Ukraine: de la vérité des chiffres

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Henri
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

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Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
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Henri
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Henri »

Un site uniate ? Pourquoi pas un site orthodoxe, donc ?
https://spzh.news/en/zashhita-very/6379 ... omosom-pcu
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
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Claude le Liseur
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : mer. 10 avr. 2019 13:28 Le tomos d'autocéphalie accordé par Constantinople aux Ukrainiens de l'ex-patriarcat de Kiev et de l'ex-Eglise autocéphale prévoit que les paroisses de la "diaspora" passeront sous la juridiction de Constantinople et ne seront plus sous celle de la nouvelle Eglise autocéphale d'Ukraine.

Orthodoxie.com reproduit la déclaration d'un métropolite de la nouvelle Eglise autocéphale, Monseigneur Joasaph de Belgorod et Oboïansk, qui s'en indigne (ici: https://orthodoxie.com/le-metropolite-j ... -me-taire/ ).

C'est cette indignation qui me surprend, dans la mesure où, en 1995 déjà, le patriarcat de Constantinople a récupéré les diocèses orthodoxes ukrainiens des Amériques, d'Europe occidentale et d'Australie, qui vivaient depuis des décennies dans l'isolement, et qui avaient une présence plus que significative dans l'ouest du Canada.

Je rappelle au passage que, dans la situation compliquée qui a été créée par la première Guerre mondiale et la révolution russe, le patriarcat de Constantinople avait déjà été conduit, dans les années 1930, à accueillir d'autres juridictions d'origine slavophone, comme l'Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale (siège à Paris, France) et le Diocèse orthodoxe carpatho-ruthène américain (American Carpatho-Russian Orthodox Diocese, siège à Johnstown, Pennsylvanie). Ce dernier diocèse était issu d'un mouvement de retour à l'Orthodoxie d'uniates américains originaires de la Ruthénie subcarpathique, région qui faisait partie du royaume de Hongrie avant 1918 et de la Tchécoslovaquie entre 1918 et 1939, et qui constitue aujourd'hui l'oblast de Transcarpathie de la république d'Ukraine. Ces gens étaient nombreux parmi les mineurs de fond des Appalaches. Ce diocèse est aujourd'hui totalement anglophone et missionnaire, avec un évêque d'origine gréco-américaine, ancien biologiste devenu moine en Grèce puis prêtre missionnaire dans l'Etat américain de Géorgie, Monseigneur Grégoire (Tatsis), titulaire du siège de l'ancienne Nysse.

Pour revenir à nos moutons, la juridiction orthodoxe ukrainienne sous l'omophore du patriarcat de Constantinople compte deux diocèses aux Etats-Unis, trois diocèses au Canada, un diocèse en Europe occidentale (siège à Genk, dans le Limbourg belge). Le répertoire Orthodoxia 2012-2013 publié par l'Ostkirchliches Institut de Ratisbonne, page 143, indiquait aussi un diocèse à Curitiba au Brésil, dont je ne trouve plus trace.

Pour être totalement dépourvus de dynamisme (il y a certes eu l'édition d'un très beau livre liturgique ukrainien-anglais à Winnipeg, mais les paroisses du Canada ferment les unes après les autres, faute d'avoir pris le virage vers la langue anglaise et la mission), ces diocèses n'en ont pas moins une existence réelle, dont témoignent notamment de nombreuses églises dans les grandes villes du Canada. Ils fonctionnent ainsi sous la protection du patriarcat de Constantinople depuis 1995, et ce ne devrait donc pas être une surprise pour les Ukrainiens qu'on leur demande de rattacher leurs paroisses de l'extérieur à ces diocèses.
Je signale au passage, car cela ne me semble pas avoir été évoqué par les sources d'information francophone, que l'évêque qui dépendait de la juridiction du "patriarcat de Kiev" en Europe occidentale, le très controversé "métropolite" Michel (Laroche), s'est conformé à la décision de Constantinople.

Il ressort du procès-verbal de la réunion du 5 février 2019 du saint Synode de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine reconnue par le patriarcat de Constantinople que Mgr Michel (Laroche) est membre de ce synode avec le titre de Chersonèse et non plus aucun titre relatif à une ville d'Europe occidentale :
Михаїл (Лярош), митрополит Корсунський
Source: Журнали засідання Священного Синоду від 5 лютого 2019 р. sur le site de l'Eglise orthodoxe autocéphale d'Ukraine https://www.pomisna.info/uk/vsi-novyny/ ... go-2019-r/

Ce titre de Chersonèse me semble d'ailleurs un titre in partibus comme le patriarcat de Constantinople affectionne d'en affubler ces évêques : cf. plus haut Mgr Grégoire (Tatsis), évêque de Nysse (ville aujourd'hui disparue de Cappadoce), qui a pourtant un diocèse bien vivant en Pennsylvanie, et qui aurait pu tout aussi bien recevoir le titre de Johnstown...

Une autre source publie en ukrainien un communiqué de Mgr Michel (Laroche) qui indique qu'il est bien sous la juridiction de Constantinople, dépendant en Ukraine du métropolite Epiphane et en France du métropolite Emmanuel (source : https://www.religion.in.ua/news/vazhliv ... polyu.html ):
"Як член єпископату Православної Церкви України, яку Константинопольський Патріархат реорганізував згідно з канонами наданням Томосу 6 січня 2019 р., а також після мого голосування за нашого нового і єдиного Предстоятеля Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія, я знову висловлюю мою повну підтримку. Як єдиний митрополит діаспори у Західній Європі я підпорядковуюся послуху єдиному ієрархові Константинопольського Патріархату у Франції – Високопреосвященному Митрополитові Франції Емануїлу. Мій послух Томосу є абсолютним і зобов’язує мене визнавати єдиним Предстоятелем Православної Церкви України Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія під час мого перебування в Україні, а коли я є у Франції – Високопреосвященного митрополита Емануїла. Христос Воскрес! Митрополит Корсунський Мішель".
Une évolution intéressante de la part de quelqu'un qui avait publié un livre pour dénoncer l'ecclésiologie du patriarcat de Constantinople (La papauté orthodoxe, Les origines historiques du papisme du Patriarcat de Constantinople et sa guerre ecclésiologique avec le Patriarcat de Moscou, Paris 2004).
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Sur le site ukrainien en langue russe LB.ua, un article de Vladimir Bouréga, professeur à l'Académie spirituelle de Kiev (patriarcat de Moscou), https://lb.ua/society/2019/05/28/428048 ... skaya.html , qui montre que la soumission du «métropolite de Paris » Michel Laroche au tomos d'autonomie accordé par Constantinople enlève tout portée aux protestations du «patriarche » Philarète contre les dispositions de ce tomos relatives aux paroisses d'origine ukrainienne en Europe occidentale:
21 мая высказался и еще один епископ ПЦУ – митрополит Корсунский Михаил (Лярош), который ранее руководил приходами Киевского патриархата в Западной Европе. Мы уже отмечали, что его статус в ПЦУ после издания Томоса об автокефалии остается неясным. Томос четко говорит о необходимости для ПЦУ отказаться от всех зарубежных приходов, которые должны перейти в состав Константинопольского патриархата. Это положение Томоса вызвало прямую критику «почетного патриарха» Филарета, который настаивал, что зарубежные приходы и в будущем должны подчиняться руководству из Киева. И вот 21 мая митрополит Михаил (Лярош) на своей странице в Facebook прямо заявил, что полностью принимает положения Томоса и потому отныне находится в подчинении митрополита Галльского Эммануила, то есть в юрисдикции Константинопольского патриархата.
Ma traduction :
Le 21 mai s'est exprimé un autre évêque de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine : le métropolite de Chersonèse Michel (Laroche), qui avait précédemment dirigé les paroisses du patriarcat de Kiev en Europe occidentale. Nous avons déjà noté que son statut au sein de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine après la publication du Tomos sur l'autocéphalie restait flou. Le tomos parle clairement de la nécessité pour l'Eglise orthodoxe d'Ukraine d'abandonner toutes les paroisses à l'étranger, qui devraient faire partie du patriarcat de Constantinople. Cette position du Tomos a provoqué des critiques directes du « patriarche honoraire » Philarète, qui a insisté pour que les paroisses à l'étranger continuent à relever de l'administration de Kiev.Or,le 21 mai, le métropolite Michel (Laroche) a déclaré directement sur sa page Facebook qu'il accepte sans réserve la position de Tomos et se trouve donc dorénavant sous l'autorité du métropolite Emmanuel de France, c'est-à-dire dans la juridiction du patriarcat de Constantinople.
En d'autres termes, le professeur Bouréga explique que les critiques du «patriarche honoraire » Philarète ont d'autant moins de portée que le principal intéressé ne les partage pas. D'une manière plus générale, son article pose la question de la représentativité de Mgr Philarète, qui semble désormais bien seul, malgré la publicité faite chez nous à la moindre de ses déclarations.
Claude le Liseur
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Claude le Liseur a écrit : lun. 12 août 2019 11:31

Je signale au passage, car cela ne me semble pas avoir été évoqué par les sources d'information francophone, que l'évêque qui dépendait de la juridiction du "patriarcat de Kiev" en Europe occidentale, le très controversé "métropolite" Michel (Laroche), s'est conformé à la décision de Constantinople.

Il ressort du procès-verbal de la réunion du 5 février 2019 du saint Synode de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine reconnue par le patriarcat de Constantinople que Mgr Michel (Laroche) est membre de ce synode avec le titre de Chersonèse et non plus aucun titre relatif à une ville d'Europe occidentale :
Михаїл (Лярош), митрополит Корсунський

Le cas de ce prélat, qui avait été évoqué sur ce forum à l'époque où nous étions dénigrés par un de ses partisans, n'est pas si anecdotique que cela, puisque le saint Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine, réuni le 22 février 2019 à Bucarest, en avait fait un obstacle à une reconnaissance de l'autocéphalie ukrainienne :

7. De asemenea, Patriarhia Română va solicita Patriarhiei Ecumenice o lămurire privind soluționarea problemei ierarhilor şi preoților necanonici din Occident, care au aparținut fostului „Patriarhat al Kievului”.
Ma traduction:

7-De même, le Patriarcat de Roumanie sollicitera du Patriarcat œcuménique une clarification quant à la résolution du problème des évêques et des prêtres non canoniques d'Occident, qui ont appartenu à l'ex- « Patriarcat de Kiev » .

Source : http://www.cuvantul-ortodox.ro/recomand ... onici-din/
Claude le Liseur
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Claude le Liseur a écrit : mar. 13 août 2019 19:32

Je signale au passage, car cela ne me semble pas avoir été évoqué par les sources d'information francophone, que l'évêque qui dépendait de la juridiction du "patriarcat de Kiev" en Europe occidentale, le très controversé "métropolite" Michel (Laroche), s'est conformé à la décision de Constantinople.

Il ressort du procès-verbal de la réunion du 5 février 2019 du saint Synode de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine reconnue par le patriarcat de Constantinople que Mgr Michel (Laroche) est membre de ce synode avec le titre de Chersonèse et non plus aucun titre relatif à une ville d'Europe occidentale :
Михаїл (Лярош), митрополит Корсунський

Le cas de ce prélat, qui avait été évoqué sur ce forum à l'époque où nous étions dénigrés par un de ses partisans, n'est pas si anecdotique que cela, puisque le saint Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine, réuni le 22 février 2019 à Bucarest, en avait fait un obstacle à une reconnaissance de l'autocéphalie ukrainienne :

7. De asemenea, Patriarhia Română va solicita Patriarhiei Ecumenice o lămurire privind soluționarea problemei ierarhilor şi preoților necanonici din Occident, care au aparținut fostului „Patriarhat al Kievului”.
Ma traduction:

7-De même, le Patriarcat de Roumanie sollicitera du Patriarcat œcuménique une clarification quant à la résolution du problème des évêques et des prêtres non canoniques d'Occident, qui ont appartenu à l'ex- « Patriarcat de Kiev » .

Source : http://www.cuvantul-ortodox.ro/recomand ... onici-din/
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Après tout, puisque l'Ukraine rend fou, un petit échantillon de jusqu'où cela peut aller, sur le blog du RP Andrew Philips, prêtre britannique de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger (source : http://www.events.orthodoxengland.org.u ... he-church/):
The Centre Can Hold Because of the Cleansing of the Church


Things fall apart; the centre cannot hold;

Mere anarchy is loosed upon the world,

The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere

The ceremony of innocence is drowned;

William Yeats, The Second Coming



All three groups of Russian Orthodox émigrés have now been cleansed off their extremes:

In 2006 the Patriarchate of Moscow suffered schism in Great Britain and France as the vestiges of old-fashioned modernism and ecumenism finally cast themselves off. Those who adhered to their Russophobic cultural prejudices and desire to dilute Orthodoxy into just another department of Western Establishment ideology left the Russian Orthodox Church for the pseudo-Orthodox US-run Phanariot group in Turkey. The Church was cleansed of those who had no love for the New Martyrs and Confessors of the Christian Empire of Orthodox Civilization and preferred compromised Western secularism to the fullness of the Church of God.

In 2007 ROCOR, the Church Outside Russia, in turn at last lost its censorious, sectarian fringes in tiny schisms to various strange and extremist sects which justify phariseeism. The Church was cleansed.

Now, in 2019, the Rue Daru Archdiocese (the former ‘Paris Jurisdiction’) has lost its extremists, in fact rather a large minority of modernist marginals. Why has it taken so long? Because this was the group most deeply infected by extremism, in this case, of the ‘liberal’ kind, so well-known for its intolerance and terrorist witch-hunts against faithful Orthodox over the decades. As a result, many had already left, even decades ago, persecuted by modernists and freemasons in the group. The minority dissidents, who prefer to celebrate Parisian philosophers who died 60-80 years ago rather than the Saints of God, will now fully merge with the US-run Turkish group in the Phanar (if they have not already done so).

Many of this dissident group are in England. There is also one parish in Brussels that has left for the Romanian Church (its Russophobic priest had already been suspended by the Turkish group a few years back, so he could not return there) and some parishes in France which still remain undecided. However, the fact is that Church has been cleansed, with the Orthodox returning to the Russian Church, the extremists falling away. Moreover, many in Paris who had left in disgust that the Church there was not commemorating the Orthodox Patriarch Kyrill, the leader of the Orthodox world, already returned last Sunday to congratulate Archbishop Jean, who was in tears of joy, on his final decision.

As perhaps the only priest who had suffered from ‘the blood-dimmed tide’ of all three groups of aggressive, troll-like extremists, I cannot but rejoice with our brothers and sisters who have at last escaped the clutches of the Phanariots. The plot of the Phanar to hand over St Alexander Nevsky Cathedral in Paris to Ukrainian schismatics and rededicate it to apostate traitors and mass-murderers like the robber of souls, Andrei Bobola or Josaphat, has failed.

Meanwhile, the Phanar’s incoherent and schismatic head, Patriarch Bartholomew, yesterday met Pope Francis and the head of the Ukrainian Uniats in Rome to discuss merging the Uniats with his tiny and failed OCU organization in the Ukraine. A joint Phanariot-Papist Galician Synagogue of Fascist Ukrainian xenophobes may soon be formed there, uniting all haters of the Church of God. It will be financed by the State Department in Washington, which has already sent out its ambassadors in the Balkans to bully and bribe Local Churches into recognizing the Galician Synagogue. In this they failed.

The centre can hold – because only extremes fall apart, and this is how the Church is cleansed. Glory to God for His Providence, for the evil inflicted by the Phanariots has had the reverse effect. The Orthodox have been strengthened, being cleansed from the pseudo-Orthodox fringes who have fallen away.


Ainsi: le patriarcat de Constantinople devient un "groupe turc dirigé par les USA au Phanar" (US-run Turkish group in the Phanar), lequel "Phanar" aurait comploté de remettre la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de la rue Daru aux "schismatiques ukrainiens" (qui, comme chacun sait, courent les rues à Paris). Les autocéphalistes ukrainiens sont des "traîtres, apostats et tueurs en masse comme les voleurs d'âmes, André Boboloa ou Josaphat [Kunciewicz]" (apostate traitors and mass-murderers like the robber of souls, Andrei Bobola or Josaphat). Faut-il rappeler que Josaphat Kunciewicz est précisément quelqu'un qui enfermait les orthodoxes ukrainiens dans leurs églises et y mettait le feu ?

A la longue,je finis par trouver cela un peu choquant, quand on sait ce que l'Ukraine a plutôt été, dans son histoire, un pays opprimé, par la Pologne qui y a imposé l'uniatisme par de rudes moyens, par la Russie impériale (de la violation des traités avec les Cosaques zaporogues à l'interdiction de la langue ukrainienne par décret du 18 juillet 1863 en passant par la soustraction d'obédience de 1689), par l'Union soviétique (Holodomor, etc.) et par le Troisième Reich, l'Ukraine se situant quand même en bonne place, derrière la Biélorussie (territoire probablement le plus détruit de toute l'Europe pendant la deuxième Guerre mondiale) mais aux côtés de la Pologne et de la Russie, dans le martyrologe des terres slaves ravagées par les Allemands. Je comprends, connaissant l'impérialisme linguistique anglo-saxon à l'échelle de la planète, qu'un Britannique puisse ne pas se sentir solidaire d'un peuple dont la langue a été purement et simplement interdite, puisqu'il sait bien que cela n'arrivera jamais à sa propre langue, mais il n'est pas interdit d'être un peu moins ethnocentrique.

Ce qui est étrange dans ce texte, comme dans d'autres du même acabit dont la lecture m'a été infligée, c'est la primauté absolue de la politique sur toute considération pastorale. Et, comme c'est de la politique et qu'il faut bien jouer sur tous les niveaux, on met dans le même sac les Etats-Unis et les nazis, rebaptisés "fascistes" à la manière soviétique. Il me semble pourtant que la seule chose que les Etats-Unis d'Amérique et l'Allemagne national-socialiste aient en commun, c'est l'impérialisme, mais dans ce cas-là il faut mettre dans le même sac l'Empire ottoman, l'Empire britannique, l'Union soviétique, l'Espagne des rois catholiques, et ainsi de suite en remontant jusqu'aux Pharaons. Malgré leur impérialisme commun, les Etats-Unis d'Amérique et l'Allemagne nazie diffèrent cependant par des idéologies tout à fait incompatibles, de telle sorte qu'il est impossible de pouvoir servir à la fois l'un et l'autre. De même qu'il me semble que ce n'était pas du tout la même expérience, en 1941-1942, d'être un Cinghalais objet de l'impérialisme britannique (qui passe pour avoir alors fait de l'île de Ceylan le territoire le plus libre de toute l'Asie) ou un Russe objet de l'impérialisme allemand (les 600'000 morts du blocus de Leningrad sont un exemple intéressant parmi d'autres de la manière dont ledit impérialisme entendait gérer les territoires dont il ferait la conquête). Un Britannique devrait quand même mieux le comprendre que moi qui suis tout sauf anglophile, que ce n'est pas la même chose ?

On retrouve donc la vieille antienne, que je croyais usée, de la propagande soviétique mettant dans le même sac les démocraties (ou réputées telles) capitalistes anglo-saxonnes et la vaste catégorie fourre-tout du "fascisme" (limité de fait au national-socialisme allemand, au vu des piètres performances guerrières de l'Italie de Mussolini) et diffusant le soupçon d'alliance entre les fascistes et les capitalistes pour détruire le paradis rouge, alors que le professeur Kitsikis a depuis longtemps démontré de quelle manière les libéraux, les fascistes et les communistes se sont toujours affrontés les uns les autres. (A la différence de Kitsikis, je préciserais qu'ils ont au moins tous le point commun de fouler le cadavre des conservateurs.) Je suis donc étonné de voir les thèmes les plus éculés de la propagande soviétique sous la plume d'auteurs qui font sans cesse référence aux martyrs impériaux. Il ne suffit pas de se réclamer des martyrs impériaux; il faut aussi imiter leur exemple. En 1914, confronté à un choix crucial qui devait le mener au martyre, le saint empereur Nicolas II Alexandrovitch a vu, lui, qu'il y avait une différence entre le IIe Reich déjà porteur des démons du IIIe et la République française.

J'ajoute enfin que la reductio ad hitlerum n'a jamais été la marque d'une grande clarté d'idées ou d'un discours solide.

En tout cas, devant un tel déluge d'anathèmes en style journalistique, on ne pourra plus accuser le clergé de pratiquer la "langue de velours".
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : lun. 12 août 2019 11:31


Une autre source publie en ukrainien un communiqué de Mgr Michel (Laroche) qui indique qu'il est bien sous la juridiction de Constantinople, dépendant en Ukraine du métropolite Epiphane et en France du métropolite Emmanuel (source : https://www.religion.in.ua/news/vazhliv ... polyu.html ):
"Як член єпископату Православної Церкви України, яку Константинопольський Патріархат реорганізував згідно з канонами наданням Томосу 6 січня 2019 р., а також після мого голосування за нашого нового і єдиного Предстоятеля Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія, я знову висловлюю мою повну підтримку. Як єдиний митрополит діаспори у Західній Європі я підпорядковуюся послуху єдиному ієрархові Константинопольського Патріархату у Франції – Високопреосвященному Митрополитові Франції Емануїлу. Мій послух Томосу є абсолютним і зобов’язує мене визнавати єдиним Предстоятелем Православної Церкви України Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія під час мого перебування в Україні, а коли я є у Франції – Високопреосвященного митрополита Емануїла. Христос Воскрес! Митрополит Корсунський Мішель".
Une évolution intéressante de la part de quelqu'un qui avait publié un livre pour dénoncer l'ecclésiologie du patriarcat de Constantinople (La papauté orthodoxe, Les origines historiques du papisme du Patriarcat de Constantinople et sa guerre ecclésiologique avec le Patriarcat de Moscou, Paris 2004).
Je traduis :
En tant que membre de l'épiscopat de l'Église orthodoxe d'Ukraine, réorganisée par le patriarcat de Constantinople conformément aux canons selon le Tomos du 6 janvier 2019, et aussi après mon vote pour notre nouveau et unique primat Sa Béatitude Épiphane, métropolite de Kiev, j'exprime de nouveau mon plein soutien [au métropolite Épiphane ? pas clair - NdT ] . En tant qu'unique métropolite de la diaspora en Europe occidentale, je reconnais l'autorité du seul hiérarque du patriarcat de Constantinople en France, l'éminent métropolite de France Emmanuel. Mon obéissance au Tomos est absolue et m'impose de reconnaître comme unique primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine Sa Béatitude le métropolite de Kiev Épiphane pendant mon séjour en Ukraine, et quand je suis en France, son Éminence le métropolite Emmanuel. [Pas clair. Sans doute veut-il dire qu'il se reconnaît dans la juridiction du métropolite Épiphane quand il séjourne en Ukraine, et dans celle du métropolite Emmanuel quand il est en France. - NdT ] Christ est ressuscité ! Métropolite Michel de Chersonèse.
Nikolas
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Message par Nikolas »

Un appel adressé à l’archevêque d’Athènes et aux membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Grèce, demandant que celle-ci s’abstienne de reconnaître la nouvelle Église d’Ukraine, a recueilli à ce jour 2000 signatures en Grèce, dont 100 prêtres, moines et moniales. Nous publions ci-dessous in extenso le texte intégral de cet appel.

« Béatitude,

Éminences,

En tant que membres de l’Église orthodoxe et, fils spirituels relevant de votre responsabilité épiscopale et paternelle, nous ressentons la nécessité de nous adresser à vous en tant que nos Pères spirituels et ecclésiastiques, et d’exprimer notre inquiétude ainsi que notre anxiété devant l’octroi anti-canonique de l’autocéphalie ukrainienne.

1. Nous partageons votre propre inquiétude et vos sérieuses hésistations, du point de vue canonique et ecclésiologique, ainsi que vos réserves, telles qu’elles ont été exprimées expressément et aussi tacitement, dans l’esprit de votre discernement pastoral. Nous sommes conscients des pressions, inappropriées, que subit l’Église de Grèce et ses hiérarques de la part de différents facteurs ecclésiastiques et séculiers. Nous voulons croire que les anti-corps sains de nos Évêques feront face aux attaques externes.

2. Assurément, nous respectons le Trône œcuménique de Constantinople comme ayant les privilèges d’honneur et de premier siège parmi les Églises orthodoxes. Indéniablement, la primauté d’honneur, du fait de son octroi par les Conciles œcuméniques, restent inchangés pour toujours.

3. Les privilèges d’honneur de Constantinople existent et sont exercés exclusivement dans le cadre du système spirituel conciliaire et hiérarchique de la communion des Églises orthodoxes locales et non hors ou au-dessus de celui-ci : ces privilèges consistent principalement dans la coordination des Églises orthodoxes dans des questions graves d’intérêt inter-orthodoxe, dans la présidence des rencontres et des conciles inter-orthodoxes et panorthodoxes, ainsi que dans l’expression et l’implémentation des décisions qui ont été prises après consultation panorthodoxe.

4. L’intervention et l’intrusion, même pour affronter un problème sérieux hors des limites territoriales [du Patriarcat oecuménique] et dans une juridiction étrangère sans accord unanime, voire même contrairement à l’unanimité, des autres Églises locales, ne peuvent être fondées dans l’interprétation orthodoxe des privilèges d’honneur, mais constituent une altération et une fausse interprétation de ceux-ci. Toute tentative d’imposer une telle interprétation aura, malheureusement, des conséquences ecclésiologiques des plus graves avec pour résultat immédiat la perte de la primauté d’honneur. L’exemple tristement célèbre de l’Ancienne Rome qui disposait de la primauté dans l’Église ancienne, démontre la gravité de ce problème. La fausse interprétation et la tentative de transformation des privilèges d’honneur en primauté d’autorité corrompt l’ecclésiologie orthodoxe et la conduit au papisme avec des conséquences désastreuses.

5. En tant que Grecs d’origine, nous honorons et respectons le Patriarcat de la Nation [hellénique], lorsqu’il fait profession de vérité dans l’amour. Nous sommes affligés, parce qu’aujourd’hui, nous le voyons, en raison du choix erroné de ceux qui le dirigent, en danger de se trouver isolé et de perdre son rôle coordinateur dans les relations inter-orthodoxes et dans l’expression et la réalisation de la volonté des Églises orthodoxes locales. Continuer à insister sur des choix erronés ne peuvent qu’entraîner des conséquences désastreuses pour le Trône [œcuménique].

6. Le Patriarcat œcuménique a le droit d’octroi de l’autocéphalie, et l’Église de chaque peuple a le droit d’être élevée au rang d’autocéphale, mais ce sous des conditions claires et strictes, lesquelles ont été fixées par la Tradition ecclésiale et sont conséquentes par rapport à l’ecclésiologie et l’Ordre canonique. Or, celles-ci n’ont pas été observées dans le cas présent.

7. Nous ne pouvons partager l’opinion qui a été formulée et selon laquelle le rejet éventuel de l’autocéphalie en Ukraine remettraient en question les autocéphalies du XIXème et du XXème siècle. Cette affirmation n’a aucun fondement canonique ou historique. Il n’y a pas même la plus petite similitude entre l’autocéphalie ukrainienne et les autocéphalies canoniques des autres Églises, car :

a) L’Église autonome d’Ukraine se trouvant sous le métropolite Onuphre, avec 90 évêques, 12’000 paroisses, 250 monastères, 5000 moines et moniales et des millions de fidèles, n’a pas demandé l’autocéphalie. L’Église canonique, comme elle en avait le droit, n’a pas demandé et n’a pas accepté l’autocéphalie. Est-il possible de la lui imposer par la force, ou de la sanctionner pour ne pas l’avoir acceptée ?

b) Alors que tous, et même le Patriarcat œcuménique, acceptent la présence du métropolite Onuphre et des 90 évêques (il n’existe pas d’acte canonique de déposition ou de défrocation à leur endroit), une structure ecclésiastique parallèle est créée, à côté de celle qui existe canoniquement. Tandis que nous condamnons, et ce à juste titre, les juridictions parallèles dans la diaspora, nous les appliquons maintenant dans les limites des Églises [locales] ?

c) L’Église d’Ukraine appartient canoniquement au Patriarcat de Russie, et non au Patriarcat œcuménique. Jusqu’à maintenant, les autocéphalies de Constantinople étaient octroyées dans les régions de sa juridiction.

d) Presque toutes les Églises locales émettent des réserves des plus sérieuses au sujet de la canonicité et de la validité des sacres épiscopaux de la nouvelle église. En effet, quinze, parmi sa cinquantaine d’évêques, ont reçu leur « sacre épiscopal » d’individus autoconsacrés ! Il n’y a nulle part de tel précédent ! Et

e) Aucune Église orthodoxe n’a reconnu une autocéphalie accordée de cette façon, ce qui est un événement jamais vu précédemment dans l’histoire ecclésiastique !

8. Il est particulièrement affigeant pour nous de constater que jadis, malgré la pression d’intérêts politiques et à des époques particulièrement difficiles, le Trône œcuménique avec ses saints patriarches, luttait pour l’unité des peuples russes sous une seule administration spirituelle et ecclésiastique, tandis qu’aujourd’hui, il cède aux pressions d’outre-Atlantique et tente de séparer ces peuples par la force, impliquant l’Église orthodoxe dans les intérêts géopolitiques et transformant l’Église du Christ en un élément des configurations et problèmes géopolitiques. Une reconnaissane éventuelle de l’autocéphalie de la part de la seule Église de Grèce, sans décision panorthodoxe, impliquera notre Église également dans l’échiquier géopolitique.

9. La région de l’Ukraine (dans les sources ecclésiastiques, elles est principalement mentionnée comme « Petite Russie »), de 988 jusqu’en 1686, appartenait au Trône œcuménique. Par l’acte patriarcal du patriarche Denys IV, elle fut soumise canoniquement au Patriarcat de Moscou. Le Patriarcat œcuménique lui-même, pendant 332 ans, a interprété l’Acte patriarcal comme soumission pleine (de l’Ukraine) à l’Église de Russie. Cette certitude a été acceptée de différentes façons par le Patriarcat œcuménique lui-même et a été retranscrit de la façon la plus officielle dans les Typika du XVIIème siècle, dans les Constitutions de 1797 (S. Grégoire V), de 1829, 1855, 1896, 1902, qui ont été édités « à Constantinople, par la Typographie patriarcale » et dans les Calendriers patriarcaux jusqu’en 2018 ! Dans ces éditions patriarcales, le Trône œcuménique acceptait sans réserve aucune que l’Ukraine est soumise canoniquement au Patriarcat de Russie ! La même certitude a été partagée par des personnalités officielles du Trône œcuménique (Archiophylax Kallistos Delikanes, les professeurs Metropolite Kallistos Ware (Oxford), protopresbytre Théodore Zissis (Thessalonique), Vasilios Stavridis (Chalki), Gregorios Laurentzakis (Vienne), Vlasios Fidas (Athènes-Chambésy), de même que par le patriarche œcuménique Bartholomée lui-même, par écrit et dans son homélie officielle à Kiev. C’est ainsi le Patriarcat œcuménique interprétait l’Acte patriarcal de 1686 et ce pendant 332 ans !

10. Et ce qui est encore plus déterminant : c’est ainsi que l’interprétait pendant 332 ans la conscience ecclésiale panorthodoxe. Depuis la célèbre constitution du patriarche de Jérusalem Chysanthe (Notaras) de 1715 jusqu’en 2019, tous les Typika-calendriers-annuaires de toutes les Églises orthodoxes locales considéraient l’Ukraine comme partie de l’Église de Russie. Qui peut mépriser, à la légère, la tradition ecclésiale et l’expérience panorthodoxe ? Qui a le droit de se placer au-dessus de la conscience panorthodoxe ?

11. Nous exprimons notre inquiétude la plus grande parce qu’il n’a pas été répondu de façon persuasive à notre anxiété au sujet des « sacres » épiscopaux de la nouvelle église. Assurément, sous de strictes conditions, l’Église peut utiliser l’économie envers les ordinations effectuées dans le schisme et l’hérésie. Néanmoins, comment l’Église orthodoxe s’exprime-t-elle dans le cas présent ? En Orient, nous n’avons pas de trône papal qui décide et tous les autres obéissent ! Mais les Églises locales, réunies en concile, sous la présidence du patriarche de Constantinople, décident de la guérison du schisme et exercent l’économie relativement aux ordinations. Mais cependant, lorsque toutes les Églises locales ont refusé de reconnaître de tels « sacerdoces », de quel droit canonique l’évêque de Constantinople peut-il prétendre, en tant que Premier, exprimer l’Église et exercer l’économie à l’égard des ordinations effectuées dans le schisme ? Le patriarche de Constantinople n’est pas au-dessus de l’opinion commune de toutes les Églises locales. Il n’est pas le pape qui exprime ex cathedra l’Église orthodoxe sans l’opinion de ses pairs.

12. Malheureusement, les ordinations de la nouvelle église ne viennent pas seulement de Philarète, défroqué et anathématisé, et dont la défrocation et l’anathème avaient été reconnus par toute l’Orthodoxie (et même par le patriarche œcuménique) pendant 26 ans, mais proviennent d’un ex-diacre auto-consacré, qui n’a jamais été ordonné prêtre et évêque, un imposteur condamné pénalement, Victor Tchékaline. De grâce, comment est-il possible que nous reconnaissions, en tant qu’Église de Grèce, des auto-consacrés ? Nous nous glorifions dans le Seigneur jusqu’à maintenant de la succession apostique des évêques orthodoxes. Est-il possible, après la reconnaissance des « ordinations » de Tchékaline, de continuer à proclamer la succession apostolique des hiérarques orthodoxes ?

13. Comment donc a-t-il été « remédié » aux « ordinations » des auto-consacrés ? L’évêque de Constantinople peut-il seul, par un acte, remédier à l’absence de succession apostolique ? Les justifications qu’on déployées les partisans de l’autocéphalie sont à ce point contradictoires et discordantes que non seulement elles ne sont pas convaincantes quant à l’existence d’ordination canonique des auto-consacrés, mais confirment l’inexistence d’une succession apostolique valide. Cela dit, avec quelle conscience épiscopale un hiérarque peut-il procéder à la reconnaissance de telles « ordinations » ? Il ne s’agit pas ici de mettre en doute la pureté morale de certaines personnes, mais de l’inexistence ontologique du noyau interne même de la grâce épiscopale. Nous n’avons pas ici une « souillure » morale, mais ontologique du Corps épiscopal au niveau panorthodoxe.

14. Nous ne pouvons comprendre comment, sans décision commune de toutes les Églises locales, un fatras de défroqués, anathématisés, autoconsacrés, schismatiques, sans avoir manifesté leur repentir, a été rétabli par un acte, s’est rassemblé en « un concile d’union » et en même temps a reçu « l’autocéphalie », tandis que les évêques canoniques qui constituent un Concile canonique qui exprime l’Église canonique, étaient entièrement méprisés.

15. La direction de la nouvelle Église autocéphale ne présente pas un gage de fiabilité, de sérieux et de moralité ecclésiale (cf. déclarations du « primat » Épiphane sur les USA, les droits LGBT, la collaboration avec les Uniates, sa participation à l’inauguration du monument dédié au « métropolite de Kiev » Vasyl Lypkivksy etc). La rupture du « patriarche » Philarète et de certains « évêques » avec la nouvelle église et ses dénonciations démontrent de la façon la plus tragique l’échec de la guérison du schisme ukrainien, car il n’y a pas eu repentir des schismatiques, ce qui est la condition la plus nécessaire pour remédier aux schismes.

16. Nous ne pouvons en aucun cas justifier l’octroi de l’autocéphalie comme sanction envers le Patriarcat russe pour « arrogance », « actions anti-ecclésiales », « désordre », « sécularisation » etc. Il n’est pas possible d’utiliser l’autocéphalie comme punition pour ceux qui sont indisciplinés, car le mépris et la transgression des saints canons ne conduis pas à des solutions réelles et permanentes dans les problèmes ecclésiaux. En dernière analyse : quel que soit le problème que Constantinople puisse avoir avec Moscou, comment le résout-elle ? En déclarant une Assemblée de 90 évêques anti-canonique ? Comment méprise-t-elle une Église entière avec 12’000 paroisses et des millions de fidèles ? Vous, hiérarques, n’avez-vous pas concélébré avec S.E. le métropolite Onuphre et les évêques de son Saint-Synode, lorsque vous vous rendiez à Kiev ? Ne l’avez-vous pas reconnu comme seul métropolite canonique de Kiev ? Comment, maintenant, vous appelle-ton à l’effacer et à reconnaître quelqu’un d’autre à sa place ? Quelle est la base canonique de ces exigences ?

17. Nous nous tenons avec grand respect et nous exprimons notre pleine sympathie et notre soutien pour les millions de membres de l’Église orthodoxe canonique d’Ukraine, qui subissent des tribulations et des persécutions pour vouloir rester dans l’Église qui les vit naître et grandir. Les méthodes et les persécutions exercées par les organes étatiques et para-étatiques contre l’Église canonique en Ukraine afin de forcer ses clercs et fidèles à se soumettre à la nouvelle église démontrent l’échec de l’autocéphalie et le fait que, en fin de compte, cela n’était pas la demande du peuple fidèle. Comment donc l’Église de Grèce, au lieu d’assister les fidèles persécutés, reconnaîtrait ce que, dans leur grande majorité, les Ukrainiens orthodoxes ont refusé ?

18. Finalement, le plus inquiétant est le fait que le problème ecclésial d’Ukraine, d’un problème de nature canonique, évolue en un problème ecclésiologique majeur avec la tentative obstinée de mutation des privilèges honorifiques du Patriarcat œcuménique en une primauté d’autorité de type papal :

a) Malheureusement, le patriarche œcuménique dans le cas de l’autocéphalie ukrainienne rejette le rôle de coordination qui lui est reconnu par la tradition et celui d’expression et de réalisation des décisions conciliaires des Églises orthodoxes locales, et c’est pour cette raison qu’il refuse de convoquer un Concile panorthodoxe ou un Synode des Primats.

b) Au contraire, à l’instar du pape :

1) Il agit, « de son propre chef et ex officio », au-delà de ses limites [territoriales], dans une juridiction étrangère qui relève de l’Église de Russie, comme il l’avait lui-même encore récemment reconnu,

2) Il décide de façon souveraine et indépendante ou encore contrairement à l’opinion non seulement de l’Église d’Ukraine, mais des Églises orthodoxes locales,

3) Il affirme que les autres évêques orthodoxes du monde doivent accepter sa décision,

4) Il considère que sa décision ne nécessite par l’approbation des autres Églises, et qu’elle ne peut être ni contestée ni révoquée et

5) Il exige d’intervenir au-delà de ses limites territoriales « dans toute l’Église orthodoxe universelle » et « non seulement lorsqu’il est question de dogmes, de saintes Traditions et de dispositions canoniques ecclésiastiques ou de questions générales concernant le corps entier de l’Église, mais aussi lorsqu’il s’agit de toutes les questions concernant des problèmes importants de telle ou telle Église locale » (Lettre du 20.2.2019 du patriarche œcuménique Bartholomée à l’archevêque d’Albanie Anastase). Cette phraséologie patriarcale rappelle le fameux « Dictatus Papae » de 1075 du pape Grégoire VII, qui exigeaient que soient soumises au pape en vue de leur résolution toutes les « causes majeures» des Églises de l’univers ! Il est plus qu’évident que si, à Dieu ne plaise, cette approche devait prévaloir, il y aurait des développement gravissimes et affligeants dans notre Église orthodoxe.

Votre Béatitude,

Les difficultés du Saint-Synode permanent de la période passée en vue de « clore » rapidement et sommairement une autocéphalie si problématique, ainsi que votre déclaration qui s’en est suivie, selon laquelle vous « êtes dans l’incapacité » de prendre sur vous le fardeau d’une telle décision, démontrent la prudence et la grande humilité des dirigeants de notre Église et, parallèlement, manifestent que les serments prononcés devant l’Autel lors de leur sacre, restent actuels dans les consciences des hiérarques grecs. Ceux-ci avaient alors promis devant Dieu et l’Église d’observer les saints canons et l’ordre ecclésial, de même que l’unité de l’Église orthodoxe universelle.

Du fait que l’utilisation abusive de l’institution sacrée de l’autocéphalie, au lieu de servir l’unité et la stabilité des saintes Églises de Dieu, tend à mettre de côté l’unité dans la vérité de notre Église orthodoxe, faisant de celle-ci la risée de ses ennemis, nous pensons que la sainte Assemblée des évêques de l’Église de Grèce ne peut la ratifier cette autocéphalie. Pourquoi donc, seule l’Église de Grèce prendrait-elle la première une telle responsabilité, en contradiction avec la conscience ecclésiale de toutes les Églises locales, pour satisfaire les choix erronés et ratés du Phanar ? Pourquoi scandaliser les âmes de millions de fidèles orthodoxes ukrainiens qui font face à des privations et des persécutions et luttent, restant fidèles à leur tradition ecclésiale ? Pourquoi, en fin de compte, scandaliser les âmes de millions de fidèles de toutes les Églises orthodoxes locales qui tiennent en haute estime l’Église de Grèce qu’ils considèrent comme une référence ? Nous pensons que cela ne rendra pas de bons services ni à elle-même, ni au Trône œcuménique, ni à l’Église universelle.

Nous sommes certains que nos Pères spirituels ne nous décevront pas et mettront en avant l’ecclésiologie orthodoxe et l’ordre canonique en tant que seuls critères de résolution du problème ukrainien ».
Septembre 2019
https://drive.google.com/file/d/108iea5 ... SmNin/view
https://orthodoxie.com/2000-clercs-et-l ... rainienne/
Claude le Liseur
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Claude le Liseur »

Claude le Liseur a écrit : sam. 28 sept. 2019 18:43
Claude le Liseur a écrit : lun. 12 août 2019 11:31


Une autre source publie en ukrainien un communiqué de Mgr Michel (Laroche) qui indique qu'il est bien sous la juridiction de Constantinople, dépendant en Ukraine du métropolite Epiphane et en France du métropolite Emmanuel (source : https://www.religion.in.ua/news/vazhliv ... polyu.html ):
"Як член єпископату Православної Церкви України, яку Константинопольський Патріархат реорганізував згідно з канонами наданням Томосу 6 січня 2019 р., а також після мого голосування за нашого нового і єдиного Предстоятеля Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія, я знову висловлюю мою повну підтримку. Як єдиний митрополит діаспори у Західній Європі я підпорядковуюся послуху єдиному ієрархові Константинопольського Патріархату у Франції – Високопреосвященному Митрополитові Франції Емануїлу. Мій послух Томосу є абсолютним і зобов’язує мене визнавати єдиним Предстоятелем Православної Церкви України Блаженнішого Митрополита Київського Епіфанія під час мого перебування в Україні, а коли я є у Франції – Високопреосвященного митрополита Емануїла. Христос Воскрес! Митрополит Корсунський Мішель".
Une évolution intéressante de la part de quelqu'un qui avait publié un livre pour dénoncer l'ecclésiologie du patriarcat de Constantinople (La papauté orthodoxe, Les origines historiques du papisme du Patriarcat de Constantinople et sa guerre ecclésiologique avec le Patriarcat de Moscou, Paris 2004).
Je traduis :
En tant que membre de l'épiscopat de l'Église orthodoxe d'Ukraine, réorganisée par le patriarcat de Constantinople conformément aux canons selon le Tomos du 6 janvier 2019, et aussi après mon vote pour notre nouveau et unique primat Sa Béatitude Épiphane, métropolite de Kiev, j'exprime de nouveau mon plein soutien [au métropolite Épiphane ? pas clair - NdT ] . En tant qu'unique métropolite de la diaspora en Europe occidentale, je reconnais l'autorité du seul hiérarque du patriarcat de Constantinople en France, l'éminent métropolite de France Emmanuel. Mon obéissance au Tomos est absolue et m'impose de reconnaître comme unique primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine Sa Béatitude le métropolite de Kiev Épiphane pendant mon séjour en Ukraine, et quand je suis en France, son Éminence le métropolite Emmanuel. [Pas clair. Sans doute veut-il dire qu'il se reconnaît dans la juridiction du métropolite Épiphane quand il séjourne en Ukraine, et dans celle du métropolite Emmanuel quand il est en France. - NdT ] Christ est ressuscité ! Métropolite Michel de Chersonèse.
Je ne publie ce communiqué qu'à titre d'information, pour rappeler que, contrairement à l'importance démesurée qui lui est donnée ici ou là, Monseigneur Philarète (Denissenko) n'a plus personne avec lui, même pas Monseigneur Michel (Laroche) qui, pourtant, n'était en principe pas au bénéfice du Tomos d'autocéphalie.
En d'autres termes :
1. La seule chose qui ressort avec certitude des informations dont je dispose, c'est que Monseigneur Michel (Laroche) n'a pas suivi Monseigneur Philarète (Denissenko), pas plus, au demeurant, qu'un seul des évêques exerçant sur territoire ukrainien, malgré l'importance que l'on veut donner aux manifestations de mauvaise humeur d'un prélat nonagénaire qui n'a pas supporté sa mise à l'écart.
2. En revanche, je ne sais pas si Monseigneur Michel (Laroche), devenu métropolite de Chersonèse, est responsable ne serait-ce que d'une seule paroisse.
3. Je ne sais pas non plus si le statut qu'il revendique en France (une sorte d'évêque auxiliaire de Monseigneur Emmanuel) lui a été accordé, dans la mesure où le Tomos d'autocéphalie octroyé par le Patriarcat œcuménique de Constantinople ne concernait que les évêques en Ukraine. Les communautés orthodoxes ukrainiennes en Europe occidentale, dans les Amériques et en Océanie, issues de l'émigration d'avant 1914, du retour d'uniates dans le sein de l'Eglise ou des vagues de réfugiés d'après 1917 et d'après 1945, relevaient du patriarcat de Constantinople depuis longtemps, en tout depuis bien avant l'octroi du Tome d'autocéphalie: depuis 1932 pour les anciens uniates (Archidiocèse carpatho-russe de Johnstown, Pennsylvanie), depuis 1990 pour les orthodoxes ukrainiens du Canada et depuis 1994 pour les orthodoxes ukrainiens aux Etats-Unis, en Amérique latine, en Océanie et en Europe occidentale.
4. Enfin, je trouve étrange que je doive traduire de l'ukrainien vers le français le communiqué d'un évêque français dont je ne suis pas sûr qu'il ait jamais eu dans sa juridiction des paroisses de langue ukrainienne ou de sociologie ukrainienne.
christian
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par christian »

Part qui a été ordonné Monseigneur Michel Laroche?
Nikolas
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Nikolas »

La page wikipedia consacré à Michel Laroche affirme que :
Il est ordonné prêtre le 1er novembre 1969 par l’évêque Jean Kovalevsky. Il est un temps rattaché au mouvement vieux-calendariste. En 1996, il est fait moine puis archimandrite dans le patriarcat de Kiev et sacré évêque de Lyon le 12 mai de la même année par Evloghios de Milan. Reçu et élevé comme métropolite de Paris ayant juridiction sur toute la France par le Saint Synode du Patriarcat de Kiev présidé par Philarète de Kiev en 1998 (à la demande écrite du Métropolite Michel Laroche le synode ukrainien a confirmé son appartenance au patriarcat de Kiev depuis 1998, confirmation en 2014[4] et en 2015[5])5. En 2019 il est confirmé comme membre du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine avec le titre de métropolite de Korsoun.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Laroche
La gaillard avait déjà subit de vive critique sein de l'ECOF, avant de partir dans les groupes schismatiques vetero-calendariste, puis ukrainien. Avant de faire allégeance au patriarche Bartholomée et au métropolite Emmanuel.
Glorieux parcours...
christian
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par christian »

Merci!
Claude le Liseur
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Claude le Liseur »

Nikolas a écrit : sam. 05 oct. 2019 12:30 La page wikipedia consacré à Michel Laroche affirme que :
Il est ordonné prêtre le 1er novembre 1969 par l’évêque Jean Kovalevsky. Il est un temps rattaché au mouvement vieux-calendariste. En 1996, il est fait moine puis archimandrite dans le patriarcat de Kiev et sacré évêque de Lyon le 12 mai de la même année par Evloghios de Milan. Reçu et élevé comme métropolite de Paris ayant juridiction sur toute la France par le Saint Synode du Patriarcat de Kiev présidé par Philarète de Kiev en 1998 (à la demande écrite du Métropolite Michel Laroche le synode ukrainien a confirmé son appartenance au patriarcat de Kiev depuis 1998, confirmation en 2014[4] et en 2015[5])5. En 2019 il est confirmé comme membre du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine avec le titre de métropolite de Korsoun.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Laroche
La gaillard avait déjà subit de vive critique sein de l'ECOF, avant de partir dans les groupes schismatiques vetero-calendariste, puis ukrainien. Avant de faire allégeance au patriarche Bartholomée et au métropolite Emmanuel.
Glorieux parcours...
Il conviendrait de préciser au passage - puisque la nouvelle est passée tout à fait inaperçue - que Monseigneur Euloge de Milan, dont Monseigneur Michel de Chersonèse fut un temps le compagnon de route, et qui était à lui seul une anthologie vivante des episcopi vagantes, est mort dans l'indifférence générale le 20 janvier 2019.
Je n'ai pour l'instant pas l'envie de revenir sur son parcours compliqué et me contenterai de dire que ce prélat allemand, installé de longue date en Italie, avait passé l'essentiel de sa carrière à dénoncer le peu d'activité missionnaire de l'Orthodoxie en Europe occidentale, tout en n'ayant lui-même aucune activité missionnaire et en consacrant l'essentiel des moyens limités de son ecclésiole à en justifier l'existence et les titres épiscopaux ronflants.
C'était l'exemple caricatural d'un groupe qui prétendait justifier son existence par la la restauration de l'Orthodoxie occidentale, mais qui, en fait, ne faisait que récupérer des prêtres roumains, ukrainiens ou arabes en rupture de ban et essayait d'attirer dans ses paroisses les immigrés slaves et roumains nombreux en Italie.

Dans la réalité, le pseudo-métropolite d'Aquilée célébrait en slavon à Milan, ce qui m'a toujours paru une étrange manière de ramener le peuple italien dans le sein de l'Eglise orthodoxe. Pour mémoire, à Turin, la paroisse Saint-Maxime du patriarcat de Moscou, quant à elle, célèbre en italien, de même que la paroisse du patriarcat de Constantinople à Lecce. Force est donc de constater que Moscou ou Constantinople m'ont donné une impression d'italianité un peu plus forte que la fameuse métropole d'Aquilée et de tout l'Occident. (Je ne parle pas de nombreuses paroisses orthodoxes italophones où je n'ai pas mis les pieds, ne m'étant pas toujours trouvé en voyage en Italie le dimanche. Je ne parle que de ce dont je fus le témoin oculaire, sur une période de vingt ans. Vingt ans...)

Là où Monseigneur Euloge est sorti de l'ordinaire des évêques vagants, c'est qu'après avoir demandé à réintégrer le patriarcat de Moscou, il s'était lui-même réduit au rang d'archimandrite (le dernier qu'il avait eu au sein du patriarcat de Moscou), le 8 avril 2012, avant de se redonner l'épiscopat un peu plus d'un an plus tard, en juillet 2013.

Il y a eu beaucoup de choses qui défient l'entendement dans le monde des vagants, mais c'est quand même la plus originale de toutes: se débarrasser soi-même de l'épiscopat, puis se le rendre soi-même.

C'est comme si les episcopi vagantes, par le peu de cas qu'ils font eux-mêmes de leur prétendu épiscopat quand ils y trouvent intérêt, étaient là pour nous démontrer la faiblesse de leur ecclésiologie et de leur théologie sacramentelle, et comme s'ils fonctionnaient comme un contre-exemple pour démontrer la validité de l'ecclésiologie orthodoxe.
Claude le Liseur
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Re: Ukraine: de la vérité des chiffres

Message par Claude le Liseur »

La vérité commande toutefois de rappeler deux éléments.

Il y a quand même une différence entre Monseigneur Michel (Laroche) et feu Monseigneur Euloge (Hessler). Le métropolite de Chersonèse a écrit au moins deux bons livres (Petit lexique pour comprendre l'Orthodoxie et Les racines chrétiennes orientales de l'Europe) que toute le monde citerait s'ils n'avaient pas un auteur aussi controversé. Le "métropolite d'Aquilée" n'a rien produit. Aucune publication valable n'est sortie de son "saint synode de Milan". Les intéressantes éditions d'anciennes liturgies occidentales (rit celtique et rit de Sarum) étaient le fait d'un groupe étasunien qui n'a fait qu'un passage de quelques années sous l'omophore de Monsieur d'Aquilée et de tout l'Occident. Du groupe de Milan, je n'ai jamais vu sortir que des brochures sur mauvais papier qui, inlassablement, justifiaient la succession apostolique et l'épiscopat de Monseigneur Euloge et de son synode, ladite ecclésiole n'ayant aucun autre but que l'apologie de sa propre existence.

Par ailleurs, Monseigneur Euloge ne ressemblait pas à l'évêque vagant type, en ce sens qu'il avait vraiment fait partie de l'Eglise orthodoxe à un moment de son parcours, qu'il s'était constitué une vraie paroisse à Milan et qu'il se parait d'un titre pseudo-historique plutôt que des titres de fantaisie habituels aux vagants. J'ai connu un excellent prêtre francophone qui s'y est laissé prendre quelques mois avant d'être réconcilié par le patriarcat de Roumanie. En fait, c'est à l'usage que des orthodoxes pieux et honnêtes comme le prêtre en question se rendaient compte du vagantisme du groupe de Milan : l'étrangeté d'un "missionnaire" qui ne célébrait pas dans la langue du pays, mais dans celle qui était susceptible de lui attirer le plus de monde et la vanité des publications du groupe, qui, ainsi que je l'ai dit, ne parlaient jamais de religion, mais de l'histoire - pourtant fort brève - du "saint synode de Milan".
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