Anne-Sophie a écrit :Bonjour à tous,
je suis nouvelle sur ce forum, je m'appelle Anne-Sophie et j'habite en Vendée. Mon mari et moi sommes catholiques pratiquants et nous nous demandons quelles sont les différences entre nous et les orthodoxes (rite et autres points) ?
De plus (et peut-être l'avez-vous remarqués), les médias, les chanteurs, les "humoristes" et beaucoup d'autres personnes connues, critiquent et se moquent méchamment des catholiques, dans l'irrespect le plus total. Nous sommes attristés de voir que nos supérieurs écclésiastiques ne disent rien à cela (idem pour bien d'autres sujets). Comment cela se passe-t-il pour vous ? Y a t'il une réaction ?
Merci d'avance pour vos réponses et à bientôt j'espère.
Anne-Sophie
Vaste sujet.
Les différences de rit existent, mais ne sont pas les plus importantes; après tout, vous avez bien des catholiques de rit oriental (uniates) qui ont l'apparence extérieure de l'Eglise orthodoxe, un peu comme les anglicans ont l'apparence extérieure de l'Eglise catholique romaine. (Il y a aussi des orthodoxes de rit occidental, mais là, les différences extérieures sont plus visibles à l'égard des catholiques ou des anglicans de même rit, car l'Eglise orthodoxe impose au minimum, sur le plan rituel, l'adjonction de l'épiclèse, la suppression de l'insertion du Filioque, la communion sous les deux espèces, l'ajout du Trisagion et l'usage du pain levé.)
Disons que, sur le plan rituel, les orthodoxes conservent de manière absolue les usages suivants, qui diffèrent de ceux qui ont été adoptés dans le rit romain:
*La confirmation (chrismation) et la communion accompagnent toujours le baptême. Par conséquent, on donne la communion aux nourrissons.
* Le ministre de la confirmation est le prêtre.
*Le baptême se fait par triple immersion.
* La communion est toujours donnée sous les espèces du pain levé (et non azyme) et du vin.
Mais vous retrouverez ces usages, plus ou moins bien préservés, aussi chez les uniates.
Sur un plan plus profond, il y a des dizaines de divergences dogmatiques. Comme nous avons déjà souvent parlé de ces différences sur ce forum, je vous propose la solution suivante. Je vous donne une liste des différences les plus caractéristiques, les plus importantes et les plus connues:
*Filioque (ajouté au Credo à Aix-la-Chapelle en 794, à Rome en 1014, rejeté par les orthodoxes; par l'insertion du Filioque, les catholiques, puis la majorité des protestants, ont bouleversé la conception de la Trinité par rapport à celle qui a été révélée)
*Infaillibilité pontificale (instaurée par le concile Vatican I en 1870, rejetée par les orthodoxes)
*Immaculée Conception (instaurée par Pie IX en 1854, refusée par les orthodoxes)
*Juridiction universelle du pape (rejetée par les orthodoxes)
*Organisation de l'Eglise (synodo-épiscopale chez les orthodoxes)
*Purgatoire (apparu au XIIe siècle, rejeté par les orthodoxes)
*Indulgences (refusées par les orthodoxes)
*Grâce créée (pour les orthodoxes, la grâce est incréée)
*Augustinisme (inconnu dans l'Orthodoxie)
*Célibat ecclésiastique (en principe réservé aux moines et rarissime chez les prêtres de paroisse dans l'Orthodoxie)
*Notion de péché mortel et de péché véniel (car la conception de la vie spirituelle est quelque peu différente)
*Indissolubilité absolue du mariage (elle est relative chez les orthodoxes)
*Péché originel (conception moins pessimiste chez les orthodoxes)
*Pas mal de différences en eschatologie et en anthropologie
*La spiritualité orthodoxe ne connaît pas les images que certains mystiques catholiques imaginent dans leurs méditaions; elle préfère se concentrer sur les mots de la prière; en clair, il n'y a pas de visualisations dans la tradition spirituelle orthodoxe.
* Distinction propre à l'Orthodoxie entre les énergies divines incréées et l'essence divine: l'essence est inconnaissable, les énergies sont participables, d'où possibilité de déification, c'est-à-dire de participation à ces énergies.
*Conception orthodoxe de la synergie entre Dieu et l'homme, souvent qualifiée de semi-pélagianisme par les catholiques et les protestants.
*En théorie, pas de distinction Eglise enseignante / Eglise enseignée; le peuple est le gardien de la foi (Encyclique des patriarches orientaux de 1848); en pratique, un certain clergé tente, comme partout, d'imposer le cléricalisme, surtout là où les orthodoxes constituent de petites minorités, comme dans les pays francophones.
etc. etc. etc.
Le mieux est dès lors que vous utilisiez la fonction "Rechercher", qui figure en haut de la page à droite de l'icône de sainte Blandine de Lyon, en rentrant tel ou tel des mots-clefs que je viens de citer en vrac et sans prétention à l'exhaustivité. Vous aurez sans doute déjà un grand nombre de réponses, car ces sujets ont été souvent abordés et discutés. Ne vous effrayez pas du ton un peu vif des échanges; ce forum orthodoxe a souvent été l'objet d'attaques de trolls divers et variés. Je vous invite ensuite à poster de nouveau dans ce fil si vous restez sur votre faim, s'il y a des choses qui vous paraissent obscures, si vous voulez des précisions sur tel ou tel sujet. La méthode que je vous propose me paraît la meilleure pour vous apporter des renseignements qui correspondent vraiment à ce que vous voulez savoir.
Tout ceci ne concerne naturellement que les différences dont on peut parler, mais cela aboutit à une vision tronquée et dénaturée, puisque l'Orthodoxie est un tout. On ne se rend vraiment compte des différences qu'en observant la vie des communautés, ou la pratique individuelle des fidèles (car il y a aussi des différences dans les dévotions privées). Comme écrivait feu le cardinal Congar: "tout est pareil, et tout est différent."
En ce qui concerne votre deuxième question, nous subissons souvent des attaques médiatiques, en général de deux origines: souvenez-vous simplement des bobards monstrueux répandus à l'époque des guerres de Yougoslavie. Chose curieuse, on nous agresse moins depuis un certain 11 septembre 2001.
Il n'y a bien sûr pas plus de réactions de la part de nos supérieurs ecclésiastiques que des vôtres.
Toutefois, il faut se faire une raison: les
media n'attaquent pas seulement les catholiques et les orthodoxes, mais aussi les luthériens, les calvinistes, les pentecôtistes, les darbystes, les baptistes, les bouddhistes, les animistes, les païens divers et variés, les mormons, les jéhovistes, les moonistes, les hindouistes, les Bönpo / Peumpo, les chamans, les Sikhs, les zoroastriens, les taoïstes, le Shintô (qualifié de "fascisme" dans un épisode de cette Vulgate du mitterandisme et du chiraquisme que fut la série télévisée des aventures du
Commissaire Navarro!), les anglicans qui veulent rester anglicans, etc., etc., et ils commencent même à attaquer les derniers adeptes survivants de la religion marxiste. Il n'y a que deux religions qui sont, par définition, à l'abri de toute attaque médiatique.