Re: La prise de Jérusalem par les Sassanides (614)
Publié : lun. 04 févr. 2019 11:15
Voici ce que Louis Bréhier écrit à ce sujet dans un livre daté (1949) et orienté (dans un sens uniatisant), mais très complet:J-Gabriel a écrit : ↑mer. 03 févr. 2010 23:03Peu après que vous avez commencé cette rubrique en fin décembre, j’ai commencé à lire sur Héraclius avec quelques livres dont je dispose, notamment "L’EGLISE DES TEMPS BARBARES", Daniel-Rops et "Unité de l’Empire et divisions des Chrétiens", père Jean Meyendorff.Claude le Liseur a écrit : Rencontres qui auraient été plus fructeuses si les Sassanides n'avaient décidé de fonctionner comme barrière plutôt que comme passage.
Je voudrai juste, ici, ajouter une note relevé dans le livre de l’historien Daniel-Rops (kto).
C’est dans le contexte de la victoire de l’empereur romain Héraclius sur le roi des perses Chosroès II.On remarque ainsi que jusqu'à la chute des Sassanides, la Perse devait être considéré comme le centre du monde.Rappelons que c’est depuis cette victoire qu’Héraclius et ses successeurs portent officiellement le titre de Basileus –équivalent de Roi des Rois– qui, auparavant, ne leur était donné que dans l’usage courant et ne figurait jamais dans les protocoles officiels.
Daniel-Rops
Cependant, dès l'origine de l'Empire on employait dans le langage courant et principalement en Orient, pour désigner le souverain, des termes qui impliquaient à son égard une sujétion complète, voire l'obéissance d'esclaves pour leur maître: dominus (κύριος ), δεσπότης, et même βασιλεύς, roi (expression soigneusement proscrite à Rome depuis l'assassinat de César),reviennent sans cesse dans les textes littéraires et dans les inscriptions des deux premiers siècles, et, à partir du IVe siècle, apparaissent dans les documents officiels, dans les édits, sur les monnaies, mais non dans les protocoles, qui sont seuls qualifiés pour donner aux souverains leur véritable titre. Justinien, dont nous avons rappelé la formule protocolaire, emploie le terme de βασιλεία pour désigner son pouvoir et l'on se sert du même mot pur dater les années de règne d'un empereur. Le titre de basileus devient même l'apanage exclusif de l'empereur; les chefs barbares qui portent la couronne doivent se contenter du titre latin de rex, que l'on s'est empressé de transcrire en grec. Seul le souverain de la Perse, d'après une tradition immémoriale, a droit officiellement au titre de basileus.
(Louis Bréhier, Les institutions de l'empire byzantin, collection L'évolution de l'humanité, n° 20, Albin Michel, Paris 1970 (1re édition Paris 1949), pp. 45 s.; souligné par moi)