Impureté?

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Antoine
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Message par Antoine »

D'un façon générale je faisais référence à tout ce qui touche l'anthtropologie chrétienne chez Larchet.
- Ceci est mon corps (ed Joie de lire)
- Dieu ne veut pas la souffrance des hommes (Cerf)
- Le Chrétien deavant la maladie la souffrance et la mort (cerf)
- Pour une éthique de la procréation (Cerf)

On verra dans ses études que la pensée des Pères en matière d'anthropologie est très "nuancée" et non pas monolithique. Il est toujours très facile d'affirmer sans discernement "Les Pères disent que" (sans nommer qui quoi quand où) et de se retrancher aveuglément derrière les remparts de l'infaillibilité et de la Sainteté de l'Eglise à tout bout de champs et pour n'importe quoi.
J. Cl Larchet cite et dépoussière, montre ce qui est commun à beaucoup de Pères et ce qui est personnel à d'autres. Voilà ce que je trouve "salutaire".

Le christianisme orthodoxe est surtout une religion du corps dont il proclame la sainteté, la résurrection et la vie éternelle. Le christianisme est fondé sur l'incarnation du Christ!.
Et la Sainteté de l'Eglise et son infaillibilité en l'Esprit Saint se manifestent lorsqu'elle rappelle la Sainteté du mariage et la Pureté de la couche nuptiale face aux apologistes de la souffrance et aux obscurantistes de la sexualité.
Car comme par hasard ceux qui justifient la souffrance comme une épreuve envoyée par Dieu sont aussi ceux qui relèguent la sexualité Sainte au rang des bassesses corporelles... camouflant leurs frustrations derrière une fausse théologie à la noix de l'infériorité de la femme, de son instrumentalisation et de son impureté généralisée. Une façon d'avouer ses propres désirs inavouables. Le pire c'est qu'ensuite bon nombre de femmes (et d'hommes aussi) se laissent convaincre et transcendent au mieux cette injustice par un christianisme dégradé en religion de la culpabilité ou bien se détournent de l'Eglise dans une révolte bien compréhensible.
J'espère que ce texte des constitutions servira à Mihaelaia qui a
la chance d'avoir un pere(confesseur) qui n'a pas une vision si sévere sur la situation de la femme pendent ces regle.Il n'accorde pas la communion dans un délai de trois jour apres(et avant)
et qu'elle le diffusera à toute sa paroisse, hommes et femmes.
Quant à cette "sévérité" adoucie du confesseur elle repose sur quoi au juste? Qui est-ce qui tamponne ce passeport de la confession pour un visa à la communion? Encore un qui a tout compris et qui sauvegarde ainsi la belle autorité ecclésiastique...

En ce qui concerne "Les constitutions apostoliques", il s'agit d'une compilation de textes réalisée vers 380 dans la région d'Antioche dans laquelle ont été recueillies des traditions régissant l'organisation et la vie des communautés chrétiennes. Le rédacteur est certainement un "collectif" et s'appuie sur "La didascalie", "la didaché" et des recueils de traditions liturgiques,des canons de conciles tenus entre325 et 380 et je vous laisse lire l'introduction et étude du texte...

Il existe l'édition en 3 volumes dans la collection "Sources Chrétiennes" au Cerf (n° 320, 329,336 )
Il existe aussi une extraction en un volume qui donne l'intégralité de la traduction française sans l'appareillage critique .(Publié aussi au Cerf)
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Le texte cité par Antoine me semble surtout être une réponse à des groupes du type encratistes, manichéens ou certains gnostiques, qui condamnaient le mariage. Le concile de Gangres a précisé sa position contre les encratistes en condamnant ceux qui refusaient de recevoir l'eucharistie des mains d'un prêtre marié (reportez-vous à l'histoire de saint Alexis Toth et vous verrez que la quasi-totalité des catholiques romains de rite latin au XIXème siècle étaient des encratistes...). J'y lis aussi une réaction contre des pratiques sémitiques de purification après l'acte sexuel (vous souvenez-vous d'Ibn Fadlan exprimant son horreur devant les Varègues qui ne faisaient pas d'ablutions rituelles pour se purifier après la copulation?). Le but de ce texte est donc de nous montrer que les relations sexuelles dans le mariage, les règles pour les femmes, les pollutions nocturnes pour les hommes, ne sont pas des péchés.

La question du péché et la question du degré d'ascèse exigé par la communion au Corps et au Sang de NSJC sont deux questions différentes. Ce n'est pas un péché de manger, mais on ne prend pas de petit déjeuner le dimanche matin avant de communier, n'est-ce pas?
Ce n'est pas un péché d'avoir des relations sexuelles dans le mariage, mais on n'en a pas la nuit qui précède la communion, n'est-ce pas? Dans la vie de saint André le Fol-en-Christ, traduite du grec par le matthéiste hiéromoine Cassien (Braun), il y a un passage assez peu laudateur à l'égard d'un laïque qui a eu des relations sexuelles avec sa femme "le dimanche" (comprendre la nuit du samedi au dimanche en termes modernes, puisque le dimanche ecclésiastique commence le samedi à la tombée de la nuit). Je constate aussi qu'il y a des prières pour se purifier après une pollution nocturne (vous voyez là un interdit qui concerne les mâles), et qu'elles ont été traduites en français par le père Denis Guillaume.
Je pense donc que, pour la préparation à la communion, on ne nous demande pas seulement de ne pas pécher, mais d'avoir une ascèse particulière, dont j'ai déjà écrit que je la trouvais quand même poussée un peu loin quand je lis la préparation à la communion prévue par le Liturghier. Je ne crois pas qu'on puisse utiliser le texte cité plus haut dans le contexte de la communion.

Quant au voile évoqué par Elisabeth, il a un fondement scripturaire en I Corinthiens 11, 4-5 ("*Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte manque d'égard à son chef. *Mais toute femme qui prie ou prophétise la tête découverte manque d'égard à son chef. C'est exactement comme si elle était rasée.") et 13 ("Jugez par vous-mêmes: est-il bienséant qu'une femme prie Dieu sans être voilée?").

Notez, pour finir ces histoires de pudeur sur une note d'humour, une anecdote vraie. Il y a quelques années, dans une importante paroisse de l'émigration russe, une jeune fille vient à l'église avec un vêtement du haut réduit à peu de choses et le nombril à l'air. Elle était si indécente que le diacre vient lui faire la remarque que l'on ne s'habille pas comme cela à l'église. Réponse de la jeune fille: "Mais j'ai la tête voilée!" Conclusion pleine d'à-propos du diacre: "Vous feriez peut-être mieux de mettre votre voile autour de la taille!" Intéressante anecdote sur la lettre et l'esprit...

A propos du voile, on oublie souvent que la recommandation de l'Apôtre que les femmes aient la tête couverte à l'église a pour corollaire que les hommes doivent avoir la tête découverte, ce qui nous distingue des Juifs qui prient la tête couverte à la synagogue, comme s'en souviendront tous ceux qui ont vu Les aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury, où le personnage joué par Louis de Funès se faisait tout de suite remarquer dans une synagogue parce qu'il était tête nue.
Elisabeth
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Message par Elisabeth »

Si l'usage de la nourriture et la sexualité dépendent en effet de notre degré d'ascèse, les règles comme les pollutions nocturnes sont naturelles et ne peuvent être contrôlées par des pratiques ascétiques. Elles ne nécéssitent donc pas de purification:
<<Médite aussi ses lois, sans te soumettre aux pratiques qui accompagnent les règles, les relations sexuelles légitimes, l’accouchement ou les fausses couches, les souillures corporelles, puisque pareilles pratiques sont de stupides inventions d’imbéciles et n’ont pas de sens. >>
et ne constituent pas un obstacle à la communion :
<<Car si tu crois, ô femme, que pendant les sept jours de tes règles tu es privée de Saint-Esprit, viendrais-tu à mourir subitement, tu partirais privée de l’Esprit et démunie de l’espérance en Dieu. Parce que l’Esprit demeure en toi de façon absolument indissociable, puisqu’il n’est pas lié à un lieu, tu as besoin de la prière, de l’eucharistie et de la visite du Saint-Esprit, car dans les situations susdites tu n’es coupable d’aucune transgression.
>>

En ce qui concerne le voile, le passage de Corinthiens 1-16 reste pour moi assez obscur. Je vois bien que la notion de "Chef" chez St Paul n'est pas infamante pour celui qui n'est pas "chef" puisque << Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ>> (1Co, 3-4); mais les conséquences de cette affirmation ne m'apparaissent pas comme évidentes.
Et je ne comprend pas non plus <<..l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l'homme. C'est pourquoi la femme, à cause des anges doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend.>> (1Co, 9-10). La femme comme l'homme n'a-t-elle pas pour autorité le Christ notre Dieu?
Il y a aussi ce passage: <<L'homme ne doit pas se voiler la tête, car il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme.>> (1Co, 7). N'est-il pas dit que <<Dieu créa l'homme à son image: Il le créa à l'image de Dieu, homme et femme il les créa>> (Gn 1, 27)?
Et c'est un détail mais je le relève quand même, << Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée?>>(1Co,13), puisque l'apôtre fait appel à notre jugement, je n'ai apparemment pas le même que lui spontanément.
De même que << La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter de longs cheveux>> (1 Co, 14), je ne vois pas en quoi la nature nous enseigne de cette manière. Pourquoi donc notre clergé dans sa quasi totalité porte les cheveux longs?
Dernière modification par Elisabeth le dim. 08 févr. 2004 21:33, modifié 1 fois.
mihaelaiacovache
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Message par mihaelaiacovache »

Merci Antoine,
J'ai deja copie le passage envoye par vous et j'ai eu une discussion avec les jeunes femme de mon département.Je ne savait pas que cette libération que Jésus Christ l'avait donne a l'homme (et surtout a la femme) est stipule dans une document théologique orthodoxe .Comme j'avais dit dans le premiere réponse ,j'ai lu un guide orthodoxe tres severe ,ou j'ai trouve enregistre exactement 240 des péchés.Avec l'aide de cette liste ,le pauvre chrétien orthodoxe s'analyse soi meme avant la confession.Heureusement,il y a aussi des guide plus concises et des pretres qui soient qu'est qu'il est important dans un confession.Je fréquent une église de campagne ,ou beaucoup des femmes sont tres simple,mais je les aime pour leur simplicitee.Elles ont des habitudes qui pourra frappe un croyant émancipe ,mais je n'essayerait pas de les changer. Une autre part son des femme citadines,pieuses mais qui respect partialement les "canonnes": la tete couvert ,de ne porter pas les pantalons, le maquillage ,les bijoux. Quand Elisabeth a ouvrit cet rubrique ,je savait que le pas suivant seras l'aspect de la femme dans l'église. Je me rappele que j'ai du calmer ma belle fille quand elle m'a raconte comme elle n'a pas été reçu dans une église par le moine ,apres une long chemin qu'elle avait fait avec mon fils dans la montagne,pour gagner un ermitage que j'ai loue.Le motif ,elle portait du pantalon.
La probleme est ou devions nous arreter,parece que l'homme ,plus qu'il n'a pas une motivation theologique ,plus il a besoin d'un support exten donne par "les lois"(mon opinion).Aussi ,j'ai vu beacoup des gens qui preferent s'attacher a une manifestation externe de la foi ,que de rattraper l'essential ,qui est Jesu Christ.
J'ai montre quelques aspects que je les ai rencontre dans mon pays.
Antoine ,comme vous avez remarque " j'ai eu de la chance..", et comme vous venez de le voire ,ma belle fille n'a pas eu "de la chance.."
Mais les chemines de Dieu sont inconnues pour nous .Si je n'ai pu conduir mes fils a Dieu, je peut les porte tous les jours devant Lui dans mes prieres.(Quand j'ecrit le obituitaire chaque dimanche ,je pense a les dix lepreux qui ont ete gueris, seulement un s'est retourner pour remercier.Pour celui ci a guerit Jesu les autres neuf?Mais maintenant c'est un autre suget a ouvrir.)
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Elisabeth a écrit :Si l'usage de la nourriture et la sexualité dépendent en effet de notre degré d'ascèse, les règles comme les pollutions nocturnes sont naturelles et ne peuvent être contrôlées par des pratiques ascétiques. Elles ne nécéssitent donc pas de purification:
<<Médite aussi ses lois, sans te soumettre aux pratiques qui accompagnent les règles, les relations sexuelles légitimes, l’accouchement ou les fausses couches, les souillures corporelles, puisque pareilles pratiques sont de stupides inventions d’imbéciles et n’ont pas de sens. >>
et ne constituent pas un obstacle à la communion :
En s'arrêtant à des textes isolés par rapport à la tradition et à ce qui s'est fait en tout temps, on peut aller loin. Ainsi, les Constitutions apostoliques qualifient d'inventions d'imbéciles les pratiques qui accompagnent les souillures corporelles. Par conséquent, les saints moines irlandais qui ont prévu le cas de la pollution nocturne, même involontaire, dans les pénitientiels étaient des imbéciles. Ainsi, l'office à réciter après un rêve impur (i.e. une pollution nocturne) du Trebnik est une "stupide invention d'imbéciles" (moi, j'aurais plutôt admiré, à l'instar du père Denis Guillaume, "la fidélité du christianisme orthodoxe, qui d'une part ne rejette rien de la Loi antique sur la pureté rituelle et d'autre part possède une vision totale de l'homme, où le corps n'est pas séparé de l'âme"). D'où il faut bien déduire qu'entre le texte cité et les prières du Trebnik, l'Eglise a dévié quelque part. On pourrait tomber en pleine recherche de la "primitivité", comme les protestants en quête du moment où l'Eglise visible s'est "repaganisée" comme ils disent.

Il est évident que si nous faisons abstraction de toute la tradition et la vie du peuple chrétien pour y substituer notre propre subjectivité, alors nous courons le risque de devenir des anglicans de rite oriental.

Si l'on reproche à des moines de refuser que les femmes viennent en pantalon au monastère, faudra-t-il inciter les hommes qui maintiennent la tradition de venir à l'église en costume national (variante paysans du Maramures) ou en "habits du dimanche" (variante émigration grecque) à faire preuve à l'église du même débraillé que celui qui accompagne la vie quotidienne? Est-ce que le dimanche ne mérite pas un minimum d'effort vestimentaire?

Sans oublier le fait que je suis convaincu du caractère potentiellement totalitaire de la mode unisexe, pas promue pour rien par Mao et Pol Pot.

Quand j'ai rejoint l'Orthodoxie, je n'avais pas l'impression que ma mission était d'expliquer ce qu'ils devaient faire à ceux qui avaient deux mille ans d'ancienneté de plus que moi. Je ne vois pas ce que j'ai à apprendre à cette Pontique à Athènes qui refusait d'embrasser une relique pour la raison dont ce fil parle abondamment en me disant: "Eimai arrosti". Ses ancêtres souffraient pour la foi pendant que mes ancêtres se vautraient dans l'apostasie. Je ne suis pas venu pour critiquer les traditions religieuses des peuples orthodoxes, mais pour apprendre d'eux. Non, franchement, en matière religieuse, je n'ai rien à leur enseigner et je n'ai surtout pas envie que mon orgueil me fasse retomber dans les errements où mon peuple est tombé il y a plus de mille ans.

Je ne sais pas pourquoi nous n'avons plus que des évêques célibataires. Je ne sais pas pourquoi nous n'autorisons pas le deuxième mariage des prêtres comme le font les Arméniens. Je ne sais pas pourquoi le diacre Babut a arrêté son catalogue à 223 péchés plutôt que 222 ou 224. J'aimerais bien qu'il y ait des évêques mariés, des prêtres remariés et seulement 10 péchés sur la liste. Et alors? Qu'est-ce que vaut mon opinion personnelle avec le poids de 1'000 ans d'athéisme pseudo-chrétien par rapport à la vie de l'Eglise? Pour ma part, ce qui m'importe, c'est que je ne veux surtout pas revenir là d'où les Grecs et les Roumains m'ont tant bien que mal sorti.

Maintenant, je tiens à souligner que ce sera ma dernière intervention dans cette rubrique, parce que je me refuse à écrire encore des histoires de menstrues et d'épanchements séminaux.

N.B.: Pour les rêves impurs, je ne suis pas sûr qu'ils soient si innocents que cela. Il y a un très bon passage dans l'excellent film Le Dossier 51 de Michel Deville où le personnage joué par Roger Planchon explique comment le rêve impur représente l'archétype du "plaisir sans la faute".
mihaelaiacovache
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Message par mihaelaiacovache »

Excuser moi ,Claude,je respect et j'apprécie votre juste décision de vous arreter ici .Je veux seulement ajouter que ,parce que le jeune du Noël a commence, j'ai recommencer a lire le livre de Nicodim l'Aghiorite ,"La surveillance des cinq sens".
"Marchons honnetement comme en plein jour,sans exces de table ni de boisson,sans luxure ni dereglement,sans discorde ni jalousie".
"Tout m'est permit mais tout n'est pas utile,tout m;est permit ,mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit."
" Tout est permis,mais tout n'est pas utile;tout est permis, mais tout n'édifie pas".
eliazar
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Impureté

Message par eliazar »

Les deux derniers messages de Claude et de Michaela me paraissent en effet apporter une belle conclusion à cette rubrique.
Ce que je permets d’y ajouter ne sera donc qu’une note de lecteur, dans la marge. Au crayon…

Occidentaux « latins », nous avons aussi connu ces interminables catalogues de tous les péchés possibles (et surtout, hélas : « imaginables »), ces interrogatoires affolants qui nous faisaient progressivement plonger dès l’âge tendre dans l’abîme de toutes les perversités – comme les lecteurs fiévreux du « Larousse Médical » en arrivaient à se découvrir les symptômes de toutes les maladies à la fois. C’étaient le plus souvent des manuels réservés aux confesseurs – et qui ont dû contaminer plus d’un prêtre trop jeune - et célibataire forcé.

Je ne crois pas qu’il soit innocent, pour qui n’a pas reçu les charismes de l’Évêque (et dont la vie intérieure n’est pas l’aboutissement des longs combats d’une vie monacale) de se jeter dans ce marigot infesté de piranhas.

Cela pose tout le problème de la Confession – et de ce qu’en ont fait les hérétiques de Rome au cours des siècles et singulièrement depuis la Contre-Réforme et le Jansénisme : quelque chose qui louche sans cesse entre l’esprit policier d’inquisition et la pathologie psychanalyste. Quelque chose qui dérive de plus en plus loin de l’Évangile et qui sent le soufre à plein nez.
Il faut relire le tendre-et-sévère entretien du Christ avec sainte Photine la Samaritaine pour sortir de ce cauchemar.

Seulement, l’Orthodoxie a manqué crever de sa lente contamination par tous les miasmes du papisme ; surtout à partir de ce qu’un Occident spirituellement malade a osé dénommer « la Renaissance » - et qui sonnait en réalité le glas d’une mise au tombeau : celle de l’Église Grecque, notre mère à tous, sombrant dans un cruel sommeil de quatre siècles, ou plutôt une sorte de coma « à l’ombre de la mort ». Et au fur et à mesure que les peuples orthodoxes entraient dans leur prison musulmane, la confession orthodoxe s’est de plus en plus dégradée, buvant sans modération les microbes des confesseurs papistes.

Peut-être avons-nous eu tort d’imposer sur ce « fil » un titre-programme aussi glauque que le mot « Impureté » - alors que c’était simplement de « Clarification » que nous avions besoin.

Éliazar

PS – Peut-être aussi, tout en reconnaissant avec les Constitutions Apostoliques qu’il ne saurait y avoir de péché dans les fonctions naturelles de la créature humaine considérées en tant que telles, devrions-nous davantage rester attentifs - en ce qui concerne le Sang, et le liquide séminal – à celles qui transcendent par leur finalité la seule nature. Elles participent du Sacré en ce qu’elles confèrent à l’homme et à la femme (créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce qui n’est pas le fait des autres mammifères) la participation à l’œuvre divine par excellence : celle du Saint Esprit « qui fait don de la Vie » ; sans distinction dans le cas du père et de la mère entre le don de la Vie du Royaume et celui de la vie terrestre. Et là, se comprend pleinement la phrase citée du P. Denis (Guillaume). Le Sang comme le liquide séminal étant dès lors des éléments quasi-sacerdotaux de notre nature biologique. É.
Dernière modification par eliazar le ven. 14 nov. 2003 9:50, modifié 1 fois.
Antoine
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Message par Antoine »

Claude,
vous avez raison de rajouter un bémol au texte des constitutions apostoliques, car beaucoup auraient vite fait d'en faire une extension à des sujets qu'il ne traite pas dans les passages que j'ai choisis.
Mais il ne faut non plus y répondre par des objections à ces mêmes extensions dont il ne parle pas .
Le texte est salutaire dans le fait qu'il souligne la non impureté en soi des règles et le fait qu'il n'y a pas lieu d'interdire la communion aux femmes en cette période; il traite en passant de l'accouplement en soi dans le cadre du mariage dont les fréquences sont régulées par la vie liturgique. Il était une simple réponse à la question relative à certaines fonctions naturelles et aucunement à ce qui touche à l'organisation de la vie conjugale, les abstentions, la préparation à la communion, les rêves érotiques ou autres etc...(Car pollution nocturne et rêve érotique ne sont pas forcément liés.)

Le texte reflète aussi la pensée de l'Eglise. Cette pensée n'est pas figée et la théologie du mariage n'est pas non plus aboutie. Il y a encore beaucoup de choses sur l'anthropologie à découvrir et à intégrer dans notre réflexion orthodoxe. Le texte date du 4ème siècle et nous transmet aussi ce que nos Pères dans la Foi ont à nous dire sur ces sujets qu'Elisabeth à bien fait de porter sur le forum car il y a des tabous et refoulements dans l'Orthodoxie qui ne sont pas dûs à l'influence néfaste de l'occident. Force est de constater que ce texte des Constitutions est d'une grande force et d'une grande pureté et qu'il s'appuie aussi sur l'exemple évangélique de l'hémoroïsse. Il n'est pas entâché non plus par d'autres considérations contradictoires qui lui sont postérieures et dont il conviendrait de faire une exégèse poussée.

Dans les domaines du jeûne, de l'abstinence, des rêves , de la préparation à la communion, de la sexualité etc... il existe bien sûr d'autres textes et les constitutions apostoliques traitent également ces points.
On y verra par exemple que la sexualité est essentiellement considérée en vue de la procréation dont elle est inséparable. Ce qui n'est pas forcément en accord avec l'office même du mariage; et les notions de désir et de plaisir dans la vie intime du couple sont pratiquement ignorées. Mais cela est je pense un autre débat et il serait effectivement dangereux, comme vous le soulignez, que de vouloir assigner à cette citation une autre finalité que la sienne.

Le mariage, avec ses observances liturgiques qui en font une virginité maritale, est une sanctification de la sexualité, la virginité monastique est,elle, une transfiguration de la sexualité. C'est ce qui explique que les Pères avec Paul n'auront de cesse d' affirmer que le mariage est saint mais que la virginité lui est préférable. Il ne s'agit pas là d'un refoulement mais d'une graduation vers l'état résurrectionnel.

Bon carême à tous ceux qui entrent dans cette préparation liturgique à la célébration de l'incarnation du Logos dans le monde.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Un correspondant me signale qu'il est risqué de citer les Constitutions apostoliques à l'appui de certaines opinions, car le texte a subi tant d'interpolations de la part des hérétiques qu'il a fait l'objet d'une mise en garde lors du Concile Quinisexte (ou In Trullo) de 692.

Le texte original grec figure dans le Pidalion de saint Nicodème l'Hagiorite.

Traduction française par le hiéromoine Cassien (Braun), disponible sur Internet à l'adresse http://www.multimania.com/orthodoxievco ... trullo.htm :

"Canon 2

Confirmation des ordonnances apostoliques, de la tradition des pères et des conciles précédents.

Ce saint concile a pris aussi la décision très belle et très importante, que resteront désormais sûrs et confirmés pour le salut des âmes et la guérison des passions les 85 canons reçus et confirmés par les saints et bienheureux pères qui nous ont précédés, et transmis à nous aussi sous le nom des saints et glorieux apôtres. Mais comme dans ces canons il nous est ordonné de recevoir aussi les constitutions des mêmes saints apôtres rédigées par Clément, dans lesquelles jadis les hérétiques ont interpolé au dam de l'Eglise des choses fausses et étrangères à la vraie foi, qui ont terni la noble beauté des vérités divines, nous avons décidé de rejeter, comme il convenait de le faire, ces mêmes Constitutions pour l'édification et la sécurité du peuple très chrétien, en désapprouvant absolument les élucubrations des mensonges hérétiques et nous appuyant sur le pur et complet enseignement des apôtres."
Jean-Serge
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Impureté : une justification canonique?

Message par Jean-Serge »

Dans toutes mes lectures, jusqu'à ce que je découvre ces extraits des Constitutions apostoliques, j'avais lu qu'une femme ayant "les dérangements mensuels des femmes" ou un homme ayant eu une "émission" nocturne ne pouvaient communier. La seule explication que j'avais lue était : "c'est un indice de la nature déchue de l'homme" explication qui ne m'a jamais satisfaite car je pense que le baptême relève déjà de la nature déchue même si nous demeurons mortels.

Le livre Confession et communion chez Diaconie apostolique mentionne même un office à dire après un tel accident afin que l'homme puisse communier. Quant au livre "A guide for an Orthodox life" publié par des Vieux calendéristes florinistes (très bon livre), il ne mentionne cet office que pour le prêtre afin qu'il puisse célébrer. Mon prêtre russe hors frontière préféré connaît aussi cette interdiction mais pense que pour des besoins "spirtuels" (sic), le prêtre peut autoriser la femme à communier.

Or, Je viens de tomber par le plus grand des hasards sur les Réponses de Saint Thimotée d'Alexandrie sur le site du hiéromoine Cassien (VCO) qui édite un pédalion en ligne. Parenthèse : qui est ce Saint Timothée et quelle est la valeur de ces écrits? ( http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/ )

Donc on y lit :
VII

Question. Si une femme se rend compte qu'elle a les dérangements mensuels de femme, peut-elle approcher des saints mystères en ce jour-là, on non ?

Réponse.

Elle ne le peut pas, jusqu'à ce qu'elle soit purifiée.

Mais aussi pour les hommes :
XII

Question. Si un laïc, qui a fait des rêves impurs interroge un clerc, celui-ci doit-il lui permettre de communier, ou non ?

Réponse.

Si un désir impur de femme a précédé, il ne le doit pas; mais si Satan le tente, pour l'éloigner sous ce prétexte de la communion aux saints mystères, il peut communier; car le tentateur ne cessera pas de l'attaquer au temps où il voudrait communier.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
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