Spiritualité Orthodoxe pour les nuls

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Sylvie
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Spiritualité Orthodoxe pour les nuls

Message par Sylvie »

Chers amis,

Vous connaissez peut-être la série de livre pour les nuls du genre : Golf pour les nuls, Internet pour les nuls, Word pour les nuls etc. Ce sont des livres qui s'adressent aux débutants. C'est dans cet esprit que j'ouvre ce fil pour poser diverses questions sur la spiritualité Orthodoxe qui peuvent vous paraître banales à vous qui êtes Orthodoxes depuis quelques années.

Le premier sujet que j'aimerai éclaircir est la vénération des Icônes.

Comment vénère t'on les Icônes ?
Est-ce qu'on adore l'Icône représentant Jésus ?
Quelle prière ou quelle attitude avoir ?

Parfois, je vois des gens faire le geste de toucher le sol et se signer du signe de la Croix pour ensuite baiser l'Icône. Certains le font 1 fois, d'autres 3 fois, d'autres 2 fois baise l'Icône et 1 autre fois touche le sol. D'autres se penchent mais ne touchent pas le sol. Il me semble qu'il y a autant de façon de faire qu'il y ait de personnes dans l'Église.

On m'a dit aussi qu'on ne se prosternait pas devant les Icônes le dimanche. Donc ça veut dire qu'on peut se prosterner en d'autre temps. J'imagine que c'est uniquement une prosternation devant une Icône de Jésus.

Pouvez-vous me donner un petit cours ?

Amicalement

Sylvie
Sylvie
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Message par Sylvie »

Jusqu'à cette heure, 13 personnes ont lu. Aucune réponse.

Connaissez-vous les T.L.M. ? Toujours Les Mêmes.

J'imagine que ce sera encore Éliazar, Lecteur Claude, Antoine ou Irène et tard ce soir Giorgos qui oseront me répondre.

J'apprécie grandement ces personnes et leurs réponses, mais j'aimerais bien que parmis les lecteurs silencieux, quelques un se risquent.

Sylvie
Gabriel
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Message par Gabriel »

C'est livré sans garantie et y a pas de mode d'emploi :)
Jean Starynkévitch
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Message par Jean Starynkévitch »

Je vous suggère de consulter le livret à l'usage des fidèles, de la paroisse de la Sainte Trinité, crypte de la cathédrale russe Saint-Alexandre-Nevsky à paris.

Le lien de la paroisse, qui restera fixe, est http://www.crypte.net.

Le lien direct vers le livret est, pour l'instant, http://perso.wanadoo.fr/crypte.daru/Cry ... ionsb.html.
Sylvie
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Message par Sylvie »

Un grand MERCI Jean pour ce lien.

Vraiment, je pense que tout ce dont j'avais besoin y est. La signification des gestes et l'attitude intérieure à avoir pendant l'exécution sont bien expliquées. Je m'en fais un petit livret personnel.

C'est trop beau cette façon de vivre la prière !

Merci !

Sylvie
Sylvie
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Message par Sylvie »

J'ai remarqué, dans le petit livret à l'usage des fidèles, la version catholique du Notre Père.
Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour ; pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal.
Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ?

Sylvie
Jean Starynkévitch
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Message par Jean Starynkévitch »

Cette traduction du Notre Père avait en fait, plus ou moins officiellement, été décidée par une instance regroupant des catholiques, orthodoxes et protestants en 1966 (d'autres intervenant en diront, probablement, beaucoup plus, et plus précisément). Il y a d'ailleurs plusieurs fils de discussion au moins sur ce forum qui soulève cette question du problème de traduction du Notre Père (notamment ceux intitulés "Le livre de JM Gourvil sur le "Notre Père", et "Traduction des offices en Français").

En bref, cette traduction, dite œcuménique (elle n'est pas non plus uniquement catholique - les catholiques ayant également à cette époque abandonné leur ancienne traduction - elle est assez fortement d'influence protestante), a été largement en usage dans une grande partie des paroisses orthodoxes francophones. Récemment, depuis une traduction "directement" proposée par l'assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF), beaucoup de paroisses utilisent cette nouvelle traduction reproduite ci-dessus. À l'heure actuelle, plusieurs paroisses - dont la crypte - conservent la traduction œcuménique. Il y a, je pense, deux raisons différentes possibles (suivant les paroisses) pour la conservation de cette traduction:
- soit un certain immobilisme: il est difficile de changer une habitude de presqu'un demi-siècle pour la prière la plus fréquemment dite.
- soit des raisons œcuméniques (considérées comme de l'hérésie par les intervenant principaux du forum, qui savent que je suis en grand désaccord avec eux sur cette question) : la prière du Notre Père est la prière du Christ, le seule directement issue des Évangiles, qui sont quand même incontestablement le socle commun (enfin, plutôt une partie importante du socle commun), et il est serait très triste pour les chrétiens d'être divisés sur cette question de traduction d'un texte commun et fondamental.

Voici donc la traduction officielle de l'AEOF:
Notre Père qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel; donne-nous aoujourd'hui notre pain essentiel; remets-nous nos dettes, comme nous aussi les remettons à nos débiteurs; et ne nous laisse pas entrer dans l'épreuve, mais délivre-nous du Malin.
À l'époque de l'instauration de la traduction œcuménique du Notre Père, les orthodoxes célébrant en français étaient très minoritaires, et il semble donc que les évêques à l'époques - qui ne célébraient presque jamais en français - n'attachaient pas tellement d'importance à une telle traduction. Les évêques orthodoxes auraient donc donné leur accord pour l'usage de la traduction œcuménique à l'aveuglette, avec un certain détachement.
Antoine
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Message par Antoine »

Cette traduction du Notre Père avait en fait, plus ou moins officiellement, été décidée par une instance regroupant des catholiques, orthodoxes et protestants en 1966 (d'autres intervenant en diront, probablement, beaucoup plus, et plus précisément).
D'après mes sources, l'orthodoxie y a été très mal représentée comme d'habitude lorsqu'il s'agit de rencontres "oecuméniques"; il est évident que dans ce cas on envoie des sympathisants et non pas des orthodoxes très axés sur la dogmatique et la tradition de l'Eglise. Bref ça sent toujours plus ou moins la trahison. Les protestants ont réussi à imposer cette version et les catholiques ont dit: <<si les orthodoxes n'ont rien contre , on l'adopte.>>

Il y a d'ailleurs plusieurs fils de discussion au moins sur ce forum qui soulève cette question du problème de traduction du Notre Père (notamment ceux intitulés "Le livre de JM Gourvil sur le "Notre Père", et "Traduction des offices en Français").
De mémoire il me semble que le livre de Gourvil concerne essentiellement la sixième demande du notre Père dont la traduction épouvantable donne:"Ne nous soumets pas à la tentation".
En bref, cette traduction, dite œcuménique (elle n'est pas non plus uniquement catholique - les catholiques ayant également à cette époque abandonné leur ancienne traduction - elle est assez fortement d'influence protestante), a été largement en usage dans une grande partie des paroisses orthodoxes francophones.
Cette affirmation demanderait à être étayée par des chiffres. Le qualificatif "largement" me semble bien outrancier.


Récemment, depuis une traduction "directement" proposée par l'assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF), beaucoup de paroisses utilisent cette nouvelle traduction reproduite ci-dessus. À l'heure actuelle, plusieurs paroisses - dont la crypte - conservent la traduction œcuménique. Il y a, je pense, deux raisons différentes possibles (suivant les paroisses) pour la conservation de cette traduction:
- soit un certain immobilisme: il est difficile de changer une habitude de presqu'un demi-siècle pour la prière la plus fréquemment dite.
- soit des raisons œcuméniques (considérées comme de l'hérésie par les intervenant principaux du forum, qui savent que je suis en grand désaccord avec eux sur cette question)
Le Père Boris est grandement responsable de la conservation de cette traduction dite oecuménique à la crypte. S'il voulait la changer il le pourrait. En discutant de cette question avec lui, sa conclusion a été que de toute façon même quand il le récitait en français , il le pensait en slavon... On appréciera!

la prière du Notre Père est la prière du Christ, le seule directement issue des Évangiles, qui sont quand même incontestablement le socle commun (enfin, plutôt une partie importante du socle commun), et il est serait très triste pour les chrétiens d'être divisés sur cette question de traduction d'un texte commun et fondamental.
De toute façon les chrétiens sont divisés. Alors qu'ils le soient sur cette question de traduction du notre père ne change pas grand chose. Cela est même dans la logique des choses. Que des catholiques qui ne communient jamais au calice récitent "notre pain de ce jour" au lieu de "notre pain substantiel" cela n'a rien d'étonnant. Le pain eucharistique reste celui qui me rend co-substantiel au Christ même si le catholicisme a perdu cette notion, n'a plus d'épiclèse, ne jeûne plus avant de communier et n'a plus dans sa praxis, pour une grande partie de ses fidèles, la messe comme centre de sa vie spirituelle; Alors je ne vois pas au nom de quoi il faudrait leur emboîter le pas dans une traduction qui mène inévitablement à une perte de sens essentiel parce qu'elle est déjà elle même le résultat de cette perte de sens.
Un "texte commun" est un texte que l'on comprend d'une façon commune. Si on le comprend différemment il n'est plus commun. Vous jouez sur les mots. Je ne vois pas comment on pourrait avoir en commun l'opinion que Dieu pourrait nous "soumettre à la tentation" alors que St Jacques dans son épître nous écrit le contraire. Faut il être "en commun" avec les cathos et les protestants ou avec St Jacques? C'est peut-être là la question à se poser au lieu de tomber dans de l'affectif médiocre et de jouer sur la corde sensible.. Il appartient aux orthodoxes de proclamer la vérité et non pas de se rallier aux hétérodoxes par des compromissions étrangères à leur foi sous couvert de pseudo union stérile et mensongère.
Ayons, nous, une traduction correcte du Notre Père et proposons aux autres chrétiens de s’y rallier. Et s’ils préfèrent conserver leurs erreurs laissons les proférer ce qu’ils veulent. Je ne vois pas au nom de quelle valeur supérieure nous devrions bêler avec le troupeau hétérodoxe.
De plus vous devriez confonter la traduction française dite" oecuménique" avec d'autres traductions en d'autres langues et vous vous apercevriez que les chrétiens français ne disent déjà pas la même chose que les chrétiens d'autres nations. Alors votre "commun " aurait-il une couleur nationaliste?


Quant à ce que vous appelez la "traduction officielle de l'AEOF", vous savez très bien que l'AEOF ne l'a pas réellement ratifiée et qu'elle s'est bien gardée d'en écrire un commentaire justifiant ses positions théologiques sur le texte. Elle n'émane pas directement des évêques.
Jean Starynkévitch
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Message par Jean Starynkévitch »

Antoine a écrit :
Jean a écrit :En bref, cette traduction, dite œcuménique [...], a été largement en usage dans une grande partie des paroisses orthodoxes francophones.
Cette affirmation demanderait à être étayée par des chiffres. Le qualificatif "largement" me semble bien outrancier.
Disons que, jusqu'à il y a 8 ans environ, je n'avais entendu parler que d'une seule paroisse (rue St Victor) qui n'utilisait pas cette traduction. Les 3 autres paroisses francophones parisiennes que je connaissait utilisaient la traduction œcuménique. À Rennes, on l'avait utilisée également (mais en changeant 3 ans avant le texte que j'avait appelé "de l'AEOF"). À Bordeaux, on l'utilisait également jusqu'à récemment, à Poitiers aussi. À Tours aussi. C'est donc ma toute petite expérience personnelle qui aboutit à cette conclusion approximative et généralisatrice - et je ne pense pas être tombé exprès sur les paroisses les plus œcuménisantes.
Antoine a écrit :
Jean a écrit :la prière du Notre Père est la prière du Christ, le seule directement issue des Évangiles, qui sont quand même incontestablement le socle commun (enfin, plutôt une partie importante du socle commun), et il est serait très triste pour les chrétiens d'être divisés sur cette question de traduction d'un texte commun et fondamental.
De toute façon les chrétiens sont divisés. Alors qu'ils le soient sur cette question de traduction du notre père ne change pas grand chose. Cela est même dans la logique des choses. [...] Ayons, nous, une traduction correcte du Notre Père et proposons aux autres chrétiens de s’y rallier.
Mais l'autre traduction n'a pas été proposée aux autres chrétiens... et par ailleurs, je persiste à penser qu'on aurait pû être d'accord là-dessus, par delà les grandes divergences connues. Je trouve à ce sujet le texte de la TOB (traduction œcuménique de la bible) intégrale, et surtout les très nombreuses notes, très intéressantes, et fondamentalement moins éloignée du "texte orthodoxe" que ne l'est la "version œcuménique", et témoigne à mon sens du fait que le débat sur une traduction commune du Notre Père n'est pas figé.
Le texte de la TOB intégrale est accessible en ligne sur http://bibliotheque.editionsducerf.fr/. Il y a presques deux pages entières (2339-2340, écrites en tout-petit) de notes sur le Notre Père (Matthieu 6:9-13).
Antoine a écrit : Quant à ce que vous appelez la "traduction officielle de l'AEOF", vous savez très bien , l'AEOF ne l'a pas réellement ratifiée et qu'elle s'est bien gardée d'en écrire un commentaire justifiant ses positions théologiques sur le texte. Elle n'émane pas directement des évêques.
Elle émane directement de trois des évêques de l'époque (Mgr Serge, Mgr Jérémie et Mgr Silouane), qui l'ont activement introduite, et ceci au nom (au moins avec la bénédiction) de l'AEOF... même si elle s'est dégonflée après...; le texte de la liturgie de Saint Basile, ou la traduction en question apparaît pour la première fois, avait été d'abord proposé sans avoir touché au Notre Père, donc avec la traduction œcuménique.
Herve
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Message par Herve »

Je viens d'acheter la seconde édition du livre des heures édités par la Faternité Orthodoxe en Europe Occidentale avec la bénédiction de l'AEOF.

Dans cette édition, c'est la traduction "AEOF" qui est utilisée avec un renvoi en bas de page vers la traduction oecuménique

Hervé
eliazar
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Spitualité orthodoxe pour les Nuls

Message par eliazar »

Chère Sylvie, j'ai été très pris ces derniers jours et viens à peine de lire votre question sur les icônes.

En attendant d'avoir un peu plus de temps, je vous donne déjà un court texte "préparatoire" (!)
L'usage des reproductions d'icônes prend de plus en plus d'ampleur dans notre Église et je crains fort qu'avec le temps cette pratique ne soit considérée comme faisant partie de la sainte Tradition. Je me permets donc de sonner le tocsin pour réveiller un peu les consciences car les mauvaises habitudes, une fois prises, sont difficiles à déraciner, comme disent les pères.
D'autre part, je sais que la vénération pieuse de l'icône ne va pas toujours de pair, à l'époque actuelle, avec la connaissance théologique en iconographie.
Une icône est une chose, une reproduction d'icône en est une autre. Si, dans l'icône, la personne (du Christ, de la Toute-Sainte, des saints) est réellement présente d'une manière mystérieuse, dans la reproduction, cela n'est nullement le cas. La reproduction n'a qu'une valeur pédagogique et ne peut communiquer qu'une certaine grâce du fait de sa ressemblance avec l'icône.
Mais jamais une machine d'imprimerie ou autre ne saura représenter le contenu de notre foi orthodoxe, pas plus qu'un iconographe hétérodoxe ne sait le faire. Car comment quelque chose qu'ils n'ont pas pourrait sortir d'eux ? L'icône est l'expression de la foi véritable, de la vraie Lumière, de l'Esprit céleste que seul les enfants de l'Église ont reçu et qu'eux seuls peuvent transmettre par l'art sacré, la parole vivifiante, l'exemple de vie. En dehors de l'Église, l'iconographie ne peut être qu'une singerie (tel le singe qui mime les gestes humains sans en saisir le contenu), une représentation morte, car ni la machine, ni l'hétérodoxe n'ont jamais reçu les dons de l'Esprit.
L'iconographie est un charisme, comme la prophétie par exemple; et quel charisme y a-t-il en dehors de l'Église ? Si le mystère de l'Église peut être transmis par une machine ou un hétérodoxe, alors à la place du chantre orthodoxe, mettons une cassette ou un non-orthodoxe - ou même, dans le sanctuaire, un «prêtre» hérétique. Ils auront sans nul doute une voix plus belle, plus juste parfois que nos chantres et notre clergé, mais cette justesse, cette beauté seule n'est d'aucune valeur.
Un autre aspect que la reproduction d'icône entraîne : la négligence envers la vraie icône : voici ce qu'un patriarche russe écrit au XVIIe siècle : «A cause de ces feuilles de papier, la vénération des icônes est négligée.» Ceci amena le patriarche Joachim à interdire complètement tant l'impression d'images sacrées que leur vente, et à plus forte raison leur utilisation dans les églises et les maisons à la place d'icônes.
Certes, par économie, une reproduction d'icône peut servir d'une certaine manière, mais seulement là où les circonstances ne permettent pas de se procurer une vraie icône. Ceci n'est pourtant qu'une économie, bien sûr, et l'acribie rejette même cette possibilité. Si je peux me procurer une vraie icône et me contente pourtant d'une simple reproduction, il ne peut plus être question d'économie, mais tout simplement de transgression. Mieux vaut avoir une seule icône vraie, vénérée avec piété qu'une abondance de reproductions qui ne servent le plus souvent que comme simple décoration.
Pour celui qui juge tout cela sans trop d'importance, il lui suffit de se reporter à l'époque iconoclaste, durant laquelle nos pères se laissaient martyriser et mutiler pour la défense de l'icône.
Pour terminer, je me permets encore d'inclure une petite histoire qui stigmatise bien comment une fausse pratique peut être considérée avec le temps comme faisant partie de la Tradition.
Un prêtre hindou était gêné par son chat chaque fois qu'il officiait. Finalement, il attachait le chat avant de commencer l'office. Après la mort de ce prêtre, son fils prit la succession et traita le chat de la même manière. Quand le chat mourut à son tour, le fils se procura un autre chat, pensant que le chat faisait partie du cérémonial.

hm. Cassien - in : ORTHODOXIE n° 30, avril 1986
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eliazar
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Message par eliazar »

Concernant les Icônes :

Voici maintenant une Conférence faite à la Paroisse de Chaville, Notre Dame Souveraine, le 20 Janvier 2001, pour la synaxe du saint Précurseur, fête qui succède à la Théophanie. J'en ai retrouvé l'essentiel, et je crois qu'elle avaitr été prononcée par le P.Jivko (?)

Voici toujours la première partie:
" Quand Tu fus baptisé dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration de la Trinité ; la voix de Celui-qui-T’engendre Te rendait témoignage, Te nommant Fils Bien-aimé, et l’Esprit, sous forme de colombe, a confirmé la sûreté (a donné une ferme assise à la sûreté) de la parole. Tu es apparu, Tu as illuminé le monde, ô Christ notre Dieu, gloire à Toi ! "
Quel peut être, finalement, le contenu de l‘illumination, sinon le visage du Christ Lui-même, dont les Pères nous disent qu’Il est la joie du monde à venir, là où règne " …le repos sans fin, là où ne cesse jamais le concert des fêtes ni la jouissance sans bornes de ceux qui contemplent la beauté ineffable de Ta face. Car Tu es vraiment Celui vers qui nous aspirons et la joie indicible de ceux qui T’aiment, ô Christ notre Dieu… ".
L’Icône en est la révélation.
Saint Basile le Grand écrit ceci:
" Lorsque vint la plénitude des temps, Tu nous as parlé par Ton propre Fils, par Qui aussi Tu as fait l’univers. Lui Qui est le reflet de Ta gloire et l’emprunte de Ton hypostase, Lui qui porte toutes choses par Sa parole puissante, Il ne reteint pas jalousement le rang qui L’égalait à Toi, Dieu et Père, mais Lui, le Dieu d’avant les siècles, Il est apparu sur la terre, Il a vécu parmi les hommes, Il a pris chair de la Sainte Vierge, Il s’est anéanti (s’est vidé) Lui-même, prenant la condition d’un esclave, devenant conforme ( symmorphos ) à notre corps de misère pour nous rendre conformes à l’image de Sa gloire.( tès eikonos tès doxès autou ) "
Avec l’Incarnation de Dieu le Verbe, est apparue dans le monde l’Icône de Dieu, le Christ:
- D’abord comme Image du Père :
Saint Paul, Epître aux Hébreux, 1,3 : " Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’Il a établi héritier de toutes choses, par lequel Il a aussi créé le monde et qui, étant le reflet de Sa gloire et l’empreinte de Son hypostase, et soutenant toutes choses par Sa parole puissante, a fait la purification des péchés… ".
- Mais aussi comme l’Icône de Dieu, la Sainte Trinité :
Colossiens, 1,15 : " Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création ". Et 2,9 : " En Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité ".
L’interdit de l’Ancien Testament, de faire une représentation quelconque de Dieu, annonçait à la fois et l’Incarnation et l’Icône :
Dieu est devenu chair, et maintenant, Il peut être représenté dans la chair, tel qu’Il s’est Lui-même manifesté dans la chair.
Il s’ensuit que toute représentation imaginaire de Dieu est un blasphème parceque Dieu est personnel, c’est-à-dire libre et tout-puissant . Dans l’A.T., toute rencontre avec Dieu est un dialogue et une mise en présence, bien que la face de Dieu reste cachée. Même la représentation des Chérubins supposait que Moïse et les artistes qui en exécuteraient la représentation aient vu, comme une réalité objective dont ils devaient transmettre fidèlement la connaissance, ce qu’ils allaient représenter. De personne, on ne peut faire le portrait sans peindre son visage véritable, celui qui l’identifie et permet à tous ceux qui le connaissent de le reconnaître, ou au moins sans essayer de capter sa ressemblance. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de Dieu Lui-même.
La représentation de Dieu est maintenant non seulement possible, elle est même un devoir, parce qu’Il s’est montré Lui-même corporellement et tel qu’Il veut être représenté. L’Icône du Christ peint le portrait de la deuxième personne de la Sainte Trinité devenue homme. Mais elle ne peint pas seulement l’homme en Christ, elle peint le Dieu-homme, puisque : " En Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité ".
Aux Grandes Heures de la Théophanie, on peut lire ceci :
" Lorsque vint jusqu’à lui, le Seigneur de gloire, le Précurseur à cette vue s’écria : voici venu le Sauveur qui tire le monde de la corruption….voici que par amour Il est venu sur terre naissant d’une Vierge immaculée, et d’esclaves que nous étions, Il fait de nous des fils de Dieu ; des ténèbres Il fait sortir le genre humain afin de l’illuminer par l’eau de Son Baptême divin. Venez, d’un même cœur, glorifions-Le avec le Père et l’Esprit Saint. "
Que la connaissance de Dieu se résume dans la vision du visage du Christ, est suggéré par saint Jean : " Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. "

- C’est Dieu dont il est question, et pas " seulement " le Père, qui n’a jamais été vu, et que le Christ fait connaître ; le Christ " fait connaître " Dieu.
- Cette activité de faire connaître est en grec une " explication " (exègèsato), ce que nous appelons " exégèse ".
- Qui est celui qui, en Lui-même, et par ce qu’Il est, accomplit cette Révélation ? " le Fils unique ", la deuxième hypostase de la sainte Trinité,dont le caractère distinctif est : " qui est dans le sein du Père ". " Qui est dans le sein du Père ", est ce par quoi nous reconnaissons Dieu – la Sainte Trinité – dans le Visage du Dieu-Homme : " le reflet de la gloire du Père et l’empreinte de Son hypostase "
Dans le Questionnaire d’Orthodoxie qui est placé au commencement du Veliki Tchasoslov en usage dans l’Eglise russe, et qui est attribué à Saint Maxime le Confesseur, nous lisons :
" Combien tout chrétien orthodoxe confesse-t-il d’image en Dieu ? – Une. "
Tout comme une seule nature ou substance et une seule volonté et une seule énergie. Cette affirmation est répété encore deux fois : " Nous disons trois hypostases, c’est-à-dire trois personnes, une seule image ". Et plus loin encore : " Nous ne disons pas, comme Sabellius, une seule hypostase : mais nous confessons, prions et adorons trois hypostases ou trois personnes, en une seule image – vo iedinom obrazie - et en une seule divinité ".
De même, dans l’Octoèche du Dimanche, la doxologie de la 3ième antiphone du ton 8, confessant la divinité du Saint Esprit, Le dit " de même image que le Père et le Fils " : " Par le Saint Esprit, [est] la Théologie, la Monade Trois fois Sainte (Dieu se révèle, par le Saint Esprit, Monade trois fois Sainte) : le Père en effet sans commencement, du quel naît le Fils intemporel, et l’Esprit, sur le même Trône, de même Image, Qui resplendit avec [Lui] du Père ".
Nous connaissons donc le visage du Christ parce que la deuxième personne de la Sainte Trinité s’est incarnée, parce que la chair du Christ manifeste l’hypostase du Verbe Divin. Mais cela signifie-t-il qu’à tout jamais le " visage " du Père et du Saint Esprit nous resteraient cachés et inconnus ?
Non, le visage du Christ porte la présence hypostatique des Trois qui sont Un. Saint Jean dit : " Montre-nous le Père ? Cela fait si longtemps que je suis avec vous et tu ne m’as pas connu, Philippe ! Celui qui m’a vu, a vu le Père ! "
Ainsi, aux Grandes heures de la Théophanie, on peut lire:
" Indivisible se révèle à nous en ce jour la Trinité, notre Dieu : le Père fait entendre en faveur de Son Fils Son témoignage éclatant ; du ciel, dans l’image d’une colombe, descend l’Esprit ; le Fils incline Sa tête immaculée devant le Précurseur et, baptisé, l’Ami des hommes libère l’humanité de la servitude. "
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eliazar
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Message par eliazar »

Conférence sur l'Icone - seconde partie et fin (de mes notes !)
Le salut de l’homme est lié à la vision de Dieu d’une manière toute particulière.
La vision est à la fois spirituelle et matérielle : on peut être aveugle physiquement et voyant spirituellement, ou l’inverse, ce qui est le plus fréquent.
La vision comme l’entrée en contact de ce qui est éloigné, l’union de ce qui est distinct, le modèle de la relation personnelle. La vision exprime par excellence le consentement de la volonté libre à l’union et à l’unité.
L’amour se transmet par le regard et c’est le regard qui exprime par excellence le " oui " de l’homme à l’autre et à Dieu en particulier. Cf. théorie platonicienne de la vision.
L’organe par lequel l’homme entre en contact avec le monde spirituel, invisible, le " nous " ou " oum ", est appelé par les Pères " l’œil de l’âme ".
Ainsi saint Irénée lie de manière très étroite la vision et le salut de l’homme, et, commentant Baruch, 3,37 : " Il a été vu sur la terre et Il a conversé avec les hommes ", il dit ceci :
" Dès le commencement en effet, le Verbe a annoncé que Dieu serait vu des hommes et converserait avec eux sur la terre, et qu’il se rendrait présent à l’ouvrage par lui modelé, pour le sauver et se laisser saisir par lui, " pour nous délivrer des mains de tous ceux qui nous haïssent (Luc, 1,71) ", c’est-à-dire de tout esprit de transgression, et pour faire en sorte que " nous le servions avec sainteté et justice tous les jours de notre vie (Luc, 1,74-75) " afin que, enlacés à l’Esprit de Dieu, l’homme accède à la gloire du Père ".
De même plus loin:
" De même que ceux qui voient la lumière sont dans la lumière et participent à sa splendeur, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu et participent à sa splendeur. Or vivifiante est la splendeur de Dieu. Ils auront donc part à la vie, ceux qui voient Dieu. Tel est le motif pour lequel celui qui est insaisissable, incompréhensible et invisible s’offre à être vu, compris et saisi par les hommes : c’est afin de vivifier ceux qui le saisissent et qui le voient. Car si sa grandeur est inscrutable, sa bonté aussi est inexprimable et c’est grâce à elle qu’il se fait voir et qu’il donne la vie à ceux qui le voient. Car il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par la participation à Dieu et cette participation à Dieu consiste à voir Dieu et à jouir de sa bonté. "
Et encore :
" Car la gloire de Dieu c’est l’homme vivant et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la création donne la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu ! "
On comprend ainsi comment les Pères peuvent dire que celui qui ne vénère pas l’icône du Christ, ne Le verra pas dans le siècle à venir, et ne sera pas sauvé.
La communion qui passe par la vision et la foi qui résulte de l’amour, le oui libre à l’amour issu de la vision, est la condition du salut. Il nous sera un jour demandé à tous, ce qui fut demandé à l’aveugle-né : " Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé ; et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ? Il répondit : Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle c’est lui ! Et il dit : Je crois, Seigneur.. Et il se prosterna devant lui ".
L’Icône ne peut donc être comprise comme l’invention de l’imagination humaine, mais elle est le résultat d’une illumination, elle est la vision d’une réalité objective, révélée par le Saint Esprit au croyant, comme le jour de la Transfiguration, la divinité du Christ fut révélée aux Apôtres.

Le lien de la Nativité et de la Théophanie exprime ce paradoxe de l’icône, qui peignant le visible, manifeste l’invisible. La naissance du Logos dans la chair a pour but la manifestation de la Sainte Trinité.
Le lien entre les deux fêtes, traditionnel dans l’exégèse de l’Eglise, est liturgiquement rendu évident, par exemple :
- par la proximité des deux fêtes, qui correspond au raccourci évangélique ;
par la suspension de tout jeûne entre les deux fêtes, qui en fait comme un unique Dimanche ;
- par le stichère le plus solennel des Grandes Heures de la Nativité, la doxologie qui précède les lectures de None : " Ô Christ, nous nous prosternons devant Ta Nativité ", (répété trois fois) qui s’achève par " Fais-nous voir Ta divine Théophanie ! " ;
- par l’ikos du kondak de la Théophanie : " …Ceux qui étaient dans les ténèbres ont vu l’éblouissante lumière, jaillissant de Bethléem, ou plutôt le Seigneur né de la Vierge Marie, le Soleil de justice, rayonne sur tout l’univers … "

La Théophanie est l’accomplissement, la fin et la manifestation de l’Incarnation, le commencement du salut, c’est-à-dire du rayonnement du Christ, de Sa Prédication, de l’Evangile, de la Révélation.
Le Tropaire et le Kondak de la fête expriment bien le caractère double de la manifestation de Dieu en Christ : le Verbe incarné et la Sainte Trinité, c’est-à-dire le Verbe en tant qu’Il est Dieu, inséparable du Père et de l’Esprit ; l’hypostase divine incarnée du Verbe et la nature divine resplendissant sur elle dans l’unité de la lumière tri personnelle ; le visible et l’invisible.
Tropaire : " Quand Tu fus baptisé dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration de la Trinité ; la voix de Celui-qui-T’engendre Te portait témoignage, Te nommant Fils Bien-aimé, et l’Esprit, sous forme de colombe, a confirmé la sureté (a donné une ferme assise à la sûreté) de la parole. Tu es apparu, Tu as illuminé le monde, ô Christ notre Dieu, gloire à Toi ! "
Non seulement la voix du Père se fait entendre et l’Esprit apparaît sous forme de colombe, mais tout ceci est comme une indication que le Christ Lui-même, en recréant Adam en Lui-même, manifeste en Lui-même la Sainte Trinité et la ressemblance de l’homme avec Elle.
Kondak : " Aujourd’hui, Tu es apparu à l’univers et Ta lumière, seigneur, fut un signe sur nous, qui dans la connaissance (épignôsis) Te chantons : Tu es venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible ! "
De même la prière de Prime : " Ô Christ, la vraie lumière, qui éclaire et sanctifie tout homme venant dans le monde, que soit un signe sur nous la lumière de Ta face, afin qu’en elle nous voyons la lumière inaccessible… ".Ce qui signifie : " Donne nous de voir en Toi, sur Ton visage, la lumière de la sainte Trinité ".
C’est le Christ, comme la manifestation de la Sainte Trinité, qui est Lui-même l’objet de la prédication : en Lui-même, Il nous La montre et Il nous La dit : l’Evangile et l’Icône sont les deux moyens de la Révélation dans la Tradition, les deux aspects inséparables du kérygme.
Le Christ Lui-même est connu de deux manières, par l’Ecriture et par l’Icône : par Ses paroles et par Son aspect visible. Les deux sont sur le même plan, comme l’affirment les Pères du 7ième concile oecuménique.
" La vérité a son image. Car elle n’est pas une idée ou une formule abstraite, elle est concrète et vivante, elle est une personne, la Personne " crucifiée sous Ponce-Pilate ". Lorsque Pilate posa au Christ le question : " qu’est-ce que la vérité ? " (Jean, 18, 38), le Christ ne répondit pas autrement qu’en se tenant devant lui en silence. Pilate n’attendit même pas la réponse et sortit, sachant qu’on pouvait faire à sa question une multitude de réponses dont aucune ne serait valable. Car l’Eglise seule possède la réponse à la question de Pilate : c’est dans le cercle apostolique que le Christ a dit à ses disciples : " Je suis le chemin, la vérité et la vie." (Jean, 14,16). La vérité ne répond pas à la question qu’est-ce que, mais à la question qui est la vérité. Elle est une personne et elle a son image. C’est pourquoi l’Eglise non seulement parle de la vérité, mais montre la vérité : l’image de Jésus-Christ. "
On ne peut séparer les deux choses, pas l’Ecriture sans l’Icône et pas l’Icône sans l’Ecriture, elles se vérifient l’une l’autre.
Il faut comprendre l’Evangile à la lumière de l’Icône, qui nous donne la vérité de l’Evangile, qui a son tour, donne la vérité de l’Icône, puisque " C’est Jésus Christ le Seigneur que nous prêchons ! ":
" Si notre Evangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent ; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ, qui est l’Image de Dieu. "
Sans l’icône, l’Evangile peut finir par devenir lettre morte. Car l’absence de l’icône est malheureusement significative de l’affaiblissement, sinon de la disparition du don du Saint esprit. Elle est " le dehors " traditionnel de l’Ecriture, son medium de compréhension, en tant qu’elle prouve la réalité de l’événement historique de l’Incarnation du Christ.
Nous ne pouvons pas traiter l’Evangile n’importe comment, ni parler du Christ n’importe comment, quand l’icône nous Le montre au même moment " dans la plénitude de la divinité ", car à cette vue nous sommes saisis d’une crainte salutaire.
Comme l’icône, comme l’icône verbale qu’il est, l’Evangile nous montre dans le visage du Fils de l’homme, Dieu le Verbe, Celui qui est Un avec le Père et l’Esprit, le " Vrai Christ ", celui que nous reconnaissons et dont nous pouvons dire : " C’est Lui ! ", quand nous en avons entendu parler, quand nous avons entendu Ses paroles, et inversement..
Si " c’est bien Lui ", c’est-à-dire si c’est bien notre Créateur, même si nous n’en avons jamais entendu parler avant, Son Image est inscrite dans les tréfonds de notre nature, nous Le reconnaissons et nous nous reconnaissons en Lui.
Nous sommes tous Ses brebis : " Les brebis Le suivent (le Bon Berger), parce qu’elles connaissent Sa voix…Je connais mes brebis et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père… "
Nous reconnaissons notre créateur, Celui à l’image de qui nous avons été créés, notre aspect véritable, notre forme originelle, la réalité de nous-même, et donc aussi l’abîme qui nous en sépare de Lui. Ainsi les stichères des Apostiches de la Théophanie qui se terminent toutes par : " Dieu qui Te manifeste, aie pitié de nous ! ". A.T : " Personne ne peut voir la Face de Dieu et vivre ", ce qui implique que l’esprit de pénitence est le signe de la vraie vision ; Job, lorsqu’il dit : " A présent, mes yeux T’ont vu ! Je suis poussière et cendre! " Humilité de ceux qui ont vu Dieu.
Si le Christ que nous disons et peignons n’est pas Dieu le Verbe, c’est-à-dire Celui qui est Un avec le Père et l’Esprit, alors nous ne suscitons pas l’amour chez ceux que nous prêchons ; l’athéisme contemporain est le résultat de cette prédication insensée qui parle de l’homme Jésus et non du Christ, Dieu-homme, et cela aussi bien dans l’enseignement oral que dans les images. Cette prédication humaniste oublie que la nature de l’homme, même déchu, conserve l’image de Dieu, et donc que l’homme, en conséquence, sait reconnaître son maître, - mais faut-il encore lui parler de son vrai maître et non d’un usurpateur (" le mercenaire ").
L’Icône est sainte comme l’Evangile, pas moins. L’Icône est Sainte Ecriture. Si l’icône n’est pas ça, alors elle n’accomplit pas son travail d’Annonce de la Parole, de Bonne Nouvelle, d’annonce de " l’élévation de l’humilité de Dieu le Verbe, de Son habitation dans la chair, de Sa passion, de Sa mort salvatrice et, par là même,de la délivrance qui en a résulté pour le monde."
Il est donc indispensable de faire très attention à ce que nous peignons et à la manière dont nous le peignons. La vraie icône est la mission par excellence. Il faut se garder d’altérer l’Icône comme on ne doit pas altérer l’Ecriture.
Léonide Ouspensky commente: " Si les traits historiques de Jésus, son portrait, sont un témoignage de la venue dans la chair, de l’abaissement, de l’humiliation de la Divinité, la façon de représenter le " Fils de l’homme " doit refléter la gloire de Dieu. Autrement dit, l’humilité de Dieu le Verbe doit être montrée de telle façon qu’en la regardant nous contemplions Sa gloire divine, l’image humaine de Dieu le Verbe, et que par là nous concevions le caractère salutaire de Sa mort et " la délivrance qui en a résulté pour le monde ".
Dans l’icône du Christ, Dieu, qui a pris la ressemblance de l’homme, nous montre qui est l’homme : Dieu par la grâce, comme dans un miroir. Dans l’amour, peu à peu, nous devenons semblables à l’être aimé. L’Icône est l’expression matérielle du miroir de l’âme où le Christ vient se refléter :
Ainsi, " lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté…nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit."
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
Spiridon
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Quelques notes au sujet de la vénération des icônes

Message par Spiridon »

A noter les choses suivantes quand on vénère une icône :

1° On n'embrasse jamais la tête du personnage (même s'il n'ya que le visage représenté). On embrasse soit le pied de la personne représentée, soit sa main, soit la Croix s'il en tient une ou encore l'évangile s'il en tient un

2° On ne fait pas claquer un bisous du style "smack"

3° On prend garde à avoir des lèvres propres (pas de rouge à lèvre, ou de baume laissant des traces)

4° A noter qu'avant de vénérer on peut soit faire une prosternation (mais pas les dimanche et donc à compter des vêpres samedi), se lever et embrasser soit se signer puis faire une métanie (à deux reprises) embrasser puis à nouveau se signer et faire une métanie

5° On évite aussi de passer la main sur quasiment toute la surface de l'icône comme cela se voit parfois (il ne s'agit pas de faire un massage)

On ne vénère -du moins les laïcs-pas les icônes de l'iconostase (bien que cela soit trop fréquent hélas). Cela m'a été confirmé par un prêtre d'une paroisse où c'est pourtant une habitude et par des vieux-croyants russes

C'est ce que je sais du sujet mais certains usages corrects m'échappent peut-être
Glicherie
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Message par Glicherie »

Précision, et je crois que c'est Sylvie qui posait la question,

Usage grec et roumain: on touche le sol avec la main en faisant une métanie, on se signe, ce 2 fois puis on embrasse l'icône, puis métanie et signe de croix

Usage russe: on se signe et on fait une métanie en s'inclinant ou touchant le sol.

Explications théologiques: 1er signe de croix le Père, 2eme le Fils qui s'incarne et en est l'icône que l'on vénére, 3eme c'est la Grâce du Saint Esprit qui nous pénètre.

Usage observé chez des disciples du père Cléopa: ils se signent, font la métanie et se signe de nouveau, car ils ne veulent pas risquer de se prosterner devant un démon ou quelque chose de non-sacré, donc le signe de croix le chasse, puis ils s'inclinent, et enfin se signent de nouveau.
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