Les canons augmentent-ils les pêchés des chrétiens?

Échangez vos idées librement ici

Modérateur : Auteurs

isidore
Messages : 19
Inscription : mar. 07 mars 2006 16:34
Localisation : rennes

Les canons augmentent-ils les pêchés des chrétiens?

Message par isidore »

bonsoir

Je m'interroge sur un coté peut-être "pervers" entre guillemets de l'instauration des canons !! Je ne remets pas en doute ou en question le bien fondé des canons ,mais je me pose des questions !!
Avant qu'un canon ,sur tel ou tel chose soit fait ,auparavant ce n'etait pas un pêché de ne pas respecter ce canon puisqu'il n'existait pas ,mais dès que le canon a été instauré ,sur tel ou tel règle ,la conséquence ne serait -elle pas qu'un pêché peut être commis si on respecte pas le canon? Alos qu'avant que le canon existe ,le pêché sur tel ou tel chose n'existait pas !!
ex; Avant que le canon soit créé par ex ,sur le celibat des évéques ,ou sur la maniére d'exercer ce ministère , je suppose que le éveques pouvait être marié ou avoir une vie intime avec une femme !! Avant la création du canon ,ce n'était pas un pêché ,mais dès qu'il a été fait ,ça devenait un pêché !! Je ne sais pas si je m'exprime convenablement ,mais c'est une refléxion qui mérite peut être d'etre faite!!
Trop de canons ,ne rend-il pas trop rigide la structure ? C'est sûr il faut trouver un équilibre !!
Qu'en pensez-vous ?
Antoine
Messages : 1782
Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

Des hommes mariés sont devenus évêques. Même l'apôtre Pïerre par exemple (qui n'a jamais été evêque) était marié. Il était marié avant d'avoir rencontré le messie.
Puis l'Eglise a décidé que les hommes mariés ne pourraient plus devenir évêques.
L'Eglise n'a pas connu d'évêque qui se soit marié après être devenu évêque. Votre exemple n'est donc pas bon, cherchez en un autre.
Quant au célibat des prêtres vous vous trompez de forum. Là vous êtes sur un forum orthodoxe et les hommes mariés peuvent dans l'orthodoxie devenir prêtres.

Qu'en pensez-vous ?
J'en pense que non, il n' y a pas trop de canons , ce sont les boulets qui sont trop nombreux!!
Dernière modification par Antoine le sam. 11 mars 2006 19:53, modifié 3 fois.
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Les canons ne sont pas une structure rigide. D’ailleurs le fait qu’au fil des siècles les canons reviennent à plusieurs reprises sur un même sujet montrent que les précédents étaient, disons pudiquement, mal observés.Les canons d’autre part ne sont pas une invention sadique d’un concile de Pères Fouettards. Ils sont tout au contraire l’expression d’une conduite théraoeutique et pédagogique de l’Église qui, sous l’inspiration de l’Esprit saint, indique quelles sont les bonnes règles de comportement et explicite les exigences de l’Évangile. Comment vivre en communion avec nos frères ce n’est pas seulement être en bons rapports affectifs, mais c’est aussi être membres d’un corps unique aux membres multiples, comme l’explique l’apôtre Paul. Il y a service réciproque dans la diversité des fonctions

Mais l’Esprit a demandé aux évêques auxquels il s’est communiqué (par l’ordination épiscopale) de prendre la responsabilité de discerner le moment où, dans l’histoire de l’Église, il convient de rendre canoniique une oratique (qui s’était alors largement répandue) de choisir les évêques parmi les moines ou tout au moins parmi les hommes qui ont adopté un mode de vie tel qu’il leur rendrait facile de formaliser l’état monastique. Il n’est pas exigé que ce soit des ascètes héroïqurs (il y a toujours eu des degrés dans l’ascèse)

Lorsque les Conciles ont entrepris d’introduire un peu de discipline dans le monde linastique, qui est toujours un peu anarchique, elle a dû s’y prendre à plusieurs reprises, preuve que les premiers essais n’avaient pas été véritablement fructueux.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Le canon ne crée pas un péché. In péché c’est pour la conscience de l’homme. Le canon dit à l’Église qu’il ne faut chpisir comme évêque qu’un homme qui est moine ou que l’on peut facilement faire moine (célibataire ou moine vivant déjà une vie pieuse à laquelle ne manque que la consécration monastiaue). Cette pratique était d’ailleurs largement répandue et il n’a été nécessaire que de la rendre obligatoire. Je ne pense pas que cela ait mis en cause la situation personnelle des derniers évêques mariés qui pouvaient encore subsister.

Et d’ailleurs ce n’est pas une question de péché. Ce canon dit seulement (c’est mon extrapolation personnelle) que l’expérience de plusieurs siècles de la vie de l’Église dit que le souci d’une vie familiale (et d’un patrimoine familial, cette notion est toujours présente dans l’Antiquité) est incompatible avec le souci d’une éparchie. Et probablement aussi qu’une femme présente dans la maison de l’évêque (même si ce n’est qu’ube conseillère) ne peut pas ne pas créer le risque d’imposer des vues personnelles. La conseillère devient une inspiratrice. Et l’homme, fût-il évêque, ne peut plus jouir de la totale indépendance qui est exigée de l’évêque. La rumeur dit que c’est à présent le cas au Vatican.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Anne Geneviève
Messages : 1041
Inscription : lun. 30 mai 2005 19:41
Localisation : IdF
Contact :

Message par Anne Geneviève »

Là, j’aimerais comprendre comment
Jean Louis Palierne a écrit :une femme présente dans la maison de l’évêque (même si ce n’est qu’une conseillère) ne peut pas ne pas créer le risque d’imposer des vues personnelles. La conseillère devient une inspiratrice. Et l’homme, fût-il évêque, ne peut plus jouir de la totale indépendance qui est exigée de l’évêque.
J’aimerais comprendre en quoi ce risque est plus virulent avec une femme qu’avec disons le secrétaire homme qui travaille quotidiennement avec l’évêque, ou qu’un groupe de conseillers hommes, officiels ou non, comme il y en a toujours eu dans l’entourage des évêques. En quoi le fait d’être mâles les empêcherait-il d’avoir des vues personnelles et de les imposer ? En quoi le fait d’être femme prédisposerait-il à mal se soucier de la communauté ecclésiale ? Ou bien seriez vous en train d’insinuer, Jean Louis, que les femmes sont par nature incapables de comprendre et de soutenir la sainte Tradition ? Ou que les femmes par nature seraient sujettes à l’hérésie ? Que par nature leurs conseils ne pourraient être que pernicieux ?
Vous êtes vraiment sûr que nous autres femmes, nous avons une âme ?

Parmi les flash-info du SOP, on apprenait il y a peu qu’une jeune théologienne bulgare, Neli Iosifova, a été assassinée le 17 février dernier, égorgée en rentrant chez elle, probablement par un musulman en représailles des fameuses caricatures. Elle avait 35 ans et enseignait l’exégèse biblique à la faculté de théologie de Sofia.
Une théologienne – parmi d’autres. Martyre.
Faut-il rappeler le rôle d’autres femmes dans l’histoire de l’Eglise ? Par exemple des impératrices Irène, puis Théodora dans le retour à l’orthodoxie après la sanglante « querelle des icônes » ? Ou sainte Nino, apôtre de la Géorgie ? Ou cette Olga surnommée « la grand-mère de la sainte Russie » ?
Faut-il rappeler que, pas si loin de nous, tandis que les mâles du KGB infiltraient le clergé russe de manière à détruire tout l’enseignement catéchétique, ce furent des dizaines de babouchkas anonymes qui se chargèrent de faire baptiser les enfants, de les catéchiser, de maintenir une vie de prière et que, s’il restait une Eglise à faire renaître après la chute du communisme, on le leur doit pour une bonne part.

Mais je reviens à la question d’Isidore. Multiplier les canons multiplie-t-il les péchés de ceux qui les transgresseraient ? Cela revient à dire que les canons de l’Eglise sont l’équivalent de la Loi en Israël, selon l’exégèse qu’en fit l’apôtre Paul dans son épître aux Romains. Mais est-ce le cas ? Si vous reprenez l’A.T., la Loi est donnée à Moïse par Dieu et si vous scrutez chaque point abordé, vous verrez qu’elle enserre toute la vie quotidienne dans un réseau de rites profondément pédagogiques. Mais il n’y a rien de tel dans les canons de l’Eglise. Ce sont des outils qui permettent de la construire de manière harmonieuse et stable ; très peu de canons concernent la vie quotidienne des fidèles et même des prêtres et évêques. Si vous comparez aux religions païennes avec leurs rites et leurs tabous, au judaïsme ou à l’islam – ou même aux communautés chrétiennes hétérodoxes – vous verrez que ce que garantissent les canons, c’est un espace de liberté comme il n’y en a jamais eu dans les sociétés humaines. Et ceux qui subsistent pour régler la vie des fidèles, les jeûnes et les canons sur le mariage principalement, s’ils représentent effectivement une pédagogie spirituelle, n’entraînent pas une impureté rituelle contraignante en cas de transgression. Peut-être une prise de conscience de la faiblesse spirituelle, la conscience d’être pécheur. Mais c’est dans l’intimité de l’âme et chacun est pleinement responsable. Donc libre, même si ça vous semble une liberté paradoxale.
Pour revenir à l’exemple précis du canon qui demande que l’on choisisse un évêque parmi les moines ou du moins les prêtres célibataires, il a été rédigé lors du concile Quinisexte. Il entérinait un usage déjà largement admis. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : c’était la fin des grandes querelles christologiques qui avaient vu surgir toutes les hérésies majeures (arianisme, nestorianisme, hérésie monophysite, etc.). Or dans ces débats, les moines avaient eu un rôle de premier plan et les grands évêques théologiens qui avaient pu maintenir l’orthodoxie, parfois contre l’empereur, étaient moines.
Par ailleurs, ici ou là, l’Eglise avait connu des problèmes à la mort d’évêques mariés, car il n’était pas simple de distinguer entre le patrimoine familial dont devaient hériter les enfants et le patrimoine de l’Eglise. L’Arménie (monophysite) avait résolu la question en créant de véritables dynasties d’évêques – le concile Quinisexte a choisi plus sagement la solution du monachisme qui permettait le choix d’un évêque en tenant compte de ses charismes et de ses qualités spirituelles. Ce faisant, il ouvrait la porte, dans les périodes de décadence locale, au népotisme qui n’est jamais qu’une dynastie par les collatéraux. Est-ce à dire que l’usage antérieur serait meilleur ou mieux adapté à notre temps comme on le lit ici et là ? Ce n’est pas sûr du tout.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Répondre