Page 2 sur 2

Re: L'arbre du bien et du mal.

Publié : sam. 19 févr. 2011 23:07
par J-Gabriel
Dorian a écrit :J'avoue que je suis un peu surpris. Je croyais que, avant la désobéissance, Adam et sa femme ne savaient pas ce qui était bien ou mal, du moins Dieu les enseignait.
Parce que justement, ils n'avaient pas honte de leur nudité ou plutôt ne la voyaient pas ; à cause de leur yeux fermés. Comment peuvent-ils alors avoir du discernement ? Je me le demande.
Et c'est avec la désobéissance qu'ils ont connu le mal (car n'ayant pas péché avant). Donc ayant été conçus dans le bien et ayant gouté le mal, ils ont connu le bien et le mal, d'où le nom de l'arbre. Je le voyais à peu près comme ça. Peut-être aussi que l'arbre avait ce nom car le commandement concernait cette arbre-ci uniquement. Je n'en sais rien, je suppose.
Comment peuvent-ils avoir du discernement ? A cette question saint Jean Chrysostome répond comme ceci : « personne ne donne un commandement ni une loi définissant ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire à quelqu’un qui ignore le bien et le mal (Sur la Genèse 7, 4) !

Ou alors, souvenez-vous de la citation de saint Grégoire de Nysse sur un autre fil (que je récupère et augmente ici) :
Ainsi donc, si l’homme est appelé à la vie pour prendre part aux biens de Dieu, il faut que sa constitution le rende apte à cette participation… Il était nécessaire qu’une certaine affinité avec le divin soit mêlée à la nature humaine pour que cette correspondance la fasse tendre vers ce qui lui est apparenté. Même dans l’ordre naturel des êtres privés de raison, chaque animal a une organisation qui correspond à son mode de vie, si bien que, grâce à la conformation particulière de leur corps, ils trouvent l’élément approprié : pour l’un ce sera l’air, pour l’autre, l’eau. De même l’homme, créé pour jouir des avantages divins, devait avoir une affinité de nature avec l’objet auquel il participe. C’est pourquoi il a été doué de vie, de raison, de sagesse et de toutes les qualités vraiment dignes de la Divinité, afin que chacune d’elles lui fasse désirer ce qui lui est apparenté. Et puisque l’éternité est aussi l’un des avantages attachés à la nature divine, notre nature devait absolument n’en être pas privée, mais avoir en elle-même le principe de l’immortalité ; grâce à cette faculté innée, elle pourrait connaître ce qui lui est supérieur et elle garderait le désir de l’éternité divine.
C’est ce que montre le récit de la création du monde, en seul mot qui englobe tout, quand il dit "L’homme a été fait à l’image de Dieu. " (Gn 1, 26), car dans la ressemblance qui est celle de l’image, se retrouve l’ensemble des caractères de la Divinité.

saint Grégoire de Nysse, Catéchèse de la Foi, ch.3 (dans Grégoire de Nysse, Daniel Coffigny, p.51-52, Editions de l'Atelier).
L’homme, à la différence des autres créatures, est créé à l’image du Dieu et Seigneur parfait, donc capable de discernement ainsi qu’il en ressort de cette phrase : « C’est pourquoi il a été doué de vie, de raison, de sagesse et de toutes les qualités vraiment dignes de la Divinité, afin que chacune d’elles lui fasse désirer ce qui lui est apparenté. »

Avec humilité.

Re: L'arbre du bien et du mal.

Publié : dim. 20 févr. 2011 0:41
par Dorian
D'accord.

Re: L'arbre du bien et du mal.

Publié : lun. 21 févr. 2011 23:07
par J-Gabriel
Permettez-moi encore de poursuivre avec saint Jean Chrysostome qui s'évertue de répondre à cette question :
pourquoi l’arbre est-il nommé arbre de la connaissance du bien et du mal ?
5. Aujourd’hui il est nécessaire de dire pourquoi l’arbre est appelé arbre de la connaissance du bien et du mal, alors que l’homme n’a pas reçu de cet arbre sa connaissance ; car apprendre pourquoi l’arbre est ainsi dénommé n’est pas sans importance !
là il nous prévient qu’il ne faut pas se fier au témoignage du diable,
En effet, n’est-ce pas le diable qui a dit : « Le jour où vous mangerez du fruit de cet arbre, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 5). Comment donc, me dira-t-on, peux-tu prétendre, toi, que le diable n’a pas mis dans l’homme la connaissance du bien et du mal ? Car, dites-moi, qui l’a mise ? est-ce le diable ? certains l’affirment, en citant : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn. 3, 5). M’apporterez-vous un témoignage probant en faveur de l’ennemi et du félon ? Certes il a dit : « Et vous serez des dieux » ; mais sont-ils, pour cela, devenus des dieux ? De même donc qu’ils ne sont pas devenus des dieux, de même ils n’ont pas reçu à ce moment-là la connaissance du bien et du mal. Car celui-ci est un menteur qui ne dit rien de vrai. En effet « dans la vérité », dit-il, « il ne s’est pas maintenu » (Jn 8, 44).
mais qu’il nous faut plutôt interroger l’Ecriture pour définir le bien et le mal
6. Alors, ne produisons pas le témoignage de l’ennemi mais voyons à partir des événements eux-mêmes pourquoi l’arbre est appelé arbre de la connaissance du bien et du mal.
Et d’abord, si vous le voulez bien, examinons ce que sont le bien et le mal. Le bien, qu’est-ce donc ? l’obéissance. Et le mal ? la désobéissance. Cependant, afin de ne pas nous fourvoyer au sujet de la nature du bien et du mal, scrutons cette question dans les Ecritures. En effet, le prophète confirme notre hypothèse : « Qu’est-ce qui est le bien et qu’est-ce que le Seigneur réclame de toi ? Dis ce qu’est le bien : aimer le Seigneur ton Dieu » (cf. Mi 6, 8). Comprenez-vous que l’obéissance c’est le bien ? car l’obéissance vient de l’amour.
Et à nouveau : « Ce peuple, qui est mien », dit-il, « a commis deux actions mauvaises : ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, et ils ont creusé pour eux des citernes fendues qui ne pourront pas retenir l’eau » (Jr 2, 13). Comprenez-vous que la désobéissance et l’oubli, c’est cela le mal ?
…pour préciser la fonction tenue par l’arbre dans l’acquisition de la conscience morale
7. Maintenant donc tenons pour acquis que l’obéissance est le bien et la désobéissance le mal et ainsi nous saurons le reste aussi. Car c’est le commandement qui permet l’obéissance ou la désobéissance et fait de l’arbre un arbre de la connaissance du bien et du mal.
En effet, si Adam savait dès le début que l’obéissance est le bien et que la désobéissance est le mal, il l’apprit plus tard de façon plus claire par l’expérience même. Caïn aussi savait, avant d’égorger son frère, que le fratricide est un mal – écoutez en effet ce qu’il dit, parce qu’il savait que cette action était mauvaise : « Maintenant, allons aux champs » (Gn 4, 8). Et certes pourquoi appelles-tu ton frère, l’entraînant et l’arrachant à la maison paternelle ? Pourquoi vas-tu dans un lieu désert ? pourquoi le dépouilles-tu de tout secours ? pourquoi l’emmènes-tu loin de la présence paternelle ? pourquoi dissimules-tu ton audacieux forfait si tu n’as pas peu de ton péché ? et pourquoi, lorsqu’on t’interroge à ton tour, une fois le meurtre accompli, te fâches-tu et mens-tu ? En effet, alors que Dieu t’a dit : « Où est Abel ton frère ? » (Gn 4, 9) tu réponds : « Suis-je le gardien de mon frère, moi ? » (Gn 4, 9).
…pour montrer l’utilité du châtiment dans le développement de cette conscience morale
8. Il ressort de cela qu’il commit son crime en toute connaissance de cause. De même donc que Caïn savait, avant même d’en avoir fait l’expérience que le meurtre est un mal, il l’apprit aussi après, de façon plus claire, quand il reçut son châtiment et entendit : « Tu seras gémissant et tremblant de peur sur la terre » (Gn 4, 12) ; de même son père avait la connaissance du bien et du mal avant même d’avoir mangé de l’arbre, même s’il ne le savait pas encore de façon aussi claire qu’après en avoir mangé.

Pourquoi dis-je cela ? Parce que tous nous savons ce qui est mal avant même d’agir, mais que nous l’apprenons de façon plus claire quand nous agissons, et de façon encore plus claire quand nous sommes châtiés.

De même Caïn savait que le fratricide est un mal avant même de la commettre, mais il l’apprit plus tard de façon plus claire par le châtiment. Et, bien que nous sachions que la santé est un bien et que la maladie est insupportable avant d’en avoir fait l’expérience, combien plus faisons-nous la différence entre les deux quand nous tombons malades ! De la même façon Adam savait que l’obéissance est un bien et que la désobéissance est un mal ; mais plus tard il l’apprit de façon plus claire quand il fut chassé du paradis après avoir goûté de l’arbre, et banni de ce lieu de félicités.
Donc, parce qu’il fut frappé d’un châtiment pour avoir goûté du fruit de l’arbre malgré l’interdiction de Dieu, il apprit, de façon plus claire, par l’expérience du châtiment, quel mal c’est de désobéir à Dieu et quel bien c’est de lui obéir ; c’est pourquoi l’arbre est appelé arbre de la connaissance du bien et du mal.
…pour justifier l’explication donnée au surnom de l’arbre
9. Et si l’arbre n’avait pas, par sa nature même, la connaissance du bien et du mal, et si l’homme l’a acquise par le châtiment qu’il a reçu en désobéissant au sujet de l’arbre, pourquoi l’arbre est-il appelé arbre de la connaissance du bien et du mal ? Parce que c’est l’habitude de l’Ecriture d’appeler les lieux et les temps par les événements, qui les ont marqués.
Maintenant il nous donne des exemples pour éclairer et illustrer sa thèse
Isaac creusa un jour des puits ; ses voisins s’en emparèrent pour les boucher ; de là survint une certaine détestation et il appela le puits Haine (cf. Gn 26, 19-22) ; non pas que le puits lui-même éprouvait de la haine mais parce que la haine survint à son sujet. De même l’arbre est appelé arbre de la connaissance du bien et du mal, non pas qu’il ait lui-même la connaissance, mais parce que le moyen de mettre à l’épreuve la connaissance du bien et du mal survint à son sujet.
Abraham à son tour creusa un puits, et Abimélech complota contre lui ; ils se rencontrèrent, ils désamorcèrent la haine et après s’être fait l’un à l’autre des serments, ils appelèrent ce puits Puits du Serment (cf. Gn 21, 22-33) ; non pas que le puits ait juré mais parce qu’il fut l’objet d’un serment.
Voyez-vous comment les lieux ne sont pas les auteurs des événements, même si c’est des événements qu’ils reçoivent leurs noms ? Il est tout à fait nécessaire de fournir un exemple pour appuyer ma thèse.
Jacob, à son tour, vit des anges qui venaient à sa rencontre et il vit le campement de Dieu, aussi appela-t-il ce lieu Campement (cf. Gn 32, 2-3). Certes ce lieu n’était pas le campement, pourtant Jacob l’appela Campement parce qu’il vit là le campement. Comprenez-vous comment il a nommé ce lieu par l’événement qui s’était déroulé là ? De même l’arbre est appelé arbre de la connaissance du bien et du mal, non qu’il ait en lui-même la connaissance du bien et du mal, mais parce que c’est à son sujet que survint l’occasion de mettre à l’épreuve la connaissance du bien et du mal et d’exercer la désobéissance ou l’obéissance.
Extraits de l'homélie sur la Genèse 7(PG 54, 581-620), du livre que j'ai mentionné dans mon premier message, p.93-97, dont je me suis aussi servi des intertitres que j’ai légèrement modifiés pour rendre le message plus vivant et c'est moi-même qui mets en gras dans les citations.

PS: ça fait également suite au message de Sylvie publié en première page.

Re: L'arbre du bien et du mal.

Publié : mer. 23 févr. 2011 18:17
par Sylvie
Dorian a écrit :
J-Gabriel a écrit :Là encore une indication avec la dogmatique de saint Justin de Tchéliè dans laquelle il nous démontre avec saint Jean Chrysostome, que l’homme avant d’avoir goûté au fruit, était capable de discerner le bien du mal
J'avoue que je suis un peu surpris. Je croyais que, avant la désobéissance, Adam et sa femme ne savaient pas ce qui était bien ou mal, du moins Dieu les enseignait.
Parce que justement, ils n'avaient pas honte de leur nudité ou plutôt ne la voyaient pas ; à cause de leur yeux fermés. Comment peuvent-ils alors avoir du discernement ? Je me le demande.
Et c'est avec la désobéissance qu'ils ont connu le mal (car n'ayant pas péché avant). Donc ayant été conçus dans le bien et ayant gouté le mal, ils ont connu le bien et le mal, d'où le nom de l'arbre. Je le voyais à peu près comme ça. Peut-être aussi que l'arbre avait ce nom car le commandement concernait cette arbre-ci uniquement. Je n'en sais rien, je suppose.

Voici ce que Saint Jean-Chrysostome dit à propos de la nudité d'Adam et Ève.
Je met quelques phrases en gras dans le texte et des points (...) pour indiquer les coupures dans le texte.

Extrait de la SEIZIÈME HOMÉLIE. « Ils étaient nus et ils n'en rougissaient pas. (Gen, II, 25.) »
Seizième homélie
Et ils étaient tous deux nus, Adam et la femme, et ils n'en rougissaient pas. (Gen. II, 25.)
Considérez, je vous y invite, l'éminent bonheur de nos premiers parents. Combien ils étaient élevés au-dessus de toutes les créatures sensibles et grossières ! ils habitaient moins la terre que le ciel; et quoique revêtus d'un corps , ils n'en sentaient pas les infirmités, puisqu'ils n'avaient besoin ni de toit, ni d'habits, ni d'aucun autre secours extérieur. Or ce n'est point sans raison et sans motif que la sainte Écriture entre dans ce détail, et nous apprend que leur vie était exempte de douleur et de tristesse, et que leur état était presque celui des anges. Elle veut qu'en les voyant ensuite dépouillés de tous ces privilèges, et tombés d'une haute opulence dans une profonde misère, nous n'attribuions leur chute qu'à leur propre négligence. Au reste, il est important de faire attention à ce passage entier de la Genèse. Car Moïse a dit d'abord qu'Adam et Eve étaient nus, et qu'ils n'en rougissaient pas. Eh ! comment eussent-ils connu leur nudité, puisque la gloire céleste les parait comme d'un superbe vêtement ! Puis il ajoute que le serpent était le plus rusé de tous les animaux que (88) le Seigneur Dieu avait créés sur la terre, et le serpent dit à la femme: Pourquoi Dieu vous a-t-il dit: ne mangez pas du fruit de tous les arbres qui sont dans le paradis ?
...
Dieu avait dit : Ne mangez point de ce fruit, de peur que vous ne mouriez ; et le démon ose lui dire : Non, vous ne mourrez point. En outre , il ne lui suffit pas de contredire la parole divine, il accuse encore le Créateur d'agir par esprit de jalousie, et il conduit sa fourberie avec tant d'adresse qu'il séduit la femme et réa ses iniques projets. Non, vous ne mourrez point, dit-il, mais Dieu sait que le jour où vous aurez mangé de ce fruit, vos yeux s'ouvriront et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. (Gen. III, 5.)

C'est ainsi qu'Eve, rêvant déjà l'égalité avec Dieu, se hâta de cueillir le fruit défendu; ses yeux, son esprit et son coeur s'y arrêtèrent, fixement et elle ne songea qu'à épuiser la coupe empoisonnée que le démon lui avait préparée. Telles furent certainement ses dispositions depuis l'instant où elle écouta les pernicieux conseils du démon, et l'Écriture nous l'atteste. Car la femme, dit-elle, vit que le fruit était bon à manger, et beau à voir, et d'un aspect délectable; et elle en prit et en mangea.

4. Voyez-vous avec quel art le démon captiva la femme, et comment il troubla sa raison? Elle osa donc porter ses espérances au-dessus de sa condition, et l'orgueilleux espoir d'obtenir des biens imaginaires lui fit perdre ceux qu'elle possédait réellement. Ainsi, elle prit ce fruit et en mangea, et elle en donna à son mari, et ils en mangèrent, et leurs yeux furent
ouverts, et ils connurent qu'ils étaient nus.
...
5. La femme prit donc le fruit et en donna à son mari, et ils en mangèrent; et leurs yeux furent ouverts, et ils connurent qu'ils étaient nus. Ici se présente la question importante dont je vous parlais hier; car on peut demander avec raison quelle vertu avait cet arbre, dont le fruit ouvrait les yeux de ceux qui en mangeaient, et pourquoi il est appelé l'arbre de la science du bien et du mal. Attendez un peu, s'il vous plaît, et je satisferai votre juste curiosité. Et d'abord, observons qu'une étude droite et éclairée des saintes Ecritures en résout facilement les difficultés. Ainsi, ce n'est point précisément parce qu'Adam et Eve mangèrent de ce fruit que leurs yeux furent ouverts, puisque auparavant ils avaient l'usage de la vue; mais, parce que cet acte d'intempérance était en même temps un acte de désobéissance aux ordres du Seigneur, on lui attribue la privation de la gloire qui les entourait et dont ils s'étaient eux-mêmes rendus indignes.
C'est pourquoi l'Ecriture dit, selon son langage ordinaire, qu'ils en mangèrent, et que leurs yeux furent ouverts, et qu'ils connurent qu'ils étaient nus. Oui, le péché, en les dépouillant de la grâce céleste, leur donna le sentiment de leur nudité; en sorte que cette honte qui les saisit soudain leur fit voir dans quel abîme leur désobéissance les avait précipités. Avant cette désobéissance, ils vivaient dans une parfaite sécurité et ne se doutaient pas qu'ils étaient nus; du reste, ils ne l'étaient point, puisque la gloire céleste les couvrait bien mieux que tout vêtement. Mais, quand ils eurent mangé du fruit défendu et qu'ils eurent ainsi violé le précepte du Seigneur, ils furent réduits à une si profonde humiliation que le sentiment de la honte les porta à chercher un voile à leur nudité. C'est que la transgression du précepte divin les avait dépouillés de la gloire et de la grâce céleste qui les revêtaient comme d'un splendide vêtement; et, en leur faisant connaître leur nudité, elle les avait pénétrés d'un vif sentiment de honte.

Cette expression leurs yeux furent ouverts signifie que Dieu leur fit sentir la honte de leur nudité et la privation de la gloire dont ils jouissaient. Au reste, ce langage est ordinaire à l'Ecriture, comme lé prouve cet autre passage de la Genèse : Agar, esclave fugitive, errait dans le désert, et, ayant placé son enfant Sous un palmier, elle s'éloigna pour ne point le voir mourir. Alors, Dieu lui ouvrit les yeux. (Gen. XXI, 19.) Ce n'est pas (92) qu'elle ne vît auparavant, mais c'est que Dieu éclaira son intelligence; en sorte que ce mot ouvrit doit s'entendre plutôt de l'esprit que de l'organe de la vue.

Sylvie-Madeleine