Elle n'a rien à envier à cette personne qui entrant dans une paroisse "ethnique" au moment de la lecture de l'Evangile en français se retira en disant "Depuis quand dans l'Eglise XXXX lit-on en français?"

Je précise qu'en tant que francophone (langue maternelle français aucune origine slave, grecque, arabe pas de connaissances poussées en langues slaves), je rêve aussi de paroisses francophones correctes...

Publié : ven. 20 mai 2005 23:21
par Antoine
Le Christ est ressuscité!

Lisons plutôt l'excellente allocution prononcée par notre Evêque de "la slavonisante rue Daru", Mgr Gabriel, au congrès de syndesmos . C'est la première fois que j'entends enfin un évêque dire publiquement ce qu'il pense à tous ceux qui militent pour une liturgie en slavon dont ils comprennent à peine 5%...et surtout que la parole de Dieu est quelqu'un .

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La Parole de Dieu et la prédication dans l'Eglise
Par Mgr Gabriel de Comane


Si nous demandons à un protestant comment savoir quelque chose sur Dieu, il répondra: en lisant la Bible. Le principe de « sola scriptura » est saint et inviolable. Si nous posons la même question à un catholique, la réponse sera : par l'Ecriture et la Tradition, et l'unique norme de la tradition est le magistère. Mais nous, orthodoxes, nous répondons: tout ce que l'on entend à l'église, donc ce qui y est lu, ce qui y est chanté et ce qui est prié, tout cela est «la Parole de Dieu ». Mais la Parole de Dieu n'est pas quelque chose, mais quelqu'un : c'est le Verbe qui était au commencement, qui est tourné vers Dieu et qui est Dieu. Ce Verbe résonne dans le langage des hommes et ce Verbe s'est fait chair ; c'est ainsi que nous pouvons l'entendre et le voir. Parce que dans le Verbe de Dieu repose le souffle de Dieu: le Saint Esprit.

Le Saint Esprit inspire les prophètes et quand ils ouvrent la bouche c'est la Parole, le Verbe de Dieu qui vient au monde dans le langage des hommes.

Le Saint Esprit recouvre la Vierge et quand elle enfante, c'est le Verbe, le Fils unique de Dieu devenu homme qui sort d'elle.

A la Pentecôte, le Saint Esprit descend comme des langues de feu sur les disciples craintifs, et alors ils n'ont plus peur mais s'élancent dehors et proclament la Parole de Dieu dans le monde comme Evangile de la Résurrection, et en même temps commence l'administration des mystères, le baptême, l'eucharistie, et les autres sacrements. Et quand, à la prière du prêtre, le Saint Esprit descend sur nous et sur les dons, le pain et le vin, ils deviennent pour nous le Corps et le Sang du Verbe de Dieu, sacrifié pour notre salut. Et quand nous les recevons en nous, Il demeure en nous et nous en Lui.

C'est uniquement sur cette toile de fond qu'il peut être question de la Parole de Dieu: cela présuppose que Dieu nous parle, et que nous L'écoutions. La Parole de Dieu ne peut résonner que dans le cadre de la prière et de l'adoration, et avec toute notre raison, tout notre cœur et toutes nos forces dirigées sur Dieu : c'est cela le cadre pour le culte de l'Eglise.

La parole humaine est un son avec un sens. L'on ne peut user des termes « parler» et «entendre et écouter » que si celui qui parle le fait dans une langue que celui qui écoute peut comprendre. C'est pour cette raison qu'il y a des prophètes par qui Dieu même parle dans la langue des hommes, afin que nous Le comprenions. Le Verbe de Dieu veut être entendu par nous, mais aussi compris, loué, accepté et suivi. Le culte chrétien est « logikè latreia » ?adoration raisonnable, exprimée en paroles. La conclusion qui en découle ne laisse aucun doute : un culte célébré dans une langue que les croyants ne comprennent pas, n'est pas un «culte raisonnable », c'est en premier lieu tout simplement idiot; tout aussi idiot que si demain je parlais de ce week-end à mon voisin en sanscrit. Il se dirait, et avec raison, que «ce pauvre évêque est devenu tout à fait fou ». Mais il y a encore plus grave. Parce que si je parle à mon voisin en sanscrit, il ne perdra que mon bavardage ; il pourra bien y survivre. Mais si l'Eglise s'adresse aux croyants de façon incompréhensible (même si c'est le langage des anges, dit St Paul), alors ceux-ci sont privés de la Parole de Dieu - et ils n'y survivront peut-être pas, car la Parole de Dieu est nécessaire pour notre salut. Un tel culte et une telle prédication de la Parole de Dieu dans une langue incompréhensible est un culte de sons magiques, qui sont supposés avoir un effet « ex sonore sonato », de la pure résonances des sons. Et cela c'est le paganisme.

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Jean Serge, le slavon n'est pas "une langue d'immigré". Il est une langue morte liturgique que la grande majorité des Russes ne comprend pas. Que ces Russes vivent en Russie ou dans un autre pays.
Ne serait-il pas maintenu pour créer artificiellement ce hiatus entre Eglise enseignante et Eglise enseignée?

La question que je soulève n'est pas celle

Publié : sam. 21 mai 2005 11:04
par Jean-Serge
La question n'est pas celle du slavon : La question est de savoir comment les francophones doivent faire pour avoir des liturgies en français. Ce que je dénonce, c'est que ce désir des francophones d'avoir du français en plus grande quantité ne tienne pas compte du désir d'autres personnes... C'est l'option je viens avec mes gros sabots et je demande 45% de français dans la liturgie même si dans la même ville il y a suffisamment de paroisses francophones. Car je suis désolé de le dire et de le re-dire certaines paroisses ont bel et bien vocation à s'adresser à des "immigrés", c'est leur nature...

Vu cette nature, dans ces paroisses, il faudrait effectivement utiliser une langue que les gens comprennent, à savoir, le russe, l'ukrainien etc... A noter que les choses évoluent dans ce sens (lentement). En Serbie, le plus souvent les ecténies et lectures sont en serbe et les chants en slavon (personnellement je n'aurais conservé que les ecténies en slavon car c'est le plus facile à comprendre tellement elles sont répétitives). En Russie on voit aussi un certain frémissement... Mais dans de telles paroisses, excusez-moi, la solution ce n'est pas le français car il est de la nature même de ces paroisses de s'adresser à des immigrés (qui souvent ne comprennent pas ou mal le français voire ne veulent pas l'apprendre).

Pour les francophones français de souche ou descendants de la Nième génération, je vois une solution (la seule) : de nouvelles paroisses francophones (mais réellement orthodoxes et le manque est réel) et pas une OPA (pas du tout amicale) sur les paroisses existantes en langues autres que le français. Mais la question est de savoir si les francophones ont envie de faire des sacrifices importants pour acquérir des nouveaux locaux (même modestes) et si leur évêque va les appuyer. Cela j'en doute... un peu...

Pour ce qui du texte de l'Evêque Gabriel, je suis d'accord... Mais alors pourquoi ne célèbrent-il pas en russe (ce qui d'ailleurs devenaient la tendance avant la Révolution?) Je suis sûr qu'après des petits grincements de dents les fidèles seraient contents... en sachant y aller par petits pas... (on commence par des lectures en russe etc)

Je tiens à préciser que les gens comprennent largement plus de 5% de la liturgie. Moi-même qui ne comprend aucune langue slave, je patine si je ne me suis pas préparé aux tropaires uniquement (pour une liturgie de Saint Jean Chrysostome ou de Saint Basile). La situation n'est pas idéale mais il ne faut pas non plus dramatiser...

Consécration épiscopale de Marc

Publié : sam. 21 mai 2005 15:36
par eliazar
Jean-Serge a écrit:

"... je suis désolé de le dire et de le re-dire certaines paroisses ont bel et bien vocation à s'adresser à des "immigrés", c'est leur nature...
"Vu cette nature, dans ces paroisses, il faudrait effectivement utiliser une langue que les gens comprennent, à savoir, le russe, l'ukrainien etc... A noter que les choses évoluent dans ce sens (lentement). En Serbie, le plus souvent les ecténies et lectures sont en serbe et les chants en slavon (personnellement je n'aurais conservé que les ecténies en slavon car c'est le plus facile à comprendre tellement elles sont répétitives). En Russie on voit aussi un certain frémissement... Mais dans de telles paroisses, excusez-moi, la solution ce n'est pas le français car il est de la nature même de ces paroisses de s'adresser à des immigrés ... " (fin de citation).

Cher Jean-Serge,

Vous ne trouvez pas qu'au fond, on a eu tort de ne pas écouter les Bulgares qui tenaient, en fait, les mêmes propos que vous lorsque l'Église a condamné leur phylétisme en maintenant que sur le territoire de Byzance, la langue du peuple n'était pas le bulgare et que ces immigrés n'avaient aucune raison ecclésiale valable de vouloir une liturgie dans une autre langue que celle du pays, avec des prêtres et des Évêques de leur langue à eux et de leur pays à eux ?

Si vous allez jusqu'au bout de votre entêtement (je sais bien reconnaître l'entêtement chez les autres : je suis aussi têtu, hélas!), demain les "beurs" réclameront des agents de police parlant arabe - pour peu qu'ils tiennent à se classer parmi ces ...

"... immigrés qui souvent ne comprennent pas ou mal le français voire ne veulent pas l'apprendre."

Votre défense de l'indéfendable n'a rien qui puisse concorder avec la doctrine de l'Église orthodoxe. Ni, je le crains, avec le simple bon sens : relisez le message précédent de l'Évêque Gabriel ...

Publié : sam. 21 mai 2005 16:52
par Claude le Liseur
Je signale qu'il y a déjà eu un fil consacré à l'annonce de l'élection de Mgr Marc comme évêque auxiliaire de la Métropole roumaine. Pour ma part, je me contenterais de répéter que le seul fait de consacrer comme évêque orthodoxe sur territoire français un Français est déjà un démenti aux théories sur le "territoire canonique du patriarcat de Rome" chères à Mgr Hilarion Alfayev et autres.

Je voudrais juste revenir sur la question de la langue linguistique, et d'abord sur celle de l'immigration.
J'ai l'impression que tout le monde fait comme si le communisme n'avait pas existé et s'il n'avait pas laissé des traces. En gros, on peut dire que certains pays soumis au joug communiste ont remarquablement gardé leur foi: du côté catholique romain, la Pologne, la Slovaquie et la Croatie; du côté orthodoxe, la Roumanie et l'ex-République yougoslave de Macédoine, dont les évêques se sont hélas séparés du reste de l'Eglise; du côté monophysite, l'Ethiopie et l'Erythrée. En revanche, partout ailleurs, nous avons des populations qui sont déchristianisées dans leur immense majorité. En particulier, aucun des pays luthériens qui connurent le communisme (Allemagne de l'Est, Lettonie, Estonie) ne compte aujourd'hui moins de 80% d'athées.
Je suis donc très sceptique sur l'argument selon lequel l'immigration venue des pays ex-communistes aurait regonflé les effectifs des paroisses orthodoxes n'utilisant pas la langue du pays. D'abord, parce que cette immigration, conséquente dans un pays comme la Suisse, a été très faible en France. Ensuite, parce qu'à l'exception des Roumains, restés orthodoxes dans une proportion de quelque 80%, et aussi, semble-t-il, des Géorgiens, il s'agit de population où la proportion de chrétiens orthodoxes est très faible.
Si l'on observe la situation dans une ville de brassage de populations comme Genève, où il existe une cathédrale orthodoxe russe construite en 1866, on constate qu'alors que cette cathédrale dessert des fidèles bulgares, serbes, russes, ukrainiens, biélorusses, quelques rares Roumains et Moldaves et des convertis autochtones, l'essentiel de l'assistance aux offices reste le fait de descendants d'émigrés russes des années 1920, alors que ceux-ci constituent une population bien moins nombreuse que les immigrations postérieures à 1945.
Je pense donc que l'argument de l'immigration reviendrait à dire que les paroisses ne doivent pas passer au français en raison de la présence de gens qui, en majorité, ne viendront à l'église que deux ou trois fois dans leur vie. C'est triste à dire, mais c'est ainsi. Et ce n'est pas toujours la minorité pratiquante parmi les immigrés les plus récents qui constitue le groupe le plus hostile à l'usage du français.

Je ne prêche pas pour mon cas personnel. Etant donné la longue distance à parcourir pour trouver une paroisse francophone (soit une centaine de kilomètres vers l'est et le Valais, soit trois cents kilomètres vers le sud et vers le monastère Saint-Antoine-le-Grand), je n'assiste guère à la liturgie en français que six ou sept fois par an. Le reste du temps, c'est en grec ou en roumain. La structure de la liturgie byzantine est ainsi faite que, dès lors que l'on la connaît bien dans une langue, on peut y participer sans trop de difficultés dans une autre langue. Pour ne pas parler du roumain que je parle et du grec que je comprends, je peux par exemple prendre le cas de l'arabe que je ne comprends pas du tout: il m'est arrivé deux ou trois fois, par amitié pour une communauté antiochienne, de servir une liturgie célébrée en arabe, et ce sans trop de difficultés, puisque l'on finit par connaître plus ou moins par coeur les parties fixes de la liturgie.
Mais il est évident que cela ne peut concerner qu'un tout petit nombre de gens qui ont pris l'habitude de la liturgie. J'en veux pour preuve le fait que, si je connais pas mal de convertis de langue maternelle française qui sont capables de participer à la liturgie en grec, en slavon ou en roumain, il est très rare de voir des orthodoxes "de souche" faire le même effort. Pourquoi l'accusation d'ethnophylétisme est-elle toujours à sens unique et n'est-elle brandie que contre des convertis francophones (souvent eux-mêmes capables de comprendre la liturgie dans une autre langue) lorsque ceux-ci réclament un peu plus d'utilisation de la langue du pays?

De même, je sais bien que le slavon est infiniment plus proche du russe ou du serbe que le latin ne l'est du français; mais je suis bien forcé de constater, pour l'avoir vu moi-même, que beaucoup de fidèles serbes ou russes ne le comprennent pas du tout. Là encore, je ne sais pas expliquer ce phénomène, mais il est bien réel et il y a un problème de compréhension de la langue liturgique qui n'existe pas chez les Arabes et les Roumains et qui est moins présent chez les Grecs.

Il me paraît donc évident que le seul moyen d'assurer la pérennité de l'Orthodoxie en pays francophone est, plutôt que de compter sur des vagues d'immigration de plus en plus hypothétiques, de prendre son courage à deux mains et de célébrer le plus possible en français, d'une manière compréhensible, avec des traductions qui soient fidèles à l'original grec, et dans une perspective d'enracinement.
Je me suis déjà exprimé sur le sujet, mais je pense que la meilleure solution n'est pas de créer des paroisses exclusivement francophones. Je trouve plus intéressante la pratique des paroisses malankares aux Etats-Unis, qui célébrent une fois par mois en anglais et trois fois par mois en malayalam. On pourrait ainsi imaginer des paroisses qui célébreraient une fois par mois en français, et le reste du temps dans la langue d'origine. Avec le passage du temps, la part du français pourrait ensuite augmenter à deux ou trois dimanches par mois. Cela éviterait de disperser des forces en construisant les bâtiments en double, par exemple, cela assurerait la transmission aux convertis d'une partie de la tradition non écrite, cela donnerait des nouvelles forces aux orthodoxes d'origine et cela permettrait d'éviter que les convertis se constituent en groupes isolés des orthodoxes plus anciens. Cela supposerait un clergé capable de célébrer en deux langues, ce qui est déjà le cas dans la plupart des cas. Le public ne serait pas entièrement le même tous les dimanches, quoiqu'il me semble probable que l'on retrouverait la plupart des gens que la liturgie soit célébrée en français ou dans l'autre langue.


Toutefois, dès maintenant, il me semble nécessaire, même dans les paroissses qui ne font pas du tout usage du français, de répéter la lecture de l'Apôtre et de l'Evangile en français.

Publié : lun. 23 mai 2005 9:52
par Glicherie
Hristos a înviat!

Je vous conseille de lire l'interview avec PS Marc Nemteamul dans le feuillet Sf Jean Cassien 217, sur le fait d'être évêque français, etc...c'est interessant et peut alimenter la discussion de ce fil.

Consécration épiscopale de Mgr Marc

Publié : lun. 23 mai 2005 19:30
par eliazar
ADEVARAT A ÎNVIAT!

Merci, Glicherie, pour ce renseignement.

Mais où consulter ce "feuillet St Jean Cassien 217" ? De quelle manière ?

Feuillet Saint Jean Cassien

Publié : lun. 23 mai 2005 19:41
par Jean-Serge
Il est en ligne sur le site de la Métropole roumaine

http://www.mitropolia-paris.ro/?subject=fsjc/index

Au passage je suis globalement d'accord avec ce que dit le Lecteur Claude...