Au bal des hypocrites
Publié : mar. 26 août 2008 18:21
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Comme on le sait, la Russie vient de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Et voici que l'agence de presse Associated Press nous communique la réaction des proconsuls qui "gouvernent" l'Europe au nom de Washington:
PARIS -- La présidence du Conseil de l'Union européenne "condamne fermement" la décision de la Russie de reconnaître l'indépendance des provinces géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, a-t-elle fait savoir dans un communiqué diffusé mardi.
La France, qui préside l'UE ce semestre, "condamne fermement cette décision (...qui...) est contraire aux principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale de la Géorgie, reconnus par la charte des Nations unies, l'Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité" de l'ONU.
"Dans ce contexte, la présidence du Conseil de l'Union rappelle avec force son attachement au principe d'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues", poursuit la présidence française de l'UE (PFUE).
La PFUE "appelle de ses voeux une solution politique des conflits en Géorgie" et "examinera de ce point de vue les conséquences de la décision de la Russie", selon le communiqué.
"C'est contraire à l'intégrité territoriale de la Géorgie et nous ne pouvons pas l'accepter, a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. "Nous allons prendre des mesures qui certainement seront définies lors du conseil européen (extraordinaire) du 1er septembre, où il va falloir adopter une attitude commune des 27 pays", a-t-il ajouté. AP
Les hypocrites, les sycophantes, les fourbes !
Est-ce que M. Kouchner, qui avait été un des plus empressés à reconnaître l'indépendance de la province serbe du Kosovo décidée à Washington pour affaiblir l'Europe dans les circonstances que je rappelais dans un des fils cités plus haut, en avait quelque chose à faire des "principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale (...), reconnus par la charte des Nations unies, l'Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité" de l'ONU, quand il s'agissait de la Serbie?
La vilénie des dirigeants des pays d'Europe occidentale atteint des sommets. Ils n'ont pas inventé la trahison, pas plus qu'ils n'ont inventé l'impérialisme. Ils ont juste réussi à le couvrir sous le manteau des "droits de l'Homme", du "droit international" et de bien d'autres valeurs qu'ils sont les premiers à bafouer dès que l'occasion s'en présente. Ils sont tous devenus des néo-protestants dispensationnalistes américains. Et, comme l'Histoire s'accélère, ils sont mis de plus en plus devant leurs contradictions.
Hélas, les malheureux sujets de ces gouvernants d'occasion sont eux-mêmes si lobotomisés et si béatement plongés dans leur civilisation an-historique que nous pouvons gager qu'il ne se trouvera personne pour rappeler qu'il y a moins de six mois, à propos du Kosovo, les Kouchner, Sarkozy, Merkel, Brown, Calmy-Rey & Cie disaient exactement le contraire de ce qu'ils disent aujourd'hui à propos de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Et en plus, jamais au nom de la Realpolitik (puisque celle-ci leur recommanderait d'abord de prendre en compte l'intérêt de leur pays, et non les ordres de leur maître!), mais au nom des grands, immortels et intangibles principes, toujours foulés aux pieds par ceux qui s'en drapent.
Si au moins, au lieu de jouer aux messies à la petite semaine et aux prophètes de principes juridiques qui leur sont en réalité complètement inconnus, ils se laissaient guider ne serait-ce que par le simple réalisme, ils se rendraient compte que l'Allemagne, la France et l'Italie sont sur le continent européen et que leur premier intérêt serait de freiner l'hybris étasunienne, de se désolidariser des puériles provocations anti-russes et de comprendre une bonne fois pour toutes que nous ne sommes pas et que nous ne pouvons pas êtres des néo-protestants dispensationnalistes américains scrutant l'accomplissement des prophéties dans les vols de bombardiers au-dessus de Belgrade et proclamant que Jésus-Christ parlait anglais.
Toutefois, j'espère que les lecteurs de ce forum sont moins lobotomisés que les sujets idéaux de ces princes qui nous malgouvernent et qu'ils se rappelleront les avertissements qui furent publiés ici même, lorsque certains membres de ce forum se permettaient humblement de signaler que la reconnaissance du Kosovo ouvrait la boîte de Pandore de la décomposition de l'Europe en micro-nationalismes.
Et je ne vois pas en quoi la cause des Albanais du Kosovo est plus ou moins légitime que celle des Ossètes descendants des Alains. Mais toute la bande des chefs d'Etat-donneurs de leçons, devenus les dirigeants d'une véritable idéocratie, ne sait plus parler que par la répétition psittacique de grands principes dont ils n'ont en réalité pas la moindre idée (il est vrai que ce ne sont pas des modèles d'éthique). La logomachie leur tient lieu de pensée. Alors, plutôt que de dire, "nous sommes au service de Washington, nous reconnaissons qui elle veut et nous condamnons qui elle veut", on vous expliquera que le droit des peuples justifiait l'indépendance du Kosovo, tandis que le principe de souverainté des Etats interdit l'indépendance de l'Abkhazie.
On se demande sur quels critères on jugera si l'indépendance est légitime ou pas en ce qui concerne la Bretagne, la Flandre, l'Ecosse, le Pays basque, la Catalogne, la Galice, la Corse, Harghita et Covasna, la Crimée, et pourquoi pas mon jardin tant qu'on y est.
J'en arrive à imaginer avec délectation Sarkozy et Kouchner présidant au démantèlement de la malheuruse nation France tombée entre leurs mains et annonçant la reconnaissance de l'indépendance de la Corse... le jour où les Etats-Unis d'Amérique en auront décidé ainsi.
Et tout ceci au nom de grands principes!
Molière, reviens, Tartuffe est roi!
Comme on le sait, la Russie vient de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Et voici que l'agence de presse Associated Press nous communique la réaction des proconsuls qui "gouvernent" l'Europe au nom de Washington:
PARIS -- La présidence du Conseil de l'Union européenne "condamne fermement" la décision de la Russie de reconnaître l'indépendance des provinces géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, a-t-elle fait savoir dans un communiqué diffusé mardi.
La France, qui préside l'UE ce semestre, "condamne fermement cette décision (...qui...) est contraire aux principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale de la Géorgie, reconnus par la charte des Nations unies, l'Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité" de l'ONU.
"Dans ce contexte, la présidence du Conseil de l'Union rappelle avec force son attachement au principe d'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues", poursuit la présidence française de l'UE (PFUE).
La PFUE "appelle de ses voeux une solution politique des conflits en Géorgie" et "examinera de ce point de vue les conséquences de la décision de la Russie", selon le communiqué.
"C'est contraire à l'intégrité territoriale de la Géorgie et nous ne pouvons pas l'accepter, a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner. "Nous allons prendre des mesures qui certainement seront définies lors du conseil européen (extraordinaire) du 1er septembre, où il va falloir adopter une attitude commune des 27 pays", a-t-il ajouté. AP
Les hypocrites, les sycophantes, les fourbes !
Est-ce que M. Kouchner, qui avait été un des plus empressés à reconnaître l'indépendance de la province serbe du Kosovo décidée à Washington pour affaiblir l'Europe dans les circonstances que je rappelais dans un des fils cités plus haut, en avait quelque chose à faire des "principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale (...), reconnus par la charte des Nations unies, l'Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité" de l'ONU, quand il s'agissait de la Serbie?
La vilénie des dirigeants des pays d'Europe occidentale atteint des sommets. Ils n'ont pas inventé la trahison, pas plus qu'ils n'ont inventé l'impérialisme. Ils ont juste réussi à le couvrir sous le manteau des "droits de l'Homme", du "droit international" et de bien d'autres valeurs qu'ils sont les premiers à bafouer dès que l'occasion s'en présente. Ils sont tous devenus des néo-protestants dispensationnalistes américains. Et, comme l'Histoire s'accélère, ils sont mis de plus en plus devant leurs contradictions.
Hélas, les malheureux sujets de ces gouvernants d'occasion sont eux-mêmes si lobotomisés et si béatement plongés dans leur civilisation an-historique que nous pouvons gager qu'il ne se trouvera personne pour rappeler qu'il y a moins de six mois, à propos du Kosovo, les Kouchner, Sarkozy, Merkel, Brown, Calmy-Rey & Cie disaient exactement le contraire de ce qu'ils disent aujourd'hui à propos de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
Et en plus, jamais au nom de la Realpolitik (puisque celle-ci leur recommanderait d'abord de prendre en compte l'intérêt de leur pays, et non les ordres de leur maître!), mais au nom des grands, immortels et intangibles principes, toujours foulés aux pieds par ceux qui s'en drapent.
Si au moins, au lieu de jouer aux messies à la petite semaine et aux prophètes de principes juridiques qui leur sont en réalité complètement inconnus, ils se laissaient guider ne serait-ce que par le simple réalisme, ils se rendraient compte que l'Allemagne, la France et l'Italie sont sur le continent européen et que leur premier intérêt serait de freiner l'hybris étasunienne, de se désolidariser des puériles provocations anti-russes et de comprendre une bonne fois pour toutes que nous ne sommes pas et que nous ne pouvons pas êtres des néo-protestants dispensationnalistes américains scrutant l'accomplissement des prophéties dans les vols de bombardiers au-dessus de Belgrade et proclamant que Jésus-Christ parlait anglais.
Toutefois, j'espère que les lecteurs de ce forum sont moins lobotomisés que les sujets idéaux de ces princes qui nous malgouvernent et qu'ils se rappelleront les avertissements qui furent publiés ici même, lorsque certains membres de ce forum se permettaient humblement de signaler que la reconnaissance du Kosovo ouvrait la boîte de Pandore de la décomposition de l'Europe en micro-nationalismes.
Et je ne vois pas en quoi la cause des Albanais du Kosovo est plus ou moins légitime que celle des Ossètes descendants des Alains. Mais toute la bande des chefs d'Etat-donneurs de leçons, devenus les dirigeants d'une véritable idéocratie, ne sait plus parler que par la répétition psittacique de grands principes dont ils n'ont en réalité pas la moindre idée (il est vrai que ce ne sont pas des modèles d'éthique). La logomachie leur tient lieu de pensée. Alors, plutôt que de dire, "nous sommes au service de Washington, nous reconnaissons qui elle veut et nous condamnons qui elle veut", on vous expliquera que le droit des peuples justifiait l'indépendance du Kosovo, tandis que le principe de souverainté des Etats interdit l'indépendance de l'Abkhazie.
On se demande sur quels critères on jugera si l'indépendance est légitime ou pas en ce qui concerne la Bretagne, la Flandre, l'Ecosse, le Pays basque, la Catalogne, la Galice, la Corse, Harghita et Covasna, la Crimée, et pourquoi pas mon jardin tant qu'on y est.
J'en arrive à imaginer avec délectation Sarkozy et Kouchner présidant au démantèlement de la malheuruse nation France tombée entre leurs mains et annonçant la reconnaissance de l'indépendance de la Corse... le jour où les Etats-Unis d'Amérique en auront décidé ainsi.
Et tout ceci au nom de grands principes!
Molière, reviens, Tartuffe est roi!