Makcim a écrit :
La mission n’est pas seulement l’affaire du clergé.
Et c’est bien ainsi que je conçois tout ce que je « commets » sur Internet.
Vis-à-vis d’un enfant qui grandit et se développe, on peut avoir deux attitudes : soit on est attentif au moindre progrès, qu’on met en relief et qu’on encourage, ce qui procure un accroissement de la joie et de la confiance en soi qui permet un développement positif, soit on « relativise » tout,au nom de la « Vérité » sacro-sainte, et on fait le rabat-joie en permanence en comparant tout ce qui passe dans la vie de l’enfant, en lui faisant remarquer constamment, à la moindre occasion, qu’il ne faudrait pas se monter le col et que vis-à-vis des autres, c’est peut-être un petit quelque chose mais que ce n’est tout de même pas grand-chose et qu’avant tout le verre est plus qu’à moitié vide ! Ce n’est pas ma position ni le sens de mes interventions internautiques. Libre à chacun de choisir son attitude vis-à-vis de l’Eglise naissante…
La presse la plupart du temps fait ses choux gras de manière éhontée des malheurs de l’humanité et de son peu de valeur : chômage, crimes, complots, magouilles électorales et en tout genre, révoltes destructrices, accidents, maladies mortelles, massacres, divorces, divisions, catastrophes naturelles ou industrielles, mort imminente de la démocratie, mesquineries, malhonnêteté et petitesses de l’être humain en groupe et j’en passe, cela me fatigue… mais il suffit d’ouvrir une page d’Actualités chaque jour pour trouver presque tout cela réuni en un seul jour.
Autrement dit il y a ceux qui se nourrissent du mal, en parlent dans cesse, en font des développements interminables, des feuilletons, des séries, voire des films à succès et sont grassement payés pour cela et…
N’insister que sur le négatif c’est - que personne n’en doute - l’augmenter à coup sûr. Rendre-compte systématiquement des incendies de voitures dans les quartiers, c’est créer une compétition qui ne fait qu’aggraver les choses ; monter en épingle le moindre attentat d’un kamikaze, c’est en susciter d’autres !
Alors cela signifie qu’il faut faire attention à ce que l’on écrit, pour quoi, en quelle occasion, pour produire quel effet.
Pour ce qui me concerne, oui, j’ai choisi le "triomphalisme" de façon très contextuelle, par rapport aux effets que cela peut produire, non seulement parmi les Orthodoxes mais également parmi ceux qui cherchent, et ils sont plus nombreux que l'on croit - si je sais interpréter les statistiques.
La « vérité » est toujours une arme pour produire des effets sur ceux à qui on prétend la transmettre voire l’imposer. Une seule question : Quel est le projet ?
Je ne comprends pas entièrement le sens de votre philippique. D'autant plus que je ne vois pas qui a parlé de triomphalisme à propos de vos écrits, ni où.
Toutefois, à ce stade, je peux vous apporter déjà quelques précisions et remarques:
- Certes, la mission n'est pas seulement l'affaire du clergé. Je me suis contenté de parler du clergé pour ne pas parler des fidèles qui y sont encore plus hostiles et qui, en général, bloquent les rares initiatives du clergé. Mais le clergé porte une lourde responsabilité lorsqu'il ne résiste pas à de telles tendances et qu'il ne fait que suivre les pires penchants des fidèles au lieu d'essayer de prêcher à temps et à contretemps (II Tm 4,2). Et c'est quand même au sein du clergé que j'ai entendu les pires absurdités. Ceci étant, si vous vous en prenez à ma manière de présenter les choses - comme votre message le laisse supposer -, je pense que j'ai fait et que je fais plus que ma quote-part d'efforts en matière missionnaire et apologétique (ce dont vous avez peut-être pu vous rendre compte si vous avez parcouru ce forum ou lu ce que j'ai pu publier par ailleurs). Vos attaques me semblent donc pécher par injustice. C'est le seul point sur lequel je peine à accepter votre attitude, puisqu'il ne s'agit pas de paroles contre des paroles, mais de faits tangibles et objectifs.
- Je crois que toute présentation par trop édulcorée de la situation relève de la pire des cruautés à l'égard, précisément, de ceux qui cherchent. Avez-vous conscience de la réaction de ceux qui auront commencé à fréquenter nos diocèses sur la base d'une ignorance de la situation réelle de l'Orthodoxie en Europe occidentale lorsqu'ils découvriront ladite situation ? Je préfère éviter à d'autres les expériences que beaucoup d'entre nous ont connues et je pense que non seulement un homme averti en vaut deux, mais qu'une personne à qui on ne dissimule pas la réalité sera mieux à même de faire face aux épreuves qui l'attendront et surtout ne pourra s'en prendere à personne de ce que les choses ne soient pas conformes aux attentes qui auront été créées. Il s'agit là, bien sûr, de mon opinion, qui ne vaut pas plus que la vôtre.
- Enfin, et surtout, il me semble qu'à partir du moment où on a choisi de servir celui qui est la Voie, la Vérité, la Vie (Jn 18,37), il convient de manifester le respect le plus grand à l'égard de la vérité. Excusez-moi, mais le modèle du forum papiste où un théologien de Belgique annonce le ralliement imminent des orthodoxes au Vatican (!) et imagine au passage que les uniates sont des Églises orthodoxes (re-!) qui se sont ralliées au Vatican au XIXe siècle (re-re-!), tout ceci parce qu'il voit que certains de ces lecteurs commencent à venir chercher des informations chez les orthodoxes (et excusez mon manque de modestie, il s'agissait d'informations glanées sur le présent forum que vous semblez tenir pour quantité négligeable), et bien ce modèle m'inspire un dégoût presque physique. J'en ai soupé du mensonge chez les catholiques romains avec leurs falsifications de l'Histoire et des écrits des Pères et leur négation du génocide oustachi. J'en ai soupé du mensonge chez les musulmans avec leur invention que les juifs et les chrétiens aient falsifié leurs Écritures quand eux-mêmes ne sont pas capables de lire le Coran. Vous me permettrez aussi d'en souper du mensonge chez nous avec le relativisme et le tribalisme. Je ne crois pas que la fin justifie toujours les moyens - en tout cas pas dans le domaine qui nous intéresse. Je ne pense pas que nous soyons là pour faire du chiffre. Alors, oui, j'exècre le discours de ce prélat orthodoxe qui multipliait le nombre des fidèles de son patriarcat par deux par rapport à la réalité avant de se répandre quelques années plus tard dans la presse allemande pour proclamer que les sacrements des catholiques romains étaient valides, parce que, dans les deux cas,
c'est contraire à la vérité. Je choisis à dessein cet exemple, car il illustre un fait que j'ai souvent constaté et que vous semblez n'avoir pas remarqué: la présentation triomphaliste de la situation de l'Orthodoxie est précisément très en vogue chez des gens qui s'opposent à tout effort missionnaire orthodoxe - que ce fût en Europe occidentale, dans les Amériques ou dans le Tiers Monde - , qui mêlent chauvinisme politico-religieux et adogmatisme œcuméniste - deux convictions qui sont d'ailleurs souvent liées -, qui se soucient comme d'une guigne de l'Église naissante dont vous parlez et qui cherchent dans la présentation
ad usum delphini de la situation réelle ou dans la construction de villages Potemkine ecclésialo-nationalistes un paravent à leur propre inaction. Pour ma part, je reste convaincu, non seulement qu'il faut agir, mais que la premier amour que je dois à mon frère, c'est la vérité. Il s'agit, là encore, de mon opinion, qui ne vaut pas plus que la vôtre.
- Vous écrivez: «n'’insister que sur le négatif c’est - que personne n’en doute - l’augmenter à coup sûr». Je vous réponds: cacher la réalité sous prétexte qu'il faut positiver, ce serait faire du mal à des personnes bien intentionnées, ce serait faire le mal, ce serait augmenter le négatif dans des proportions que vous n'imaginez pas. Il s'agit, une fois de plus, de mon opinion, qui ne vaut pas plus que la vôtre.
- En conclusion, je crois savoir où est mon devoir. La conception que vous vous faites de votre propre devoir est antagoniste. Nos positions sont inconciliables. Prenons-en acte. Je respecte votre point de vue. Mes opinions ne valent pas plus que les vôtres. L'un d'entre nous se trompe de bonne foi, et cela peut très bien être moi. Toutefois, sur le plan des faits, et non des opinons, j'ai l'impression que vous effacez d'un trait de plume ce que des gens qui ne partagent pas vos opinions ont fait et font encore pour une cause qui vous est chère.