Encore une autre source à propos de l'estime toute spéciale que se portaient les deux ennemis héréditaires perse et romain:
Dix ans plus tard, peu avant la reprise des persécutions, la convocation d'un second Synode fut due, de nouveau, à l'initiative d'un évêque occidental, Acace d'Amid, qui, tout comme Marutha avant lui, était venu en tant qu'ambassadeur de l'empereur Théodose II pour régler certains points de litige entre les Empires perse et romain, "les épaules fortes qui portent le monde".
Herman Teule, Les Assyro-Chaldéens, collection Fils d'Abraham, Brepols, Turnhout 2008, p. 15.
Et, oui, du point de vue assyrien, Amid, l'actuelle Diyarbakır, est une ville "occidentale".
On comprend la logique qui a prévalu à l'époque, et qui est faussée dans nos esprits par des siècles de désinformation: deux Empires, perse et romain; deux Eglises, l'Eglise d'Occident (= essentiellement les patriarcats de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, plus quelques Eglises autocéphales à l'existence plus ou moins durable comme Justiniana Prima, Carthage, la Géorgie, l'Arménie, l'Albanie du Caucase, les chrétientés celtiques...) et l'Eglise d'Orient (= le ressort du patriarcat de Séleucie-Ctésiphon).
Toute personne qui utilise le terme "Eglise d'Orient" pour désigner l'Eglise orthodoxe ou les anciennes Eglises monophysites proches de nous commet une erreur. Le terme devrait être utilisé pour la seule vraie Eglise d'Orient, le patriarcat de Séleucie-Ctésiphon, même s'il est réduit à peu de choses de nos jours et même si les Assyriens restés (ou plutôt revenus) dans la communion orthodoxe ne se manifestent qu'à travers un seul lieu de culte en Géorgie.
La chance de l'Eglise d'Occident est qu'elle a réussi à devenir majoritaire dans un grand nombre de pays, de l'Irlande à l'Ethiopie et du Portugal à la Russie. Le malheur de l'Eglise d'Orient, c'est qu'elle n'est devenue majoritaire nulle part. En la sachant repliée depuis le XIVe siècle sur son petit noyau assyro-chaldéen de langue syriaque, qui peut penser qu'elle eut autrefois des évêques à Pékin et au Tibet ?