Rémission des pêchés

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Steve G
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Rémission des pêchés

Message par Steve G »

Bonjour à tous.

(je suis déjà intervenu sur ce forum de manière maladroite, sous un autre pseudo et ai mérité il y a quelques mois une exclusion.
Lecteur Claude et Antoine sauront m'identifier: je leur fait mes plus plates excuses et espère pouvoir à nouveau poser mes interrogations sur ce forum)

(mon nouveau pseudo est composé de mon vrai prénom et de la première lettre de mon nom de famille.)


Fin des parenthèses, voici mon interrogation:

"Ceci est mon corps livré pour vous et la multitude en rémission des pêchés"
Que recouvre le terme "rémission" ? La miséricorde divine ne suffisait-elle pas pour le pardon des pêchés ?
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

En médecine, une rémission est un début de guérison...
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Ivan
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Message par Ivan »

Non.
En médecine, une rémission n'est qu'une mise en sommeil de la maladie, une stabilisation temporaire.
On emploi ce terme soit parce qu'on sait de façon certaine que la maladie récidivera, soit quand on ne sait pas si la guérison est certaine, ce qui nécessite un certain recul.
Antoine
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Message par Antoine »

"Ceci est mon corps livré pour vous et la multitude en rémission des pêchés"
Que recouvre le terme "rémission" ? La miséricorde divine ne suffisait-elle pas pour le pardon des pêchés ?
Le corps livré est justement l'expression de cette miséricorde. La kénose divine se manifeste par l'incarnation et la passion, la Gloire par la Résurrection.
Mais la miséricorde divine ne suffit pas: elle est soumise à l'acceptation de l'homme. Il faut encore que l'homme accepte cette miséricorde, et cela est le long processus de la metanoïa.
Ivan
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Message par Ivan »

Effectivement, le terme ne doit pas être entendu au sens médical où il n'appartient pas au patient d'accepter ou de refuser sa guérison
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

“pour la rémission” pourrait aussi bien être traduit par “pour l’effacement” de nos péchés, ou “pour leur annulation”. Mais il est préférable de parler de “rémission” puisque nous disons dans le “Notre Père” “et remets-nous nos dettes...” Remettre, c'est la rémission. Le problème est que les catholiques (je prends ici ce terme au sens administratif et sociologique traditionnel) ont alourdi la mentalité occidentale de conceptions pénales culpabilisantes. Ce n’est pas du tout la signification de ce mot dans le langage courant.

Mais oour les Pères le Fils unique et Verbe de Dieu, devenu par son incarnation le Dieu-homme, a anéanti la mort par sa mort volontairement subie et restauré la dignité antique de notre nature contaminée par la déchézance d’Adam. Certains Pères comparent cet étrange retournement à une ruse de pêcheur : Le Christ, qui est la Vie, a pris la mort à l’hameçon de sa croix (ce devait être la forme des hameçons de l’époque).

Une miséricorde purement morale (un apitoiement) n’aurait pas suffi à l’effacement des péchés de la nature humaine. Elle n’est pas purement morale dans la mesure où Dieu s’est fait participant de toute la nature humaine, à commencer par sa chair que la Vierge Marie Lui a tissée en son sein. Il ne demande que notre foi en “échange”, foi qui se manifeste par l’acceptation de la rémission de nos péchés dans l’eau du Baptême. Nous avions des dettes envers Lui dans la mesure où nous nous sommes laissé lier, séduire aux éléments de ce monde et aux tentation inspirées par les démons. Nous n'étions pas seulement malades, nous nous sommes donnés à la servitude. Et il demande comme preuve de notre Retournement que nous remettions les dettes que nos prochains peuvent avoir à notregard. Alors il peut remettre les nôtres.

Je ne peux que conseiller de lire le texte de “l’anaphore” de saint Basile. (ce qu’un catholique appellerait le texte du “canon” de la Liturgie euxharistique”). Ce texte, transmis par la Tradition apostolique aux évêques de toutes les Églises du Christ pour leur enseigner à célébrer la Liturgie eucharistique, récapitule tout ce qu'on peut dire sur le Mystère du salut.

Le salut octroyé par le Seigneur, à la fois le Fils unique et Verbe de Dieu et en même temps le prototype du genre humain, ne s’arrête pas là. En montant aux cieux revêti de notre humanité il nous fait co-héritiers de la nature divine. Il nous fait asseoir avec Lui sur son trône, à la droire du Père. Il s’agit donc de beaucoup plus que d’une simple restauration de la nature humaine. Enfin il nous envoie l’Esprit saint pour accomplir la déification de l’homme et faire de l’Église répandue sur toute la terre le peuple des Élus.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Steve G
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Continuité sacrifices de l'AT/sacrifice du Christ dans le NT

Message par Steve G »

Merci à tous pour les réponses et à JLP .

Continuité sacrifices de l'AT/sacrifice du Christ dans le NT

Anselme permet de répondre chez les chrétiens hétérodoxes à cette question mais je suis dans l'ignorance des réponses orthodoxes à celle-ci.

L'explication anselmienne [sacrifice du Fils pour un Père justicier] donne une réponse qui semble cohérente: continuitée de l'ancien testamentavec le NT , où des sacrifices d'animaux sont faits pour satisfaire Dieu préfigurant "et en attendant" le vrai sacrifice efficace "qui rendrait justice à Dieu" (du NT).

Depuis que je creuse l'enseignement orthodoxe sur Dieu et son Eglise,
j'ai toujours trouvé plus de cohérence dans les réponses apportées par l'orthodoxie par rapport aux autres "églises" chrétiennes.

En orthodoxie, comment est expliquée la continuité avec les sacrifices de l'AT ? Où n'est-ce pas plutôt une continuité/discontinuité par renversement du sacrifice, celui-ci étant fait dans le NT pour l'humanité plutôt que pour le Père, disons sacrifice/témoignage "louangeux" vers le Père (sacrifice qui glorifie Dieu) au bénéfice de l'humanité ?
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur.
Antoine
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Message par Antoine »

L'explication anselmienne [sacrifice du Fils pour un Père justicier] donne une réponse qui semble cohérente: continuité de l'ancien testament avec le NT , où des sacrifices d'animaux sont faits pour satisfaire Dieu préfigurant "et en attendant" le vrai sacrifice efficace "qui rendrait justice à Dieu" (du NT).
L'orthodoxie ignore (c'est à dire n'accepte pas) cette théologie de la satisfaction étrangère aux Pères. Il n'y a pas de "continuité de sacrifice" entre AT et NT au sens où il y aurait, par cette continuïté, une justice divine à satisfaire par des sacrifices, chaque sacrifice nouveau étant plus pur que le précédent jusqu'au sacrifice parfait du Christ.

Prenons le récit non pas d’un sacrifice d’animal , mais de celui d’Isaac par Abraham : (Car il faudrait aussi demander à Anselme quelle cohérence pourrait avoir, dans la perspective de l’apaisement du courroux divin, la régression à un sacrifice d’animal après le récit de celui que fait Abraham …)


- Dieu dit à Abraham : « Prends ton Fils bien aimé, cet Isaac que tu as chéri » (Gn 22)
Ceci reprend les mêmes mots que ceux du baptême du Christ .

- Le troisième jour, il arriva au lieu que Dieu lui avait indiqué.(Gn 22,4)Le troisième jour est celui de la Résurrection et non pas celui du sacrifice. La croix n’est pas séparable de la Résurrection et la Résurrection éclaire tous les récits de la passion. Toute la semaine sainte orthodoxe est axée vers la Résurrection.

- Restez ici avec l’ânesse, moi et l’enfant nous irons là bas et quand nous nous serons prosternés nous reviendrons vers vous (Gn22,5)
Abraham a prophétisé ce qu’il ignorait car dans la logique du sacrifice il devait revenir seul une fois Isaac sacrifié.

- Il prit le bois pour l’holocauste et en chargea son Fils Isaac.(Gn 22,6) tout comme le Christ porta le bois de la croix. Abraham accompagne son fils comme le Père accompagnait le Christ.: Jean 16,32 écrit en effet : «Vous me laissez seul mais je ne suis pas seul : le Père est avec moi.»

Puis au moment du sacrifice l’Ange apparaît et dit : « N’étends pas la main sur l’enfant, ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, toi qui n’as pas épargné ton Fils bien aimé pour moi »( Gn 21,12.)
St Ambroise de Milan commente : « Autrement dit : J’ai examiné tes sentiments à mon égard mais je n’ai pas réclamé un acte »
« Je n’ai pas réclamé un acte » Il est bien clair que la préfiguration n’est pas dans la valeur du sacrifié n’en déplaise à Anselme. L'acte n'est pas réclamé et à fortiori pas en vue d'un apaisement du courroux divin ni de la réparation d'une offense.
De plus Anselme fait une lecture de la passion séparée d'avec la Résurrection, ce qui est une rupture radicale d’avec l’enseignement des Pères. La Résurrection n’est pas l’équivalent nouveau testamentaire de l’arrêt vétérotestamentaire par l’ange de la main d’Abraham.

Le sacrifice d'Abraham ne peut pas s’interpréter dans la perspective d'une gradation du sacrifice par une gradation de la perfection du sacrifié en vue de la satisfaction infinie du courroux infini de Dieu comme le fait Anselme.
En revanche la continuité entre AT et NT se trouve dans l’accomplissement des préfigurations par le Christ à condition bien sûr de lire l’AT. à la lumière du NT.

Le Christ ne s'est pas incarné pour se faire crucifier. Il s'est incarné bien que sachant qu'il serait crucifié. Il s'agit d'un don et non pas d'un . La finalité de l'incarnation est l'union de la nature divine à la nature humaine et non pas la satisfaction du courroux divin. C'est l'adage patristique bien connu: Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. Ceci est l'oeuvre commune de la Trinité et non pas le sacrifice du Fils seul pour le Père seul.
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