Faut il donner un objet bénit (médicament) aux hétérodoxes?

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Antoine Courban
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Faut il donner un objet bénit (médicament) aux hétérodoxes?

Message par Antoine Courban »

Comme je l’évoque à la rubrique de l’antidoron et, partant de la notion d’unité hypostatique, voici mon problème. :?

Il existe à Beyrouth un des plus importants CHU du Liban, à savoir l’Hôpital Orthodoxe Saint Georges. En tant que CHU, il relève de l'Université de Balamand, cette dernière ayant statut stauropégiaque au sein du Patriarcat d'Antioche. L'hôpital en question est, par contre, un bien de main-morte de l’Eparchie Orthodoxe de Beyrouth. Il s’agit donc d’un bien inaliénable de l’Ecclesia locale et c’est l’évêque métroplitain (orthodoxe) de Beyrouth qui en est le président et ce, au nom des dispositions canoniques qui règlent l’organisation diocésaine depuis des siècles. Le bien-fonds lui même a été béni, de même que sont bénis les murs, les locaux et tout ce qu’ils contiennent ainsi que tout ce qui s'y déroule. Les prières de l’assemblée ont été élevées au moment de l’inauguration et tous les rites de bénédiction ont été scrupuleusement effectués etc… Certaines réunions solennelles commencent toujours par l'invocation à la Très Sainte Trinité et le chant d'un tropaire dédié à Saint Georges, patron de l'institution.

Ainsi, je conclus, tout naturellement, que cet objet du monde, de par les prières et les bénédictions de l’assemblée ecclésiale, participe en quelque sorte à l’unité hypostatique de cette dernière. Cette participation se fait à double titre me semble-t-il : d’une part au nom du fait que l’institution est "holistiquement" un bien de main-morte de la communauté et lui appartient ; d’autre part comme effet des rites liturgiques de bénédiction qui se sont déroulés en ces lieux.

La logique développée sur ce forum et qui interdit de partager l'antidoron avec des hétérodoxes, a pour conséquence nécessaire l'extension d'un tel interdit pour les mêmes raisons. Ainsi:

De même que l’antidoron, fut il simple objet bénit, ne peut être distribué aux hétérodoxes, de même qu’une simple eau bénite de l’Epiphanie ne pourait, dès lors, être partagée avec des hérétiques, je pense que des malades hétérodoxes ne peuvent recevoir ( par exemple ) des médicaments de cet hôpital qui sont autant d’objets bénits.

En vertu de cette même logique, je m'autorise à penser qu'il serait même inopportun qu'un médecin orthodoxe, consacré par le baptême et les huiles saintes, devrait éviter de toucher un hétérodoxe afin de ne pas porter atteinte à la plénitude de l'unité hypostatique dont il relève.

Fraternellement, de la part d’un pécheur, membre de l’Ecclesia d’Antioche, là où jadis les disciples de Jésus de Nazareth ont été appelés « chrétiens » pour la première fois.

Antoine
paraclésis
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où s'arréter ?

Message par paraclésis »

J'ai suivi le fil sur l'antidoron à ne pas donner inconsidérément aux non-orthodoxes, m'interdisant d'intervenir car mon esprit trop logique avait déjà en tête ce que sur ce fil Antoine C maintenant évoque.
Pour ce qui est de l'eau de la Théophanie, attention, je l'a met très proche des Saints dons. En effet, c'est un vieil usage de donner en épitimie une abstention momentanée de la communion, et parfois quand la durée est trés longue, par miséricorde, est accordée la possibilité de boire de l'eau de la Théophanie. Elle se consomme alors, après l'office de préparation à la communion.
Pour en venir à l'hôpital, je n'étais pas présente au jour de la bénédiction de ses fondations, mais je suis convaincue que ce n'est vraiment pas le même office que celui de l'installation d'un autel, d'une église.
Oui, tout ce qui est béni devient bénédiction, mais certainement pas pour un usage étriqué réservé aux orthodoxes !
Incise : bénir n'est pas l'apanage des clercs ! Les parents bénissent leurs enfants.
Où donc s'arréter ? Bon sens, prudence et charité.
Je ne donnerais pas les saintes huiles ou de l'eau de la Théophanie à un non-orthodoxe, mais les fleurs de l'épitaphios oui, et tout mes soins oui encore (cf ch XXV de st Matthieu)
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je ne pense pas du tout qu’on puisse limiter aussi rigoureusement la distribution de l’antidoron que la participation à la communion eucharistique. Celle-ci devrait être le fait de tous ceux qui sont présenta à l’Offrande, comme le disent les textes les plus anciens, c’est-à-dire à l’Anaphore eucharistique, étant entendu qu’on devrait avoir fait sortir les catéchumènes et les pénitents. L’Antidoron peut être distribué plus pargement, en signe de bénédiction accordée à tous ceux qui pésirent recevoir sincèrement la bénédiction de l’Église. L’Église respecte le cheminement spirituel de chacun, et il est bien certain que beaucoup d’hommes demandent personnellement sa bénédiction, quelquefois une guérison, sans en avoir franchi le seuile. Et c’est un fait que nous connaissons tous : cela peut être le début d’un long trajet.

À l’opposé j’avoue que mon poil se hérisse d’horreur quand j’entends parler d’antidoron destiné à un chien… Comment peut-on ainsi manquer de respect aux choses saintes ?

Échanger l’antidoron comme signe d’amitié entre chrétiens… Je na sais pas si ça se fait beaucoup chez les Antiochiens, mais je ne pense pas que le confusionnisme ou le relativisme soit une bonne chose. Rester en amitié avec le chrétien d’en face est une chose, et il faut comprendre ce qu’est le contexte de la domination musulmane, mais ce n’est rendre service à personne que de négliger l’importance des différences dogmatiques qui marquent notre attachement à la véritable Tradition de l’Église. Là il ne s’agit plus d’une démarche personnelle.

Et au sujet de la participation à la Communion, je voudrais rappeler que dans de nombreuses églises russes il est d’usage, durant la Liturgie de la Résurrection, de donner très largement la communion à toute sorte de gens que normalement on devrait considérer comme pécheurs, et écarter de la Communion. Cela tout simplement parce que c’est la signification profonde de ce que nous a enseigné l’homélie de saint Jean Chrysostome qu’on vient de lire. ‘Excusez-moi pour la citation, je ne l’ai pas pour le moment sous la main). Il est de mon souvenir que c’est général dans l’Église russe. Quelqu’un peut-il me le confirmer ?
Jean-Louis Palierne
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Antoine
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Message par Antoine »

Antoine Courban a écrit :La logique développée sur ce forum et qui interdit de partager l'antidoron avec des hétérodoxes, a pour conséquence nécessaire l'extension d'un tel interdit pour les mêmes raisons.
- Merci de mettre un nom à l'auteur de cette "logique".
- Il ne s'agit pas de logique mais d'un ordonnancement de la liturgie.Vous essayez de manier "la logique" alors que nous essayons d'expliquer le sens d'un symbole, comment nous le vivons, sa place dans la liturgie eucharistique.

L'antidoron est un rite qui se situe au sein de la célébration Eucharistique et qui n'est pas accessible aux catéchumènes et encore moins aux hétérodoxes.. Je ne vois pas en quoi vous pourriez l'étendre à autre chose. Il y a aussi les onctions d'huiles qui se font au cours de vigiles de grandes fêtes et qui ne se font pas sur les non- orthodoxes. Il y a encore les listes des vivants et des morts que l'on donne à la prothèse. Il y a des panychides pour les orthodoxes et des prières pour les morts non orthodoxes.
Le type de raisonnement que vous faites est le suivant: le bleu est une couleur, le rouge est aussi une couleur donc le bleu et le rouge sont identiques. Le fait que l'Eglise prie pour le monde ne donne pas à tout le monde un accès automatique à la communion eucharistique. La prière épiclétique que fait le prêtre sur les dons n'a pas le même contenu que la bénédiction d'une bouteille de vin avant de passer à table.Et pourtant elle s'adressent toutes deux à l'Esprit Saint.
Le fait que je fasse bénir ma maison n'est pas non plus un prétexte à en fermer la porte à tout individu qui n'est pas orthodoxe, mais je ne vais pas donner une de mes icônes à un paIen qui la trouve "jolie" et auquel cela ferait plaisir pour sa décoration d'intérieur.
En faisant de telles "extensions de raisonnement" vous sortez de tout raisonnement.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Non, l’Antidoron n’est pas un rite interne à la Liturgie. Après la communion on prend un morceau de pain pour s’essuyer la bouche. L’Antidoron devrait être distribué à ceux qui n”ont pas communié, car l’Antidoron ne doit pas être utilisé pour recouvrir la Communion. La Communion lui est bien supérieure, et rien ne peut venir la recouvrir. L’Antidoron ne devrait être distribué qu’à des hommes qui pour une raison ou une autre n’ont pas communié.

Dans la pratique de la plupart des paroisses l’Antidoron est distribué à la fin de la Liturgie, indistinctement à tous les fidèles, aussi bien à ceux qui ont communié qu’aux autres.

Peut-on le refuser à un non-orthodoxe, dès lors qu’il s’approche avec foi et crainte de Dieu ? De même peut-on refuser à des non-orthodoxes, et même à des non-chrétiens, de boire à des sources miraculeuses, de vénérer des reliques ?

Ces pratiques ont été fréquentes dans des pays où se mélangeaient diverses populations. Les Saints n’ont pas refusé de faire des miracles en faveur des Infidèles qui venaient vers eux avec foi et crainte de Dieu, et les anti-dorons ou l’eau miraculeuse ont aussi fait ptruve d’efficacité.. Il n’est pas possible de comparer cela à donner l’antidoron à un chien.

C’est surtout tout autre chose que la communion aux saints Dons ou la chrismation du saint Myron.

Quand je vois les généralisations trop hâtives qu’ont fait, je me dis que la théorie latine des sept sacrements a dû laisser des traces.
Jean-Louis Palierne
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paraclésis
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Message par paraclésis »

l'antidoron est en effet avec le reste du vin mis à disposition pour se rincer la bouche (usage slave), puis il est distribué à tous (communiant ou non) par le prêtre. Le restant ? Ce qui n'est pas consommer avec le café post-liturgie, c-a-d les miettes ? J'espère ne pas choquer en disant que je les donne aux p'tits oiseaux. De même que faire du restant d'eau de la Théophanie ou des eaux de baptême ? Les rendre à la nature, en évitant si on peut de les mêler aux eaux d'égoût.(puisard où arrosage des plantes ) Bon sens devant la nécessité.
J'ai un vague souvenir d'un canon qui s'intéresse au restant du vin, canon écrit en des temps où le vin ne se conservait que difficilement d'une liturgie à l'autre (le contexte à changer), ce canon dit dans mes souvenirs que le prêtre peut emporter ce restant pour le boire à table avec des convives de bon aloi sans spécifier si les convives ont communié où même pourraient de part leur baptême communier. Qui aurait la patience de rechercher le dit canon pour retrouver le terme que mes souvenirs traduisent par "de bon aloi" ?
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paraclésis
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P-S

Message par paraclésis »

Quand rien dans l'Evangile, les conciles, les canons, ou encore les Pères (bref la Tradition écrite) ne tranche, et que en eux je ne trouve pas les principes d'un discernement, j'ai l'usage de regarder ce que font les monastères qui souvent ont grande délicatesse dans leur mode de faire. Pour les miettes de l'antidoron, j'ai vu donner aux p'tits oiseaux et éviter de donner aux poules dans le même monastère. Sur le moment je n'ai pas compris le distinguo, puis j'ai compris.
L'exemple des clercs est parfois plus aléatoire ! Mais c'est un usage courant en Grèce de faire porter durant la Liturgie le restant de la principale prosphore à un hôte de passage dont on veut honnorer la communauté d'origine. Durant la Liturgie, c'est-a-dire avant la communion, à un moment donc où le prêtre qui l'envoie (en général par un sous-diacre ou un servant d'autel)ne peut savoir si le dit hôte va communier. Usage d'hospitalité entre orthodoxes.
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Antoine
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Message par Antoine »

Henryk Paprocki, déjà cité à la rubrique "Doit-on donner l'antidoron aux hétérodoxes":
Le 8° canon de Théophile (Égypte, or siècle), indique de distribuer l'eulogie au clergé et aux fidèles, mais pas aux catéchumènes.

La pratique de distribuer l'antidoron apparut quand disparaissait l'usage antique où tous les membres de la communauté communiaient.

L’Antidoron ne devrait être distribué qu’à des hommes qui pour une raison ou une autre n’ont pas communié.
Alors qu'ils auraient pu: c'est à dire à des hommes qui sont orthodoxes.
Dans ces raisons n'entrent pas pour moi l'hétérodoxie, l'athéisme, bref tous ceux qui ne devraient plus être là au moment de cette distribution, les catéchumènes ayant été sommés de sortir. Mais je n'en fais pas une maladie. Je trouve qu'il y a quelque chose de faux, un leurre, une espèce de jeu de dupes dans le fait de distribuer l'antidoron aux hétérodoxes. Il y a mille façons de les accueillir sans utiliser celle-ci, qui les conforte dans leur état.

J'ai vu aussi le Hiromoine Barsanuphle de la skite des Yvelines refuser une bénédiction à ma mère parce qu'elle n'était pas orthodoxe; Saint Nectaire d'Egines, lui, bénissait tout ce qui passait sous la fenêtre de son bureau y compris les chiens et les chats.
paraclésis
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Message par paraclésis »

merci pour cette citation de canon in Paprocki, cela m'avait échappé, dans le fil et dans Paprocki.

Je ne m'étonne plus que tel grand spirituel puisse en conscience avoir des usages qui pour d'autres (où en d'autres lieux) seraient inadéquat.
Je me souviens même qu'à une époque où je déplorais que tel autel d'une église que je fréquente, ne permette pas que l'on tourne autour, (et pour être honnête je maugréais très fort contre les fondateurs, )un prêtre m'avait très finement enseigné. Quelques long temps après mes maugréments, il m'avait l'air de rien montrer un photo d'un très modeste autel situé à l'Athos. Sachant la filiation du hiéromoine que je voyais de dos devant cet autel plaqué contre un mur, je me suis mordue les lèvres pour garder le silence. Quelques jours après, le prêtre m'a demandé si j'avais vu l'autel sur la photo. Que dire ? Rires, et remerciements pour cette instruction tout en douceur et saveur.
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eliazar
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Donner un objet béni à un non orthodoxe

Message par eliazar »

Jean-Louis Palierne a écrit :
"... peut-on refuser à des non-orthodoxes, et même à des non-chrétiens, de boire à des sources miraculeuses, de vénérer des reliques ?
Ces pratiques ont été fréquentes dans des pays où se mélangeaient diverses populations."
Cela me rappelle ce que m'avait raconté le P. Ambroise (Fontrier), Grec d'Anatolie mais descendant d'un soldat des armées napoléoniennes - d'où "Fontrier", nom qui n'est ni grec ni turc.

Lorsque les Grecs d'Anatolie durent fuir la vengeance des Turcs, en 1920 ou 1921 (je n'ai pas la date précise sous la main), dans des conditions d'exode lamentables, ceux de son village (et lui, enfant, parmi eux) avaient à traverser une interminable partie de territoire musulman, valablement présumé hostile. Le bouche à oreille (comme dans tous les exodes) faisait chaque jour état d'autres Grecs massacrés sur la route de leur propre exode, généralement en direction d'un port de la côte - où ils espéraient être ramassés par des navires ex-alliés. Comme la famille Fontrier avait gardé comme une précieuse relique de l'ancêtre grognard le drapeau tricolore de son régiment (il avait sans doute été porte-drapeau ?), le prêtre de la paroisse grecque avait eu l'idée digne d'Ulysse de marcher à la tête de son troupeau de piétons dépenaillés, en portant lui-même la croix, mais précédé par un civil portant le drapeau napoléonien. Cela leur valut de ne pas avoir à déplorer un seul mort pendant leurs deux semaines de marches forcées.

Et lorsqu'ils devaient traverser un village musulman, ou une région peuplée, une foule venait les regarder défiler; très souvent des femmes venaient vers le prêtre orthodoxe en lui demandant de bénir, parfois même de guérir, leurs enfants - ou même un malade sur une civière. Et le P. Ambroise m'avait confirmé que la haine "officielle" contre les Chrétiens (parce que Grecs, ou contre les Grecs parce que Chrétiens... ?!) cohabitait avec une véritable dévotion des petites gens pour qui la soutane du prêtre était l'annonce d'une possibilité de miracle.

On est loin des Français (presque certainement baptisés, à cette époque) qui crachaient sur la soutane des prêtres, dans la Normandie du Front Populaire...

Alors, quand Antoine Courban écrit :
".... je m'autorise à penser qu'il serait même inopportun qu'un médecin orthodoxe, consacré par le baptême et les huiles saintes, devrait éviter de toucher un hétérodoxe afin de ne pas porter atteinte à la plénitude de l'unité hypostatique dont il relève. "
... j'ai envie, moi aussi, de lui demander si on se souvient encore, dans son Patriarcat d'Antioche, de la parabole du Bon Samaritain ...
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Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Antoine a écrit : J'ai vu aussi le Hiromoine Barsanuphle de la skite des Yvelines refuser une bénédiction à ma mère parce qu'elle n'était pas orthodoxe; Saint Nectaire d'Egines, lui, bénissait tout ce qui passait sous la fenêtre de son bureau y compris les chiens et les chats.
Le refus de bénir un hétérodoxe me surprend "Bénissez ceux qui vous maudissent" a dit le Christ. Saint Jean de Shangai a béni et sauvé des hétérodoxes... Et c'est la première fois que j'entends parler d'un refus de bénir. Cela peut être dû à l'interrogation suivante : "Puis-je bénir au nom du Christ quelqu'un qui ne croit pas au Christ ou crois à un faux Christ?" Pas facile de répondre.

A noter que les fidèles orthodoxes ne doivent pas demander la bénédiction d'un prêtre schismatique ou hérétique.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
christian
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Message par christian »

Dans le livre du Père Païssios du Mont Athos, Saint Arsène de Cappadoce, on trouve le texte suivant :

On avait amené à Télédides une musulmane aveugle, nommée Fatma, à Hadjiéfendis (le Père Arsène), afin qu'il lui lise une prière et la guérisse. C'était une mercredi. Le Père étant reclus ce jour-là, les compagnons de l'aveugle, après avoir frappé longtemps à la porte de la cellule, laissèrent la femme dehors et s'en allèrent sur la place du village. Au même momen, une Farassiote qui s'était fait piquer la main, vint à la cellule de Hadjiéfendis, prit de la terre du seuil, en frotta sa main malade et fut guérie. (C'est de que faisaient tous les farassiotes les deux jours où il était reclus, et ainsi, ils ne le dérangeaient pas). Voyant l'aveugle, la Farassiote lui demanda pourquoi elle attendait. Celle-ci le lui expliqua. La farassiote lui répondit alors :
- Pourquoi restes-tu ici à perdre ton temps? Ne sais-tu pas que le mercredi et le vendredi Hadjiéfendis n'ouvre pas? Prends de la terre du seuil et frottes-en tes yeux pour guérir comme nous faisons ces jours-là, quand nous sommes malades.
La Farassiote partit à son travail. La musulmane, d'abord étonnée de ce qu'elle avait entendu, chercha ensuite le seuil, le trouva , prit de la terre et s'en frotta les yeux. Aussitôt, elle commneça à voir trouble. Dans sa joie, elle prit une pierre et se mit à frapper comme une folle la porte du Père Arsène, qui ouvrit. Voyant que c'était une musulmane, alors qu'il ne parlait pas ce jour-là, il fit une execption à sa règle et lui demanda ce qu'elle voulait. La femme lui dit la raison de sa présence. Le Père prit l'Evangile, qu'il lut sur elle. Aussitôt, elle recouvra complètement la vue. Alors, dans sa joie, elle tomba aux pieds du Père Arsène et se prosterna devant lui ave vénération. Mais lui la réprimanda en disant:
- Si tu veux te prosterner, prostene-toi devant le Christ qui t'a rendu la vue, et non pas devant moi!
Toute joyeuse, elle alla ensuite retrouver ses compagnons et ils repartirent pour leur village.
paraclésis
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Message par paraclésis »

Merci à Christian, pour ce récit.
Je ne vois pas qui est le hiéromoine barsanuphle, mais je permets d'imaginer qu'un spirituel sait aussi ce qui est utile de faire pour ceux qu'il a autour de lui. Je crois que c'est dans l'Echelle qu'il est question d'un moine à qui ont demandait beuacoup "parce qu'il pouvait porter beaucoup". Donc, il y avait peut-être le jour où Barsanuphle agit ainsi un quelqu'un pour lequel il était vraiment important de comprendre orthodoxe/non orthodoxe...
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eliazar
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Faut-il donner un objet béni aux hétérodoxes ?

Message par eliazar »

Jean-Serge a écrit :
" ... A noter que les fidèles orthodoxes ne doivent pas demander la bénédiction d'un prêtre schismatique ou hérétique."
On dit que les assoiffés, dans le désert, se précipitent parfois vers le mirage d'un lac, scintillant au milieu des dunes brûlées de soleil mortel.

Quel sens y aurait-il à demander de l'eau vive à un puits desséché ?
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