Confession d'Augsbourg et orthodoxie

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Athanase
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Message par Athanase »

Jean-Louis Palierne a écrit :Vous nous posez également la question :
suis-je, avec Cyrille Loukaris :idea: ,un hétérodoe? Ceux qui professent le Symbole et l'Écriture sont-ils des hétérodoxes?
Rassurez-vous : les choses ne se présentent pas d’une manière aussi simple. Je ne crois pas que quelqu’un qui se réclame de l’c Éiture puisse être rejeté dans les ténèbres extérieures. Mais à défaut d’être “hétéro-doxe” il me semble qu’on peut vous taxer de “meiono-doxie”. Excusez-moi pour ce néologisme prétentieux, mais je veux dire que vous semblez vous efforcer d’amoindrir la foi orthodoxe à ce qui est énonçable.
Merci quand même! Alors, je suis seulement aux limbes? Pourtant, l'Écriture n'est-elle pas la voie du salut et la lumière des croyants(IITim3/15-17, Ps119/105)? De plus, puisque je professe sans ambages le Credo, je n'ai pas le droit d'être regardé comme un vrai orthodoxe? Pourquoi alors l'appeler symbole,signe de reconnaissance, s'il ne permet pas de reconnaître personne comme chrétien et orthodoxe?
Claude le Liseur
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Re: Confession d'Augsbourg et orthodoxie

Message par Claude le Liseur »

Athanase a écrit :A la lecture de la confession d'Augsbourg, on s'aperçoit qu'aucune mention n'est faites dans ce texte du Filioque. De plus, Cyrille Loukaris ,un patriarche de Constantinople, vers 1620, a publié une confession de foi allant dans son sens. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi l'unité oecuménique n'a jamais pu s'effectuer entre le pro-testantisme(le catholicisme professant) et la Foi orthodoxe? Surtout en sachant que le pro-testantisme adhère aux Six premiers conciles oecuméniques!(325-681)

Merci!
Cher Monsieur,

Comme j'ai eu l'occasion de lire les dizaines de messages semblables que vous avez postés sous un hétéronyme sur un forum catholique romain et que, de ce fait, je connais un peu vos centres d'intérêt, je voudrais vous rappeler avant toute autre considération deux choses que vous savez déjà et omettez de rappeler dans vos messages, et ceci avant que vous ne commenciez à inonder le forum orthodoxe de posts en rapport avec vos centres d'intérêt et sans rapport avec le sujet du présent forum:

a) La confession de foi du patriarche Cyrille Ier (Loukaris) n'a jamais été considérée comme une confession de foi orthodoxe, mais comme une confession de foi calviniste. C'est en particulier pour condamner cette confession de foi de Cyrille Ier que s'est réuni le concile de Jassy en 1642.

Au total, six conciles de l'Eglise orthodoxe ont condamné la profession de foi de Cyrille (Loukaris): Constantinople 1638, Kiev 1640, Jassy 1642, Constantinople 1672, Jérusalem 1672 et Constantinople 1691.


Deux écoles se partagent à propos de la confession de foi de Cyrille Ier(Loukaris): soit Cyrille était un orthodoxe qui a signé une confession de foi à laquelle il ne croyait pas pour obtenir l'aide de l'ambassade des Provinces-Unies; soit Cyrille était sincèrement converti à la foi calviniste.
Dans le premier cas, c'était un roublard, comme certains de nos théologiens qui s'en vont signer avec les hétérodoxes des accords d'union auxquels ils ne croient pas un seul instant; dans le deuxième cas, c'était un homme sincère et c'est plus respectable (que Dieu lui soit juge), mais cela ne concerne pas l'Eglise orthodoxe. Cette confession de foi est un texte symbolique du calvinisme, pas de l'Eglise orthodoxe.

Votre procédé n'est donc pas honnête, qui consiste à présenter la confession de foi de Cyrille Ier comme orthodoxe sans préciser qu'elle a été condamnée par l'Eglise orthodoxe. Et je sais que vous le savez, puisque j'ai pu apprécier l'abondance de vos sources d'information sur le forum mentionné plus haut.
En tout cas, comme l'écrivait le professeur Karmiris: "Nous n'avons pas affaire à une confession orthodoxe d'influence calviniste, mais au contraire à une confession calviniste d'influence orthodoxe."
La confession de foi du patriarche Cyrille (Loukaris) est un monument de la foi calviniste, alors que voulez-vous en tirer à propos de la foi orthodoxe?

b) Je ne vois pas le rapport entre une confession de foi calviniste et la confession de foi d'Augsbourg de 1530 qui est luthérienne et d'ailleurs antérieure de six ans à la publication par Calvin de l'Institution de la religion chrétienne. La simple étude de l'histoire religieuse de l'Europe aux XVIe et XVIIe siècles montre à quel point luthériens et calvinistes étaient conscients de constituer deux confessions différentes et étaient à couteaux tirés. Je ne vois donc absolument pas le lien logique que vous pouvez faire entre une confession de foi calviniste et la confession de foi d'Augsbourg. Le débat est faussé, parce que l'on ne sait plus si vous voulez parler du luthéranisme ou du calvinisme qui, à l'époque, et jusqu'à la concorde de Leuenberg de 1973, était bien deux confesssions fort différentes. Et c'est encore la position, côté luthérien, du synode du Missouri et de ses Eglises soeurs d'Europe (comme l'EEL-SFB à laquelle appartient notre ami Lepante) que de refuser une prétendue union de foi avec le calvinisme.
Et il est vrai que, de notre point de vue orthodoxe, le calvinisme est nettement plus éloigné de notre foi que le luthéranisme.

Venons-en à la suite, et aux conclusions que l'on est forcé de tirer de vos messages.

Vous croyez déstabiliser les orthodoxes (nous y reviendrons plus loin) en publiant une confession de foi condamnée par l'Eglise orthodoxe parce qu'elle fut signée par un patriarche de Constantinople?

Alors pourquoi ne pas publier la confession de foi de Nestorius condamnée par les orthodoxes au IIIe concile oecuménique? Nestorius fut aussi patriarche de Constantinople, que je sache?

Vous ne savez pas qu'un patriarche peut aussi tomber hors de la foi?

Vous le savez très bien, comme vous savez aussi que la confession de foi de Cyrille (Loukaris) fut condamnée par l'Eglise orthodoxe, comme vous savez aussi que cette confession de foi ne s'inspirait pas de la confession d'Augsbourg, mais des confessions calvinistes du type de la Hungarica, de la Scottica ou de la Belgica, et comme vous savez aussi que les discussions théologiques entre luthériens et orthodoxes ont eu lieu et ont abouti à une impasse au temps du patriarche Jérémie II (Tranos), plus de quarante ans avant la confession de foi de Cyrille Loukaris. Si vous vouliez parler de l'échec du rapprochement entre luthériens et orthodoxes, vous auriez fait allusion aux discusssions entre Jérémie II et les docteurs luthériens de Tubingue, pas à la confession de foi calviniste de Cyrille Ier.

Vous connaissez aussi bien que nous l'anathème prononcé par l'Eglise orthodoxe le 24 septembre 1638 à l'égard de Mgr Cyrille Loukaris:

"A Cyrille, surnommé Loukaris, qui a faussement affirmé que l'Eglise orientale du Christ, dans son ensemble, professe les mêmes doctrines que Calvin: anathème..."

Voilà encore un point commun entre Cyrille Loukaris et Nestorius, et je suppose que je dois vous savoir gré de ne pas encore parler du nestorianisme de l'Eglise orthodoxe parce que cette hérésie fut professée par un patriarche de Constantinople, précisément déposé pour cette raison.
Puisque la foi de Nestorius, à l'égal de celle de Cyrille Loukaris, devrait sans doute être considérée comme une autre "interprétation" de la "foi byzantine", pour reprendre l'expression (déjà en elle-même très connotée, puisqu'elle était utilisée par les ennemis de ceux qui ne se sont jamais appelés eux-mêmes que les "Romains", Ρωμηοί) par laquelle vous désignez la foi orthodoxe de l'Eglise du Christ?

Si vous vous intéressez un tant soit peu à la foi orthodoxe de l'Eglise une, sainte, catholique-conciliaire et apostolique du Christ, vous aurez sans doute lu la confession de foi de saint Grégoire Palamas, reproduite sur le présent forum, et en quelle petite estime ladite confession de foi tient les idées de Nestorius - pourtant très "byzantin" patriarche de Constantinople, à l'image de votre Cyrille Loukaris.

Cela vaudrait d'ailleurs la peine de faire un fil avec la liste des patriarches de Constantinople qui ne furent pas orthodoxes. Et oui, même le siège le plus prestigieux peut être usurpé, et la qualité de patriarche de Constantinople n'a jamais été source d'infaillibilité. L'Eglise, seule, est infaillible. Bien, ainsi, Cyrille Loukaris fut le premier et unique patriarche calviniste.

Vous savez ainsi que le texte de Loukaris n'exprime en aucune manière la foi de l'Eglise orthodoxe, et qu'on ne peut ainsi en tirer aucun argument en faveur d'une prétendue proximité de l'Eglise orthodoxe et du calvinisme.

Alors que cherchez-vous exactement dans ce fil?


Quand je vous vois écrire (message du 28 mai 2006 à 18h01):
Athanase a écrit :Vous me semblez très déstabilisé par ma présence. Visais-je juste?Je publiais la confession orthodoxe de Cyrille Loukaris sur la demande d'ampliatus.
Alors, je suis forcé de vous faire deux remarques:

*Vous prenez vos rêves pour des réalités, parce que ce n'est pas de cette manière que vous allez déstabiliser qui que ce soit. Mais si vous voulez nous déstabiliser, alors votre but est de faire du prosélytisme anti-orthodoxe, et vous savez que cela n'est pas acceptable sur le présent forum. Ne publiez pas trop vite des communiqués de triomphe quand on voit la faiblesse de votre phrase suivante. Comme on va le voir, une contre-vérité, même écrite en Blockschrift, reste une contre-vérité. La typographie que vous choisissez n'a pas le pouvoir de changer l'Histoire quand elle ne va pas dans votre sens.

*En effet et surtout, vous dites une chose que tout le monde sait fausse en persistant à parler d'une confession de foi orthodoxe (adjectif que vous mettez en gras) à propos d'une confession de foi dont vous savez, comme tout le monde, qu'elle a été condamné six fois par l'Eglise orthodoxe. Et cette atteinte à la vérité - une vérité objective, factuelle, qui n'est pas affaire de conviction: que l'on soit calviniste, luthérien ou orthodoxe, c'est un fait que cette confession de foi que vous présentez comme orthodoxe a été rejetée six fois par l'Eglise orthodoxe et que son auteur a été anathématisé - est encore moins tolérable sur le présent forum qui a toujours essayé de ne pas être un lieu de diffusion de bobards. Pardonnez-moi, mais je suis réellement choqué. Internet est un espace où on écrit beaucoup de choses fausses à des fins diverses et variées. Mais pas ici. Désolé.
Et je suis d'autant plus désolé que le sujet aurait pu être intéressant (le constat fait, du temps de Jérémie II, de l'incompatibilité des positions des orthodoxes et de celles des luthériens). Mais, lancé dans de pareilles conditions, dans une telle confusion (volontaire?) entre luthéranisme et calvinisme, avec l'affirmation de choses aussi fausses à propos de la confession de foi de Loukaris, cela ne peut aboutir à rien. Discuter est une chose. Jouer en est une autre. Et on ne joue pas avec des sujets religieux.
Dernière modification par Claude le Liseur le mer. 31 mai 2006 10:22, modifié 5 fois.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

ampliatus a écrit :En tout cas, merci à vous Athanase pour ce beau témoignage rendu à l'Ecriture, seule règle de la foi et des moeurs.
Je reviens d'un voyage de quatre jours en Auvergne, où il y a les reliques d'un vrai orthodoxe (= saint Géraud d'Aurillac, et pas Cyrille Loukaris) et je découvre au fur et à mesure les messages postés en mon absence, et je ne peux m'empêcher de féliciter "ampliatus" pour son sens de l'ironie et de l'humour noir.

Car parler de "témoignage rendu à l'Ecriture, seule règle de la foi et des moeurs" pour des messages où l'auteur s'amuse à présenter, sans aucun souci de la vérité factuelle, comme orthodoxe une confession de foi dont il sait qu'elle a été condamnée par six conciles orthodoxes successifs, c'est vraiment faire preuve d'une ironie qui ne peut que dérider le lecteur le plus maussade.

Dommage toutefois que notre humoriste "ampliatus", que je félicite encore pour avoir porté l'humour noir à un tel degré de perfection, n'ait pas pris la peine de lire le message sur le choix des pseudonymes, qui figure pourtant sur la première page du forum général avec la mention "à lire avant de s'inscrire". Ce n'est pas une mention qui figure là pour faire joli! "ampliatus" comme pseudo? Et pourquoi pas "frente amplio" ou "frente popular"?
Dernière modification par Claude le Liseur le lun. 29 mai 2006 12:14, modifié 1 fois.
Antoine
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Message par Antoine »

XB!
Lecteur Claude a écrit :La confession de foi du patriarche Cyrille Ier (Loukaris) n'a jamais été considérée comme une confession de foi orthodoxe, mais comme une confession de foi calviniste. C'est en particulier pour condamner cette confession de foi de Cyrille Ier que s'est réuni le concile de Jassy en 1642
Claude, juste une précision qui ne change pas grand chose sur le fond de votre message:
Je pensais que c'était le concile de Constantinople du 24 septembre 1638 qui avait anathématisé Cyrille Loukaris.

Il me semblait que c'était la confession du métropolite Pierre Moghila de Kiev d'abord approuvée en 1640 au concile de Kiev, qui fut envoyée pour approbation au patriarche Parthénios de Constantinople et examiné au concile de Jassy .

Ces deux textes sont -ils le même?
remypracticus
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Message par remypracticus »

Lecteur Claude a écrit :

Dommage toutefois que notre humoriste "ampliatus", que je félicite encore pour avoir porté l'humour noir à un tel degré de perfection, n'ait pas pris la peine de lire le message sur le choix des pseudonymes, qui figure pourtant sur la première page du forum général avec la mention "à lire avant de s'inscrire". Ce n'est pas une mention qui figure là pour faire joli! "ampliatus" comme pseudo? Et pourquoi pas "frente amplio" ou "frente popular"?
En fait Ampliatus est un prénom du Nouveau Testament : "Saluez Ampliatus, mon bien-aimé dans le Seigneur", dit l'Apôtre, Romains 16 : 8.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

remypracticus a écrit :Lecteur Claude a écrit :

Dommage toutefois que notre humoriste "ampliatus", que je félicite encore pour avoir porté l'humour noir à un tel degré de perfection, n'ait pas pris la peine de lire le message sur le choix des pseudonymes, qui figure pourtant sur la première page du forum général avec la mention "à lire avant de s'inscrire". Ce n'est pas une mention qui figure là pour faire joli! "ampliatus" comme pseudo? Et pourquoi pas "frente amplio" ou "frente popular"?
En fait Ampliatus est un prénom du Nouveau Testament : "Saluez Ampliatus, mon bien-aimé dans le Seigneur", dit l'Apôtre, Romains 16 : 8.
D'abord, dans l'Epître aux Romains, c'est un prénom grec: Ampliatos.

Ensuite un prénom s'écrit avec majuscule. "ampliatus", sans majuscule, c'est un adjectif latin qui veut dire "élargi" et qui se retrouve en botanique (décliné au neutre) dans le nom du conophytum ampliatum qui est un cactus.
"modeste" ou "placide", ce n'est pas un prénom, "Modeste" ou "Placide", c'est un prénom.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Le livre de l’archevêque Basile Krivochéine “Les textes symboliques dans l’gÉlise orthodoxe” que j’ai déjà cité dans une autre file donne des précisions intéressantes. Un important développement (pp. 35 à 41) concerne les réactions des Églises de langue grecque alors toutes placées sous la domination ottomane devant les discussions religieuses qui affrontaient divers oartisans de la Réforme et diverses tendances de l’Église catholique. « Il est donc naturel que les textes théologiques orthodoxe de cette période aient un caractère polémique, soit anti-protestant, soit anti-latin. Leur apparition dans l’Orthodoxie s’explique d’ailleurs, au moins en partie, par le désir d’imiter ka composition de “livres symboliques” en Occident qui y apparurent au XVIème siècle, d’abord chez les protestants (Confession d’Augsbourg en 1530 chez les luthériens, “les 67 articles ou conclusions de Zwingli” chez les Zwingliens en 1525, le Catéchisme de Calvin en 1536 et son “Consensus Zwingli” en 1551 chez les réformés […] Il était tout naturel pour le protestantisme, religion nouvelle qui s'était détachée du catholicisme romain, d'éprouver un besoin de formuler sa foi dans des « livres symboliques », expressions adéquates de cette foi nouvelle, bien que l'attitude envers ces documents ait toujours été intérieurement contradictoire dans le protestantisme, puisqu'il est difficile d'y trouver place pour le principe même d'autorité.

[…] Nous ne parlerons pas ici en détail du fait bien connu : la théologie orthodoxe, dans sa lutte contre le latinisme et le protestantisme, forcée de s'armer d'arguments occidentaux scolastiques ce qui, à son tour, amena une nouvelle influence dangereuse sur la théologie orthodoxe, influence non plus du domaine des termes théologiques impropres, mais celle d'idées de théologie et de spiritualité. Il arriva ce que certains théologiens, comme l'archiprêtre professeur Georges Florovsky, appellent « une pseudomorphose de l'Orthodoxie » [5] , c'est-à-dire son revêtement par des formes de pensées et d'expression qui lui étaient impropres, quoique la fidélité aux bases de l'Orthodoxie soit demeurée intacte en général par un miracle de Dieu et par les dons de l'Esprit Saint demeurant dans l'Eglise. C'était une période de rupture profonde d'avec la tradition patristique dans la théologie (pas dans la vie liturgique de l'Eglise cependant), une période d'abaissement du niveau théologique malgré tout le développement extérieur de la science et de l'érudition théologiques. Cet abaissement du niveau théologique est fortement ressenti par chacun de ceux qui, après avoir lu les Saints Pères ou les actes des anciens conciles (jusqu'à ceux des conciles du XIVe siècle et Saint Marc d'Ephèse inclus) passe à la lecture des confessions de foi des XVI-XVIIe siècles. Nous essaierons de suivre avec plus de détails ces influences hétérodoxes en étudiant les diverses confessions et messages de cette période.

Dans l'ordre chronologique il nous faudra tout d'abord considérer les trois messages du patriarche Jérémie II de Constantinople aux théologiens luthériens de Wittenberg de l'université de Tubingen [6] . Ceux-ci lui avaient envoyé le texte de la Confession d'Augsbourg. Comme on le sait, cette correspondance (1573-1582) commencée sur l'initiative des luthériens n'aboutit à rien et le patriarche déclare, dans son troisième message, qu'il considère inutile de la poursuivre. Plus que dans son contenu, l'importance de cette correspondance réside dans le fait même d'une première rencontre directe de l'Orthodoxie avec le protestantisme. Les messages exposent assez bien certaines thèses de la doctrine orthodoxe, et l'influence latine se fait peu sentir dans les expressions (il y a, il est vrai, la notion de « matière » et de « forme » dans la doctrine des sacrements, mais par contre le terme de « transsubstantiation » est évité dans celle de l'Eucharistie). Cependant, alors que le protestantisme est avant tout une hérésie ecclésiologique (ou plutôt anti-ecclésiale), le patriarche Jérémie n'expose aucune doctrine théologique orthodoxe sur l'Eglise et, à la place, parle des sept sacrements. C'est là le défaut majeur de ses messages. En réponse à la doctrine luthéro-augustinienne sur l'homme, fondement de tout l'enseignement luthérien sur la justification, il n'expose pas l'anthropologie orthodoxe patristique, ne parle pas de la grâce, en tant que force divine incréée. Et cependant c'est là précisément qu'on aurait pu trouver des points de rencontre avec Luther qui s'opposait à la doctrine catholique romaine sur la multiplicité des forces créées de la grâce, médiatrices entre Dieu et l'homme. En général les messages se bornent à réfuter certaines erreurs protestantes sans essayer de comprendre leurs principes fondamentaux. Il va de soi qu'un dialogue de ce genre ne pouvait porter de fruit et dut bientôt cesser. Néanmoins les messages du Patriarche Jérémie II constituent des textes historiques intéressants, illustrant l'état de la pensée théologique orthodoxe au XVIe siècle, dans le Proche Orient, avant qu'elle tombe sous une forte influence de la scolastique latine. La fermeté, avec laquelle le patriarche Jérémie II défend les positions orthodoxes a aussi son prix. C'est là que réside l'importance de ses messages. Leur en attribuer une plus grande serait exagéré. »

Mgr Basile parle ensuite de la “Confession de l’Église orientale, canonique et apostolique » de Mitrophane Critopoulos, patriarche d’Alexandrie. Puis il passe à la décision du concile de Constantinople du 24 septembre 1638 qui anathématisa Cyrille Loukaris et fut signée par trois patriarches et 20 métropolites, puis parle de l’œuvre de Pierre Moghila :

Ce fut pourtant la « Confession orthodoxe de l'Eglise catholique et apostolique orientale » [15] qui acquit plus de célébrité. Composée d'abord en latin par le métropolite de Kiev Pierre Moghila et par ses proches collaborateur, Isaïe Kozlovsky et Sylvestre Kossov, approuvée en 1640 au concile convoqué par Pierre Moghila à Kiev, elle fut envoyée pour confirmation au patriarche de Constantinople Parthénios et soumise par ce dernier à l'examen du concile local de Yassy en 1641-1642. Le texte latin y fut traduit en langue grecque parlée par Mélétios Syrigos, savant théologien. Il le modifia considérablement en excluant ou corrigeant les écarts de la foi orthodoxe les plus manifestement latins, comme par exemple ce qui concernait le moment du changement des Saints Dons, le purgatoire etc. Cette modification fut faite hâtivement et d'ailleurs Mélétios Syrigos, tout en étant un adversaire convaincu de l'Eglise catholique romaine, subissait lui-même, dans sa théologie, l'influence latine, ayant fait ses études à l'université de Padoue. L' « épuration » du texte latin de Pierre Moghila ne pouvait donc être suffisante et la Confession orthodoxe en langue grecque, même corrigée, demeure néanmoins le texte le plus « latinophrone » parmi les documents symboliques du XVIIe siècle. Ainsi modifiée, la Confession fut approuvée par une lettre patriarcale de Constantinople datée du 11 mars 1643 et signée par quatre patriarches orientaux et 22 évêques, et renvoyée à Pierre Moghila, à Kiev. Celui-ci, toutefois, n'accepta pas les modifications apportées à son texte et refusa de reconnaître et de publier la « Confession Orthodoxe » corrigée qui lui avait été envoyée. A la place il publia en 1645 son « Petit Catéchisme », où il revenait à nouveau à ses erreurs latines. Quoi qu'il en soit cette Confession Orthodoxe demeura inconnue dans l'Eglise russe jusqu'en 1696, où elle fut traduite à Moscou du grec en slavon sous le patriarcat d'Adrien  »

L’archevêque Basile fait une analyse détaillée de cette Confession, et conclut : « Dans son incarnation II revêt l'image de l'homme, créé lui-même à l'image de Dieu, et devient un homme véritable. C'est pour cela que nous représentons le Christ dans son humanité, confessant par là la réalité de son incarnation et notre foi en le Fils de Dieu devenu visible et représentable, nous révélant le Père dont il est l'image. Toute cette profonde théologie patristique est absente de la Confession Orthodoxe qui ne mentionne aucune relation entre l'incarnation et la vénération des icônes. Nous pouvons dire pour terminer que, tout en n'ayant pas de raisons suffisantes pour rejeter la Confession Orthodoxe en tant que document historique qui a joué un rôle positif dans la défense de l'Orthodoxie contre ses ennemis au XVIIe siècle, nous ne saurions y voir un texte symbolique revêtu de quelque autorité ni une source de doctrine théologique orthodoxe. »

Il parle ensuite de la confession de Dosithée de Jérusalem (1672), et de son histoire un peu complexe. C’est une réponse à la Confession de Pierre Moghila. « D'une façon générale et prise globalement, la Confession de Dosithée, tout comme la Confession de l'Eglise orientale (de Pierre Moghila), expose certainement la doctrine orthodoxe, faute de quoi elle n'aurait pu être confirmée par les quatre patriarches orientaux. Cependant elle l'expose dans des formes empruntées aux latins et comporte dans les détails de nombreux écarts vis-à-vis de la tradition orthodoxe. D'une façon générale et prise globalement, la Confession de Dosithée, tout comme la Confession de l'Eglise orientale (de Pierre Moghila), expose certainement la doctrine orthodoxe, faute de quoi elle n'aurait pu être confirmée par les quatre patriarches orientaux. Cependant elle l'expose dans des formes empruntées aux latins et comporte dans les détails de nombreux écarts vis-à-vis de la tradition orthodoxe. »

Enfin mgr Basile cite les Textes symboliques des XVIIème et XVIIIème siècles :  «a) Le Message encyclique des patriarches Jérémie III de Constantinople, Athanase III d'Antioche, Chrysanthe de Jérusalem et de sept évêques du synode constantinopolitain, adressé aux chrétien d'Antioche en 1722 contre les catholiques romains et la propagande uniate [38] ; b) La Confession de foi de 1727 du synode constantinopolitain présidé par le patriarche Païssios II de Constantinople avec la participation des patriarches Sylvestre d'Antioche et Chrysanthe de Jérusalem et également dirigée contre les catholiques romains. C'est le patriarche Chrysanthe de Jérusalem qui est en fait l'auteur de ces deux derniers documents [39] ; c) Le message encyclique de 1836 des patriarches Grégoire VI de Constantinople, Athanase de Jérusalem et de dix-sept évêques du synode constantinopolitain [40] contre les protestants, d) Le message encyclique de ces mêmes personnes écrit en 1838 contre les innovations latines [41] . e) En 1848 la réponse au pape Pie IX de quatre patriarches : Anthyme VI de Constantinople, Hiérothée II d'Alexandrie, Méthode d'Antioche et Cyrille II de Jérusalem ; elle fut confirmée par les synodes des églises de Constantinople, d'Antioche et de Jérusalem et porte 29 signatures d'évêques [42] . f) La réponse au pape Léon XIII en août 1895 du patriarche Anthyme de Constantinople et de douze évêques de son synode [43] . Tous ces messages sont autant de témoignages précieux de la constance de la foi dans l'Eglise orthodoxe à l'époque, difficile pour elle, de la domination turque ; ce sont d'importants documents illustrant sa lutte surtout contre l'agression de Rome. Ecrits à l'occasion de besoins concrets, ils ont habituellement un caractère non théologique systématique mais missionnaire, populaire et apologétique. Ils ne présentent pas une vue d'ensemble de la doctrine orthodoxe dans ce qui la distingue du catholicisme romain ou du protestantisme, mais se bornent à examiner de façon plus ou moins complète des divergences particulières. L'essentiel ne s'y distingue pas toujours du secondaire, l'argumentation théologique et historique n'est pas constamment au même niveau. Tout cela s'explique par les circonstances caractérisant cette époque. Néanmoins du point de vue général, ces documents défendent bien la foi orthodoxe. Voici de quelle façon le message de 1895 indique les écarts catholiques romains de la foi ancienne : le Filioque, la primauté et l'infaillibilité du pape, le baptême par aspersion, le pain azyme, l'absence de l'épiclèse, la communion des fidèles sous une seule espèce, le purgatoire, les mérites surérogatoires, la béatitude complète des justes avant la résurrection générale, l’immaculée-conception de la Mère de Dieu. Tous ces messages adoptés, dans le meilleur des cas, par les quatre patriarches orientaux, ensemble avec leurs synodes, comme ce fut le cas en 1848, par la seule église de Constantinople le plus souvent, sans que l'église russe et les autres églises autocéphales y participent, ne possèdent pas en soi une autorité ecclésiastique générale en qualité d'exposés exacts et complets de la doctrine orthodoxe. Toutefois ils jouissent d'un respect général en tant que documents historiques ayant un caractère dogmatique. »

On peut trouver in extenso le texte de mgr Basile (qui parle aussi de nombreux autres points) à l’adresse suivante :

http://www.archiepiskopia.be/Fra/Librairie/symboliques/
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Ludovic
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Message par Ludovic »

Lecteur Claude a écrit :
D'abord, dans l'Epître aux Romains, c'est un prénom grec: Ampliatos.
Dans la Bible de Jérusalem et la Revised Version américaine, c'est bien Ampliatus, en tout cas, dont Amplias est un diminutif.
Irène
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Message par Irène »

Merci beaucoup Jean Louis.

Pour en revenir à l'attitude d'Athanase, sur un forum autre que celui cité par Claude, il remercie un intervenant de la traduction du texte qu'il a reproduit sur notre forum (la confession de Cyrille Loukaris), en omettant qu'il y était indiqué :

"
La confession de C.Loukaris fut condamnée en Orient par six conciles locaux
et ce, en date du 16 mars 2006.

Venir sur le forum orthodoxe par pure provocation n'est pas très digne, se plaindre d'avoir été radié sans donner tous les élèments, peu courageux ; ce qui est certain, c'est que les modérateurs du forum ne laisseront pas passer ce genre d'attitude.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Une fois de plus j'arrive un peu après la bataille, mais tant pis.
Curieuse confession de foi que celle de Cyrille Loukaris. Outre que je ne reconnais pas l’orthodoxie telle que je l’ai reçue et que je la vis, et je ne risque pas de la reconnaître si ce texte est calviniste, sa problématique entière lui vient de l’extérieur. Une phrase comme « la Parole de Dieu… est infaillible et possède une autorité perpétuelle » n’a de sens que dans le cadre d’une discussion sur l’infaillibilité, qui, quand, quoi, dispute non patristique mais surgie déjà dans le contexte des conciles de Constance puis de Bâle. Le chapitre sur la prédestination, c’est aussi une question augustinienne et non patristique, qui s’est posée sporadiquement en occident depuis sa condamnation par Fauste de Riez et qui est ressortie de sa boîte comme un diable à ressort avec Calvin. Même chose pour le libre arbitre.
Il suffit de comparer ce texte assez pauvre et marqué des interrogations de la Réforme avec la confession de foi de saint Grégoire Palamas que Claude a postée dernièrement et qui, elle, est pleinement orthodoxe. Ce n’est pas le même monde.
Mais la question posée par Athanase à l’ouverture de ce fil mérite attention. Je me permettrai de la reformuler : comment se fait-il que dans la longue résistance aux réformes carolingiennes puis à Rome, les rebelles à la papauté n’aient pas pu retrouver la plénitude de l’orthodoxie ? Il y a sans doute des facteurs historiques que soulignait Jean Louis, la phase conquérante de l’empire ottoman puis le temps des troubles en Russie. Mais je relis, puisque Athanase l’a citée en début de fil, la confession d’Augsbourg (http://www.egliselutherienne.org/biblio ... ACTOC.html) Patatras dès l’article 1, plus encore à l’article 2 : on ne sort pas de l’augustinisme et même, on le radicalise. L’accent est mis sur l’ousia divine, on la définit, pas un espace n’est laissé à l’apophatisme comme si Dieu était pleinement intelligible à l’homme ; et pour ce qui est de l’homme, voici le péché originel tel que je l’ai traité avec humour de MST : « tous les hommes nés de manière naturelle sont conçus et nés dans le péché (…) il ne peut y avoir en eux, par nature, ni crainte de Dieu ni confiance en lui. Ce péché héréditaire et cette corruption innée et contagieuse est un péché réel qui assujettit à la damnation et à la colère éternelle de Dieu tous ceux qui ne sont pas régénérés par le baptême et par le Saint Esprit. » Baste ! Donc ce qui fait que le Christ a pu endosser la nature humaine sans le péché, ce n’est pas que le créateur pouvait redresser sa création tordue, c’est qu’il n’est pas né de manière naturelle ? Allons ! C’est pire qu’Augustin car non content de soumettre Dieu à sa propre nature, on le soumet ainsi à un sens tout humain de la justice punitive ou même aux conditionnements de la création. Notons au passage que le même homme capable de définir la nature divine dans l’article 1 n’est pas capable de relation avec Dieu dans l’article 2. La contradiction subreptice est de taille.
Effectivement, le filioque ne figure pas formellement dans la confession d’Augsbourg. Il n’est pas plus énoncé que critiqué d’ailleurs. Il y a là un évitement assez intéressant, preuve qu’il restait la mémoire des critiques de saint Photios et plus tard de saint Marc d’Ephèse, la mémoire en tout cas de ce qu’il avait pu être critiqué. Malheureusement, la confession garde d’Augustin tout ce qui servait de soubassement au filioque* et, pire encore, sa vision faussée et pessimiste de la nature humaine. C’est toute la théologie de la synergie qui est rejetée et violemment rejetée dans le long développement illustré sur la foi et les œuvres.
A partir de ces bases augustiniennes que, effectivement, nous considérons comme hétérodoxes car il ne suffit pas de se référer aux six premiers conciles, il faut encore en avoir pénétré ou plutôt s’être laissé pénétrer de leur enseignement, ce qui n’est guère possible en lisant seulement les textes sans vivre l’Eglise, à partir de ces bases augustiniennes donc, ce qu’Athanase appelle l’unité œcuménique était impossible en l’état entre orthodoxie et luthérianisme. Il y a sans doute eu une chance perdue quand Luther lui-même était prêt à entendre les Grecs, chance perdue du fait de la pugnacité ottomane qui ne permettait ni l’envoi d’un groupe missionnaire en Allemagne ni, ce qui aurait été plus important, de recevoir Luther en Grèce conquise et soumise par le Turc.
Je reste quand même dubitative. La démarche luthérienne rejette ce qu’il est convenu d’appeler la « réforme grégorienne », le papisme échevelé de Cluny et d’Hildebrand, mais c’est, me semble-t-il, pour revenir aux positions de la première réforme qui a fait sortir l’occident de l’orthodoxie, celle des carolingiens, même si formellement le filioque n’est pas affirmé. Or ce que la plupart des historiens ne voient pas, c’est que cette réforme carolingienne est dans le droit fil de l’iconoclasme. Les six premiers conciles œcuméniques sont une base, certes, mais l’Eglise orthodoxe reconnaît le 7e, toute la théologie de l’icône qui donne à voir l’espérance eschatologique de la déification de l’homme et de la transfiguration du monde. Vénération des icônes comme portes ouvertes sur la présence de la personne représentée dans sa transfiguration, reconnaissance des saints et de la relation vivante qui, par leur prière, nous permet aussi d’approcher Dieu, importance du monachisme, de l’ascèse librement vécue lorsque Dieu en donne le charisme avec l’appel, tout cet ensemble a été combattu par les iconoclastes avec des arguments assez proches de ceux d’Augsbourg. Ce qui tendrait à démontrer (à l’anglaise : la preuve du pudding, c’est qu’on le mange) que lorsqu’on abandonne la théologie de l’icône, on ne comprend plus la déification de l’homme, l’adage patristique « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » et l’on raplatit singulièrement la vie spirituelle en la confondant avec une bonne morale du quotidien. Et la confession d’Augsbourg tombe à pieds joints dans ce piège là.
Augustinisme et iconoclasme ont toujours fait bon ménage, déjà sous Charlemagne, aussi bien que plus tard chez Bernard de Clairvaux – et sont ensemble les parents évidents de la théologie de la satisfaction. Or elle est bel et bien présente dans la confession d’Augsbourg. C’est cet ensemble d’affirmations et non le recours à la sola scriptura qui rend le luthérianisme et plus encore le calvinisme hétérodoxes aux yeux de l’Eglise orthodoxe.
Il n’y a donc aucune chance, ce qui s’appelle aucune, pour que l’Eglise orthodoxe reconnaisse la confession d’Augsbourg comme une part de la tradition.
Les efforts de Luther et de ses disciples pour sortir du carcan papiste sont terriblement sympathiques, mais tragiques. Tragiques parce que leur remise en question n’est pas allée assez loin, n’a pas renoué avec la tradition patristique. Au siècle suivant, les messieurs de Port-Royal ont retrouvé la lecture des Pères et dans un contexte de gallicanisme et de mystique unitive influencée par l’hésychasme. Seconde occasion perdue de retour de l’occident à l’orthodoxie. Toujours pour la même raison : parce que le contact vivant qui aurait pu le permettre n’a pas eu lieu.
Avec les « diasporas » et même si, pour l’instant, l’organisation de l’Eglise orthodoxe en occident n’est pas canonique, nous vivons la troisième occasion. Cette fois l’orthodoxie est là, chez nous, nous pouvons la goûter et l’expérimenter. Fasse Dieu que cette occasion là ne se perde pas !

* Voir l’article de Valentine résumé dans le fil sur le Filioque.
Dernière modification par Anne Geneviève le lun. 29 mai 2006 15:56, modifié 1 fois.
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Je reprends un autre point de ce fil. Le symbole de Nicée dans la traduction du site de l’E.K.D. est une petite horreur qui parvient à conjuguer arianisme, nestorianisme, subordinationisme et doutes sur l’âme de la femme ! Si les autres traductions sont pires, ça promet !
Arianisme : « d’une même substance » est plus vague que consubstantiel, dans la mesure où le terme substance n’est plus guère usité dans son sens philosophique. Bien entendu, cette traduction a voulu s’adresser à des lecteurs ordinaires, comme l’adaptation de la Bible de Segond en « français courant », autre catastrophe ! On aurait pu accepter « de même substance » (je préférerais essence, mais baste…) mais ce « d’une » introduit un flou on ne peut plus eusèbien, homoiousiesque pour tout dire.
Nestorianisme : « il a été fait homme ». Ce n’est pas le nestorianisme grossier qui place l’union du Verbe divin et de l’homme Jésus au baptême mais s’il a été fait homme, s’il ne s’est pas fait homme, cette passivité ne permet guère l’union des deux natures. D’ailleurs par qui a-t-il été fait homme ? Hop, un soupçon de subordinationisme.
Et puis incarné « dans la vierge Marie », on retrouve toute la vieille idée de la femme comme vase passif dans la conception, simple terreau pour la semence venue de l’homme. N’aurait même pas besoin d’âme, à la limite. D’ailleurs, vu toutes celles qui mouraient en couches, jetables, jetables… Comme en l’occurrence, il n’y a pas de semence virile, on en revient au : par qui a-t-il été fait homme ? J’ai la flemme de chercher dans mes vieilles docs, mais je me souviens que, parmi les hérésies christologiques, il y eut un âne bâté pour affirmer que l’Esprit Saint avait fait fonction de sperme… Je ne sais plus qui. Si par hasard, c’est Augustin, j’aurai gagné le pompon !
Alors je ne sais pas ce que recouvre le sigle E.K.D. et j’aurais aimé avoir le lien pour aller voir de plus près ce qu’ils racontent, mais leur credo est, en français, complètement hétérodoxe.

L’exercice d’une analyse du credo me fait sourire. Je la proposais régulièrement à mes étudiants pour leur faire prendre conscience d’à quel point la foi, la révélation que nous avons reçue dépasse notre intelligence. En général, on n’allait pas au delà de la première phrase tant le mot Dieu nous place devant l’inconnaissable. Cinq minutes avant, ils m’avaient tous affirmé en chœur que oui, oui, bien sûr, ils savaient ce qu’ils disaient en récitant le credo. Alors je veux bien me lancer dans l’aventure, mon cher Athanase, mais le problème, c’est qu’il est inépuisable et qu’on y sera encore dans un an ou deux, en n’ayant avancé que d’un concile peut-être ?
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Ludovic
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Message par Ludovic »

Tout ça est terriblement compliqué et réservé aux gnostiques.

Ne peut-on en revenir à l'Ecriture, lait spirituel et pur, sans bien sûr rejeter les credos ?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Ludovic a écrit :Tout ça est terriblement compliqué et réservé aux gnostiques.
???

Des explications seraient les bienvenues pour comprendre cette phrase.

Merci d'avance.
Dernière modification par Claude le Liseur le lun. 29 mai 2006 19:20, modifié 1 fois.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

C'est quoi, un gnostique, pour vous, Ludovic ? J'ai l'impression que nos définitions ne seraient pas identiques.
Et nous sommes en plein dans l'Ecriture, dans sa compréhension, en même temps que dans l'Eglise et dans sa vie.
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Message par Ludovic »

Je reconnais que le terme "gnostique" n'est pas approprié, en ce qu'il peut évoquer la gnose au nom menteur.

Je voulais simplement dire qu'à force de mots et de concepts, le Christianisme risquait de devenir l'apanage des savants, et apparaître inaccessible à ceux qui ne le sont pas.
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