Histoire du Christianisme

[Steve G]

Peut-on trouver dans le commerce une série de livres sur l'histoire
du christianisme, histoire objective c'est à dire débarrassée de toute influence athée protestante catholique ou même orthodoxe, abordable
pour un lecteur lambda ? Je recherche des ouvrages retraçant siècle après siècle les grandes tendances, des ouvrages synthétiques exposant avec clareté toutes les problématiques sans trop entrer dans le détail.

[Anne Geneviève]

On aimerait bien que ça existe !
Mais vous cherchez quelque chose d'intermédiaire entre le dahu et le saint Graal.
Je vous conseille toutefois les travaux de Michel Meslin, professeur à Paris IV, pour ce qui est des tous premiers siècles. Et, malgré certains partis pris, la "Nouvelle Histoire de l'Eglise" sous la direction d'Irénée Marrou, du moins le tome "Des origines à Grégoire le grand". Les autres sont historiquement intéressants mais centrés uniquement sur l'Eglise romaine.
Pour la période des croisades, je suggère les ouvrages de Steven Runciman.
En français, après, je ne sais pas trop. Il faut butiner.

Au fait, il n'existe pas d'histoire "objective". Un historien parle toujours de quelque part. La partie "objective" ou plus exactement scientifique, c'est l'établissement des faits. Mais la mise en perspective, le déchiffrement de leur sens ne peut jamais être "objectif".

[jaune]

Je profite de cette question de steve G pour avoir votre avis sur la série de livres de Jaroslav Pelikan "la tradition chrétienne",et aussi tant que j'y suis de l'ouvrage de jean Meyendorff et aristeides Papadakis "l'orient chrétien et l'essor de la papauté".
Il font l'objet tout deux d'une recension favorable de jean claude Larchet sur un site web.
Merci d'avance.

[Antoine]

Il font l'objet tout deux d'une recension favorable de jean claude Larchet sur un site web.

Mais bon sang d'où vient cette peur de citer ses sources avec précision!?

[Jean-Louis Palierne]

À mon avis il est impossible de trouver un ouvrage sur l’histoire de l’Église qui n’ait pas son parti-pris quel qu’il soit. Il faut donc butiner à gauche et à droite et lire beaucoup pour faire son miel. Mais surtout je crois qu’il ne faut pas croire que c’est l’Histoire qui donne la clé de la vérité. Il faut connaître l’Histoire, mais il ne faut pas attendre d’elle qu’elle fournissent cette clé.

L’Église n’est pas le fruit d’une évolution historique, elle est le Corps du Christ, qui est sa Tête unique et la dirige à travers les méandres de l’Histoire. Ce n’est pas le récit des cheminements des communautés et de leurs conflits internes qui permet de s’y retrouver. Mais il faut connaître ce récit. Cela dit il me semble que les ouvrages de Meyendorff fournissent une bonne base de départ.

[jaune]

Les recensions se trouvent sur le site www.orthodoxie.com ; désolé.

Lors d'une discussion avec un prêtre catholique-romain,lui faisant part de mon désir de devenir chrétien orthodoxe,celui-ci m'invita a creuser les sources historiques,convaincu que j'y trouve les réponses à ce qu'il appela les mensonges et omissions des orthodoxes.Le point central se trouvant être bien entendu l'autorité de l'évéque de Rome ,successeur de Pierre,dont les orientaux se séparérent selon ses dire.
Je me suis dit que les faits,et peut être ses quelques livres soumis à votre appréciation,pourront m'apporter des réponses claires à ce sujet ,et seulement à ce sujet.J'ai compris au fil de mes lectures et de ma fréquentation du forum, qu'il fallait pour découvrir l'Eglise la connaitre par le monachisme et la vie liturgique.

[Claude le Liseur]

Les livres du père Meyendorff sont très bien. Il s'agit d'une série sur l'Histoire de l'Eglise publiée par le séminaire orthodoxe Saint-Vladimir à Crestwood NY. Seuls deux titres ont été traduits en français au Cerf: Unité de l'Empire, divison des chrétiens, sur la période 451-680, et L'Orient chrétien et l'essor de la Papauté.

A signaler aussi une série sur l'Histoire du christianisme en 14 volumes aux éditions Desclée de Brouwer. Puisqu'il vaut mieux annoncer la couleur que se parer d'une fausse objectivité, on signalera que ces ouvrages sont écrits d'un point de vue catholique romain. Ils sont très richement illustrés et les chapitres sur le protestantisme sont plus fournis que dans les anciens ouvrages de même orientation. L'Eglise arménienne est aussi très bien étudiée dans les premiers volumes, grâce à la grande érudition du professeur Mahé. (En revanche, et comme de bien entendu, les chapitres sur le "témoin gênant" sont comme d'habitude très pauvres.)

[jaune]

Merci bien de votre réponse.

[Jean-Louis Palierne]

Il y a un excellent ouvrage sur l’hustoire de l’Église écrit au XVIIIème siècle par Le Nain de Tillement, Mémoires pour servir à l’Histoire ecclésiastique des 5 premiers siècles. Il n’a pas été fondamentalemeny remis en cause depuis, sauf pour le Ier siècle, où des analyses “documentaires”, de la “critique textuelle” à la manière contemporaine ont mis à jour des éléments oubliés de l’Histoire de l’Église primitive et ont permis de retrouver des textes perdus. Mais dès qu’on entre dans l’histoire des débats proprement patristiques, christologiques et triadologiques, c’est-à-dire dans les débats sur les deux natures du Christ et sur la Trinité des Personnes divines, les Mémoires de LNDT gardent toute leur valeur. Et c’est là l’essentiel, beaucoup plus que l’histoire des institutions et des rapports entre l’Église et l’Empire.

Je me rappelle que cet ouvrage de LNDT était encore disponible parmi les usuels de la Bibliothèque sainte Geneviève dans les années 50. Qu”en est-il ayhourd’hui ? Il a fait l’objet d’une réédition anastatique qui doit coûter cher.

[jaune]

Merci,je vais suivre votre conseil et celui de lecteur claude.

[Claude le Liseur]

La bibliographie sur l'époque où les actuels pays francophones furent orthodoxes est très pauvre. Il faut glaner des informations ci et là dans les livres sur les Mérovingiens, par exemple. Le public ne s'intéresse au Moyen Âge qu'à travers la chevalerie, les châteaux forts, les troubadours et la féodalité, donc l'époque qui commence au XIIe siècle. Or, au XIIe siècle, notre vie orthodoxe est déjà terminée pour sept siècles.

Toutefois, comme livre qui donne une vue d'ensemble de l'Histoire de l'Eglise à cette époque, il y a les quatre volumes publiés au début du XXe siècle par Mgr Louis Duchesne, prélat de Sa Sainteté, sous le titre Histoire ancienne de l'Eglise pour les trois premiers volumes et L'Eglise au VIe siècle pour le quatrième volume. Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre honorifique décerné par Léon XIII à l'auteur, cette série est sans doute une des tentatives pour s'approcher le plus de la neutralité, malgré quelques déformations qui lui étaient nécessaires pour que sa hiérarchie le regarde d'un meilleur oeil. Elle a aussi le mérite d'embrasser de larges horizons (l'Afrique, par exemple). Publiée chez De Boccard, on la trouve encore facilement chez les bouquinistes. Le quatrième volume s'arrête dans les dernières années du règne de saint Gontran et le tout début du pontificat de saint Grégoire Dialogue et est inachevé à cause de la mort de l'auteur en 1923.

De Mgr Duchesne, on a aussi Les origines du culte chrétien, sous-titré Etude sur la liturgie latine avant Charlemagne, qui est une tentative honnête de faire le point sur ce que l'on sait des anciennes liturgies gauloises. Il est dommage que Mgr Duchesne n'ait pas essayé aussi de reconstituer l'ancienne liturgie romaine disparue au IXe siècle. Il y consacre toutefois une trentaine de pages (pp. 160-188) des Origines du culte chrétien, qui sont un bilan remarquable de ce que nous savons de l'ancien rit romain. Il y a un passage des plus intéressants sur l'ancienne épiclèse du rit romain, disparue par la suite (p. 181). Je donne les références telles qu'elles se trouvent dans la 3e édition, Fontemoing, Paris 1903, qui est celle que je possède.

Et puis, une Histoire de l'Eglise, équilibrée sur le plan géographique, écrite directement en français d'un point de vue orthodoxe - ses travaux historiques menèrent l'auteur à retourner dans le sein de l'Eglise orthodoxe: l' Histoire de l'Eglise en sept volumes, de l'archiprêtre Dr. Wladimir Guettée. Là encore, le récit a été interrompu par la mort de l'auteur en 1892. Le septième et dernier volume s'arrête en 1204. Longtemps introuvable, ce chef d'oeuvre de l'archiprêtre Guettée a fait l'objet d'une réimpression anastatique accompagnée de belles reproductions d'icônes en couleurs aux éditions du monastère orthodoxe de l'Archange Michel à Lavardac (Lot-et-Garonne) dans les années 1990.

Evidemment, le problème avec les deux Histoires du christianisme de Mgr Duchesne et du RP Guettée, que je crois les meilleures, c'est que l'une s'arrête en 590 et l'autre en 1204: ni l'une ni l'autre ne contient donc la moindre ligne sur le protestantisme.

De toute façon, pour savoir ce qu'était la vie spirituelle de la Gallia orthodoxa, rien ne vaut la Vie des Pères de saint Grégoire de Tours, rééditée dans les années 1980 chez OEIL (aujourd'hui François-Xavier de Guibert). Mais il y a des éditions anglaises de saint Grégoire de Tours - le premier historien de la France - bien supérieures aux éditions françaises!

[Thomas M.]

Bonjour,

Il est dommage que Mgr Duchesne n'ait pas essayé aussi de reconstituer l'ancienne liturgie romaine disparue au IXe siècle.

Sur ce sujet, je ne puis que vous conseiller les ouvrages des liturgistes, en particulier Pius Parsch (La sainte Messe expliquée dans son histoire et sa liturgie, Editions Beyaert, Bruges, 1945) et Joseph A. Jungmann, s. j. (La liturgie des premiers siècles jusqu'à l'époque de Grégoire le Grand, Editions du Cerf, 1962).

En Christ,

Thomas M.

[Claude le Liseur]

Quelques autres titres qui me viennent à l'esprit à propos de l'époque où les pays francophones furent orthodoxes, en soulignant toutefois que la plupart de ces historiens (contrairement au père Guettée ou à Mgr Duchesne) ne se soucient pas de remettre les Eglises des Gaules dans le contexte général de la chrétienté orthodoxe, et qu'ils appréhendent rarement la tragique importance des ruptures survenues entre la fin du VIIIe et la fin du XIIe siècle:

Brigitte Beaujard, Le culte des saints en Gaule, Editions du Cerf, Paris 2000 (concerne seulement les IVe, Ve et VIe siècles: fin de la période romaine et grandeur des Mérovingiens)

Odette Pontal, Histoire des conciles mérovingiens, Editions du Cerf, Paris 1989

Les canons des conciles mérovingiens, traduction du latin, commentaires et notes par Jean Gaudemet et Brigitte Basdevant, Editions du Cerf, Paris 1989 (Sources chrétiennes n° 353 et 354); beaucoup plus de discipline que de dogme ou de spiritualité; on découvre toutefois avec étonnement, dans le 6e canon du concile d'Auxerre, la dignité d'archi-sous-diacre, dont je doute qu'elle ait existé ailleurs.

Bruno Dumézil, Les racines chrétiennes de l'Europe, Fayard, Paris 2005 (incompréhension totale de l'auteur vis-à-vis de la civilisation de Constantinople, mais la page 242 raconte comment les clercs de l'époque carolingienne ont remanié la vie du roi Dagobert Ier pour occulter les liens religieux et politiques qui avaient uni le royaume franc mérovingien et l'Empire; il est par ailleurs très amusant de voir comment l'auteur insiste sur le rôle de saint Martin Ier et ne dit mot de celui d'Honorius pour soutenir la thèse d'un patriarcat de Rome sans hésitation dans son opposition au monothélisme)


Jean-Pierre Poly, Le chemin des amours barbares, Perrin, Paris 2003
(intéressant sur la confrontation entre le christianisme et le paganisme germanique, bien différent du paganisme classique; montre aussi comment les clercs carolingiens de Mayence forgèrent des textes faussement attribués à Augustin d'Hippone pour justifier une extension démesurée de l'inceste, et comment le futur Grégoire VII s'allia avec les Patarins contre l'Eglise de Milan; page 364: "On sait comment le mariage des prêtres, accepté en Orient, fut finalement prohibé en Occident - où il restea cependant très répandu jusqu'à la fin du XIIe siècle -, séparant encore plus les deux Eglises qui divergeaient déjà à propos de l'extension de l'interdit de consanguinité.")

Suzanne Scuri Eiram, Saint-Maire d'Autun, Editions de l'Aire, Lausanne 1990
(biographie de l'évêque qui transféra le siège d'Avenches à Lausanne à cause de la pression des Alamans païens; l'auteur est orthodoxe et rappelle les liens entre la Romandie et la ville sainte d'Autun en Bourgogne; saint Gontran apparaît souvent dans le livre)

[Anne Geneviève]

Je viens de retrouver la bibliographie minimale que je donnais à mes étudiants. Elle peut compléter les titres déjà donnés par les uns et les autres. Mais beaucoup de choses sont à consulter en bibliothèque.

BIBLIOGRAPHIE

OUTILS DE TRAVAIL

Analecta Bollandiana
Revue annuelle consacrée à l'hagiographie et aux problèmes historiques qu'elle pose.

Atlas de l'Antiquité chrétienne, de F. Van der Meer et C. Mohran
Pour les Français qui ignorent la géographie…

Dictionnaire d'Archéologie chrétienne et de Liturgie, (DACL) de Dom Leclerc et Dom Cabrol, Letouzay et Ané, Paris, 1914.
L'outil de travail indispensable pour le premier millénaire.

Dictionnaire d'Histoire et de Géographie ecclésiastiques, de Baudrillart et al., Letouzay et Ané, Paris, 1956.
Souvent un résumé du précédent, mais contient quelques articles inédits qui n'existent nulle part ailleurs.

Dictionnaire de théologie chrétienne biblique et patristique
Autre outil indispensable.

Histoire des Conciles, d'Hefele, trad. Dom Leclerc.
Très romain d'esprit, mais donne une traduction des Actes des principaux conciles et un résumé assez complet des conciles locaux. Essentiel pour débroussailler toute question ayant fait l'objet de décisions conciliaires. Il ne contient évidemment pas les conciles orthodoxes postérieurs au schisme de 1054.

Revue d'Histoire ecclésiastique
Même remarque sur la romanité, mais cette revue contient de nombreuses études sur des problèmes historiques locaux ou particuliers, fort bien menées.

Collection Sources Chrétiennes, aux éditions du Cerf.
On y trouve presque tous les textes patristiques, en édition critique bilingue (donc avec toutes les variantes des manuscrits connus), précédés d'excellentes introductions historiques. The best !

Collection Typologie des sources du Moyen Age occidental
Chaque volume est thématique et représente l'état actuel des recherches sur le sujet traité. Tout ne concerne pas l'Église, mais on y trouve de nombreux et précieux renseignements.


OUVRAGES

Chanoine AIGRAIN, L'Hagiographie, ses sources, ses méthodes, son histoire, Bloud et Gay, Paris, 1953.
Ouvrage souvent tendancieux, trop critique, mais qui reste le manuel de base en ce domaine.

J.P. BRISSON, Autonomisme et christianisme dans l'Afrique romaine de Septime Sévère à l'invasion vandale, Paris, 1958.
Bonne étude sur le donatisme.

Peter BROWN, Le culte des saints, son essor et sa fonction dans la chrétienté latine, coll. Patrimoine, Cerf, Paris, 1984.
Un ouvrage excellent, qui contient de nombreuses remarques sur l'organisation de l'Église et son évolution interne, ses rapports à la société globale, etc.

H. Von CAMPENHAUSEN, Les Pères Grecs, coll. Livre de Vie, Seuil, Paris,
Une bonne étude d'ensemble, avec choix de textes, qui peut servir d'introduction à la patristique.

F. CAVALLERA, Le schisme d'Antioche, Paris 1905;
Un des rares ouvrages de langue française qui traite de la crise arienne après Nicée dans son ensemble. Il n'existe malheureusement pas de synthèse globale, sinon en allemand ou en anglais.

Jean DANIELOU, Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée, I. Théologie du judéo-christianisme, Paris 1958, II. Message évangélique et culture hellénistique, Paris, 1961.
Une des rares études d'ensemble en langue française. Le parti-pris romain de Daniélou n'est pas trop gênant pour l'époque pré-nicéenne. On consultera d'ailleurs avec profit l'ensemble de l'œuvre de Daniélou, toujours très au fait des recherches de pointe.

E.R. DODDS, Païens et chrétiens dans un âge d'angoisse : Aspects de l'expérience religieuse de Marc Aurèle à Constantin, trad. H. D. Saffrey, La Pensée sauvage, Claix, 1979.
Dodds ne cache pas sa tendresse pour le paganisme, mais son ouvrage permet de comprendre en profondeur les relations conflictuelles et les échanges culturels entre paganisme et christianisme.

H. DUCHESNE, Histoire ancienne de l'Église, Paris 1906-1910, 3 vol.
Toujours actuel, même s'il faut réviser ici et là des points de détail. Un grand classique.

Roderic DUNKERLEY, Le Christ, trad. U.Karvelis, Idées NRF, Gallimard, Paris, 1962.
Intéressante recension des sources extra-évangéliques sur Jésus-Christ. On peut discuter certaines de ses conclusions, mais il pose clairement les problèmes d'authenticité des textes et de datation.

EUSEBE, Histoire ecclésiastique, trad. G. Bardy, index P.Périchon, coll. Sources chrétiennes, Cerf, Paris, 1952-1960.
La principale source pour l'histoire de l'Église des premiers siècles. De nombreux ouvrages chrétiens des premiers siècles ne nous sont connus que par les citations d'Eusèbe.

A. J. FESTUGIERES, Les moines d'orient : I.Culture et sainteté, II. Les moines de la région de Constantinople, Paris 1961.
Avec traduction annotée de textes d'époque. Un ouvrage essentiel sur la question.

A. FLICHE, V. MARTIN, Histoire de l'Église, 4 vol. Paris, 1935-1938.
Un monument ! Permet de se retrouver dans les dédales de la politique ecclésiastique.

Claude FLEURY, Histoire ecclésiastique, 37 vol., Paris 1717-1758, réed.. 40 vol. 1720-1774; réed. en 6 vol. 1858.
La préface contient un admirable exposé de la méthode historique que devraient savoir par cœur tous les étudiants en histoire. Bien que vieilli, cet ouvrage offre de très nombreuses citations de textes anciens, des anecdotes qui n'intéressent plus les historiens du XXe siècle mais permettent de saisir mieux qu'un commentaire les mentalités et la vie quotidienne.

Patrick GEARY, Le monde mérovingien : Naissance de la France, trad. J. Carlier et I. Detienne, Flammarion, Paris, 1989.
Donne un bon aperçu du contexte social et culturel dans l'explosion de l'empire romain en royaumes "barbares".

L. GOUGAUD, Dévotions et pratiques ascétiques au moyen âge, Paris, 1925.
Une étude d'ensemble sur les pratiques monastiques occidentales.

R. M. GRANT, La Gnose et les origines chrétiennes, Paris, 1964.
Permet de comprendre la naissance du dualisme.

Antoine GUILLAUMONT, Les "Kephalaia Gnostica" d'Evagre le Pontique et l'histoire de l'origénisme chez les Grecs et chez les Syriens, coll. Patristica Sorbonensia, Seuil, Paris, 1962.
Les enjeux de la querelle origéniste. Excellente étude.

J. LE GOFF, R. BREMOND et al., Histoire de la France religieuse, I. Des origines au XIVe siècle, Seuil, Paris, 1988.
Merveilleusement illustrée, une étude collective de synthèse qui s'appuie sur les plus récentes recherches de l'histoire des mentalités. Tous les articles n'ont pas le même intérêt, certaines hypothèses restent discutables, mais dans l'ensemble permet de comprendre le moyen-âge.

J. LE GOFF, La Naissance du purgatoire, NRF Gallimard, Paris, 1981.
Comment se forme une hérésie, comment s'est transmise la pensée augustinienne jusqu'à envahir à la fois la philosophie et l'imaginaire occidental.

LEISEGANG, Les gnostiques,
La meilleure étude d'ensemble sur le thème.

Michel MANNIARD, Genèse culturelle de l'Europe, Ve-VIIIe siècles, Points H127, Seuil, Paris, 1989.
Une excellente et maniable petite synthèse, qui forme une bonne introduction à l'évolution de la pensée occidentale jusqu'à la "renaissance" carolingienne.

M. MESLIN et J.R. PALANQUE, Le christianisme antique, coll. U2, Armand Colin, Paris 1967.
Un choix de textes commentés, bien fait, qui privilégie cependant un peu trop les sources occidentales.

J. MEYENDORFF, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, coll. Maîtres spirituels, Seuil, Paris.
La meilleure introduction possible à la théologie des Énergies divines et de la lumière incréée.

J. MOREAU, Les persécutions du christianisme dans l'empire romain, Paris, 1956.

Nouvelle Histoire de l'Église, sous la dir. de L.J. Rogier, Seuil, Paris, 1963.
Malgré le point de vue très subtilement romain, un souci d'exactitude historique remarquable. Il manque l'histoire des églises d'orient après le schisme de 1054.

Les Pères apostoliques : écrits de la primitive Église, trad; et intr. France Quéré, Points Sa22, Seuil, Paris, 1980.
Les débuts de l'Église au travers des textes. Une excellente traduction.

H.C. PUECH, Le Manichéisme, Paris, 1949.
Sans doute l'ouvrage le plus sérieux sur la question, même s'il faut le compléter par les découvertes récentes.

H. de RIEDMARTEN, Les Actes du procès de Paul de Samosate, Fribourg, 1952.

Claude TRESMONTANT, Le Christ hébreu, O.E.I.L,
Règle à mon sens définitivement la question de la date de rédaction des Évangiles.

Sur les querelles christologiques, il existe une importante bibliographie spécialisée, mais on trouve difficilement des études d'ensemble.
Sur la question du Filioque, il n'existe que des ouvrages polémiques et l'on attend encore une étude historique digne de ce nom.

La présente bibliographie est une liste minimale. Il ne s'agit pas de tout lire en vrac, mais elle vous permet d'approfondir des questions que nous ne faisons que survoler dans le cours. Je donnerai des références complémentaires avec les sujets de devoir.

[Claude le Liseur]

Je viens de me rendre compte que j'ai oublié un ouvrage:
- qui est sans parti-pris reconnaissable,
- qui commence par une bibliographie d'une richesse extraordinaire,
- qui est synthétique,
- et que j'avais lu avec plaisir:

Professeur Pierre Maraval,

Le christianisme de Constantin à la conquête arabe,

Presses universitaires de France, collection Nouvelle Clio

Très complet sur l'histoire du christianisme entre l'édit de Milan (313) et le VIe concile oecuménique (680).