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antoine

Publié : lun. 18 août 2008 10:21
par christine
on ne peut pas faire abstraction de l'eglise au sein de la cité,elle a un rôle à jouer dans le domaine de la cité,donc elle investit le champ politique (au sens grec du terme),vous êtes dans le monde mais vous n'êtes pas de ce monde(c'est là où nous divergeons avec les autres) mais nous sommes dans le monde et nous sommes dans le monde en tant que chrétiens,donc nous influons sur le monde avec notre stucture.
Il est évident que les deux champs (poilitique et religieux s'interpénètrent,sinon c'est de le chrétien est schizophrène)
rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu,mais on rend quand même à César et on le fait en tant que Chrétien.
On a une pensée et une vision chrétienne pour le monde,mais on doit composer avec les athés,les musulmans,les boudhistes,les juifs.........
Notre rôle est d'influer dans la cité,(allez baptiser les nations,Il n'a pas dit allez baptiser les hommes,bizarre,non!)
christine

Publié : mar. 19 août 2008 10:37
par Antoine
christine a écrit :Notre rôle est d'influer dans la cité,(allez baptiser les nations,Il n'a pas dit allez baptiser les hommes,bizarre,non!)
" Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, " Matt. XXVIII,19)

Le baptême est la participation à la mort et à la résurrection du Christ
Si vous faites du baptême un acte politique , alors vous affirmerez aussi que la Résurrection du Christ est un acte politique. Et sans doute le Texte de l'Epître au Romains VI, 3-11 ci-dessous devient le testament politique de l'Eglise:
" Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, sachant que notre vieil homme a
été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est libre du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n'a plus de pouvoir sur lui. Car il est mort, et c'est pour le péché qu'il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c'est pour Dieu qu'il vit. Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus Christ."


La mort biologique n'est que la manifestation physique du phénomène spirituel. La mort est la séparation d'avec Dieu et nous devons veiller à ce que notre immortalité ne devienne pas une mort éternelle. C'est la mort telle qu'elle est signifiée comme conséquence du péché dans le récit de la Genèse lors de la désobéissance du couple primordial. Mais vous pouvez également faire de cette désobéissance un acte "politique" fondateur de toute indépendance et du droit des peuples à disposer d'eux- mêmes. Et vous pouvez aussi bien sûr considérer la mort comme un acte "politique", une sentance de justice.


Pourquoi le Christ formule-t-il cette injonction de baptiser les "nations" et non pas seulement les hommes?

Le baptême est le sacrement de la nouvelle alliance. L'alliance initiale a été passée avec le peuple juif , la nouvelle alliance s'adresse, elle, à tous les peuples, à toutes les "nations". C'est la notion de "peule élu" qui reçoit ici sa signification et sa justification dans son extension.
Le terme "nation" est conservé pour bien marquer l'élargissement de l'ancienne alliance à tous les "Gentils"et aussi pour marquer que le baptême n'est pas seulement un acte individuel. La faute d'Adam a créé un processus d'individuation dans la nature humaine, un morcellement, et le baptême est une régénération de notre nature en attendant sa transfiguration définitive. Il est donc aussi un acte d'union à la communauté de la nouvelle alliance scellée en Christ et non pas en Poutine ou en Sarko. Ce n'est pas en tant que Russe ou Français que je suis baptisé mais en tant qu'homme gréffé à la Croix. C'est cet aspect
communautaire qui est également souligné dans le terme de "nations": c'est l'essence même de notre nature humaine. Ce qui fait ma nature c'est mon lien au Christ. La nature humaine est une nature Christique. C'est là le sens de la divino humanité du Christ.

Dans les alliances précédentes le Christ n'a jamais fait alliance avec un seul homme. A travers un homme c'est une multitude qui est concernée.
Genèse XII, 1-2: "L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction."

C'est la notion même du prophétisme. Dieu fait alliance avec le peuple juif par l'intermédiaire d'Abram de même que l'alliance de la Genèse avec l'humanité à travers Adam a été rompue par Adam pour la multitude. C'est en cela que nous formons une nature humaine.
Cette notion "d'homme collectif" est éminemment et profondémént sémitique; elle est présente tout au long de la bible. Il n'y a pas d'homme sans appartenance à un peuple. Autre exemple: la bénédiction de Jacob par Isaac, Gen XXVIII,3: "Que le Dieu tout puissant te bénisse, te rende fécond et te multiplie, afin que tu deviennes une multitude de peuples! "
Nous aurions tort de perdre le sens spirituel de cette notion biblique de "nation" et de la dégrader en un simple concept "politique", justifiant du même coup la notion d'état (voire d'état d'Israël) et la politisation du forum vers laquelle vous tentez de nous entraîner.

Que Poutine soit un membre de l'ex KGB, qu'il faille ou non le soutenir, comme vous l'indiquiez à tort ou à raison dans votre précédent message que j'ai supprimé, n'est pas un sujet à sa place sur ce forum. L'engagement du Chrétien dans la cité est une option individuelle qui regarde chacun: il n'a pas d'injonction évangélique même si la conduite de chacun puise ses orientations dans l'Evangile. La morale chrétienne n'est pas une morale "politique". Le "aimez vous les uns les autres" ou même encore le "aimez vos ennemis" n'est pas un programme électoral.

Antoine

Publié : mar. 19 août 2008 14:32
par christine
que vous fassiez de la censure,sur un sujet où l'on parle justement de censure,c'est sûrement une forme d'humour de votre part.
Et vos projections quand à mon endroit(quand vous dîtes que je veux politiser le forum) sont erronées,tout celà est parti du sujet d'Alexander,point!
Mais vous comprenez très bien ce que je dis,je pense que c'est juste une question d'intreprétation ou de sens;
Quand je témoigne de ma foi dans le monde,je ne fais pas de politique nous sommes bien d'accords,mais quand au nom de ma foi et faisant référence à mes convictions Evangeliques je me pose contre l'avortement(par exemple,mais ça pourrait être sur bien d'autres sujets) et j'essaye de peser sur le débat politique,pour l'interdire,je le fais au nom de ma foi,si je le fais qu'au nom d'une éthique ou d'une morale ou d'une philosophie comme beaucoup le font,je ne témoigne plus,j'appauvris mon argument,là ma foi m'impose de me positionner sur le politique,voilà mon terrain politique,point!
Dans votre réponse ,vous semblez confondre nature et personne,ce qui relève de la nature humaine et de la personne humaine ce n'est pas la même chose.
La personne du Christ et la nature du Christ ce n'est pas la même chose.
(il serait intéressant de le relier ces deux différences au politique justement)
De plus vous semblez avoir une lecture historique de la Bible.
ce qui est intéressant c'est l'archétypiel,(notion de nation par exemple )
le symbôle est plus fort que l'historique
Quand Caîn tue Abel,celà fonde les civilisations et les cultures sur le meurtre,le premier meutre qui entre dans l'histoire,évidemment,c'est l'archétype qui nous intéresse,égal quand vous parlez de nos parents originels,égal pour Abram;;;;attention au lecture de l'ancien testament,et attention aussi à vos interprétations sur Israël,v ous allez sur un terrain sensible.
Par contre la venue du Christ dans l'histoire,transforme justement l'histoire celà n'est plus l'histoire,mais devient Meta-histoire;
chrisitne

Publié : mar. 19 août 2008 14:51
par Antoine
Cristine a écrit :Dans votre réponse ,vous semblez confondre nature et personne,ce qui relève de la nature humaine et de la personne humaine ce n'est pas la même chose.
La personne du Christ et la nature du Christ ce n'est pas la même chose.
(il serait intéressant de le relier ces deux différences au politique justement)
Je ne vois aucune confusion dans ma réponse entre personne et nature. Si vous avez décelé une erreur, merci d'être plus précise dans votre appréciation et de citer ou d'expliciter où se trouve la confusion supposée afin que je puisse reformuler si je me suis mal exprimé.
Le Christ a une hypostase et deux natures. J'ai signé pas mal d'articles de théologie trinitaire sur le forum: vous pouvez vous y référer si besoin et me corriger si j'ai mal formulé.
Sur l'hypostase donc du Christ, à part qu'elle est engendrée et non créée, distincte des deux autres hypostases et "partageant" avec elles la même nature divine, on ne pourra pas aller très loin et encore moins lier l'hypostase au politique.

Quant à la censure supposée, Vous faites erreur. Votre message où vous parliez de Poutine n'est pas à proprement parler "censuré", ce qui supposerait que c'est pour un désaccord d'opinion que je l'ai enlevé. Non, ce vous pensez de Poutine est hors de propos même si je suis d'accord avec vous. Le problème n'est pas là. Le forum n'est pas fait pour servir de tribune à nos opinions politiques. D'autres types de forum se prêtent volontiers à cet exercice. Nous veillons simplement à ce qu'il n'y ait pas de dérapage. Merci de le comprendre et de respecter cette ligne directrice.

antoine

Publié : mar. 19 août 2008 19:25
par christine
je parle de la nature et de la personne du Christ dans son incarnation.
Pour votre vision sur le rapport " mort et le péché",je ne partage pas votre point de vue,j'ai plutôt tendance à croire que Dieu à introduit la mort face à l'homme par grâce.L'éternité corporelle pour l'homme aurait été la pire des punitions,mais par bienveillance Dieu fait qu'il y ait une finitude de notre nature.
Ce n'est pas la même chose,elle n'est pas la conséquence du péché,la conséquence c'est seulement la séparation d'avec Dieu(rien de politique la dedans) Vous confondez aussi ce que je veux exprimer:les fondements majeurs et les sacrements du christianisme ne sont pas évidemment des actes politiques,mais le chrétien dans la cité que vous le vouliez où fera des choix politiques en fonction de ces croyances
christine

Publié : lun. 25 août 2008 9:33
par Anne Geneviève
C'est au travers du baptême des hommes que s'accomplit ce qu'on appelle par raccourci le baptême des nations, sur ce point nous sommes bien d'accord. Mais l'ami Palierne nous aurait rappelé qu'il faut revenir au grec pour comprendre un point difficile, lorsque peuvent éclore des querelles et des malentendus. Permettez moi de reprendre ici des extraits d'une petite étude que j'avais fait de ce thème (et que les lecteurs intéressés trouveront dans mon blog aux archives d'octobre 2005) :
Le commandement du Christ envoyant, lors de l’Ascension, les disciples prêcher aux nations se trouve en Luc 24,47, Marc 16,15 et Matthieu 28,19 en des termes assez différents pour qu’il ne soit pas inutile de revenir au texte grec. Celui de Matthieu est intraduisible littéralement, sauf à dire : “conduisant tous les peuples à être disciples, baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit”. Mais l’emploi d’un temps intemporel, si j’ose l’expression, l’aoriste gnomique, pour les verbes signifiant “conduire” et “être disciple” suggère qu’il s’agit d’un processus non datable, qui couvre à la limite l’ensemble des temps. Le terme ethné désigne les peuples dans ce qu’ils ont de spécifique, qui les distingue tant d’un point de vue physique que d’un point de vue culturel. Marc va plus loin encore. Littéralement : “conduisant jusqu’en toutes les extrémités du cosmos, proclamez la bonne nouvelle à la création toute entière.” La traduction habituelle, “allez dans le monde entier”, ne rend pas la puissance de la phrase grecque. L’expression eis ton cosmon apanta signifie la pénétration jusqu’aux limites ultimes de l’espace, du temps et de la complexité. Jusqu’au moindre atome, jusqu’aux quasars qui bornent l’expansion de l’univers. Là encore, Marc emploie l’aoriste intemporel, ce qui pouvait se comprendre jusqu’à nos jours comme une injonction perpétuelle, mais pose désormais, pour nous qui découvrons que le temps est complexe, fractal, de vertigineuses perspectives. Luc enfin constate que sera proclamée à tous les peuples sans exception la métanoia jusqu’à la libération des “fautes commises”. Je mets ce dernier terme entre guillemets car amartion contient l’idée de s’écarter et de manquer son but. Il s’agit donc d’abord de redresser des processus tordus afin d’en être quitte avec les conséquences des erreurs de trajectoire. Ces textes ont en grec une force et une précision que les traductions françaises, par souci d’élégance ou préjugé théologique, édulcorent le plus souvent. Ils se complètent plus qu’ils ne se recoupent, comme si chaque évangéliste avait compris et répercuté une partie du message.
Ainsi le “baptême des nations” s’inscrit dans une perspective eschatologique et sotériologique, dont l’enjeu n’est autre que la transfiguration de la création entière, au travers du redressement et de la déification des composantes de l’humanité. En d’autres termes, entre les personnes et la nature humaine prise dans sa globalité, le Christ nomme la diversité culturelle des peuples comme une réalité qu’il faut respecter dans son individualité, libérer de ses errements et baptiser. Toute édulcoration de ces textes rétrécit la vocation chrétienne. Ajoutons que la tâche ainsi proposée aux disciples ne saurait trouver son achèvement qu’à la fin des temps, qu’elle participe de ce mystère. De ce fait, il est difficile d’admettre que l’on puisse fixer une date et proclamer, par exemple, la Russie baptisée en 989 ou l’ethnie franque en 496.
On me pardonnera mais je n'ai plus accès pour l'instant à Word et je suis donc obligée de tout écrire en alphabet latin.

Dans ce processus, les cultures sont transformées très en profondeur et cela inclut le politique, l'organisation de la cité, ses structures, son mode de fonctionnement. Un exemple. Bien que l'apôtre Paul prêche aux esclaves la patience envers leurs maîtres, la pénétration du christianisme a fait disparaître l'esclavage que le judaïsme avait seulement adouci. La hiérarchie dans le travail n'a pas été abolie mais la chosification de l'homme, le fait de le considérer comme un objet animal et une marchandise a explosé à plus ou moins long terme partout où l'Evangile fut annoncé et reçu. Et la déchristianisation, y compris par le retour à des formes judaïsantes que représenta le puritanisme anglo-saxon, s'accompagne toujours d'une tentation de faire de l'homme un objet comme les autres.
La question phylétisme/oecuménisme qui nous taraude en ce moment est un aspect de ce mystère du baptême des nations, une partie des déviances et des retards qui peuvent l'accompagner.
Dans cette perspective, Antoine, le politique en tant que champ de l'expérience humaine fait partie des thèmes que nous pouvons et devons aborder dans un regard théologique et d'ailleurs lecteur Claude et moi-même ne nous en sommes pas privés, pas plus que vous, en analysant certains points d'histoire. Lointaine ou récente. Les prises de position de Christine sont sous-tendues par une idéologie implicite dont il serait intéressant de voir en quoi elle est chrétienne, en quoi elle exprime seulement le zeitgeist distillé par les médias français.

Mais entre le constat que la transformation des cultures par l'intérieur, par l'action du levain chrétien, fait partie du plan divin et les aléas de la politique, les choix et décisions au jour le jour, il y a une marge et je rejoins Antoine pour dire que ce n'est pas le sujet du débat, même s'il s'agit du premier ministre de Russie. Sauf si son action entraînait le monde dans une déviance spirituelle telle qu'un avertissement s'impose comme devant l'athéisme virulent de la révolution d'octobre ou le racialisme nazi, mais ce n'est pas le cas. Pour ce qui est de la politique et des dirigeants actuels, quels qu'ils soient, il me semble que deux fils conducteurs permettent d'éviter bien des bêtises : 1. tout pouvoir vient de Dieu ; 2. il n'y a pas d'homme qui vive et ne pèche pas. Et quand une décision ne me plaït pas, je me demande si j'aurais trouvé mieux en situation.
Le pouvoir a un caractère très paradoxal. Le rechercher est une passion, une avidité de l'âme mais dès qu'on l'exerce, cette passion est immédiatement battue en brèche par la nécessité de répondre aux besoins (du peuple, des peuples, d'une partie du peuple, etc.) donc de remplir un service. Si l'on reste dans la passion, la seule manière de tenter de l'assouvir, de se sentir puissant, c'est de détruire mais ce faisant, on détruit aussi son pouvoir puisqu'on n'a plus sur quoi l'exercer. Il y a donc une illusion (diabolique comme toute illusion tentatrice) du pouvoir dont le contenu miroite d'autant plus qu'il n'est pas défini et une réalité qui ne peut être que kénotique (le grand s'abaisse et élève le petit) et diaconique. Ce que manifestait à Byzance la dalmatique portée par l'empereur.

anne geneviève

Publié : lun. 25 août 2008 11:48
par christine
excusez moi,mais je ne veux pax paraître psycho-rigide,mais il des choses que vous faites semblant de ne pas voir,où vous ne les voyez pas réellement,mais toujours est-il que quand Alexis bénit la guerre en Tchétchénie,où du temps de l'ex Yougoslavie, quand on a vu nombre de prêtre bénir les canons,alors nous sommes concernés,ce n'est pas octobre rouge ni le nazisme,mais les faits sont à l'origine de même gravité,et en tant qu'orthododxe nous sommes concernés;;;;mais celà m'énerve,je n'arrive jamais à faire entendre raison sur ce sujet à d'autres orthodoxes.
Il faut regarder la vérité en face ,même si celà nous dérange,,,,,
mais il y a toujours une crispation,on gagnerait en crédibilité à faire une réelle autocritique face aux autres,l'orthodoxie ne sort pas grandit de cette posture,sur son quand à soi!
Elle a peur de tout perdre,elle a l'essentiel,mais elle ne sait pas le communiquer,par tous les travers qu'on lui connait.
christine

anne geneviève

Publié : lun. 25 août 2008 11:58
par christine
belles paroles,mais belles utopies,Anne-geneviève,moi aussi aussi je peux vous en faire des tonnes sur le même registre.
Mais les choses ne marchent pas ainsi,et quand vous dites tout pouvoir vient de Dieu,le Dieu avec nous,Le Dieu des armées Israélite,le Gott mit uns des allemands ,on sait comment on peut récupérer celà,si on perd comme je l'ai dis dans une autre réponse, la vision divino-humaine on rentre dans les pires travers de l'histoire.
Dieu certes a peut-être tout pouvoir ,mais la faiblesse de Dieu:c'est l'homme,et leur histoire s'inscrit dans ce rapport divino humain,la toute puissance de Dieu,n'est que la toute puissance de l'amour,la toute puissance de l'homme sans ce rapport divino-humain est un totalitarisme.
chritine

Publié : lun. 25 août 2008 20:10
par Anne Geneviève
"Tout pouvoir vient de Dieu", ce n'est pas de moi, vous savez !

Publié : mar. 26 août 2008 7:28
par Anne Geneviève
La théologie n'a jamais pris les choses par le petit bout de la lorgnette. Et l'orthodoxie, c'est encore pire que vous croyez, Christine : le Christ lui-même a admiré la foi du centurion, un homme qui n'avait pas de canons mais une épée qu'il avait déjà du planter plus d'une fois dans le corps de ses adversaires. Et les évangélistes qui rapportent la chose et la guérison de son serviteur ne disent même pas que Jésus lui aurait demandé de ne plus pécher en tuant, de ne plus servir César sous l'uniforme, etc. Saint Paul n'a pas un mot sur la question de la non violence, bizarre, non ?

Déjà dans l'AT, le livre de l'Exode est particulièrement intéressant sur ce plan. Décalogue : "Tu ne tueras pas." C'est clair, abrupt, absolu. On ne précise même pas s'il s'agit d'hommes ou d'animaux. Et immédiatement, on trouve les prescriptions sur le sacrifice animal ou la peine de mort, sur tout ce qui n'abolit pas le meurtre mais l'aménage.

Mon premier mouvement, ce serait d'absolutiser le commandement du Décalogue et de partager votre indignation. Mais l'Eglise ne l'a jamais fait. Pourquoi ? La question se pose !

Nous avons déjà eu une discussion sur ce thème sur le forum, vous pourriez utiliser la fonction rechercher. Et je vous accorde que ce n'est pas une question facile.

Publié : mar. 26 août 2008 9:13
par Antoine
Anne Geneviève a écrit :"Tout pouvoir vient de Dieu", ce n'est pas de moi, vous savez !
Que ce soit de vous ou pas la question n'est pas là. A partir du moment où vous faites votre cette assertion cela signifie que vous y souscrivez pleinement.

Le problème que cela soulève est l'action de Dieu dans le monde. Si Dieu reste passif et n'agit pas, on peut lui reprocher le cynisme de sa non intervention et son désintéressement de sa création. (si tenté que la phrase Dieu a créé le monde ait un sens...) ou s'attendre à un jugement. Il est en quelque sorte le grand arbitre de la fin des temps, celui qui demande des comptes sur ce qu'on a fait de sa création et auquel on ne peut pas demander des comptes. Une absence de réciprocité injuste et arbitraire. Et le fait que le Christ soit venu souffrir avec nous ne change pas grand chose.
En revanche si Dieu agit dans le monde alors on peut le déclarer aussi coupable ou pour le moins complice du mal qui y règne, des camps de la mort , des cataclysmes etc...Au nom de notre pseudo liberté il nous envoie à l'abattoir.

Que tout pouvoir vienne de Dieu c'est vite dit: Il faut encore en expliciter le champs d'application.
Le pouvoir d'un PDG vient de ses actionnaires, du conceil de surveillance . Là, qui est actionnaire de qui?
Pourquoi Dieu a-t-il donné le pouvoir à Staline, Hitler; Mao; Pol Pot? Est-il responsable directement ou indirectement?
Le pouvoir de faire le bien vient de Dieu et celui de faire le mal vient de Satan? Alors dans ce cas nous assistons à une partie dont nous sommes à la fois jouets et victimes? Les forces en présence nous dépassent complètement? Et les cataclysmes seraient une conséquence de nos péchés? Une punition?

Tout pouvoir vient de Dieu: J'avoue être un peu étranger à ce genre de sentance basique. Dieu et pouvoir ne me semblent pas faire bon ménage...

réponse

Publié : mar. 26 août 2008 9:14
par christine
mon Dieu qu'il est dur de s'entendre,mais au sein du même confession,est-celà qui fait la richesse d'une Eglise ou qui en fait ses divisions.
En fait on confesse la même foi,mais chacun en a sa propre interprétation.
Sur la Genèse,sur Adam,sur le péché.
Vos interprétations me chagrinent ,pour ne pas dire autre chose.
Mais bon le dialogue a le mérite d'exister.
Si le Christ ne fait pas allusion aux crimes supposés du centurion c'est qu'il est certain qu'il y a déjà un retournement ,une métanoia dans un coeur,un mouvement c'est certain,alors n'interpréter pas d'une manière abrupte .
On dirait que vous êtes toujours dans un rapport binaire,donc sans intérêt.
Et ce que je remarque dans ce forum ,et comme dans toutes les confessions chrétiennes c'est qu'on est toujours sur la théologie des mérites,et ça c'est FAUX,mais ce vieux travers colle à la peau du chrétien comme une chemise de gueux.
La théologie des mérites c'est la pire des choses......
christine

Publié : mar. 26 août 2008 9:25
par Antoine
Et ce que je remarque dans ce forum ,et comme dans toutes les confessions chrétiennes c'est qu'on est toujours sur la théologie des mérites,et ça c'est FAUX,
Si vous lisiez un peu le forum, vous verriez que la théologie des mérites et celle de la satisfaction y sont vigoureusement combattues . Cette théologie désastreuse dogmatisée par le concile de Trente[ b]n'est pas orthodoxe [/b]et a perverti toute la théologie catholique romaine.
Encore une fois ,Christine, quand vous émmettez un jugement aussi général et catégorique, vous seriez bien aimable de vous appuyer sur une citation précise. On ne sait pas exactement à quoi vous répondez ni à qui.
La théologie des mérites c'est la pire des choses......
Oui, après celle de la satisfaction. On ne vous a pas attendue pour la dénoncer. Et je n'ai encore jamais vu que le forum se soit fait le défenseur de la pratique des indulgences papales....
En fait on confesse la même foi,mais chacun en a sa propre interprétation.
Sur la Genèse,sur Adam,sur le péché.
Encore un jugement catégorique lancé à la cantonade. Si vous voulez enrichir le forum transmettez nous plutôt votre réception des textes...

Peut-être pourriez-vous tenter de faire le lien entre ce que vous lisez du forum et votre propre pensée. Vous voyez des contradictions là où il n'y a qu'une accentuation sur un éclairage particulier. Par exemple: Vous écrivez
Pour votre vision sur le rapport " mort et le péché",je ne partage pas votre point de vue, j'ai plutôt tendance à croire que Dieu à introduit la mort face à l'homme par grâce. L'éternité corporelle pour l'homme aurait été la pire des punitions, mais par bienveillance Dieu fait qu'il y ait une finitude de notre nature.
1)l'expression "finitude de notre nature" demanderait à être éclaircie, car prise à la lettre elle n'est certainement pas conforme à la théologie orthodoxe. En effet jamais aucun Père n'a parlé de finitude de notre nature. On peut parler de transfiguration, de déification de notre nature, de son union à la nature divine, mais certainement pas de "finitude de notre nature." Notre nature humaine est créée pour l'éternité. Sans doute avez vous voulu dire "nature déchue", "opacité du corps", tuniques de peaux"; mais c'est la déchéance qui est vouée à la finitude, pas la nature. Grégoire de Nysse par exemple considère que les tuniques de peaux ne sont pas constitutives de notre nature car:"la vie qui est propre aux hommes et selon leur nature est celle qui ressemble à la nature divine". (Hom 1 sur l'ecclésiaste).
Méthode d'Olympe écrit que Dieu a "fabriqué les tuniques de peau"comme pour revêtir l'homme de mortalité". Chez Grégoire de Nysse la nudité d'avant la chute est "nudité des tuniques de peaux" et "la mortalité appartient à la nature des animaux sans raison, et c'est seulement selon l'économie qu'elle a été imposée à la nature qui avait été créée pour l'immutabilité" Et il ne faut pas perdre de vue que cette immutabilité concerne le corps et l'âme et que les tuniques de peau visent également le corps et l'âme qui se dotent du "vêtement irrationnel".

2) Je vous avais écrit:
"La mort biologique n'est que la manifestation physique du phénomène spirituel. La mort est la séparation d'avec Dieu et nous devons veiller à ce que notre immortalité ne devienne pas une mort éternelle. C'est la mort telle qu'elle est signifiée comme conséquence du péché dans le récit de la Genèse"
La mort comme séparation d'avec Dieu est un thème permanent de tous les Pères de l'Eglise. C'est aussi par ce biais qu'ils expliquent que le "sinon tu mourras" de la Genèse ne signifie pas une mort physique immédiate puisque Adam a encore vécu 900 ans.
Que Dieu ait permis que le Péché ne soit pas éternisé et de ce fait ait transformé la mort en grâce, oui, mille fois oui. Grâce qui trouve son accomplissement dans la Résurrection du Christ (ce qui montre bien, soit dit en passant, qu'il n'y a pas de "finitude de notre nature")C'est "une" théologie des Père. Mais cela n'infirme pas que la mort soit conséquence du Péché. C'est la théologie de St Paul. Par exemple en Rom V,12:"De même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort…".

La mort est conséquence du péché et Dieu transforme cette mort en grâce par la Résurrection du Christ.
Vous pouvez ne pas être d'accord avec Paul. Mais n'accusez pas votre interlocuteur de non orthodoxie parce qu'il cite Paul.
Quand vous dîtes que Dieu a voulu que par la mort le péché ne soit pas éternisé vous avez raison, mais cela n'empêche pas que la mort soit une conséquence du péché.

Vous faites Péché/ "non-éternisation" du péché/ mort
Je fais Péché/ mort/ Résurrection

Le fait que la mort soit "non-éternisation" du péché n'a de sens que par la Résurrection du Christ et n'a pas de finalité en soi.
Sinon il y aurait un grand manque: La "non-éternisation" du péché serait accçomplie par la mort qui suffirait à cette tâche et donc il n'y aurait plus besoin de la Résurrection du Christ.
Or l'incarnation et la Résurrection ne se réduisent pas à la rédemption de l'homme, à sa délivrance du péché, mais réalisent surtout ce qu'Adam n'avait pas réussi: la divinisation. C'est ce que souligne St Maxime le Confesseur:"Le verbe de Dieu et Dieu veut toujours et en tous accomplir le mystère de son incarnation." et St Irénée: "Dieu se fait homme pour que l'homme devienne Dieu." et toute la vie liturgique de l'Eglise Orthodoxe chante ce thème. S'il n'y avait qu'une seule chose à proclamer pour le christianisme ce serait ce thème là.

Vous voyez, il n'ya pas de contradiction, seulement la mise en relief d'un aspect particuler. Si vous voulez faire de la "non-éternisation" du péché la définition exhaustive de la mort, alors vous faites fausse route; en revanche si vous vivez la mort comme une grâce qui permet la "non- éternisation" du péché alors oui, vous avez bien raison de la vivre ainsi.
St Paul, (et tous les Pères), affirme bien que la mort est conséquence du péché. L'un n'empêche pas l'autre.

Publié : mar. 26 août 2008 11:36
par Anne Geneviève
D'accord, Antoine, mais "tout pouvoir vient de Dieu" est une citation de Romains 13, 1.

J'ai mis longtemps à sortir du dilemme que vous soulignez et je l'ai fait en méditant sur la nature réelle du pouvoir. C'est ce que j'ai dit quelques messages plus haut :
Le pouvoir a un caractère très paradoxal. Le rechercher est une passion, une avidité de l'âme mais dès qu'on l'exerce, cette passion est immédiatement battue en brèche par la nécessité de répondre aux besoins (du peuple, des peuples, d'une partie du peuple, etc.) donc de remplir un service. Si l'on reste dans la passion, la seule manière de tenter de l'assouvir, de se sentir puissant, c'est de détruire mais ce faisant, on détruit aussi son pouvoir puisqu'on n'a plus sur quoi l'exercer. Il y a donc une illusion (diabolique comme toute illusion tentatrice) du pouvoir dont le contenu miroite d'autant plus qu'il n'est pas défini et une réalité qui ne peut être que kénotique (le grand s'abaisse et élève le petit) et diaconique. Ce que manifestait à Byzance la dalmatique portée par l'empereur.
Pourquoi Dieu permet-il que le pouvoir passe à des Staline, Pol Pot, etc ? Pourquoi Dieu laisse-t-il l'homme aller au bout de ses passions, y compris celle du pouvoir illusion, du pouvoir destruction ? Au bout du compte, c'est pourquoi sommes nous pécheurs ?
Je n'ai pas de réponse logique à taille humaine.

Publié : mar. 26 août 2008 12:20
par Antoine
C'est que ce pouvoir se revêt du "vêtement de l'irrationalité " ,comme le dit Grégoire de Nysse ci-dessus, et tombe dans la pire des animalités. Mais on ne peut pas se soumettre à l'irrationalité.

Rom 13,1 à 13,7 reste bien énigmatique
malgré le commentaire de St Jean Chrysostome ci-dessous qui tente de distinguer autorité et prince:

HOMÉLIE XXIII. QUE TOUTE PERSONNE SOIT SOUMISE AUX PUISSANCES SUPÉRIEURES. (XIII, 1, JUSQU'À 11.)

Analyse.

1. De la soumission aux puissances. — 2. Raisons et avantages de cette soumission.

3. Les princes ne sont à craindre que pour les méchants ; ils sont favorables aux bons. — Services rendus par les puissances. Il faut les honorer, les craindre.

4 et 5. De la charité. — Comment Dieu nous aime; comment nous devons aimer Dieu.





1. C'est un sujet qu'il développe encore dans d'autres lettres; comme il veut que les serviteurs soient soumis à leurs maîtres, de même il veut que les sujets obéissent aux princes. Or son but est de montrer que le Christ n'est pas venu renverser les gouvernements établis au milieu des hommes, que ses lois ne vont qu'à les améliorer, qu'à enseigner à ne pas entreprendre des guerres inutiles et sans aucun avantage. Il doit suffire des hostilités qui se font contre nous à cause de la vérité, et nous ne devons pas y ajouter des épreuves inutiles et sans aucun avantage. Or voyez comme la suite des idées l'amène naturellement à ce sujet. Après avoir demandé aux fidèles cette grande sagesse par laquelle ou s'accommode à ses amis, à ses ennemis, par laquelle on entre en communion de sentiments avec ceux qui sont dans la prospérité, avec ceux qui souffrent, par laquelle on est utile aux indigents et à tous les hommes, après avoir planté les germes d'une société angélique, purgé les coeurs en y exterminant la colère et rabattant l'orgueil, ce n'est qu'après avoir, par toutes ces réflexions, adouci les âmes, qu'il commence les exhortations nouvelles sur le sujet d'aujourd'hui. En effet, s'il convient de répondre aux injures par un traitement contraire, à bien plus forte raison convient-il d'obtempérer à nos bienfaiteurs. Mais, pour cette réflexion, l'apôtre ne la place qu'à la fin de son exhortation; jusque-là il ne propose pas cette vérité, ce qu'il montre c'est le devoir de l'obéissance. Pour montrer que ce devoir s'impose à tous, aux prêtres mêmes et aux moines, et non aux séculiers seulement, il commence par déclarer : « Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures »; apôtre, évangéliste, prophète, qui que ce soit encore, n'importe : en effet, cette soumission n'est en rien opposée à la piété. Et l'apôtre ne se borne pas à dire: obéisse, mais « soit soumise ». La première raison de cette loi, est appropriée à la foi des chrétiens c'est Dieu qui l'a voulu. « Car il n'y a point de (373) puissance », dit l'apôtre, « qui ne vienne de Dieu ».

Que dites vous? Tout prince a été ordonné prince par Dieu? Ce n'est pas là ce que je dis, répond l'apôtre; car je ne parle pas des princes individuellement, je ne m'occupe que de l'institution en elle-même. Qu'il y ait des principautés, que les uns commandent, que les autres soient commandés, que toutes choses ne soient pas livrées au hasard, à la débandade, que les peuples ne soient pas comme les flots, emportés de côté et d'autre, c'est là ce que j'appelle une oeuvre de la sagesse de Dieu. Aussi l'apôtre ne dit pas : car il n'y a pas de prince qui ne vienne de Dieu, mais c'est de l'institution elle-même qu'il parle, et il dit : « Qu'il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et les puissances qui existent ont été ordonnées par Dieu». De même quand le Sage dit : « C'est par le Seigneur que la femme est appropriée à l'homme» (Proverbes, XIX, 14), il affirme que le mariage est institué par Dieu, et non pas que c'est Dieu lui-même qui marie tel homme à telle femme; car nous voyons souvent de mauvais mariages, qui ne sont pas conformes à la loi du mariage, et nous ne devons pas les attribuer à Dieu. Il ne dit pas autre chose que ce que le Christ a dit lui-même : « Celui qui créa les hommes, dès le commencement, les créa mâle et femelle; et il dit: Pour cette raison, l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme ». (Matth. XIX, 4,5; Gen. II, 24.) Comme l'égalité est souvent une cause de guerre, Dieu a établi un grand nombre de suprématies et de positions subordonnées, comme les rapports de l'homme et de la femme, du fils et du père, du vieillard et du jeune homme, de l'esclave et de l'homme libre, du prince et du sujet, du maître et du disciple. Et qu'y a-t-il d'étonnant qu'il en soit ainsi parmi les hommes, puisque dans le corps même, Dieu a établi le même ordre? En effet, il n'en a pas fait toutes les parties également considérables, il a voulu que telle fût moindre, telle, plus importante que telle eût le commandement des autres membres, que telle autre n'eût qu'à obéir. Même loi chez les animaux, tels que les abeilles, les grues, les troupeaux de brebis sauvages. Et la mer, à son tour, n'est pas privée de ce bienfait de l'ordre; là aussi grand nombre de familles de poissons se rangent, combattent sous un commandement qui les unit, et peuvent ainsi accomplir de longues pérégrinations. Car où il n'y a pas de commande ment, il n'y a que malheurs et confusion. Aussi, après avoir dit d'où vient l'autorité, l'apôtre ajoute: « Celui donc qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu (2) ».

Voyez jusqu'où l'apôtre fait monter la question , par quel moyen il inspire la crainte, comment il établit que l'obéissance est une dette. En effet, les fidèles auraient pu dire vous nous avilissez, vous nous rendez méprisables, ceux qui doivent posséder le royaume des cieux, vous les soumettez à des princes; l'apôtre montre que ce n'est pas à des princes mais à Dieu qu'il les soumet, car c'est à Dieu qu'obéit celui qui se soumet aux puissances. Mais il ne présente pas sa pensée de cette manière. il ne dit pas que c'est à Dieu qu'obéit celui qui reçoit les ordres des princes; il prend l'exemple du contraire; afin d'inspirer la crainte, afin de rendre l'obéissance plus stricte, il dit que celui qui rejette les ordres du prince, fait la guerre à Dieu qui a institué l'autorité. Et c'est une vérité que l'apôtre prend soin d'enseigner partout, à savoir que notre obéissance n'est pas une faveur que nous faisons aux princes, mais une dette que nous leur payons. Car en agissant ainsi, l'apôtre attirait à la religion les princes infidèles,et il attachait les fidèles à l'obéissance. On répétait alors partout que les apôtres étaient des séditieux, des instruments de révolutions, n'agissant, ne parlant que pour arriver au renversement de toutes les lois. Montrez le précepte que notre commun Seigneur impose à tous ceux qui le servent, vous fermerez la bouché de ceux qui accusaient les apôtres d'être des fauteurs de nouveautés, et vous aurez plus de liberté pour prêcher la vérité et ses dogmes.

2. Donc ne rougissez pas , dit l'apôtre, de cette soumission. Car c'est Dieu qui a institué les puissances, et sa vengeance est terrible contre ceux qui les méprisent. Ce n'est pas une réparation telle quelle qu'il exigera de celui qui aura désobéi , ce sera la plus redoutable des expiations, et quoique vous puissiez dire, rien ne vous en affranchira; vous subirez, de la part des hommes, les supplices les plus rigoureux, nul ne vous couvrira de sa protection, et vous ne ferez qu'allumer contre vous la colère de Dieu. Toutes ces vérités, l'apôtre les fait entendre, par ces paroles : «Et ceux qui y résistent, s'attireront eux-mêmes (374) leur condamnation ». Il continue, et une fois la crainte inspirée, il raisonne pour montrer l'utilité des puissances : « Car les princes ne sont point à craindre , lorsqu'on ne fait que de bonnes actions, mais lorsqu'on en fait de mauvaises (3) ». Après un rude coup, après avoir fortement frappé les esprits , il se relâche de sa sévérité , comme un médecin adroit qui emploie de doux remèdes , il console, il dit : De quoi avez-vous peur? Pourquoi frissonner? Est-ce que l'autorité a des rigueurs pour celui qui fait le bien? Celui qui pratique la vertu a-t-il lieu de la craindre? Voilà pourquoi l'apôtre ajoute : « Voulez-vous ne point craindre les puissances ? Faites bien, et elles vous en loueront ». Voyez-vous comme l'apôtre, pour attacher l'homme à celui qui commande, lui montre le prince même prêt à le louer? Voyez-vous comme il fait sortir la colère du coeur ? « Car le prince est le ministre de Dieu, pour vous favoriser dans le bien (4) ».

Il est si loin d'être à craindre, dit l'apôtre, qu'au contraire il vous loue; il est si loin de vous faire obstacle, qu'au contraire il vous favorise. Donc, puisque vous trouvez en lui la louange et le secours, pourquoi ne pas vous soumettre ? Il vous rend la vertu plus facile , il châtie les méchants, il fait du bien aux bons et les honore, il coopère à la volonté de Dieu; de là vient que l'apôtre l'a nommé le ministre de Dieu. Voyez : je vous conseille la sagesse, et lui vous donne les mêmes avis par le moyen des lois; mes exhortations vous disent qu'il est défendu de s'enrichir par la rapine, par la violence, et lui siège pour juger ces fautes. Il travaille avec nous, il vient à notre secours, c'est Dieu qui lui a confié cette mission. Il est donc, à double titre, digne de nos respects, et parce qu'il a été envoyé par Dieu, et envoyé pour une telle mission. « Si vous faites mal , vous avez raison de craindre »; ce n'est pas la puissance qui est à craindre , mais notre perversité. « Car ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée ». Voyez-vous l'apôtre armant le prince, comme on équipe un soldat, et le rendant redoutable aux pécheurs? « Car il est le ministre de Dieu , pour exécuter sa vengeance, en punissant celui qui fait de mauvaises actions ». L'apôtre ne veut pas que le châtiment, la vengeance , l'épée vous fassent reculer d'épouvante, et il répète que le prince remplit la loi de Dieu. — Mais si le prince lui-même l'ignore? Le prince n'en est pas moins institué par Dieu. Si donc, soit qu'il châtie, soit qu'il honore , il est le ministre de Dieu , défendant la vertu , exterminant le crime, c'est-à-dire, exécutant la volonté de Dieu, pourquoi disputer contre celui qui vous procure de si grands biens, et vous aplanit les voies? Un grand nombre ont commencé par pratiquer la vertu par la crainte des princes; ensuite, c'est la crainte de Dieu qui les y a attachés. Car les esprits épais ne sont pas aussi sensibles aux biens à venir qu'aux biens présents. Celui donc qui gouverne tant d'âmes par la crainte, et par les récompenses, et qui les prédispose à recevoir la doctrine, celui-là, on a raison de l'appeler ministre de Dieu. « Il est donc nécessaire de nous y soumettre, non-seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par un devoir de conscience (5) ».

Que veut dire : «,Non-seulement par la crainte du châtiment? » Non-seulement, dit l'apôtre , vous vous élevez contre Dieu en refusant de vous soumettre; non-seulement vous vous attirez de grands maux, et de la part de Dieu et de la part des hommes, mis encore vous oubliez que le prince est pour vous la source des plus grands biens, puisqu'il vous assure la paix et fait régner l'ordre dans l'État. Ces puissances sont pour les Etats des sources inépuisables de bienfaits, et, si vous les supprimez, tout s'en ira; plus de villes , plus de bourgs, plus de maisons, plus dé place publique; il ne subsistera plus rien, ce sera un bouleversement universel, les plus forts dévorant les plus faibles. De telle sorte que, dans le cas même où aucun châtiment ne frapperait la désobéissance , vous devriez encore votre soumission , par conscience, pour ne pas paraître ingrat envers votre bienfaiteur. « C'est pour cette raison », dit-il, « que vous payez le tribut aux princes, parce qu'ils sont les ministres de Dieu, toujours appliqués aux fonctions de leur ministère (6) ». L'apôtre n'entre pas dans le détail des bienfaits dont les Etats sont redevables aux puissances, tels que le bon ordre, la paix, les autres services, tout ce qui concerne l'armée, les diverses fonctions publiques, il résume tout dans un mot. Que vous recevez des bienfaits du prince, dit l'apôtre, vous le témoignez vous-même en lui payant un tribut. Voyez la sagesse , l'intelligence du bienheureux Paul ! Il montre dans ce qui paraissait un pesant fardeau, des exactions mêmes, un (375) témoignage rendu à l'autorité qui pourvoit au bien de tous. Car enfin, dit l'apôtre, pourquoi lui payons-nous des tributs? N'est-ce pas parce qu'il pourvoit à nos besoins? N'est-ce pas pour récompenser le chef de toute sa sollicitude? Evidemment nous ne paierions aucun tribut, si nous ne savions pas tout d'abord que nous profitons d'un tel gouvernement; ce qui fait que, dès l'origine, il a été décrété par tous que ceux qui nous commandent , seraient nourris par nous, c'est que négligeant leurs propres affaires , ils ne s'occupent que des affaires publiques, et qu'ils consacrent tous leurs loisirs à conserver nos intérêts.

3. Après les considérations extérieures, il reprend ses premières réflexions : en effet, c'est de cette manière qu'il lui était plus facile de persuader le fidèle : il montre de nouveau que c'est là ce qui plaît à Dieu , et il conclut en disant : « Parce qu'ils sont les ministres de Dieu ». Il montre ensuite le travail qu'ils entreprennent, la peine qu'ils se donnent : « Toujours appliqués aux fonctions de leur ministère ». Voilà leur vie, voilà leur passion, faire en sorte que vous jouissiez de la paix. Par cette raison , dans une autre épître encore, il ne se contente pas d'ordonner qu'on leur soit soumis, il prescrit encore de prier pour eux, et; à ce propos, il montre l'utilité qui en résulte pour tous : « Afin que nous menions une vie paisible et tranquille ». (I Tim. II, 1, 2.) En effet, nous ne retirons pas un mince avantage , pour la vie présente , de ces princes qui mettent des armées en branle, repoussent les ennemis du dehors , répriment dans les villes les séditieux et tranchent tous les différends. Ne me dites donc pas que souvent tel prince abuse de ce pouvoir, ne considérez que le bien de l'institution, et vous y trouverez une preuve de la parfaite sagesse de Celui qui l'a établie dès le principe. « Rendez donc à chacun ce qui lui est dû ; le tribut, à qui vous devez le tribut; les impôts, à qui vous devez les impôts; la crainte, à qui vous devez de la crainte; l'honneur, à qui vous devez de l'honneur. Acquittez-vous envers tous de tout ce que vous leur devez , ne demeurant redevables que de l'amour qu'on se doit toujours les uns pour les autres (7, 8) ».

Il insiste encore et toujours sur les mêmes devoirs; ce n'est pas de l'argent seulement que l'apôtre réclame pour les princes, mais de l'honneur et de la crainte. Et, comment, lorsqu'il dit plus haut: «Voulez-vous ne point « craindre les puissances? Faites bien v, dit-il ici : « Rendez ce que vous devez, la crainte? » C'est qu'il veut parler de la crainte respectueuse et non de l'effroi qui vient d'une mauvaise conscience, et qu'il a indiqué plus haut. Et il ne dit pas: Donnez, mais, « Rendez » et il ajoute : « Ce que vous devez » : en effet, ce n'est pas là une faveur de votre part, c'est une dette, et si vous ne la payez pas , vous serez puni de votre ingratitude. Et gardez-vous de croire que ce devoir vous rabaisse, que votre dignité particulière subisse une atteinte d'avoir à vous lever, à vous découvrir devant le prince. Si ce précepte a été donné quand les princes étaient païens, à bien plus forte raison doit-il être pratiqué aujourd'hui qu'ils sont fidèles. Que si vous me répondez que des grâces plus relevées vous ont été accordées, sachez que votre heure n'est pas encore venue; vous êtes encore étranger et voyageur. Viendra le temps où votre splendeur éclipsera tout; en ce moment, votre vie est cachée avec le Christ dans le sein de Dieu. Quand le Christ apparaîtra , vous aussi alors vous apparaîtrez avec lui dans sa gloire. Ne cherchez donc pas, dès cette vie qui s'écoule, votre rétribution, et, s'il faut vous tenir avec crainte en la présence du prince, ne voyez rien dans ce devoir qui soit indigne de votre noblesse. Car c'est la volonté de Dieu , afin que le prince institué par lui, possède la force qui convient au prince. Car lorsque celui à qui sa conscience ne reproche rien de mal, se tiendra avec crainte devant le souverain juge, à bien plus forte raison tremblera celui qui commet des actions mauvaises. Quant à vous, vous y gagnerez un éclat plus brillant; ce n'est pas l'honneur par vous rendu qui peut vous avilir, mais l'honneur par vous refusé; et le prince ne fera que vous admirer davantage, et fût-il infidèle, il en prendra occasion de glorifier le Seigneur.

« Acquittez-vous envers tous de tout ce que vous leur devez, ne demeurant redevables que de l'amour qu'on se doit toujours les uns aux autres ». Nouveau retour de l'apôtre à la mer de tous les biens, à la maîtresse qui inspire toutes ses paroles, à la cause de toutes les vertus, et la charité, elle aussi, est une dette , non temporaire comme un tribut , comme un impôt, mais à payer continuellement. Cette dette, l'apôtre ne veut pas qu'elle (376) soit jamais payée; ou plutôt il veut qu'on la paye toujours, sans qu'on soit jamais quitte, sans qu'on cesse de la devoir. Telle est la nature de cette dette, on donne toujours, on doit toujours. Après avoir dit comment il faut aimer, il montre l'avantage de la charité par ces paroles : « Car celui qui aime le prochain accomplit la loi ». Ne regardez donc pas comme une faveur ce qui est une dette; vous devez l'amour à votre frère, à cause de la parenté spirituelle, et ce n'est pas là la seule cause; considérez de plus, que nous sommes membrés les uns des autres ; si cet amour nous manque, tout est déchiré. Donc, aimez votre frère. Si vous retirez de cet amour l'immense avantage d'accomplir la loi tout entière, vous devez l'amour à votre frère, en retour du bienfait que vous recevez de lui. « Parce que ces commandements de Dieu . Vous ne commettrez point d'adultère; vous ne tuerez point; vous ne déroberez point; vous ne porterez point de faux témoignage, et s'il y a quelque autre commandement semblable , tous sont compris en abrégé dans cette parole : Vous aimerez le prochain comme vous-même (9) ». — (Matth. XXII, 39.) L'apôtre ne dit pas: Sont accomplis, mais: « Sont compris en abrégé » , c'est-à-dire que cette parole renferme dans une brièveté concise l'ensemble complet des commandements. Car le principe et la fin de la vertu, c'est l'amour; voilà la racine, voilà le fondement, voilà le faîte. Si donc c'est le principe et le parfait accomplissement, où rien trouver qui l'égale?

4 et 5 [...]