La Russie, qui compte entre 20 et 30 millions de musulmans, a fait une demande d'adhésion à l'Organisation de la conférence islamique.
Cette démarche a été favorablement accueillie par la diplomatie libanaise et malaisienne, qui soulignent que les statuts de l'OCI n'exigent pas un nombre minimum de musulmans ou une proportion minimum de musulmans pour qu'un pays rejoigne l'organisation. Un nombre de 20 à 30 millions de musulmans est supérieur au total de la population musulmane de bien des Etats déjà membres de l'OCI, et il y a des Etats membres de l'OCI qui ont une proportion de musulmans inférieure aux 15-20% annoncés par la Russie.
En fait, tout dépend de l'accueil des autres Etats membres de la Conférence islamique: il faut un vote à la majorité des deux tiers. En 2001, la candidature de l'Inde, qui compte pourtant quelque 120 millions de musulmans, avait été rejetée.
On estime qu'en 2010 40% des jeunes adultes de Russie seront issus d'un peuple de tradition musulmane.
Evidemment, ces chiffres posent le problème de comment définir l'appartenance à une communauté religieuse. Pour l'Eglise, nous avons le baptême, alors que pour l'Islam, l'appartenance est automatique pour les enfants d'un parent musulman (sachant que le mariage entre une musulmane et un non-musulman est interdit par l'Islam). On voit la faiblesse de ce critère statistique lorsque le parent musulman est lui-même complètement sécularisé...
Si on raisonnait en terme d'"appartenance à une tradition" (c'est-à-dire ce que les gens répondent dans les sondages), alors il faudrait porter le total des orthodoxes en Russie à 70 millions, comme il faudrait porter le total des catholiques romains en France à 48 millions. Nous savons qu'en réalité, d'après les baptêmes, le nombre des orthodoxes en Russie se situe autour de 35 millions et celui des catholiques en France autour de 36 millions. Probablement que les 20 à 30 millions de musulmans annoncés pour la Russie sont en réalité plutôt à 10 ou 15 millions.
Si on raisonne en terme de pratique religieuse, on estime le nombre des orthodoxes pratiquants à 1,5 million en Russie (deux fois plus qu'il y a quinze ans) et le nombre des catholiques pratiquants en France à 1 million (dix fois moins qu'en 1945).
Par pratiquants, j'entends ici ceux qui vont à l'église le dimanche. Si l'on ajoute ceux qui vont à l'église pour Noël et pour Pâques, le total des catholiques pratiquants en France doit augmenter de 3 millions.
Là, en revanche, l'Islam semble mieux tenir le coup face à la sécularisation - mais peut-être parce qu'il a moins besoin de clergé que l'orthodoxie ou le catholicisme , et qu'on ne peut donc pas autant l'affaiblir en faisant disparaître le clergé. On parle de 6 millions de musulmans pratiquants en Russie. Mais nous pouvons constater que, même chez les musulmans, les pratiquants sont une minorité.
Le chiffre de 20 millions de musulmans en Russie est celui retenu pour le calcul du quota de pélerins auquel la Russie a droit pour le hadj de La Mecque.
vers une adhésion de la Russie à l'OCI ?
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Claude le Liseur
- Messages : 4352
- Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13
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Claude le Liseur
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Le but de la demande d'adhésion de la Russie à l'OCI semble être de faire obstacle à un éventuel soutien des Etats musulmans à la rébellion tchétchène.
De même, le but de l'Inde était sans doute de réduire les soutiens à la guérilla islamiste au Cachemire.
Je ne sais pas si les refus sont motivés. Cependant, dans le cas de l'Inde, on peut supposer que la haine que lui voue le Pakistan (deuxième pays musulman au monde par la population) a dû jouer un rôle dans ce refus.
En revanche, la Russie, elle, possède beaucoup d'amis parmi les Etats membres de la Conférence islamique: des pays comme la Syrie, les anciennes Républiques soviétiques d'Asie centrale, voire l'Iran... Sa candidature me paraît donc mieux partie que celle de l'Inde.
Il sera intéressant de voir la réaction de l'Arabie séoudite par rapport à cette candidature russe: elle donnera sans doute une idée du degré d'implication du wahabbisme dans les événements de Tchétchénie.
A signaler qu'un pays européen qui compte une forte proportion d'orthodoxes (certains disent jusqu'à 9% de la population, mais l'estimation la plus crédible est de 5%) et qui possède sa propre Eglise autocéphale, l'Albanie, fait déjà partie de l'Organisation de la conférence islamique.
De même, le but de l'Inde était sans doute de réduire les soutiens à la guérilla islamiste au Cachemire.
Je ne sais pas si les refus sont motivés. Cependant, dans le cas de l'Inde, on peut supposer que la haine que lui voue le Pakistan (deuxième pays musulman au monde par la population) a dû jouer un rôle dans ce refus.
En revanche, la Russie, elle, possède beaucoup d'amis parmi les Etats membres de la Conférence islamique: des pays comme la Syrie, les anciennes Républiques soviétiques d'Asie centrale, voire l'Iran... Sa candidature me paraît donc mieux partie que celle de l'Inde.
Il sera intéressant de voir la réaction de l'Arabie séoudite par rapport à cette candidature russe: elle donnera sans doute une idée du degré d'implication du wahabbisme dans les événements de Tchétchénie.
A signaler qu'un pays européen qui compte une forte proportion d'orthodoxes (certains disent jusqu'à 9% de la population, mais l'estimation la plus crédible est de 5%) et qui possède sa propre Eglise autocéphale, l'Albanie, fait déjà partie de l'Organisation de la conférence islamique.