Ecriture inclusive

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joseph1
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Ecriture inclusive

Message par joseph1 »

L ' écriture inclusive : l 'implacable revanche des féministes ; détruire la langue plutôt que la transmettre.
Claude le Liseur
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Re: Ecriture inclusive

Message par Claude le Liseur »

Sur ce sujet, il faut lire le livre de Nicolas Tournadre, Le prisme des langues,nouvelle édition revue et augmentée, L'Asiathèque, Paris 2016.

L'auteur, professeur de linguistique à l'université d'Aix-Marseille, spécialiste des langues tibétaines, apparaît à la lecture du livre comme plutôt de gauche, politiquement correct et christianophobe, mais il consacre quelques pages savoureuses (chapitre intitulé "Le genre grammatical, le sexe et l'idéologie", pp. 153-163) à démolir la novlangue des féministes, justement pas à partir d'une position idéologique, mais d'un point de vue purement technique de linguiste. Ces pages mériteraient d'être reproduites en entier.
joseph1
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Re: Ecriture inclusive

Message par joseph1 »

Le ministre de l ' éducation a dit qu 'il était contre l ' écriture inclusive. Celle-ci est cependant utilisée au sein de son ministère :

"
Comment se déroule le rendez-vous de carrière ?

Vous êtes enseignant.e, vous bénéficiez d'une inspection en classe, d'un entretien avec l'inspecteur.rice qui a conduit l'inspection et pour le second degré, d'un deuxième entretien avec la.le chef.fe d'établissement.
Vous êtes professeur.e documentaliste ou CPE, vous bénéficiez d'une inspection en situation professionnelle, de deux entretiens, l'un avec l'inspecteur.rice qui a conduit l'inspection et l'autre avec la.le chef.fe d'établissement.
Vous êtes PsyEN dans le premier degré, vous bénéficiez d'un entretien avec l'inspecteur.rice de circonscription en lien avec l'IEN-A.
Vous êtes PsyEN au sein d'un CIO, vous bénéficiez de deux entretiens, l'un avec l'inspecteur.rice de l'éducation nationale chargé.e de l'information et de l'orientation et l'autre entretien avec la.le directeur.rice du centre d'information et d'orientation.
etc
"
source : http://www.education.gouv.fr/cid118572/ ... mploi.html
joseph1
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Re: Ecriture inclusive

Message par joseph1 »

Certains professeurs veulent à tout pris écrire en " inclusive " . C 'est laid

Ci-dessous un exemple de prose syndicale . Le plus choquant , à mon sens , se trouve en bas de page :

http://www.sudeducation93.org/Stage-syn ... t-des.html
joseph1
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Re: Ecriture inclusive

Message par joseph1 »

L'écriture inclusive arrive en fac :
https://www.causeur.fr/ecriture-inclusi ... ite-236595
Claude le Liseur
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Re: Ecriture inclusive

Message par Claude le Liseur »

Sur son site, l'excellent historien de la guerre d'Algérie, Guy Pervillé, décrit son impression à la lecture d'un des premiers livres d'histoire publiés en langage inclusif (ici: http://guy.perville.free.fr/spip/articl ... rticle=475 ):


RIGOUSTE Mathieu, Un seul héros, le peuple. La contre insurrection mise en échec par les soulèvements algériens de décembre 1960 . Toulouse, Editions Premiers matins de novembre, février 2020, 388 p. ISBN : 9782955917459. Avec sommaire, photographies insérées dans le texte et bibliographie, remerciements, notes.

Ce livre mérite un examen attentif, du point de vue de la forme d’abord, et ensuite du fond.

Du point de vue de la forme, c’est le premier exemple d’application des règles du politiquement correct que j’ai eu l’occasion de lire depuis un demi-siècle. La maison d’édition se réclame explicitement d’un militantisme anticolonial. Dès la page 4 est indiqué le sens des lettres « TW » (« Trigger warning - Avertissements concernant les récits de violence »), qui signalent tous les passages mentionnant des actes de violence physique ou sexuelle susceptibles de choquer la sensibilité des lecteurs. En effet, la guerre d’Algérie n’est pas un sujet recommandable aux âmes sensibles, mais dans ces conditions l’éditeur de ce livre ne ferait-il pas mieux de leur en déconseiller la lecture ? Puis vient un avertissement concernant l’égalité de genre : « Pour tenter de transcrire le genre de manière égalitaire, nous avons combiné l’emploi du point dit normal et l’accord de proximité », dont un premier exemple est visible à la page 11 : « L’Etat français (...) n’a jamais pu obtenir la soumission générale des colonisé.e.s ». Noble scrupule, mais l’histoire doit-elle occulter le fait que le partage égalitaire des rôles entre les deux sexes, dans la guerre comme dans la paix, n’a jusqu’à présent jamais existé ?

Puis dans une longue introduction l’auteur présente et justifie sa démarche de chercheur en sciences sociales engagé (« Enquêter dans la bataille »), et le lecteur ne peut qu’approuver cet effort d’introspection inhabituel. Il expose en détail ses « conditions d’enquête hybrides et contradictoires » (pp 12-15), parce que « l’Algérie entretient aussi un rapport complexe avec ma construction personnelle, sociale et historique ». Il insiste fortement sur l’importance de son origine juive du côté de sa mère, sur la stratégie de l’impérialisme visant à « dissocier les colonisés juifs et musulmans », en permettant aux juifs algériens « d’échapper à certaines formes de l’oppression coloniale en échange de leur dissociation des musulman-e-s et de l’histoire du Maghreb central », et il rapporte en détail les injustices infligées à ses grands-parents par l’antisémitisme colonial à l’époque de Vichy. Au contraire, il prétend que ses ancêtres juifs n’ont pas eu à souffrir d’un antijudaïsme musulman : « Bien que les différents systèmes politiques mis en place ne leur ont presque jamais fourni un statut juridique égal à celui des autres habitant-e-s, les juifs et les juives y vivaient semble-t-il mieux qu’en Europe » (p 12). Affirmation soutenable si l’on se situe en 1492, mais très contestable avant, pendant et après la colonisation française, où de nombreux exemples de mépris ou de haine anti-juive de la part de musulmans sont attestés par des auteurs comme Georges Bensoussan (« Juifs en pays arabes, le grand déracinement, 1850-1975, Tallandier 2012), ou Pierre Darmon analysant dans son livre Un siècle de passions algériennes (Fayard, 2009, pp 770-801) les rôles des antisémitismes européen et musulman dans le pogrom de Constantine du 5 août 1934, ou encore Albert Memmi, juif tunisien et auteur bien connu du Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur, préfacé par Jean-Paul Sartre en 1957. En occultant cette réalité déplaisante, Mathieu Rigouste donne l’impression de vouloir borner son champ de vision par des oeuillères. On ne s’étonnera donc pas de le voir minimiser la réalité et la signification du saccage de la grande synagogue de la Casbah d’Alger le 12 décembre 1960, en affirmant imprudemment que « l’inégalité des juifs et juives avec les musulman.e.s en Algérie a été instituée par des Etats coloniaux ottomans puis français et non par les classes populaires » , et que « l’amalgame qui associe les juifs et les juives algériennes au colonialisme a été propulsé par les lois coloniales rapprochant leur statut de celui des Européen-ne-s » (pp 209-210).

Mais la défense d’une identité juive n’est pas son propos, puisque, dit-il en note, le mot juif ne prend pas de majuscule car « il ne s’agit pas de désigner une identification ethnique ou nationale mais des personnes marquées par un stigmate et assignées historiquement à ce statut politique et social ». Et dans le texte (p 14) : « ma judaïté s’est confondue avec cette algérianité aliénée. Ma mère et moi avons hérité de cette généalogie hybride, à l’intersection des frontières du monde impérial. Nous sommes à la fois d’origine algérienne et descendants de travailleuses et travailleurs immigrés tout en expérimentant une condition sociale construite comme blanche et juive ». Il emploie significativement la notion de « blanchissement » socio-culturel (p 13) comme synonyme de séparation imposée d’avec ses compatriotes « non-blancs » : « la structuration raciste et patriarcale de la société française m’a ainsi déterminé une condition matérielle et sociale privilégiée parmi les classes populaires, basée sur la relégation de celles et ceux stigmatisés comme non-blancs ». Il oublie ainsi que la peau blanche était, jusqu’en 1962, un trait commun à presque tous les habitants de la France métropolitaine - qualifiés en mars 1959 par le général de Gaulle de « peuple européen de race blanche (...) et de religion chrétienne » - et que même en Algérie, la distinction entre les populations dominantes et dominées n’était pas fondée sur un critère de « race » ou de couleur de peau, mais sur le critère juridique de soumission au Code civil ou à un autre droit privé (coranique ou coutumier).

Pour autant, la méthode que définit l’auteur est à la fois classique par la recherche de toutes les sources écrites disponibles, et novatrice par l’importance attachée à la relation personnelle entre l’enquêteur et ses témoins : « Je me suis ainsi constamment retrouvé en position de jeune sympathisant, parfois de petit-fils, de cousin éloigné ou d’ami des amis, en tout cas en position de recevoir une transmission pour la porter et non en expert venu ausculter ». Il définit son projet comme étant de faire une « socio-histoire » dans une perspective « populaire » : « Cette socio-histoire populaire ne prend pas les dominés.e.s comme objet de recherche mais se propose d’étudier des techniques et des rapports de domination depuis le point de vue de celles et ceux qui les ont subis et ont réussi à les saboter ». Ces techniques de domination sont « des programmes de répression militarisées ayant pour objectif assumé de contrôler une ‘population’ en lui menant des formes de guerre policière », théorisées par Charles Lacheroy, Roger Trinquier, David Galula et d’autres experts militaires français sous le nom de « guerre révolutionnaire » ou « subversive ». Quant à la notion de « peuple » dont il se réclame, l’auteur est bien conscient de son ambiguïté en arabe comme en français (« communauté nationale », ou « classes populaires » ?), et il s’efforce d’en préciser la définition. Puisqu’il prend en compte (pp 25-28) l’objection que j’avais développée dans un de mes articles paru en 1986 : « Le rôle décisif attribué à un ‘peuple’ mal défini, doté d’une volonté générale et d’une vertu patriotique inébranlable, tient plus du mythe que de la réalité », je ne peux qu’en prendre acte et attendre de voir comment il réalise son projet.

Après avoir retracé à grands traits la formation des doctrines de la guerre (contre) révolutionnaire, l’auteur raconte son application au « champ de bataille algérien » de 1830 à 1959, en me citant de nouveau (p 84) pour établir que la « bataille d’Alger » de 1957 n’avait pas mis définitivement au terrorisme urbain. Puis il présente « la situation et les rapports de force en 1960 », d’une manière pertinente mais en négligeant deux faits très importants : l’échec de la négociation proposée par le chef de la wilaya IV, Si Salah, au général de Gaulle, de mars à juin 1960, expédiée en 6 lignes (pp 88-89) , et le discours du 4 novembre 1960 par lequel le président de la République française révéla - au grand désespoir de son Premier ministre Michel Debré - que la République algérienne, laquelle n’avait jamais existé, existerait un jour, ce qui reconnaissait pour la première fois la légitimité de la revendication indépendantiste et permettait de prévoir sa victoire finale. Le quasi escamotage de ces deux points capitaux donne l’impression d’un fatalisme historique, en faisant croire que l’indépendance avait toujours été certaine. Il discute ensuite, avec un juste esprit critique, la réalité et l’importance d’une reconstitution de l’organisation du FLN à Alger dans les derniers mois de 1960.

Enfin, à partir de la page 101, l’auteur entre dans le vif de son sujet : le récit détaillé du « dernier séjour d’un chef d’Etat français en Algérie coloniale » (du 9 au 13 décembre 1960), des manifestations hostiles et projets de coup de force militaire et d’assassinat du général de Gaulle ourdis dans le cadre du Front de l’Algérie française (FAF), et des contre-manifestations algériennes musulmanes qui tournèrent rapidement à l’émeute et furent réprimées dans le sang à Oran, Alger, Constantine et dans de nombreuses villes moins importantes. S’appuyant à la fois sur de très nombreux témoignages de témoins algériens, sur des travaux d’historiens algériens et français et sur des documents tirés des archives françaises, il démontre d’une manière convaincante que ce vaste mouvement populaire spontané ne fut ni le résultat d’une vaine tentative gaulliste de mobiliser les musulmans algériens contre les Français d’Algérie au nom de l’Algérie algérienne, ni celui d’un plan savamment orchestré par les chefs des wilayas locales et par le GPRA (encore très démoralisé par la récente affaire Si Salah). Les derniers chapitres approfondissent les enseignements de ces manifestations, ressenties par tous les témoins même français comme « un véritable Dien Bien Phu psychologique ».

Ce livre est donc à lire. Il donne à un historien français deux impressions contradictoires. D’une part, une irritation due à une partialité systématiquement assumée. D’autre part, la satisfaction de voir respecter les règles de la recherche historique fondées sur l’utilisation de toutes les sources et de tous les travaux existants pour réaliser une enquête aussi complète que possible. On regrettera néanmoins que l’auteur n’ait pas connu et utilisé les chapitres que j’ai consacrés au même sujet dans mon livre Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, publié par les éditions Vendémiaire en 2018 (pp 127-138 et pp 281-296), utilisant notamment la thèse inédite de Robert Davezac (La montée des violences dans le Grand Alger, 1er juin 1958-30 avril 1961, Université de Toulouse-Le Mirail 2008).

Guy Pervillé
joseph1
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Re: Ecriture inclusive

Message par joseph1 »

Merci pour ce texte très intéressant.
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