Gestion des biens ecclésiaux

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paraclésis
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Gestion des biens ecclésiaux

Message par paraclésis »

Nous replaçons dans cette nouvelle rubrique ces deux premiers messages qui appartenaient au fil "Rapprochement entre l'ERHF et le Patriarcat de Moscou" auquel la phrase ci-dessous fait référence.
Antoine



Je suis avec attention ce fil, bien que je ne sois pas de tradition russe.
Il me semble qu'il y a méfiance/prudence vis à vis des projets à long terme du PM.
C'est probablement ce qui fait périodiquement s'interroger sur le devenir du patrimoine des différentes entités.
Il me semble me souvenir avoir lu que par la voie diplomatique la plus traditionnelle (Ambassades, délégation reçues officiellement) le PM avait jeté un froid certain en revendiquant comme naturel le "retour" en son sein des propriétés des églises de tradition russes édifiées sur le sol français parmi lesquelles les eglises de l'archevêché dont celle de Nice.
C'est dans ce climat là, que vint l'inculpation de l'évêque de Nice pour une affaire de moeurs qui s'est avérée après une longue procédure, (l'accusateur était un adolescent russe retourné en russie) vide de tout fondement

Nous pouvons tous, à nos modestes niveaux, considérer comme normal et nécessaire de connaître et de veiller sur les aspects juridiques des propriétés de nos lieux de culte. Seules les lois françaises et internationales peuvent réellement les mettre à l'abri d'un coup de grisou toujours possible.
Quant il doit y avoir une opération "acte de disposition" c-a-d vente, aliénation, don, changement d'intitulé du propriétaire, il me semble que l'acte doit être public et agréé, et parce que je pense ainsi, je l'ai fait inscrire en toute lettre dans les statuts de ma paroisse. Cela me parait un devoir vis à vis de ceux qui m'ont précédé et qui ont donné sur le peu qu'ils avaient pour que cette paroisse ait des locaux en propre.
Etre hébergé par les cathos ou hélas comme c'est le cas de la cathédrale St stéphane de Paris, appartenir au gouvernement grec comme une vulgaire ambassade ne me paraît pas adéquat.
Je sais où est le titre de propriété de ma paroisse, je connais les statuts déposés de l'association cultuelle, je peux donc m'intéresser à des sujets un peu moins terre à terre !

Un grand merci à ceux qui me rendent accessible tes textes en me fléchant les sites les ayant mis en ligne ou en les traduisant.
en-arké-o-logos
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Ce qui serait le premier devoir serait de rétablir la canonicité de l’Église, qui veut que l’évêque assume personnellement la gestion totale de l’Église (cf. en particulier Canons apostoliques 38 et 41, et canons 24 et 25 du concile d’Antioche). Les lieux de culte qui sont extérieurs à la cathédrale doivent être sous le contrôle de l’évêque, qui doit les gérer et y nommer ou déplacer les prêtres. Je ne connais qu’une seule “juridiction” où cette règle soit appliquée, c’est… l’ÉCOF.

En Occident les Églises orthodoxes acceptent presque toujours que leurs paroisses soient constituées en associations. C’est l’esprit de la loi de 1905 en France. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Église catholique avait refusé d’appliquer cette loi. Sur ce point il faut reconnaître qu’elle défendait la position traditionnelle orthodoxe de l’Église. (Cependant la loi de 1905 est acceptée sans difficulté par les communautés juives et protestantes)

En 1923 une négociation entre le Gouvernement français (Aristide Briand) et le Vatican aboutit à l’élaboration de “statuts-types” d’association cultuelle diocésaine dont les membres sont nommés par l’évêque et qui fournit la couverture légale de la gestion temporelle des biens de l’Église. Curieusement les Églises orthodoxes présentes en France n’ont jamais pensé à tirer profit de cette loi.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paraclésis
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De quelques expériences marseillaises

Message par paraclésis »

Pour les "églises d'ambassade", je ne parlais pas, dans un autre fil,de la rue Daru, mais je déplorais le fait que la cathédrale St Stéphane soit propriété de l'état grec, dois-je rappeler dans quelle mélasse nous nous sommes trouvés en France quand la Grèce c'était les colonels ?
Pour ce qui est des lois françaises, les statuts des associations cultuelles ne s'opposent pas à la mise en place de dispositions anti push post-entrisme. Il me semble que donner un droit de veto à l'évêque, (n'est-ce pas la moindre des choses si on souhaite fonder une paroisse intégrée dans un diocèse (pléonasme))est une ressource.De même il me parait important aussi de bien décrire les procédures en cas de dissolution de l'association afin d'éviter un transvasement suite à un push.
Je n'ai peut-être pas pensé à toute les possibilités, mais je puis assurer que la paroisse dont je parle n'a pas retouché à la légère ses statuts, se faisant accompagner tout le long de cette démarche d'un avocat, orthodoxe, et acceptant in fine le va et vient vers son évêque, afin que ses statuts retouchés soient, solides, clairs et bien sûr avant tout ecclésiaux.

Ce travail ne va pas de soi, et une autre paroisse qui m'est très chère est dans une situation bien plus floue. Statuts, titres de propriétés, gestions du capital hérités de nos anciens, personne n'ose demander clairement ce qu'il en est, faisant confiance à des personnes au dessus de tout soupcon pour agir en leur place.

Une association philanthropique grecque marseillaise qui fut propriétaire d'une maison de retraite vient après des années de douleurs,de dossiers, de concertation et de labeurs de vendre ses murs et d'encaisser un chèque. Sept ans auparavant, lors d'une assemblée générale réunissant si ma mémoire est bonne 13 personnes, l'un des gestionnaires en charge (que Dieu le repose) proposait de vendre pour le franc symbolique(c'était encore l'époque des francs), une seule personne s'y opposa. Tout ce que l'on me concéda fut de retoucher les statuts pour permettre dans cette fabuleuse vente de préserver la chapelle! Et bien ce fut suffisant, à la fin d'une longue aprèsmidi d'âpres discussions, ou chaque article fut bataillé, lassant et exaspérant même les plus ecclésiaux du groupe, fut introduite la clause qui permit plus loin de ne pas tout perdre( je pense que peu de ceux qui votèrent savaient ce qu'entendent les lois françaises par "actes de disposition" !, un vieux souvenir de l'étude des tutelles me disait qu'ainsi nous mettions sous tutelle les brillants administrateurs de la maison de retraite !!), à savoir que les actes de disposition échappaient au huisclos du conseil (cinq personnes) pour être discutés en assemblée générale. Ce furent plus loin, les petits, les sans éducation juridique ou canonique, qui par leur bons sens sauvèrent ce qui pouvait encore l'être.

Que Dieu nous protège de notre inertie et des personnes de qualité haut dessus de tout soupcon.
en-arké-o-logos
paraclésis
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Message par paraclésis »

Je ne connais pas ces statuts de 1923, mais je suis prudente devant une gestion regroupée, qui certes à des avantages, mais qui éloignent les décisions du concret du terrain.
Un bon compromis me semble de laisser chaque paroisse agir,e t de donner à l'évêque en son conseil, un rôle de surveillance.

Quand la métropole grecque (patriarcat de Constantinople) réunit en cléricolaique demanda de voter pour autoriser l'évêque à donner tous les biens de la métropole en guarantie d'un prêt destiné à une opération commerciale, grand fut mon étonnement de voir :
- que personne ne trouvait cela dangereux
- que personne "par respect" me fut-il dit n'osait demander quelques renseignements
Je n'ai pas pu même faire voter ma paroisse contre une telle abhération, voici sur quoi reposait la décision des membres de ma paroisse :
respect des demandes de l'évêque pour l'un, désintérêt des affaires financières pour l'autre, "c'est ma première cléricolaique, je ne suis pas au courant, pour un troisième, et enfin :"je veux voter comme tout le monde" pour la dernière.
J'ai pas même pu faire inscrire mon désaccord dans le procesverbal, chaque paroisse n'ayant qu'un vote !

Plus loin le successeur de l'évêque dont les conseillers financiers nous demandèrent un tel vote, se débrouille avec l'héritage...
en-arké-o-logos
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