Profession de Foi d'un catholique romain
Publié : jeu. 12 janv. 2006 13:52
Bonjour,
Je me présente : catholique romain pratiquant et attaché à la Tradition, chirurgien et père de 5 enfants.
A plus de 50 ans, mon itinéraire spirituel m’a fait découvrir et aimer la spiritualité orthodoxe. Son étude occupe l’essentiel de mes lectures et de mes prières.
Ce cheminement a instillé dans mon cœur la souffrance de la Séparation, dans laquelle je ne puis que reconnaitre les nombreuses responsabilités de l’Eglise latine
Si je me suis inscrit au forum orthodoxe, ce n’est pas pour un goût immodéré des forums. Ma seule tentative avant celle là est la fréquentation de courte durée d’un forum catholique romain (croire.com), vaste cuisine où chaque intervenant mitonne sa petite tambouille qui n’a plus de catholique que le nom.
L’intention de mon inscription à votre forum est d’y trouver des interlocuteurs orthodoxes, suffisamment rigoureux dans leur Foi pour ne pas transiger avec la Vérité mais aussi partageant la même souffrance dans un but d’enrichissement mutuel, mais, je le reconnais volontiers, d’abord du plus pauvre, moi.
J’ai ouvert un blog http://soleilhiver.blogspot.com/ dans le but de faire découvrir l’Orthodoxie à ma famille et à un réseau d’amis.
Etant moi-même issu d’un milieu catholique traditionnaliste (« intégriste » selon certains), je lui reste attaché et reconnaissant pour le rôle qu’il a joué et joue encore, en faveur de la Tradition, au sein de l’Eglise latine, en particulier depuis Vatican II. Cependant, l’amour ne me rendant pas aveugle, je constate, tant chez ces catholiques romains que chez certains orthodoxes, un rigorisme exclusif et à tendance excommuniante que je déplore.
Tout se passe comme si, alors que nous avons fait partie de l’Eglise Une pendant plus de mille ans, alors que nous adhérons tous au Symbole de Nicée-Constantinople (à l’exception du Filioque que je ne dis jamais et sur lequel Rome aurait assez tendance à revenir), que nous vivons des mêmes sacrements, particulièrement de l’Eucharistie, les spécificités spirituelles de l’Orient et de l’Occident (voir l’inroduction de l’article « reconstruire la maison commune de l’Eglise » de Monseigneur Stephanos auquel je suis filialement attaché http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/ ... tir%20.htm) et les interprétations exégétiques quelquefois divergentes du message évangélique font que, comme le déplorait déjà le Seigneur, la Loi n’est plus faite pour l’Homme mais l’Homme pour la Loi, appesantissant le joug qu’il a voulu doux et léger à porter.
Que les théologiens, dont c’est le rôle, dissèquent le message évangélique, brodent une exégèse enrichissante et utile et débattent entre eux, rien de plus normal. Que cela aboutisse pour le simple fidèle, celui qui a la Foi du charbonnier et du petit enfant, à subir des divisions insupportables, alors que les dites exégèses lui passe probablement très au dessus du bonnet, constitue à mes yeux le scandale des scandales.
Que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. L’unité que je prie le Seigneur de reconstituer n’a rien à voir avec un quelconque synchrétisme ou relativisme.
Cela ne peut se faire que dans la Verité ET l’Amour.
Catholique romain, je crois que, sans même parler des légitimes rancoeurs des orthodoxes envers les catholiques romains pour certains de leurs agissements, de nature largement politique et sur lequels rien ne peut être fait que le pardon, il existe, de fait, des points d’achoppement graves qui doivent être levés.
Je crois que la Lumière de l’Esprit, lors de la Pentecôte, est descendue sur la communauté des apôtres, lui conférant, à elle seule, la vérité du message évangélique.
Je crois qu’en demandant par trois fois à Pierre de paitre son troupeau au nom de l’amour (M’aimes tu ?), le Seigneur lui a conféré une primauté d’honneur et de service, conforme avec la magistrale leçon du Lavement des pieds pour laquelle, d’ailleurs, Pierre a bénéficié d’un cours particulier.
Je crois que la scholastique occidentale a appauvri la Tradition, particulièrement pour ce qui concerne la distinction entre l’Essence de la Divinité trine et les Energies divines qui s’en déversent, distinction qui, bien que romain, me paraît évidente. Pour en approcher, par assimilation grossière à ne pas prendre au pied de la lettre, la réalité, il suffit de comprendre que si l’univers créé mais fini dans son immensité et sa complexité peut faire l’objet d’une connaissance progressive et « participable », rien, aucun mot, aucun concept, aucune loi mathématiques ne peut ne serait-ce qu’approcher ce qui se trouve au delà de lui et qui, pourtant, lui pré-existait. C’est cette scholastique romaine qui, confondant dans la même intention de « comprendre » les Energies Divines incrées et néanmoins accessibles et l’Essence de Dieu qui relève de la physiologie trinitaire, a entrainé des erreurs comme, pour ne citer que la plus connue et la plus emblématique, celle du Filioque.
Je crois en la Déification de l’Homme et en la Transfiguration du Cosmos en Christ car quand je dis croire en la ressurection de la Chair, j’entends que c'est la création tout entière « qui soupire et qui souffre dans les douleurs de l’enfantement » (Ro 8,22).
Je pense même, sans en être sur, que le Mal ne peut être éternel car l’Eternité ne peut être qu’un attribut du Bien.
Voilà ce que je crois.
Mais je crois aussi que tout cela ne peut faire que, selon le point de vue dans lequel on se place, chacune de nos deux eglises soit l’hérétique de l’autre.
Je ne crois pas que ces graves divergences brisent la communion car si la tunique du Christ a été tirée au sort, elle n’a pas été déchirée.
Je ne crois pas que les querelles de calendrier ou de rituel ou de discipline interne à chaque église puissent valablement servir de prétexte au fait de ne pas obéir à l’ordre d’unité exprimé par le Seigneur et que, de cela, nous devrons en rendre compte, collectivement et individuellement.
Certains diront sans doute : « mais que fait-il encore dans l’Eglise romaine ? » (comme j’ai pu le lire sous la plume d’un lecteur de ce forum qui se demandait au nom de quelle fidélité)
La réponse est simple. La fidélité de l’amour. D’une part parce que je me fait un devoir de « fleurir où Dieu m’a planté » même s’il y pousse des plantes indésirables, d’autre part parce que si ma maison flambe, j’espère avoir le courage d’en sortir le dernier après tous ceux que j’aime.
Depuis longtemps, j’ai cessé d’imaginer que la quête du salut soit affaire individuelle. Sinon, je ne serais pas père de famille.
Merci à ceux qui auront eu la patience de me lire et, parmi eux, à ceux qui voudront bien entamer un dialogue fraternel. Non dans une intention de conversion mutuelle que, personnellement, je bannis de ma démarche.
Mais dans une sorte de prière à plusieurs voix pour, avec Sa grâce, parvenir à répondre à Son attente.
Je me présente : catholique romain pratiquant et attaché à la Tradition, chirurgien et père de 5 enfants.
A plus de 50 ans, mon itinéraire spirituel m’a fait découvrir et aimer la spiritualité orthodoxe. Son étude occupe l’essentiel de mes lectures et de mes prières.
Ce cheminement a instillé dans mon cœur la souffrance de la Séparation, dans laquelle je ne puis que reconnaitre les nombreuses responsabilités de l’Eglise latine
Si je me suis inscrit au forum orthodoxe, ce n’est pas pour un goût immodéré des forums. Ma seule tentative avant celle là est la fréquentation de courte durée d’un forum catholique romain (croire.com), vaste cuisine où chaque intervenant mitonne sa petite tambouille qui n’a plus de catholique que le nom.
L’intention de mon inscription à votre forum est d’y trouver des interlocuteurs orthodoxes, suffisamment rigoureux dans leur Foi pour ne pas transiger avec la Vérité mais aussi partageant la même souffrance dans un but d’enrichissement mutuel, mais, je le reconnais volontiers, d’abord du plus pauvre, moi.
J’ai ouvert un blog http://soleilhiver.blogspot.com/ dans le but de faire découvrir l’Orthodoxie à ma famille et à un réseau d’amis.
Etant moi-même issu d’un milieu catholique traditionnaliste (« intégriste » selon certains), je lui reste attaché et reconnaissant pour le rôle qu’il a joué et joue encore, en faveur de la Tradition, au sein de l’Eglise latine, en particulier depuis Vatican II. Cependant, l’amour ne me rendant pas aveugle, je constate, tant chez ces catholiques romains que chez certains orthodoxes, un rigorisme exclusif et à tendance excommuniante que je déplore.
Tout se passe comme si, alors que nous avons fait partie de l’Eglise Une pendant plus de mille ans, alors que nous adhérons tous au Symbole de Nicée-Constantinople (à l’exception du Filioque que je ne dis jamais et sur lequel Rome aurait assez tendance à revenir), que nous vivons des mêmes sacrements, particulièrement de l’Eucharistie, les spécificités spirituelles de l’Orient et de l’Occident (voir l’inroduction de l’article « reconstruire la maison commune de l’Eglise » de Monseigneur Stephanos auquel je suis filialement attaché http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/ ... tir%20.htm) et les interprétations exégétiques quelquefois divergentes du message évangélique font que, comme le déplorait déjà le Seigneur, la Loi n’est plus faite pour l’Homme mais l’Homme pour la Loi, appesantissant le joug qu’il a voulu doux et léger à porter.
Que les théologiens, dont c’est le rôle, dissèquent le message évangélique, brodent une exégèse enrichissante et utile et débattent entre eux, rien de plus normal. Que cela aboutisse pour le simple fidèle, celui qui a la Foi du charbonnier et du petit enfant, à subir des divisions insupportables, alors que les dites exégèses lui passe probablement très au dessus du bonnet, constitue à mes yeux le scandale des scandales.
Que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas. L’unité que je prie le Seigneur de reconstituer n’a rien à voir avec un quelconque synchrétisme ou relativisme.
Cela ne peut se faire que dans la Verité ET l’Amour.
Catholique romain, je crois que, sans même parler des légitimes rancoeurs des orthodoxes envers les catholiques romains pour certains de leurs agissements, de nature largement politique et sur lequels rien ne peut être fait que le pardon, il existe, de fait, des points d’achoppement graves qui doivent être levés.
Je crois que la Lumière de l’Esprit, lors de la Pentecôte, est descendue sur la communauté des apôtres, lui conférant, à elle seule, la vérité du message évangélique.
Je crois qu’en demandant par trois fois à Pierre de paitre son troupeau au nom de l’amour (M’aimes tu ?), le Seigneur lui a conféré une primauté d’honneur et de service, conforme avec la magistrale leçon du Lavement des pieds pour laquelle, d’ailleurs, Pierre a bénéficié d’un cours particulier.
Je crois que la scholastique occidentale a appauvri la Tradition, particulièrement pour ce qui concerne la distinction entre l’Essence de la Divinité trine et les Energies divines qui s’en déversent, distinction qui, bien que romain, me paraît évidente. Pour en approcher, par assimilation grossière à ne pas prendre au pied de la lettre, la réalité, il suffit de comprendre que si l’univers créé mais fini dans son immensité et sa complexité peut faire l’objet d’une connaissance progressive et « participable », rien, aucun mot, aucun concept, aucune loi mathématiques ne peut ne serait-ce qu’approcher ce qui se trouve au delà de lui et qui, pourtant, lui pré-existait. C’est cette scholastique romaine qui, confondant dans la même intention de « comprendre » les Energies Divines incrées et néanmoins accessibles et l’Essence de Dieu qui relève de la physiologie trinitaire, a entrainé des erreurs comme, pour ne citer que la plus connue et la plus emblématique, celle du Filioque.
Je crois en la Déification de l’Homme et en la Transfiguration du Cosmos en Christ car quand je dis croire en la ressurection de la Chair, j’entends que c'est la création tout entière « qui soupire et qui souffre dans les douleurs de l’enfantement » (Ro 8,22).
Je pense même, sans en être sur, que le Mal ne peut être éternel car l’Eternité ne peut être qu’un attribut du Bien.
Voilà ce que je crois.
Mais je crois aussi que tout cela ne peut faire que, selon le point de vue dans lequel on se place, chacune de nos deux eglises soit l’hérétique de l’autre.
Je ne crois pas que ces graves divergences brisent la communion car si la tunique du Christ a été tirée au sort, elle n’a pas été déchirée.
Je ne crois pas que les querelles de calendrier ou de rituel ou de discipline interne à chaque église puissent valablement servir de prétexte au fait de ne pas obéir à l’ordre d’unité exprimé par le Seigneur et que, de cela, nous devrons en rendre compte, collectivement et individuellement.
Certains diront sans doute : « mais que fait-il encore dans l’Eglise romaine ? » (comme j’ai pu le lire sous la plume d’un lecteur de ce forum qui se demandait au nom de quelle fidélité)
La réponse est simple. La fidélité de l’amour. D’une part parce que je me fait un devoir de « fleurir où Dieu m’a planté » même s’il y pousse des plantes indésirables, d’autre part parce que si ma maison flambe, j’espère avoir le courage d’en sortir le dernier après tous ceux que j’aime.
Depuis longtemps, j’ai cessé d’imaginer que la quête du salut soit affaire individuelle. Sinon, je ne serais pas père de famille.
Merci à ceux qui auront eu la patience de me lire et, parmi eux, à ceux qui voudront bien entamer un dialogue fraternel. Non dans une intention de conversion mutuelle que, personnellement, je bannis de ma démarche.
Mais dans une sorte de prière à plusieurs voix pour, avec Sa grâce, parvenir à répondre à Son attente.