des peuples oubliés

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Claude le Liseur
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des peuples oubliés

Message par Claude le Liseur »

L'Orthodoxie apparaît aujourd'hui essentiellement comme la religion majoritaire des Russes, des Ukrainiens, des Ethiopiens, des Roumains, des Grecs, des Serbes, des Bulgares, des Biélorusses, des Géorgiens et des Slavo-Macédoniens. Par ailleurs, on sait qu'elle est implantée de manière durable parmi une minorité des Tchèques, Slovaques, Finlandais, Estoniens, Lettons, Albanais, Arabes, Malayalis, etc.

Mais on a complètement oublié que, dans le passé, il y a eu bien d'autres peuples, parfois fort minoritaires ou dispersés, où l'Orthodoxie était parvenue à s'implanter durablement - parfois pendant des siècles, et parfois en touchant la majorité de ces peuples.

Qui se souvient aujourd'hui du fait que l'Orthodoxie était aussi leur religion pour les Alains, les Lazes, les Abkhazes, les Albanais du Caucase, les Coumans, les Homérites ou les Nobades? Qui se souvient du franciscain Guillaume de Rubrouck rencontrant les gardes alains du Grand Khan mongol qui lui firent part de leur fierté d'avoir la "foi grecque"?

Au 15 septembre du calendrier ecclésiastique, l'Eglise fait mémoire du saint martyr Nicétas le Goth. Cela devrait nous inciter à penser un instant à ces peuples qui firent un bout de chemin au sein de l'Orthodoxie avant de disparaître ou d'apostasier. Martyr sur l'ordre du roi païen Athanaric vers 370, saint Nicétas aurait été un traducteur de l'Ecriture en langue gothique. Peut-être avait-il révisé la première traduction du célèbre évêque Ulfilas (en fait Wulfila - Petit Loup), qui introduisit malheureusement l'arianisme chez les Goths.

Il est généralement connu que la plupart des Goths qui envahirent l'Europe occidentale étaient ariens, et que le royaume des Ostrogoths fut arien jusqu'à sa fin, tandis que celui des Wisigoths le demeura jusqu'à sa conversion en 587. Mais il est généralement ignoré que, parmi les Goths demeurés en Europe centrale et orientale (ils étaient particulièrement nombreux sur le territoire de l'actuelle Roumanie), le sacrifice de saint Nicétas ne fut pas vain. Le professeur Pierre Maraval nous apprend, dans "Le christianisme de Constantin à la conquête arabe", PUF, Paris 1997, p. 96, qu' "il subsistera des communautés de Goths orthodoxes: Jean Chrysostome, au début du Vème siècle, recrute un clergé capable de les instruire, envoie sur place des prêtres et des diacres, consacre un évêque de Gothie." Je suis plus sceptique sur ce dernier point: "évêque de Gothie" ne veut pas dire "évêque des Goths". On appelait à cette époque-là "Gothie" les actuelles Munténie et Dobroudja dans le sud de la Roumanie, et cet évêque avait aussi bien des fidèles goths que roumains. Les rois goths qui régnaient sur ces territoires vivaient alors en bonne intelligence avec leurs sujets roumains, et certains avaient adopté le titre de jude, du latin judex, origine probable du mot roumain actuel judet qui veut dire "département", ce qui était un signe de latinisation.

Par la suite, les invasions des VIème et VIIème siècles (Avars, Slaves, Bulgares) ont plus ou moins fait disparaître le peuple goth en Europe centrale au cours des siècles suivants, mais les Goths ont survécu, d'abord en tant que peuple autonome et ensuite en tant que minorité de plus en plus petite au sein des khanats tatars, en Crimée jusqu'au XVIème siècle. Ces Goths de Crimée étaient orthodoxes (un de leurs évêques participa aux travaux du concile de Nicée en 325), et fidèles alliés de l'Empire byzantin qui exerça un protectorat sur eux jusqu'au XIème siècle. Ils semblent s'être étiolés au fil des invasions successives, et leur langue disparaît au XVIème siècle.

Je regrette de ne pas disposer de plus d'informations sur ce peuple germanique qui a connu onze siècles de vie orthodoxe, et je serais très reconnaissant à toute personne qui voudrait bien me communiquer plus de renseignements.

Il me semble par ailleurs que saint Nicétas le Goth pourrait être un excellent patron pour une mission orthodoxe contemporaine en Allemagne, Autriche, Alémanie, ou Scandinavie... Les Goths ne venaient-ils pas de l'île de Gotland?
Catherine
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Coumans ?

Message par Catherine »

Cher lecteur Claude,
Savez vous qc de plus du passé orthodoxe de ce peuple autrefois nomade, d'origine turque, que sont les Coumans ?
En Hongrie, ils ont été installés par le roi Béla IV, qui voulait repeupler la Hongrie dévastée par les Mongols au XIIIe siècle.
Nombreux sont les toponymes de deux régions hongroises (et les régions même : Kiskunság et Nagykunság = Petite Coumanie et Grande Coumanie) qui portent leur nom et leurs descendants sont tous des protestants réformés aujourd'hui, sans exception.
Cela peut être dû à une "allergie" invétérée au papisme, conjugué à un passé orthodoxe lointain (oublié ou interdit ?).
Merci si vous pouvez me renseigner.
K.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Les Coumans / Kiptchaks, appelés Polovtses par les Slaves orientaux et Valwen par les Allemands, arrivent au contact des principautés ruthènes en 1055. A cette époque, ils sont encore adeptes du chamanisme turc. Cela ne devait pas tarder à changer.

D'après le professeur Iaroslav Lébédynsky de l'INALCO de Paris, in Les Nomades, Editions Errance, Paris 2003, pp. 232 s. : "Les Coumans subirent l'influence de deux grandes religions: le christianisme en Europe et l'islam en Asie. Le christianisme orthodoxe était propagé par les principautés ruthènes, mais aussi par les Alains (tiens, les revoilà! - NdL) et la Géorgie. Un fils du khan Kontchak se nommait Yurgi (Georges) et devait être orthodoxe. La Hongrie aussi envoya dans les steppes des missions catholiques. On peut penser que sans l'irruption des Mongols au XIIIème siècle, les Coumans occidentaux seraient devenus majoritairement chrétiens."

En tout cas, la bibliothèque Saint-Marc de Venise conserve un manuel religieux chrétien en langue coumane, le Codex comanicus, dont le professeur Lébédynsky extrait cette phrase:

Yesus Christus bitlik tilince, tatarca qutqardaci, ol kertirir barca elni qutqadarci
Jésus-Christ, dans la langue du Livre, en couman, est le sauveur, c'est-à-dire le sauveur de tous

Cette langue évoque-t-elle quelque chose pour un turcophone d'aujourd'hui?

Le professeur Neagu Djuvara, in Cum s-a nascut poporul român? ,Humanitas, Bucarest 2001, p. 56, parle de "symbiose roumano-coumane", reprenant une expression de Iorga. A une époque, la Valachie a porté le nom de "Coumanie". D'après Djuvara, les Coumans de Valachie et du sud du Danube auraient été en guerre avec le royaume de Hongrie (dont d'autres Coumans devinrent les alliés après les invasions tatares) et en revanche les amis des Roumains (auxquels ils auraient appris leur art de la guerre) et des Bulgares. La fondation du second empire bulgare, en 1185, serait l'oeuvre non seulement des Bulgares et des Aroumains ou Vlaques (Roumains du sud du Danube), comme on le sait, mais aussi des Coumans du sud du Danube. En tout cas, les Coumans sont de loin le peuple nomade de la steppe qui a laissé le moins mauvais souvenir aux sédentaires ou sédentarisés (Bulgares, Magyars, Roumains, Ruthènes, Russes...) qui l'ont rencontré. En restent en Roumanie les noms de famille Coman (nom d'un célèbre professeur de patrologie) et Comaneci (nom d'une gymnaste médaillée aux JO de Montréal en 1976) qui évoquent donc une lointaine origine coumane. Djuvara pense même que la présence coumane aurait joué un rôle décisif dans la fondation du voïvodat de Valachie.

Etienne V de Hongrie avait épousé une princesse coumane et leur fils Ladislas IV fut surnommé "le Couman". Il vécut même un certain temps en exil dans le peuple de sa mère. Le professeur Miklos Molnar, in Histoire de la Hongrie, Hatier, Paris 1996, p. 56, estime que le roi Béla IV avait installé 40'000 Coumans en Hongrie après l'invasion tatare.

En Europe centrale, on a donc des Coumans totalement assimilés au peuple roumain, n'ayant laissé que deux noms de famille comme trace de leurs présence et dont les descendants sont orthodoxes, et des Coumans totalement assimilés au peuple magyar, n'ayant laissé que le nom de deux régions et dont les descendants sont calvinistes. A noter cependant que le dernier locuteur de la langue des Coumans (le kiptchak) en Europe centrale, un certain Varro, originaire de Karczag, n'est mort qu'en 1770: la langue avait donc survécu très longtemps.

Dans la steppe, les Coumans ont été totalement assimilés par les Tatars de la Horde d'Or et islamisés progressivement. Le kiptchak a cependant été la langue véhiculaire de la Horde d'Or et plusieurs parlers tatars modernes en descendent. Le kiptchak, ou un dialecte apparenté, devint aussi progressivement la langue maternelle des Juifs karaïtes de Crimée.

Voilà quelques traits de l'histoire d'un peuple largement oublié et qui fut pourtant aussi l'acteur d'une véritable épopée.
Maksim
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Message par Maksim »

Un petit peuple fort minoritaire aussi, les Gagaouzes de Moldavie. Orthodoxes… mais comme j’ai appris, depuis peu, pratiqueraient la circoncision et le sacrifice rituel.
Le mot « gagaouze » viendrait du turc « gök+oghouz » (Oghouz céleste).
Les Gagaouzes seraient même apparentés à certains autres « Oghouz » qui dans leur marche vers l’ouest, ont pris le chemin du sud de la mer Noire et sont restés en Anatolie.

Ces derniers étaient-ils déjà christianisés ou l’ont-ils été au contact des Byzantins dans l’armée desquels ils servirent ? Toujours est-il qu’ils parlaient turc, écrivaient en turc avec l’alphabet grec ; les prières et les services à l’église étaient en turc mais ils relevaient du patriarcat grec d’Istanbul. A l’échange des populations avec la Grèce, début ’20, ils furent assimilés aux Grecs d’Anatolie et priés de quitter le pays. Peu y échappèrent (80, à peu près, je crois, à l’initiative tardive d’Atatürk) et amenés à Istanbul dont la population était exemptée de l’échange. A la même époque, ils ont obtenu, des autorités turques de fonder leur patriarcat propre (Patriarcat orthodoxe turc).

Je crois que, actuellement, il n'y a plus de patriarche, juste une dame, fille du dernier patriarche connu, décédé en 92, et qui porte le titre de « porte-parole pour la presse du patriarcat », fraternise avec les « loups gris » et tient lorsque l’occasion se présente des discours fort nationalistes, anti-patriarcat grec, anti-prosélytisme missionnaire protestant…

En fait.., je voulais juste rappeler l’existence des Gagaouzes et des ex-orthodoxes turcs d’Anatolie… les deux paragraphes précédents sont entre parenthèses.
Avec espérance et humilité...
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ces Turcs orthodoxes d'Anatolie, dont on ne sait exactement s'ils étaient des Turcs christianisés (avant ou après leur arrivée en Anatolie?) ou des Grecs turcisés étaient communément appelés Karamanlis.

Ils devaient être au nombre de quelque 50'000 au moment de l'échange des populations en 1923-1924.

L'un d'entre eux, le prêtre Euthyme Karahissaridhis, dit "Baba Eftim", exempté de l'échange à l'initiative d'Atatürk, fut à l'origine de la fondation de ce patriarcat orthodoxe turc, qui n'eut en fait aucun rôle missionnaire auprès des Turcs, mais fut utilisé par le gouvernement d'Ankara pour causer des difficultés au patriarcat oecuménique.
Le gouvernement turc a progressivement rendu au patriarcat oecuménique toutes les églises qu'il avait attribuées aux partisans de Baba Eftim, à l'exception d'une seule. Comme aucun évêque n'avait suivi Baba Eftim, inutile de dire que ce groupe n'a plus de prêtres depuis longtemps. A noter que Baba Eftim a sauvé pas mal de Grecs lors du pogrom de 1955.

Il paraît qu'il y a une des églises du patriarcat oecuménique à Istanbul où offices et liturgie sont célébrés en turc, à l'usage d'une petite communauté de Gagaouzes.

Les peuples turcs sont une vaste constellation, au sein de laquelle les Oghouz sont ceux qui ont donné naissance aux sultanats seldjoukides, à l'Empire ottoman et à l'actuelle République turque. D'après l'étymologie que vous m'apprenez, les Gagaouzes seraient donc une partie des Oghouz qui aurait choisi un autre destin.
Jean-Serge
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Les turcs orthodoxes

Message par Jean-Serge »

J'ai connu en Belgique un Turc orthodoxe qui m'avait dit que dans sa famille ils étaient orthodoxes depuis toujours et turcs également depuis toujours : il n'avait pas de souvenir d'origines grecques...
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Claude le Liseur
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Re: des peuples oubliés

Message par Claude le Liseur »

lecteur Claude a écrit : Mais on a complètement oublié que, dans le passé, il y a eu bien d'autres peuples, parfois fort minoritaires ou dispersés, où l'Orthodoxie était parvenue à s'implanter durablement - parfois pendant des siècles, et parfois en touchant la majorité de ces peuples.

Qui se souvient aujourd'hui du fait que l'Orthodoxie était aussi leur religion pour les Alains, les Lazes, les Abkhazes, les Albanais du Caucase, les Coumans, les Homérites ou les Nobades? Qui se souvient du franciscain Guillaume de Rubrouck rencontrant les gardes alains du Grand Khan mongol qui lui firent part de leur fierté d'avoir la "foi grecque"?

Au 15 septembre du calendrier ecclésiastique, l'Eglise fait mémoire du saint martyr Nicétas le Goth. Cela devrait nous inciter à penser un instant à ces peuples qui firent un bout de chemin au sein de l'Orthodoxie avant de disparaître ou d'apostasier. Martyr sur l'ordre du roi païen Athanaric vers 370, saint Nicétas aurait été un traducteur de l'Ecriture en langue gothique. Peut-être avait-il révisé la première traduction du célèbre évêque Ulfilas (en fait Wulfila - Petit Loup), qui introduisit malheureusement l'arianisme chez les Goths.

Il est généralement connu que la plupart des Goths qui envahirent l'Europe occidentale étaient ariens, et que le royaume des Ostrogoths fut arien jusqu'à sa fin, tandis que celui des Wisigoths le demeura jusqu'à sa conversion en 587. Mais il est généralement ignoré que, parmi les Goths demeurés en Europe centrale et orientale (ils étaient particulièrement nombreux sur le territoire de l'actuelle Roumanie), le sacrifice de saint Nicétas ne fut pas vain. Le professeur Pierre Maraval nous apprend, dans "Le christianisme de Constantin à la conquête arabe", PUF, Paris 1997, p. 96, qu' "il subsistera des communautés de Goths orthodoxes: Jean Chrysostome, au début du Vème siècle, recrute un clergé capable de les instruire, envoie sur place des prêtres et des diacres, consacre un évêque de Gothie." Je suis plus sceptique sur ce dernier point: "évêque de Gothie" ne veut pas dire "évêque des Goths". On appelait à cette époque-là "Gothie" les actuelles Munténie et Dobroudja dans le sud de la Roumanie, et cet évêque avait aussi bien des fidèles goths que roumains. Les rois goths qui régnaient sur ces territoires vivaient alors en bonne intelligence avec leurs sujets roumains, et certains avaient adopté le titre de jude, du latin judex, origine probable du mot roumain actuel judet qui veut dire "département", ce qui était un signe de latinisation.

Par la suite, les invasions des VIème et VIIème siècles (Avars, Slaves, Bulgares) ont plus ou moins fait disparaître le peuple goth en Europe centrale au cours des siècles suivants, mais les Goths ont survécu, d'abord en tant que peuple autonome et ensuite en tant que minorité de plus en plus petite au sein des khanats tatars, en Crimée jusqu'au XVIème siècle. Ces Goths de Crimée étaient orthodoxes (un de leurs évêques participa aux travaux du concile de Nicée en 325), et fidèles alliés de l'Empire byzantin qui exerça un protectorat sur eux jusqu'au XIème siècle. Ils semblent s'être étiolés au fil des invasions successives, et leur langue disparaît au XVIème siècle.

Je regrette de ne pas disposer de plus d'informations sur ce peuple germanique qui a connu onze siècles de vie orthodoxe, et je serais très reconnaissant à toute personne qui voudrait bien me communiquer plus de renseignements.

Il me semble par ailleurs que saint Nicétas le Goth pourrait être un excellent patron pour une mission orthodoxe contemporaine en Allemagne, Autriche, Alémanie, ou Scandinavie... Les Goths ne venaient-ils pas de l'île de Gotland?
J'ai pu me procurer le livre du professeur Fernand Mossé, Manuel de la langue gotique, Aubier, Paris 1942.
Pour qui s'intéresse à cette Orthodoxie de langue germanique qui a duré autrement plus longtemps que celle des bords du Rhin, le livre est une mine de renseignements: le professeur Mossé signale qu'on a retrouvé un calendrier liturgique goth de Mésie qui donne le calendrier des saints du 23 octobre au 30 novembre (p. 31).
Ce qui intéressera au moins notre ami Augustin717 autant que moi, c'est que l'historien franc Walahfrid Strabon nous apprend que le gotique était encore employé comme langue liturgique à Tomi dans la Dobroudja (p. 22). Donc, l'oeuvre missionnaire de saint Jean Chryostome faisant célébrer en gotique à Constantinople portait encore ses fruits quatre siècles plus tard.
Enfin, cette langue parlée par des peuples qui ont joué un rôle si important dans l'histoire de l'Europe, dernier rameau du germanique oriental (et qui n'est l'ancêtre d'aucune des langues germaniques actuelles), s'est éteinte bien plus tard que je l'avais écrit ici à tort.
Le professeur Mossé (p. 32) signale que le célèbre Ogier Ghiselin de Busbecq (1522-1592), ambassadeur flamand de Charles Quint auprès de la Sublime Porte, recueillit en 1560-1562 de la bouche de deux témoins originaires de Perekop en Crimée (un Grec et un Goth) quelque 68 mots de la langue gotique encore parlée en Crimée à cette époque. En fait, la langue gotique ne s'est éteinte en Crimée que vers 1750.
Le professeur Mossé signale qu'un savant allemand avait publié un livre racontant l'histoire de ces derniers Goths: R. Loewe, Die Reste der Germanen am Schwarzen Meer, Halle 1896. Un de nos lecteurs aurait-il plus d'informations sur ce sujet ou sur ce livre?
augustin717
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Message par augustin717 »

Cher Claude,
C'est un sujet tres fascinant ce que vous avez propose.
A propos des Coumans et des Petchenegues (j'espere que c'es le bon terme) je voudrais ajouter que leur memoire (et vous avez fait mention deja) s'est tres bien conservee dans la toponymie de Moldavie et Wallachie (moins dans la Transylvanie). On a des toponyme comme: Comana, Peceneaga, Comanesti etc mais aussi des toponymes moins evidentes comme: Cortalsui, Covrului, Desnatsui etc.
Quelques mots sur Goths:
On a conserve, dans les Carpathes Occidentale (la terre des "Motsi") meme la memoire des Goths, dans une expression idiomatique ("Iaca si pe gotsa", "Voila le "goth" aussi") qu'on disait a l'approche d'un homme aux cheveux roux.
En plus de St. Nicetas le Goth, dans le calendrier roumain au moins, on a deux autres sains goths: St Sava le Goth et le St. Pretre Sansala.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

augustin717 a écrit :Cher Claude,
C'est un sujet tres fascinant ce que vous avez propose.
A propos des Coumans et des Petchenegues (j'espere que c'es le bon terme) je voudrais ajouter que leur memoire (et vous avez fait mention deja) s'est tres bien conservee dans la toponymie de Moldavie et Wallachie (moins dans la Transylvanie). On a des toponyme comme: Comana, Peceneaga, Comanesti etc mais aussi des toponymes moins evidentes comme: Cortalsui, Covrului, Desnatsui etc.
Quelques mots sur Goths:
On a conserve, dans les Carpathes Occidentale (la terre des "Motsi") meme la memoire des Goths, dans une expression idiomatique ("Iaca si pe gotsa", "Voila le "goth" aussi") qu'on disait a l'approche d'un homme aux cheveux roux.
En plus de St. Nicetas le Goth, dans le calendrier roumain au moins, on a deux autres sains goths: St Sava le Goth et le St. Pretre Sansala.

Merci beaucoup pour toutes ces informations.

Avez-vous plus de détails sur le saint prêtre Sansala?

Pour le reste, je continue à chercher des renseignements sur la possibilité que vous aviez évoquée que la liturgie des Gaules ait été célébrée au moins dans certaines parties du territoire de la Roumanie actuelle. Je n'ai trouvé pour le moment aucune réponse claire, mais j'ai quand même trouvé ici ou là des informations intéressantes, comme celle sur l'usage liturgique du goth dans la Dobroudja jusqu'au IXe siècle.
augustin717
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Message par augustin717 »

Puisque le roumain vous est connu, voici deux liens concernant la possible celebration d'une liturgie de la famille gallicaine chez les proto-Roumains:
http://ro.wikipedia.org/wiki/Ritul_bizantin_din_Ardeal
http://ro.wikipedia.org/wiki/Rom%C3%A2na_liturgic%C4%83
L'auteur de ces articles est greco-catholique et il pourrait avoir ses prejugees et intentions d'apologie "pro domo", mais ce qu'il ecrit n'est pourtant sans fondement, semble-t-il.
Il fait mention d'un livre de deux folkloristes wallons Maurice Delbouilles et Auguste Dautrepont qui on decouvert d'importantes similitudes entres les noels de Wallonie et ceux de Roumanie.
Il y a aussi le vocabulaire chretien roumain d'origine latine mais, dont les termes ne correspondent pas aux ceux inherites par les langues Romanes occidentales qui ont aussi adopte, a un certain point, le rite romain. Cependant ces termes, dit-on, correspond aux termes liturgiques utilisees dans le rite gallicain..
Sur le pretre Sansala il y a un article en anglais dans la meme "Wikipedia":
http://www.orthodoxwiki.org/Sansala
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Maksim a écrit :Un petit peuple fort minoritaire aussi, les Gagaouzes de Moldavie. Orthodoxes… mais comme j’ai appris, depuis peu, pratiqueraient la circoncision et le sacrifice rituel.
Le mot « gagaouze » viendrait du turc « gök+oghouz » (Oghouz céleste).
Les Gagaouzes seraient même apparentés à certains autres « Oghouz » qui dans leur marche vers l’ouest, ont pris le chemin du sud de la mer Noire et sont restés en Anatolie.

Ces derniers étaient-ils déjà christianisés ou l’ont-ils été au contact des Byzantins dans l’armée desquels ils servirent ? Toujours est-il qu’ils parlaient turc, écrivaient en turc avec l’alphabet grec ; les prières et les services à l’église étaient en turc mais ils relevaient du patriarcat grec d’Istanbul. A l’échange des populations avec la Grèce, début ’20, ils furent assimilés aux Grecs d’Anatolie et priés de quitter le pays. Peu y échappèrent (80, à peu près, je crois, à l’initiative tardive d’Atatürk) et amenés à Istanbul dont la population était exemptée de l’échange. A la même époque, ils ont obtenu, des autorités turques de fonder leur patriarcat propre (Patriarcat orthodoxe turc).

Je crois que, actuellement, il n'y a plus de patriarche, juste une dame, fille du dernier patriarche connu, décédé en 92, et qui porte le titre de « porte-parole pour la presse du patriarcat », fraternise avec les « loups gris » et tient lorsque l’occasion se présente des discours fort nationalistes, anti-patriarcat grec, anti-prosélytisme missionnaire protestant…

En fait.., je voulais juste rappeler l’existence des Gagaouzes et des ex-orthodoxes turcs d’Anatolie… les deux paragraphes précédents sont entre parenthèses.

Il peut parfois y avoir un énorme fossé entre ce qui est dit et répété partout (presse, Internet) et les constatations faites par un témoin.

A propos de ce pseudo-patriarcat turc orthodoxe créé par Mustafa Kemal, tous les sites Internet sans exception à ma connaissance indiquent qu'il n'a plus rien d'orthodoxe, même dans les apparences, et qu'il se limite à une annexe des redoutables Loups gris ne regroupant plus que des membres de la famille Erenerol (ex-Karahissaridis).

Or, voici à peu près un an, un de mes amis, qui travaille comme ingénieur dans l'industrie en Suisse et est en même temps diacre du patriarcat d'Alexandrie (il est d'origine égyptienne et fut ordonné par feu le pape Pierre VII de bienheureuse mémoire), a été envoyé en mission à Istamboul par son entreprise. Cette mission auprès d'un client turc l'amène à passer plusieurs jours à Istamboul, dont un dimanche. Le dimanche matin, naturellement, il demande à la récéption de l'hôtel où il était descendu de lui appeler un taxi pour qu'il puisse assister à la liturgie dans une paroisse orthodoxe. Le chauffeur de taxi le dépose plus ou moins au hasard devant l'entrée d'une église orthodoxe. Mon ami rentre dans l'église et assiste à une liturgie qui avait l'air tout à fait orthodoxe. Comme elle était célébrée en turc, notre diacre égypto-suisse (qui parle l'arabe, mais pas le turc, au demeurant) en déduit qu'il est dans une paroisse turcophone du patriarcat de Constantinople. Il y avait une bonne cinquantaine de fidèles participant à cette liturgie. A la fin, mon ami est invité à prendre le café avec le "clergé" et les fidèles et c'est au cours de cette conversation en anglais qu'il apprend de manière incidente que le hasard l'avait fait débarquer dans la dernière église du "patriarcat turc orthodoxe" de feu Papa Eftim!

Tous les médias vous répéteront que cette communauté n'a même plus les apparences extérieures de l'Orthodoxie, mais mon ami, qui est diacre et qui a tout de même de l'expérience en matière de liturgie, a eu tout le long l'impression d'assister à une liturgie orthodoxe tout à fait normale.

Tous les médias vous répéteront que cette communauté se limite désormais à la famille Erenerol, mais mon ami estime qu'il doit bien y avoir encore une soixantaine de personnes dans ce patriarcat fantômatique. Ce qui est tout de même plus que les deux fidèles que vous trouverez mentionnés sur la plupart des sites Internet.

J'ai bien sûr le coeur serré quand je pense à ces quelques familles qui s'illusionnent elles-mêmes en continuant à procéder à des simulacres de liturgie et des simulacres de sacrements alors que ce groupe n'a jamais eu d'épiscopat, partant de sacerdoce. Mais toujours est-il que, si je me base sur le témoignage de cette personne dont je sais la rectitude morale et qui s'y connaît en matière de liturgie, l'imitation est réussie, contrairement à tout ce que j'ai pu lire sur ce sujet.

Si le pseudo-patriarcat de Baba Eftim, qui ne fut en fin de compte qu'une création du Ghazi pour affaiblir le patriarcat oecuménique, création abandonnée par le gouvernement turc dès que celui-ci changea de politique, agonise lentement avec ses quelques dizaines de fidèles, il y a un vrai diocèse orthodoxe - et l'un des plus prestigieux: celui de l'ancienne Antioche, dont le titulaire est le patriarche Ignace IV (Hazim) qui a aussi le siège de Damas - qui est en train de passer au turc comme langue liturgique. La région d'Antakya, ancienne Antioche, faisait partie du sandjak d'Alexandrette, elle-même province du mandat de Syrie confié par la SDN à la France victorieuse en 1920, et cédée par la France à la Turquie en 1939, dans le but de s'assurer la neutralité turque face au IIIe Reich, et ceci au mépris total des engagements que la France avait envers la Syrie en tant que puissance mandataire. (Il n'est pas étonnant qu'une politique aussi méprisable de la IIIe République ait conduit à la failite totale de la présence francaise dans les Etats du Levant.) En 1939, ne connaissant que trop bien le sort qui était fait aux minorités dans la République kémaliste (Atatürk était mort un an plus tôt, en 1938), la plupart des chrétiens ont fui vers ce qui restait de la Syrie, arabe et plus tolérante. (La Syrie indépendante allait avoir un président du Conseil de confession grec-orthodoxe, Farès Khoury, à la tête du gouvernement en 1945, puis en 1954, chose inimaginable en Turquie "laïque" ou en Egypte "pro-occidentale".) Toutefois, il est resté dans le sandjak d'Alexandrette (Iskenderun) plusieurs milliers de chrétiens orthodoxes arabes.
Il semble qu'après plus de 60 ans de rattachement à la Turquie (qui ne connaît qu'une seule langue officielle et d'enseignement sur son territoire, à l'exception des quelques écoles grecques, juives et arméniennes protégées tant bien que mal par le traité de Lausanne), la langue arabe se soit passablement étiolée dans l'ancien sandjak d'Alexandrette. Prenant consience de cet état de fait et de la méconnaissance, voire ignorance, de l'arabe par ses fidèles des jeunes générations dans cette région, le patriarcat d'Antioche y encourage maintenant le passage de l'arabe au turc comme langue liturgique. Je dirais qu'il était temps qu'une langue qui a autant de locuteurs (plus que le français!) soit enfin utilisée dans la liturgie. Je ne suis pas sûr que cela pourra sauver la communauté orthodoxe de la région d'Iskenderun (qui doit être tombée au-dessous de 7'000 âmes par suite de l'émigration vers les rivages plus accueillants du Bosphore), mais c'est de nouveau, à côté de bien des exemples aux Amériques, un signe de la capacité d'adaptation aux situations nouvelles dont fait preuve la très antique Eglise d'Antioche "où les disciples reçurent pour la première fois le nom de chrétiens" (Ac 11,26).
Décidément, le patriacat oecuménique et les trois vénérables patriarcats d'Afrique et d'Orient ne sont pas encore dans l'état de décrépitude dans lesquels certains voudraient les voir.

N.B. Selon une source canadienne à la fiabilité généralement considérée comme discutable ( http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/turquie_1general.htm ), il y aurait plus de 1'200'000 Arabes (1'213'000) sur le territoire de la République turque. Dans ce cas, au moins 1% de ces Arabes sont des chrétiens orthodoxes, répartis à égalité entre le sandjak d'Alexandrette et Istamboul. Ils ne sont bien sûr pas pris en compte par l'auteur de cet article sur les minorités linguistiques de la Turquie, qui sous-évalue le chiffre des orthodoxes en Turquie, parce qu'il ne prend en compte que les Hellènes (et pas les Arabes, les Gagaouzes, les Karamanlis, les Bulgares, les Serbes, les Russes et les Roumains).
Je serais enchanté si un lecteur du forum (milano, au secours!) avait d'autres informations sur la situation des Arabes orthodoxes en Turquie.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Je voudrais signaler qu'il y a un historien turc qui a écrit un livre sur ce sujet des Turcs orthodoxes, non seulement sur les partisans de Baba Eftim, mais aussi sur les Gagaouzes et les Karamanlis.

Ayant trouvé la référence de ce livre dans l'ouvrage remarquable de l'historien turc enseignant à Strasbourg Akgönul sur le patriarcat oecuménique, j'avais demandé à un collègue de travail turc de me le procurer. Avec beaucoup de gentillesse, un dévoument exemplaire et force coups de téléphone à l'auteur, ce collègue turc que j'avais dans mon ancienne profession réussit à me faire parvenir un exemplaire de ce livre épuisé depuis longtemps.

Il s'agit du livre suivant:

Mustafa Ekincikli

Türk Ortodoksları (Les Turcs orthodoxes)

Editions Siyasal, Ankara 1998

L'ouvrage fait 214 pages. Les pages 160 à 193 sont consacrées au schisme de Papa Eftim. Comme le récit s'arrête en 1926, il faut supposer que l'auteur le considère vraiment comme un phénomène du passé.

Le titre du livre est un peu trompeur pour nous: les "Turcs" orthodoxes du livre sont en fait tous les peuples turcophones qui ont été en contact avec l'Orthodoxie, donc non seulement les Ogouzes et les Gagouzes, mais aussi les Avares, les anciens Bulgares, les Pétchenègues et les Kiptchaks.

Je ne lis pas le turc et ne peux saisir que des bribes de l'ouvrage, mais je ne désespère pas de le faire traduire un jour. D'un autre côté, si un lecteur du forum est prêt à nous donner un coup de main en nous traduisant quelques passages topiques, je pourrais lui envoyer les pages les plus intéressantes en PDF. Merci d'avance.
Maksim
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Message par Maksim »

Je peux essayer de traduire quelques pages, si vous voulez, Lecteur Claude.
J'ai essayé de vous joindre par m.p. mais la fonction n'est pas active.

Ci-dessus, vous parliez de la liturgie et du sacerdoce au sujet de l'"église de Papa Eftim".
Qu'en est-il des patriarcats arménien et bulgare d'Istanbul à ce sujet?

Pendant tout un temps, le "patriarcat turc" n'était plus représenté que par le porte-parole du patriarcat, Mme Sevgi Erenerol.

A ma connaissance, il y avait eu deux tentatives de repeupler ce patriarcat par un apport de Gagaouzes:
Une première fois, du vivant de Papa Eftim et pendant une des nombreuses présidences du conseil de M. Demirel;
Et une seconde fois, plus récemment.

Le clergé qu'y a rencontré votre ami pourrait peut-être des Gagaouzes.
Avec espérance et humilité...
Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Maksim a écrit :Je peux essayer de traduire quelques pages, si vous voulez, Lecteur Claude.
J'ai essayé de vous joindre par m.p. mais la fonction n'est pas active.

Ci-dessus, vous parliez de la liturgie et du sacerdoce au sujet de l'"église de Papa Eftim".
Qu'en est-il des patriarcats arménien et bulgare d'Istanbul à ce sujet?

Pendant tout un temps, le "patriarcat turc" n'était plus représenté que par le porte-parole du patriarcat, Mme Sevgi Erenerol.

A ma connaissance, il y avait eu deux tentatives de repeupler ce patriarcat par un apport de Gagaouzes:
Une première fois, du vivant de Papa Eftim et pendant une des nombreuses présidences du conseil de M. Demirel;
Et une seconde fois, plus récemment.

Le clergé qu'y a rencontré votre ami pourrait peut-être des Gagaouzes.

Merci beaucoup de proposer votre aide. Cela me touche profondément. Je vais profiter de votre amabilité et je vous ferai parvenir quelques pages, ou je vais les reproduire ici d'une manière ou d'une autre.

En ce qui concerne le patriarcat arménien, il relève de l'Eglise apostolique arménienne (parfois appelée grégorienne). Donc, il n'est pas en communion avec l'Eglise orthodoxe, en raison de sa foi monophysite, mais il faut signaler en plus que la christologie arménienne diffère de celle des Coptes ou des Syriaques (pas de sévérianisme, traces de julianisme), ce qui fait que les rapports des Arméniens avec ces Eglises sont fluctuants au fil de l'Histoire. Mais le patriarcat arménien d'Istamboul est pleinement canonique aux yeux de l'Eglise arménienne, qui comprend aussi le catholicossat suprême d'Etchmiadzine, le catholicossat de la Grande Maison de Cilicie (replié à Antélias près de Beyrouth, avec juridiction sur les Arméniens du Liban, de Syrie, d'Iran et de Grèce) et le patriarcat arménien de Jérusalem.

A ma connaissance, il n'y a plus de juridiction bulgare parallèle à Constantinople. La prétention insensée de l'Exarchat bulgare d'ériger son propre diocèse en plein territoire de l'archevêché de Constantinople en 1870 avait conduit au fameux concile de Constantinople de 1872 (condamnation du phylétisme) et à la rupture de toutes les Eglises orthodoxes locales avec l'Exarchat bulgare. L'Eglise bulgare, redevenue conformément à l'ecclésiologie orthodoxe Eglise de Bulgarie, est retournée dans le sein de l'Orthodoxie en 1945. Par conséquent, elle a renoncé à exercer une juridiction parallèle sur le territoire de l'archevêché de Constantinople. La célèbre église métallique bulgare Saint-Etienne, face à la Corne d'Or, est toujours desservie par un clergé bulgare pour une communauté orthodoxe bulgare, mais elle est canoniquement rattachée à l'évêque du lieu (le patriarche oecuménique), et figure à ce titre dans l'annuaire du patriarcat oecuménique. S'il jamais il y avait encore en Turquie un soi-disant patriarcat bulgare, il s'agirait d'une ecclésiole de fantaisie, sans rapport avec le patriarcat de Sofia et de toute la Bulgarie.
Irène
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Message par Irène »

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