Qu'est-ce que la confession ?

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Jean Starynkévitch
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Re: La confession

Message par Jean Starynkévitch »

Eliazar a écrit : La nuit de Pâques, le prêtre lit une merveilleuse homélie de saint Jean Chrysostome [...]. Peut-être l'un de nous a-t-il le texte sous la main, et pourra le mettre sur ce fil.
Homélie catéchétique de notre père parmi les saints, Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, en ce saint et lumineux jour de la glorieuse et salutaire résurrection du Christ notre Dieu :

Que celui qui est pieux et qui aime Dieu, jouisse de cette belle et lumineuse fête ; que tout serviteur sage entre en se réjouissant dans la joie de son maître ; que celui qui s'est donné la peine de jeûner jouisse maintenant du denier qui lui revient ; que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire ; que celui qui est venu après la troisième heure célèbre cette fête en rendant grâce ; que celui qui est arrivé après la sixième heure n'ait aucune hésitation, car il ne sera pas lésé ; que celui qui a laissé passer la neuvième heure s'approche sans hésiter ; que celui qui a tardé même jusqu'à la onzième heure ne craigne pas d'avoir été nonchalant. Car le Maître est généreux et Il reçoit le dernier aussi bien que le premier, Il accorde le repos à celui de la onzième heure comme au travailleur de la première ; du dernier, Il a pitié, et du premier, Il prend soin ; à celui-ci, Il donne ; l'autre, Il le comble ; Il reçoit les œuvres, et Il accueille avec amour la bonne volonté ; Il honore l'action et loue l'intention. Entrez donc tous dans la joie de notre Seigneur ; les premiers comme les seconds, recevez votre salaire. Riches et pauvres, exultez ensemble. Abstinents et négligents, honorez ce jour. Vous qui avez jeûné et vous qui n'avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd'hui. La table est abondante, faites en tous vos délices. Le veau gras est servi ; que personne ne s'en retourne sans être rassasié. Tous jouissez du festin de la foi. Tous jouissez des richesses de la bonté. Que personne ne se lamente sur sa pauvreté : car notre Royaume à tous est apparu. Que personne ne pleure ses péchés, car le pardon s'est levé du tombeau. Que personne ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a délivrés. Tenu par elle, Il l'a étouffée ; descendu aux enfers, Il a dépouillé les enfers, Il les a rendus amers pour avoir goûté à sa chair. Et cela Isaïe l'avait annoncé : Les enfers, dit-il, sont devenus amers lorsqu'ils T'ont rencontré dans les profondeurs. Ils sont devenus amers car ils ont été abolis ; ils sont devenus amers car ils ont été joués ; ils sont devenus amers car ils ont été mis à mort ; ils sont devenus amers car ils ont été renversés ; ils sont devenus amers, car ils ont été liés. Ils ont pris un corps, et se sont trouvés devant Dieu ; ils ont reçu de la terre, et ils ont rencontré le ciel ; ils ont pris ce qu'ils voyaient, et ils sont tombés à cause de ce qu'ils ne voyaient pas. Où est ton aiguillon, ô mort ? Enfers, où est votre victoire ? Le Christ est ressuscité et vous avez été jetés à bas. Le Christ est ressuscité et les démons sont tombés. Le Christ est ressuscité et les anges se réjouissent. Le Christ est ressuscité et la vie règne. Le Christ est ressuscité et il n'y a plus un seul mort au tombeau. Car le Christ s'étant relevé des morts est devenu prémices de ceux qui se sont endormis. À Lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.
eliazar
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Confession

Message par eliazar »

Merci, Jean.

C'est toujours aussi beau à lire et à relire : on voudrait être tous les jours à la Sainte Nuit de Pâques.

Mais c'est également vrai que depuis ma Chrismation, J'Y SUIS -consciemment.
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Pour ce qui est de la confession, je ne suis pas sûre que l’exporter de l’ascèse monastique dans les paroisses ait été ce qu’on a fait de mieux. La supprimer complètement comme les protestants n’est pas vraiment génial non plus, l’absolution manque. Le mieux serait peut-être que ce soit une possibilité, une pratique spirituelle proposée et non canoniquement imposée.
Mais j’ai un gros problème personnel avec cette pratique, un problème qui date de mon enfance catho, de ma toute première confession, mais qui a été ravivé durant ma vie orthodoxe, et je ne suis pas forcément la personne la mieux placée pour en parler. Autant je vais volontiers demander une absolution, mendier le pardon divin, autant l’obligation de parler de ma vie devant un prêtre me hérisse. Je parlerais aisément de ce qui ne va pas en moi à un père spirituel ou alors, si on y tient, si c’est obligatoire pour communier, devant un prêtre que je ne reverrai jamais de ma vie, mais à celui de ma paroisse que je vois tous les dimanches, c’est la fuite assurée.
Ma première expérience fut très traumatisante parce que j’avais pris la chose au sérieux (j’avais 7 ans) et que le curé de service pour les gamins du catéchisme n’avait pas compris que la quête spirituelle d’un enfant peut être profonde, donc il m’a renvoyée avec des banalités sur l’obéissance aux parents et la gourmandise alors que je criais mon manque de foi et mon désir d’expérience de Dieu. Je crois que si j’ai claqué les portes de l’Eglise romaine très tôt, c’est que je n’avais jamais digéré cette histoire et que rien n’était venu la corriger.
Pardonnez moi, je pleure encore en le racontant.
Alors l’obligation, qui existait chez les cathos à cette époque, m’a toujours paru un peu suspecte de formalisme, une affaire de pouvoir aussi, je m’y suis prêtée loyalement mais sur la défensive vis-à-vis de la mémoire ou de la qualification du prêtre. Contorsions verbales pour tout dire à Dieu sans donner prise au curé !
J’avais pu, en orthodoxie, commencer de faire tomber ces barrières intérieures jusqu’au jour où je me suis trouvée devant un gros problème : ma vie était trop entrelacée avec celle d’autres membres de la paroisse pour pouvoir parler sans crainte alors que, dans la dite paroisse, il commençait d’y avoir des tensions assez fortes (euphémisme). Là encore, mémoire, pouvoir, aucun prêtre n’est totalement à l’abri, ne serait-ce que de son propre inconscient. Donc je me suis trouvée écartelée entre une soif d’absolution et un devoir de discrétion. Pas simple.
Je vous avoue que la pratique qui consiste à donner l’absolution à qui la demande sans qu’elle suive forcément la confession des péchés a été pour moi, compte-tenu des circonstances, une immense libération. Elle me semble plus saine que l’obligation de dire, de raconter sa vie et ses errements – pire, d’en prendre un modèle dans un livre-guide ! Tout ce que j’ai lu ici sur le Trebnik me donne envie de fuir jusqu’au pôle sud et de chercher une Eglise chez les pingouins (oui, je sais, au pôle sud, c’est des manchots empereurs et j’aime pas les empires. « Rien n’est parfait, soupira le renard. »)… J’y retrouve trop de relents cathos. Heureusement, personne ne me l’a mis en mains jusqu’ici. Pourvu que ça dure.
Les mésaventures qui me sont arrivées n’ont sans doute rien d’exceptionnel et c’est pourquoi j’en parle, et c’est pourquoi aussi dès que les canons, règles pour construire, virent aux obligations légalistes, j’ai l’impression que l’on perd quelque chose d’essentiel. C’est encore plus vrai quand il s’agit d’ascèse. Le mode de vie des moines est une obéissance choisie, voulue, épousée, donc paradoxalement l’acte le plus libre qu’un homme puisse poser et tout le quotidien est conçu pour ramener à Dieu. L’ascèse dans ce contexte est un acte d’amour, difficile sans doute, mais libre. En faire une obligation pour le peuple qui doit aussi vivre dans un contexte différent, avec un travail dans le monde, avec des enfants, etc., c’est tout de même placer sur les épaules de l’autre un joug qu’on ne porterait peut-être pas soi-même. Bien entendu, dans les pays majoritairement orthodoxes, le peuple s’est adapté, mais c’est au risque que la pression sociale masque le sens spirituel de l’ascèse en question.
Et chez les orthos minoritaires, gare aussi au jugement des frères ! Je me souviens d’un garçon zélé, étudiant à saint-Serge, qui durant quelques années a systématiquement critiqué les autres membres de certaine paroisse parce qu’ils ne respectaient pas à la lettre le jeûne du Grand Carême et mettaient de l’huile dans leur salade. Personne n’en pouvait plus. Ce qui veut dire quoi ? Que l’obligation d’ascèse, socialement intégrée, génère la tentation d’une erreur à mon sens plus grave que le manquement à cette loi tardive puisque c’est la transgression d’un commandement direct du Christ : « Ne jugez pas. »
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Glicherie
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Message par Glicherie »

Anne-Geneviève, merci pour ce récit personnel de ce que vous avez vécu.

Nulle obligation de se confesser au prêtre de sa paroisse. Et il est possible et souhaitable de se trouver un père spirituel. Donc, pas de raisons de se sentir mal. Les blocages qui sont votres devraient pouvoir tomber, guidée par un confesseur expérimenté, avec douceur et compréhension.

Mais en ce qui concerne le jeune et la confession, je crois personnellement que tout ce qui viens comme raisons pour les diminuer, les relativiser, les atténuer ou les adapter viens du Démon qui craint par dessus tout notre repentir.

Notre baptème nous donne la force de mener la lutte spirituelle!
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas de repentir ! Loin de là !
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eliazar
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Qu'est-ce que la confession?

Message par eliazar »

Si j'osais, j'ajouterais au récit d'Anne Geneviève - et à son tout dernier message ci-dessus - que c'est justement tout ce contexte, quand il est vécu avec une Foi-Agapè vive, qui donne un repentir brûlant, une sorte de désespoir d'être encore si loin de LUI.

Mais c'est un cri-chuchotement... Ce n'est pas un conseil pour se shooter à tout çà. Du reste, çà vient tout seul, cher Glicherie !

Le plus difficile dans l'Église, c'est d'y supporter les autres.
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eliazar
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Message par eliazar »

Glicherie a écrit :
Notre baptème nous donne la force de mener la lutte spirituelle!
Encore heureux !
C'est lui qui nous a donné la lutte spirituelle, pour commencer.
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