Metropole et Code diocesain de 1917

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Moine Sabbas
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Metropole et Code diocesain de 1917

Message par Moine Sabbas »

Ayant été en plein déménagement – dû à la fin de mes études – ces dernières semaines, je n’ai pu répondre à temps au message posté par Jean-Louis Palierne dans le fil «Que se passe-t-il à Jérusalem», où était évoqué un exposé que j’ai fait il y a quelques mois, et qui est publié dans son intégralité à l’adresse : http://oltr.france-orthodoxe.net/html/sabbastr3.html.

Pour ne pas détoner sur ledit fil, je me permets d’en ouvrir un autre pour répondre.
Jean-Louis Palierne a écrit :Nous avons lu récemment sous la signature du moine Sabbas (Toutounov) un très intéressant document <...>. Dans ce texte, le moine Sabbas montre que les propositions que le patriarche Alexis a faites récemment en vue de la constitution d’une “métropole orthodoxe de tradition russe en Europe occidentale” ne sont pas cohérente avec les dispositions des canons de l’Église orthodoxe concernant la vie des métropoles, et qu’elles introduisent sous le nom de métropole un simple diocèse, dépourvu de vie conciliaire interne et externe, contrairement aux autres entités ecclésiastiques rattachées à l’Église russe (qui elles sont des métropoles, sous divers noms).
En fait, ce n’est pas de cela qu’il s’agissait dans mon exposé. Dans sa lettre du 1er avril 2003, approuvée par le Synode du Patriarcat de Moscou en session le 5 juillet 2003, le Patriarche Alexis II proposait de créer en Europe Occidentale, sur la base des diocèses de tradition russe, une
Métropole réunissant plusieurs diocèses et incluant toutes les paroisses, les monastères et les communautés orthodoxes d’origine et de tradition russe qui souhaiteraient la rejoindre. Nous prévoyons d’accorder à cette Métropole les droits de l’Autonomie avec élection du Métropolite par le Concile Métropolitain, composé des évêques, des clercs et des laïcs, selon les statuts qu’il sera nécessaire d’élaborer <...>.
(document disponible ici : http://oltr.france-orthodoxe.net/html/appelfr.html)

Les statuts que je commentais dans mon exposé n’étaient donc pas ceux qui, sans appel, auraient été prévus par la proposition du Patriarche. En fait, il s’agit d’un document élaboré dans un dialogue entre l’archevêque Serge (Konovaloff), de bienheureuse mémoire, et les représentants du Patriarcat de Moscou (voir à ce sujet : l’exposé de M. Basile de Tiesenhausen, présenté parallèlement au mien et l’interview du métropolite Cyrille de Smolensk, donnée en novembre 2004 à Victor Loupan, publiée dans la Pensée Russe – je donne les URL plus bas). Et – en tout état de cause – il ne s’agit en aucun cas d’un projet définitif. Il apparaît nettement que ce projet est un «copié-collé» des statuts de l’Archevêché – Exarchat du Patriarche de Constantinople (disponibles à l’adresse : http://www.exarchat.org/rubrique.php3?id_rubrique=30). C’est donc plutôt un travail effectué du côté de l’Archevêché afin d’exposer aux représentants du Patriarcat de Moscou : 1) le degré d’autonomie interne que l’archevêque Serge attendait pour la Métropole projetée et 2) les divers articles juridiques, liés à la création d’une telle Métropole dans le contexte du droit français – éléments que le Patriarcat ne pouvait connaître (à ce sujet, je dois avouer être plutôt d’accord avec l’analyse de JLP concernant l’utilité de l’application dans l’Église orthodoxe des dispositions de 1923). Ma critique ne portait donc pas sur la proposition du Patriarche, mais correspondait à des indications de travaux qu’il est nécessaire d’effectuer si un jour des statuts de ladite Métropole sont élaborés, à partir du projet que j’analysais.

En ce qui concerne la question de la prescription trentenaire – le canon évoqué n’est pas - me semble-t-il - applicable dans la situation présente, puisque justement le Patriarcat de Moscou n’a pas cessé – de 1931 à nos jours – d’insister sur le fait qu’il était «lesé» (si l’on emploie le terme du canon 17 de Chalcédoine), à savoir qu’il considérait comme illégitime le passage de l’«Archevêché de Daru» sous l’obédience constantinapolitaine. C’est-à-dire qu’il n’y a pas eu admission tacite par le Patriarcat des changements de frontières entre les évêchés – ce qui est finalement la situation évoquée par le canon cité.

Enfin en ce qui concerne
Jean-Louis Palierne a écrit :Il me semble (à moi JLP) que la structure ecclésiale définie par le Concile de 1917 n’est pas vraiment conforme à celle qui découle de la Tradition canonique de l’Église orthodoxe en ce sens que le plus grand nombre de questions courantes de la vie ecclésiale sont confiées à la co-gestion de conseils paritaires où le charisme épiscopal n’a à trancher qu’en cas d’indécision : sa voix l’emporte. De même au niveau suprême le Concile de 1917 institue un synode restreint (ce qui est opposé aux normes canoniques conciliaires), qui l’emporte en cas d’indécision. Dans le cas de l’Archevêché de la rue Daru, il n’y a même plus de synode épiscopal (et d’ailleurs l’Archevêque ne peut être renouvelé que par la décision d’un synode extérieur).
Je ne m’étendrai pas maintenant sur cette question, mais je pourrai le faire à l’occasion, d’autant que ma thèse, que j’ai soutenue récemment, portait justement sur la réforme du code diocésain par le Concile de 1917-1918. En bref je dirai que si la lettre du code diocésain adopté par le Concile penche effectivement parfois vers une «démocratie» telle que l’évoque JLP, l’analyse approfondie des travaux du Concile et des débats lors du vote de ce code permet de mieux comprendre l’intention du législateur (mens legislatoris), qui était bien plus traditionnelle et conforme aux canons. J’évoquerai peut-être une autre fois – si j’ai le temps et si l’occasion se présente – les raisons de cette ambiguïté. En ce qui concerne l’Archevêché de Daru, il faut admettre que la comparaison du code diocésain de 1917 et des statuts de l’Archevêché montre que ces derniers vont bien plus loin dans la voie «démocratique» que ne le préconisait le Concile – aussi bien en ce qui concerne les modalités d’élection de l’archevêque que le fonctionnement du conseil diocésain. Cela est dû à bien des raisons, mais probablement l’une d’entre elles sont les impératifs dictés par la loi de 1905 – impératifs intégrés aux statuts de l’Archevêché.


En conclusion je souhaite indiquer que je n’ai pas la possibilité à ce jour de consulter régulièrement le forum et encore moins d’y participer (j’essaierai cependant de faire un effort ces prochains jours, mais...). Aussi, je serai gré à mes interlocuteurs s’ils m’envoient un petit message personnel pour me signaler leurs éventuelles réponses à ce post.

En Christ,
Moine Sabbas

Adresses promises:
1) Texte de M. de Tiesenhausen: http://oltr.france-orthodoxe.net/html/t ... entr3.html
2) Interview de Mgr Cyrille: http://oltr.france-orthodoxe.net/html/news010.html
paraclésis
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Message par paraclésis »

Je m'étonne que l'approbation de la lettre suive de quelques mois sa divulgation, lors qu'elle avait déjà semé le trouble dans les coeurs, est-ce une pratique courante à Moscou ?
Je m'étonne encore plus de la date de la lettre : 1er Avril, (sans malice la date je veux bien l'espérer) mais bien mal venue lors que l'archevéché était en deuil, sans évêque à sa tête.
Les conséquences de cette lettre vue de l'extérieur, je ne suis pas de tradition slave, sont désastreuses : zizanie, déchirement.
Il m'aurait semblé bien plus courtois et ecclésial, d'attendre que le nouvel évêque soit installé, pour ouvrir fraternellement des discussions.

Que l'archevéché se détermine, c'est son devoir, il a un évêque, un conseil et un peuple, mais je le redis vue de l'extérieur, cette lettre du 1er avril est bien triste.

Quant aux discussions qu'auraient eu mgr Serge, que Dieu le repose, si elles n'ont pas laissé de traces dans les archives de son diocèse, à quoi bon les reprendre ?
Mes félicatations au nouveau thésé et merci pour son intervention.
en-arké-o-logos
Moine Sabbas
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Message par Moine Sabbas »

J'etais encore en ligne... j'ai fait une erreur : la decision synodale tient du 7 mai et non du 5 juillet (07.05 et non 05.07). Pardon. Distance d'un mois donc. La lettre etait une initiative du Patriarche (qui peut prendre une telle initiative) qui a recu le soutien du Synode, qui se reunit en general 4 fois par an.

Merci des felicitations :)
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