La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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J-Gabriel
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

Message par J-Gabriel »

A la venue du message précédent (ci-dessous) je lisais justement quelque chose à propos d’une secte que mentionne saint Epiphane l’hérésiologue (je ne sais pas si on l’appelle comme ça), qui définissait les sabéens comme hémérobaptistes parce qu’ils se rebaptisaient chaque matin.
Claude le Liseur a écrit : Une chose encore, à propos de ces fameux mandéens. Une de leurs pratiques consiste à réitérer à plusieurs reprises le baptême gnostique au cours de la vie de chaque fidèle (le fidèle se fait régulièrement rebaptiser afin d'effacer ses péchés). C'est contre des croyances semblables que s'élève un article du Credo:

Ὁμολογῶ ἓν βάπτισμα εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν.

Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.

Ce qui veut dire qu'une même personne ne peut recevoir à plusieurs reprises le baptême orthodoxe; la rémission des péchés commis après le baptême s'obtient par l'absolution, et non par une répétition du baptême.

Cela montre aussi que les croyances que conserve à l'heure actuelle la petite communauté mandéenne devaient autrefois être partagées par des groupes beaucoup plus nombreux, pour que les Pères de Nicée aient eu besoin de rappeler la doctrine orthodoxe sur ce point.
Oui et on peut aussi ajouter, orthodoxement parlant, que si, pour une obscur raison, vous voudriez à nouveau recevoir un baptême orthodoxe vous nierez automatiquement la valeur mystèrielle du premier.
Claude le Liseur
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

Message par Claude le Liseur »

La panique saisit les chrétiens de Palestine; des gens de toutes les classes sociales dans leur affolement encombrent les routes qui mènent à Jérusalem et en Egypte. Le patriarche Sophronius dans son ode, dépeint la terreur et la fuite de la population devant l'armée persane. Les tribus nomades arabes saisissent cette occasion pour se livrer au pillage. Comme le fait remarquer Vassiliev, l'anarchie qui régnait libéra les tribus arabes des obligations qu'elles avaient acceptées par traité et de la peur qui les contenait.
Les chroniques de cette époque décrivent l'assaut des Arabes contre la Laura d'Abba Sabbas, où après l'avoir pillée ils torturent 44 moines avant de les faire périr. Les rescapés se cachent pendant une longue période tant ils craignent les incursions des Sarrasins.
Il faudrait aussi revenir sur ce terme de Sarrasin, dont on sait la fortune qu'il a eue en français, langue dans laquelle il est arrivé par le latin (Sarraceni) en provenance du grec (Σαρακηνοί). Rappelons au passage qu'il avait fini par désigner toutes les populations non chrétiennes, y compris les païens des vallées reculées du Valais. Lorsque, par la suite, le terme de Sarrasin n'a plus été utilisé que pour désigner les musulmans, et que la christianisation avait fait oublier la longue survie du paganisme dans ces régions, on s'est retrouvé dans une grande confusion (croyance aux origines arabes de certains habitants du Valais, dont les ancêtres étaient en effet des Sarrasins au sens de païens; erreurs de datation quant à la montée de Bernard de Menthon au Mont-Joux, futur Grand-Saint-Bernard - cf. Claude Laporte, Tous les saints de l'Orthodoxie, Xenia, Vevey 2008, p. 312; etc.)

Ce qui est plus surprenant, c'est que le terme serait d'origine arabe.


Selon Lenôtre et Félix, op. cit., note de bas de page 18 pp. 37 s.:
Emprunté du latin de basse époque sarracenus, nom d'une peuplade de l'Arabie, emprunté lui-même de l'arabe charqîyîn, pluriel de charqî, "oriental"... Sarrazin se disait au moyen âge des peuples non chrétiens de l'Espagne, de l'Afrique et de l'Orient (Bloch et Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française).
En effet, en arabe, charqîyîn شرقيين = Orientaux; ach-charq ا شّر ق = l'Orient, l'Est. Fort bien, mais je doute fort que les Arabes du temps de Justinien ou de Maurice se soient eux-mêmes désignés comme des "Orientaux". Ne faut-il pas plutôt penser que certains Arabes désignaient ainsi d'autres Arabes situés plus à l'est qu'eux? Autrement dit, la langue grecque peut très bien avoir emprunté le mot aux Arabes lakhmides et ghassanides, qui étaient eux-mêmes de longue date impliqués dans les guerres entre Perses et Byzantins, qui devaient l'utiliser pour désigner les Arabes nomades.
Cela nous montre une fois de plus comment l'histoire des Arabes a été récrite pour les présenter comme totalement à l'écart des influences grecques et romaines, alors qu'il y eut des petits royaumes arabes liés très tôt aux Romains ou aux Perses, et que l'empereur Philippe (244-249), qui présida aux cérémonies du millénaire de la fondation de Rome, était un Arabe. On a donc gommé toute cette partie de l'histoire des Arabes pour ne se focaliser que sur les tribus nomades qui allaient déferler depuis Yathrib. De même qu'il fallait le plus possible gommer la pénétration du judaïsme, du nestorianisme, du monophysistisme, du christianisme orthodoxe et des sectes judéo-nazaréennes et judéo-chrétiennes parmi les Arabes pour mettre l'accent sur un paganisme arabe qui aurait été illuminé par le groupe des émigrés installés à Yathrib.
Claude le Liseur
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit :L'hypothèse est surprenante, mais plausible. Il est après tout très fréquent qu'un groupe politico-religieux change des noms de lieu au nom de sa foi: il suffit de se souvenir des villes portant le nom de Lénine, Staline ou Karl Marx que les communistes s'obstinaient à créer dans tous les territoires soumis à leur domination (l'Allemagne de l'Est eut ainsi une Karl-Marx-Stadt, l'Arménie une Leninakan, la Roumanie une Oraşul Stalin, etc.). Il n'y aurait donc eu rien d'étonnant à ce qu'un groupe judéo-nazaréen, fortement enraciné dans la tradition vétéro-testamentaire et replié de Syrie à Yathrib pour préparer la conquête de Jérusalem, se fût identifié aux Macchabées levant à Modin l'étendard de la révolte en vue de la reconquête de Jérusalem (cf. I Macc. 2, 15). Il n'aurait rien eu de surprenant non plus à ce que ces ébionites eussent identifé Antiochos IV Épiphane, coupable d'avoir édifié dans le temple de Jérualem «l'Abomination de la désolation» (I Macc. 1, 54), et Héraclius Ier, l'empereur des Romains, le «roi» de Constantinople (grec βασιλεύς - basileus / vasilefs, arabe ملك - malik), coupable d'être chrétien orthodoxe, de croire en la Trinité et l'Incarnation et de vénérer les icônes, toutes choses abominables aux yeux des judéo-nazaréens? De telles identifications n'auraient rien de particulièrement surprenant au vu de ce que l'on sait de ce milieu.
Encore aujourd'hui, les uniates grec-catholiques du Levant sont connus sous le nom de melkites, autrement dit les «royalistes», nom que l'on attribuait autrefois aux orthodoxes de ces régions, parce qu'ils avaient la même foi que le malik ملك , le «roi», c'est-à-dire l'empereur des Romains sur le trône de Constantinople?

C'est d'ailleurs ici le lieu de réfuter une idée reçue, que l'on retrouve jusque dans le titre d'un livre sérieux comme celui de Dietmar W. Winkler, Koptische Kirche und Reichskirche (Tyrolia, Innsbruck 1997) opposant l'Église «impériale», chalcédonienne, et les Églises populaires que seraient les chrétientés préchalcédoniennes. Peut-être cela est-il valable dans le cas des Coptes, qui ne semblent jamais avoir bénéficié de grands appuis politiques. Mais nous avons vu sur le présent forum comment, à maintes reprises, les catholicoi monophysites d'Arménie firent appel au pouvoir séculier - tantôt perse, tantôt arabe, et enfin arménien - contre les orthodoxes albaniens et arméniens. Il en va de même dans les rapports avec l'empereur de Constantinople, le βασιλεύς dont nous avons fait basileus, le malik ملك dont on a tiré le nom des melkites - car tous les empereurs ne furent pas chalcédoniens, et ce jusqu'au VIIIe siècle. Citons l'historien orthodoxe français Jean Besse:
Enfin, faut-il le dire, Chalcédoine n'a pas été une entreprise grecque, une vaste supercherie hellénique, un mauvais tour joué par des rationalistes habiles au "mystère de l'Orient" trop cher à Harnack pour n'être pas suspect. L'Eglise de Géorgie, Eglise d'un peuple si peu hellénisé qu'il n'est même pas indo-européen, n'a rien perdu à accepter Chalcédoine. De sa réception du concile date au contraire l'extraordinaire essor, de l'Athos à Jérusalem, de cette lointaine fille spirituelle de la métropole syrienne et de la sémitique Sion. Par ailleurs, des Eglises dites monophysites et de toute façon non eutychiennes, aucune n'est aussi grecque aujourd'hui encore que celle de Dioscore, quinze siècles après sa mort. Nul ne fut plus grec que Sévère qui ignorait le syriaque dans lequel on a conservé ses écrits. Nul ne fut plus fidèle à l'empereur Anastase que cet illustre maître de l'hellénistique Antioche. Il n'y eut aux Ve et VIe siècles aucune menée provinciale anti-melkite sérieuse dans l'Orient monophysite. Ce dernier attendait un basileus de la même orientation. Sévère était "melkite" avant la lettre avec un souverain à tendance monophysite comme Anastase et son peuple avec lui. En fait, comme l'a très bien montré l'évêque arménien Térénig Poladian, la raison du différend était uniquement religieuse. C'est seulement dans un second temps que les haines ethniques et politiques vinrent se greffer sur cette cause première. Il en fut de même ultérieurement avec la crise iconoclaste. (Jean Besse, «Chalcédoine, icône dogmatique de l'Orthodoxie», in Le sens de Chalcédoine, Monastère orthodoxe Saint-Michel, Lavardac 1993, pp. 16 s.)
Autrement dit, les phrases que je me suis permis de souligner et mettre en gras veulent dire qu'il fut un temps où tout le monde était melkite, tant que les adversaires de Chalcédoine conservaient des sens de voir un des leurs monter sur le trône impérial des Romains.
Claude le Liseur
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : Toutefois, je constate qu'aucun des auteurs que j'ai consultés ne parle de Waraqa Ben Nawfal; or, une opinion que j'ai à plusieurs reprises entendue en milieu arabe soutient que l'évêque ébionite Waraqa Ben Nawfal aurait joué un grand rôle dans ces événements.

Sur le site du centre culturel arabe de Bruxelles, un article intéressant signé J. Habib Allah parle - en des termes plus prudents et plus voilés que les auteurs français et anglo-saxons que j'ai cités - de l'influence des ébionites sur l'Islam. Tout l'article mérite d'être lu (ici: http://www.culture-arabe.irisnet.be/dissidence.htm ), même si l'on trouve des choses beaucoup plus pointues chez les autres auteurs que j'ai mentionnés.

Un passage, que je me suis permis de souligner, concerne Waraqa ben Nawfal:
En ce temps-là, l'Arabie était bien différente de ce qu'elle est devenue par la suite. Il n'y avait pas de pouvoir centralisateur, et cette contrée accueillait tout ce que les Byzantins et les Perses pouvaient rejeter hors de leurs frontières. Si les Byzantins et les Perses favorisaient, les uns les orthodoxes, les autres les nestoriens, l'absence d'autorité centrale en Arabie faisait qu'il y régnait une grande diversité religieuse. Beaucoup de juifs avaient depuis longtemps trouvé refuge à Médine et à la Mecque, ainsi que dans le Yémen. De même, les chrétiens de tous bords s'y retrouvaient. Orthodoxes envoyés en mission d'évangélisation par le patriarche de Jérusalem, monophysites et nestoriens chassés par la persécution des Byzantins, tous étaient en Arabie sur un pied d'égalité. En outre, la route de l'encens, qui traversait l'Arabie du Nord au Sud, ne permettait pas que la circulation des marchandises, mais aussi celle des personnes et des idées, en particulier religieuse. Dans le Sud, l'influence de l'Ethiopie, proche et chrétienne, se faisait aussi sentir. Bref, à peu près toutes les variantes de monothéisme étaient représentées par d'importantes minorités, qui vivaient dans une atmosphère de convivialité au contact des polythéistes arabes.

Les derniers nazaréens, de quelque tendance qu'ils aient été, et en particulier les plus irréductibles qui tenaient à préserver leurs coutumes et leurs observances, ont pu être attirés par cette ambiance de tolérance. Le milieu désertique ou semi désertique n'a pas dû les rebuter ceux qui vivaient déjà à lisière du désert de Syrie ou de Jordanie D'ailleurs, il est fort possible que, vivant près des routes commerciales qui menaient en Arabie, ils aient bien avant les persécutions commencé à y essaimer à la faveur de l'un ou l'autre échange commercial. Mais arrêtons là ces hypothèses et ces raisonnements, et venons-en à des indices positifs de présence nazaréenne en Arabie.
On le sait, au septième siècle apparaît en Arabie une nouvelle religion qui va conquérir le monde. Un certain Muhammad, caravanier mecquois, se met à prêcher la "soumission" à Dieu, en arabe : islâm. Cette prédication commence après une retraite dans une caverne où un ange envoyé par Dieu lui aurait enseigné ce qu'il avait à dire. La tradition musulmane rapporte que, extrêmement troublé par l'apparition de l'ange - on le serait à moins - Muhammad a commencé par aller, accompagné par son épouse Khadija, demander conseil à l'oncle de celle-ci, nommé Waraqa. Le vieillard, devenu aveugle, s'était converti dans sa jeunesse au christianisme, était devenu scribe et connaissait très bien l'Evangile, qu'il avait copié plusieurs fois… en hébreu. C'est ce dernier détail qui, bien évidemment, nous fait sursauter. Ainsi donc, Muhammad avait un religieux nazaréen dans son entourage proche. Le même texte ajoute que Waraqa prodigua ses encouragements à Muhammad avant de décéder quelques jours plus tard. Cela ressemble fort à une transmission d'héritage ! A partir d'ici, l'on peut se demander si Muhammad était complètement ignare en matière de monothéisme quand il a eu sa première vision. Nul doute qu'il ne l'était pas : outre les échanges d'idées qu'il a pu avoir avec les gens de diverses confessions qu'il a rencontrés en Arabie ou pendant ses voyages en caravane vers la Syrie, terre chrétienne, Muhammad a pu côtoyer Waraqa et la nièce de celui-ci, devenue son épouse, pendant assez de temps pour apprendre d'eux les rudiments - ou même plus - de la forme de christianisme à laquelle ils adhéraient. Notre premier indice, celui de l'évangile hébreu, est fort : nous l'avons dit plus haut et nous le répétons ici, il n'y a que dans les sectes nazaréennes que de tels livres circulaient.
Un deuxième indice est ce que nous trouvons dans le Coran lui-même. On sait que le Coran parle à de nombreuses reprises des chrétiens, tantôt en termes favorables, tantôt de manière beaucoup moins conciliante. Il peu y avoir là un reflet de l'appréciation nuancée que Muhammad portait envers les divers types de christianisme qu'il a rencontrés - pour autant qu'il ait été armé pour les distinguer les uns des autres. Ce serait sans doute par trop simpliste de dire que les déclarations positives sont adressées aux ébionites et que les textes plus négatifs s'adressent aux tenants de la confession de foi de Nicée. L'éloge des moines et des prêtres de la cinquième sourate, par exemple, se comprend très bien des confessions orthodoxes, par ailleurs critiquées à cause précisément de leur doctrine trinitaire. In n'en reste pas moins que la grande diversité du christianisme a pu inspirer à Muhammad la pensée qu'il y avait dans le christianisme des choses à prendre et d'autres à rejeter. Ce qui est clair, c'est que lorsque le Coran critique le christianisme, c'est généralement aux confessions trinitaires - byzantins, nestoriens, monophysites - que la critique s'adresse. Mais si Muhammad rejette absolument la divinité de Jésus, il n'en reste pas moins qu'il tien l'homme Jésus en haute estime, le qualifiant de prophète de Dieu et de Messie. Mais n'est-ce pas là exactement le point de vue de ébionites ? Somme toute, à ce stade du développement de sa pensée, Muhammad n'invente rien de neuf, il reprend à son compte l'enseignement des judéo-chrétiens, dont il y a fort à parier qu'il tienne de Waraqa.
Allons plus loin : lorsque le Coran parle des chrétiens, il n'emploie pas le mot utilisé aujourd'hui encore par les chrétiens du Moyen-Orient pour se désigner (masîhiyyûn), mais précisément il parle des "nazaréens" (nasârâ), et cela nous paraît être encore un indice de la prévalence du modèle nazaréen dans ce que Muhammad sait du christianisme.

Complétons le tableau : si les nazaréens (plus précisément les ébionites) et les musulmans ont exactement la même conception du personnage de Jésus, ce n'est pas le seul parallèle entre les deux confessions. En effet, la deuxième caractéristique du mouvement nazaréen est le maintien des observances du judaïsme, alors que le christianisme de Paul, dont ont hérité les Eglises, les tient pour périmées. Bien entendu, certaines de ces observances ont été réformées - faut-il dire : arabisées - par Muhammad. Le changement de la direction de la prière, de Jérusalem à la Mecque, n'est somme toute qu'une modification de surface qui ne porte pas atteinte à l'essence même de la religion. Le développement ultérieur de l'islam suivra, c'est certain, sa propre voie : Muhammad et les premiers califes sont bien en train de créer une nouvelle religion mondiale. Mais celle-ci se fonde sur quelque chose de plus ancien dont les traces sont encore visibles et, mutatis mutandis, c'est bien la même religion qui se survit dans le passage de l'ébionisme à l'islam.

L'islam n'est pas né en vase clos. Il n'appartient pas à l'historien de se prononcer sur la véracité de révélations faites par Dieu à un prophète, mais il est possible de constater des faits qui tous pointent dans la même direction : la religion prêchée par Muhammad n'est pas entièrement nouvelle, mais est le fruit d'une longue histoire. Elle est conditionnée par la rencontre de celui qui allait devenir le prophète de l'islam avec un des derniers représentants de l'ébionisme. Les musulmans sont les héritiers spirituels directs de ceux qui, parmi les premiers judéo-chrétiens, n'ont pas voulu qu'une religion née en milieu sémitique s'adapte au monde grec et s'ouvre à l'influence de sa pensée - adaptation et ouverture qui sont manifestes dans plusieurs écrits néo-testamentaires. Ils n'ont pas à s'offusquer de ce que nous tenions de tels propos ; les faits sont une chose, leur interprétation théologique en est une autre. Si les faits sont clairs, l'interprétation théologique est fonction des croyances de chacun. Pour le polémiste chrétien, ces faits ne peuvent que le confirmer dans une attitude négative vis-à-vis de l'islam, puisque la religion de Muhammad provient directement d'un parti religieux qui s'est opposé aux apôtres, personnages inspirés par excellence. Pour le polémiste musulman au contraire, il peut y avoir une preuve de plus que Dieu n'a pas voulu laisser s'éteindre la religion authentique, que les disciples du prophète Jésus avaient dénaturée en y introduisant des concepts païens dès la première génération. Il n'appartient pas à l'histoire de prendre position en ce domaine. Ce qui est hélas trop clair, c'est qu'il n'est pas étonnant que la confrontation de ces deux idéologies religieuses, aussi irréductibles l'une à l'autre, ait causé tant de dégâts dans l'histoire humaine.
Claude le Liseur
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit :A la venue du message précédent (ci-dessous) je lisais justement quelque chose à propos d’une secte que mentionne saint Epiphane l’hérésiologue (je ne sais pas si on l’appelle comme ça), qui définissait les sabéens comme hémérobaptistes parce qu’ils se rebaptisaient chaque matin.
Claude le Liseur a écrit : Une chose encore, à propos de ces fameux mandéens. Une de leurs pratiques consiste à réitérer à plusieurs reprises le baptême gnostique au cours de la vie de chaque fidèle (le fidèle se fait régulièrement rebaptiser afin d'effacer ses péchés). C'est contre des croyances semblables que s'élève un article du Credo:

Ὁμολογῶ ἓν βάπτισμα εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν.

Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.

Ce qui veut dire qu'une même personne ne peut recevoir à plusieurs reprises le baptême orthodoxe; la rémission des péchés commis après le baptême s'obtient par l'absolution, et non par une répétition du baptême.

Cela montre aussi que les croyances que conserve à l'heure actuelle la petite communauté mandéenne devaient autrefois être partagées par des groupes beaucoup plus nombreux, pour que les Pères de Nicée aient eu besoin de rappeler la doctrine orthodoxe sur ce point.
Oui et on peut aussi ajouter, orthodoxement parlant, que si, pour une obscur raison, vous voudriez à nouveau recevoir un baptême orthodoxe vous nierez automatiquement la valeur mystèrielle du premier.

L'Évangile lu en ce dimanche avant la Théophanie me semble tout à fait en rapport avec la discussion que nous avons eue sur le présent forum à propos des mandéens.
Mc 1, 1-8

Commencement de la Bonne Nouvelle touchant Jésus Christ, Fils de Dieu. Ainsi qu'il est écrit dans le prophète Isaïe:

Voici que j'envoie mon messager en avant de toi
pour préparer ta route.
Une voix crie dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez ses sentiers.

Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et vers lui s'en allaient tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés. Jean était vêtu d'une peau de chameau; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Et il annonçait dans sa prédication: «Voici que vient derrière moi celui qui est plus puissant que moi; je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour délier la courroie de ses chaussures. Pour moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui vous baptisera avec l'Esprit Saint.»


(traduction française de l'archimandrite Néophyte Edelby [1920-1995], par la suite métropolite uniate d'Alep)
Ainsi, dans la tradition chrétienne, le prophète saint Jean-Baptiste est bien le Précurseur (ο Πρόδρομος ) qui a lui-même expliqué qu'il ne donnait qu'un baptême d'eau et qui a annoncé que le salut viendrait de Jésus-Christ notre Seigneur.
Ce qui est intéressant, c'est que les mandéens, derniers survivants des sectes baptistes qui existèrent en milieu juif, se réclament précisément de Jean le Baptiste - en qui ils voient le Mandéen authentique et qu'ils se sont annexé - contrairement à tout ce que nous savons de l'enseignement du Précurseur.
C'est aussi intéressant de rappeler qu'il y a eu des groupes non chrétiens ou parachrétiens qui avaient une forme de baptême, naturellement sans aucune valeur de sacrement. Il est d'autant plus intéressant que sur le forum qui a précédé celui-ci, nous avions été voici quelques années confrontés à un visiteur breton, adepte d'une forme extrême d'œcuménisme, qui attribuait une validité sacramentelle à toute forme de baptême, y compris celui dispensé par saint Jean-Baptiste, et contrairement à l'affirmation de saint Jean-Baptiste lui-même telle que la rapporte la péricope évangélique de ce jour. Je ne sais si ce visiteur était conscient qu'il professait des vues mandéennes ou sabéennes - et pourtant, le Finistère semble loin des marais du sud de l'Irak ou de Harran. Il est donc intéressant de garder à l'esprit que des groupes non chrétiens peuvent avoir des imitations du baptême - à vrai dire, si les mandéens en sont un exemple ancien, les Témoins de Jéhovah en sont un exemple moderne.
Dans le prolongement de la discussion qui a été engagée sur la vraie signification de l'Hégire que la tradition musulmane fixe en l'an 622 - repli des ébionites de Syrie vers Yathrib, et non fuite des musulmans de La Mecque vers Yathrib -, on peut aussi se demander pourquoi les formes dominantes de l'Islam n'ont conservé aucun rite qui ressemble au baptême, alors que des dissidences issues de l'Islam, comme les alaouites ou nosaïris si nombreux dans la région de Lattaquié (confession à laquelle appartient l'actuel président de la République arabe syrienne), ont réintroduit (ou conservé?) des rites qui rappellent plus ou moins certains mystères chrétiens, fait qui avait frappé le RP Lammens dès 1926 :
Il reste alors à expliquer ce phénomène complètement isolé dans l'histoire des variations de l'Islamisme, à justifier l'adoption et la provenance d'emprunts, conservant une estampille si nettement chrétienne; l'usage cultuel du vin, des cierges, de l'encens, le baiser de paix, l'emprunt d'un vocabulaire liturgique qoddas, milad etc. franchement chrétien: tout un ensemble de fêtes et de cérémonies, jalousement éliminé dans les manifestations cultuelles de l'Islam, sans en excepter les sectes les plus éloignées de l'orthodoxie coranique. (RP Henri Lammens, L'Islam, Éditions du Trident, Paris 1993, p. 181 [1re édition 1926]).
J'avoue mon incompétence totale à répondre aux questions qui se posent, mais on ne peut pas ne pas les mentionner. Les ébionites avaient-ils, avant même la date conventionnelle de 622, renoncé à toutes les formes extérieures qui pouvaient rappeler le christianisme (baptême mandéen ou sabéen, par exemple) pour ne conserver que la circoncision? Cette renonciation est-elle intervenue plus tard? Les alaouites de Syrie ont-ils réintroduit - et sous quelle influence ? - des rites inspirés du christianisme ou ces rites ont-ils été connus dans les premiers temps de l'Islam avant de disparaître (ce qui semble être suggéré par le texte du RP Lammens)?

Signalons aussi un autre mérite du livre du RP Lammens: dès 1926, il était l'un des rares à parler de la dernière minorité religieuse qui ait conservé une existence réelle dans la Turquie «laïque» et grande persécutrice de chrétiens: les alévis, alawis ou Ahl-i-Haqq, qui semblent plutôt être une résurgence du chamanisme des anciens Turcs sous un habillage chiite qui leur permettait de s'opposer au sunnisme professé par les sultans ottomans. Le RP Lammens souligne qu'il n'y a rien de commun entre alaouites et alévis, si ce n'est la parenté de nom (nom d'ailleurs choisi pour donner une apparence plus chiite, et donc plus acceptable pour l'environnement musulman). Il est d'autant plus méritoire qu'il ait fait cette remarque qu'il y a encore aujourd'hui beaucoup de gens pour croire que les alévis de Turquie et de la minorité kurde de Syrie professent la même foi que les alaouites de Syrie.
J-Gabriel
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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Claude le Liseur a écrit :Sur le site du centre culturel arabe de Bruxelles, un article intéressant signé J. Habib Allah parle - en des termes plus prudents et plus voilés que les auteurs français et anglo-saxons que j'ai cités - de l'influence des ébionites sur l'Islam. Tout l'article mérite d'être lu (ici: http://www.culture-arabe.irisnet.be/dissidence.htm ), même si l'on trouve des choses beaucoup plus pointues chez les autres auteurs que j'ai mentionnés.

Un passage, que je me suis permis de souligner, concerne Waraqa ben Nawfal:
En ce temps-là, l'Arabie était bien différente de ce qu'elle est devenue par la suite. Il n'y avait pas de pouvoir centralisateur, et cette contrée accueillait tout ce que les Byzantins et les Perses pouvaient rejeter hors de leurs frontières. Si les Byzantins et les Perses favorisaient, les uns les orthodoxes, les autres les nestoriens, l'absence d'autorité centrale en Arabie faisait qu'il y régnait une grande diversité religieuse. Beaucoup de juifs avaient depuis longtemps trouvé refuge à Médine et à la Mecque, ainsi que dans le Yémen. De même, les chrétiens de tous bords s'y retrouvaient. Orthodoxes envoyés en mission d'évangélisation par le patriarche de Jérusalem, monophysites et nestoriens chassés par la persécution des Byzantins, tous étaient en Arabie sur un pied d'égalité. En outre, la route de l'encens, qui traversait l'Arabie du Nord au Sud, ne permettait pas que la circulation des marchandises, mais aussi celle des personnes et des idées, en particulier religieuse. Dans le Sud, l'influence de l'Ethiopie, proche et chrétienne, se faisait aussi sentir. Bref, à peu près toutes les variantes de monothéisme étaient représentées par d'importantes minorités, qui vivaient dans une atmosphère de convivialité au contact des polythéistes arabes.

Les derniers nazaréens, de quelque tendance qu'ils aient été, et en particulier les plus irréductibles qui tenaient à préserver leurs coutumes et leurs observances, ont pu être attirés par cette ambiance de tolérance. Le milieu désertique ou semi désertique n'a pas dû les rebuter ceux qui vivaient déjà à lisière du désert de Syrie ou de Jordanie D'ailleurs, il est fort possible que, vivant près des routes commerciales qui menaient en Arabie, ils aient bien avant les persécutions commencé à y essaimer à la faveur de l'un ou l'autre échange commercial. Mais arrêtons là ces hypothèses et ces raisonnements, et venons-en à des indices positifs de présence nazaréenne en Arabie.
On le sait, au septième siècle apparaît en Arabie une nouvelle religion qui va conquérir le monde. Un certain Muhammad, caravanier mecquois, se met à prêcher la "soumission" à Dieu, en arabe : islâm. Cette prédication commence après une retraite dans une caverne où un ange envoyé par Dieu lui aurait enseigné ce qu'il avait à dire. La tradition musulmane rapporte que, extrêmement troublé par l'apparition de l'ange - on le serait à moins - Muhammad a commencé par aller, accompagné par son épouse Khadija, demander conseil à l'oncle de celle-ci, nommé Waraqa. Le vieillard, devenu aveugle, s'était converti dans sa jeunesse au christianisme, était devenu scribe et connaissait très bien l'Evangile, qu'il avait copié plusieurs fois… en hébreu. C'est ce dernier détail qui, bien évidemment, nous fait sursauter. Ainsi donc, Muhammad avait un religieux nazaréen dans son entourage proche. Le même texte ajoute que Waraqa prodigua ses encouragements à Muhammad avant de décéder quelques jours plus tard. Cela ressemble fort à une transmission d'héritage ! A partir d'ici, l'on peut se demander si Muhammad était complètement ignare en matière de monothéisme quand il a eu sa première vision. Nul doute qu'il ne l'était pas : outre les échanges d'idées qu'il a pu avoir avec les gens de diverses confessions qu'il a rencontrés en Arabie ou pendant ses voyages en caravane vers la Syrie, terre chrétienne, Muhammad a pu côtoyer Waraqa et la nièce de celui-ci, devenue son épouse, pendant assez de temps pour apprendre d'eux les rudiments - ou même plus - de la forme de christianisme à laquelle ils adhéraient. Notre premier indice, celui de l'évangile hébreu, est fort : nous l'avons dit plus haut et nous le répétons ici, il n'y a que dans les sectes nazaréennes que de tels livres circulaient.

Un deuxième indice est ce que nous trouvons dans le Coran lui-même. On sait que le Coran parle à de nombreuses reprises des chrétiens, tantôt en termes favorables, tantôt de manière beaucoup moins conciliante. Il peu y avoir là un reflet de l'appréciation nuancée que Muhammad portait envers les divers types de christianisme qu'il a rencontrés - pour autant qu'il ait été armé pour les distinguer les uns des autres. Ce serait sans doute par trop simpliste de dire que les déclarations positives sont adressées aux ébionites et que les textes plus négatifs s'adressent aux tenants de la confession de foi de Nicée. L'éloge des moines et des prêtres de la cinquième sourate, par exemple, se comprend très bien des confessions orthodoxes, par ailleurs critiquées à cause précisément de leur doctrine trinitaire. In n'en reste pas moins que la grande diversité du christianisme a pu inspirer à Muhammad la pensée qu'il y avait dans le christianisme des choses à prendre et d'autres à rejeter. Ce qui est clair, c'est que lorsque le Coran critique le christianisme, c'est généralement aux confessions trinitaires - byzantins, nestoriens, monophysites - que la critique s'adresse. Mais si Muhammad rejette absolument la divinité de Jésus, il n'en reste pas moins qu'il tien l'homme Jésus en haute estime, le qualifiant de prophète de Dieu et de Messie. Mais n'est-ce pas là exactement le point de vue de ébionites ? Somme toute, à ce stade du développement de sa pensée, Muhammad n'invente rien de neuf, il reprend à son compte l'enseignement des judéo-chrétiens, dont il y a fort à parier qu'il tienne de Waraqa.
Allons plus loin : lorsque le Coran parle des chrétiens, il n'emploie pas le mot utilisé aujourd'hui encore par les chrétiens du Moyen-Orient pour se désigner (masîhiyyûn), mais précisément il parle des "nazaréens" (nasârâ), et cela nous paraît être encore un indice de la prévalence du modèle nazaréen dans ce que Muhammad sait du christianisme.

Complétons le tableau : si les nazaréens (plus précisément les ébionites) et les musulmans ont exactement la même conception du personnage de Jésus, ce n'est pas le seul parallèle entre les deux confessions. En effet, la deuxième caractéristique du mouvement nazaréen est le maintien des observances du judaïsme, alors que le christianisme de Paul, dont ont hérité les Eglises, les tient pour périmées. Bien entendu, certaines de ces observances ont été réformées - faut-il dire : arabisées - par Muhammad. Le changement de la direction de la prière, de Jérusalem à la Mecque, n'est somme toute qu'une modification de surface qui ne porte pas atteinte à l'essence même de la religion. Le développement ultérieur de l'islam suivra, c'est certain, sa propre voie : Muhammad et les premiers califes sont bien en train de créer une nouvelle religion mondiale. Mais celle-ci se fonde sur quelque chose de plus ancien dont les traces sont encore visibles et, mutatis mutandis, c'est bien la même religion qui se survit dans le passage de l'ébionisme à l'islam.

L'islam n'est pas né en vase clos. Il n'appartient pas à l'historien de se prononcer sur la véracité de révélations faites par Dieu à un prophète, mais il est possible de constater des faits qui tous pointent dans la même direction : la religion prêchée par Muhammad n'est pas entièrement nouvelle, mais est le fruit d'une longue histoire. Elle est conditionnée par la rencontre de celui qui allait devenir le prophète de l'islam avec un des derniers représentants de l'ébionisme. Les musulmans sont les héritiers spirituels directs de ceux qui, parmi les premiers judéo-chrétiens, n'ont pas voulu qu'une religion née en milieu sémitique s'adapte au monde grec et s'ouvre à l'influence de sa pensée - adaptation et ouverture qui sont manifestes dans plusieurs écrits néo-testamentaires. Ils n'ont pas à s'offusquer de ce que nous tenions de tels propos ; les faits sont une chose, leur interprétation théologique en est une autre. Si les faits sont clairs, l'interprétation théologique est fonction des croyances de chacun. Pour le polémiste chrétien, ces faits ne peuvent que le confirmer dans une attitude négative vis-à-vis de l'islam, puisque la religion de Muhammad provient directement d'un parti religieux qui s'est opposé aux apôtres, personnages inspirés par excellence. Pour le polémiste musulman au contraire, il peut y avoir une preuve de plus que Dieu n'a pas voulu laisser s'éteindre la religion authentique, que les disciples du prophète Jésus avaient dénaturée en y introduisant des concepts païens dès la première génération. Il n'appartient pas à l'histoire de prendre position en ce domaine. Ce qui est hélas trop clair, c'est qu'il n'est pas étonnant que la confrontation de ces deux idéologies religieuses, aussi irréductibles l'une à l'autre, ait causé tant de dégâts dans l'histoire humaine.
Mmmh l’analyse n’est pas fausse en soi, cependant il y a plusieurs points qui ont été négligés –analphabétisme (supposé) de Mahomet, l’emprise de Khadija sur celui-ci, le polythéisme à la Mecque (pas assez accentué) et encore d’autres- il semble que l’auteur n’ai pas assez approfondi quelque points. Par-contre la remarque avec l’évangile en hébreu est assez pertinente.
Il faudra que je ré-ouvre certains bouquins.
J-Gabriel
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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Claude le Liseur a écrit : les alaouites ou nosaïris si nombreux dans la région de Lattaquié (confession à laquelle appartient l'actuel président de la République arabe syrienne)
Dans la fin des années 80 j’avais pu lire une livre -le seul intéressant (à mon goût) à la bibliothèque du village dans lequel je me trouvais à l’époque-, et dont je me rappelle plus exactement le nom (Nébuleuse ?) qui relatait du terrorisme au Liban et de la guerre qui y était présente. Je me souviens par contre que ce livre m’a beaucoup aider à voir les choses plus clairement, avec tous les groupes divers qui se combattaient entre-eux à Beyrouth et environs, druzes, phalangistes, alaouites, chiites, sunnites et j’en passe, à l’instar des médias qui relataient que de milices O.L.P, Amal et Général Aoun. Donc je réentend tout ces noms, cela m'a rappeler ce livre dont je vais retrouver le titre, quitte à retourner dans le village,parce qu’il était bien fait.

Dans un livre que j’ai trouvé cet été au puces "Histoires des sectes chrétiennes" d’un G.Welter, ce dernier écrit que les mandéens prennent leurs nom du mot araméen « mandâ » qui voudrais dire : connaissance, gnose, et qu’on les appelle aussi nazaréens ou sabéens. Welter écrit aussi à propos de leurs livres sacrés écrits en araméens « Ginza » qui signifierait « Trésor ». A une autre place j’avais pu lire : "Rechter Ginza".
Il me semble de toute façon que beaucoup d’historiens vont dans le sens que toutes ces sectes sont issues des Esséniens principalement.

PS : je vais taper le texte de Welter sur le sujet parce qu’il a plusieurs indices et par recoupement on va arriver à quelque chose.
Claude le Liseur
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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J-Gabriel a écrit :
Claude le Liseur a écrit : les alaouites ou nosaïris si nombreux dans la région de Lattaquié (confession à laquelle appartient l'actuel président de la République arabe syrienne)
Dans la fin des années 80 j’avais pu lire une livre -le seul intéressant (à mon goût) à la bibliothèque du village dans lequel je me trouvais à l’époque-, et dont je me rappelle plus exactement le nom (Nébuleuse ?) qui relatait du terrorisme au Liban et de la guerre qui y était présente. Je me souviens par contre que ce livre m’a beaucoup aider à voir les choses plus clairement, avec tous les groupes divers qui se combattaient entre-eux à Beyrouth et environs, druzes, phalangistes, alaouites, chiites, sunnites et j’en passe, à l’instar des médias qui relataient que de milices O.L.P, Amal et Général Aoun. Donc je réentend tout ces noms, cela m'a rappeler ce livre dont je vais retrouver le titre, quitte à retourner dans le village,parce qu’il était bien fait.

Dans un livre que j’ai trouvé cet été au puces "Histoires des sectes chrétiennes" d’un G.Welter, ce dernier écrit que les mandéens prennent leurs nom du mot araméen « mandâ » qui voudrais dire : connaissance, gnose, et qu’on les appelle aussi nazaréens ou sabéens. Welter écrit aussi à propos de leurs livres sacrés écrits en araméens « Ginza » qui signifierait « Trésor ». A une autre place j’avais pu lire : "Rechter Ginza".
Il me semble de toute façon que beaucoup d’historiens vont dans le sens que toutes ces sectes sont issues des Esséniens principalement.

PS : je vais taper le texte de Welter sur le sujet parce qu’il a plusieurs indices et par recoupement on va arriver à quelque chose.
L'ouvrage (très engagé en faveur des idées politiques de feu le président libanais Bechir Gemayel) de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz Une croix sur le Liban (1re édition Lieu Commun, Paris 1984; édition de poche dans la collection Folio Actuel chez Gallimard contenait pas mal d'informations sur les druses et les alaouites.

La littérature en français sur les druses est considérable, et ce depuis le début du XIXe siècle: le baron Silvestre de Sacy traduit les épîtres de la Sagesse en 1838, Gérard de Nerval parle de la légende de El Hakim dans son Voyage en Orient, le diplomate français Henri Guys publie en 1863 sa Théogonie des Druzes, qui fait toujours autorité . Les éditions Geuthner continuent à la diffuser en reproduction anastatique (ici: http://www.geuthner.com/ficheTitre.php?ref=4307 ) et j'ai pu offrir en 2008 une de ces reproductions de la Théogonie des Druzes à un ami et collègue druse.

En revanche, sur les alaouites, qui ont su mieux préserver leurs secrets, le seul ouvrage en français que je connaisse est celui de Joseph Azzi, Les Nousairites-Alaouites, aux éditions Publisud, Paris 2002. Azzi est aussi l'auteur d'un ouvrage sur les druses qui s'appelle Entre la raison et le Prophète, traduit de l'arabe sans mention de traducteur, Paris 1992.

Le volume de la collection Fils d'Abraham sur les druzes (M. Dupont, Les Druzes, Brepols, Turnhout 1994) est apologétique -comme, d'ailleurs, le même volume de la collection consacré aux hassidim. Pour moi, l'un des plus intéressants ouvrages en français sur les druses est celui de la Libanaise Nadine Abou Zaki, basé sur sa thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne: Introduction aux épîtres de la sagesse. L'ésotérisme druze à la lumière de la doctrine de Çankara, L'Harmattan, Paris 2006, qui, contrairement aux autres livres, ne s'occupe pas des aspects sociologiques, mais exclusivement des coïncidences entre cette doctrine «musulmane» (les Druses ayant été décrétés musulmans par Nasser!) et le Vedānta hindou:
Le plus frappant, et ce qui vaut pour les deux pensées, est une conception de la divinité qui se démarque de la conception habituelle de Dieu dans les autres religions, et même au sein de l'hindouisme. En effet, dans l'Advaita Vedānta de Çankara et dans le Tawhid, Dieu n'est pas personnel, mais il faudrait plutôt parler d'impersonnalité de l'Absolu. (Abou Zaki, op. cit., p. 15.)
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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On peut lire sur Internet un excellent article d'Alain Chouet sur les Alaouites de Syrie (publié à l'origine en 1995): http://www.scribd.com/doc/24315620/l-Es ... s-Alaouite

Cet auteur pense qu'il y a en effet dans la religion alaouite des traces de christianisme, car le nosaïrisme aurait été prêché au IXe siècle par des prédicateurs disciples du chiite dissident Ibn Nosayr à des populations qui avaient été islamisées peu auparavant et qui se trouvaient encore exposées à l'influence de l'Empire des Romains qui tentait régulièrement de reprendre pied dans ces régions (n'oublions pas que Jean Tzimiskès reprendra Homs en 975, que Basile II le Bulgaroctone atteindra Tripoli du Liban en 999).
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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Claude le Liseur a écrit :Ce qui est intéressant, c'est que les mandéens, derniers survivants des sectes baptistes qui existèrent en milieu juif, se réclament précisément de Jean le Baptiste - en qui ils voient le Mandéen authentique et qu'ils se sont annexé - contrairement à tout ce que nous savons de l'enseignement du Précurseur.
C'est aussi intéressant de rappeler qu'il y a eu des groupes non chrétiens ou parachrétiens qui avaient une forme de baptême, naturellement sans aucune valeur de sacrement. Il est d'autant plus intéressant que sur le forum qui a précédé celui-ci, nous avions été voici quelques années confrontés à un visiteur breton, adepte d'une forme extrême d'œcuménisme, qui attribuait une validité sacramentelle à toute forme de baptême, y compris celui dispensé par saint Jean-Baptiste, et contrairement à l'affirmation de saint Jean-Baptiste lui-même telle que la rapporte la péricope évangélique de ce jour. Je ne sais si ce visiteur était conscient qu'il professait des vues mandéennes ou sabéennes - et pourtant, le Finistère semble loin des marais du sud de l'Irak ou de Harran. Il est donc intéressant de garder à l'esprit que des groupes non chrétiens peuvent avoir des imitations du baptême - à vrai dire, si les mandéens en sont un exemple ancien, les Témoins de Jéhovah en sont un exemple moderne.
La discussion sur ce fil ayant ensuite dévié sur le cas des Alaouites de Syrie, cela amène une remarque complémentaire à celle qui se trouve ci-dessus.

De même que des groupes non chrétiens peuvent avoir des imitations du baptême, comme les mandéens, des groupes non chrétiens peuvent aussi avoir des imitations de la Trinité, ou des triades, ou des "trinités", mais qui ne sont pas la Trinité révélée du christianisme orthodoxe. Les Nosaïris ou Alaouites sont un exemple particulièrement intéressant de ce genre de groupe: ils croient dans une "trinité" constituée par Ali, Mahomet et Salman-al-Farsi, mais ne sont pas chrétiens - même si cette apparence de trinité a pu séduire, au moment de la prédication de cette foi à la fin du IXe siècle, des musulmans qui se souvenaient vaguement du passé chrétien de leurs ancêtres et restaient exposés à l'influence des Romains d'Orient, qui ne devaient être définitivement délogés de Syrie qu'au XIe siècle.
De tels exemples soulignent aussi les limites de l'argumentation des oecuménistes qui, par définition, ne peuvent fixer aucune limite au syncrétisme.
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Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)

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Claude a écrit :L'hypothèse est surprenante, mais plausible. Il est après tout très fréquent qu'un groupe politico-religieux change des noms de lieu au nom de sa foi: il suffit de se souvenir des villes portant le nom de Lénine, Staline ou Karl Marx que les communistes s'obstinaient à créer dans tous les territoires soumis à leur domination (l'Allemagne de l'Est eut ainsi une Karl-Marx-Stadt, l'Arménie une Leninakan, la Roumanie une Oraşul Stalin, etc.). Il n'y aurait donc eu rien d'étonnant à ce qu'un groupe judéo-nazaréen, fortement enraciné dans la tradition vétéro-testamentaire et replié de Syrie à Yathrib pour préparer la conquête de Jérusalem, se fût identifié aux Macchabées levant à Modin l'étendard de la révolte en vue de la reconquête de Jérusalem (cf. I Macc. 2, 15). Il n'aurait rien eu de surprenant non plus à ce que ces ébionites eussent identifé Antiochos IV Épiphane, coupable d'avoir édifié dans le temple de Jérualem «l'Abomination de la désolation» (I Macc. 1, 54), et Héraclius Ier, l'empereur des Romains, le «roi» de Constantinople (grec βασιλεύς - basileus / vasilefs, arabe ملك - malik), coupable d'être chrétien orthodoxe, de croire en la Trinité et l'Incarnation et de vénérer les icônes, toutes choses abominables aux yeux des judéo-nazaréens? De telles identifications n'auraient rien de particulièrement surprenant au vu de ce que l'on sait de ce milieu.
Encore aujourd'hui, les uniates grec-catholiques du Levant sont connus sous le nom de melkites, autrement dit les «royalistes», nom que l'on attribuait autrefois aux orthodoxes de ces régions, parce qu'ils avaient la même foi que le malik ملك , le «roi», c'est-à-dire l'empereur des Romains sur le trône de Constantinople?


Je ne sais comment, ni pourquoi, le terme de melkite, qui désignait autrefois les orthodoxes du Levant, a fini par ne s'appliquer qu'à l'Église uniate («grec-catholique») créée en 1724 par la diplomatie française. Je suppose qu'il s'agissait d'une manière de revendiquer abusivement la succession du patriarcat melkite d'Antioche, dont les uniates s'étaient donc détachés en 1724, et qui est plutôt aujourd'hui qualifié de patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche. À noter que les uniates melkites ont carrément donné à leur patriarche la titulature des trois patriarcats d'Alexandrie, Antioche et Jérusalem, ce qui n'empêche pas les patriarcats orthodoxes légitimes d'Alexandrie, Antioche et Jérusalem de poursuivre leur existence envers et contre tout (et tous), ni le Vatican, à qui les uniates melkites se sont rattachés, d'avoir fabriqué deux autres patriarcats d'Antioche (syrien uniate et maronite), un autre patriarcat de Jérusalem (latin) et un autre patriarcat d'Alexandrie (copte uniate)! (Il était difficile d'aller plus loin pour poignarder dans le dos les chrétiens d'Orient...)

Il faut toutefois souligner que, dans l'un des rares livres disponibles en français sur ces chrétientés - orthodoxe et uniate - de rit byzantin et de langue arabe, c'est un uniate, le RP Ignace Dick (qu'un de mes amis arabes surnommait «Monsieur Coq», parce que coq se dit dīk د يك en arabe ...), vicaire général de l'archevêché grec-melkite-catholique d'Alep, qui a essayé de rétablir en français l'usage correct, conforme à l'héritage de l'Histoire. En intitulant le volume de la collection Fils d'Abraham consacré aux grec-orthodoxes et aux grec-catholiques du Moyen-Orient Les Melkites (Brepols, Turnhout 1994, 222 pages), le RP Dick rétablissait une vérité - ce terme étant à l'origine un sobriquet désignant les chrétiens du Levant fidèles à la foi de Chalcédoine, qui allaient être progressivement caractérisés par l'usage liturgique du rit byzantin et de la langue arabe - et soulignait la proximité culturelle qui existe entre les deux communautés, orthodoxe et uniate. Les circonstances historiques ont fait que les grec-catholiques ressentent souvent une plus grande proximité avec les grec-orthodoxes, dont ils ne partagent pourtant pas la foi, qu'avec les autres groupes catholiques de rit oriental - maronites, uniates syriaques et coptes - dont ils partagent la foi, mais dont ils sont par ailleurs séparés par certaines références culturelles. Comme le rappelait l'avertissement qui figurait en tête du livre du RP Dick:
Notre choix reste sans doute discutable. Nous en portons la seule responsabilité. Il procède de notre volonté de traiter ensemble ces Églises qui proviennent de la même source et partagent une mémoire et un énorme patrimoine commun. La difficulté où nous avons été de trouver un titre pertinent et sans défaut est, en elle-même, révélatrice du débat ecclésiologique où ces Églises sont engagées depuis maintenant plus de deux siècles et demi. (Avertissement de la direction éditoriale, in RP Ignace Dick, op. cit., p. 8.)
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

Claude le Liseur a écrit : les raisons de le supposer - que la base des ébionites était le nord de la Syrie
Il s’avère que saint Irénée se réfère à l’épître aux Galates, dans "contre les Hérésies", pour réfuter un certain Ebion.


Quelques observations en gros déjà :
Franchement je ne pense pas que les ébionites ont un rapport direct avec l’Islam. Le seul point commun que j’ai pu observer entre musulmans et ébionites est leur haine commune de l’Apôtre Paul !
Effectivement j’ai pu constater, lors de discussions avec des savants musulmans (comprendre : théologiens) ont une haine particulière contre Paul. A voir...
La théologie musulmane, qui soit dit en passant a beaucoup évolué depuis l’Hégire ; en ce qui nous concerne se rapproche le plus au docétisme, qui comme ce dernier : ne voit dans l’Incarnation qu’une apparence.
Sans compter le Yemen du Sud (Sabba ?) qui n’était qu’en rapport avec l’Abyssinie, ni les principautés du Nord de la Péninsule ; l’Arabie au temps de Mahomet comptait bien déjà trois agglomérations, toutes dans le Hedjaz : Yathrib, La Mecque et Tâïf. Le reste n’étant que parsemé d’Oasis, par-ci par là, avec les tribus bédouines qui vont avec.

Maintenant je trouve faux le raisonnement de dire qu’en 622 il y aurait eu une fuite de musulman vers Yathrib. Ceci parce que l’Islam a été fait à Yathrib ! En fait Mahomet était un de ces hanifs qui trouva meilleurs oreilles à Yatrhib la futur Médine, qu’à La Mecque, en proie au polythéisme, où il fut malmené à cause de ses idées monothéiste ni chrétienne ni juive. Et par ces derniers il était considéré comme un "Gentil".
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Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit : Maintenant je trouve faux le raisonnement de dire qu’en 622 il y aurait eu une fuite de musulman vers Yathrib. Ceci parce que l’Islam a été fait à Yathrib ! En fait Mahomet était un de ces hanifs qui trouva meilleurs oreilles à Yatrhib la futur Médine, qu’à La Mecque, en proie au polythéisme, où il fut malmené à cause de ses idées monothéiste ni chrétienne ni juive. Et par ces derniers il était considéré comme un "Gentil".

Notez qu'à propos de la fuite à Yathrin, j'avais écrit "musulmans" entre guillemets, parce que je vous accorde que, musulmans, ils ne l'étaient pas encore.

Maintenant, quand vous résumez de cette manière la vie de Mahomet, vous vous référez à sa Vita consacrée dans la tradition musulmane et postérieure de plusieurs siècles aux événements: la Sīra(t) (اسير ة). Même dans les milieux musulmans, des questions sérieuses sont maintenant posées par rapport à la fiabilité de cette hagiographie.
Les auteurs que j'ai cités sur ce fil, et d'autres chercheurs encore, essaient précisément de reconstituer les événements non à partir de textes postérieurs de plusieurs siècles, mais à partir de textes contemporains des événements.

Enfin, peu importe que ce soit précisément l'ébionitisme qui ait joué un rôle ou un autre groupe de ce milieu judéo-nazaréen. Contrairement à vous, je trouve qu'il y a bien d'autres similitudes que la détestation de l'apôtre Paul (détestation que vous retrouverez dans tous les milieux en rupture avec le christianisme traditionnel): reconnaissance de Jésus comme prophète, mais non Verbe incarné; maintien de certaines observances juives, etc. Je vous recommande la lecture des auteurs que j'ai mentionnés, et de ceux qu'ils citent.
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Message par Claude le Liseur »

Et puis il y a le prodigieux travail philologique de l'Allemand Luxenberg, dont nous avions parlé sur le présent forum à travers la recension de Rémi Brague qu'Antoine avait reproduite ici (viewtopic.php?p=11612) dans un message du 6 avril 2006, qui rétablit le texte du Coran à l'aide du syriaque:

Christoph Luxenberg

Die Syro-Aramäische Lesart des Koran: Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache

Verlag Hans Schiller



disponible sur Amazon Deutschland http://www.amazon.de/Die-Syro-Aram%C3%A ... 519&sr=1-1
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Message par J-Gabriel »

Claude le Liseur a écrit : Enfin, peu importe que ce soit précisément l'ébionitisme qui ait joué un rôle ou un autre groupe de ce milieu judéo-nazaréen. Contrairement à vous, je trouve qu'il y a bien d'autres similitudes que la détestation de l'apôtre Paul (détestation que vous retrouverez dans tous les milieux en rupture avec le christianisme traditionnel): reconnaissance de Jésus comme prophète, mais non Verbe incarné; maintien de certaines observances juives, etc. Je vous recommande la lecture des auteurs que j'ai mentionnés, et de ceux qu'ils citent.
Oui ce n’est pas vraiment important, de toute façon il est hors de doute qu’il y a beaucoup d’éléments inspirés de la Bible dans le Coran. Et en même temps il est peut-être utile de préciser que le Coran ne fut composé qu’après la mort de Mahomet (voir : A-M Delcambre, LA SCHIZOPHRENIE DE L’ISLAM p.24 sq.).
Claude le Liseur a écrit : Je vous recommande la lecture des auteurs que j'ai mentionnés, et de ceux qu'ils citent.
Oui merci, vos recommandations sont toujours les bienvenus. Je suis aussi content que vous mentionnez des auteurs religieux comme Lammens et son livre l’Islam, croyances et institutions , Beyrouth, 1926, car c’était encore une époque où ils étaient encore libre d’écrire sur cette religion sans rentrer, pour rependre votre terme, dans un délire orwellien. A prèsent, dans ce cadre c’est surtout le cas Waraqa qui va centrer mes recherches.
En effet j’ai pu déjà lire pas mal de littérature "occidental" sur l’Islam et des exposés comme plus haut par des auteurs musulmans. Mais je dois dire qu’il y a trop de contractions entre tout ces divers ouvrages, ou si je puis dire, d’amphibologies, involontaires peut-être, dans les raisonements.

Maintenant je vais vous exposer brièvement comment je perçois la chose. Et, pour éviter les contre-sens dans les termes, je vais dénommer mahométane la religion que prêchait Mahomet et Islam la religion qui suit après la mort de Mahomet, et musulmans ceux qui s’appuient sur cette dernière.

A partir de 622, Mahomet commença à fonder plus solidement les bases d’une religion avec sa compréhension personnel d’éléments chrétiens, quoiqu’hérétiques, et juifs et tout ça corsé par une vision d’un ange. Comme ce fut une religion composée sur les croyances personnelles de Mahomet, et vu que celui-ci n’eu rien prévu quant à la succession de son autorité, on peut dire que le mahometanisme est quasiment mort-né, à la mort de son fondateur en 632.
Donc tout ce qui s’ensuit est une sorte de Protestantisme de fait ! Non ? Vu que personne ne fut désigné pour poursuivre l’enseignement, chacun était libre d’interprétés le mahometanisme à sa guise. Témoin : les zaydites, sunnites, chiites, alaouïtes, druzes, kharidjites, béhaïstes etc.. que l’on regroupe à tort sous :Islam. Et si maintenant on veut nous faire croire à "une seule et grande communauté musulmane", il faut voir que certaines de ces sectes non plus de l’Islam que la dénomination, ainsi que vous le remarquez avec la secte des Alaouïtes, par exemple.

Voilà c’est juste une esquisse sans prétention, et le sujet n’est pas clos, bien-entendue. Je veux juste apporter ma modeste contribution à votre remarquable travail ci-dessus.
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