Communion uniate du métropolite Nicolas du Banat

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Glicherie
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Message par Glicherie »

Lecteur Claude, je ne comprend pas bien votre dernier post à mon adresse.
Il ne m'a pas sembler me contredire au détriment d'autrui, en l'occurrence l'Ecof, avec laquelle de toute manière, je n'ai passé aucun contrat...
Je n'ai pas dit non plus que la communion avec l'Ecof et Antioche était établie...
Mais je me suis laissé allé à exprimer certaine inquiétude concernant les effets qu'aurait l'établissement de cette communion sur l'Orthodoxie en France (pour ce que je reproche à l'Ecof, je me suis je crois assez exprimé sur le fil idoine).

Je me suis basé sur un récit et des photos.

Dans le présent fil, l'émotion est succitée par une photo du Métropolite du Banat portant une coupe à ses lèvres.

Dans l'autre (Ecof et Antioche), de photos de Germain concélébrant avec le vicaire patriarcal d'Antioche, et de Germain avec le Patriarche.

Vous pensez que je devrais réserver mon jugement sur l'affaire écofienne au retour de précisions de la part d'Antioche sur la réalité de la situation, comme je la réserve pour le Banat au compte rendu du Saint Synode ?
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Mi a écrit :
Anne Geneviève a écrit :"Théophylactère" me signale par mail l'existence d'un blog et d'une pétition de soutien à mgr Nicolas du Banat.
Pour info, voici le lien :
http://corneanu.skyrock.com/
ohh ben flute alors, j'ai voulu signer et le George qui a lancé ce site sulfureux et faisant la promotion de l'apostasie, ben il veut pas. C'est pô juste!

il est remarquable aussi, pour embrayer sur les réflexions du Lecteur Claude, que ces oecuménistes ultra, qui disposent de la quasi totalité des moyens de diffusion officiels dans l'Orthodoxie grâce aux habitudes de l'épiscopat (grâce ou à cause?), moyens où JAMAIS l'Orthodoxie traditionnelle n'a le droit de cité, trouvent injuste que nous puissions limiter nos rares espaces d'expression virtuelle à nos seuls intérêts.
On voit où se situent les vrais talibans.

Je suis entièrement d'accord avec vos réflexions, mais j'ajoute que la lecture de l'argumentation du dénommé George, qui, non content d'être défenseur des traditions banataises, semble tout à fait sur la ligne de l'Orthodoxie médiatique francophone, à travers son blog et à travers ces messages sur le blog moinillon.net, me laisse pour le moins perplexe:

- Si tout se vaut, il ne devrait pas y avoir d'hérésie; alors comment se fait-il que le père Cléopa ait été un "hérésiarque"?
- Si tout se vaut, tout le monde est orthodoxe, alors comment peut-il qualifier sur son blog les gens qui réagissent à la communion du métropolite Nicolas non seulement en accord avec la tradition orthodoxe, mais aussi de la même manière qu'un catholique romain conséquent réagirait, c'est-à-dire en rappelant qu'on ne peut pas toujours avoir deux religions à la fois, de "soi-disant orthodoxes"? Puisque tout se vaut, comment peut-il y a avoir des vrais et des faux orthodoxes?

On voit, en effet, assez vite qui sont les vrais Taliban.


Nous constatons donc que:

- 2 et 2 font 4, sauf en économie socialiste;

- une chose et son contraire ne peuvent pas être simultanément vraies, sauf en oecuménisme.



Ajoutons encore une chose.
Il y a certains contextes où l'on peut avoir deux religions à la fois.
C'est vrai qu'on peut-être bouddhiste et shintoïste à la fois. Mais le shintoïsme n'est pas né d'une séparation au sein du bouddhisme, comme l'uniatisme vis-à-vis de l'Orthodoxie. Jusqu'à présent, on ne pouvait pas être évêque orthodoxe et uniate à la fois. Cela semble désormais possible. Les choeurs des oecuménistes chanteront cette évolution dans des hymnes sirupeuses dégoulinant d'amour universel - sauf, je suppose, à l'égard des "extrémistes soi-disant orthodoxes".
Mais cette évolution n'a rien de spirituel, ni de divin. Je laisse le choeur des oecuménistes célébrer le "miracle" que constituerait la communion uniate du métropolite du Banat. C'est connu: il y a des gens qui voient le miracle partout. Il y a aussi beaucoup de gens qui parlent du Saint-Esprit.
Mais, en réalité, cette extraordinaire évolution est bien terrestre, bien humaine. Elle relève d'une activité toute simple grâce à laquelle il m'arrive de temps en temps de gagner mon salaire: les fusions et acquisitions.
Il serait donc intéressant de voir sur la base de quelle term sheet, de quel share purchase agreement et de quels representations & warranties se fera la fusion de certains diocèses orthodoxes avec la Papauté. Je me demande aussi quelle est la date du closing. Pour les reps & warranties, vu la différence entre les effectifs réels de certains diocèses orthodoxes et les effectifs revendiqués, le Vatican a intérêt à être exigeant.
Jean-Mi
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Message par Jean-Mi »

lecteur Claude a écrit :Pour les reps & warranties, vu la différence entre les effectifs réels de certains diocèses orthodoxes et les effectifs revendiqués, le Vatican a intérêt à être exigeant.
va-t'il signer un service level agreement avec le vatican, pour garantir à son nouveau patron un bon return on investment ou ce dernier accepterait promesse pour argent comptant?
Enfin, c'est sûr qu'un ancien des Hitler Jügend et un ancien de la Securitate, ça doit pouvoir s'entendre sans difficulté. Puisque comme vous le dites fort bien, tout ça n'est qu'humain, bêtement, platement et tristement humain.

Image
Saint Nicolas de Myre frappant l'hérétique Arius
fresque du monastère des Cavernes de Kiev

Voilà un vrai et bon Nicolas, tiens - doit-on le rayer de nos listes d'amitiés spirituelles car il fait le contraire de monsieur Nicolas Corneanu et se comporte d'une manière insupportable pour nos talibans oecuménistes?

Personnellement, je remettrai mes grosses godasses devant la cheminée le prochain 6 décembre, sans hésiter. Car je sais qu'il n'est pas qu'au mur de notre salon, il est aussi là à répondre à nos prières, et à nous donner des exemples de vie bien concrets. Ceux de "l'Église patristique", si contraire à l'église libérale.
Antoine
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Message par Antoine »

Jean-Mi a écrit :il est remarquable aussi, [...] que ces oecuménistes ultra, qui disposent de la quasi totalité des moyens de diffusion officiels dans l'Orthodoxie grâce aux habitudes de l'épiscopat (grâce ou à cause?), moyens où JAMAIS l'Orthodoxie traditionnelle n'a le droit de cité, trouvent injuste que nous puissions limiter nos rares espaces d'expression virtuelle à nos seuls intérêts.
Je ne comprends pas cette phrase: Quelle est l'identité de ce "nous" dont vous parlez? Qui limite quoi ou qui et où? Quels intérêts?

Quant à St Nicolas, ce n'est pas parce qu'il a été pardonné d'avoir frappé Arius qu'il a eu raison de le faire. Etre pardonné d'une faute ne donne pas raison de l'avoir commise; et ce n'est pas la giffle que nous admirons et vénérons sur cette icône.
Nectari
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Message par Nectari »

Je demande pardon à Nôtre Seigneur., car avec douleur il faut dire que à la Théophanie de cet année, évêque orthodoxe d’Oradea (il est orthodoxe’), Sofronie Drinc et l’évêque uniate Virgil Bercea ont béni les aux.

Je demande pardon à Nôtre Seigneur., car avec douleur il faut dire que les moines de Monastère d’ Esphigmenou du Mont Athos, sont encercles par la police envoyé par l’évêque de Constantinople, le même qui a reçu Ratzinger, le même qui a fait parler pour le scandale qu’il à provoqué parmi les fideles orthodoxes. Aujourd’hui c’es la fête de cette monastère, la fête de l’Ascension. Que le Seigneur ai piété de nous.

Je demande pardon à Nôtre Seigneu, pour moi et pour le métropolite Nicolae de Banad.

Je demande à Nôtre Seigneur, que l’élève du métropolite Nicolae de Banad, l’actuel Patriarche de la Roumanie, Daniel, lui aussi très favorable a l’œcuménisme, avec amour, avec fidélité, avec foi, retourne son cœur a l’Orthodoxie

Je demande pardon à Nôtre Seigneur, nous ne sommes pas de bons chrétiennes orthodoxes, mais Seigneur, garde pour nous, un, deux, trois, quatre… nouveaux Marc d’Efes

Nectari.
Nectari
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Message par Nectari »

Aclaration. « L’évêque orthodoxe d’Oradea (il est orthodoxe’), Sofronie Drinc et l’évêque uniate Virgil Bercea ont béni les aux. ils ont béni les aux ensemble ».

Nectari
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

lecteur Claude a écrit :Je ne suis pas surpris, connaissant le passé du métropolite Nicolas du Banat, de voir la similitude de son parcours avec celui du métropolite Nicodème (Nikodim Rotov) de Leningrad, sauf que Mgr Nicolas a eu le courage d'aller en public jusqu'au bout de ce chemin.
Pour le reste, même en faisant abstraction du style fleuri et un peu exagéré des rédacteurs uniates, cette communion publique d'un métropolite orthodoxe - même en faisant abstraction de son passé - dans une église uniate a en effet un aspect révolutionnaire.
En effet, bien plus que de souligner une unité rêvée entre orthodoxes et uniates, cet événement me semble souligner à quel point les orthodoxes sont divisés, à tel point que l'affirmation du cardinal Kasper selon laquelle l'Église orthodoxe n'existe pas réellement commence à prendre une certaine vérité à mes yeux.
En effet, alors que Monseigneur Nicolas du Banat communie chez les uniates, le patriarcat de Moscou a rappelé le 13 mai 2008 les raisons canoniques et dogmatiques pour lesquelles les prières communes avec les chrétiens hétérodoxes sont impossibles ( http://www.orthodoxie.com/2008/05/le-pa ... .html#more ), restant ainsi fidèle aux canons de l'Église orthodoxe, tandis que le patriarcat de Jérusalem, l'Église de Grèce et quelques autres maintiennent la théologie orthodoxe traditionnelle qui affirme l'invalidité des sacrements des hétérodoxes et, partant, de la communion à laquelle a participé le métropolite du Banat. Or, pourtant, toutes ces juridictions sont supposées constituer la même Église.
Quand Palmer se heurtait à la différence sur le mode de réception des anglicans entre la tradition orthodoxe russe et la tradition orthodoxe grecque, il n'y en avait pas moins accord sur le fond entre le Saint-Synode et le patriarcat œcuménique et Palmer en parvint pas plus à se faire accepter à la communion chez les uns que chez les autres.
Quand le patriarcat de Constantinople prit l'initiative de réunir le concile de 1872 qui aboutit à la condamnation du phylétisme prôné par l'Exarchat bulgare, toutes les Églises orthodoxes locales ont fini par se rallier à cette condamnation.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que les progrès du phylétisme, précisément, ont été tels que chaque juridiction - et peut-être bientôt chaque diocèse - finit par développer sa propre théologie, même sur des points aussi vitaux.

Je ne croyais pas si bien dire en écrivant ces lignes dans mon message du 29 mai 2008. En effet, voici l'argumentation que nous pouvons lire sur le site francophone des orthodoxes roumains partisans de Mgr Nicolas Corneanu, http://corneanu.skyrock.com/ :

Au début de l'Église sont venus les juidaïsants, en disant qu'il fallait que les païens convertir devaient se faire circoncire. Et l'Église, progressiste, leur a donné tort.

Ensuite l'épître aux Hébreux et les donatiens disaient que les renégats ne pouvaient plus être reçus. Et l'Église, progressiste, leur a donné tort.

Et au niveau de l'Église universelle, la liste continue...

Pour ce qui est de l'Église orthodoxe roumaine, d'abord elle a été l'une des premières Églises orthodoxes à avoir accepté le nouveau calendrier (grégorien), en pendant deux ans, elle a utilisé le calendrier grégorien même pour les fêtes mobiles (Pâques...).

Puis elle a accepté la validité des sacrements anglicans. Pendant longtemps les prêtres anglicans qui allaient en Roumanie étaient très bien accueillis...

Ensuite, en 1948 (photo), elle a reçu dans son sein les paroisses catholiques byzantines, avec une grande partie de son clergé. C'était un accueil, non pas un procès avec des reniements et ressacramentalisation. Tout était là.

C'est toujours l'Église orthodoxe roumaine qui a eu l'idée, qu'elle a d'ailleurs mise en pratique, d'omettre la litanie et la collecte pour les catéchumènes, ainsi que les demandes de la litanie qui précède la secrète, et ceci même à Timisoara.

Et c'est toujours l'Église orthodoxe roumaine qui a pris l'ÉCOF dans sa juridiction, ainsi que les prêtres qui voulaient garder le célibat, sans se faire moines.

Aujourd'hui, c'est la seule Église orthodoxe qui reconnaît la pleine orthodoxie des Églises non-chalcédonéennes.

Et tout le temps, l'Église orthodoxe roumaine n'avait aucun souci des autres Églises orthodoxes. Elle était elle-même, et personne ne devait lui dire comment faire. Elle était experte en la matière et fière de l'être.

Et maintenant? Cette Église orthodoxe longtemps progressiste, va-t-elle jeter à la porte son évêque le plus progressiste?


Passons sur six remarques à caractère historique ou logique, même si on m'a fait comprendre au fur et à mesure de cette polémique que ma logique cartésienne relevait sans doute d'un esprit d'Europe occidentale et de Grèce qui n'était pas transposable dans les traditions banataises.

1) Les partisans de Mgr Nicolas, voici quelques jours, l'assimilaient au Christ. Aujourd'hui, on en est carrément à assimiler la nouvelle orientation qu'il a prise au concile des Apôtres réuni à Jérusalem en 49. Jusqu'où irons-nous?

2) Le calendrier qui a été adopté par l'Église orthodoxe de Roumanie en 1924 - déclenchant au passage la dissidence des vieux-calendéristes qui ont ensuite été persécutés par tous les régimes politiques qui se sont succédé jusqu'en décembre 1989, que ce soit le très uniate président du Conseil Maniu, le roi-dictateur Carol II, le maréchal Antonescu ou le régime communiste de 1948-1989 - n'est bien sûr pas le calendrier grégorien, lequel date de 1582, mais un calendrier qui a été défini lors de la conférence panorthodoxe de Constantinople en 1923. On peut par exemple trouver le texte du décret qui promulgue ce nouveau calendrier ecclésiastique et donne les règles de calcul dans la thèse de doctorat de feu l'archevêque d'Athènes de bienheureuse mémoire, Mgr Christodoule (Paraskevaïdis), ΙΣΤΟΡΙΚΗ ΚΑΙ ΚΑΝΟΝΙΚΗ ΘΕΩΡΗΣΙΣ ΤΟΥ ΠΑΛΑΙΟΗΜΕΡΟΛΟΓΙΤΙΚΟΥ ΖΗΤΗΜΑΤΟΣ , éditions Trochalia, Athènes 1981, page 74, le décret soulignant qu'il sera fait appel aux compétences des astronomes des universités d'Athènes, Belgrade, Bucarest et Saint-Pétersbourg. Je demande pardon aux partisans de Mgr Nicolas Corneanu d'avoir cité une source en grec. Vu le nombre d'insultes que j'ai lues sous la plume contre les "Moscovites", le mont Athos, les auteurs et traducteurs de la Philocalie, j'ai compris qu'il ne valait mieux pas citer trop de sources en grec, en slavon ou en russe. Adieu Socrate, bonjour l'obscurantisme nationalitaire!

3) Sur la question de la validité des ordres anglicans, il y a quand même une contradiction à se glorifier d'avoir reconnu la validité des ordres anglicans comme argument pour entrer en communion avec les catholiques romains, qui, eux, précisément, ne reconnaissent pas la validité des ordres anglicans, Léon XIII ayant été très précis sur ce sujet (lettre apostolique Apostolicae Curae de 1896). Vraiment, votre argument tombe à faux, à moins qu'il ne soit très significatif. Vous serez donc dans la communion de l'Église catholique romaine tout en reconnaissant la validité d'ordinations qu'elle ne reconnaît pas elle-même. Que les catholiques romains se réjouissent de votre ralliement, c'est de bonne guerre; mais c'est mon devoir envers la justice de leur montrer aussi sur quelles bases non ecclésiales se fait votre ralliement.
De plus, il va falloir que les néo-uniates roumains mettent leur violon d'accord avec les anciens uniates roumains. J'ai sous les yeux la version roumaine du Dizionario Enciclopedico dell'Oriente Cristiano, publié en 2000 par l'Institut pontifical oriental de Rome: Eduard G. Farrugia S.J. e.a., Dicţionarul enciclopedic al Răsăritului creştin, Galaxia Gutenberg, Târgu Lăpuş 2005, 840 pages. Tout le monde sait que cette maison d'édition appartient au prêtre uniate (gréco-catholique) de Târgu Lăpuş. Or, cet ouvrage affirme expressément, p. 221, que le saint Synode du patriarcat de Bucarest a déclaré en 1937 qu'il n'avait pas la compétence pour reconnaître les ordinations anglicanes et que cette compétence ne pouvait revenir qu'à "l'organe suprême de l'Orthodoxie, le concile oecuménique". J'aurais donc préféré que les néo-uniates et les uniates cessassent d'affirmer en même temps une chose et son contraire.
D'un autre côté, je dois accepter que le principe de non-contradiction procède de la pensée grecque et de la logique cartésienne, qu'il est à jeter au feu avec tout ce qui est grec, slave, germanique ou francophone.

4) L'argument de la réception automatique des uniates dans le clergé orthodoxe roumain après que le régime communiste a supprimé l'existence légale de l'Église uniate gréco-catholique par l'infâme décret du 1er décembre 1948 est un argument fort des corneanistes, puisqu'il se situe dans leur thèse selon laquelle l'Orthodoxie roumaine serait une relgion finalement indépendante et différente du reste de l'Orthodoxie: "Et tout le temps, l'Église orthodoxe roumaine n'avait aucun souci des autres Églises orthodoxes." Je ne peux, ni ne veux, contester cet argument par rapport au contexte dans lequel les cornéanistes l'utilisent. Je voudrais simplement, pour parler de la situation dans l'Église orthodoxe russe - tout en sachant que mon argument est invalide, puisque je parle de "Moscovites" - que, lorsque les uniates de Biélorussie ont fait leur retour dans le sein de l'Orthodoxie en 1839, les orthodoxes russes ont reçu les fidèles et le clergé par simple profession de foi (il s'agissait de 3 millions de personnes d'un coup!), mais que l'évêque des uniates a été reçu dans l'Orthodoxie par baptême, chrismation, communion et ordination, le but suivi par les Russes en cette occasion étant de montrer qu'ils recevaient les fidèles selon l'économie par manque de temps, mais que cela n'emportait pas reconnaissance des sacrements uniates. Je ne mentionne cela que par souci de comparaison, et concède bien volontiers aux cornéanistes qu'il ne s'agit pas d'un argument transposable dans le contexte dans lequel ils se situent.

5) "Et c'est toujours l'Église orthodoxe roumaine qui a pris l'ÉCOF dans sa juridiction, ainsi que les prêtres qui voulaient garder le célibat, sans se faire moines." Passons sur le fait que je ne vois pas le lien entre les deux choses, mais on peut se demander alors pourquoi avoir reçu l'ÉCOF, qui comptait tout de même, en dehors des francs-maçons et des occultistes, un grand nombre de gens qui avaient quitté le catholicisme romain pour se convertir à l'Orthodoxie, si vraiment tout se vaut?

6) "Cette Église orthodoxe longtemps progressiste, va-t-elle jeter à la porte son évêque le plus progressiste ?" Là encore, le fossé culturel: pour un francophone d'Europe occidentale comme moi, cette confusion permanente entre la religion et la politique est incompréhensible dans un contexte chrétien ou pseudo-chrétien; pour nous, cela sonne un peu musulman. Mais là encore, il y a une contradiction interne dans l'argumentation des orthodoxes roumains cornéanistes. En français, "progresisste", cela veut clairement dire "de gauche", et carrément "compagnon de route du parti communiste". C'est vrai que je ne suis né qu'en 1975, mais j'ai quand même suffisamment d'instruction pour savoir que, dans l'Assemblée nationale française issue des élections législatives du 2 janvier 1956, il y avait un groupe de 6 députés, dont l'agent soviétique Pierre Cot, qui constituaient l' Union progressiste, groupe satellite du Parti communiste français stalinien pur et dur. Je conçois sans peine que Mgr Nicolas Cornéanu, métropolite du Banat, soit dans ce sens le plus "progressiste" de nos évêques, étant donné les trente-deux années qu'il a passées dans la police politique communiste et les souvenirs cuisants qu'il a laissés à Paris quand il y organisa un assaut contre une paroisse orthodoxe roumaine qui refusait de commémorer à la liturgie les "dirigeants de la République socialiste roumaine". Mais alors, dans ce cas, pourquoi un autre apologète du cornéanisme , M. Cristian Bădiliţă, vient-il de qualifier les orthodoxes qui condamnent le néo-uniatisme de partisans du "communisto-sécuristo-orthodoxisme"? Puisque vous êtes adeptes de la confusion totale du politique et du religieux, à la fin, expliquez-nous si vous êtes "progressistes" ou, au contraire, en pleine croisade anticommuniste? Vous faites en réalité feu de tout bois, et c'est de bonne guerre.

Enfin, nous quittons toutes mes remarques mesquines de salaud, adepte des Lumières, de la pensée logique, de la non-contradiction, de la sobriété spirituelle, etc., et nous en arrivons au point vraiment important, au point crucial, à la crux, à the article by which the Church stands or fails pour reprendre ce qu'écrivait le théologien luthérien Carl E. Braaten à propos de la justification:

"Et tout le temps, l'Église orthodoxe roumaine n'avait aucun souci des autres Églises orthodoxes. Elle était elle-même, et personne ne devait lui dire comment faire. Elle était experte en la matière et fière de l'être. "

C'est sans doute juste, quoique ce ne soit pas confirmé par la réponse que le synode de Bucarest aurait donnée en 1937 à propos de la question des ordres anglicans, si l'on en croit l'article de M. Fortino dans l'encyclopédie dirigée par le RP jésuite Farrugia; mais puisque vous me dites, amis cornéanistes, que l'article de Fortino est faux et que les orthodoxes roumains acceptaient la validité des ordinations anglicanes, je m'incline bien volontiers.

Toutefois, ce paragraphe que je viens de citer m'apparaît comme le manifeste le mieux écrit du phylétisme, comme l'affirmation sans équivoque du lien si souvent constaté entre phylétisme et relativisme dogmatique. En effet, dans ce cas-là, si la seule chose qui compte, c'est ce que chacun fait dans son coin, si les coutumes nationales sont vraiment le seul critère de la vérité, si nous avons affaire exclusivement à des Églises nationales dont l'Église roumaine serait la plus "progressiste", tandis que je suppose que les Églises de Serbie, de Bulgarie et de Grèce seraient les plus "réactionnaires", si vraiment nous devons rejeter la mystique orthodoxe et l'hésychasme parce qu'ils ont pris naissance au Moyen-Orient et pas au Banat, si vraiment saint Païssios Vélitchkovsky, parce qu'Ukrainien et traducteur de la Philocalie du grec vers le slavon, n'était que "mystico-gélatineux" comme l'affirmait hier le blog francophone des orthodoxes roumains partisans de Mgr Nicolas Corneanu, alors, en effet, pourquoi continuer cette comédie de la symphonie des Églises locales? Pourquoi des conciles, pourquoi ces "assemblées d'évêques" en Allemagne, en France et aux États-Unis d'Amérique? Pourquoi ne pas aller chacun dans son coin, en développant chacun sa propre théologie dogmatique, puis sa propre religion, en se mettant en communion avec qui on veut? On aura sans doute les Églises "super-progressistes" qui seront en communion avec les anglicans et la Papauté, les Églises "progressistes" qui seront en communion avec la Papauté uniquement, et les Églises "réactionnaires" de "Moscovites et Moldaves" qui resteront fixées sur les traditions orthodoxes? Et tout ce monde-là est supposé rester en intercommunion, puisque, de toute façon, tout se vaut, la race est le seule critère de la vérité, et l'on sait depuis 1996 que, dans ce qu'est devenue l'Orthodoxie, on ne rompt la communion entre deux Églises locales que pour des raisons administratives et jamais, au grand jamais, religieuses, ceci cadrant très bien avec les déclarations du métropolite Nicolas du Banat selon lesquelles l'intercommunion entre deux religions est fonction des relations politiques entre deux pays limitrophes?

Là encore, je comprends que les catholiques romains aient le sentiment d'avoir marqué un grand point avec ce ralliement. Mais je ne peux que leur demander si le mélange de relativisme absolu et de chauvinisme pseudo-religieux qui préside à cette démarche correspond vraiment au catholicisme. S'ils estiment que oui, alors cela veut dire que le catholicisme a lui aussi cessé d'exister.


Mais, au fait, quel passeport avait notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ?
Nectari
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Message par Nectari »

Citation: « Le mystique (hésychaste, moine, athonite...) Païssiy Velitchkovski n'est pas infaillible. Et s'il dit que l'Église romaine et les Églises uniates sont hérétiques, sans succession apostolique, etc., ceci est son opinion personnelle. Au mieux, il a prononcé une chose contraire au vécu du corps ecclésial. Au pire, il a ignoré l'action de l'Esprit Saint dans ces Églises, et ainsi il a blasphémé contre l'Esprit Saint.
Si jamais quelques-uns ont quelque chose à dire en la matière, ce sont les martyrs et confesseurs, qui ont donné leurs vies pour le Christ (pour lui, non pas pour des idéologies). Et dans ce cas, le Père Jean Iovan a plus d'autorité que Païssiy Velitchkovski ». Site francophone des orthodoxes roumains partisans de Mgr Nicolas Corneanu, http://corneanu.skyrock.com/

L’apôtre et martyr Paul dit a l’Église d’Ephèse: « Prenez soin de vous-mêmes et de tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis les gardiens, soyez les bergers de l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais bien qu’après mon départ s’introduiront parmi vous des loups féroces qui n’épargneront pas le troupeau ; de vous propres rangs surgiront des hommes aux paroles perverses qui entraîneront les disciples à leur suite » (Ac 20, 28-31).

Nectari
Jean-Mi
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Message par Jean-Mi »

lecteur Claude a écrit : 2) Le calendrier qui a été adopté par l'Église orthodoxe de Roumanie en 1924 - déclenchant au passage la dissidence des vieux-calendéristes qui ont ensuite été persécutés par tous les régimes politiques qui se sont succédé jusqu'en décembre 1989, que ce soit le très uniate président du Conseil Maniu, le roi-dictateur Carol II, le maréchal Antonescu ou le régime communiste de 1948-1989 - n'est bien sûr pas le calendrier grégorien, lequel date de 1582, mais un calendrier qui a été défini lors de la conférence panorthodoxe de Constantinople en 1923. On peut par exemple trouver le texte du décret qui promulgue ce nouveau calendrier ecclésiastique et donne les règles de calcul dans la thèse de doctorat de feu l'archevêque d'Athènes de bienheureuse mémoire, Mgr Christodoule (Paraskevaïdis), ΙΣΤΟΡΙΚΗ ΚΑΙ ΚΑΝΟΝΙΚΗ ΘΕΩΡΗΣΙΣ ΤΟΥ ΠΑΛΑΙΟΗΜΕΡΟΛΟΓΙΤΙΚΟΥ ΖΗΤΗΜΑΤΟΣ , éditions Trochalia, Athènes 1981, page 74, le décret soulignant qu'il sera fait appel aux compétences des astronomes des universités d'Athènes, Belgrade, Bucarest et Saint-Pétersbourg.

bon, ma petite "Voile" contient certes autant de bon que de mauvais, mais je me permet de signaler l'étude roumaine sur le sujet, de 1929, qui explicite tout cela, ainsi que l'étude serbe par un prestigieux scientifique de renommée internationale - cfr "Voile n°5"
http://home.scarlet.be/orthodoxe/revue.html
je mentionne cette page plutôt que le fichier direct car je change bientôt d'hébergeur & FAI, et cette page restera, tandis que le stockage des gros fichiers, lui, normalement devrait changer.


lecteur Claude a écrit : Toutefois, ce paragraphe que je viens de citer m'apparaît comme le manifeste le mieux écrit du phylétisme, comme l'affirmation sans équivoque du lien si souvent constaté entre phylétisme et relativisme dogmatique.
aux USA, poussés par leur "église-mère", les Roumains qui étaient depuis si longtemps au sein de l'Orthodox Church of America, ont décidé de s'en séparer, et de créer une métropole sur base ethnique. Leur argumentation principale? C'est pour améliorer la cohésion et la communion entre Orthodoxes d'Amérique. Et on est prié de ne pas rire.
http://www.ocanews.org/news/RomaniansPr ... 23.08.html
Je suppose qu'ils inviteront la papesse anglicane d'Amérique
http://stmaterne.blogspot.com/2006/06/a ... -vque.html
pour venir co-ordonner leurs prochains prêtres, afin d'avoir un geste oecuménique et progressiste fort, marquant leur nouvel élan vers l'unité.
A titre d'information, je leur signale l'existence de l'église unitariste, rigoureusement adogmatique, ça devrait leur plaire. J'ai un copain hiéromoine en Australie qui a un groupe de cette secte dans ses parages, c'est top hilarant, il m'a déjà conté monts et merveilles, car on y accepte aussi bien entendu les candidats sorciers et ces buveurs de sulfure viennent l'agacer.
Avec le druide anglican Ronan Wiliams en prime, quel beau Concile d'unité les Roumains progros vont nous faire..
lecteur Claude a écrit : Là encore, je comprends que les catholiques romains aient le sentiment d'avoir marqué un grand point avec ce ralliement. Mais je ne peux que leur demander si le mélange de relativisme absolu et de chauvinisme pseudo-religieux qui préside à cette démarche correspond vraiment au catholicisme. S'ils estiment que oui, alors cela veut dire que le catholicisme a lui aussi cessé d'exister.
le bouquin de "théologie catholique" composé par m. Joseph Ratzinger et publié en 1985 vous donnera largement la réponse (lire son concept de la Résurrection du Christ vaut son pesant de cacahouètes). Voir "Les principes de la théologie catholique - Esquisse et matériaux", Collection Croire et Savoir, ed. Téqui 1985
Ici, on trouve la réédition de 2005
http://www.amazon.fr/principes-théologi ... 818&sr=8-1
il est fort à parier qu'une gomme bienveillante sera passée par là, sinon je ne vois pas comment les "tradis" de l'institut "Bon Pasteur" à Bordeaux auraient pu signer avec un type reniant tant d'éléments constitutifs du Christianisme... même pour les cathos. Quoique dans ce milieu, rien ne me surprendrait.

En réalité, et Dominus Iesu en était le couronnement (comme je l'ai compris en suivant les cours donnés par le vieux "djez" prof' de dogmatique au Séminaire kto de Namur, à l'époque où j'usais mes fonds de culottes sur leurs bancs de leur école de formation pour diacres & laïcs-cadres), dorénavant, reconnaître "la primauté" universelle du président de l'État-cité du Vatican suffit à être considéré comme "en communion" avec eux (mais pas avec le Christ bien entendu).
Le jésuite belge Dupuis, vivant en Inde, qui était la cause du document DI, devait cesser de remettre ouvertement cette prétendue primauté en question. Et accessoirement, aussi de cesser de vouloir remplacer l'Ancien Testament par des textes des Vedas, puisque ce Marcionite (il y en a beaucoup chez les vaticanistes) considérait publiquement que l'AT n'était qu'un texte culturel et ne concernait donc pas leur religion et la culture des Hindous..
Laisser tomber sa revendication publique contre l'AT et dire amen au boss du vatican suffisait pour eux. Le relativisme est depuis belle lurette au menu du catholicisme-romain. Les Anglicans en mal de rapprochement s'étaient vu, il y a bien longtemps déjà, proposer par les jésuites jouant les dames entremetteuses, une union où ils ne seraient pas obligés de reconnaître comme dogmatique tout ce qui avait été inventé après leur schisme. Relativisme de rigueur.
Donc pour moi, oui, le catholicisme-romain, né au 9ème siècle dans les plaines de Germanie des semences moisies d'hérésie germées en Espagne, a d'ores et déjà cessé d'exister comme auparavant. Et c'est justement cette absence d'importance du fond théologique qui permet à ses délégués de discuter avec les plus mauvais d'entre nous (théologiquement parlant) et de parvenir à un modus vivendi à quasi chaque rencontre. Ou à un B16 d'aller "prier" dans une mosquée avec les immams; ou d'un JP2 de se laisser "bénir" par une prêtresse païenne en Inde; ou d'un Bartholomeos d'aller "prier" en mer avec des représentants des adorateurs du feu qui quelques siècles auparavant ont brûlé tant de Chrétiens Orthodoxes. L'adogmatisme est leur meilleure arme.
enfin, ça reste opinion personnelle d'un pécheur.

par les prières de saint Columba d'Iona, Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, ait pitié de moi (et de nous)
Jean-Mi'
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