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Publié : ven. 03 juin 2005 22:56
par Stephanopoulos
OK Antoine, je vais essayer de poser la problèmatique!

Ce néo-apostolique prétend que les apôtre étaient convaincus que le Christ allait revenir de leur vivant, d'où le zèle pour fonder le plus de communautés possible. De ce fait, il prétend que c'est pour cela que les apôtres n'ont pas eu l'idée d'ordonner des autres apôtres. Or, le Christ n'est pas revenu de leur vivant, donc les apôtres n'ont pas compris ce que le Christ leur avait dit.
Partant de là, il prétend que les évêques auraient dû ordonner des apôtres parce que saint Paul dit : "C'est Lui (le Christ) qui "a donné" aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteur, organisant ainsi les saints pour l'oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ..."(Eph. 4; 11-12). D'après ce passage, il en conclu qu'il devait y avoir des apôtres puisque Paul dit que le Christ les a appelé; mais aussi, il va plus loin en disant qu'il doit ou devait y avoir des prophètes, des évangélistes, des pasteurs etc... dans l'Eglise, qui sont à ses yeux des ministères. Pour lui, les évêques en place après la mort des apôtres ont faillis. En gros, si un ministère n'était pas là au temps des apôtres, alors ce ministère n'est pas valable.

Mais, heureusement, il y a eu un bonhomme au XIXème siècle (ce qui veut dire que Dieu à laisser l'Eglise errer pendant 18 siècles) qui a eu une révélation de Dieu qui disait qu'il devait y avoir des apôtre dans l'Eglise.
Et grâce à ce "prophète", est née l'église néo-apostolique dont les "apôtres" continuent ou reprennent (après 18 siècles de vide) l'oeuvre des Apôtres.

Voilà Antoine j'espère avoir été assez précis dans mes propos!

Publié : dim. 05 juin 2005 1:22
par Stephanopoulos
Bonjour à vous tous,

J'ai eu une discussion avec le néo-apostolique en question, et j'ai compris que leur théorie "apostolique" tient par le fait qu'ils sont persuadés, en se basant sur des passages des Epîtres de saint Paul, que les apôtres croyaient que le Christ allait revenir de leur vivant. Il suffit de démontrer que ce n'était pas les cas et leur système tombe.

Publié : dim. 05 juin 2005 21:29
par Stephanopoulos
Il y a un passage dans l'Epître de saint Pierre qui parle des anciens :"“Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ANCIEN COMME EUX, témoin des soufrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec l’élan du coeur; non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. Et quand paraîtra le Chef des pasteurs (note. Il ne peut s’agir que du Christ, non pas saint Pierre ou le pape), vous recevrez la couronne de gloire qui ne flétrit pas.”(1 Epît. de saint Pierre, V,1).
La Bible de Jérusalem n'a pas traduit le mot "ancien" par prêtre (je me demande pourquoi). Est-ce-que Saint Pierre désigne-t-il tout de même les prêtres, ou y a-t-il deux significations au mot "ancien"?

Publié : ven. 10 juin 2005 1:35
par paraclésis
Je partage l'avis de JLP sur le livre de Zizioulas, il est essentiel pour comprendre comment l'Eglise en sa vie et son organisation découle de l'Eucharistie. C'est LE livre pour comprendre ce que désormais on désigne comme ecclésiologie de communion. rappelons que l'auteur était laic quand il développa un si belle théologie. L'église en fit un évêque qui souvent représente Constantinople dans les discussions délicates soit entre-orthodoxes soit avec les autres confesions chrétiennes.
Pour ce qui est de la disparition des apôtres : je me rappelle un distinguo subtil qui m'était enseigné, entre Pierre fondateur de l'Eglise de Rome et Lin premier évêque. A l'Eglise locale correspond un territoire et l'évêque réside en ce territoire. Je constate aussi que les tropaires désignent comme apôtres les fondateurs d'Eglises, même assez récents.Apôtre de l'Alaska...etc

Publié : ven. 10 juin 2005 19:18
par Stephanopoulos
Merci Paraclésis!

Evidemment, le distingo entre Pierre fondateur et Lin premier évêque est subtil, mais le Père Guettée éclaire aussi assez bien la question.

Voici ce qu'il dit en s'appuyant sur une lettre du pape saint Grégoire à Euloge, évêque d’Alexandrie, et à Anastase, évêque d’Antioche :

"Le pape saint Grégoire le grand, en citant l’Epître “aux romains”, appelle ces “romains” les “disciples de saint Paul”. Saint Paul n’écrivit son Epître aux chrétiens de Rome que l’an 58 de Jésus-Christ; il n’y avait alors, à Rome, que peu de chrétiens, qui ne formaient pas d’Eglise proprement dite, et qui se réunissaient chez l’un d’eux, Aquilas. Ils étaient venus à Rome de divers pays évangélisés par saint Paul, c’est pourqui saint Grégoire les appelle “les disciples de cet apôtre. Ils lui écrivirent pour le prier de venir les visiter et les instruire. Paul leur répondit par son épître, dans laquelle il leur promet d’évangéliser Rome. Il y alla deux ans après. Il y trouva des Juifs qui ne connaissaient encore les chrétiens que de nom, qui n’avaient pas encore été, par conséquent, évangélisés par saint Pierre, leur apôtre spécial. Paul forma une Eglise à Rome, et y mit pour évêque LIN, son disciple, que Tertullien, saint Irénée et Eusèbe compte comme le PREMIER évêque de Rome. Que devient devant ces faits, le prétendu épiscopat de saint Pierre à Rome, sur lequel les ultramontains appuient tout leur système? Saint pierre n’est évidemment venu à Rome que peu de temps avant d’y souffrir le martyre. Ce fut à cause du martyre du premier des apôtres, et non à cause de son épiscopat à Rome, que les conciles, comme ceux de Chalcédoine et de Sardique par exemple, accordèrent à l’évêque de Rome des privilèges spéciaux."

Si vous avez une réponse concernant la (ou les) signification(s) du mot "ancien" dans l'Epître de Pierre que j'ai cité dans mon précédant message, n'hésitez pas!

Bien à vous!

Publié : ven. 10 juin 2005 19:44
par paraclésis
Qui est le Père Guettée ? Excusez mon ignorance.

Publié : sam. 11 juin 2005 16:34
par Stephanopoulos
Wladimir Guettée (1er décembre 1816-10 mars 1892) est l'un des plus grand historien de l'Eglise. Il a démontré (sans contestation possible) dans ses ouvrages de quelles façons les partisans du pape ont trahis l'enseignement de Christ, des apôtres, des saints Conciles oecuméniques + le VIIIème de 879-880 et les Pères de l'Eglise.

Il existe un livre édité à "L'Age d'Homme" qui a pour titre "De la papauté".
Il s'agit de textes choisis et présentés par Patric Ranson.

Je vous conseille vivement de vous procurer ce livre!

Bien à vous!

Publié : sam. 11 juin 2005 17:34
par Jean-Louis Palierne
J'avoue que je ne peux répondre que sur un point : les mots que nous trouvons dans les traductions françaises du Nouveau Testament, c'est-à-dire les mots "anciens", "presbytres" ou "prêtres" correspondent à un seul et même mot grec : "presbyteros", qui signifie "ancien". Ce sont les traducteurs qui choisissent l'un one ou l'autre équivalence. En général quand on choisit le mot "ancien" on sous-entend qu'il ne s'agit pas d'un ministère institutionnel, qu'il ne l'est devenu que plus tard, et qu'il est en continuité avec le rôle coutumier des "anciens" de l'Ancien Testament. Quand on emploie le mot "presbytre" on accepte que dans l'Église primitive il s'agissait d'un ministère spécifique, mais qu'il n'était pas encore "différencié" entre "prêtres" et "évêques". L'épiscopat qu'ils appellent "monarchique" est en effet l'une des cibles préférées du modernisme. Un professeur de théologie m'a même prétendu un jour que le mot "episcopos" ne se rencontre pas dans le NT, ce qui est faux (cf. l'épître à Timothée). on n'emploie plus beaucoup le mot "prêtres" pour les traductions du NT, de peur de paraître naïf en voulant trouver les structures de l'Église moderne dans le NT.

Je répète que l'ouvrage de mgr Jean Zizioulas fait le point sur cette question et montre que les Apôtres ont institué des évêques dans les communautés qu'ils ont fondées et que les prêtres étaient institués par imposition des mains.

Je ne peux rien dire au sujet des néo-apostoliques, mais ayant longtemps habité dans quartier africain de Paris, je comprends maintenant toutes ces affiches annonçant des réunions de "réveil", de guérison et de prières avec "le prophète X", l'apôtre Y" et les pasteurs et évangélistes...

Publié : sam. 11 juin 2005 21:38
par paraclésis
merci à Stephanopoulos pour ses renseignements;

Les ministères dans le NT, j'ai compulsé le dico (vocabulaire de théologie biblique, Cerf, 1995, 8eme édition).
Jésus a enseigné à ses Apôtres, ils sont ses serviteurs à lui, et c'est à ce tître qu'il leur promet d'entrer avec lui dans la gloire du Père (Jn 12,26)
Le ministère hiérarchique :Le NT fait assister dès le temps des Apôtres à la naissance d'une hiérarchie de gouvernement qui porlonge leur action. Toutes les communautés juives avaient des Anciens (prebyteroi) à leur tête. De même, les missionnaires Paul et Barnabé établissent partout dans les Eglises des presbytres qui les dirigeront (Ac 14,23).
L'épitre aux Philippiens mentionne côte à côte des épiscopes et des diacres : il y a là, l'embryon d'une hiérarchie (Ph 1,1) Les épiscopes (surveillants) veillent sur les communauté, une telle charge n'était pas inconnue du judaîsme, dans la communauté de Qumrân, le mebaqqer (inspecteur) avait une fonction assez semblable.
Primitivement ce sont les les Anciens qui surveillent en commun chaque Eglise, car ils ont mission de paître le troupeau de Dieu (Ac 20,29; 1P5,4).Mais les épîtres pastorales montrent qu'il y a dans chaque communauté un seul épiscope, qu doit être choisi avec soin 1tm3,1-7), apparemment parmi les Anciens (Tt 1,5-9).C'est lui sans doute qui remplit cette fonction de pasteur (Cf Ac 20,28sq) que Paul placze au nombre des charismes 5Ep4,11) et qui rappelle l'une des responsabilités apostoliques (Jn2&,15ss; Cf Mt18,12ss).Les envoyés de paul ont autorités sur les Anciens, les diacres et les épiscopes des Eglises qui leur sont confiées; ilsq ont une responsabilité en matière de liturgie (1Tm2,1-15) et d'enseigement doctrinal 1Tm 4,6.13-16;6,3).Mais sur ce dernier point, chaque épiscope exerce aussi un surveillance dans son ressort (Tt 1,9).Cette délégation des fonctions de gouvernement, dévolues primitivement aux Apôtres, montre que l'organisation de l'Eglise est en cours d'évolution. Une fois les Apôtres disparus, elle se stabilisera dans une hiérarchie à trois rangs : un épiscope, pasteur et président de la communauté, entouré de presbytres, qu'assisteront des diacres.
[


Stéphanopoulos a posé clairement le sujet des ministères avec sont point de départ sur les néo-apostoliques !!
Si j'ai compris, l'époque révolue des Apôtres, les néo-apostoliques la disent toujours ouverte et donc dans cette perspective il ne faudrait pas s'attendre à trouver chez eux une hiérarchie évêques, prêtres, diacres, mais chacun d'entre eux peut se percevoir comme un nouveau Paul, se lever et enseigner et établir un culte...

Publié : sam. 11 juin 2005 21:48
par paraclésis
PS Une explication un peu simpliste mais qui me traverse la tête : peut-être tout simplement ¨Paul parle modestement et se met à un "rang" identique à celui de ses interlocuteurs...
L'idée me vient d'un évêque (trou de mémoire je ne peux dire son nom) qui s'adressant à un tout nouveau diacre l'a désigné devant moi comme son co-diacre.

Publié : dim. 12 juin 2005 21:30
par Stephanopoulos
Merci Paraclésis pour toutes ces références bibliques!

Merci à vous aussi jean-Louis!

Publié : mer. 06 juil. 2005 16:35
par Nicole
existe t'il une traduction en français ou anglais de la théologie dogmatique de Père Dumitru Staniloae, notamment le tome 3 consacré aux prêtres, aux mystères de la chirotonie de prêtre, évêque, diacre...?

Cela serait très précieux pour avoir des références théologiques sures sur le sujet des prêtres.

Publié : mar. 22 août 2006 6:21
par Stephanopoulos
Je me permet de revenir sur le sujet des prêtres, parce que j'ai trouvé un site qui présente, plus clairement que je ne l'ait fait moi-même, les arguments protestants (et neo-protestants) qui essayent de remettre en cause l'organisation ecclésiologique orthodoxe.

Voici un extrait de l'argumentation :

"Quelle est donc la signification réelle du mot presbyteros dans l'Eglise primitive?

Mareds. Expl. (en note à Actes 11.30) nous apprend que le terme d'ancien «fut adopté par les chrétiens de Jérusalem pour désigner les administrateurs de la communauté, sous la direction des apôtres». Osty-Trinquet disent même: «sous l'autorité supérieure des apôtres». En note à Actes 14.23 Mareds. Expl. précise qu'il s'agit «des évêques et des prêtres qui présidaient les communautés». La même précision est donnée par Osty-Trinquet en note à 1 Pi. 5. 1 : prêtres ou évêques.

Pour Buzy, qui traduit toujours presbyteros par presbytre, ce «devaient être des prêtres; peut-être avaient-ils aussi la plénitude du sacerdoce par l'épiscopat» (Note à Actes 14.23).

Cependant Crampon 1939 et Maredsous traduisent en Jacq. 5.14 ce mot par prêtre... La note de Maredsous précise : «... Un même mot grec signifie ancien et prêtre». Et dans plusieurs notes des traducteurs catholiques, le mot ancien est remplacé par prêtre.

En note à 1 Tim. 4.14 Mareds. Expl. précise «que le mot Ancien Ancien est la traduction du terme grec presbyteros, d'où est venu le mot français prêtre.

Mais si l'étymologie du mot prêtre procède de presbyteros, il n'est pas permis de faire dériver les prêtres des presbytres; en effet, le mot latin qui désigne le prêtre est sacerdos et celui qui désigne les anciens est seniores ou presbyteri, Ce n'est donc que secondairement, et tardivement, que presbytre a donné prêtre.

LES PRESBYTRES ET LES EPISCOPES

Ainsi deux questions se posent:
• Les presbytres étaient-ils en réalité évêques ou prêtres?
• Une distinction entre évêque et prêtre existait-elle dans l'Eglise primitive?

La réponse se trouve dans deux textes du Nouveau Testament. D'abord dans les Actes 20.17 à 28.

V. 17: «Cependant, de Milet Paul envoya chercher à Ephèse les Anciens de l'Eglise.» (Puis il leur dit: «...)

V. 28: «Prenez donc garde à vous-même, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l'Eglise du Seigneur, qu'il s'est acquise par son propre sang.»

Il est évident ici que Ancien (presbyteros) v. 17 et Evêque (episcopos) v. 28 sont synonymes.

Un deuxième texte confirme cette synonymie: Tite 1.5 à 7.

«Je t'ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville, s'il s'y trouve quelque homme irréprochable, mari d'une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni rebelles. Car il faut que l'évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu; qu'il ne soit ni arrogant, ni colère, ni adonné au vin, ni violent, ni porté à un gain déshonnête.»

Le mot episcopos, traduit par évêque ou épiscope ou surveillant, se retrouve encore en Phil. 1.1 et en 1Tim. 3.1 et 2. En 1Pi. 2.25, il s'applique à Jésus.

La synonymie entre épiscope et presbytre est reconnue par Buzy qui note à propos d'Actes 20.17 à 28:

«Les presbytres sont maintenant qualifiés d'épiscopes. Ces deux mots et ces deux valeurs sont donc interchangeables.»

Buzy le réaffirme dans ses notes à Tite 1.5 à 7 et surtout à 1 Tim. 3. 1 où il dit:

«une chose acquise aujourd'hui, c'est la synonymie parfaite de ces deux vocables».

Mareds. Expl. note à ce propos:

«Evêque : la traduction littérale est surveillant. Dans les premiers textes chrétiens il est parfois difficile de distinguer la fonction proprement épiscopale de celle de chef de communauté...» (note à Actes 20. 28).

«... Sous réserve de mieux informé, nous nous rallions à l'opinion qui voit ici, dans ce terme évêque, un prêtre-chef de communauté. En effet, un passage parallèle à celui-ci, dans la lettre à Tite (1.5), emploie le terme de ancien ou prêtre» (note à 1 Tim. 3.1).

De même, pour Crampon 1960, l'épiscope «n'est pas un évêque au sens actuel du mot, mais un dignitaire de premier rang parmi les prêtres (presbytre ou ancien)». C'est aussi l'opinion d'Osty-Trinquet (note à Phil. 1. 1) qui reconnaissent l'équivalence presbytre-épiscope dans la note à 1 Tim. 4.14.

Cependant Jérusalem (note à Tite 1. 5) semble faire une distinction entre les deux. On peut y lire:

«... le titre de presbytre (...) désigne un état, une dignité; celui d'épiscope (...) un office. Les uns et les autres, chefs de communautés locales, sont chargés non seulement de l'administration temporelle, mais de nombreuses fonctions proprement religieuses. Plus tard l'épiscope deviendra l'évêque, chef unique du Collège des prêtres.»

En note à 1 Tim. 5.17, Crampon 1960 livre ces subtilités:

«Les Anciens ou Presbytres: dignitaires distincts des épiscopes encore que les noms soient interchangeables et investis du pouvoir sacerdotal.  »

Pour terminer, ajoutons que les historiens de l'Eglise reconnaissent aussi, pour l'Eglise primitive, la parfaite synonymie de ces deux termes. Pour Clément (1 Cor. 44. 4-5), selon G. Bardy :

(La Théologie de l'Eglise de saint Clément de Rome à saint Irénée, p. 40) «les deux termes épiscope et presbytre ont le même sens et sont interchangeables. La même synonymie se retrouve dans le «Pasteur» d'Hermas qui ne nomme jamais ensemble les épiscopes et les presbytres, mais qui désigne tantôt les uns, tantôt les autres comme les chefs des Eglises.»

LE SACERDOCE CHRÉTIEN

Les commentaires catholiques ne se recouvrent pas et manquent de clarté, car on y décèle la tentative de faire des «presbytres» les ancêtres des prêtres et des épiscopes les ancêtres des évêques, amorce de la hiérarchie catholique alors que ces deux termes sont absolument équivalents. Voici d'autre part une objection extrêmement sérieuse.

Il n'est pas vrai, comme l'affirme Maredsous, que le mot «presbyteros» ait à la fois la signification d' anciens et de prêtre. C'est le mot hiereus qui signifie prêtre (ou sacrificateur)

et on le rencontre dans 30 endroits du Nouveau Testament.

Matth. 8.4, 12.4, 12.5
Marc 1.44, 2.26
Luc 1.5, 5.14, 6.4, 10.31, 17.14
Jean 1.19
Actes 4.1, 6.7, 14.13
Héb. 5.6, 7.1, 7.3, 7.11, 7.14-15, 7.17, 7.21, 7.23, 8.4
Héb. 9.6, 10.11, 10.21
Apoc. 1.6, 5.10, 20.6

Ses dérivés ( hierateuma, hierôsune, hierateia) qui signifient sacerdoce ou prêtrise se trouvent dans les sept passages suivants:

Luc 1.9 ;
1 Pi. 2.5 et 9 ;
Héb. 7.5,11, 12 et 24.

Ces termes s'appliquent d'abord aux prêtres et au sacerdoce de l'Ancienne Alliance où les prêtres étaient les intermédiaires entre les croyants et leur Dieu pour offrir les divers sacrifices. La prêtrise de la Nouvelle Alliance n'est, en fait, mentionnée que cinq fois; mais elle ne caractérise pas les fonctions ni des presbytres, ni des épiscopes, ni des pasteurs, ni des évangélistes, ni des diacres, ni des prophètes, ni des docteurs... mais celles de tous les chrétiens. Voici ces cinq passages.

• 1 Pi. 2. 5:
Et vous-même, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des victimes spirituelles agréables à Dieu par Jésus-Christ.
 
• 1 Pi. 2.9:
Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.
 
• Apoc. 1.5 à 6:
A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs (prêtres) pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen!
 
• Apoc. 5.9 et 10:
... et tu (l'agneau) as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs (prêtres) pour Dieu, et ils régneront sur la terre.
 
• Apoc. 20.6:
Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs (prêtres) de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.

Ces passages montrent que l'Eglise du Nouveau Testament ne connaît qu'un sacerdoce: celui de tous les rachetés. Cela ressort aussi d'autres passages, tel Rom. 12.1 ; 1 Cor. 3.16; 1 Cor. 6.19."



J'ai mis en gras ce qui m'a paru important. Voici le lien d'où j'ai tiré ce texte : http://www.bible-only.org/french/rs/tra ... rdent.html.

Mon premier élément de réponse à ce genre d'argumentation est que le mot "hiereus" est appliquée à l'Eglise parce qu' Elle est le corps divino-humain du Christ (qui est Prêtre immuable selon l'ordre de Mechisedek); raison pour laquelle les prêtres de Christ ont été nommé "presbyteros", pour faire une différenciation, puisqu'ils ne sont pas des "alter Christus" et n'agissent pas "in persona Christi". Ai-je écrit d'énormes bêtises?

Merci à vous tous de m'éclairer sur ce sujet que je trouve complexe!

Publié : mar. 22 août 2006 15:23
par Jean-Louis Palierne
Le problème posé est effectivement un problème considérable. Il met en cause toute la structure de l’Église. Il est certain que le terme grec “presbyteros” tel qu’il est utilisé dans le Nouveau Testament et chez les Pères apostoliques (c’est-à-dire de l’époque des Apôtres ou des premières communautés) n’était pas rigoureusement défini et s’appliquait parfois au charisme épiscopal. Par contre le terme “episcopos” se trouvait bien déjà dans le Nouveau Testament (on l'y trouve à quatre reprises : Luc 19:44; Philippiens 1:1; 1 Tite 3:2 et 1 Pierre 2:25) et deus fois le terme “épiskopè” est utilisé clairement pour désigner le rôle de l’évêque (Actes 1:20; 1 Tite 2:12), ainsi que deux fois le verbe “épiskopein” (Hébreux 12:15 et 1 Pierre 5:2). Ceci pour répondre à un professeur de théologie qui m’avait un jour prétendu que le terme ne s’y trouvait pas et qu’il n’était qu’une “invention postérieure”.

Mais le Nouveau Testament connaît très bien l’existence d’un “président” de l’Eucharistie, qui siège “eis topon kai tupon tou Christou” (au lieu et à l’image du Christ) Dès les Actes des Apôtres (21:18) Nous voyons qu’après le départ des Apôtres qui s’étaient égaillés à travers le monde, c’est Jacques qui préside l’Église de Jérusalem, et Paul, dès son arrivée pour la cinquième fois à Jérusalem, vient le visiter, “et tous les presbytres arrivèrent”. Et voici comment saint Ignace d’Antioche aux environs de l’an 100, écrit aux Éphésiens en parlant de l’évêque Onésime “leur évêque selon la chair”, il les félicite
de lui être si profondément unis, comme l’Église l’est à Jésus Christ, et Jésus Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord avec l’unité […] Celui que le Maître envoie pour administrer la maison, il faut que nous le recevions comme Celui-là même qui l’a envoyé. Donc il est clair que nous devons regarder l’évêque comme le Seigneur Lui-même.
Ce court extrait, parmi tant d’autres, fait implicitement références à de nombreuses paraboles du Seigneur,

Il ne faut pas se demander quand et comment les presbytres ont vu se différencier les rôles, il faut constater qu’il y avait dès le début un président de l’Eucharistie, représentant le Seigneur, et que les “anciens” l’entouraient. C’est l’origine, le quand et le comment de la création de ce collège des anciens (“presbytres”, d’où le “presbyterium”) qui mériterait éclaircissement. Il s’agit probablement de la persistance d’une institution juive, mais dans l’Église de la Nouvelle Alliance, le renouvellement de ce charisme dépend d’un acte du président, car tous les charismes découlent de l’Assemblée eucharistique, qu’il préside, et tous sont au service de l’Église. La terminologie “épiscopos”/”presbyteros” est restée floue un certain temps, le caractère rigoureusement unique et permanent du charisme présidentiel reste à la base de l’ecclésiologie.

Mais cet évêque n’est pas un individu isolé. Nous les voyons dès les origines passer beaucoup de temps à se réunir et à correspondre. Dès la fondation de l’Église les communautés locales veillent à vérifier et à proclamer l’identité catholique (= universelle) de leur foi, et elle le fond par des réunions d’évêques. La synodalité prouve l’unité de l’Église, et c’est une synodalité épiscopale. Toute la dialectique de l'un et du multiple qui caractérise l'Église se trouve exprimée dès les deux premiers Canons Apostoliques :
Que l’évêque reçoive l’imposition des mains de deux ou trois évêques.

2 Que le presbytre reçoive l’imposition des mains d’un seul évêque, ainsi que les diacres et les autres clercs.
Autrement dit un évêque est évêque pour autant qu'il a été fait par un synode épiscopal et qu'il reste en communion avec lui. L'évêque, dans le sein de la communautés eucharistique qu'il préside, fait des prêtres.

Ce qui est plus tardif, c’est l’intrusion du terme “hiereus” appliqué aux prêtres. Le terme “archi-hiereus” peut être appliqué aux évêques, puisque c’est le Christ qui est l’unique Grand-prêtre de la Nouvelle Alliance, et que l’évêque le représente. Certaines Églises locales donnent à leurs synodes (tout au moins aux synodes “pléniers” de l’épiscopat) le nom de “synode “archi-hiératique”, ce qui embarrasse beaucoup le fidèle de base lorsqu’il veut traduire ce terme à l’usage des pauvres occidentaux.

Je saisis l’occasion pour dire que l’ouvrage fondamental sur la question reste celui de Jean Zizioulas (métropolite de Pergame) L’Eucharistie, l’Évêque et l’Église. Les éditions Desclées de Brouwer l’ont retiré de leur catalogue à la sollicitation du club moderniste. On peut encore le trouver chez Decitre <http://www.decitre.com/> et dans quelques bonnes bibliothèques.

La question de l’épiscopat reste au centre du modernisme.[/url]

Publié : mar. 22 août 2006 15:27
par Jean-Louis Palierne
Le problème posé est effectivement un problème considérable. Il met en cause toute la structure de l’Église. Il est certain que le terme grec “presbyteros” tel qu’il est utilisé dans le Nouveau Testament et chez les Pères apostoliques (c’est-à-dire de l’époque des Apôtres ou des premières communautés) n’était pas rigoureusement défini et s’appliquait parfois au charisme épiscopal. Par contre le terme “episcopos” se trouvait bien déjà dans le Nouveau Testament (on l'y trouve à quatre reprises : Luc 19:44; Philippiens 1:1; 1 Tite 3:2 et 1 Pierre 2:25) et deus fois le terme “épiskopè” est utilisé clairement pour désigner le rôle de l’évêque (Actes 1:20; 1 Tite 2:12), ainsi que deux fois le verbe “épiskopein” (Hébreux 12:15 et 1 Pierre 5:2). Ceci pour répondre à un professeur de théologie qui m’avait un jour prétendu que le terme ne s’y trouvait pas et qu’il n’était qu’une “invention postérieure”.

Mais le Nouveau Testament connaît très bien l’existence d’un “président” de l’Eucharistie, qui siège “eis topon kai tupon tou Christou” (au lieu et à l’image du Christ) Dès les Actes des Apôtres (21:18) Nous voyons qu’après le départ des Apôtres qui s’étaient égaillés à travers le monde, c’est Jacques qui préside l’Église de Jérusalem, et Paul, dès son arrivée pour la cinquième fois à Jérusalem, vient le visiter, “et tous les presbytres arrivèrent”. Et voici comment saint Ignace d’Antioche aux environs de l’an 100, écrit aux Éphésiens en parlant de l’évêque Onésime “leur évêque selon la chair”, il les félicite
de lui être si profondément unis, comme l’Église l’est à Jésus Christ, et Jésus Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord avec l’unité […] Celui que le Maître envoie pour administrer la maison, il faut que nous le recevions comme Celui-là même qui l’a envoyé. Donc il est clair que nous devons regarder l’évêque comme le Seigneur Lui-même.
Ce court extrait, parmi tant d’autres, fait implicitement références à de nombreuses paraboles du Seigneur,

Il ne faut pas se demander quand et comment les presbytres ont vu se différencier les rôles, il faut constater qu’il y avait dès le début un président de l’Eucharistie, représentant le Seigneur, et que les “anciens” l’entouraient. C’est l’origine, le quand et le comment de la création de ce collège des anciens (“presbytres”, d’où le “presbyterium”) qui mériterait éclaircissement. Il s’agit probablement de la persistance d’une institution juive, mais dans l’Église de la Nouvelle Alliance, le renouvellement de ce charisme dépend d’un acte du président, car tous les charismes découlent de l’Assemblée eucharistique, qu’il préside, et tous sont au service de l’Église. La terminologie “épiscopos”/”presbyteros” est restée floue un certain temps, le caractère rigoureusement unique et permanent du charisme présidentiel reste à la base de l’ecclésiologie.

Mais cet évêque n’est pas un individu isolé. Nous les voyons dès les origines passer beaucoup de temps à se réunir et à correspondre. Dès la fondation de l’Église les communautés locales veillent à vérifier et à proclamer l’identité catholique (= universelle) de leur foi, et elle le fond par des réunions d’évêques. La synodalité prouve l’unité de l’Église, et c’est une synodalité épiscopale. Toute la dialectique de l'un et du multiple qui caractérise l'Église se trouve exprimée dès les deux premiers Canons Apostoliques :
Que l’évêque reçoive l’imposition des mains de deux ou trois évêques.

2 Que le presbytre reçoive l’imposition des mains d’un seul évêque, ainsi que les diacres et les autres clercs.
Autrement dit un évêque est évêque pour autant qu'il a été fait par un synode épiscopal et qu'il reste en communion avec lui. L'évêque, dans le sein de la communautés eucharistique qu'il préside, fait des prêtres.

Ce qui est plus tardif, c’est l’intrusion du terme “hiereus” appliqué aux prêtres. Le terme “archi-hiereus” peut être appliqué aux évêques, puisque c’est le Christ qui est l’unique Grand-prêtre de la Nouvelle Alliance, et que l’évêque le représente. Certaines Églises locales donnent à leurs synodes (tout au moins aux synodes “pléniers” de l’épiscopat) le nom de “synode “archi-hiératique”, ce qui embarrasse beaucoup le fidèle de base lorsqu’il veut traduire ce terme à l’usage des pauvres occidentaux.

Je saisis l’occasion pour dire que l’ouvrage fondamental sur la question reste celui de Jean Zizioulas (métropolite de Pergame) L’Eucharistie, l’Évêque et l’Église. Les éditions Desclées de Brouwer l’ont retiré de leur catalogue à la sollicitation du club moderniste. On peut encore le trouver chez Decitre

<http://www.decitre.com/>

et dans quelques bonnes bibliothèques.

La question de l’épiscopat reste au centre du modernisme.