Anne Geneviève a écrit :Est-ce une simple coïncidence si la Roumanie (le pays, l'Etat) s'est rangé du côté américain et si l'Eglise de Roumanie étend son territoire aux dépens des droits juridictionnels de la Serbie ?
Je préférerais que ce soit une coïncidence... mais j'ai des doutes !
On peut d'ailleurs se demander si la conversion du métropolite Nicolas (Corneanu) du Banat au catholicisme, intervenue dans des conditions discutables le 25 mai 2008 à Timişoara, n'était pas motivée par des considérations politiques, si ce n'était pas sa manière à lui de construire l'axe Washington-Londres-Bucarest cher au président Băsescu.
1.Cela ressort en premier lieu de son interview donnée à la presse le 4 juin 2008 (reproduite et traduite ici:
viewtopic.php?t=2322 ):
Mgr Nicolas Corneanu a écrit :Aceasta a fost, sa zicem, pozitia unora din credinciosii ardeleni care identificau catolicismul, nu atat greco-catolicismul, ci catolicismul cu maghiarismul. Si pentru ca exista ocupatia maghiara care, cunoastem, a avut consecinte negative in constiinta romanilor ardeleni, ei au identificat catolicismul, la vremea respectiva, cu maghiarismul. Dar lumea a evoluat si la ora actuala, iata noi avem relatii foarte bune si cu Ungaria si cu alte comunitati care nu sunt, sa zicem,… romanesti. Lumea a evoluat, istoria a evoluat si cred ca la ora actuala nu ne mai putem intoarce la, sa zicem, perceptiile care le-au avut oamenii in momentul cand istoria era cu totul alta decat cea de astazi.
Ma traduction:
Cela a été, disons, la position de certains fidèles transylvains qui identifiaient le catholicisme, pas seulement l’uniatisme, mais le catholicisme, avec le magyarisme. Et parce qu’il y a eu l’occupation hongroise qui a eu, nous le savons, des conséquences négatives dans la conscience des Roumains transylvains, ils ont identifié le catholicisme, à cette époque, avec le magyarisme. Mais le monde a évolué et, à l’heure actuelle, voici que nous avons des relations très bonnes et avec la Hongrie, et avec d’autres communautés qui ne sont pas, disons, … roumaines. Le monde a évolué, l’histoire a évolué, et je crois qu’à l’heure actuelle nous ne pouvons plus revenir à, disons, des perceptions que les gens ont eu à un moment où l’histoire était toute autre que celle de nos jours.
Autrement dit, le passage au catholicisme était un moyen de se rapprocher politiquement de la Hongrie, supposée, dans ce contexte, représenter l'OTAN et tous ses bienfaits.
2. Cela ressortait encore plus du site des corneanistes francophones,
http://corneanu.skyrock.com/ , où l'on pouvait -et où l'on peut encore - lire ce genre de joyeusetés:
Et tout le temps, l'Église orthodoxe roumaine n'avait aucun souci des autres Églises orthodoxes. Elle était elle-même, et personne ne devait lui dire comment faire. Elle était experte en la matière et fière de l'être.
Et maintenant? Cette Église orthodoxe longtemps progressiste, va-t-elle jeter à la porte son évêque le plus progressiste?
Le mystique (hésychaste, moine, athonite...) Païssiy Velitchkovski n'est pas infaillible. Et s'il dit que l'Église romaine et les Églises uniates sont hérétiques, sans succession apostolique, etc, ceci est son opinion personnelle. Au mieux, il a prononcé une chose contraire au vécu du corps ecclésial. Au pire, il a ignoré l'action de l'Esprit Saint dans ces Églises, et ainsi il a blasphémé contre l'Esprit Saint.
Si jamais quelques-uns ont quelque chose à dire en la matière, ce sont les martyrs et confesseurs, qui ont donné leurs vies pour le Christ (pour lui, non pas pour des idéologies). Et dans ce cas, le Père Jean Iovan a plus d'autorité que Païssiy Velitchkovski.
Pour ce qui est des adorateurs de Païssiy Velitchkovski, qu'ils ne s'étonnent pas. On canonise des anti-uniates (qui ne savaient même pas contre quoi ils luttaient), on a canonisé l'expert en adultère Étienne le Grand, mais à ma connaissance on n'a canonisé aucun fidèle ou prêtre orthodoxe mort comme martyr dans une prison au 20ème siècle.
Quant aux athonites, qu'ils apprennent d'abord à obéir, qu'ils cessent d'être schismatiques là où c'est le cas, et qprès qu'ils auront souffert pour le Christ en tant que tel, ils auront un mot à dire. Le Mont Athos n'a pas à servir de Curie Romaine.
Sur quelques forums des détracteurs de Mgr Nicolas, on peut lire des citations de certains "saints", personnages mystico-gélatineux comme Païsiy Veličkovski, et je ne sais quels athonites et autres frustrés, qui aurait mieux fait d'aller labourer la terre, plutôt que de s'ériger en suprêmes pontifes.
Les corneanistes étaient beaucoup plus explicites encore quand ils intervenaient sur des sites orthodoxes, où ils prenaient moins de gants pour exprimer leur racisme anti-slave, anti-grec... et même anti-moldave (pauvres Moldaves!).
Cela sonne furieusement comme les exigences de la stratégie planétaire du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique.
L'uniatisme comme version spirituelle de l'OTAN, l'attaque contre les orthodoxes comme moyen de s'unir à la puissance anglo-saxonne, ce n'est que la continuité des fondements mêmes de l'uniatisme des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle, à l'époque où, devenir uniate, c'était se donner l'illusion qu'on aurait un peu de la puissance politique des Habsbourg (cas de la Transylvanie et de la Ruthénie subcarpatique) ou du roi de France (cas de l'Orient arabe).