Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

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J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

Claude a écrit :L'icône étant une fenêtre sur le ciel ...
Oui merci de me rappeler cela. Même après mille explications, comme j'ai tenté d'en faire une, cette icone ne poussera jamais un homme "au zèle pour la vertu, à la haine du mal et au salut de l'âme" (cf st J.Damascene).
Au contraire, après réflexion cette icône peut nous ramener à une vision dualiste de l’univers c’est à dire le bien contre le mal ! Alors que nous chrétiens disons plutôt que le mal est l’absence de bien. La porte ouverte à l'hérésie, je pense à la prédestination notamment. Ainsi que la porte ouverte au mimétisme ainsi que vous le suggérez:
Claude a écrit :...le prototype de la première icône de "saint Staline".

Et ça me rappelle le site de l''iconographe" étasunien Robert Lentz" que vous mentionnez dans un post (tapez "lentz" ou "Einstein").
Claude le Liseur
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Re: A Claude, à tous

Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit :Et ça me rappelle le site de l''iconographe" étasunien Robert Lentz" que vous mentionnez dans un post (tapez "lentz" ou "Einstein").
Je crois pouvoir me flatter d'avoir été le premier francophone à faire part de mon étonnement devant les productions du frère Robert Lentz, mais un autre francophone plus talentueux que moi a analysé plus en profondeur cette ultime déchéance de l'image religieuse ou pseudo-religieuse, puisque le docteur Larchet consacre une partie d'un chapitre de son livre L'iconographe et l'artiste au phénomène aussi étrange que malsain des "icônes" de Robert Lentz.
Claude le Liseur
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Re:

Message par Claude le Liseur »

Alexandr a écrit :Bonjour,

Il semblerait que pour l'opinion publique, les choses soient plus compliquées.

http://www.ledevoir.com/2007/07/19/150766.html

C'est une idée qu'on retrouve chez Fédorovski.

Dans les liens de Balkans-Infos, il y a le site d'Annie Lacroix-Riz. Elle n'est pas un tantînet staliniste (avec de nombreuses sources) ?

Il y a une chose qu'on retrouve dans d'autres sites stalinistes et non-contesté : la persécution religieuse. Staline me fait penser à Constantin V Croponyme, empereur persécuteur des images, mais bon militaire.

Je suis d'accord que pour la majeure partie de l'opinion publique russe, Staline apparaisse comme l'homme qui a gagné la guerre. Une amie russe qui vit en Europe occidentale depuis dix ans me le répète à chaque occasion, et ne manque pas de souligner que ceci excuse tout le reste, etc. Elle va quand même à l'église (inconséquence?).
Mais c'est du bidon. L'Armée rouge a gagné malgré Staline. Quand, en décembre 1944, le général de Gaulle, en tant que président du gouvernement provisoire de la République française, est allé à Moscou en compagnie de Georges Bidault pour signer des accords franco-soviétiques (accords qui ont permis de sauver la vie de beaucoup de "malgré-nous" et de volontaires de la Charlemagne), Staline a eu l'insigne muflerie d'offrir au Général la traduction française de l'ouvrage de l'hystérique Ilya Ehrenbourg - l'homme qui appelait sur Radio-Moscou au "viol de la femme allemande" - intitulé La Chute de Paris. Le Grand Charles a eu ce commentaire très réaliste: "Si nous avions eu des milliers de kilomètres de Sibérie derrière nous, c'est nous qui publierions La Chute de Moscou."
Il ne faut pas oublier la rapidité de l'avance allemande en Union soviétique au cours de l'été 1941, l'effondrement d'armées entières, le degré incroyable de désorganisation dans lequel Staline avait laissé son armée. Certes, les historiens sont maintenant à peu près sûrs que Staline avait prévu d'envahir l'Europe centrale au mois de juillet, et que de ce fait, son armée n'était plus sur des positions défensives permettant de faire face à une offensive que le grand génie militaire du Kremlin avait refusé d'anticiper malgré les informations fournies par ses services de renseignement (le génial Richard Sorge, par exemple). Mais enfin, il faut être réaliste: on ne renforce certes pas une armée en fusillant 3 maréchaux sur 5 et en arrêtant 35'000 officiers sur 70'000, comme Staline l'avait fait en 1937-1938. Le destin de Vlassov, un des meilleurs généraux de l'Armée rouge, mais tellement écoeuré par les carences du comandement qu'il finit par passer du côté allemand après sa capture, est quand même significatif. Et 1'500'000 sujets soviétiques se sont quand même battus dans des unités engagées aux côtés des Allemands, soit pour des raisons nationales, soit parce qu'ils trouvaient que la domination communiste avait été encore pire.
Ce sont les Allemands qui ont permis à Staline de se ressaisir en se comportant avec une telle sauvagerie qu'ils ont suscité une hostilité générale contre eux, alors qu'il ne faut pas oublier que, dans la majorité des régions envahies, ils avaient été accueillis à leur arrivée comme des libérateurs qui allaient rouvrir les églises et rendre la terre aux paysans. Mais cela n'efface pas l'incroyable déconfiture du commandement stalinien au cours de l'été 1941, la perte de centaines de milliers de kilomètres carrés de territoires en quelques semaines, faits qui donnent toute sa pertinence à la réflexion du Général citée plus haut.
Je suppose qu'on n'a guère enseigné aux écoliers soviétiques, puis russes, que, sous le commandement du génial organisateur Staline, l'Armée rouge dut se faire livrer treize millions de paires de bottes (13'000'000!) offertes par l'allié étasunien. Pour ne pas parler du matériel de guerre à proprement parler...
L'Union soviétique a vaincu, non seulement grâce à la combativité extraordinaire de ses soldats, mais aussi parce que Staline, à un moment, a eu l'intelligence de commencer à écouter ses généraux - et en particulier Joukov. En face, Hitler a perdu non seulement parce que son régime de terreur a écoeuré des populations qui ne gardaient pourtant pas un très bon souvenir du règne des communistes, mais aussi parce qu'il a cru qu'il avait toujours raison contre ses généraux. En interdisant à Paulus de se dégager de Stalingrad et de jeter toutes ses forces pour faire une retraite de cinquante kilomètres qui lui aurait permis de faire sa jonction avec le groupe d'armées Hoth, Hitler a littéralement condamné à mort une de ses armées. Paulus en a été à ce point dégoûté qu'il a changé de camp après sa capitulation (itinéraire parallèle à celui de Vlassov).

Si vous voulez absolument trouver un communiste persécuteur de la religion, mais bon militaire, alors pensez à Mao Tsé-toung (pinyin Mao Zedong). Mao a conquis la Chine entière en moins de quatre ans, alors que les communistes, à la capitulation japonaise en septembre 1945, disposaient de 320'000 soldats, 166'000 fusils et 600 pièces d'artillerie face aux 3'700'000 soldats, 1'620'000 fusils, 6'000 pièces d'artilleries des nationalistes du Kouomintang (pinyin Guomindang) de Tchang Kaï-chek (pinyin Jiang Jeshi) (cf. général L.-M. Chassin, La conquête de la Chine par Mao Tsé-toung, éditions du Trident, Paris 1987 [fac-similé de l'édition de Payot, Paris 1952], p. 171). Certes, Mao était secondé par d'excellents généraux comme Lin Piao (pinyin Lin Biao). Mais le livre du général Chassin montre que toutes les décisions stratégiques étaient prises par Mao. L'emprise de Mao sur le parti communiste chinois s'est d'ailleurs renforcée tout au long de la guerre civile de 1946-1949, pour la simple et bonne raison que les autres dirigeants communistes avaient remarqué qu'il ne se trompait jamais sur le plan militaire. Dans son livre, le général Chassin publie la traduction française d'une communication faite par Mao au comité central du parti communiste chinois le 25 décembre 1947 (cf. Chassin, op. cit., pp. 143-151) qui est impressionnante de clarté, dans laquelle on sent vraiment le stratège de génie. Dès cette date, Mao prévoyait la victoire finale pour 1949! On s'est beaucoup intéressé - c'était en particulier une obsessions de certains officiers français qui avaient affronté les communistes en Indochine - à Mao théoricien de la guerre révolutionnaire. Mais - le livre du général Chassin le montre très bien - Mao, après une expérience de près de vingt ans de conduite de la guérilla, a su aussi non seulement théoriser, mais organiser, le passage de la guérilla à la guerre conventionnelle. Et ce qui est encore plus génial, c'est qu'il a organisé cette transformation grâce au matériel conquis sur le Guomindang! Parmi ses petits frères du Vietminh, le général Giap a aussi été un grand organisateur du passage de la guérilla à la guerre conventionnelle, mais il l'a fait avec le matériel fourni par la République populaire de Chine et par l'Union soviétique, pas avec le matériel pris au Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient! Et c'est là qu'apparaît tout le génie militaire de Mao, dans sa triple dimension théorique, stratégique et tactique.
Car enfin, on conviendra que ce n'est pas un mince exploit que de se rendre maître, en trois ans et demi, d'un cinquième de l'humanité et d'un territoire trois fois plus grand que l'Inde, et en démarrant avec une infériorité, en termes de puissance de feu, de un à dix.
Pour moi, sans conteste, Mao, grand criminel, mais très grand chef de guerre. Staline, grand criminel, mais pas grand chef de guerre.
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par Claude le Liseur »

Cette fois-ci, Sarov aura vraiment besoin des prières de saint Séraphin (dépêche AFP reproduite du site www.romandie.com; passage souligné par moi ):

La Russie brûle, Medvedev ordonne la protection de sites stratégiques
MOSCOU - Le président Dmitri Medvedev a ordonné mercredi devant le Conseil de sécurité russe de prendre des mesures pour protéger les installations stratégiques du pays, notamment nucléaires, contre les violents incendies de forêt qui ont fait au moins 48 morts dans le pays.

"Je suis sûr que nous allons nous en sortir", a déclaré M. Medvedev, estimant que la situation était "sous contrôle, même si une évolution négative n'est pas à exclure".

"J'ordonne au gouvernement d'établir au plus vite, d'ici à deux jours, (...) quelles installations doivent être considérées comme présentant un danger particulièrement élevé" en cas d'incendie, a-t-il également déclaré.

Au cours de cette réunion, rassemblant les principaux responsables de la sûreté du pays, Sergueï Kirienko, le patron de l'agence du nucléaire Rosatom, a annoncé avoir fait évacuer "tous les matériaux explosifs et tous les matériaux radioactifs" du centre nucléaire russe de Sarov, à 500 km à l'est de Moscou, en raison des incendies qui le menacent depuis quelques jours.

Le responsable a assuré qu'il n'y avait aucun risque d'accident nucléaire même si le feu atteignait les installations de ce centre, connu depuis la guerre froide sous le nom d'Arzamas-16 et qui fabrique notamment des armes atomiques.

Selon le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, les flammes ont atteint le vaste territoire du centre de Sarov, mais sont encore à "quatre kilomètres" de ses premières installations.


La réunion du Conseil de sécurité, pour laquelle Dmitri Medvedev a interrompu un séjour sur la mer Noire, a également été l'occasion de limoger des responsables militaires, après la destruction par le feu d'une base de l'aviation de la marine dans la région de Moscou.

Le commandant de l'aviation de la marine, Nikolaï Kouklev, a été renvoyé et le commandant en chef de la marine, l'amiral Vladimir Vissotski, a reçu un avertissement.

De son côté, le Premier ministre Vladimir Poutine, qui multiplie les déplacements dans les zones sinistrées, s'est rendu dans la région de Voronej, à 500 km au sud de Moscou, pour y encourager les équipages des avions luttant contre les flammes.

"Il y a encore malheureusement beaucoup de travail", a-t-il dit.

Le feu continue de dévaster des milliers d'hectares en Russie centrale et occidentale. Le bilan a atteint 48 morts contre 40 la veille.

Lundi, le président russe avait décrété l'état d'urgence dans les sept régions les plus touchées par les incendies.

Sur le terrain, la situation continue d'être difficile pour les 170.000 hommes mobilisés par le ministère des Situations d'urgence. En début de journée, une superficie globale de 188.524 hectares était en feu, contre 172.371 hectares la veille.

"Il n'y a pas eu de maisons brûlées au cours des dernières 24 heures", s'est en revanche félicité le ministère. Depuis la fin de la semaine dernière, des villages entiers ont été ravagés par les flammes.

Au total les incendies de forêt ont déjà détruit en Russie près de 668.000 hectares depuis le début de l'été.

Les conditions climatiques ne donnent pour leur part aucun signe de répit.

Les météorologues estiment que la canicule et la sécheresse qui durent depuis plus d'un mois dans l'ouest de la Russie devraient se prolonger au moins jusqu'à la fin de la semaine.

La capitale russe s'est réveillée mercredi dans une atmosphère irrespirable, un vent chaud répandant la fumée âcre des feux de forêt et de tourbières de la région jusque dans le métro.

(©AFP / 04 août 2010 17h44)
J-Gabriel
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par J-Gabriel »

Image

Une image parmi d’autres du drame, mais celle là particulièrement saisissante.

A ce lien : http://byztex.blogspot.com/2010/08/russ ... fires.html
Claude le Liseur
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Re: Re:

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : Si vous voulez absolument trouver un communiste persécuteur de la religion, mais bon militaire, alors pensez à Mao Tsé-toung (pinyin Mao Zedong). Mao a conquis la Chine entière en moins de quatre ans, alors que les communistes, à la capitulation japonaise en septembre 1945, disposaient de 320'000 soldats, 166'000 fusils et 600 pièces d'artillerie face aux 3'700'000 soldats, 1'620'000 fusils, 6'000 pièces d'artilleries des nationalistes du Kouomintang (pinyin Guomindang) de Tchang Kaï-chek (pinyin Jiang Jeshi) (cf. général L.-M. Chassin, La conquête de la Chine par Mao Tsé-toung, éditions du Trident, Paris 1987 [fac-similé de l'édition de Payot, Paris 1952], p. 171). Certes, Mao était secondé par d'excellents généraux comme Lin Piao (pinyin Lin Biao). Mais le livre du général Chassin montre que toutes les décisions stratégiques étaient prises par Mao. L'emprise de Mao sur le parti communiste chinois s'est d'ailleurs renforcée tout au long de la guerre civile de 1946-1949, pour la simple et bonne raison que les autres dirigeants communistes avaient remarqué qu'il ne se trompait jamais sur le plan militaire. Dans son livre, le général Chassin publie la traduction française d'une communication faite par Mao au comité central du parti communiste chinois le 25 décembre 1947 (cf. Chassin, op. cit., pp. 143-151) qui est impressionnante de clarté, dans laquelle on sent vraiment le stratège de génie. Dès cette date, Mao prévoyait la victoire finale pour 1949! On s'est beaucoup intéressé - c'était en particulier une obsessions de certains officiers français qui avaient affronté les communistes en Indochine - à Mao théoricien de la guerre révolutionnaire. Mais - le livre du général Chassin le montre très bien - Mao, après une expérience de près de vingt ans de conduite de la guérilla, a su aussi non seulement théoriser, mais organiser, le passage de la guérilla à la guerre conventionnelle. Et ce qui est encore plus génial, c'est qu'il a organisé cette transformation grâce au matériel conquis sur le Guomindang! Parmi ses petits frères du Vietminh, le général Giap a aussi été un grand organisateur du passage de la guérilla à la guerre conventionnelle, mais il l'a fait avec le matériel fourni par la République populaire de Chine et par l'Union soviétique, pas avec le matériel pris au Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient! Et c'est là qu'apparaît tout le génie militaire de Mao, dans sa triple dimension théorique, stratégique et tactique.
Car enfin, on conviendra que ce n'est pas un mince exploit que de se rendre maître, en trois ans et demi, d'un cinquième de l'humanité et d'un territoire trois fois plus grand que l'Inde, et en démarrant avec une infériorité, en termes de puissance de feu, de un à dix.
Pour moi, sans conteste, Mao, grand criminel, mais très grand chef de guerre. Staline, grand criminel, mais pas grand chef de guerre.

Sans doute le parti communiste chinois croit-il que le génie stratégique est héréditaire, puisque le petit-fils de Mao Zedong vient d'être nommé général.

http://www.rue89.com/chinatown/2010/08/ ... ral-161533

(De Pékin) Unique descendant masculin de Mao Zedong, Mao Xinyu est devenu la semaine dernière le plus jeune général de division de l'Armée populaire de libération. Devant les critiques suscitées par cette nomination, il assume sans complexe avoir été aidé par son nom.
L'air débonnaire, ressemblant un peu à un Mao Zedong qui aurait pris du poids, Mao Xinyu est serein. A 40 ans, il a déjà effectué de grandes choses pour son pays. Diplômé d'histoire à l'université du Peuple de Pékin, docteur à l'Académie des sciences militaires de Chine, il a passé la plus grande partie de sa carrière à faire des recherches sur les exploits de son grand-père, et sur son héritage dont il est un fervent défenseur.

En mars, lors de la réunion annuelle du parlement chinois, il avait par exemple estimé que « la guerre de l'information du futur devrait être conduite selon le maoïsme ».

Délégué de la Conférence consultative du peuple chinois (la Chambre haute du parlement chinois), il est également écrivain, son livre le plus connu s'intitulant « Mao Zedong, mon grand père ».

Pour son activité sur le Net, il a été désigné en 2009 comme l'un des blogueurs les plus populaires du pays par le site internet du Quotidien du peuple.

Mais le seul descendant masculin connu du Grand Timonier ne compte pas en rester là.

« Une insulte pour l'Armée populaire de libération »
La semaine dernière, Mao Xinyu a été nommé général de division à l'occasion du 83e anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de libération, devenant ainsi le plus jeune de son grade.

Parmi les commentateurs, cette nomination a provoqué de vives critiques. Car en dépit de son apparence sympathique, le descendant de Mao est souvent pointé du doigt pour son incompétence, voir même pour sa bêtise.

« Qu'une personne aussi peu qualifiée puisse devenir général de l'armée chinoise est un insulte pour l'ALP », a déclaré Pu Zhiqiang, avocat et militant des droits de l'Homme, dans une interview au quotidien américain Los Angeles Times.

« Les futurs promus au même poste devraient se sentir humiliés par cela. »


La nomination a également divisé les internautes. Si certains l'ont approuvée, y voyant une « compensation pour le sacrifice de sa famille », ou encore un « honneur » pour « le seul qui garde le sang de Mao Zedong », lequel « nous manque beaucoup », d'autres se sont montrés plus critiques.

Sur le site du Quotidien du Peuple, l'organe du parti communiste, un internaute observe :

» La Chine n'a pas changé depuis l'époque des dynasties. Sous les Qing, le pouvoir se transférait aussi au sein des familles. »


« Le fils d'un tigre sera toujours un tigre, et le fils du rat, un rat », écrit un autre, citant un fameux proverbe.

Une promotion « toute naturelle »
Mao, lui, s'étonne de ce remue ménage, et écrit sur son blog :

« Je ne comprend pas pourquoi on s'intéresse plus à moi qu'aux autres personnes promues à ma fonction ? »


Népotisme ? L'accusation ne semble pas le déranger outre mesure.

« Je le sens parmi mes amis et mes collègues, tout le monde le sent ainsi. Les gens transfèrent sur moi l'amour et le respect qu'ils ont pour Mao Zedong. C'est donc évident que cela est un facteur. »


« C'est une promotion toute naturelle. Les réalisations de Mao lui valent le droit d'être promu », a expliqué en écho le porte-parole de l'Académie des sciences militaires.

Le petit-fils de Mao a profité de son interview pour officialiser son envie de se lancer plus avant en politique :

« Avant sa mort, ma mère voulait que je m'implique dans la politique. En me faisant entrer dans l'armée, ma mère m'a choisi une très bonne route, un très bon angle, et c'est par l'armée que je me développerai. »


Mao Xinyu profite sans aucun doute de la persévérance dans le pays du culte de son grand père.

La Chine, qui n'a jamais opéré de « démaoïsation », se réfère toujours à la pensée de Mao dans sa Constitution, et l'histoire officielle considère, sans les détailler, que les actions du Grand Timonier ont été faites de 30% d'erreurs et 70% de réussites.

Mais pour certains, cela n'est pas suffisant pour faire un bon général.

« Il doit nous montrer qu'il a fait quelque chose, a déclaré, au LA Times, Liu Shangying, de l'Académie des sciences Sociales :

“Jusqu'ici, nous n'avons toujours pas vu les résultats de ses recherches. Il n'a jamais trouvé de nouvelles idées concernant les théories de son grand père. D'un point de vue académique, il manque de réussite.”


Photo : Mao Xinyu lors de la session annuelle du parlement chinois, le 2 mars 2008 (Jason Lee/Reuters)


Ceci étant, l'Armée populaire de Libération doit compter beaucoup de généraux...
Olivier
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par Olivier »

Mao étant le dernier empereur de Chine, il est normal que le petit-fils ait une part de la succession^^
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par Claude le Liseur »

Olivier a écrit :Mao étant le dernier empereur de Chine, il est normal que le petit-fils ait une part de la succession^^

C'est juste...
Claude le Liseur
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Re:

Message par Claude le Liseur »

Alexandr a écrit :
Il y a une chose qu'on retrouve dans d'autres sites stalinistes et non-contesté : la persécution religieuse. Staline me fait penser à Constantin V Croponyme, empereur persécuteur des images, mais bon militaire.
Les meilleurs livres en français sur le conflit germano-soviétique (la plus grande guerre de l'Histoire à mon avis) sont ceux que le communiste français Jean Lopez a publiés dans la collection Campagnes et stratégies aux éditions Economica: Stalingrad, Koursk, Le chaudron de Tcherkassy-Korsun (que je n'ai pas lu), Bagration (que je n'ai pas lu non plus) et Berlin. Ces livres sont de plus en plus militants au fur et à mesure que l'on progresse dans le déroulement du conflit et le dernier contient des passages risibles à la gloire de "l'art opérationnel" soviétique, mais, dans l'ensemble,c 'est un travail sérieux et exhaustif.

Le problème est que Jean Lopez n'ait pas écrit un volume Barbarossa ou Moscou sur l'année 1941; il ne s'est fait le chroniqueur de ce conflit qu'à partir de janvier 1942, et c'est dommage, parce que la totale impréparation de l'Armée rouge et la totale nullité du commandement soviétique en 1941 n'apparaît qu'en filigrane dans les ouvrages suivants, au fur et à mesure que Staline réorganise son armée et promeut des généraux compétents (les Joukov, Koniev, Eremenko, Rokossovski, Tchouikov, Tcherniakhovski, Vassilevksi, Vatoutine, Bagramian, etc.) et qu'il y a quelques comparaisons avec la situation désastreuse de 1941. Il faut quand même souligner que l'armée soviétique, qui, au cours des batailles de l'été 1941, était encore pus mauvaise que l'armée française pendant la campagne de mai-juin 1940, se retrouve à l'hiver 1944-1945 la meilleure armée du monde, et qu'elle le prouvera en août 1945 dans ce qui reste probablement la plus brillante campagne militaire de l'Histoire, l'offensive stratégique de Mandchourie (Манчжурская стратегическая наступательная операция -connue en Occident sous le nom de "Tempête d'août" depuis l'article que le lui consacra en 1983 le célèbre historien militaire étasunien, le colonel David M. Glantz) sous le commandement de Vassilevski. Dans les livres écrits par Jean Lopez, il n'y a guère que la bataille de Kharkov de mai 1942 et la conquête de la péninsule de Kertch par un Manstein au sommet de sa forme face à un Mekhlis au sommet de son incompétence pour rappeler la faible performance de l'armée soviétique à l'été 1941.

Jean Lopez livre une comparaison intéressante des qualités militaires de Hitler et de Staline. Evidemment, la performance d'Hitler va en se détériorant au fur et à mesure de la guerre, l'accumulation des défaites étant source de stress (Lopez, in Stalingrad, p. 440, indique que la santé d'Hitler ne se remettra jamais de la défaite de Stalingrad). Toutefois, au moins jusqu'à l'été 1943, ses décisions purement militaires sont moins mauvaises qu'on l'a dit, étant donné que ses décisions stratégiques et politiques le condamnent de toute façon à la défaite (l'alliance avec le Japon l'entraîne dans une guerre contre les USA ; la politique de terreur menée en Union soviétique lui aliène toutes les sympathies initiales et galvanise la résistance de l'Armée rouge et de la population).

Staline est le premier responsable des désastres subis par son armée en 1941, mais sa performance s'améliore avec le temps. Comme l'écrit Lopez (Stalingrad, p. 47), il est le "père de grandes victoires... et d'immenses défaites". Il faut mettre à son crédit une grande capacité de travail, et une remise en question, à partir de l'été 1942, de ses choix stratégiques initiaux.

Cependant, la supériorité de Staline sur Hitler, du strict point de vue militaire, repose sur une meilleure organisation de la prise de décision. "Staline a une conception de la direction de la guerre plus ouverte que celle d'Hitler en ce sens qu'il accueille des avis venant d'horizons très divers. A la différence de son adversaire, il ne s'isole pas dans un quartier général, coupé de l'appareil politique " ( Lopez, Stalingrad, p. 49). En effet, Hitler ne discute des questions militaires qu'avec les militaires. Staline, lui, intègre à la décision militaire non seulement l'état-major général (Ставка), mais aussi les commandants des "fronts" (équivalent soviétique des "groupes d'armées") et divers représentants du Parti communiste et de l'Etat, à savoir Malenkov qui représente le Parti, Beria qui représente la police (certes tortionnaire sadique, mais remarquable organisateur de l'espionnage "atomique" et bon connaisseur du Caucase qui est un des axes de la poussée allemande en 1942), Molotov qui représente les Affaires étrangères et surtout deux artisans méconnus de la victoire, Mikoyan (représentant du commerce extérieur, du ravitaillement, et d'une manière générale de l'économie) et Vosnessenski (responsable de l'économie de guerre, chef du complexe militaro-industriel, brillant organisateur du transfert des industries vers l'Oural, que Staline fera assassiner en 1950 lors d'une purge). L'aspect politique, diplomatique et économique se trouve ainsi intégré dans la stratégie militaire.

Enfin, Staline se souvient que de minimis non curat praetor et sait se concentrer sur l'essentiel, tandis que Hitler multiplie les casquettes à l'excès. Ainsi, en septembre 1942, il prend personnellement la direction du Groupe d'Armées A, alors qu'il est déjà à la fois chef de l'Etat, chef du gouvernement, chef suprême des Armées et commandant en chef de l'Armée de Terre (la Heer). Il est tout de même difficile d'être à la fois le créateur et l'idéologue du régime, le chef de l'Etat avec les obligations protocolaires que cela comporte, le chef du gouvernement et le stratège suprême et de s'occuper en même temps du mouvement des petites unités (entre le 28 juin et le 31 décembre 1942, Hitler intervient 120 fois dans le déploiement d'unités d'un niveau égal ou inférieur à la division - Lopez, Stalingrad, p. 146).
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : L'Union soviétique a vaincu, non seulement grâce à la combativité extraordinaire de ses soldats, mais aussi parce que Staline, à un moment, a eu l'intelligence de commencer à écouter ses généraux - et en particulier Joukov. En face, Hitler a perdu non seulement parce que son régime de terreur a écoeuré des populations qui ne gardaient pourtant pas un très bon souvenir du règne des communistes, mais aussi parce qu'il a cru qu'il avait toujours raison contre ses généraux. En interdisant à Paulus de se dégager de Stalingrad et de jeter toutes ses forces pour faire une retraite de cinquante kilomètres qui lui aurait permis de faire sa jonction avec le groupe d'armées Hoth, Hitler a littéralement condamné à mort une de ses armées. Paulus en a été à ce point dégoûté qu'il a changé de camp après sa capitulation (itinéraire parallèle à celui de Vlassov).

Jean Lopez, dans l'ouvrage déjà cité sur Stalingrad, montre que la condamnation à mort de la 6e Armée allemande (Paulus) est antérieure à son encerclement par les Soviétiques lors de l'opération Uranus.
L'offensive allemande d'été, Fall Blau, commence le 28 juin 1942 (encore plus tard que Barbarossa le 22 juin 1941). La fenêtre pour s'emparer sans coup férir de Stalingrad s'est limitée à la période du 10 au 20 juillet 1942. Or, l'investissement de la ville ne commence que le 13 septembre 1942, à un moment où la défense soviétique a eu le temps de s'organiser, et où la ville est déjà anéantie depuis le bombardement aérien allemand du 23 août, qualifié par Lopez de "mort d'une ville" (p. 164). Stalingrad n'est transformée en objectif stratégique par Hitler que dans la première quinzaine de septembre, semble-t-il pour se consoler que les opérations dans le Caucase n'apportent pas les victoires escomptées. La date limite pour une évacuation de Stalingrad par les Allemands aurait été la fin du mois d'octobre 1942. Cet ordre d'évacuation, Hitler ne l'a pas donné, parce qu'il voulait absolument, pour des raisons de propagande, de politique et de stratégie, terminer sa campagne sur une victoire significative. A Stalingrad, le IIIe Reich et l'Etat des Soviets jouent leur existence: au-delà de l'importance réelle de la ville, les deux adversaires lui ont donné une telle signification en termes de propagande que le vainqueur de la bataille en retirera un avantage moral et politique incomparable. En ce sens, on peut faire la comparaison avec la bataille de Verdun en 1916.
Ce que l'on retient d'habitude de la bataille de Stalingrad - l'extraordinaire résistance de l'Armée rouge, la bataille pour le contrôle de l'usine Octobre rouge, le combat maison par maison, les exploits du tireur d'élite Vassili Zaïtsev rendu célèbre chez nous par le film de Jean-Jacques Annaud - se situe entre le 13 septembre et le 19 novembre 1942. C'est à ce moment que les pertes soviétiques sont colossales. Pour l'armée de Paulus, ce n'est pas une partie de plaisir, mais on verra que ce n'est rien par rapport à ce qui l'attend...
Les Soviétiques commencent l'opération Uranus le 19 novembre 1942. L'encerclement de la 6e Armée est un fait accompli le 23 novembre. Or, ce n'est que le 23 novembre que Paulus demande à Hitler l'autorisation d'abandonner Stalingrad. La tentative de dégagement (opération Wintergewitter) échoue le 23 décembre, alors que les blindés de Hoth (LVIIe Panzerkorps) ne sont qu'à 48 kilomètres de la poche que tient encore la 6e Armée. Or, ce que montre le livre de Jean Lopez, c'est que pas plus le 23 novembre que le 23 décembre, la 6e Armée n'est en état de percer, même avec une distance inférieure à 50 kilomètres. Il n'y aurait donc eu aucun sens à donner à Paulus un ordre - ou une autorisation - "de jeter toutes ses forces pour faire une retraite de cinquante kilomètres", contrairement à ce que j'écrivais en 2009. Le 20 décembre 1942, il restait à la 6e Armée assez de carburant pour parcourir... 20 kilomètres. Quant au ravitaillement, il suffira de mentionner que le premier mort d'inanition est enregistré le 21 décembre 1942.
Vassili Grossman, dans Vie et Destin, a employé l'expression de "camp de prisonniers en armes" pour désigner la 6e Armée, et Lopez reprend le terme pour décrire l'agonie des troupes de Paulus, entre le 23 décembre 1942 quand prend fin l'opération Wintergewitter et le 2 février 1943 quand capitule le XIe Corps du général Strecker - à cette date, le commandant de la 6e Armée, Paulus, est prisonnier depuis deux jours.. et maréchal depuis trois.
Il suffira de dire que la 6e Armée comptait encore 247'000 hommes le 23 décembre 1942 à la fin de Wintergewitter, 210'000 le 9 janvier 1943, et que les Soviétiques ne trouveront que 113'000 prisonniers à la fin de la bataille - y compris les grands blessés. On peut supposer qu'un très grand nombre de ces 97'000 soldats disparus en trois semaines sont tout simplement morts de faim. Mais leur destin était scellé depuis la fin octobre 1942, et un ordre de percée au moment où Hoth était à 48 kilomètres de la poche n'aurait fait que leur procurer une mort d'un autre genre.
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

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Dès qu'a été connu le Führerbefehl interdisant l'abandon de Stalingrad, Paulus et Schmidt s'en sont remis totalement à Hitler, à la Luftwaffe puis à Hoth. Ce n'est pas seulement par réflexe d'obéissance ou par crainte de sanctions. La raison profonde est que, du point de vue opérationnel, la sortie leur paraît une absurdité vouée à un échec sanglant et, au mieux, à un prompt retour des Panzer dans la poche.

Jean Lopez, Stalingrad, Economica, Paris 2013 (1re impression Paris 2008), p. 418.

Claude le Liseur
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Claude le Liseur a écrit : A Stalingrad, le IIIe Reich et l'Etat des Soviets jouent leur existence: au-delà de l'importance réelle de la ville, les deux adversaires lui ont donné une telle signification en termes de propagande que le vainqueur de la bataille en retirera un avantage moral et politique incomparable. En ce sens, on peut faire la comparaison avec la bataille de Verdun en 1916.
Ce que j'entends par cette comparaison entre les deux plus grandes batailles de l'Histoire, c'est qu'au fond, dans les deux cas, la ville visée par les Allemands n'était pas en soi un objectif décisif. Pour les Français, on savait depuis Vauban que la ville qui tenait le pays, c'était Metz ("les autres places se défendent elles-mêmes, Metz défend l'Etat"), et Metz était perdue depuis 1870. Si les Allemands avaient pris Verdun, les Français auraient établi une deuxième ligne de résistance derrière, et une troisième, et ainsi de suite, et il n'est pas sûr que les Allemands seraient jamais arrivés jusqu'à Bar-le-Duc.
De même, Stalingrad ne comptait pas parmi les cinq villes les plus importantes de l'Union soviétique. Si elle était tombée, les Soviétiques auraient rétabli une deuxième ligne de résistance plus loin à l'Est, et ainsi de suite.
Mais, dans les deux cas, la dimension symbolique prise par chacune de ces villes, les efforts incroyables consentis par les défenseurs (l'armée française s'est battue 303 jours et 303 nuits devant Verdun, l'Armée rouge a tenu dans Stalingrad pendant 143 jours), signifiaient que la chute de la ville si âprement défendue entraînerait l'effondrement moral, et, à terme, la capitulation. En ce sens, et pour les Français qui défendaient Verdun en 1916, et pour les Soviétiques qui défendaient Stalingrad en 1942, il n'y avait plus rien derrière . Le mot d'ordre de l'armée française à Verdun "On ne passe pas" est exactement reflété dans la phrase du tireur d'élite soviétique Vassili Zaïtsev, dont le corps repose aujourd'hui sur le kourgane Mamaïev objet de tant de combats en 1942, "За Волгой земли для нас не было" ("Pour nous, il n'y avait rien au-delà de la Volga").
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

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Claude le Liseur a écrit :Cependant, la supériorité de Staline sur Hitler, du strict point de vue militaire, repose sur une meilleure organisation de la prise de décision. "Staline a une conception de la direction de la guerre plus ouverte que celle d'Hitler en ce sens qu'il accueille des avis venant d'horizons très divers. A la différence de son adversaire, il ne s'isole pas dans un quartier général, coupé de l'appareil politique " ( Lopez, Stalingrad, p. 49). En effet, Hitler ne discute des questions militaires qu'avec les militaires. Staline, lui, intègre à la décision militaire non seulement l'état-major général (Ставка), mais aussi les commandants des "fronts" (équivalent soviétique des "groupes d'armées") et divers représentants du Parti communiste et de l'Etat, à savoir Malenkov qui représente le Parti, Beria qui représente la police (certes tortionnaire sadique, mais remarquable organisateur de l'espionnage "atomique" et bon connaisseur du Caucase qui est un des axes de la poussée allemande en 1942), Molotov qui représente les Affaires étrangères et surtout deux artisans méconnus de la victoire, Mikoyan (représentant du commerce extérieur, du ravitaillement, et d'une manière générale de l'économie) et Vosnessenski (responsable de l'économie de guerre, chef du complexe militaro-industriel, brillant organisateur du transfert des industries vers l'Oural, que Staline fera assassiner en 1950 lors d'une purge). L'aspect politique, diplomatique et économique se trouve ainsi intégré dans la stratégie militaire.
Pour l'anecdote, dans sa biographie de l'amiral Axel Berg (1893-1979), "héros du travail socialiste" et fondateur de la cybernétique en Union soviétique (Аксель Берг, éditions Molodaïa Gvardia, Moscou 2012, pp. 81 s.), Youri Erofeïev indique que Malenkov avait été nommé président du Conseil pour la radio-localisation auprès du GKO* de l'URSS (en clair,ce conseil était l'organisme chargé d'équiper l'Armée rouge de radars), mais qu'il n'avait guère d'intérêt pour le poste (en fait, Berg aurait déclaré à Erofeïev, le 3 octobre 1978, que Malenkov n'y comprenait rien). Un épisode méconnu de la carrière de cet éphémère successeur de Staline, que Roy Medvedev appelait "l'homme sans biographie" (человек без биографии). Et dire que des hommes comme lui ont empoisonné la vie de nos parents à l'époque de la Guerre froide.

* GKO = Государственный комитет обороны (Comité d'Etat de la Défense), l'organisme où siégeaient Beria (la police, l'espionnage et les camps de concentration), Malenkov (le Parti communiste de l'Union soviétique), Mikoyan (le commerce extérieur et le ravitaillement), Molotov (la diplomatie), Vorochilov (l'Armée rouge) et Voznessenski (l'industrie lourde et l'économie de guerre). Le GKO ayant joué un rôle très important dans la victoire de l'Union soviétique dans la deuxième Guerre mondiale, il n'est pas étonnant, pour qui connaît les mœurs staliniennes et post-staliniennes, que la plupart de ses membres aient mal fini (Voznessenki exécuté en 1950, Beria exécuté en 1953, Malenkov et Molotov exclus du PCUS en 1961).
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : mer. 20 sept. 2017 14:41
* GKO = Государственный комитет обороны (Comité d'Etat de la Défense), l'organisme où siégeaient Beria (la police, l'espionnage et les camps de concentration), Malenkov (le Parti communiste de l'Union soviétique), Mikoyan (le commerce extérieur et le ravitaillement), Molotov (la diplomatie), Vorochilov (l'Armée rouge) et Voznessenski (l'industrie lourde et l'économie de guerre). Le GKO ayant joué un rôle très important dans la victoire de l'Union soviétique dans la deuxième Guerre mondiale, il n'est pas étonnant, pour qui connaît les mœurs staliniennes et post-staliniennes, que la plupart de ses membres aient mal fini (Voznessenki exécuté en 1950, Beria exécuté en 1953, Malenkov et Molotov exclus du PCUS en 1961).
Je renvoie tout lecteur intéressé à la somme que Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri ont consacré aux six premiers mois de la guerre germano-soviétique, Barbarossa, éditions Passés composés, Paris 2019, 958 pages.

On y trouvera une analyse détaillée de la création du GKO, d'après une lettre écrite par Beria à Molotov depuis sa prison le 28 juin 1953, ainsi que d'après les deux versions (falsifiée et non falsifiée) des Mémoires d'Anastase Mikoïan.

Créé lors d'une visite de Molotov, Beria, Malenkov, Vorochilov, Mikoyan et Voznessenski à la datcha de Staline à Kountsevo le 30 juin 1941, le GKO s'inspire du Bureau du Sovnarkom de l'URSS créé le 20 mars 1941 par Staline. Mais, alors que le Bureau avait 13 membres, le GKO n'en a que 6 : Staline (le commandement suprême), Molotov (les Affaires étrangères... et la production de chars), Vorochilov (l'armée), Malenkov (le parti communiste.. et l'industrie aéronautique, d'où son apparition dans la biographie d'Axel Berg), Beria (la police, les camps de concentration, l'ordre intérieur... et la lutte contre la désertion) et Mikoïan (l'industrie légère, le ravitaillement, l'allocation de vêtements... et le carburant pour le front). Contrairement à ce que j'ai écrit il y a deux ans, le 20 septembre 2017, Voznessenski, pourtant un des artisans principaux de la victoire soviétique (production d'armes et de munitions, industrie lourde, démontage et évacuation des usines vers l'Oural), n'était pas membre du GKO, et Lopez et Otkhmezuri considèrent que cette absence était significative:

De ce point de vue , la création du nouvel organe de direction représente la revanche de la "vieille garde", mise en place après la Grande Terreur, sur Voznessenski, le petit nouveau, imposé par Staline au sein du Bureau du Conseil des commissaires du peuple. La nomination de cet "arrogant chauvin grand-russe" *, selon les mots de l'Arménien Mikoïan, pouvait, en effet, laisser augurer d'une purge prochaine au sein de l'entourage immédiat du patron. Molotov, notamment, était dans le viseur. En écartant Voznessenski, en faisant confirmer par le patron qu'ils forment toujours son cercle rapproché, Molotov - la cheville ouvrière de toute l'affaire -, Beria, Malenkov, Mikoïan et Vorochilov obtiennent un compromis politique majeur: le dictateur renonce à diriger contre eux sa tyrannie arbitraire. Il accepte que chacun de ses affidés exerce, le temps de la guerre, et dans son domaine, une gouvernance quasi oligarchique sans avoir à craindre pour son poste ni pour sa vie. Chaque membre de la garde rapprochée pourra donc protéger, à son tour, sa pyramide de clients et faire tourner ainsi, dans une sécurité relative, les rouages politiques et économiques de l'URSS. C'est à ce prix que le centre, ainsi stabilisé, ne se désagrégera pas sous les coups de l'opération Barbarossa. Psychologiquement et politiquement, la visite à Kountsevo constitue l'étape majeure de la retransformation de Djougachvilil en Staline, "un moment exceptionnel dans l'histoire de sa dictature", selon Oleg Khlevniuk.

Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Barbarossa, Passés composés, Paris 2019, pp. 542-543.

On notera au passage que le GKO ne compte que 3 Russes (Molotov, Malenkov et Vorochilov) alors que les Russes sont la population majoritaire en Union soviétique à ce moment-là, pour 2 Géorgiens et 1 Arménien. Les Caucasiens sont donc nettement sur-représentés. Les nationalités musulmanes de l'Union soviétique restent traitées en populations colonisées. Plus intéressante est l'absence totale des Biélorusses et des Ukrainiens, alors que les Ukrainiens représentent, et de loin, la deuxième ethnie de l'URSS.
Claude le Liseur
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Re: Séraphin de Sarov est devenu le patron des atomistes..?

Message par Claude le Liseur »

Alexandr a écrit : jeu. 13 sept. 2007 11:41 http://fr.rian.ru/russia/20070911/77930926.html
L'orthodoxie nucléaire (Vlast)
14:20 | 11/ 09/ 2007



MOSCOU, 11 septembre - RIA Novosti. Un office religieux à l'occasion du 60e anniversaire du secteur nucléaire militaire russe a été célébré la semaine dernière en la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, rappelle mardi l'hebdomadaire Vlast.

Jusqu'ici, l'Eglise orthodoxe russe n'avait jamais honoré les armes de destruction massive avec une attention aussi soutenue.

Les chemins de l'Eglise et des atomistes s'étaient déjà croisés en 1946, lorsqu'il a été décidé de construire un centre destiné à concevoir l'arme nucléaire à Sarov, à la place du monastère de l'Assomption (fermé par les bolchéviques en 1927), connu grâce à la vie de Séraphin de Sarov, l'un des saints russes les plus connus et les plus populaires parmi les orthodoxes, aux XVIIIe-XIXe siècles. En août 1949, seulement trois ans après, l'Union soviétique testait sa première bombe atomique. Arzamas-16 (nom donné à Sarov après la construction de ce centre) devint dès lors le coeur de l'industrie nucléaire militaire soviétique, puis russe.

A la veille du démembrement de l'URSS, l'Eglise orthodoxe russe a repris possession de ses lieux saints: une paroisse orthodoxe a été ouverte à Sarov en 1990. Les atomistes lui ont restitué les églises non détruites se trouvant dans les parages. Séraphin de Sarov est alors devenu le patron des atomistes russes.

Vladimir Poutine a accéléré le processus de "fusion" entre l'Eglise et le nucléaire "non civil" en février 2007. Une correspondante du journal Sarov lui a posé deux questions lors d'une grande conférence de presse au Kremlin: "Quelle est la place de l'orthodoxie dans l'avenir?" et "Quelle est la stratégie [russe] dans les domaines nucléaire et militaire?". Le président a saisi l'occasion pour affirmer que les deux thèmes étaient étroitement liés, les confessions traditionnelles en Russie et son bouclier nucléaire étant des composantes qui renforcent l'Etat russe, créant les prémisses nécessaires pour assurer la sécurité intérieure et extérieure. La réaction à ces propos du président ne s'est pas fait attendre. Le jour suivant, le site orthodoxe nationaliste Pravaya.ru a publié un article intitulé "Poutine et l'orthodoxie nucléaire". L'idée a été ensuite reprise par d'autres médias.

C'est l'analyste Egor Kholmogorov qui a formulé de la façon la plus laconique l'idéologie de "l'orthodoxie nucléaire": "Pour rester orthodoxe, la Russie doit être une grande puissance nucléaire. Pour rester une grande puissance nucléaire, la Russie doit être orthodoxe".


Le métropolite Nicolas de Nijni Novgorod a même essayé de réhabiliter les événements de 1946, déplorables pour l'Eglise: selon lui, c'est probablement grâce aux prières de Saint Séraphin que la Russie a créé une arme qui la protège à présent. A propos, aucune des nombreuses biographies de Saint Séraphin ne mentionne ses penchants militaristes: il n'a béni aucun soldat s'en allant en guerre et n'a jamais glorifié les armes russes dans ses sermons. Le religieux vivait en anachorète et a même pardonné aux brigands qui lui avaient fendu le crâne avec une tête de hache, demandant qu'ils ne soient pas punis.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.
Pour rester sur la question des liens entre l'Orthodoxie et la recherche nucléaire, signalons que l'archevêque de la rue Daru, Monseigneur Jean (Renneteau), a reçu du patriarcat de Moscou le titre de Dubna, lequel, on va le voir, a plus de consistance que son précédent titre de Chariopolis.

En effet, Doubna (Дубна) est une ville située à 125 kilomètres au nord de Moscou, qui compte environ 75'000 habitants, fondée en 1949 par et pour la recherche nucléaire. C'est encore un des grands travaux de Lavrenti Pavlovitch Beria utilisant les déportés du Goulag. (Le paradoxe étant que Beria, seigneur du Goulag, ne croyait absolument plus à l'efficacité du travail servile, qui était une des convictions les plus ancrées chez son patron Staline. On notera aussi que, tout tortionnaire sadique qu'il ait été, Beria était, de tous les dirigeants soviétiques, celui qui manifestait les plus grandes capacités en matière de planification, d'organisation et de gestion de projets, compétences qu'il avait peut-être acquises dans son lointain passé d'étudiant en architecture. )
A Doubna avait été construit le plus grand accélérateur à protons du monde et c'est dans ce centre de recherches que travailla le fameux physicien italien Bruno Pontecorvo (le frère du réalisateur du film La Bataille d'Alger) dont la "disparition" mystérieuse et la "réapparition" en Union soviétique au bout de quelques années a sans doute inspiré le personnage de Clément Tibère, joué par Lino Ventura dans le film de Claude Pinoteau Le silencieux (France 1973). Sauf que dans le film, Clément Tibère est enlevé par les Soviétiques ; dans la réalité, Bruno Pontecorvo était un communiste fanatique qui a lui-même organisé sa défection.
Notons qu'avant de donner son nom à un évêché dont le titulaire réside ordinairement à Paris (France), Doubna était surtout connue pour avoir donné son nom à un élément, le dubnium, élément chimique de numéro atomique 105, synthétisé pour la première fois par l'Institut unifié de recherches nucléaires (en russe : Объединённый институт ядерных исследований, ОИЯИ) en 1967. De même que la hassium (élément de numéro atomique 108) et le darmstadtium (élément de numéro atomique 110) s'appellent ainsi, car ils furent synthétisés en 1984 et 1994 au sein du GSI Helmholtzzentrum für Schwerionenforschung (GSI - Centre Helmholtz de recherche sur les ions lourds) à Darmstadt dans le Land de Hesse, ville où l'on trouve au demeurant une belle église orthodoxe en style Jugendstil (ici : viewtopic.php?f=1&t=2587 ).
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