Publié : dim. 24 déc. 2006 19:16
Oui il y a complot, et il y a même plusieurs complots, et heureusement, car en fait leurs débats internes paralysent une partie de leur action. Il y a effectivement toute une conception, ou plutôt une imagination, de l’Église, qui voit en elle une fédération de cellules de base composée de familles fortement liée par une vie semi-communautaire, mais très engagée dans la vie sociale des élites de notre société.
D’une manière générale d’ailleurs les Orthodoxes de tradition n’arrivent jamais à bien comprendre pourquoi les Occidentaux qui s’intéressent à l’Orthodoxie sont des gens qui éprouvent le besoin d’être en rupture avec les normes sociales de cette société qui est la leur. Ces Occidentaux orthodoxophiles vivent volontiers en bohêmes, n’ont qu’un regard de dédain pour les valeurs établies, sont étrangers au consumérisme et ont peu de respect pour les valeurs universitaires. En perpétuelle recherche ils errent volontiers de communauté en communauté, d’enseignement en enseignement.
Ce comportement est incompréhensible pour tous ceux qui se placent sous le mot d’ordre “église locale” tel qu’il est pensé par nos modernistes. Pour eux la stabilité d’un groupe de couples mariés, célébrant la Liturgie hebdomadaire à grands coups de dialogues communautaires, de prières à voix haute et de chorale à quatre voix, forme la cellule de base de l’Église. Le rôle du prêtre est réduit au minimum, l’iconostase est abaissé, le mot “sacré” est tabou et la scénographie est le sommet de la célébration.
L’Église est vécue comme un ensemble patriarcal et national, dont les évêchés sont des sections locales, les doyens de secteur préfigurent les futurs évêques mariés “plus proches de la base", et tout le clergé doit recevoir au moins une formation scolaire “ad hoc” assurant sa “compétence”.
Plusieurs projets co-existent, présentant plusieurs variantes, et font l’objet d’innombrables discussions. Ces discussions avaient commencé dès le début du XXème siècle, et des consultations organisées. Les débats furent étouffés par la période de réaction qui suivit la première révolution russe, celle de février 1905. Ils reprirent de plus belle dès l’instauration d’une république démocratique après la révolution de février 1917. Le Concile s’ouvrit enfin le 15 (28) août 1917. Il ne put terminer ses travaux, car les bolcheviks prirent le pouvoir en octobre 1917 et dut terminer ses travaux en septembre 1918.
Si ces travaux avaient pu aboutir, ils auraient marqué le victoire du clerge blanc (clergé paroissial et marié) sur le clergé noir (élite de statut monastique formée par ce que nous appellerions des “grandes écoles” : les 4 académies de théologie). C’est ainsi que Kartashev (alors ministre des cultes) caractérisait ce Concile. Les anciens étudiants de saint Serge se souviendront longtemps de ces paroles.
Maisun autre facteur a joué. Depuis la fin du XIXème siècle, des groupes de l’intelligentsia russe dite “libéral” qui se trouvaient sur des positions très extérieures à l’Orthodoxie, et penchaient pour l’athéisme, se sont progressivement retournés vers l’Orthodoxie et sont rentrés dans l’Église. Selon la très juste remarque de saint Jean Maximovitch, il faut s’en réjouir, mais en entrant dans l’Église ils ont pensé pouvoir y introduire des idées nouvelles. Ainsi est né un mouvement moderniste dans l’Église russe. En particulier ils mettaient en cause la structure hiérarchique de l’Église, qu’ils jugeaient pyramidale et sclérosée.
En erffet elle était bien malade à cette époque, mais cela n’était pas dû à un excès du pouvoir donné aux évêques, mais aux déformations introduites dans la vie de l’Église depuis au moins les réformes de Pierre le Grand, qui avait asservi l’Église, faisant d’elle une branche de l’administration impériale. Les tenants de ces vues réformistes ignoraient la structure canonique de l’Église, fondée sur l’autonomie de l’évêque et sur les synodes provinciaux.
Un évêque ne peut réellement fonctionner s’il ne participe pas régulièrement aux réunions d’un synode dont les autres membres sont tout aussi autonomes que lui, et c’est ce synode qui l’élit et le consacre. Les paroisses et les doyennés ne sont pas des églises épiscopales locales
.
Longtemps l’Archevêché de Paris a été aux mains de Russes russophones. Des événements récents (en partie provoqués par la maladresse du patriarcat de Moscou) ont permis aux Russes francophones de prendre le pouvoir. Cela ne change que peu de choses. Le pouvoir doit être entre les mains de son diocèse, unique pasteur de son diocèse en vertu de son charisme épiscopal.
Actuellement un peu plus de la moitié des prêtres de ce diocèse n’ont pas été formés dans l’Orthodoxie. Ils travaillent chacun de son côté à approfondir l’Orthodoxie. Les fidèles aussi travaillent. Un monachisme local est né contre toute attente (les modernistes pensaient depuis longtemps que le monachisme est une erreur lourde de l’Église et qu’il est appelé à disparaître). Les études patristiques redémarrent. On érige des iconostases. On se met à même à chanter en français la musique byzantine. Tout ce renouveau orthodoxe ne doit rien au modernisme.
Par contre je confirme que l’ouvrage de mgr Jean Zizioulas « L’Eucharistie, l’Évêque et l’Église » qui avait été publié en 1994 aux éditions Desclées de Brouwer a bien été retiré de la circulation et mis au pilon, les responsables catholiques de l’œcuménisme ayant mis leur influence au service de leurs collègues orthodoxes : « Il ne faudrait pas renforcer les tendances intégristes chez nos amis orthodoxes ». Et ce n'est pas par hasrard. Effectivement cet ouvrage du métropolite Jean de Pergame (du patriarcat œcuménique) établit que l’institution épiscopale fait partie des enseignements béo-testamentaires. Cependant une des thèses constantes des modernistes orthodoxes est que l’épiscopar “monarchique” est une création historique de l’Église, et qu’on devrait revenir au gouvernement de l’Église locale par le collège presbytéral. C’est bien d’ailleurs ce que les modernistes orthodoxes s’efforcent d’introduire subrepticement dans leurs Églises, qu’ils qualifient alors de “locales”.
D’une manière générale d’ailleurs les Orthodoxes de tradition n’arrivent jamais à bien comprendre pourquoi les Occidentaux qui s’intéressent à l’Orthodoxie sont des gens qui éprouvent le besoin d’être en rupture avec les normes sociales de cette société qui est la leur. Ces Occidentaux orthodoxophiles vivent volontiers en bohêmes, n’ont qu’un regard de dédain pour les valeurs établies, sont étrangers au consumérisme et ont peu de respect pour les valeurs universitaires. En perpétuelle recherche ils errent volontiers de communauté en communauté, d’enseignement en enseignement.
Ce comportement est incompréhensible pour tous ceux qui se placent sous le mot d’ordre “église locale” tel qu’il est pensé par nos modernistes. Pour eux la stabilité d’un groupe de couples mariés, célébrant la Liturgie hebdomadaire à grands coups de dialogues communautaires, de prières à voix haute et de chorale à quatre voix, forme la cellule de base de l’Église. Le rôle du prêtre est réduit au minimum, l’iconostase est abaissé, le mot “sacré” est tabou et la scénographie est le sommet de la célébration.
L’Église est vécue comme un ensemble patriarcal et national, dont les évêchés sont des sections locales, les doyens de secteur préfigurent les futurs évêques mariés “plus proches de la base", et tout le clergé doit recevoir au moins une formation scolaire “ad hoc” assurant sa “compétence”.
Plusieurs projets co-existent, présentant plusieurs variantes, et font l’objet d’innombrables discussions. Ces discussions avaient commencé dès le début du XXème siècle, et des consultations organisées. Les débats furent étouffés par la période de réaction qui suivit la première révolution russe, celle de février 1905. Ils reprirent de plus belle dès l’instauration d’une république démocratique après la révolution de février 1917. Le Concile s’ouvrit enfin le 15 (28) août 1917. Il ne put terminer ses travaux, car les bolcheviks prirent le pouvoir en octobre 1917 et dut terminer ses travaux en septembre 1918.
Si ces travaux avaient pu aboutir, ils auraient marqué le victoire du clerge blanc (clergé paroissial et marié) sur le clergé noir (élite de statut monastique formée par ce que nous appellerions des “grandes écoles” : les 4 académies de théologie). C’est ainsi que Kartashev (alors ministre des cultes) caractérisait ce Concile. Les anciens étudiants de saint Serge se souviendront longtemps de ces paroles.
Maisun autre facteur a joué. Depuis la fin du XIXème siècle, des groupes de l’intelligentsia russe dite “libéral” qui se trouvaient sur des positions très extérieures à l’Orthodoxie, et penchaient pour l’athéisme, se sont progressivement retournés vers l’Orthodoxie et sont rentrés dans l’Église. Selon la très juste remarque de saint Jean Maximovitch, il faut s’en réjouir, mais en entrant dans l’Église ils ont pensé pouvoir y introduire des idées nouvelles. Ainsi est né un mouvement moderniste dans l’Église russe. En particulier ils mettaient en cause la structure hiérarchique de l’Église, qu’ils jugeaient pyramidale et sclérosée.
En erffet elle était bien malade à cette époque, mais cela n’était pas dû à un excès du pouvoir donné aux évêques, mais aux déformations introduites dans la vie de l’Église depuis au moins les réformes de Pierre le Grand, qui avait asservi l’Église, faisant d’elle une branche de l’administration impériale. Les tenants de ces vues réformistes ignoraient la structure canonique de l’Église, fondée sur l’autonomie de l’évêque et sur les synodes provinciaux.
Un évêque ne peut réellement fonctionner s’il ne participe pas régulièrement aux réunions d’un synode dont les autres membres sont tout aussi autonomes que lui, et c’est ce synode qui l’élit et le consacre. Les paroisses et les doyennés ne sont pas des églises épiscopales locales
.
Longtemps l’Archevêché de Paris a été aux mains de Russes russophones. Des événements récents (en partie provoqués par la maladresse du patriarcat de Moscou) ont permis aux Russes francophones de prendre le pouvoir. Cela ne change que peu de choses. Le pouvoir doit être entre les mains de son diocèse, unique pasteur de son diocèse en vertu de son charisme épiscopal.
Actuellement un peu plus de la moitié des prêtres de ce diocèse n’ont pas été formés dans l’Orthodoxie. Ils travaillent chacun de son côté à approfondir l’Orthodoxie. Les fidèles aussi travaillent. Un monachisme local est né contre toute attente (les modernistes pensaient depuis longtemps que le monachisme est une erreur lourde de l’Église et qu’il est appelé à disparaître). Les études patristiques redémarrent. On érige des iconostases. On se met à même à chanter en français la musique byzantine. Tout ce renouveau orthodoxe ne doit rien au modernisme.
Par contre je confirme que l’ouvrage de mgr Jean Zizioulas « L’Eucharistie, l’Évêque et l’Église » qui avait été publié en 1994 aux éditions Desclées de Brouwer a bien été retiré de la circulation et mis au pilon, les responsables catholiques de l’œcuménisme ayant mis leur influence au service de leurs collègues orthodoxes : « Il ne faudrait pas renforcer les tendances intégristes chez nos amis orthodoxes ». Et ce n'est pas par hasrard. Effectivement cet ouvrage du métropolite Jean de Pergame (du patriarcat œcuménique) établit que l’institution épiscopale fait partie des enseignements béo-testamentaires. Cependant une des thèses constantes des modernistes orthodoxes est que l’épiscopar “monarchique” est une création historique de l’Église, et qu’on devrait revenir au gouvernement de l’Église locale par le collège presbytéral. C’est bien d’ailleurs ce que les modernistes orthodoxes s’efforcent d’introduire subrepticement dans leurs Églises, qu’ils qualifient alors de “locales”.