Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

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Claude le Liseur
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Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Claude le Liseur »

Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Reprenons un extrait de cet article "encyclopédique" de Wikipédia qui nous apprend que les analyses ADN ne valent rien et que les romans sont des sources scientifiques. Article fort engagé dans le sens du marxisme-léninisme revu et corrigé à la sauce bobo. Voici un passage très intéressant sur la manière dont "l'encyclopédie" de référence sélectionne les faits pour désinformer; article que j'ai déjà cité dans le fil "Iverskaya Tchasovnya" du présent forum (ici: viewtopic.php?f=1&t=2086 ) et dont l'on pourra retrouver ici la source (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ex%C3%A9cu ... le_Romanov). Je reproduis le texte en entier, mais je ne vais pas m'attarder sur les contes de fées racontés au début du texte. Je vais me concentrer sur le dernier paragraphe, qui est censé fournir les preuves de ce qui précède, car c'est l'analyse de la méthode revendiquée dans ce paragraphe, qui permettra d'exposer le mécanisme de désinformation. En gros, la méthode de Wikipédia consiste à témoigner de la vérité du roman qui précède par une affirmation (elle-même accompagnée d'un ton polémique très explicite qui met en doute la prétendue neutralité de Wikipédia) que la "version officielle" du pouvoir soviétique l'emporte sur les preuves matérielles (ossements dont le pouvoir soviétique savait où ils se trouvaient depuis le départ, révélés au public en 1991, analysés et expertisés depuis). Et pourtant, je vais montrer de quelle manière c'est Wikipédia elle-même qui établit et décide de ce qui était la "version officielle" du pouvoir soviétique en éliminant les "versions officielles" dès qu'elles dérangent la position adoptée par Wikipédia. Qui se révèle, dans cet article, un site bien militant. L'analyse, ici, se concentrera exclusivement sur le paragraphe que j'ai mis en gras et agrandi, puisque c'est ce paragraphe qui est censé justifier les théories qui précèdent et montrer pourquoi Wikipédia (détenteur de la vérité) a raison contre le monde entier (qui, si je comprends le français rudimentaire utilisé par l'"encyclopédie", seraient tous amenés à croire que la famille impériale fut exécutée à cause des "vociférations" et des "fantasmes antisémites" des anticommunistes - le choix de mots comme "vociférations", je le souligne encore une fois, est révélateur du militantisme dont Wikipédia fait preuve ici).
Des informations biographiques complètes et cohérentes relatives à une survivance prolongée sont ainsi apparues pour trois des six parents de Nicolas II, morts de ce fait dans un lit. D'après ces nouveaux éléments grâce à Tchitchérine, sous un nom polonais, Maria fut évacuée en octobre 1918 vers l'Ukraine, (alors occupée par les Allemands) et épousa en Roumanie un prince ukrainien en janvier 1919, Nicolas Dolgorouki. Elle se fit désormais appeler comtesse Di Fonzo mais se fit enterrer début décembre 1970 avec une photo au nord de Rome sous le nom de SAI Maria Nikolaïevna Romanov Dolgorouki(1899-1970). Elle était alors mère de deux filles et grand-mère d'un garçon ; elle décéda à l'âge de 71 ans d'un cancer près d'un an après son mari (janvier 1970). La découverte de cette tombe par les autorités italiennes peu après la publication du livre de Summers et Mangold obligea plusieurs auteurs à développer la controverse et son petit-fils à se montrer en 1982. A la lecture de la liste composée par Romanov Impostors c'est seulement vingt-deux ans après, en 2004, qu'un autre personnage, un seul réclama également sa filiation avec une autre Maria Romanov. Marc Ferro et Michel Wartelle rencontrèrent ce petit-fils, Alexis Durazzo et après consultation attentive du dossier donnèrent foi à ses allégations. D'autant qu'une autre pierre tombale italienne, détruite en 1995, fut signalée par Alexis Durazzo à Michel Wartelle qui la photographia : elle se trouvait au nord de la péninsule au cimetière de Mennagio près du lac de Côme. Sur cette cette tombe, était écrite en allemand cette information : "En mémoire d'Olga Nikolaïevna 1895 1976, fille aînée du Tsar Nicolas II de Russie." Exfiltrée vers l'Allemagne à la fin de 1918, en direction inverse de Maria (vers Vladivostock) elle prit en 1919 le pseudonyme de Marga Boodts et hormis une courte période de mariage (1926-1928) elle resta célibataire, vécut dans les propriétés terriennes de Guillaume II (son parrain) au nord-est de l'Allemagne jusqu'en juin 1939. Sa vie y fut facilitée par une pension secrète de l'ex-Kaiser exilé aux Pays-Bas. Elle s'installa ensuite au nord de l'Italie à Mennagio jusqu'à sa mort le 13 octobre 1976 à 80 ans. Il faut préciser que contrairement à Tatiana, Anastasia, Alexis et un peu Maria ce fut la seule prétendante, au titre ducal d'Olga Romanov. Une une photographie éditée par Alexis Durazzo et Michel Wartelle puis mentionnée par Marc Ferro, nous montre Maria, son mari Nicolas et Olga ensemble en 1957 à l'hôtel du Cap d'Antibes sur la Côte d'Azur. Un déplacement des deux soeurs au Vatican sous le pontificat de Pie XII, d'abord sous la seconde guerre mondiale(la reine d'Italie est citée) puis en 1949, rapportée par un témoin,Soeur Pasqualina Lehnert permit à Olga de recevoir une nouvelle pension rendue doublement nécessaire par la mort de Guillaume II en 1941 et les redistributions systématiques de terre dans la nouvelle Allemagne de l'Est d'après-guerre. Après la mort de Pie XII, ce fut le grand duc Nicolas d'Oldenbourg, filleul allemand de Nicolas II qui prit le relais. Michel Wartelle a publié en annexe de son livre de nombreuses attestations notariées de témoins allemands qui assuraient dans les années 1940 et 1950 (dont un testament de Guillaume II en 1941) de la véritable identité aristocratique de Magda Boodts. Michel Wartelle a également numérisé sur Internet un album photographique de portraits séparés de Maria et d'Olga de 1919 à 1969 et de documents leur appartenant ainsi que la photo des obsèques d'Olga Romanov, le 17 octobre 1976 . Enfin l'Impératrice a vécu en Pologne dans un couvent de Lvov de la fin de 1918 à septembre 1939, mois de l'occupation de L'vov par les Soviétiques, puis dans le monastère florentin des Suori della Mantelate où elle décéda en 1942 à l'âge de 69 ou de 70 ans et y fut enterrée sous son nom de jeune fille : Alicia d'Acia. Il a existé deux témoins, l'un recueilli par Alexis Durazzo en dernière minute (octobre 1980) par Alexis Durazzo,et l'autre encore en vie en 2010 au couvent de Florence par Franck Ferrand pour son roman L'ombre des Romanov qui ont informé de sa survie en Pologne et en Italie, hautement protégée par les autorités pontificales. Il faut d'ailleurs préciser que jusqu'en septembre 1970 Maria résidait surtout en Belgique et que sentant la mort venir elle choisit de se faire opérer et enterrer dans le pays où mourut sa mère, et où vivait encore sa soeur Olga qui se déplaça à l'hôpital de Rome pour l'opération. Par ailleurs aucune prétendante ne se fit jamais passer pour cette impératrice.La connaissance plausible par l'Église russe du passage attesté de ces trois femmes Romanov au Vatican ou dans des monastères pontificaux, explique aux yeux de plusieurs chercheurs le refus du patriarche de Russie de se rendre aux cérémonies de juillet 1998, et de cautionner ainsi une mascarade.
Le cas d'une survie prolongée des trois autres est plus problématique, les sources parcellaires parfois contradictoires témoignant parfois d'une perplexité des auteurs.
Tatiana aurait vécu avec sa mère dans le même couvent qu'elle à L'vov ; mais aucun témoin direct extra-familial ne l'a confirmé ; elle et sa mère auraient reçu leurs deux soeurs en Podolie à noël 1937. Elle n'a pas été vue à Florence au côté de sa mère, ni au Vatican avec ses soeurs Olga et Maria. Et trois prétendantes clamèrent son identité.C'est peut-etre l'une d'entre elles qui a correspondu avec sa grand-mêre paternelle Maria Federovna (qui a toujours assuré d'avril 1919 à sa mort en 1928 la survie de sa famille). Du moins sait-on que la Tatiana invoquée par le livre d'Alexis Durazzo auquel a puisé Michel Wartelle n'a pas complètement disparu de la vie civile après 1918. Car dans l'immédiat après-guerre, vers 1951 sous le nom d'Alexandra Michaelis, elle a a été reconnue à la tête de camps de réfugiés en Allemagne ; » Ce n'est pas une des trois prétendantes signalées plus haut. Mais nous perdons toute trace d'elle après cette date et à ce jour, aucune photographie d'elle après 1918 ne nous est parvenue. Rien de sérieux ne permet de retenir l'hypothèse évoquée par Michel Wartelle puis par Franck Ferrand à partir d'un ouvrage britannique de mémoire tardif et isolé paru en 1989, d'une exfiltration anticipée de cette fille au début de juillet 1918 vers l'Angleterre ; laquelle l'aurait familiarisée avec les idées libérales que récusaient ses deux soeurs,l'une étant mariée à un prince ukrainien très proche d'Hitler et de Mussolini. Aucune pièce de l'intégrale du dossier Sohkholov ne fait état de l'absence d'une des filles Romanov dans la première quinzaine de juillet 1918, qui n'aurait pas manqué d'être remarquée. De surcroît, elle se trouvait bien à Perm dès le 20 juillet jusqu'au début octobre avec ses sœurs et sa mère.
L'ex-tsarévictch Alexis a peut-être survécu en URSS sous le nom de Alexandre Filatov jusqu'à l'âge de 84 ans comme l'affirmèrent nombre de savants soviétiques entre 1994 et 1998. Mais ils se situaient dans l'optique traditionnelle du massacre collectif à la maison d'Ipatiev auquel seul le benjamin hémophile aurait survécu avec peut-être Anastasia. Michel Wartelle récuse le collectif et assure à l'instar de Marnina Grey qu'il fut fusillé avec le tsar mais sans prétendre en apporter la preuve : le corps disparu aurait été envoyé au Danemark. Par ailleurs il y eut une dizaine de prétendants depuis 1919 à se réclamer de l'identité de "l'héritier". Certains lui ressemblaient beaucoup.
Reste Anastasia. Fut-elle Anna Anderson ? Et pourqui elle spécialement et pas les quatre autres Anastasia ? Elle se trouve de manière inattendue en partie réhabilitée. Michel Wartelle au sein de son album photo a introduit deux photographies d'Anna Anderson, dont il ne doute pas que cette femme décédée en février 1984 et enterrée en Allemagne et aux États-Unis sous le nom d'Anastasia de Russie fut une des trois survivantes. Dans son testament du 10 février 1970 Marie ne parle pas d'elle et ne paraît pas se souvenir qu'elle est passé d'après un témoignage formulé en 1984 auprès d'Alexis Durazzo qu'elle serait passée en Roumanie l'année de son mariage. En raison des nombreuse procédures qui ont repoussé ses prétentions,le cas Anna Anderson restera longtemps mystérieux. Mais les tribunaux agissaient à partir d'un dossier truqué où manquaient ds témoignages faisant état à Perm en septembre 1918 d'une tentative d'évasion de sa part : possible confusion entre cette tentative d'évasion et celle improbable d'Ekatérinbourg qui lui est attribuée. Mais Tatiana Botkine une amie d'enfance qui la défendit dans un livre publié en 1985, pour avoir continué à la voir en captivité en 1918, assure qu'elle a échappé au massacre de la villa d'Ipatiev. Mais on peut se demander aussi pourquoi postmortem elle cautionnerait une mythomane ou une intrigante. A ce stade on en est à une souhaitable révision du procès sur la base d'éléments manquants considérables. De son côté, le Prince Sigismund de Prusse (1896-1980), un cousin germain des enfants Romanov et neveu du Kaiser Guillaume II, s'est dit toujours convaincu dès la fin des années 1950 de la double identité d'Anna Anderson-Anastasia et de Marga Boodts-Olga. Un autre cousin germain allemand, Frederic de Saxe, défendait Annna Anderson et avait connaissance au moins en 1967 du secret de Maria Romanov-comtesse di Fonzo dont il l'aurait tenu informée jusqu'en 1969 de l'évolution des procès. Mais celle-ci n'en dit rien dans son testament et les documents exhumés par Alexis Durazzo sur la vie de sa probable grand-mère maternelle n'en font pas état. Mais Anthony Summers et Tom Mangold la rencontrèrent en 1974 et elle leur répondit "il n'y a jamais eu de massacre à Iékérinbourg mais je ne peux pas en dire plus."
A côté des derniers tests ADN, qui démontreraient le massacre, l'historien dispose d'une réalité matérielle contraire : cinq pierres tombales qui témoigneraient entre 1942 et 1984 de la survie de quatre membres de la famille. Nous avons ainsi Alicia de Hisse, Maria, Olga & Anastasia-Anna Anderson elle-même, qui fut incinérée et doublement enterrée sous le nom de jeune fille qu'elle a toute sa vie revendiquée, à Charlotsville et en Bavière.
Beaucoup de parties n'avaient aucun intérêt à admettre publiquement la version officielle soviétique (exprimée rappelons-le à quatre reprises en septembre 1918, décembre 1918, juillet 1920 et avril 1922 respectivement par Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev et à nouveau Tchitchérine ), d'une exécution solitaire du tsar : les alliés occidentaux pas très fiers de leur aide insuffisante envers le tsar pendant la première guerre mondiale, les Allemands négociant secrètement avec Lénine des libérations de prisonniers communistes allemands (comme Liebknecht, Jogisch) contre des spartakistes bolchéviques emprisonnés en Allemagne, les "Blancs" cherchant à obtenir de l'aide des puissances occidentales, à l'approche de l'armistice de novembre 1918, en criant à la barbarie des Bolcheviks (ces vociférations nourrissaient par ailleurs leurs fantasmes antisémites comme celui du "juif Jacob Iourovski"), les héritiers Romanov en Grande-Bretagne voulant à tort s'emparer des fonds présumés placés à l'étranger par le tsar ou, à défaut, de son héritier britannique légitime, Cyrille, acteur de la première révolution russe de février 1917. Peut-être ces doutes feraient-ils fantasmer des journalistes qui écriraient, d'après Hélène Carrère d'Encausse, des ouvrages dénués de sérieux . Pourtant, les pièces d'archives exhumées par Summers-Mangold, puis par Marina Grey et Marc Ferro, indiquent que dans les chancelleries et milieux politiques britanniques, français, allemands, américains, espagnols, vaticans, voire chez certains Blancs, on était sûr de la survie de la famille de Nicolas II au moins jusqu'au printemps 1919. Si les preuves sur la fortune de Nicolas II à l'étranger laissaient et laissent encore à désirer, incontestablement une difficulté intellectuelle, idéologique apparaissait et apparaît toujours en occident et chez les Grands-Russes Blancs dans d'éventuels commentaires sur l'exécution exclusive de Nicolas II annoncée par la future URSS : l'évaluation du règne d'un autocrate qui eut tant de partenaires, d'amis pendant vingt-cinq ans et dont le label de "Nicolas le Sanglant" dépassait largement le milieu bolchevik qui le fit exécuter ; car ce label contribua à sa chute en février 1917. La douteuse réhabilitation dont il a fait l'objet en Russie ne change rien à cette donnée historique.
On notera d'abord, de manière stupéfiante, que la "version officielle soviétique" puisse être considérée, par le Wikipédia francophone, comme une source supérieure aux preuves matérielles. J'espère, que, se conformant à d'autres "versions officielles soviétiques", Wikipédia nous apprendra bientôt que Katyn fut un crime allemand; que les pays baltes n'ont pas été envahis; que le Goulag n'a pas existé; qu'il n'y a pas eu de famine en Ukraine en 1933; que la révolution hongroise de 1956 était une manipulation fasciste; que la biologie lyssenkiste est scientifiquement valide, tandis que la génétique mendélienne est une imposture. Tout à fait dans le ton de cet article qui est un véritable appel à défendre Lénine et Staline contre les "vociférations" des anticommunistes.

Mais Wikipédia se doute bien qu'il ne suffit pas d'asséner pareil argument d'autorité pour convaincre le lecteur du mensonge qu'on va lui faire gober: il faut aussi mentir par omission.

Ainis, Wikipédia passe tout simplement sous silence le fait que la "version officielle soviétique" qu'il cite, selon laquelle seul le Tsar aurait été exécuté, et sa famille évacuée, fut utilisée à quelques reprises dans les premières années qui suivirent le drame de Catherinebourg, c'est-à-dire tant que les monarchistes russes émigrés purent représenter un danger pour les communistes, parce que la théorie de la survie de membres de la famille impériale empêchait les monarchistes de se rassembler autour d'un grand-duc en exil. Elle fut par la suite totalement abandonnée. A partir de 1925, la version officielle soviétique fut toujours l'exécution de la famille impériale en entier.
Ce que Wikipédia ne dit pas non plus, c'est que, dès la fin de l'année 1918, le pouvoir soviétique commença à faire circuler la version réelle des faits (le massacre de toute la famille impériale) concurremment avec la version si chère à Wikipédia de la survie de la famille ou de certains de ses membres.

Toutes ces opérations de désinformation ont été magistralement analysées par l'historien Nicolas Ross, in La mort du dernier tsar, L'Âge d'Homme, Lausanne 2001, qui les met à chaque fois en rapport avec l'évolution de la situation militaire et politique. Car le pouvoir soviétique savait très bien ce qu'il faisait. Hélas, sur "l'encyclopédie" Wikipédia, on lit les romanciers plutôt que les historiens. Ou on ne veut lire que les romanciers dont les thèses sont utiles aux objectifs politiques que l'on poursuit... la réhabilitation de Lénine, Sverdlov et Iourovski: quel combat de minables!

Alors, puisque, sur le présent forum, on fait profession de défendre la vérité, voici quelques informations auxquelles le lecteur de Wikipédia n'aura pas droit:

1) Tout occupé à nous vendre la véracité d'une des versions officielles soviétiques, Wikipédia ne nous dit pas que, pour préparer les esprits à une disparition de la famille du tsar qui ne serait pas accompagnée de l'annonce officielle de son exécution, Lénine avait déjà lancé un ballon d'essai en faisant croire, pendant une partie du mois de juin 1918, que le contact avait été perdu avec la famille impériale. Dans une interview du 18 juin 1918 au journal Nache Slovo, Lénine déclara que le gouvernement soviétique n'avait aucune nouvelle sur le sort de Nicolas II. Ce n'est que le 28 juin 1918 que le gouvernement soviétique confirma que la famille impériale était toujours en vie et en détention à Ekatérinbourg (Ross, op. cit., pp. 150 s.). Il se peut aussi que cette première désinformation soit liée à un premier projet, ensuite abandonné, de faire périr la famille impériale au cours d'une pseudo-tentative d'évasion ou d'un enlèvement par les Blancs, ainsi qu'on l'avait fait pour le grand-duc Michel, frère du tsar, et son secrétaire Nicolas Johnson, exécutés le 12 juin 1918. Appelons les "encyclopédistes" de Wikipédia à faire preuve d'un peu de cohérence: si, pour eux, toute "version officielle soviétique" est la vérité, alors ils doivent aussi faire figurer dans leur désencyclopédie que les communications entre Iekaterinburg et Moscou furent coupées du 18 au 28 juin 1918...

2) Alors que Tchitchérine, commissaire du peuple aux Affaires étrangères (une référence en matière de sincérité pour le Wikipédia francophone de 2011), continuait à faire croire à l'Allemagne et aux Etats monarchiques neutres qui se déclaraient prêts à accueillir l'impératrice Alexandra et ses enfants que le pouvoir soviétique gardait ceux-ci sous bonne garde, les services secrets britanniques (les meilleurs du monde à l'époque), informèrent dès le mois d'août 1918 le roi George V de l'exécution de tous les membres de la famille impériale (Ross, op. cit., p. 261). (Sur Wikipédia, on ne sait sans doute pas ce qu'est la roublardise diplomatique.) Cela n'empêche pas Wikipédia de nous asséner que les sources montrent que les autorités britanniques croyaient à la survie de la famille impériale jusqu'au printemps 1919... Il n'y a peut-être pas de principe de non-contradiction dans la vision wikipédienne du monde.

3) Les Blancs ayant ouvert une enquête confiée à des magistrats sérieux (Sergueïev et Sokolov), les Rouges montèrent une opération d'intoxication à propos d'une évacuation de l'impératrice et des grandes-duchesses vers Perm. Les "témoignages" recueillis sur cette piste ont depuis inlassablement été repris par les tenants de la survie, qui oublient soigneusement de préciser que le seul témoin sur lequel reposait cette piste, Natalia Moutnykh, était une militante communiste, soeur du secrétaire du soviet de l'Oural (donc soeur du secrétaire d'un des hommes chargés d'organiser le massacre d'Ekaterinburg), et que les enquêteurs blancs se rendirent eux-mêmes compte qu'elle les désinformait (Ross, op. cit., pp. 255-256). "Cette opération de manipulation, habilement conduite par la Tchéka, s'inscrivait parfaitement dans le cadre plus général d'une vaste opération de désinformation sur le sort de la famille du tsar, justifiée par les nécessités du moment en ces mois où tout pouvait encore basculer dans un sens ou dans l'autre pour le pouvoir soviétique." (Ross, op. cit., p. 257.) Et oui, rappelons qu'en septembre 1919, il y avait encore une armée blanche à 300 kilomètres de Moscou... Dommage qu'une prétendue encyclopédie neutre et scientique se fasse le relais de la Tchéka 93 ans plus tard. Alors que, déjà dans les années 1970, Alain Decaux, parfois crédule, mais toujours honnête, soulignait à quel point le montage était évident.

4) En février 1919, les Blancs venaient d'arrêter Pavel Medvedev, premier témoin direct de l'exécution de la famille impériale. Il devenait de plus en plus difficile aux Rouges de maintenir leur première version officielle (ils ne pouvaient bien sûr imaginer que, neuf décennies plus tard, leur version officielle de 1918 aurait encore les honneurs d'une "encyclopédie" francophone, la considérant supérieure aux preuves matérielles... et aux versions officielles soviétiques postérieures à 1918!). Un journal de Petrograd, Vse vperiot !, évoqua alors, pour la première fois dans la presse soviétique, la mort de "tous les membres de la famille de l'ex-tsar dans l'Oural". Je suppose que les gens qui croient aux articles de Wikipédia ne le savent pas, mais la liberté de la presse était très limitée en Union soviétique et de telles informations ne pouvaient être publiées sans l'accord du pouvoir... (Ross, op. cit., p. 261).

5) Les Blancs durent mettre fin à l'enquête sur place le 10 juillet 1919 et évacuer Ekaterinbourg le lendemain. Ils avaient néanmoins rassemblé suffisamment d'éléments pour pouvoir prouver la mort de la famille impériale (pour pouvoir le prouver, sauf visiblement pour Wikipédia, mais le ton léniniste enflammé de l'article laisse surtout deviner que les "encylopédistes" de Wikipédia savent très bien à quoi s'en tenir et qu'ils préfèrent faire semblant de ne pas avoir compris pour des raisons de propagande politique) et il devenait difficile pour les communistes de maintenir la première "version officielle soviétique", d'autant plus que le juge Sokolov poursuivit son enquête en continuant d'interroger des témoins au fur et à mesure de la dramatique retraite de l'Armée blanche. A ce moment-là, les bolcheviks inventèrent une nouvelle version officielle, qui dura peu de temps: tous les membres de la famille impériale détenus à la maison Ipatiev et leurs serviteurs (soit les 11 personnes effectivement exécutées dans la pièce du rez-de-chaussée de la maison Ipatiev; le mystère reste complet, ainsi que je l'ai déjà écrit, sur les 2 communistes qui auraient été fusillés pour avoir refusé de tirer sur les grandes-duchesses) avaient été assassinés par les socialistes-révolutionnaires de gauche (alliés des communistes, maintenant tombés en disgrâce). Le 17 septembre 1919, le Tribunal révolutionnaire de Perm (entre-temps reprise par l'Armée rouge) condamna à mort 5 socialistes-révolutionnaires, qui furent ensuite exécutés, pour l'assassinat de la famille impériale. "Une nouvelle version de la mort des Romanov était ainsi née en septembre 1919: la famille impériale était bien morte dans sa totalité, mais les bolcheviks n'étaient pas responsables de son assassinat. C'était leurs ennemis SR de gauche qui avaient fait le coup. Au cas où l'enquête du juge Sokolov (qui se poursuivait et dont on ignorait les conclusions à l'époque) aurait réussi à prouver la mort de toute la famille impériale, il valait sans doute mieux être pourvu de cette position de repli. En fait, cette nouvelle version ne fut pas nécessaire. Elle n'apparut jamais, à notre connaissance, dans les publications soviétiques ultérieures." (Ross, op. cit., p. 262.) Pourquoi l'article de Wikipédia ne mentionne-t-il pas ce procès de Perm? Pourquoi ne mentionne-t-il pas que, dès septembre 1919, la "version officielle soviétique" ( = la parole de l'évangile wikipédien) était la mort de toute la famille impériale et de Botkine, Trupp, Kharitonov et Demidova?

6) Le 5 novembre 1919, le Daily News de Chicago publie un télégramme de son correspondant en Russsie Isaac Don Levine à qui Mikhaïl Pokrovski, historien communiste et directeur des Archives centrales du Parti bolchevik, avait affirmé que l'ancien tsar, sa femme, ses quatre filles et son fils unique avaient été exécutés dans la nuit du 17 juillet 1918 et leurs corps brûlés. Il n'était plus question d'un coup des socialistes-révolutionnaires de gauche: en deux mois, la situation avait évolué en faveur de l'Armée rouge, et il devenait possible pour le pouvoir soviétique de revendiquer le coup.

7) A partir de 1922, les pays du bloc occidental commencèrent, les uns après les autres, à reconnaître l'Union soviétique. La France resta fidèle au souvenir de son alliance avec Alexandre III et Nicolas II jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Cartel des Gauches et ne reconnut l'Union soviétique qu'en 1924. Le pays le plus farouchement anticommuniste de toute l'Europe, à savoir la Suisse, résista jusqu'en 1946 avant de reconnaître l'Union soviétique, mais elle ne comptait pas. Les émigrés russes ne représentant dès lors plus qu'une menace marginale pour l'Union soviétique, le pouvoir communiste laissa tomber la version de la survie d'un ou plusieurs membres de la famille impériale qui auraient échappé au massacre de Catherinebourg. On notera d'ailleurs que l'on se demande bien pourquoi les communistes auraient épargné telle ou telle princesse ou le tsarévicth, alors qu'ils massacrèrent presque systématiquement les domestiques de la famille impériale (Trupp, Kharitonov et Demidova furent loin d'être des cas isolés). Il fallut attendre 1976 pour que Summers et Mangold fassent revivre le bobard de l'évacuation de l'impératrice vers Perm, et 2011 pour que Wikipédia nous gratifie d'un bobard encore plus grotesque sur la vie tranquille, bourgeoise et monastique, de l'impératrice et de ses filles dans la douceur italienne. Alors que même le bobard monté par la Tchéka en 1918 - l'emprisonnement à Perm de l'impératrice et des quatre princesses - ne tombait pas dans une eau de rose que les Blancs de 1918 - mieux placés que les courageux rédacteurs anonymes du Wikipédia francophone de 2011 pour connaître les moeurs des bolcheviks - n'auraient jamais avalée: le pseudo-témoignage de Natalia Moutnykh parlait de conditions de détention atroces, de la mort d'une grande-duchesse sous la torture, etc. L'exécution de la famille impériale devint un sujet peu évoqué en Union soviétique, mais pas caché non plus. La "version officielle soviétique" était bien celle de l'exécution du tsar, de la tsarine, du tsarévitch et des quatre grandes-duchesses, et elle fut répétée dans plusieurs publications officielles de l'époque soviétique - même si le sujet n'était pas de ceux qu'on évoquait tous les jours, et ce au fur et à mesure que l'eau coulait sous les ponts de Leningrad et de Moscou sans voir se lever les lendemains chantants inlassablement promis par le communisme; citons notamment:
- en 1921, Pavel Bykov (1888-1935), ancien président du soviet d'Ekatérinbourg, publie à Catherinebourg un livre sur la Révolution ouvrière dans l'Oural (Rabotchaïa revolioutsia na Ourale) dans lequel il décrit la mort de toute la famille impériale dans la maison Ipatiev et confirme que les autorités soviétiques ont ensuite délibérément diffusé de fausses informations (Ross, op. cit., pp. 95 et 299); peut-être que les "encyclopédistes" de Wikipédia ne savent pas qu'il n'y avait pas de liberté d'édition en Union soviétique et qu'ils n'ont jamais entendu parler des mots samizdat et tamizdat, de même qu'ils n'ont sans doute jamais entendu parler des dissidents soviétiques;
- en 1925, le journal Krasnaïa Gazeta de Leningrad publie un article signé Yourenev, qui confirme l'exécution de tous les membres de la famille impériale, et assume la responsabilité du pouvoir central;
- en 1926, à Sverdlovsk (nouveau nom de Catherinebourg), le même Pavel Bykov publie un livre Poslednie dni Romanovykh (Les derniers jours des Romanov), qui connaîtra une 2e édition à Moscou et Leningrad en 1930, livre qui développe son récit de 1921 mais en reprend la trame (mort de toute la famille impériale dans la maison Ipatiev et fausses informations délibérément diffusées par les autorités soviétiques);
- en 1927, on organise pour Maïakovski une visite au Vallon du Porcelet où les ossements des victimes de la maison Ipatiev allaient être "découverts" en 1979 (bien sûr, les "organes" ont toujours su où se trouvaient les ossements); Maïakovski en tire un poème intitulé L'Empereur;
- en 1978, pour le soixantième anniversaire des faits, publication du livre de Marc Kasvinov Dvadtsats tri stoupeni vniz (Vingt-trois marches vers le destin), qui raconte (un an après la destruction de la maison Ipatiev sur ordre du pouvoir soviétique, qui craignait qu'elle ne devînt un lieu de pèlerinage) la détention de la famille impériale dans la maison Ipatiev, l'exécution de tous les détenus et la destruction des corps;
- en 1989, deux ans avant la disparition de l'Union soviétique, mais alors que le climat s'était considérablement détendu, la revue Ogoniok publie la note rédigée en avril-mai 1922 par Yakov Yourovski (chargé par Lénine et Sverdlov de la liquidation des internés de la maison Ipatiev et objet d'une tentative de réhabilitation dans le français laborieux de l'article de Wikipédia cité ci-dessus) avec l'aide de l'historien communiste Mikhaïl Pokrovski, compte rendu de l'exécution et de la destruction des corps à l'intention de ses supérieurs (Ross, op. cit., pp. 96-97).

C'est ici le lieu de se poser des questions sur l'honnêteté intellectuelle de l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Si l'on suit bien l'article que j'ai cité ci-dessus, la position de départ du récit que Wikipédia fait de l'assassinat des Romanov est que l'impératrice et les quatre grandes-duchesses ont survécu parce que telle était la "version officielle" du pouvoir soviétique ("exprimée rappelons-le à quatre reprises en septembre 1918, décembre 1918, juillet 1920 et avril 1922 respectivement par Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev et à nouveau Tchitchérine", pour reprendre les termes wikipédiens). Très bien, mais alors pourquoi Wikipédia ne mentionne-t-elle pas à ses lecteurs que le pouvoir soviétique a aussi exprimé l'autre version officielle que tous les membres de la famille impériale avaient été tués, et je paraphraserai l'inimitable style wikipédien en disant que cette "version officielle"-là fut "exprimée rappelons-le à neuf reprises en février 1919, septembre 1919, novembre 1919, 1921, avril-mai 1922 (publié en 1989), 1925, 1926, 1930 et 1978 par le Vse vperiot! , le tribunal révolutionnaire de Perm, Michel Pokrovski - directeurs des archives du Parti bolchevik -, Pavel Bykov -ancien président du Soviet de Catherinebourg -, Jacques Yourovski - chargé de la liquidation de la famille impériale - , la Krasnaïa Gazeta et Marc Kasvinov). Cela dérange peut-être Wikipédia qu'en avril 1922, Tchitchérine "confirmait" la survie des filles du tsar tandis que Yourovksi rédigeait un rapport secret à ses supérieures sur les circonstances dans lesquelles il avait détruit, près de quatre ans plus tôt, les corps de ces mêmes princesses. Mais il faut être logique: si, pour Wikipédia, la "version officielle" soviétique l'emporte sur les preuves matérielles (analysées de 1991 à 2008) du meurtre de l'impératrice et de ses filles, si la "version officielle" soviétique est la parole de l'Evangile wikipédien ou la sourate du Coran wikipédien, alors il faut citer toutes les versions officielle soviétiques. Or, Wikipédia ne cite que celles qui correspondent à sa thèse. Ainsi, le lecteur de Wikipédia ne saura pas qu'un tribunal soviétique fit très officiellement fusiller en septembre 1919 cinq malheureux socialistes-révolutionnaires de gauche pour l'assassinat de tous les membres de la famille impériale. Autrement dit, c'est la "version officielle wikipédienne" qui détermine quand la "version officielle soviétique" doit être retenue pour vraie, et quand elle doit être non combattue, mais carrément passée sous silence. Cela m'entraîne dans un abîme de réflexion quant aux méthodes de travail, à la neutralité et à la scientificité de cette encyclopédie.

Il est vrai aussi que l'article que j'ai cité pèche parce que l'auteur tente le grand écart: il lui faut réhabiliter Lénine, Sverdlov et les bolcheviks contre les "vociférations" des méchants anticommunistes, mais en même temps il doit le faire à l'usage d'un public francophone contemporain qui n'aime pas beaucoup que l'on tue un garçon de 14 ans au nom de l'idéologie. Il est donc dommage que l'auteur de l'article de Wikipédia n'aille pas jusqu'au bout de son engagement politique et qu'il ne se comporte pas comme l'auraient fait ses "grands ancêtres" bolcheviks. Eux ont revendiqué l'assassinat de toute la famille impériale, parce que, dans leur idéologie, les Romanov devaient être tués parce qu'ils étaient les Romanov, de même que les prêtres, les marchands ou les paysans propriétaires devaient être tués parce qu'ils étaient prêtres, marchands ou paysans propriétaires - tués pour ce qu'ils étaient, et non pour ce qu'ils faisaient ou avaient fait. C'est aussi simple que cela et c'est de la bonne logique marxiste-léniniste. A lire le ton haineux de l'article de Wikipédia, on a l'impression que l'"encyclopédiste anonyme" voudrait bien infliger le même sort aux anticommunistes dont les "vociférations" contre le merveilleux régime soviétique l'indisposent. Mais, comme il sait qu'il s'adresse à un public qui compte sans doute plus d'admirateurs de l'abbé Pierre que de Beria, il se voit contraint de nous infliger cette fable d'un régime bolchevik qui ne fait pas tuer les princesses. Sur Wikipédia, on oscille entre Lénine et la guimauve.

Mais dans tous les cas, on désinforme sec. A moins que l'on me démontre que le fait de proclamer que la "vérité officielle" soviétique l'emporte sur les preuves matérielles, puis de sélectionner la "vérité officielle" soviétique en fonction de ses propres thèses et de la cacher lorsqu'elle n'est pas en conformité, ne relève pas de la désinformation.

Il y a toutefois quelque chose qui m'écoeure: quand on connaît la facilité avec laquelle les bolcheviks ont fusillé pendant ces années-là, et les années suivantes, on ne peut que ressentir un malaise à voir l'acharnement avec lequel Wikipédia voudrait nous faire croire que les bolcheviks n'étaient violents que dans les "vociférations" de leurs adversaires et nous les présente incapables de tuer une femme. Voilà une "encyclopédie" qui aime à cracher sur les tombes.
J-Gabriel
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par J-Gabriel »

En ce qui concerne l’engagement politique de Wikipédia, je profite de cette rubrique pour signaler encore une autre de ces désinformations.
Dans l’article sur la Guerre de Croatie de cette encyclopédie en ligne on y peut lire la phrase suivante :
Le nationalisme de Tudjman, supprime l'étoile rouge du drapeau croate et adopte le traditionnel drapeau à damier, qui, selon les Serbes, renvoie aux Oustachis pro-nazis de la Seconde guerre mondiale (en réalité, le damier croate existe depuis le Moyen Âge et était le symbole de la république socialiste de Croatie).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Croatie

Mais dans les faits ça ne s’est pas déroulé ainsi. Les Serbes, pour ne prendre qu’eux, ne se sont jamais opposées au damier croate. Les Croates en juillet 1990 présentèrent un nouveau drapeau avec l’ordre des couleurs du damier inversé, c’est-à-dire du rouge-blanc il est passé au blanc-rouge. C’est un détail, mais ce détail était non sans rappeler le damier des Oustachis de la seconde guerre mondiale, et c’est à ce douloureux souvenir que les Serbes s’opposaient.

Voici les armoiries de la République socialiste de Croatie sous la Yougoslavie :
Image

Le drapeau présenté en juillet 1990 :
Image

Puis en décembre 1990 sous la pression, ou plutôt la raison :
Image

L’actuel :
Image

Celui des Oustachis :
Image


Jeudi le 25 août 2011: après vérification j’ai corrigé le lien dans la citation, car le premier menait à une mauvaise place.
Dernière modification par J-Gabriel le jeu. 25 août 2011 9:56, modifié 2 fois.
Claude le Liseur
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Claude le Liseur »

J-Gabriel a écrit :En ce qui concerne l’engagement politique de Wikipédia, je profite de cette rubrique pour signaler encore une autre de ces désinformations.
Dans l’article sur la Guerre de Croatie de cette encyclopédie en ligne on y peut lire la phrase suivante :
Le nationalisme de Tudjman, supprime l'étoile rouge du drapeau croate et adopte le traditionnel drapeau à damier, qui, selon les Serbes, renvoie aux Oustachis pro-nazis de la Seconde guerre mondiale (en réalité, le damier croate existe depuis le Moyen Âge et était le symbole de la république socialiste de Croatie).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_en_ ... 1991-1995)

Mais dans les faits ça ne s’est pas déroulé ainsi. Les Serbes, pour ne prendre qu’eux, ne se sont jamais opposées au damier croate. Les Croates en juillet 1990 présentèrent un nouveau drapeau avec l’ordre des couleurs du damier inversé, c’est-à-dire du rouge-blanc il est passé au blanc-rouge. C’est un détail, mais ce détail était non sans rappeler le damier des Oustachis de la seconde guerre mondiale, et c’est à ce douloureux souvenir que les Serbes s’opposaient.

Voici les armoiries de la République socialiste de Croatie sous la Yougoslavie :
Image

Le drapeau présenté en juillet 1990 :
Image

Puis en décembre 1990 sous la pression, ou plutôt la raison :
Image

L’actuel :
Image

Celui des Oustachis :
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Merci beaucoup. Je ne connaissais pas l'inversion du damier. Et voici encore Wikipédia pris la main dans le sac. On notera que la volonté de désinformer de Wikipédia va jusqu'à l'absurde: si le damier proposé par Tudjman avait déjà figuré sur les armoiries de la République socialiste de Croatie, pourquoi les Serbes s'y seraient-ils tout à coup opposés ? A mettre dans le même sac que le français pour le moins hésitant de l'article niant l'exécution des Romanov: les engagements politiques de Wikipédia vont jusqu'à faire fi de toute logique, y compris les structures mêmes de la langue qui sont aussi une forme de logique.
Claude le Liseur
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Claude le Liseur »

Revenons au fameux article de Wikipédia destiné à faire croire que l'Eglise orthodoxe a canonisé des "non-morts" en canonisant les victimes de la maison Ipatiev, article qui, au passage, nous apprend que les analyses ADN ne valent rien et que les romans sont des sources scientifiques et que j'ai déjà cité dans le fil "Iverskaya Tchasovnya" du présent forum (ici: viewtopic.php?f=1&t=2086 ) et dont l'on pourra retrouver ici la source (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ex%C3%A9cu ... le_Romanov). Je ne vais reproduire ici qu'un passage très révélateur du fonctionnement du Wikipédia francophone.
A la lecture de la liste composée par Romanov Impostors c'est seulement vingt-deux ans après, en 2004, qu'un autre personnage, un seul réclama également sa filiation avec une autre Maria Romanov. Marc Ferro et Michel Wartelle rencontrèrent ce petit-fils, Alexis Durazzo et après consultation attentive du dossier donnèrent foi à ses allégations. D'autant qu'une autre pierre tombale italienne, détruite en 1995, fut signalée par Alexis Durazzo à Michel Wartelle qui la photographia : elle se trouvait au nord de la péninsule au cimetière de Mennagio près du lac de Côme. Sur cette cette tombe, était écrite en allemand cette information : "En mémoire d'Olga Nikolaïevna 1895 1976, fille aînée du Tsar Nicolas II de Russie." Exfiltrée vers l'Allemagne à la fin de 1918, en direction inverse de Maria (vers Vladivostock) elle prit en 1919 le pseudonyme de Marga Boodts et hormis une courte période de mariage (1926-1928) elle resta célibataire, vécut dans les propriétés terriennes de Guillaume II (son parrain) au nord-est de l'Allemagne jusqu'en juin 1939. Sa vie y fut facilitée par une pension secrète de l'ex-Kaiser exilé aux Pays-Bas. Elle s'installa ensuite au nord de l'Italie à Mennagio jusqu'à sa mort le 13 octobre 1976 à 80 ans. Il faut préciser que contrairement à Tatiana, Anastasia, Alexis et un peu Maria ce fut la seule prétendante, au titre ducal d'Olga Romanov. Une une photographie éditée par Alexis Durazzo et Michel Wartelle puis mentionnée par Marc Ferro, nous montre Maria, son mari Nicolas et Olga ensemble en 1957 à l'hôtel du Cap d'Antibes sur la Côte d'Azur. Un déplacement des deux soeurs au Vatican sous le pontificat de Pie XII, d'abord sous la seconde guerre mondiale(la reine d'Italie est citée) puis en 1949, rapportée par un témoin,Soeur Pasqualina Lehnert permit à Olga de recevoir une nouvelle pension rendue doublement nécessaire par la mort de Guillaume II en 1941 et les redistributions systématiques de terre dans la nouvelle Allemagne de l'Est d'après-guerre. Après la mort de Pie XII, ce fut le grand duc Nicolas d'Oldenbourg, filleul allemand de Nicolas II qui prit le relais. Michel Wartelle a publié en annexe de son livre de nombreuses attestations notariées de témoins allemands qui assuraient dans les années 1940 et 1950 (dont un testament de Guillaume II en 1941) de la véritable identité aristocratique de Magda Boodts. Michel Wartelle a également numérisé sur Internet un album photographique de portraits séparés de Maria et d'Olga de 1919 à 1969 et de documents leur appartenant ainsi que la photo des obsèques d'Olga Romanov, le 17 octobre 1976 . Enfin l'Impératrice a vécu en Pologne dans un couvent de Lvov de la fin de 1918 à septembre 1939, mois de l'occupation de L'vov par les Soviétiques, puis dans le monastère florentin des Suori della Mantelate où elle décéda en 1942 à l'âge de 69 ou de 70 ans et y fut enterrée sous son nom de jeune fille : Alicia d'Acia. Il a existé deux témoins, l'un recueilli par Alexis Durazzo en dernière minute (octobre 1980) par Alexis Durazzo,et l'autre encore en vie en 2010 au couvent de Florence par Franck Ferrand pour son roman L'ombre des Romanov qui ont informé de sa survie en Pologne et en Italie, hautement protégée par les autorités pontificales. Il faut d'ailleurs préciser que jusqu'en septembre 1970 Maria résidait surtout en Belgique et que sentant la mort venir elle choisit de se faire opérer et enterrer dans le pays où mourut sa mère, et où vivait encore sa soeur Olga qui se déplaça à l'hôpital de Rome pour l'opération. Par ailleurs aucune prétendante ne se fit jamais passer pour cette impératrice.La connaissance plausible par l'Église russe du passage attesté de ces trois femmes Romanov au Vatican ou dans des monastères pontificaux, explique aux yeux de plusieurs chercheurs le refus du patriarche de Russie de se rendre aux cérémonies de juillet 1998, et de cautionner ainsi une mascarade.
Le cas d'une survie prolongée des trois autres est plus problématique, les sources parcellaires parfois contradictoires témoignant parfois d'une perplexité des auteurs.
Ce qui est intéressant, c'est que lorsque le Wikipédia francophone désinforme, il n'est même pas capable de le faire en coordination avec le Wikipédia anglophone.
Ainsi, dans le passage que j'ai cité sur la survie des femmes de la famille impériale qui auraient tranquillement poursuvi leur existence sous la protection du Vatican tout en ne négligeant pas de fréquenter les hôtels de la Côte d'Azur, la principale source est le témoignage d'un certain Alexis Durazzo, dont le nom apparaît cinq fois dans le fragment de l'"encylopédie" en ligne que j'ai cité ci-dessus. Miraculeux Alexis Durazzo que Marc Ferro et Michel Wartelle, selon Wikipédia, reconnaissent comme le descendant de la grande-duchesse Marie (Alleluia! Alleluia! Alleluia! Marc Ferro et Michel Wartelle l'ont-ils aussi couronné? Wikipédia ne le dit pas). Miraculeux Alexis Durazzo qui produit des photos prises en 1957 à Antibes de deux grandes-duchesses que le monde entier croyait mortes en 1918 à Catherinebourg. Miraculeux Alexis Durazzo qui retrouve en "dernière minute" un témoin de la survivance de l'impératrice Alexandra.
Le seul problème, et que le Wikipédia francophone passe sous silence, c'est qu'Alexis Durazzo, reconnu, selon Wikipédia, par Marc Ferro et Michel Wartelle, comme descendant de la grande-duchesse Marie, fille du tsar assassiné, était un citoyen belge du nom d'Alexis Brimeyer et que son histoire est connu de tous ceux qui s'intéressent aux mystificateurs du XXe siècle. Dommage que Marc Ferro et Michel Wartelle n'aient pas été au courant. Dommage que le Wikipédia francophone ne soit pas au courant.

Mais dommage aussi que le Wikipédia francophone, s'agissant d'Alexis Brimeyer alias Alexis d'Anjou alias Alexis Durazzo alias tout autre nom capable de faire rêver les wikipédiens francophones, ne contient aucun lien vers le Wikipédia anglophone, qui, lui, a moins de scrupules à expliquer que le prétendu descendant de Nicolas II de Russie était le citoyen belge Alexis Brimeyer (ici:
http://en.wikipedia.org/wiki/Alexis_Brimeyer ).

Je ne résiste pas au plaisir de citer in extenso l'article du Wikipédia anglophone, quitte à le traduire à la demande s'il y a des personnes intéressées:

Alexis BrimeyerFrom Wikipedia, the free encyclopedia
Jump to: navigation, search
Alexis Brimeyer
Born 4 May 1946(1946-05-04)
Bukavu, Democratic Republic of the Congo
Died 1995 (aged 49)
Parents Victor Brimeyer
Beatrice Czapska
Alexis Ceslaw Maurice Jean Brimeyer (1946–1995) was a false pretender who claimed connection to various European thrones. He used fraudulent combined titles like Prince d'Anjou Durazzo Durassow Romanoff Dolgorouki de Bourbon-Conde. He also sold false titles of nobility through "orders" he and his associates had created.

Contents [hide]
1 Biography
1.1 Early life
1.2 Noble Pretender
1.3 Khevenhüller Trial
1.4 "I, Alexis, Great Grandson of the Tsar"
1.5 Ties to the House of Condé
1.6 Ties to Russia
1.7 Serbian Throne
1.8 Death
2 See also
3 References

[edit] Biography[edit] Early lifeBrimeyer was born on May 4, 1946, in Costermansville (now present day Bukavu, Democratic Republic of the Congo).[1] His Belgian mother Beatrice, daughter of Ceclava Czapska, divorced his father, Victor Brimeyer, two months after his birth. She later remarried September 13, 1950 in England to Ferdinand Joseph Oscar Fabry.[2]

[edit] Noble PretenderBrimeyer's first attempt to ennoble himself came when he named himself, Brimeyer de la Calchuyére, in the 1950s when he was about ten years old. This came to nothing. In 1955, he took a name, His Serene Highness Prince Khevenhuller-Abensberg, but the real Princess Khevenhuller threatened to sue him.[3] He backpedaled and apologized. Brimeyer also wrote to a number of aristocrats to convince them to adopt him. In 1969, he received a passport of the Principality of Sealand with the name His Highness Prince Alexis Romanov Dolgorouki.[4]When he contacted a Brussels Orthodox priest, Jean Maljinowski, to be baptized, the priest was suspicious since the supposed prince didn't speak a word of Russian.

He commissioned two death certificates to be published in Le Soir.[5] Through them, he claimed that Nikolai Dolgorouki, his supposed father, had used a pseudonym of Nicholas di Fonzo to escape the October Revolution and lived under the name. In actuality, the Bolsheviks executed the real Nikolai Dolgorouki after the Revolution.

[edit] Khevenhüller TrialPrincess Khevenhüller-Abensberg, Maria Dolgoroukov and Prince Alexander Pavlovich Dolgorouki sued Brimeyer. They charged that Brimeyer was using their noble titles with malicious intent. The prosecutor presented a large number of fraudulent documents, including letters where Emperor Charles V supposedly ennobles Brimeyer. The court noted that his claim of marriage between his "grandfather", Prince Dolgorouki, and his "grandmother", supposedly survived Maria Nikolaevna, was false. On November 24, 1971, Brimeyer was sentenced to jail for 18 months but had fled to Greece from where he sent a letter to the prosecutor. In it he claimed descent from such luminaries as Emperors of Byzantium.

In Greece Brimeyer presented himself in the police station, and said that his passport had been stolen. He requested temporary documents. He registered then himself as Alexis Romanov Dolgorouki and for the next ten years he used those documents to "prove" his status.

[edit] "I, Alexis, Great Grandson of the Tsar"In 1979 Brimeyer was living in Spain and contacted the cadet line of the Anjou Durasso's. He convinced some of them to give their support and recognize him as the head of the royal house of Anjou-Durazzo. 1982 he published a book "I, Alexis, Great Grandson of the Tsar" by "H.R.H. Prince Alexis d'Anjou Romanov-Dolgorouki, Duke of Durazzo".[6] The book included a "will" where Vassili d'Anjou Durassow supposedly recognized him as his only son. Thus he claimed connection to the house of Anjou and the throne of Naples.

Brimeyer claimed Victor Brimeyer was not his father. He claimed that after his mother divorced Brimeyer she married Vassili d'Anjou Durassow on April 15, 1947 and that he was born exactly two years after his real birth date. Note that Durassow never actually married and was homosexual. This supposed marriage was then annulled and she married Prince Igor Dolgorouki on September 6, 1946. Note that she married Farby two years later. Brimeyer claimed that the couple had been elected as royal rulers of Ukraine and had resigned 1939.

[edit] Ties to the House of CondéIn August 1984 Brimeyer's mother, who now styled herself as "Princess Olga Beatrice Nikolaevna Romanovskaia Dolgoroukaia, Princess of the Ukraine, Countess di Fonzo", married Alfonso Yorba (also known as the Major General Bruce-Alfonso de Bourbon, Prince of Condé, or more simply, Bruce Conde). After the wedding, the supposed prince adopted Brimeyer. This gave Brimeyer an excuse to add the title Bourbon-Condé, and a supposed link to throne of Navarre.

[edit] Ties to RussiaNext, Brimeyer began to claim that his father was the son of Prince Dolgorouki. He again claimed that Prince Dolgorouki had married the supposedly escaped Grand Duchess Maria Nikolaevna of Russia,[7] and that his mother was their only daughter. Brimeyer claimed that his alleged grandfather had been elected Volodar of Ukraine and somehow convinced a few orthodox priests that he was the heir to a throne that doesn't actually exist. Through the Grand Duchess, Brimeyer claimed a connection to the Romanovs and the Russian throne.

[edit] Serbian ThroneBrimeyer sent numerous letters to King Juan Carlos of Spain and demanded his recognition. At some point, Brimeyer married and had a son. He also managed to convince the British College of Arms to include himself in documents. Lord Mountbatten of Burma wrote to him on January 3, 1977, and recognized him as Prince Dolgorouky.

In 1992, two Greater Serbian nationalist, including Vojislav Šešelj, visited Brimeyer in Spain. Supposedly they offered him the throne of Serbia. He told journalists that he had been in touch with Slobodan Milošević, who was supposedly in favor of restoring the Serbian monarchy. Then he used the title, "Prince Alexis II Nemanitch Romanov Dolgorouki", Grand Master of the (fraudulent) Order of Saint John of Jerusalem. He had convinced his Serbian nationalist supporters that he was descended, in a very convoluted manner, from Hrebeljanovic Nemanitch.

Brimeyer claimed to have accepted the throne of Serbia. There appeared to be at least some support for him.[8] The European Monarchist Association published a communiqué, where it stated Brimeyer's real identity.[9] The scheme then appears to have collapsed.

[edit] DeathAlexis Brimeyer died of AIDS in Madrid in March 1995.[10] Some of his supporters continued to run his affairs for some time afterwards.
Evidemment, comme le Wikipédia francophone ne contient aucun lien vers cette page du Wikipédia anglophone, le Wikipédia francophone pourra utiliser Alexis Brimeyer alias Alexis d'Anjou-Durazzo alias Alexis Durazzo alias Alexis II Nemanovitch Dologorouki Romanov quand il s'agira aussi de publier des articles qui récriront l'histoire du royaume de Naples ou celle de la Serbie d'une manière aussi "décapante" que fut récrite l'histoire de la fin des Romanov. Qui sait, peut-être que Marc Ferro et Michel Wartelle pourront aussi reconnaître l'authenticité des droits de feu Alexis Brimeyer au trône de Serbie et au trône de Navarre?
En tout cas, c'est marrant, la manière dont Wikipédia écrit l'histoire.

Mais dommage que le Wikipédia francophone ne soit même pas capable de se coordonner avec sa contrepartie anglophone pour que celle-ci soit débarrassée de ces références gênantes au vrai nom d'Alexis Durazzo, le témoin providentiel qui permet au Wikipédia francophone de transformer les léninistes en doux agneaux incapables de tuer des femmes.
Olivier
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Olivier »

C'est comme la biographie d'Alphonse XIII d'Espagne, on le présente plus comme héritier de la couronne de France que comme roi d'Espagne.
Claude le Liseur
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Claude le Liseur »

Ce qui est significatif, c'est que si vous allez maintenant sur la page de Wikipédia que j'incriminais à propos des bobards qui y étaient publiés sur la fin des Romanov, tout le passage suivant a disparu:
Si les preuves sur la fortune de Nicolas II à l'étranger laissaient et laissent encore à désirer, incontestablement une difficulté intellectuelle, idéologique apparaissait et apparaît toujours en occident et chez les Grands-Russes Blancs dans d'éventuels commentaires sur l'exécution exclusive de Nicolas II annoncée par la future URSS : l'évaluation du règne d'un autocrate qui eut tant de partenaires, d'amis pendant vingt-cinq ans et dont le label de "Nicolas le Sanglant" dépassait largement le milieu bolchevik qui le fit exécuter ; car ce label contribua à sa chute en février 1917. La douteuse réhabilitation dont il a fait l'objet en Russie ne change rien à cette donnée historique.
C'est-à-dire le passage où l'idéologie de "l'encyclopédie" était trop évidente et où l'on comprenait que ce n'était pas sans but précis que Wikipédia avait publié ces fantasmagoriques histoires sur les Romanov. La suppression du passage où transparaît l'orientation politique de la notice permet de rétablir une fausse image d'objectivité, alors que le mensonge de la survie des Romanov continue à être asséné au lecteur qui ferait encore confiance à Wikipédia. La désinformation est donc encore renforcée, ce qui prouve bien que rien de tout cela n'est innocent.
Jean Malliarakis
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Jean Malliarakis »

Évidemment Wiki désinforme, et ceci pour des raisons assez faciles à expliquer. Il faut lire ce sujet l'article de Pierre Assouline "Wikipédia, l'erreur à haut débit" [in L'Histoire n° 318 - 03/2007].
La vraie question est : comment mettre en garde ? et aussi: comment répondre ? sans passer pour des grincheux.
Certes ponctuellement on arrive à corriger certaines erreurs grossières et l'exemple cité le prouve. L'article évolue ainsi au fil des jours. Mais justement c'est cette illusion du "débat" qui piège tous les participants à cette espèce machine infernale, au moins en France, qui répond à la définition même de la désinformation. Aux endroits-clefs, sur les questions les plus sensibles, pas de vrai débat. On reste entre "laïcs", etc.
Si vous n'êtes pas d'accord, vous êtes un réactionnaire, un lecteur de Dostoïevski, qui sait ? un orthodoxe.
Bienvenue au club.
Odysseus
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Odysseus »

Allons, un peu de sérieux ....
la désinformation est inhérente à l'activité humaine. Tout le monde désinforme.
Et l'Histoire n'est jamais qu'un mensonge que tout le monde croie. (Napoléon)
C'est pour cela qu'il y a des historiens. Tous ne sont pas aussi sérieux qu'on le dit.
Beaucoup abonde dans le sens du poil, du vent et du conformisme...

J'ajoute qu'internet n'est jamais qu'une machine à désinformer...

a+

Odysseus
Jean Malliarakis
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Jean Malliarakis »

@odysseus
Nous disons au fond exactement la même chose.
Convenons quand même que "internet" ne représente, en soi, qu'un assemblage technique.
Ce n'est pas la langue qui ment, c'est le cerveau du locuteur.

Aujourd'hui, en décembre 2011, la plupart des gens identifient "internet" à un moyen de rechercher la vérité essentiellement via Google et Wikipedia.
L'importance de Wikipedia est que ce site se substitue, chez les jeunes encore plus, chez tous les journalistes, chez tous les faiseurs d'opinions à toutes les encyclopédies, à tous les dictionnaires, à toutes les documentations, etc.

Or, pour nous chrétiens orthodoxes, la Vérité existe, objective, réelle, intangible :
elle se trouve dans l'Évangile, dans l'Ancien Testament et dans les Pères de l'Église.
"Que votre parole soit : ce qui est est, ce qui n'est pas n'est pas. Ce qu'on y ajoute vient du démon"...
"Je suis venu, dit Jésus à Pilate, pour rendre témoignage de la Vérité. Quiconque est de la Vérité écoute ma voix".
C'est Pilate qui Lui répond "qu'est-ce que la vérité ?" : telle est, en effet, de tout temps, la voix du Pouvoir d'État.

Buonaparte, Staline et quelques autres Big Brothers manipulent et fabriquent leurs vérités : cela s'appelle la désinformation.
Leur démarche n'est pas "inhérente à l'activité humaine", αγαπητε μου Οδυσσεα, elle est l'œuvre du diable διαβολος.
Με καρδια.
Claude le Liseur
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Re: Comment Wikipédia désinforme: cas pratique

Message par Claude le Liseur »

Jean Malliarakis a écrit :

Aujourd'hui, en décembre 2011, la plupart des gens identifient "internet" à un moyen de rechercher la vérité essentiellement via Google et Wikipedia.
L'importance de Wikipedia est que ce site se substitue, chez les jeunes encore plus, chez tous les journalistes, chez tous les faiseurs d'opinions à toutes les encyclopédies, à tous les dictionnaires, à toutes les documentations, etc.

Vous avez raison de souligner à quel point, dans une société où le livre en lui-même est haï et rejeté et où la démarche qui consiste à faire une recherche dans une bibliothèque n'est plus de mise, Wikipédia, qui diffuse l'erreur et l'inexactitude à haute dose, est en train d'acquérir un monopole de fait dans la formation de l'opinion et se substitue à toute forme de documentation ou de recherche. Le plus grave étant que ce phénomène, qui repose sur un vice (la paresse) et sur une caractéristique de notre société (le refus du livre), se renforce grâce à la prétention à l'objectivité affichée par Wikipédia - ladite objectivité consistant exclusivement en ce que le dernier qui parle y a raison.
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