Notre ami “paraklitique" (mais comment pouvons-nous faire semblant de croire que c’est le nom d’une personne réelle. Je vous en prie sortez un peu du camouflage) a écrit :
Notre problème est d'être une diaspora…
Tant que les mots auront un sens, je ne crois pas que l’on puisse dire que nous sommes une
diaspora (ce qui signifie dissémination). Originaire des pays d’Europe occidentale (et comme ce Forum est francophone, originaires principalement des pays francophones) nous sommes chez nous, par la Grâce de Dieu. On peut considérer que les événements de l’histoire ont fait des Québécois une diaspora francophone (mais les habitants de la Belle Province ont depuis longtemps créé leur culture, leur nation, forgé leur destin et en sont très satisfaits). À l'inverse il y a en France des personnes originaires des pays de Tradition orthodoxe. Ils ont d’abord été considérés comme des réfugiés, mais les générations passant ils s’intègrent très vite à la Nqtion française, et j’hésite de nos jours à les qualifier d’immigrants, ce mot ne vaut guère que pour les dernières vagues (très fournies) de récents arrivés depuis moins de vingt ans.
Mais les originaires d’Europe occidentale, et en particulier les francophones, quand ils sont chez eux, ne peuvent être considérés comme une diaspora.
L’habitude s’est répandus dans les payx de Tradition orthodoxe, à mesure qu’ils acquerraient (c’est-à-dire depuis le XVIIème siècle) de l’empire ottoman et de la tutelle du patriarcat œcuménique, de lier très étroitement la souveraineté nationale et l’indépendance ecclésiastique. Nous avions forgé, nous, en Europs occidentale, des
États-Nations, eux ont voulu forger des
États-Églises-Nations. Parconséquent ils considèrent que ceux d’entre eux qui, poussés soit par la violence des guerres, soit pas les persécutions religieuses, soit par la misère économique, ont dû aller vivre en Occident, sont comme des morceaux détachés de cette Nation et qu’ils doivent là-bas (c’est-à-dire chez nous) s’organiser en cellules autogérées, selon les lois et les coutumes des ancêtres, en formant des associations qui sont en même temps des paroisses de “l’Église-Mère” et qui tentent de vivre en autarcie dans leur nouvel environnement. En fait ces émigrés, qui sont pour nous des immigrés, consacrent l’essentiel de leur énergie à s’intégrer dans la société occidentale, avec des succès très variables, de l’échec complet, la misère, jusqu’aux sommets de la hiérarchie sociale. Dès lors les communautés qui entretiennent leur mémoire ancestrale ne jouent pour eux qu’un rôle mineur et affaiblissent leur conscience de la Tradition orthodoxe.
Si l’Église orthodoxe, qui
devrait être organisée selon la communion des synodes provinciaux autonomes, mais qui est actuellement surtout dirigée par des réunions de
chefs d’Église autocéphales (appelés généralement
les patriarcats) a pu adopter ce type d’organisation, c’est parce qu'elle croyait pouvoir ainsi satisfaire aux besoins spirituels de ses enfants séparés, et elle considère qu’elle est animée par des préoccupations d’ordre pastoral. Il n’en est rien, et l’expérience montre que par la faute d’une telle organisation les émigrés des nations de tradition orthodoxe perdent très rapidement la richesse qui est la leur, le trésor de civilisation et de culture qu’ils devraient préserver et que leurs enfants oublient très souvent leurs traditions et se fondent avec succès dans la société occidentale. la survie des associations et des paroisses qui se voulaient gardiennes des traditions est rapidement menacée.
Le mot “diaspora” devrait être banni du vocabulaire orthodoxe. Les canons de l’Église orthodoxe ne le connaissent pas. L’idéal serait que lorsque des orthodoxes débarquent sans un pays lointain, où n’existe pas encore l’Église orthodoxe, ils se réjouissent d’avoir à y apporter la vérité orthodoxe, se réunissent sans tenir compte de la variété de leurs diverses origines dans leurs ex-Mères-Patries et demandent à l’Église orthodoxe universelle de leur envoyer un évêque pour y fonder une nouvelle Église locale accueillant et les émigrés et les néo-orthodoxes locaux convertis — qui sont appelés à donner sa tonalité principale à l’Église ainsi créée, destinée à devenir un jour une métropole autonome.
Si la préparation du Grand et Saint Concile panorthodoxe (dont les premières esquisses ne prévoyaient même pas d’aborder cette question) a échoué, c’est probablement parce qu’il ne prévoyait pas de poser les questions de structure organisationnelle sur des bases authentiquement orthodoxes. Seuls les Canons peuvent nous guider.
D’autre part “paraclitique” a également écrit :
L'oecuménisme n'est pas en soi une faute…
L’œcoumène c’était en grec l’univers habité et civilisé, et l’Église orthodoxe qualifiait “d’œcuméniques“ les Conciles auxquels l’empereurs (considéré comme le gardien de l’ordre et de la civilisation, et de sa cohérence) convoquait l’ensemble des évêques de l’Église, qui constituait une centaine ou plus de conciles provinciaux autonomes.
À partir du XXème siècle, ce mot a été utilisé pour désigner un mouvement de pensée qui prônait le dialogue sur un pied d’égalité entre les diverses “confessions” protestantes, puis qui s’est élargi peu à peu aux Églises anglicane (en communion avec l’Archevêque de Canterbury) et vieille-catholique de “l’Union d’Utrecht” (renforcée par des défections de catholiques-romains après le Concile Vatican I), et à quelques théologiens orthodoxes (principalement le père Georges Florovsky).
En 1946 Le Congrès d’Amsterdam transforma le mouvement œcuménique (jusque là mouvement de dialogues entre tendances et théologiens) en fondant le
Conseil œcuménique des Églises. Ce mouvement s’est peu à peu transformé en une “super-Église” qui “reconnait” à certains groupes la qualité de membres et la refuse à d’autres, et organise des célébrations œcuméniques inter-confessionnelles. Cette évolution est inacceptable pour de bons orthodoxes, et le fait que certains hiérarques orthodoxes se soient laissés prendre à ce petit jeu (les hiérarques en poste à Paris en particulier) a suscité de très-vives et très-amères réactions. Une réunion récente de chefs d’Église orthodoxes a décidé de limiter leur participation au CŒE aux activités caritatives et aux libres discussions. On peut toujours discuter et collaborer de cette manière. L’ambition des orthodoxe n’est certes pas de cracher à la figure du curé d’à côté. C’est le syncrétisme qui pose problème.
Et “paraclitique” a écrit pour conclure :
Pour ce qui est du devoir de nos évêques d'annoncer la vraie foi et d'affirmer que l'Orthodoxie, dont le Christ est la tête, est l'Eglise, je suis de votre avis, bien sûr. Ce devoir incombe aussi à tout baptisés, avec patience et douceur.. et je manque autant des deux !!
Je fais miens et cette proposition et cet aveu, et je souhaite bienvenue dans notre discussion à “paraklitique”, en lui proposant de prendre un pseudo un peu plus personnel.