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Publié : mer. 08 mars 2006 16:37
par isidore
je vous ai compris madeleine !
Simplement je voulais dire que pour le sacerdoce on acceptera des personnes de diverses tendances ,mais evidemment elles devront se conformer a la regle de chasteté tout en sachant ce qu'ils sont !! A mon sens ,c'est le cas mais beaucoup ont peur d'avouer leur etat a leur eveque !Qu'en pensez vous ?

Publié : jeu. 09 mars 2006 1:08
par Antoine
Simplement je voulais dire que pour le sacerdoce on acceptera des personnes de diverses tendances
1) il ne s'agit pas de "tendances". En disant cela nous mettons nécessairement ces "tendances" sur pied d'égalité en les réduisant justement à de simples "tendances". C'est aller un peu vite; c'est émettre des slogans en lieu et place de penser; c'est retrancher toute théologie du débat.

2) D'où tenons vous qu'il est admis dans l'orthodoxie d'ordonner prêtres des homosexuels? Car il s'agit ici d'orthodoxie. Avons-nous vérifié sur le plan canonique, théologique, spirituel, scripturaire?

A mon sens ,c'est le cas mais beaucoup ont peur d'avouer leur etat a leur eveque !Qu'en pensez vous ?
Il n' y a rien à en penser. Nous ne pouvons pas nous immiscer entre eux et leur évêque et juger de ce dont ils ont peur ou non de confesser à leur évêque. Evitons de personnaliser ce débat et de tomber dans du psychologisme de bas étage.
Un prêtre orthodoxe est en principe soit marié soit moine. Et il se marie avant de devenir prêtre ou est moine avant de devenir prêtre. Cela a un sens et n'est pas une convenance disciplinaire. La question d'une compatibilité de l'homosexualité avec la prêtrise ne se pose donc pas telle que présentée dans les messages précedents. On ne "devient" pas prêtre comme on "devient" facteur ou ingénieur. Dans le premier cas il s'agit réellement d'un "devenir" , c'est à dire qu'"être" et "prêtre" sont une seule et même chose; dans le second être et facteur ne sont pas une seule et même chose: un facteur peut "devenir" ingénieur et vice versa.
Il ne s'agit donc pas de savoir si un homosexuel peut "devenir" prêtre, mais de savoir si la prêtrise en soi, théologiquement est compatible avec l'homosexualité. Or avant de répondre , il conviendrait d'examiner d'abord ce qu'est la prêtrise, ce qu'elle requiert (nous avons des canons pour nous borner) , et de quelle nature est le sacerdoce. Ensuite examiner ce que signifie "une seule chair".

Publié : jeu. 09 mars 2006 10:14
par Anne Geneviève
Mon cher Isidore

J’ai simplement rectifié ce que disait Madeleine des vœux des religieux cathos en précisant ceux des Bénédictins d’après leur règle. A ma connaissance, il n’y a pas de monastères orthodoxes suivant la règle de saint Benoît. Peut-être y en a-t-il un chez les Coptes mais encore, je n’en suis pas sûre, j’ignore si le père abbé de Bois Aubry a gardé son ancienne obédience en changeant d’omophore.
Pour ce qui est de l’Eglise orthodoxe, relisez le post du lecteur Claude qui explique très clairement les canons.
Chez les ktos, prêtres et évêques sont astreints au célibat qui implique l’abstinence sexuelle.

L’homosexualité est explicitement condamnée dès l’A.T. Exemple en Lévitique 18-22 : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme ; ce serait une abomination. »
On peut citer aussi le canon 16 du concile d’Ancyre de 314, le canon 72 du concile d’Elvire vers 300, le canon 3 du concile de Tolède de 693 qui en font un motif d’éloignement de la communion à vie.
Désolée si ça vous embête, mais ce n’est pas moi qui les ai inventés, je n’étais point née à l’époque !

Publié : lun. 13 mars 2006 11:27
par Anne Geneviève
J’ai conscience que rappeler simplement et brutalement les interdictions canoniques ne répond pas totalement à la question de l’homosexualité si l’on n’essaye pas de dire pourquoi cette condamnation existe, en quoi il ne s’agit pas d’arbitraire culturel ou d’homophobie sociale.

Une première chose à rappeler avant d’entrer dans le sujet : être pécheur, ce n’est pas être coupable comme celui qui transgresse une loi + ou – arbitraire, un code de bonne conduite sociale. Il faut sortir complètement de cette notion de culpabilité pour revenir à la question ontologique. Le péché, c’est ce qui dans les débuts de l’humanité a tordu la nature humaine, l’a déformée, entraînant la souffrance et la mort.
Le merveilleux poème de la création qui ouvre le livre de la Genèse est très clair quant à la création de l’humanité dans le dessein divin : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa. » Puis, immédiatement « Dieu les bénit et Dieu leur dit : soyez féconds et prolifiques… » Le verbe hébreu bara, que l’on traduit par créer, est un verbe tout à fait spécial qui n’apparaît que dans ce texte et ne peut avoir comme sujet que Dieu. Et ça, les Massorètes n’y ont pas touché. Donc, quand le texte précise que Dieu les bara mâle et femelle alors qu’existent déjà tous les animaux sexués, c’est qu’il y a dans la sexualisation de l’homme quelque chose qui n’est pas chez l’animal.
Un argument classique des homosexuels, c’est que l’homosexualité existe dans la nature, chez les canards, les vautours, voire chez les chiens, etc. Et c’est exact. C’est un comportement statistiquement très minoritaire et qu’on explique assez bien en termes de phéromones par exemple. Cela va même plus loin. J’ai déjà vu des chiens exprimer leur affection en mimant l’acte sexuel sur… la jambe de leur maître. Un caniche, ça va. Mais si vous n’avez jamais été l’objet de ces débordements affectueux de la part d’un bouvier des Pyrénées, 80 kg de bons muscles et la taille d’un veau, vous ne savez pas ce que c’est que l’émotion canine !
La sexualité animale est un mécanisme assez simple dans son principe mais relativement complexe dans sa mise en œuvre, avec des déclencheurs chimiques, visuels, olfactifs, etc., un rituel immuable à l’intérieur de chaque espèce. C’est cette relative complexité qui autorise des déclenchements aberrants – en général parce que l’animal n’a pas à sa disposition une gamme de comportements très diversifiés pour exprimer son ressenti.
Venons en à l’homme.
Le poème de la création est très mystérieux dans son usage du singulier et du pluriel. Singulier : à son image, à l’image de Dieu ; pluriel : mâle et femelle. On semble passer de la nature humaine, au singulier générique, image de Dieu, à l’humanité plurielle, la pluralité des personnes ou sa potentialité au travers de la différenciation sexuelle. Et c’est là, seulement là, que Dieu bénit sa créature et lui dicte son « programme » royal. Dans lequel la fécondité humaine n’est pas la conséquence mécanique de la sexualité biologique mais le fruit d’une bénédiction divine qui est en même temps le tout premier commandement. Et nous savons par toute l’histoire des civilisations que la fécondité humaine dépasse largement le fait d’avoir des petits.
Mais l’unité de base de l’humanité, si je peux m’exprimer ainsi, c’est le couple. C’est Adam et Eve ou, plus exactement, Ish et Isha, lui et elle, en Eden. Mais ce n’est pas le couple humain tout seul, c’est ce couple en relation intime avec Dieu. Et même après la chute : à la naissance de son premier enfant, Eve s’écrie : « J’ai mis au monde un homme, avec le Seigneur ! »
Le monachisme, en tant que vocation bénie de Dieu, est apparu avec l’incarnation du Verbe divin ; avec Jean le Baptiste, très précisément. Ce n’est pas entièrement nouveau dans l’histoire de l’humanité mais les ascètes de l’Inde ou du bouddhisme* n’avaient ni les mêmes motivations ni les mêmes buts que Jean puisqu’il leur manquait la révélation du Dieu personnel.
Une des conséquences de la chute, c’est l’animalisation de l’humanité : les processus biologiques communs avec l’animal, au lieu d’être gérés et modulés par le noûs, ont repris une autonomie et une tyrannie analogue à ce qui se passe chez l’animal. On a donc vu (je balise les grandes avenues, désolée pour les nuances) revenir dans l’humanité des comportements typiques de l’animal mais sans les limites naturelles que sont par exemple la période de rut ou les rituels de parade. Et par conséquence des déclenchements aberrants, voire même des fixations sur des déclencheurs aberrants. Et comme ces fixations ne sont pas conscientes, il n’est pas forcément aisé de redresser la barre. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en dehors de la bénédiction donnée à bon escient et qui réitère la situation originelle, la création du couple humain, toute la sexualité humaine est touchée par la chute – comme tout en l’homme. Et la réaction puritaine qui tend à faire de la sexualité (ou du plaisir en général) la source du péché en soi en est peut-être l’illustration paradoxale ! Car touchée par la chute ne signifie pas que l’on doive culpabiliser et rajouter des sacs de nœuds psychologiques. Mais que ce qui est tordu reste à redresser.
L’homosexualité est l’un des comportements qui manifestent visiblement cette torsion de la nature humaine.
Pour le dire d’un mot plus familier, c’est un péché et un fruit du péché.
Voilà pourquoi un prêtre doit être avant son ordination soit marié soit moine ; et dans aucune autre situation sexuelle. Voilà pourquoi il renonce au sacerdoce s’il contracte un second mariage.

*Prière de ne pas voir des démons partout. L’alliance de Noé est une véritable alliance.

Publié : lun. 13 mars 2006 11:51
par Glicherie
Sur la question de l'homosexualité, et de la sexualité en général du point de vue de la théologie orthodoxe, je vous conseille la lecture de cet essaie du Père Marc Antoine (Doyen de la Métropole Roumaine):

http://christophe.levalois.free.fr/fich ... ntoine.pdf

Publié : lun. 13 mars 2006 15:06
par Antoine
Merci de ce rappel du texte du Père Marc Antoine. Ce texte a déjà été mentionné par Jean-Louis Palierne le Jeudi 22 déc 2005 16h54 à la rubrique "Une prise de position courageuse sur l'homosexualité" :
viewtopic.php?t=1659
Jean-Louis Palierne y fait de plus une présentation rapide des points essentiels.
Lorsqu'on met un texte sur le forum, il est bon de l'accompagner d'un commentaire. En quoi votre message est-il une réponse à Anne Genneviève ?

Publié : lun. 13 mars 2006 15:31
par Glicherie
En rien! Mon message s'adresse surtout à "isidore" qui ne semble pas connaitre la fonction recherche. N'ayant plus le souvenir du fil où Jean-Louis Palierne à indiqué ce texte, j'ai mis rapidement un lien.
Trop lapidaire, j'en conviens. Pardonnez-moi.

Re:

Publié : jeu. 21 janv. 2010 1:01
par adam
isidore a écrit :merci monsieur palerme !!
Le pape actuel des kato as interdit l'homosexualite chez les pretres ,mais pour le chretien l'a t il dit?
Quelques mois en arriere ,nous avons lu que en grèce il y a eu des scandales d'eveques homosexuels,ont ils abandonné leur sacerdoce?
Connaissez vous des ecrits de Saints ,enseignant sur le sujet
Je doute que le pape des "katos" comme vous dites soit un très grande référence en la matière.

Par ailleurs, il n'a, à mon sens, aucune légitimité à interdire quoi que ce soit, mais cela n'est que mon point de vue.

D'ailleurs, je m'interroge bien pourquoi l'on ne parle jamais de l'homosexualité féminine....

PS: Ce que vous appelez "scandale avec des prêtres homosexuels" ne serait-ce pas plutôt des pédophiles??
Au cas ou vous ne seriez pas informé, ce sont là deux choses bien distinctes.

Re: Re:

Publié : jeu. 21 janv. 2010 10:53
par Claude le Liseur
adam a écrit : D'ailleurs, je m'interroge bien pourquoi l'on ne parle jamais de l'homosexualité féminine....


Très bonne question, et la réponse est simple: parce que toutes les sociétés ont à l'égard de celle-ci des tolérances qu'elles n'ont pas à l'égard de l'homosexualité masculine (cf. Eve Levin, Sex and Society in the World of the Orthodox Slavs, 900-1700, Cornell University Press, Ithaca 1995 [1re édition Ithaca 1989], pp. 203-204).

Re: Re:

Publié : jeu. 21 janv. 2010 20:56
par adam
Claude le Liseur a écrit :
adam a écrit : D'ailleurs, je m'interroge bien pourquoi l'on ne parle jamais de l'homosexualité féminine....


Très bonne question, et la réponse est simple: parce que toutes les sociétés ont à l'égard de celle-ci des tolérances qu'elles n'ont pas à l'égard de l'homosexualité masculine (cf. Eve Levin, Sex and Society in the World of the Orthodox Slavs, 900-1700, Cornell University Press, Ithaca 1995 [1re édition Ithaca 1989], pp. 203-204).
Si j'osais, je pousserai la question jusqu'à dire que ce n'est pas parce que les sociétés tolèrent que le Seigneur l'accepte...

Mais ayant une opinion assez arrêtée sur la question et ne désirant pas lancer de vaines polémiques, je n'irai pas plus loin dans mon raisonnement ici.

Re: Re:

Publié : jeu. 21 janv. 2010 22:18
par Claude le Liseur
adam a écrit : Si j'osais, je pousserai la question jusqu'à dire que ce n'est pas parce que les sociétés tolèrent que le Seigneur l'accepte...

Certes, je vous l'accorde, ce n'est pas parce que les sociétés tolèrent une chose que le Seigneur l'accepte pour autant.

Re:

Publié : sam. 27 mars 2010 21:01
par sabeth
Anne Geneviève a écrit :Les trois voeux bénédictins ne sont pas ceux que l'on croit généralement. Il s'agit de voeux de "pauvreté" (en fait, de non possession), de stabilité en un lieu et d'obéissance à la règle. La continence sexuelle est incluse dans ce dernier.
Chère Anne Geneviève, ayant fait moi-même deux expérience dans des monastères bénédictins ou cisterciens, je me permets de corriger :
les bénédictins font voeu d'obéissance, de "conversion des moeurs" incluant tacitement la pauvreté et la chasteté, et de stabilité dans leur
communauté d'origine.

Re: Prêtre orthodoxe et divorce

Publié : sam. 27 mars 2010 21:15
par Anne Geneviève
Alors ils ont changé au cours de l'histoire.

Pardonnez-moi, mais comme certains ici vous le diront, je suis un tantinet mérovingienne. Et passé le XVe siècle, en ce qui concerne l'occident, je suis aisément larguée... j'en étais restée à la seconde rédaction de la règle par l'autre Benoît, celui d'Aniane.

Re: Prêtre orthodoxe et divorce

Publié : mar. 27 sept. 2022 1:11
par Claude le Liseur
L'interdiction pour un prêtre veuf ou divorcé de se remarier procède sans doute d'une considération pastorale: le désordre que pourrait produire dans une paroisse la nouvelle que le prêtre desservant cherche à se remarier.
Je m'étonne que l'on étende sans discernement les règles qui concernent les prêtres aux diacres, dans la mesure où, en réalité, les diacres n'ont pratiquement plus de responsabilités pastorales.

J'ai eu connaissance récemment de deux cas de prêtres divorcés qui ont renoncé au sacerdoce pour pouvoir se remarier, dans le cadre de l'Archevêché orthodoxe grec d'Amérique. Les deux prêtres n'ont pas été stigmatisés et sont partis en bons termes avec leur hiérarchie. Dans l'un des deux cas, le deuxième mariage a été célébré par un prêtre de l'archevêché, assisté d'un choeur dans lequel chantaient le père et le frère du "défroqué", eux-mêmes prêtres de ce même Archevêché.

Voici le premier cas (il remonte à 2003, mais j'en ai eu connaissance en 2022) https://www.tampabay.com/archive/2003/0 ... -up-collar

L'autre cas remonte à 2008. Très émouvant. L'ex-prêtre et sa nouvelle épouse avaient l'air d'être de très bonnes personnes.

https://www.nytimes.com/2008/06/01/fash ... 1vows.html

De telles situations vont se multiplier dans la mesure où la durée de vie est plus longue, et par là même le risque de divorce. J'ose espérer que toutes les juridictions feront preuve de la même sagesse que l'Archevêché orthodoxe grec d'Amérique et éviteront de faire des difficultés aux clercs qui se trouvent dans une telle situation.

L'Archevêché orthodoxe grec d'Amérique suit la même pente de déclin que l'Orthodoxie en général (chute de 481'921 fidèles en 2010 à 375'972 en 2020, soit 22% de moins en dix ans), mais nul n'a le droit d'oublier ses efforts remarquables dans le domaine pastoral et éducatif. Cet archevêché comptait encore 534 paroisses en 2020, et certaines de ces paroisses ont des effectifs inimaginables en Europe occidentale: six paroisses comptent plus de 700 fidèles à chaque liturgie du dimanche. L'église Saint-Georges de Piscataway, dans le New Jersey, compte ainsi 6'500 fidèles inscrits, et pas moins de 525 fidèles à chaque liturgie du dimanche. Tout est plus grand en Amérique, mais l'écart est très grand avec ce que nous pouvons connaître en Europe occidentale. Dans ce cas particulier, le déclin de ce grand diocèse, continu malgré les efforts d'un clergé bien formé et souvent dynamique, semble la conséquence de l'incapacité d'un grand nombre de fidèles à envisager le passage du grec à l'anglais comme langue liturgique, entraînant le départ des jeunes à chaque génération.

Source: https://orthodoxreality.org/wp-content/ ... eport1.pdf (rapport d'Alexey Krindach à la conférence des évêques orthodoxes d'Amérique)

Le 3 septembre 2018, le saint synode du patriarcat oecuménique de Constantinople a pris acte de la situation et autorisé les prêtres veufs ou abandonnés par leur femme à se remarier. En revanche, il ne permet pas le remariage aux prêtres qui ont quitté leur femme pour une autre. On voit qu'il s'agit d'une interprétation disciplinaire de règles dont je pense pour ma part qu'elles ont une origine pastorale.

https://greekreporter.com/2018/09/03/ec ... x-priests/


D'une manière générale, surtout dans les pays d'Europe occidentale où le clergé orthodoxe fonctionne essentiellement à titre bénévole, on devrait accorder plus facilement aux prêtres et aux diacres la possibilité de renoncer à leur ministère, au lieu de s'arc-bouter sur une interprétation littérale de certains canons disciplinaires de moins en moins en adéquation avec la situation présente.