Publié : jeu. 27 avr. 2006 9:10
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Cadoudal a écrit :Passionnée par l'Histoire,voici deux sujets où informations et documents me manquent:
1-La genèse des résistants royalistes orthodoxes soutenant le roi Pierre 2 en exil et dont le chef est Draza Mihailovic.
Certain le monte au pinacle(cf.livre éditions Perrin,2001 ?),d'autres le noircissent(cf sites internet ,cf.propagande communiste de l'époque).
Qu'en est-il?
2-Lors de la Seconde guerre mondiale, les autorités catholiques auraient soutenu les extrémistes de Croatie(les Oustachis) alliés de L'Allemagne.Y-a-t'il eu massacre de Serbes?C'est ce que présente comme véridique le site:htpp//atheologie.hautefort.com.Cf archives 01.2006,article écrit le 26 Janvier 2006 mais sans référence.
Merci à tous ceux qui veulent bien me renseigner sur ces points.
Citons aussi le cas de Božo Lakić, né à Kosora en 1919, Croate horrifié par les crimes oustachis. Il s'enfuit au moment de sa mobilisation dans l'armée du régime de Pavelić et rejoint une unité tchetnik, déclarant: "Mes frères, j'ai honte d'être croate quand je vois les crimes sanguinaires oustachis. Je suis venu pour me battre à vos côtés contre ces égorgeurs sataniques. Voici mon fusil, tuez-moi avec lui, ou acceptez-moi comme frère, combattant à vos côtés". Il deviendra commandant d'un détachement de la brigade tchetnik de Cetinje, commandée par un autre tchetnik croate, Jankov. Après la guerre, il parvint à émigrer aux USA. Mort en 1978 à Milwaukee et enterré selon le rite catholique romain (cf. Miroslav Samardjic, Le royaume de Yougoslavie dans la Seconde Guerre mondiale, édition bilingue français / anglais, Pogledi, Kragujevac 2013, p. 33).Claude le Liseur a écrit :
Pour continuer avec le sujet de Draža Mihailović, son mouvement ne s'est jamais qualifié d'orthodoxe. L'Orthodoxie est une réalité organique vécue chez ses fidèles, pas une idéologie. Il n'y avait pas plus de mouvement de résistance orthodoxe qu'il n'y a d'équivalent orthodoxe de la Démocratie dite chrétienne de Suisse ou d'Allemagne (puisque le modèle italien a sombré corps et biens...) Il s'agissait simplement de partisans qui continuaient la lutte contre les occupants de leur pays au nom du roi Pierre et du gouvernement en exil. Draža Mihailović lui-même était orthodoxe traditionnel et pratiquant, il avait des aumôniers et il faisait célébrer les offices dans le maquis, mais il avait aussi des officiers catholiques romains (par exemple Zvonimir Vučković) et je pense qu'il devait aussi y avoir des musulmans.
Je dirais plutôt que c'était les partisans de Tito qui se distinguaient par leur athéisme et leur foi communiste et qui étaient un bloc monolithique - comme les Oustachis, d'ailleurs.
Les chiffres publiés à Belgrade en 1997 ne concernent que les victimes enregistrées. Or, comme nous savons, il y avait des déportés à Jasenovac qui n'étaient pas enregistrés. Le chiffre réel des victimes de ce camp doit donc se situer aux alentours de 100'000 morts.Claude le Liseur a écrit : Donc, d'après ce livre, qu'on ne saurait soupçonner de vouloir exagérer le nombre des victimes serbes de l'État indépendant de Croatie de 1941-1945, le nombre des morts du camp de Jasenovac et de son annexe de Stara Gradiška se serait élevé à 10'552 en 1941 (p. 59), 35'440 en 1942 (p. 76), 3'683 en 1943 (p. 81), 5'312 en 1944 (p. 85) et 3'279 en 1945 (p. 89), soit un total de 58'266 pendant les 44 mois d'existence du camp. Le livre (p. 122) cite aussi le mémorial en trois volumes publié par le musée des Victimes du Génocide de Belgrade en 1997, qui estimait le nombre de victimes du camp de Jasenovac à 78'163, dont 47'123 Serbes, 10'521 Juifs, 6'281 Croates, 919 "Musulmans" (au sens yougoslave du terme) et 7'483 "autres"
Sans compter aussi toutes victimes des conversions forcées au catholicisme-romain, et pour les survivants des ces conversions ( Vous avez sauvé vos âmes, mais vos corps nous appartiennent réf. à votre message du 28 Mars 2006 à 20:36) on peut faire remarquer que les victimes gardaient leurs noms de familles. Et il y a des noms de familles qui sont typiquement serbes, que les descendants ont gardé.Claude le Liseur a écrit :
Les chiffres publiés à Belgrade en 1997 ne concernent que les victimes enregistrées. Or, comme nous savons, il y avait des déportés à Jasenovac qui n'étaient pas enregistrés. Le chiffre réel des victimes de ce camp doit donc se situer aux alentours de 100'000 morts.
Claude le Liseur a écrit :[
Et pour tenir ma promesse, voici les noms des TROIS seuls justes qui, dans le clergé catholique romain croate, se sont opposés à la politique d'extermination de Pavelić:
-Mgr Mišić, l'archevêque de Mostar, condamna les massacres dans sa lettre pastorale du 30 juin 1941. A ma connaissance, il n'est toujours pas question de le béatifier, lui...
-Le R.P. Lončar, prêtre à Zagreb, fit le 23 août 1941 un sermon sur le thème "Tu ne tueras point". En vertu des lois quelque peu étonnantes de l'Etat indépendant de Croatie, cela lui valut d'être condamné à mort, sentence commuée en prison à vie.
-Le 10 avril 1942, le R.P. Franjo Rihar, curé de Gornja Stubica, refusa de chanter le Te Deum pour l'anniversaire de la création de l'Etat indépendant de Croatie. Il fut condamné le 18 avril 1942 à trois ans de déportation à Jasenovac.
Avec le recul du temps, on ne peut que constater que l'agression d'innombrables pays par l'Allemagne, l'Italie et le Japon entre 1937 et 1942 a été la deuxième plus grande chance du communisme, après la déliquescence inattendue du pouvoir impérial, puis républicain, dans la Russie de 1917. Sur les cinq Etats communistes qui subsistent encore sur la planète (Chine, Corée du Nord, Cuba, Laos et Vietnam), trois sont directement issus de la confrontation entre l'Axe et l'Union soviétique après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941. Même en écartant les pays qui furent occupés et soviétisés par l'Armée rouge en 1944-1945, le masque du nationalisme et de la résistance à l'envahisseur porté par le mouvement communiste dans les différents pays envahis par l'Axe a permis aux communistes de sortir de la marginalité dans des pays aussi variés que la France, le Vietnam, la Grèce, la Yougoslavie ou l'Italie. Le mouvement communiste international avait su tirer la leçon de ses échecs: vaincu par le nationalisme en Finlande en 1918, en Pologne en 1920 ou en Espagne en 1936, il devait se grimer en nationalisme pour faire de nouvelles conquêtes. Qui se souvient que le paravent du Parti communiste français dans la Résistance s'appelait le Front national? "Front", cela donne l'idée d'un large rassemblement, et "national", cela permet de gommer l'internationalisme marxiste au profit de la lutte de libération nationale (autre définition du nationalisme).Jean-Louis Palierne a écrit :Sur ce sujet voici un extrait d'un texte de M. Bosko BOJOVIC, professeur à l'2cole des Hautes Études (Sciences religieuses) :
Un des éléments de la stratégie religieuse de Tito fut de chercher, tout au moins dans un premier temps, l'alliance de prêtres "de base" contre la "despotocratie" épiscopale. Cette stratégie n'est pas sans rappeler celle des bolcheviks avec l'Église rénovée” en Russie. Elle eut un temps de succès.La corrélation entre religion et nationalisme dans l’Est, et notamment dans le Sud-Est européen, eut une importante incidence sur l’attitude antireligieuse du parti communiste yougoslave, même si un certain pragmatisme fut pratiqué avant la guerre et surtout durant le conflit, ainsi qu’au cours des premières années qui suivirent, afin d’attirer une partie des couches pauvres de la population. De nombreux clercs catholiques (surtout slovènes ) et encore plus orthodoxes avaient cependant pris part à la résistance communiste ; les prêtres portaient un signe de croix inséré sur l’étoile rouge des partisans, ainsi que sur le brassard porté au bras droit ; les clercs islamique le portaient avec le croissant ; des préposés à la religion étaient attachés aux unités de combat. Fin 1942 la résistance communiste disposait de 7 préposés orthodoxes et deux musulmans. Ces clercs et fonctionnaires avaient pour charge l’enseignement religieux, les registres d’état civil. Les Commissions des affaires religieuses furent créées à partir du février 1944 (en Slovénie). Le Comité national yougoslave de libération promulgua le 13 mai 1944 un mot d’ordre préconisant le libre choix du parent quant à l’enseignement religieux. Fin 1944 Tito critique publiquement le chef du Parti communiste croate Hebrang qui avait décrété un catéchisme obligatoire en Croatie.
Socialiste catholique slovène, représentant des catholiques au sein de la résistance communiste, Eduard Kozbek fut dépêché au Vatican en août-septembre 1944, afin d’obtenir pour le gouvernement issu de la Résistance une reconnaissance de la part du Saint Siège. À l’occasion de cette mission diplomatique Tito émit certaines réserves quant aux droits de l’Église catholique qu’il accusait d’erreurs graves à l’égard du peuple yougoslave.
L'attitude de l'ELAS face à la religion montre bien à quel point les valeurs traditionnelles grecques l'emportaient sur le dogme marxiste au sein de l'organisation. Lors d'une visite dans la ville d'Egion en 1943, un officier de l'EAM surnommé "Cassandre" a commencé par solliciter la bénédiction de l'évêque local. Les deux hommes ont reconnu que l'orthodoxie et le communisme présentent de nombreux points communs, et l'évêque a demandé à "Cassandre" de ne pas oublier l'Eglise et ses besoins.
Parmi les nombreux prêtres engagés dans la résistance, il y avait "Papa-anypomonos" (Père Impatient), un pope âgé de trente ans qui avait fui dans la montagne et s'était joint à l'ELAS quand les Italiens eurent essayé de l'arrêter en début 1943. "Papacoumbouras" (Père Flingueur) avait longtemps été aux côtés d'Aris avant d'être capturé et exécuté par l'EDES. L'ecclésiastique sans doute le plus célèbre parmi ceux qui ont soutenu l'ELAS était le très mondain métropolite Ioachim de Cozani, qui ne perdait jamais une occasion de donner libre cours à son exaltation révolutionnaire. Le sermon qu'il prononça en église en 1944, le jour de la fête nationale (25 mars) devant une foule de hauts responsables de l'ELAS est caractéristique. Voici ce qu'en disait un officier américain qui avait assisté à la messe: "C'était de la pure propagande à bon marché; je ne m'y attendais pas de la part d'un vieillard aussi vénérable et distingué que lui."
En fait, ce n'est pas les communistes mais leurs alliés sociaux-démocrates qui firent les propositions les plus radicales concernant les relations entre le futur Etat grec et l'Eglise. Il n'est sans doute pas surprenant que ces petits "partis" - composés essentiellement d'intellectuels athéniens - n'aient pas réussi à prendre pied en Grèce libre. Soucieux de conserver leurs appuis dans la population rurale, les communistes jugeaient leur athéisme trop dangereux pour y adhérer. Aris, par exemple, a toujours souligné l'importance de l'Eglise, et il n'était pas le seul. De nombreux prêtres participaient aux défilés de la résistance; après tout, ils appartenaient au même milieu social que la plupart des andartes."
(Mark Mazower [traduit de l'"américain" par Charalampos Orfanos], Dans la Grèce d'Hitler, collection Tempus n° 460, Perrin, Paris 2012, pp. 476 s.)
Claude le Liseur a écrit :Pour mémoire:
EAM = Εθνικό Απελευθερωτικό Μέτωπο (Front de libération nationale) : mouvement de résistance, paravent du parti communiste grec KKE Κομμουνιστικό Κόμμα Ελλάδας, avec naturellement l'utilisation de beaucoup de figures non-communistes, "idiots utiles" ou "compagnons de route" (équivalent du Front national par rapport au PCF dans la France de 1944).
ELAS = Ελληνικός Λαϊκός Απελευθερωτικός Στρατός (Armée de libération populaire grecque): bras armé de l'EAM (équivalent des FTP dans la France de 1944).
EDES = Εθνικός Δημοκρατικός Ελληνικός Σύνδεσμος (Ligue nationale républicaine de Grèce): mouvement de résistance anticommuniste (pourrait rappeler l'Armée secrète ou l'Organisation de résistance de l'Armée dans la France de 1944, mais en en beaucoup plus anticommuniste, ou les tchetniks yougoslaves, mais sans le royalisme). L'apparence extérieure de son chef, Napoléon Zervas, n'était pas sans rappeler celle de Draža Mihailović.
Profitez vite du documentaire avant qu'il ne soit interdit comme contraire à la vérité papale: à la 31e minute, le documentaire fait référence à la révélation par le Département du Trésor étasunien que le Vatican conservait encore en 1998 l'équivalent de CHF 200 millions de valeurs volées par les Oustachis aux Serbes et aux Juifs.Claude le Liseur a écrit :Sur Dailymotion, un intéressant documentaire de la chaîne Toute l'Histoire sur les Oustachis et le sinistre bilan de l'Etat indépendant de Croatie:
http://www.dailymotion.com/video/x180805
Le documentaire retient un chiffre de 300'000 morts pour le camp de Jasenovac.
L'académicien Finkielkraut se donnera sans doute beaucoup de peine pour nous expliquer que toutes les images et tous les témoignages du documentaire sont des faux.