Personnes n'ayant pas reçu l'évangile.

[Fredrick]

Bonjour,

Je voudrai savoir si vous connaissez l'avis des pères de l'église concernant le sort des gens n'ayant pas reçu l'évangile.
Et particulièrement les gens né avant le Christ, sont-ils sauvés ? Jugés ? Sur quels bases ?

Je me pose depuis longtemps cette question sans avoir trouvé de réponse précise.

Merci.

[Jean-Pierre]

C'est le Saint Evangile même qui nous donne la réponse : Lors de la Transfiguration, le Christ est entouré de Moïse et du prophète Elie.... Ils sont donc "sauvés" et dans le royaume des cieux ....

[Fredrick]

Et pour ce qui est des payens ? Les bouddhistes vivant dans l'Himalaya, les taoïstes chinois...

Peut être faut-il trouver la réponse dans l'épitre de Pierre ?

1 Pierre 4
5 Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.
6 Car l’Evangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit.

[monobiblos]

Bonjour,

Cette question n'est pas sans importance car elle a conduit bon nombre de personnes loin de l'Eglise. Je pense au lyonnais Aimé Pallière (1868-1949), catholique initialement destiné à la prêtrise qui finalement se "convertira" au judaïsme (je mets le verbe entre guillemets car aucun rabbin n'acceptera de le convertir, il finira par adopter le noachisme). Dans son autobiographie il explique qu'il ne pouvait comprendre comment Dieu Tout-Puissant avait pu habiter parmi nous, nous apporter la Bonne Nouvelle sans que certains peuples n'en ai la moindre connaissance.

Je vous propose ce texte du Père Justin Popovitch, ce passage qui clos le premier des cinq tomes de ce chef d'oeuvre qu'est la Philosophie Orthodoxe de la Vérité, que je suis en train de lire justement.
Editions l'age d'homme, traduction du regretté Jean-Louis Palierne.

51. Préparation des païens au Sauveur et au salut

DANS SA SOLLICITUDE PROVIDENTIELLE, LE SEIGNEUR AMI DES HOMMES a préparé par des méthodes particulières non seulement le peuple élu, mais les païens aussi à recevoir le Sauveur et le salut. Bien que Dieu, suivant les paroles du saint Apôtre, ait laissé durant les générations précédentes toutes les nations suivre leur voie (1) et qu'il ne leur ait pas donné une Révélation immédiate, il ne les a pas abandonnées pour autant complètement à leur péché, ni ne les a laissées sans témoignage (2), mais il les a préparées au Sauveur par ses bienfaits. Dans son amour providentiel, par le merveilleux ordre de la nature visible, il a instruits les païens de la véritable connaissance et du véritable culte de Dieu (3). Parallèlement à cela, ils ont eu dans leur âme, faite à l'image de Dieu bien qu'obscurcie par le péché, Dieu comme maître irréfutable, vérité divine et bien divin. Et en vérité ils ont été préparés au Sauveur et au salut par la loi morale que Dieu a écrite en leurs cœurs, et qui agit en leur conscience (4). Toute l'histoire des peuples anciens, conduite par la Providence divine (5), a préparé les peuples à la manifestation du Sauveur. La dispersion elle-même du peuple élu est venue aider à la préparation des païens à la venue du Messie, car ils avaient pu faire connaissance avec les saintes vérités de la Révélation depuis que la sainte Ecriture avait été traduite en grec. Le saint Evangile témoigne de ce qu'il y avait de désir de Dieu dans les âmes des païens, car le Seigneur Christ, durant sa vie sur terre, a rencontré chez les païens plus de foi touchante qu'il n'en avait rencontré chez les fils du peuple élu de Dieu. D'une façon générale, la Providence du Dieu ami de l'homme a agi dans les âmes de tous les hommes avec une indicible sagesse et miséricorde, et dans leur désir de Dieu, leurs âmes se sont, consciemment ou inconsciemment, volontairement élancées vers le Sauveur à venir ; et, à travers tous leurs espoirs et tous leurs soupirs, à travers leurs prières et leurs larmes, leurs souffrances et leurs malheurs, dans leur nuit elles se sont précipitées vers Lui - la seule Lumière de vie et de vérité dans les deux mondes.

(1). Actes 14, 16.

(2). Actes 14, 17.

(3). Rom. 1, 19-20.

(4). Rom. 2, 14-15.

(5). Dan. 2, 21 ; 4, 14 ; cf. bienhx Théodoret, De la providence Hom .. X

Bien amicalement,
Raphaël

[Fredrick]

Merci beaucoup Raphaël pour ce texte.
Amicalement.
Frédéric.

[Claude le Liseur]

Je voudrais apporter deux compléments aux messages précédents.

En premier lieu, en ce qui concerne des personnes ayant vécu avant l'Incarnation du Seigneur, nous savons que la tradition a considéré que non seulement les prophètes de l'Ancien Testament, mais aussi les philosophes grecs et latins, ont préparé le monde à recevoir la Lumière. A ce titre, les philosophes grecs et latins étaient fréquemment représentés sur les fresques des églises. Ce sujet a déjà été évoqué à plusieurs reprises sur le présent forum, notamment dans ce fil qui vous intéressera peut-être:

viewtopic.php?f=1&t=1397


Nous savons aussi que le Bouddha Gautama Sakyamuni a connu une canonisation indirecte sous le nom de saint Josaphat, prince de l'Inde.

En second lieu, monobiblos a évoqué Aimé Pallière, dont il faut peut-être rappeler au passage qu'il était un correspondant du Père Lev Gillet, qui écrivit en français des livres de spiritualité orthodoxe sous le pseudonyme de "Un moine de l'Eglise d'Orient". C'est anecdotique par rapport au sujet du fil, mais je pense que cela valait la peine d'être mentionné.

[Fredrick]

C'est vrai qu'il est possible de trouver dans la littérature non juive l'idée d'un Dieu transcendant, même s'ils ne l'appellent pas comme ça. Pour preuve le chapitre 25 du Tao Te King :

Il est un être confus qui existait avant le ciel et la terre.
Ô qu'il est calme ! Ô qu'il est immatériel !
Il subsiste seul et ne change point.
Il circule partout et ne périclite point.
Il peut être regardé comme la mère de l'univers.
Moi, je ne sais pas son nom.
Pour lui donner un titre, je l'appelle Voie (Tao).
En m'efforçant de lui faire un nom, je l'appelle grand.

[Raphael]

monobiblos a évoqué Aimé Pallière, dont il faut peut-être rappeler au passage qu'il était un correspondant du Père Lev Gillet, qui écrivit en français des livres de spiritualité orthodoxe sous le pseudonyme de "Un moine de l'Eglise d'Orient". C'est anecdotique par rapport au sujet du fil, mais je pense que cela valait la peine d'être mentionné.

En effet c'est très intéressant, je l'ignorais totalement. Moi qui avais tendance à penser que Mr Pallière aurait sûrement trouvé dans l'orthodoxie ce qui lui faisait défaut dans l'église catholique romaine, cette information vient nuancer cette idée...