Ainsi parlait Jean Romanidès

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Claude le Liseur
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Ainsi parlait Jean Romanidès

Message par Claude le Liseur »

La foi, la prière, la théologie et le dogme sont des méthodes thérapeutiques et comme des signaux indicateurs sur la voie de l'illumination et de la perfection qui, une fois atteinte, abolit foi, prière, théologie et dogmes - dont le but consiste précisément en sa propre abolition dans la glorification et l'amour désintéressé (1 Co 13, 8, 10).
Jean Romanidès* (John Romanides / Ιωάννης Ρωμανίδης ), "Jesus Christ - The Life of the World", in Xenia Oecumenica (Finlande) 39, 1982, pp. 232-278, traduction française "Le Christ, la vie du monde" in Jean Romanidès, Théologie empirique, présenté et commenté par Monseigneur Philarète, L'Harmattan, Paris 2015, p. 79.
Claude le Liseur
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Re: Ainsi parlait Jean Romanidès

Message par Claude le Liseur »

Chaque ami de Dieu porte le corps total du Christ et, en même temps, tous les amis de Dieu sont un seul corps du Christ assemblé en un même endroit (epi to auto*) partageant un même pain et une même coupe. Tel est le Mystère de l'Église établi le jour de la Pentecôte et toute la vérité dans laquelle le Christ avait promis que le Saint Esprit conduirait Ses amis. Aussi, le Corps du Christ est en construction, bâti par l'addition totale des illuminés et des glorifiés de chaque génération, jusqu'à son achèvement ultime à la fin des temps.
Jean Romanidès (John Romanides / Ιωάννης Ρωμανίδης ), "Jesus Christ - The Life of the World", in Xenia Oecumenica (Finlande) 39, 1982, pp. 232-278, traduction française «Le Christ, la vie du monde » in Jean Romanidès, Théologie empirique, présenté et commenté par Monseigneur Philarète, L'Harmattan, Paris 2015, pp. 92 sq.

* En translittération en alphabet latin dans le texte que je reproduis. En grec, ἐπὶ τὸ αὐτὸ (1 Co 11:20).

Une translittération prenant en compte la prononciation réelle serait plutôt epi to afto. Il n'y a à mon avis aucune raison de penser que la prononciation à l'époque des Apôtres ait été différente de la prononciation actuelle.
Claude le Liseur
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Re: Ainsi parlait Jean Romanidès

Message par Claude le Liseur »

Avant le Jour de Pentecôte, la glorification était d'une nature transitoire qui ne pouvait se poursuivre après la mort. Maintenant, dans le Corps du Christ, la theosis est encore une expérience transitoire de côté-ci de la mort, mais c'est une expérience permanente des saints en Christ après la mort de leurs corps. Dans le Corps du Christ, la glorification n'est pas limitée au cœur et manifestée seulement sur le visage, comme c'était le cas pour les prophètes, dont la gloire a été abolie (2 Co 3, 7 sqq), mais elle s'étend à présent à tout le Corps des glorifiés. Ainsi, le corps des saints manifestent la glorification permanente de leurs propriétaires, parce qu'ils restent imprégnés, de façon indéfectible, par cette glorification (theosis) et deviennent de saintes reliques.
Durant la glorification, les fonctions normales du corps, comme dormir, manger, boire et digérer, sont suspendues. A tous autres égards, l'intelligence et le corps fonctionnent tout à fait normalement, une fois que l'on commence à s'habituer à voir soi-même et tout l'espace environnant baignés de la gloire du Christ, qui est tout ensemble ténèbre et lumière et ni l'une ni l'autre, puisqu'elle semble à rien de créé.
Jean Romanidès (John Romanides / Ιωάννης Ρωμανίδης ), "Jesus Christ - The Life of the World", in Xenia Oecumenica (Finlande) 39, 1982, pp. 232-278, traduction française «Le Christ, la vie du monde » in Jean Romanidès, Théologie empirique, présenté et commenté par Monseigneur Philarète, L'Harmattan, Paris 2015, pp. 102 sq.
Claude le Liseur
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Re: Ainsi parlait Jean Romanidès

Message par Claude le Liseur »


Afin de placer cette thérapie dans sa vraie perspective, en considérant ses relations avec le monde, il faut remarquer que, si le judaïsme prophétique ou son successeur le christianisme étaient apparus au XXe siècle, très probablement les aurait-on catalogués et considérés non comme des religions, mais des sciences médicales psychiatriques, ayant un impact plus large sur la société par leur capacité à soigner avec succès, dans des proportions variables, la maladie de la personnalité humaine. Jamais on n'aurait pu les confondre avec des religions qui, par diverses pratiques ou croyances magiques, promettent la fuite hors d'un prétendu "monde matériel" qui serait celui du mal ou des faux-semblants, vers un monde imaginaire de bonheur et de sécurité.

On peut encore voir que cette confusion est impossible en étudiant la conception biblique et patristique de l'enfer et du paradis et ses implications. Dieu est tout ensemble ciel et enfer, récompense ou châtiment. Tous les êtres humains ont été créés pour avoir la vision ininterrompue de Dieu dans la gloire incréée du Christ. Que l'on perçoive Dieu comme ciel ou enfer, récompense ou châtiment, dépend de la réponse de chaque homme à l'amour de Dieu en Christ et s'il accepte le commandement d'avoir à transformer son amour égoïste et égocentrique en un amour déiforme et désintéressé.

Aucune Eglise ou religion ne peut prétendre décider qui ira au ciel et qui en enfer, puisque tous verront, tôt ou tard, la gloire de Dieu en Christ, ou comme lumière, ou comme feu consumant. La vraie vie en Christ consiste à se préparer par la purification et l'illumination du cœur, afin que cette vision soit ciel et non enfer. La responsabilité première de ceux qui ont atteint l'état d'illumination est d'illuminer les autres, afin de pouvoir, dans l'amour désintéressé et non utilitaire, vivre et œuvrer ensemble dans la société, tout en se préparant et, aussi, en préparant les autres, à une expérience éternelle que chacun connaîtra.

Dès qu'on sépare le ciel de l'enfer et qu'on imagine deux conditions comme des lieux différents, ou qu'on croit que l'enfer serait l'absence de la vision de Dieu, on introduit automatiquement des aspects magiques dans la théorie biblique de la guérison. Dès lors, la vision de Dieu s'identifie avec le ciel pour tout homme qui, d'une manière ou d'une autre, obtient cet état. Cette magie peut prendre la forme de la prédestination, du salut par la foi seule, ou par la foi et les œuvres, ou encore par la participation aux sacrements et à l'absolution des prêtres, voire par une combinaison de ces différents moyens. Ces traditions, dans leurs aspects variés, ont en commun qu'elles éludent toutes la nécessité de passer de l'homme à Dieu, dont l'attitude salvifique à l'égard de l'homme est alors déterminée par une obéissance d'esclave à Sa volonté. Elles ignorent que Dieu aime toutes ses créatures, sans discrimination, jusque et y compris le diable, du même amour; elles ne savent que Dieu était et demeure l'ami de tous les hommes, et que c'est l'homme, et non Dieu, qui a besoin de réconciliation, c'est-à-dire de soins appliqués à la partie de la personnalité qui ne fonctionne pas bien.
Jean Romanides (John Romanides / Ιωάννης Ρωμανίδης ), "Jesus Christ - The Life of the World", in Xenia Oecumenica (Finlande) 39, 1982, pp. 232-278, traduction française «Le Christ, la vie du monde » in Jean Romanides, Théologie empirique, présenté et commenté par Monseigneur Philarète, L'Harmattan, Paris 2015, pp. 104 sq.
Claude le Liseur
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Re: Ainsi parlait Jean Romanidès

Message par Claude le Liseur »

Pour une appréciation de l'oeuvre de Romanidès et de ses limites par Jean-Claude Larchet : viewtopic.php?f=1&t=2891
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