couleurs liturgiques

[paraclésis]

merci Eliazar, je connais et j'ai de la biblio sur les prescriptions de couleurs pour les icônes.
J'essayais de réfléchir (en vain) si pour le choix des couleurs liurgiques on tient ( a tenu, pourrait tenir) compte de ce qui est prescrit pour l'écriture des icônes.
Faudrait demander à celui qui enseigne l'histoire de l'iconographie à St-Serge puisqu'il est prêtre...

[eliazar]

Dans ce cas, pourriez-vous publier ici ce que vous avez déjà? Cela peut toujours servir. Même si ce ne sont pas les textes eux-mêmes, mais au moins cette biblio.

Et si possible le canon auquel je faisais allusion. Quand vous aurez le temps et la patience ...

Merci.

[paraclésis]

Eliazar je verrai ce soir ce que je peux vous trouvez, mais si j'ai un scanner je ne m'en suis jamais servi. Je n'ai, malgré les consignes claires d'Apostolos pas encore appris à utiliser la fonction "citer".
La technique j'apprends vraiment trés lentement...
Mes livres sont plus qu'en désordre quand aux polycopiés de StSerge je sais pas même s'il sont avec les livres ou Dieu sait ou.
Ceci explique que mes citations sont parfois pas très exactes, je me sers surtout de ma mémoire.

[eliazar]

En attendant la suite des documents que Paraclésis doit toujours être en train de rechercher pour nous, je voudrais ajouter à ce que j'avais indiqué le 19 juin 2005 ces quelques lignes retrouvées dans l'intéressant livre de Jean HANI : LA DIVINE LITURGIE, aux éditions Trédaniel - La Mesnie, Paris 1981, p. 128:

Le symbolisme général des vêtements sacerdotaux est complété par celui de la couleur .../...
Disons seulement que le symbolisme des couleurs est un des plus importants, parce qu'il se rattache à celui de la Lumière, laquelle est probablement le symbole le plus adéquat de la Divinité. En effet, les couleurs ne sont que les différenciations de la lumière, comme tout le monde le sait par l'expérience élémentaire du spectre et le phénomène de l'arc-en-ciel. Essentiellement, les sept couleurs naturelles sont comme le déploiement de la lumière blanche, et s'y résorbent - de même que tous les nombres sortent de l'unité et y rentrent.

Les couleurs utilisées dans la liturgie sont le blanc, le rouge, le jaune, le bleu, le vert, le violet et le noir.

Je dois ici faire rappel d'une caractéristique de cet excellent travail universitaire (il est du reste plus complet sur d'autres aspects de la Divine Liturgie), qui est le choix de Jean HANI de traiter de la Liturgie en général, tout en spécifiant dans l'une ou l'autre de ses citations s'il s'agit de la liturgie byzantine, ou de l'assyrienne ou de l'arménienne, etc... ou de la romaine (voire même de celle de la Gaule).
Mais en fait, il semble ici traiter très rapidement le sujet particulier des couleurs (il s'en excuse par ailleurs) et doit certainement se baser - comme souvent dans les autres chapitres - sur la liturgie catholique romaine prise comme norme générale... Malgré sa compétence, il laisse un peu sur sa faim le lecteur orthodoxe. Uniatisme ?

Le blanc est au fond l'absence de couleur par excès de lumière. C'est le symbole de l'Etre et de la Vérité absolue. Au Thabor, dans l'Apocalypse, Jésus apparaît avec des vêtements éclatants comme la laine blanche et la neige. C'est le symbole de l'Unité divine, et pour l'homme, de l'âme unie à la divinité régénérée et pure. Jusqu'au IVème siècle, on n'utilisa que des vêtements blancs pour célébrer le culte.

On y adjoignit par la suite le rouge, symbole du feu, de l'Amour divin et du Saint-Esprit comme Feu de cet Amour régénérant les hommes; on utilise des vêtements rouges pour les fêtes du Saint-Esprit et pour celles des martyrs, non pas tellement à cause de la couleur du sang qu'à cause de l'amour qu'ils ont prouvé par leur sacrifice, amour inspiré bien sûr par le Saint-Esprit.

Le jaune est la couleur de l'or. Il est la révélation de l'amour et de la sagesse de Dieu, transmis par la Lumière, le Verbe, parce que subtilement, "alchimiquement", le jaune est produit par le rouge (l'Amour) et le blanc (la Sagesse). Les ornements en drap d'or, qui peuvent être utilisés à la place des autres, sauf le noir et le violet, signifient cette révélation de Dieu transmise par la Lumière.

Je m'excuse d'interrompre la citation, mais je dois partir... je continuerai après mon retour de la Sainte Liturgie.

[eliazar]

Continuons le texte de Jean HANI (LA DIVINE LITURGIE, pages 129-130):

Le bleu, qui n'est plus utilisé dans l'église d'Occident, est un symbole spécifique de l'Esprit, de l'Esprit Saint, non plus considéré comme Feu dévorant mais comme souffle, air (le bleu du ciel) et comme sagesse. Dans l'icône du Christ, le Sauveur est parfois vêtu de deux robes, une rouge et une bleue. Ces deux couleurs sont les deux aspects de l'Esprit Saint, l' "Esprit de Jésus".

Le vert, synthèse du jaune et du bleu, symbolise l'acte résultant de la création par la Sagesse et l'Amour de Dieu et de la révélation de ces vertus divines à l'intelligence humaine par le Souffle, le Pneuma. Aussi est-ce également le symbole de la régénération, comme de la vie. Les ornements verts sont utilisés entre l'Épiphanie et la Septuagésime, puis entre le troisième dimanche après la Pentecôte jusqu'à l'Avent, parce que ces temps rappellent les deux grands évènements de la vie du monde : la vie naturelle par la Création et la vie de la Grâce par la Résurrection du Christ, d'où l'espérance (le vert est couleur d'espérance, d'immortalité).

Le violet, issu du rouge et du bleu, c'est à dire l'amour de la vérité et la vérité de l'amour, marque l'union de ces deux couleurs. On l'interprète aussi comme venant du rouge et du noir: il symbolise alors la pénitence, acte de douleur pour ce que nous souffrons (le noir) et acte d'amour dans le motif qui nous pousse à souffrir.

Le noir, négation de la lumière, a généralement un sens négatif. Mais il est simplement, dans la liturgie, un signe de deuil (au sens extérieur) et plus intimement, l'étape préliminaire à la résurrection, l'"oeuvre au noir"; le vendredi saint prélude à la Résurrection du Christ. On s'en revêt aux funérailles des fidèles, leur mort n'étant que le passage nécessaire vers une autre vie.

En recopiant ce texte, je constate en effet qu'il est très imprégné de catholicisme romain post-tridentin - même si, dans d'autres domaines liturgiques, la culture de Jean HANI déborde heureusement ces limites-là.
Ceci dit, et en attendant mieux, il a le mérite d'exister.

[Anne Geneviève]

Je vous signale que le médiéviste Michel Pastoureau a publié quelques articles fort intéressants sur le sujet. L'amie qui m'a passé le dernier a oublié de me donner les références mais Pastoureau est revenu plusieurs fois sur ces questions. Je poste les ref. dès que je les aurai trouvées.

[Anne Geneviève]

Une première référence. L'article est en format PDF et je n'ai pas pu le copier, mais j'en ai le titre et l'adresse.

http://www.persee.fr/showPage.do?urn=be ... 7_1_404770

LE TEMPS MIS EN COULEURS :
DES COULEURS LITURGIQUES
AUX MODES VESTIMENTAIRES
XIIe-XIIIe SIÈCLES)
par Michel PASTOUREAU

Et en plus le lien fonctionne ! C'est pas beau, la technique ?