Le Nouvel Israel, qui est-ce?

[luzortodoxa]

A l'heure que la prophetie qui annonçait le retour d'Israel sur sa terre s'est accomplie (l'on voit son accomplissement par le fait que les juifs retournent en Israel), je me demande une chose parceque j'ai un doute. L'eglise orthodoxe dit-elle qu'elle est le nouvel israel? et si oui, comment expliquer le fait que ce sont les juifs qui sont retournés sur leur terre?Cela veut il donc dire que ce sont eux Israel et non pas l'eglise? SVP, peut etre mes questions ne sont elle pas pertinentes mais j'ai vraiment des doutes. Merci.

[augustin717]

Mais, quand meme, L'Eglise Orthodoxe, on dit, est le plus grand proprietaire de terres, en Israel :lol:

[Jean-Louis Palierne]

L’État d’Israël n’est pas le judaïsme moderne, et le judaïsme moderne n’est pas la tradition hébraïque.

À l’époque où le Verbe s’est incarné d’une vierge de la Maison de David, le monde juif était partagé en un nombre très important de groupes très divers par leur orientation religieuse, leurs pratiques, leurs cultures etc. Il y avait des Pharisiens, des Sadducéens, des Sadocites et beaucoup de Juifs de la dispersion parlaient des langues diverses. Ce monde foisonnant était très fécond et il était très célèbre dans tout le monde méditerranéen (et même au-delà) et très turbulent. La personne même de Jésus le mettait en danger. “Les Grands Prêtres” complotèrent contre Lui et Jésus, se laissant arrêter, se livra entre leurs mains. À l’instant où sur la Croix il mourut dans la chair, le voile du Temple se déchira. Le judaïsme était dès lors en état de survie.

La puissance romaine engagea plusieurs campagnes pour venir à bout de ce peuple irréductible. Titus rasa Jérusalem et le Temple (il y fallut un énorme travail). Les Juifs de Palestine furent exterminés ou déportés. Le judaïsme de la dispersion n’en fut guère affecté. Mais il se transmettait dans des écoles rabbiniques selon l’enseignement hérité des pharisiens. Ce monde de la dispersion s’était replié sur lui-même et ne pratiquait plus le prosélytisme. Cependant une nouvelle population juive apparut en Europe orientale et centrale, et le monde juif se partage depuis lors entre Sepharadim et Ashkenazim.

Pendant ce temps la Palestine ne connaissait plus un peuplement juif important. Mais elle était devenue un centre de pélerinages important pour tous les chrétiens. Jérusalem devint le cinquième patriarcat et acquit une grande influence dans le monde chrétien, en particulier dans le domaine liturgique.

La conquête musulmane laissa une certaine autonomie aux populations chrétiennes locales et accorda des privilèges importants (en particulier fonciers) au patriarcat de Jérusalem, grâce à l’habileté du patriarche saint Sophrone. Ces privilèges furent confirmés par les Turcs. Le régime impérial russe devait plus tard se montrer fort généreux à l’égard du patriarcat.

Cependant l’administration du Patriarcat était tombée sous la turcocratie entre les mains d’une “Fraternité du saint Sépulcre” qui confisquait au profit des Grecs la totalité des sièges épiscopaux. Cette “Fraternité” était si jalouse de son pouvoir qu’elle chassait de Palestine les Palestiniens chrétiens qui avaient le malheur de se faire moines. Le clergé paroissial marié pouvait, lui, rester palestinien.

Dans la dispersion juive, parmi les Juifs ashkenazim apparut à la fin du XIXème siècle un mouvement prônant le retour dans la Terre Promise et la création d’un territoire servant de refuge aux Juifs opprimés. Ce fut le sionisme. Longtemps très limité, il put passer à une vitesse supérieure après le Seconde Guerre mondiale et constituer l’État d’Israël. Il faut toutefois se souvenir qu’il ne représente qu’une petite minorité dans le judaïsme à l’échelle mondiale.

Cependant le patriarcat reste titulaire, à titre privé, de terrains et d’immeubles très importants dans toute la Palestine. Il serait dit-on le plus grand propriétaire en Israël. Des promoteurs ont réussi à écorner une partie de ce patrimoine en acquérant des terrains situés dans la Vieille Ville de Jérusalem, en abusant le précédent patriarche, qui fut déposé par le Synode, puis avec l’approbation des Églises orthodoxes autocéphales.

Après cette déposition, un nouveau patriarche a été élu. Peu de temps après son élection il a proposé au Saint Synode de choisir un nouvel évêque arabe. C’est bien sûr un moine vivant à l’étranger qui fut élu. Trois autres de ces moines “en exil” furent élevé au rang d’archimandrites, ce qui en pratique signifie candidats à l’épiscopat. Enfin un prêtre marié a été nommé secrétaire du Saint Synode.

[luzortodoxa]

Je respecte vos connaissances historiques cependant cela ne repond pas a ma question. Si Dieu a dit que de nouveau Israel retournerait sur sa terre, comment cela se fait il que ce soi les juif qui y sont retournés et pas les chretiens? Israel est il égal aux juifs? L'eglise est elle le nouvel israel?

[Anne Geneviève]

En attendant une réponse plus détaillée...
Où diable avez-vous vu que le "nouvel Israël" retournerait "sur sa terre"? Aucun texte ne dit cela, pas même les prophètes !
Pour retourner, il faut d'abord y avoir été et je ne vois guère à quoi servirait d'entasser tous les chrétiens sur la petite bande de terre entre Jérusalem et le lac de Tibériade ! On ferait comment, techniquement ? On les entasserait les uns sur les autres ? Ou avez vous la nostalgie des croisades ? Tuer au nom de Dieu, ah la belle idée, ma foi ! Rappel pour vous aussi de la citation chère à notre lecteur Claude : "Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme". Je cite de mémoire.
Vous cherchez quoi, dans ce triturage de prophéties ?

[luzortodoxa]

Ce n'est pas un "triturage" de propheties je cherche juste une explication au fait que dans les prophetes Dieu dit qu'apres des tribulations Il ramenera son peuple sur sa terre tout comme le montre le passage d'ezechiel et pas que ce passage ci: Eze 11:17: "C'est pourquoi tu diras : Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Je vous rassemblerai du milieu des peuples, Je vous recueillerai des pays où vous êtes dispersés, Et je vous donnerai la terre d'Israël."
Si l'on regarde par rapport au contexte c'est expliqué que Dieu parle à son peuple qu'il fera revenir en terre d'Israel, or, de nos jours ce sont les juifs qui sont revenus sur leur terre alors je me demande simplement si cela veut dire que son peuple c'est les juifs et non pas les chretiens puisque ce sont eux qui ont ete dispersés puis ramenés sur leur terre. D'ou la question, l'eglise orthodoxe dit elle qu'elle est le nouvel israel? dans ce cas, pourquoi le peuple Israel qui est revenu en Israel ce sont les juifs?
C'est cela ma question, apres si vous ne voulez pas repondre ou vous ne savez pas et bien soit, mais désolée de vous dire que je ne regrette pas du tout les croisades et que je ne suis pas une extremiste, je cherche juste a comprendre c'est tout.

[Jean-Louis Palierne]

Je crois que luzortodossa a parfaitement raison de reposer sa question à laquelle je n’avais pas répondu clairement. Il est dit que le Seigneur (il ne faut pas traduire par “l’Éternel” comme le font les Protestants pour rendre de l’hébreu le Nom qui était imprononçable pour les Juifs. Notre texte est le texte grec, qui dit “Kyrios”, c’est-à-dire le Seigneur) rassemblera son Peuple sur la terre d’Israël. Mais il s’agit dans ce type prophétie du Jour du Seigneur, la Parousie, ou des événements qui le précéderont immédiatement. Et la Terre d’Israël est l’Église. Car avant le Retour du Seigneur, les Juifs reconnaîtront que le Christ était leur Messie. En interprétant ces prophéties littéralement, dans le temps et dans l’espace, certains Juifs prônent la restauration d’ISRAêl. Mais pour nous la signification principale est eschatologique, et nul ne connaît ni le jour ni l’heure, et pas plus l’où et le comment.

Pour nous, notre seul devoir est de trouver le Seigneur dans l’Église.

[luzortodoxa]

Je vous remercie pour votre réponse qui m'aide à y voir un peu plus clair.

[Anne Geneviève]

Ma chère Luzorthodoxa

Je maintiens que votre intérêt pour les prophéties, nouvel Israël, antichrist et que sais-je, n’est pas très sain. Je répète donc sur ce fil ce que j’ai dit à propos de l’Apocalypse dans le fil « Acheter et vendre… » sur le danger d’interpréter une typologie symbolique, spirituelle, par un concordisme événementiel. C’est très bien si l’on cherche à discerner le sens spirituel de l’événement mais ça fait 2000 ans qu’on se plante régulièrement en essayant d’y mesurer le temps qui reste avant le Second Avènement.
Les prophètes de l’A.T. n’ont jamais parlé du nouvel Israël. Leur coup d’œil dans le futur, à part Ezéchiel dans un unique passage (les os secs), n’a pas dépassé l’incarnation du Christ. Le retour prophétisé par Ezéchiel, c’est la reconstruction du Temple, annoncée alors que les Juifs ont été déportés à Babylone. Même chose chez les petits prophètes. C’est à dire que le temps qu’ils font espérer est celui qui va d’Esdras (1ère étape) à l’avènement du Christ. Après quoi, la vocation particulière d’Israël, qui était de préparer une femme comme un arbre porte fruit pour que Dieu s’incarne en elle (mission accomplie, et ô combien !), cette vocation n’a plus lieu d’être et la spécificité juive non plus. L’Eglise est devenue le nouvel Israël dans la mesure où elle est, selon le Christ lui même, lumière du monde et sel de la terre. C’est encore une phase de préparation mais qui n’est plus liée à un lieu (Sion), à un lieu de culte unique (le Temple) et à un engendrement par la chair. Ce n’est pas une nouvelle incarnation qui se prépare, mais le mouvement inverse, la déification de l’homme, l’entrée de l’humanité dans l’intimité divine. Cela se passe par un travail à l’intérieur de tous les peuples, partout, démultipliant les lieux de culte pour un engendrement de l’eau et de l’Esprit. C’est en ce sens d’une mission à accomplir pour la prochaine étape du salut que l’Eglise est le nouvel Israël. A quoi servirait dans cette perspective de se presser entre Jérusalem, Tibériade et la mer morte ?
Israël n’est pas le nom d’une terre, d’un lieu précis, mais le nom d’un peuple, un nom d’homme(s). La bande de terre entre le Jourdain et la mer s’est appelée au cours des siècles Chanaan, Palestine (terme qui vient des Philistins), Judée (+ Galilée et Samarie), Sion. Même quand il y a eu les deux royaumes, Israël et Juda, ils prenaient leurs noms des tribus, donc des liens familiaux et ancestraux, c’était toujours un nom d’homme(s) et pas un nom de terre.