Encyclique des patriarches orientaux 1848
Publié : jeu. 22 avr. 2004 17:46
Lettre encyclique de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique à tous les chrétiens orthodoxes
(1848)
À TOUS NOS CHERS ET TRÈS-AIMÉS FRÈRES EN L'ESPRIT-SAINT VNÉRABLES ÉVÊQUES DE TOUS PAYS,
À LEUR PIEUX CLERGÉ ET À TOUS LES ORTHODOXES,
ENFANTS FIDÈLES DE L'ÉGLISE UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE,
FRATERNEL SALUT EN L'ESPRIT-SAINT ET BÉNÉDICTION DIVINE !
Article 1
II importerait que le saint et divin enseignement évangélique de notre rédemption soit par tous pareillement prêché dans son intégrité et reçu avec foi, jusqu'à la fin des temps, dans cette pureté dans laquelle notre Sauveur, qui s'est volontairement « abaissé » prenant « l'apparence d'un serviteur », et est descendu du sein de Dieu le Père, l'a révélé à ses divins et saints disciples ; pureté dans laquelle ces témoins oculaires ont annoncé, telles des trompettes sonores, cet en-seignement à l'univers entier, car « leur voie s'est répandue sur la terre entière et leurs paroles ont coulé jusqu'aux confins de l'univers » ; il importerait enfin que cet enseignement soit prêché dans la forme immuable qu'ont reçue les très grands et nombreux Pères de l'Église Catholique universelle qui nous l'ont transmis lors des Conciles et dans leurs écrits.
Mais l'esprit malin, ennemi traditionnel du salut de l'homme, comme jadis dans l'Éden, prenant le masque d'un conseiller bienveillant a amené l'homme à transgresser le commandement manifeste de Dieu ; de même dans cet Éden spirituel qu'est l'Église de Dieu, continue-t-il à abuser les hommes en leur suggérant des pensées malignes et impies et, se servant d'eux comme d'instruments, il distille le poison de l'hérésie dans les flots purs de la doctrine orthodoxe, et de ces coupes couvertes en apparence d'or évangélique, il étanche la soif d'une foule de personnes. Il l'étanche à ceux qui, par simplicité, mènent une vie inconséquente et ne s'attachent pas d'autant plus fermement au message reçu (Hébr. 2 :1) ni à ce que leurs pères leur ont appris (Deut. 32 :7), conformément à l'Évangile et à tous les anciens Pères, ceux qui ne considèrent pas suffisantes pour le salut de leur âme les paroles écrites et non écrites du Seigneur et les témoignages de t'Église, mais, courant après les nouveautés impies comme s'il s'agissait de nouveaux atours, reçoivent la doctrine évangélique sous une forme totalement altérée.
Article 2
Et c'est ainsi qu'apparurent des hérésies variées et monstrueuses que, dès son berceau» l'Église catholique s'étant revêtue de toutes les armes de Dieu et s'armant du glaive de l'Esprit qui est la parole de Dieu (Eph. 6 :17) dut combattre et vaincre. Elle les a toutes vaincues jusqu'à présent, elle les surmontera toujours avec gloire dans les siècles et elle apparaîtra, après chacune de ses victoires, chaque fois plus lumineuse et plus puissante.
Article 3
Or, parmi les hérésies, certaines ont complètement disparu, d'autres tendent à disparaître ou ont perdu de leur vigueur, d'autres encore fleurissent avec plus ou moins de bonheur jusqu'au moment de leur chute définitive : certaines, enfin, réapparaissent afin de parcourir à nouveau leur cycle complet de la naissance à l'extinction. Misérables spéculations de misérables humains, elles tombent inévitablement un jour, même s'il leur arrive de durer mille ans, car elles sont, en même temps que leurs promoteurs, foudroyées par l'anathème des sept Conciles Œcuméniques. Seule l'Orthodoxie de l'Église Catholique et Apostolique inspirée par la parole vivante de Dieu, demeurera éternellement selon la promesse infaillible du Seigneur : Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle (Mat. 16 :18). C'est-à-dire que, selon l'explication des Pères, quoi que les bouches des impies et des hérétiques puissent répandre — horreur et interdictions ou bien paroles doucereuses ou persuasives, — elles ne l’emporteront pas sur la doctrine paisible et sainte de l'Orthodoxie. Mais pourquoi cependant les méchants réussissent-ils tout ce qu'ils entreprennent (Jér. 12 :1), et les impies se glorifîent-ils et s'élèvent-ils comme les cèdres du Liban(Ps. 36 :35), pourquoi induisent-ils en tentation ceux qui servent paisiblement Dieu ? La raison en est impénétrable et la sainte Église prie quotidiennement que cette écharde dans la chair, cet ange de Satan, s'éloigne d'elle, mais elle entend sans cesse la voix du Seigneur lui dire : Ma grâce te suffît ; c'est dans l'infirmité que Ma force s'accomplit : c'est pour-quoi elle préfère se glorifier de ses faiblesses, afin qu'habite en elle la puissance du Christ (2 Cor. 11 :9) et que ceux qui sont éprouvés puissent se révéler (Héb. 2 :1).
Article 4
Parmi les hérésies qui se sont répandues, selon les desseins que Dieu seul connaît, sur la plus grande partie de l'Univers, émergeait jadis l'arianisme. De nos jours c'est le papisme. Mais ce dernier, de même que le premier qui a com-plètement disparu (et bien qu'il soit encore vigoureux), ne tiendra pas, il passera et s'effacera et une voix forte venue du ciel dira de lui : il a été précipité (Apoc. 12 : 10).
[/i]Article 5[/i]
La doctrine nouvelle voulant que « l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils » est inventée contrairement à la parole claire et formelle de notre Seigneur : qui procède du Père (Jn 15 :26) et contrairement à la confession de toute l'Église catholique confirmée par les sept Conciles Œcuméniques dans ces paroles : et qui procède du Père (Symbole de la Foi) ;
1. — Cette doctrine transgresse le témoignage confirmé par l'Évangile de l'émanation d'un seul principe {enikin) mais diversement {eteroeidi) des hypostases divines de la Sainte Trinité.
2. — Elle implique des rapports hétérogènes et inégaux entre ces hypostases de même puissance et dignes d'une même adoration en les confondant ou les mêlant.
3. — Elle présente comme imparfaite, obscure et non satisfaisante la confession adoptée jusqu'alors par l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
4. — Elle rabaisse les saints Pères du Premier Concile Œcuménique et du Second de Constantinople, en impliquant que ceux-ci auraient exposé de manière imparfaite renseignement relatif au Fils et au Saint-Esprit en passant sous silence une si importante particularité des deux hypostases divines, alors qu'il était néces-saire d'exposer tous les attributs divins pour lutter contre les ariens et les macédo-niens.
5. — Elle offense les Pères des Troisième, Quatrième, Cinquième, Sixième et Septième Conciles Œcuméniques qui ont proclamé devant tout l'Univers le divin Symbole de la Foi, parfait et complet en tout point, et qui ont, pour eux-mêmes et pour tous les autres, interdit sous peine d'anathèmes irrévocables, toute addition ou soustraction, toute modification ou transposition, ne fût-ce que d'un iota ; alors qu'il a fallu (selon la doctrine catholique romaine) rectifier et compléter ce Symbole et altérer ainsi tout renseignement théologique des Pères Œcuméni-ques, puisque un nouvel attribut disrinctif serait apparu à l'intérieur des trois hy-postases de la Sainte Trinité.
6. — Elle s'est tout d'abord glissée dans les Églises d'Occident comme un loup déguisé en agneau. Nous voulons dire par là qu'elle ne s'est pas manifestée sous le nom de « procession » {tis ekporeuseos) selon le terme grec utilisé dans l'Évangile et le Symbole mais d'« envoi » {tis apostolis) ainsi que l'expliquait à Maxime le Confesseur le pape Martin pour se justifier auprès de lui et ainsi que l'avait fait Anastase, bibliothécaire de Jean VIII.
7. — Avec une audace grossière et inconcevable jusqu'alors, elle a touché au Symbole même de notre foi et altéré ce dépôt commun du christianisme.
8. - Elle a introduit des troubles considérables dans la vie paisible de l'Église en divisant les nations.
9. - Elle a été publiquement réprouvée à sa première apparition par deux papes d'éternelle mémoire, Léon III et Jean VIII ; ce dernier, dans sa lettre au bienheureux Photius, a même traité de complices de Judas ceux qui, les premiers, l'avaient introduite dans le Symbole.
10. - Elle a été condamnée par plusieurs saints Conciles des quatre patriarches orientaux.
11. — Elle a été frappée d'anathème en tant qu'innovation et addition au Symbole lors du (prétendu) Huitième Concile Œcuménique, tenu à Constantinople dans le but de réconcilier les Églises d'Orient et d'Occident.
12. —À peine avait-elle fait son apparition dans les Églises d'Occident qu'elle engendra immédiatement les pires engeances ou introduisit à sa suite peu à peu d'autres innovations qui, la plupart du temps, contredisaient les préceptes de notre Seigneur clairement exprimés dans les Évangiles et que ces mêmes Églises observaient jusqu'alors scrupuleusement ; ainsi en était-il, par exemple, de l'aspersion au lieu de l'immersion, de la privation du Saint Calice pour les fidèles et de la communion sous la seule espèce du pain, de l'utilisation d'hosties azymes au lieu de pain levé, de l'omission de l'invocation du Saint Esprit lors de la Liturgie. Innovations qui transgressaient les antiques rites apostoliques de l'Église catholique comme, par exemple, de ne pas oindre du Saint Chrême les petits enfants après le baptême et de ne pas leur accorder la Communion, d'interdire le Sacerdoce aux hommes mariés, de reconnaître dans le pape une personne infaillible et le vicaire du Christ, etc. Ainsi cette doctrine a détruit tout l'antique rituel des Apôtres, elle a aboli la quasi-totalité des sacrements et des institutions ecclésiales que conservait l'antique, sainte et orthodoxe Église romaine qui était alors le membre le plus digne de l'Église Sainte, Catholique et Apostolique.
13. — Elle a amené les théologiens occidentaux, ses défenseurs, faute de trouver des appuis dans les Ecritures ou chez les Pères, à recourir à d'innombrables sophismes ; non seulement à des exégèses erronées des Ecritures que l'on ne saurait trouver chez aucun des Pères de la Sainte Église Catholique, mais encore en l'altération des textes sacrés et intangibles des divins Pères d'Orient et d'Occident;
14. - Elle a paru étrange, inouïe et blasphématoire à d'autres communautés chrétiennes qui, avant son apparition, avaient été, pour de justes raisons, excommuniées depuis des siècles de l'Église Catholique.
15. - Elle n'a pas encore pu alléguer, malgré les efforts de ses défenseurs, la moindre preuve tant soit peu convaincante et fondée tirée des Saintes Écritures ou des Pères contre une seule des preuves que nous produisons.
Dans sa nature et dans son essence même une telle doctrine présente tous les symptômes d'un enseignement hétérodoxe. Et attendu que tout enseignement erroné concernant le dogme de l'Église Catholique sur la Sainte Trinité, sur l'origine des hypostases divines, de même que sur la procession du Saint Esprit est et doit s'appeler hérésie, de même, ceux qui adoptent un tel enseignement, sont et s'appellent hérétiques selon la décision même de saint Damase, pape de Rome : « Celui qui pense sainement sur le Père, mais a une opinion erronée sur le Saint Esprit, est un hérétique » {Confession de la Foi Catholique, envoyée par le pape Damase à l'évêque de Thessalonique Paulin).
Pour toutes ces raisons, l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, suivant en cela les saints Pères d'Orient et d'Occident, annonce aujourd'hui conciliairement, de même qu'elle le fît jadis du temps de nos Pères, que cette innovation doctrinale faisant procéder l'Esprit Saint du Père et du Fils est par son essence même une hérésie, et que ses partisans, quels qu'ils soient, des héréti-ques selon la décision formufée en Concile par le saint pape Damase. Les com-munautés qu'ils forment sont des communautés hérétiques et toute communion spirituelle ou religieuse des enfants orthodoxes de l'Église catholique avec eux est illicite, principalement en vertu du canon sept du Troisième Concile Œcuménique.
Article 6
Cette hérésie avec, comme nous l'avons dit, une foule d'autres innovations qui lui sont liées apparut vers le milieu du 7ème siècle. D'abord inconnue et anonyme, elle se propagea secrètement et sous différentes formes dans les diocèses de l'Occident européen durant quatre ou cinq siècles et finit par l'emporter sur l'orthodoxie de ces pays grâce à l'incurie des pasteurs d'alors et de la protection des autorités civiles. Peu à peu elle égara non seulement les Eglises jusque-là orthodoxes d'Espagne, mais encore celles de Germanie, de Gaule et même d'Italie dont l'Orthodoxie rayonnait jadis dans le monde entier. Nos saints Pères, tels Athanase le Grand et le divin Basile, communiquaient fréquemment avec certaines d'entre elles ; leur union et leur relation avec nous permirent de conserver intacte la doctrine de l'Église Catholique et Apostolique Jusqu'au Septième Concile Œcuménique. Lorsque, par la convoitise de l'ennemi de tout bien, les nouveautés relatives à la doctrine saine et orthodoxe sur le Très-Saint-Esprit (contre lequel le blasphème selon la parole du Seigneur ne sera point pardonné aux hommes ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir (Mat. 12 :31-32), les nouveautés successives touchant aux mystères divins, tout spécialement au sacrement du salutaire Baptême, à la sainteté de la Communion et du Sacerdoce, lorsque toutes ces inepties venant les unes après les autres conquirent l'antique siège de Rome lui-même, cette hérésie, ayant acquis une célébrité certaine au sein de l'Église, se revêtit du vocable caractéristique de « papisme ».
En effet, si au début, parmi les évêques de Rome, appelés papes, certains, tels Léon III et Jean VIII (que nous avons déjà mentionnés) se sont bien élevés contre l'innovation et l'ont condamnée à la face de l'Univers entier (l'un par ses fameuses tables d'argent, l'autre par sa lettre au bienheureux Photius lors du (prétendu) Huitième Concile Œcuménique et par sa lettre à Sphendopulchre au sujet de Méthode, évêque de Moravie), la plupart de leurs successeurs furent séduits par les prérogatives, contraires aux canons des Conciles, que cette hérésie leur fournissait pour dominer les Églises de Dieu, er ils y trouvèrent de grands avantages humains et de grands bénéfices. Ayant inventé la monarchie au sein de l'Église conciliaire, le monopole quant à la répartition des dons du Saint Esprit, ils ont non seulement altéré le culte antique qui existait auparavant chez eux, s'étant par de telles innovations retranchés du reste de l’antique société anthentiquement chrétienne, mais encore ils ont tenté, non sans subterfuges honteux ainsi que nous l'apprend une Histoire véridique, d'entraîner dans leur apostasie contre l'Orthodoxie les quatre autres patriarcats et d'assujettir ainsi l'Église catholique aux volontés et aux ordres d'un homme.
Article 7
Nos prédécesseurs et Pères d'éternelle mémoire, voyant l'antique doctrine évangélique foulée aux pieds et la tunique sans couture du Christ déchirée par des mains impies, mus par un amour paternel et fraternel pleuraient la perte de tant de chrétiens pour qui le Christ était mort. Mais cela ne les empêchait aucunement de déployer beaucoup d'effort et de zèle, conciliairement et à titre individuel, afin d'unir à nouveau, autant que faire se pouvait, ce qui avait été séparé, tout en préservant la doctrine orthodoxe de l'Église sainte et catholique : tels d'habiles chirurgiens, ils essayaient d'un commun effort de guérir le membre souffrant, tout en supportant quantité d'afflictions, d'outrages et de persécutions, avec pour unique souci d'éviter que le corps du Christ ne fût divisé, que ne fussent foulées les règles des saints et divins Conciles. Mais, comme le témoigne l'histoire, l'Occident s'obstina dans son erreur. Et nos Pères de glorieuse mémoire purent se convaincre de la justesse des paroles de notre Père parmi les saints Basile le Grand qui, de sa propre expérience disait des évêques d'Occident, et tout spécialement du pape de son époque : « Ils ne connaissent pas la vérité et ne désirent pas la connaître ; ils entrent en lutte contre ceux qui la leur font connaître et consolident par eux-mêmes l'hérésie » (à Eusèbe, évêque de Samosaie — Lettre 239) ; et ainsi, après une première admonestation puis une seconde, constatant leur obstination dans l'erreur, ils secouèrent la poussière de leurs chaussures et, les désavouant, les « livrèrent » à leur « esprit inepte » (attendu que « la guerre est préférable à une paix qui nous sépare de Dieu » ainsi que l'écrivait notre Père parmi les saints Grégoire au sujet des ariens). Depuis lors, il n'y a plus aucune communion spirituelle entre eux et nous, car ils ont, de leurs propres mains, creusé l'abîme profond qui les sépare de l'Orthodoxie.
(1848)
À TOUS NOS CHERS ET TRÈS-AIMÉS FRÈRES EN L'ESPRIT-SAINT VNÉRABLES ÉVÊQUES DE TOUS PAYS,
À LEUR PIEUX CLERGÉ ET À TOUS LES ORTHODOXES,
ENFANTS FIDÈLES DE L'ÉGLISE UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE,
FRATERNEL SALUT EN L'ESPRIT-SAINT ET BÉNÉDICTION DIVINE !
Article 1
II importerait que le saint et divin enseignement évangélique de notre rédemption soit par tous pareillement prêché dans son intégrité et reçu avec foi, jusqu'à la fin des temps, dans cette pureté dans laquelle notre Sauveur, qui s'est volontairement « abaissé » prenant « l'apparence d'un serviteur », et est descendu du sein de Dieu le Père, l'a révélé à ses divins et saints disciples ; pureté dans laquelle ces témoins oculaires ont annoncé, telles des trompettes sonores, cet en-seignement à l'univers entier, car « leur voie s'est répandue sur la terre entière et leurs paroles ont coulé jusqu'aux confins de l'univers » ; il importerait enfin que cet enseignement soit prêché dans la forme immuable qu'ont reçue les très grands et nombreux Pères de l'Église Catholique universelle qui nous l'ont transmis lors des Conciles et dans leurs écrits.
Mais l'esprit malin, ennemi traditionnel du salut de l'homme, comme jadis dans l'Éden, prenant le masque d'un conseiller bienveillant a amené l'homme à transgresser le commandement manifeste de Dieu ; de même dans cet Éden spirituel qu'est l'Église de Dieu, continue-t-il à abuser les hommes en leur suggérant des pensées malignes et impies et, se servant d'eux comme d'instruments, il distille le poison de l'hérésie dans les flots purs de la doctrine orthodoxe, et de ces coupes couvertes en apparence d'or évangélique, il étanche la soif d'une foule de personnes. Il l'étanche à ceux qui, par simplicité, mènent une vie inconséquente et ne s'attachent pas d'autant plus fermement au message reçu (Hébr. 2 :1) ni à ce que leurs pères leur ont appris (Deut. 32 :7), conformément à l'Évangile et à tous les anciens Pères, ceux qui ne considèrent pas suffisantes pour le salut de leur âme les paroles écrites et non écrites du Seigneur et les témoignages de t'Église, mais, courant après les nouveautés impies comme s'il s'agissait de nouveaux atours, reçoivent la doctrine évangélique sous une forme totalement altérée.
Article 2
Et c'est ainsi qu'apparurent des hérésies variées et monstrueuses que, dès son berceau» l'Église catholique s'étant revêtue de toutes les armes de Dieu et s'armant du glaive de l'Esprit qui est la parole de Dieu (Eph. 6 :17) dut combattre et vaincre. Elle les a toutes vaincues jusqu'à présent, elle les surmontera toujours avec gloire dans les siècles et elle apparaîtra, après chacune de ses victoires, chaque fois plus lumineuse et plus puissante.
Article 3
Or, parmi les hérésies, certaines ont complètement disparu, d'autres tendent à disparaître ou ont perdu de leur vigueur, d'autres encore fleurissent avec plus ou moins de bonheur jusqu'au moment de leur chute définitive : certaines, enfin, réapparaissent afin de parcourir à nouveau leur cycle complet de la naissance à l'extinction. Misérables spéculations de misérables humains, elles tombent inévitablement un jour, même s'il leur arrive de durer mille ans, car elles sont, en même temps que leurs promoteurs, foudroyées par l'anathème des sept Conciles Œcuméniques. Seule l'Orthodoxie de l'Église Catholique et Apostolique inspirée par la parole vivante de Dieu, demeurera éternellement selon la promesse infaillible du Seigneur : Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle (Mat. 16 :18). C'est-à-dire que, selon l'explication des Pères, quoi que les bouches des impies et des hérétiques puissent répandre — horreur et interdictions ou bien paroles doucereuses ou persuasives, — elles ne l’emporteront pas sur la doctrine paisible et sainte de l'Orthodoxie. Mais pourquoi cependant les méchants réussissent-ils tout ce qu'ils entreprennent (Jér. 12 :1), et les impies se glorifîent-ils et s'élèvent-ils comme les cèdres du Liban(Ps. 36 :35), pourquoi induisent-ils en tentation ceux qui servent paisiblement Dieu ? La raison en est impénétrable et la sainte Église prie quotidiennement que cette écharde dans la chair, cet ange de Satan, s'éloigne d'elle, mais elle entend sans cesse la voix du Seigneur lui dire : Ma grâce te suffît ; c'est dans l'infirmité que Ma force s'accomplit : c'est pour-quoi elle préfère se glorifier de ses faiblesses, afin qu'habite en elle la puissance du Christ (2 Cor. 11 :9) et que ceux qui sont éprouvés puissent se révéler (Héb. 2 :1).
Article 4
Parmi les hérésies qui se sont répandues, selon les desseins que Dieu seul connaît, sur la plus grande partie de l'Univers, émergeait jadis l'arianisme. De nos jours c'est le papisme. Mais ce dernier, de même que le premier qui a com-plètement disparu (et bien qu'il soit encore vigoureux), ne tiendra pas, il passera et s'effacera et une voix forte venue du ciel dira de lui : il a été précipité (Apoc. 12 : 10).
[/i]Article 5[/i]
La doctrine nouvelle voulant que « l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils » est inventée contrairement à la parole claire et formelle de notre Seigneur : qui procède du Père (Jn 15 :26) et contrairement à la confession de toute l'Église catholique confirmée par les sept Conciles Œcuméniques dans ces paroles : et qui procède du Père (Symbole de la Foi) ;
1. — Cette doctrine transgresse le témoignage confirmé par l'Évangile de l'émanation d'un seul principe {enikin) mais diversement {eteroeidi) des hypostases divines de la Sainte Trinité.
2. — Elle implique des rapports hétérogènes et inégaux entre ces hypostases de même puissance et dignes d'une même adoration en les confondant ou les mêlant.
3. — Elle présente comme imparfaite, obscure et non satisfaisante la confession adoptée jusqu'alors par l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
4. — Elle rabaisse les saints Pères du Premier Concile Œcuménique et du Second de Constantinople, en impliquant que ceux-ci auraient exposé de manière imparfaite renseignement relatif au Fils et au Saint-Esprit en passant sous silence une si importante particularité des deux hypostases divines, alors qu'il était néces-saire d'exposer tous les attributs divins pour lutter contre les ariens et les macédo-niens.
5. — Elle offense les Pères des Troisième, Quatrième, Cinquième, Sixième et Septième Conciles Œcuméniques qui ont proclamé devant tout l'Univers le divin Symbole de la Foi, parfait et complet en tout point, et qui ont, pour eux-mêmes et pour tous les autres, interdit sous peine d'anathèmes irrévocables, toute addition ou soustraction, toute modification ou transposition, ne fût-ce que d'un iota ; alors qu'il a fallu (selon la doctrine catholique romaine) rectifier et compléter ce Symbole et altérer ainsi tout renseignement théologique des Pères Œcuméni-ques, puisque un nouvel attribut disrinctif serait apparu à l'intérieur des trois hy-postases de la Sainte Trinité.
6. — Elle s'est tout d'abord glissée dans les Églises d'Occident comme un loup déguisé en agneau. Nous voulons dire par là qu'elle ne s'est pas manifestée sous le nom de « procession » {tis ekporeuseos) selon le terme grec utilisé dans l'Évangile et le Symbole mais d'« envoi » {tis apostolis) ainsi que l'expliquait à Maxime le Confesseur le pape Martin pour se justifier auprès de lui et ainsi que l'avait fait Anastase, bibliothécaire de Jean VIII.
7. — Avec une audace grossière et inconcevable jusqu'alors, elle a touché au Symbole même de notre foi et altéré ce dépôt commun du christianisme.
8. - Elle a introduit des troubles considérables dans la vie paisible de l'Église en divisant les nations.
9. - Elle a été publiquement réprouvée à sa première apparition par deux papes d'éternelle mémoire, Léon III et Jean VIII ; ce dernier, dans sa lettre au bienheureux Photius, a même traité de complices de Judas ceux qui, les premiers, l'avaient introduite dans le Symbole.
10. - Elle a été condamnée par plusieurs saints Conciles des quatre patriarches orientaux.
11. — Elle a été frappée d'anathème en tant qu'innovation et addition au Symbole lors du (prétendu) Huitième Concile Œcuménique, tenu à Constantinople dans le but de réconcilier les Églises d'Orient et d'Occident.
12. —À peine avait-elle fait son apparition dans les Églises d'Occident qu'elle engendra immédiatement les pires engeances ou introduisit à sa suite peu à peu d'autres innovations qui, la plupart du temps, contredisaient les préceptes de notre Seigneur clairement exprimés dans les Évangiles et que ces mêmes Églises observaient jusqu'alors scrupuleusement ; ainsi en était-il, par exemple, de l'aspersion au lieu de l'immersion, de la privation du Saint Calice pour les fidèles et de la communion sous la seule espèce du pain, de l'utilisation d'hosties azymes au lieu de pain levé, de l'omission de l'invocation du Saint Esprit lors de la Liturgie. Innovations qui transgressaient les antiques rites apostoliques de l'Église catholique comme, par exemple, de ne pas oindre du Saint Chrême les petits enfants après le baptême et de ne pas leur accorder la Communion, d'interdire le Sacerdoce aux hommes mariés, de reconnaître dans le pape une personne infaillible et le vicaire du Christ, etc. Ainsi cette doctrine a détruit tout l'antique rituel des Apôtres, elle a aboli la quasi-totalité des sacrements et des institutions ecclésiales que conservait l'antique, sainte et orthodoxe Église romaine qui était alors le membre le plus digne de l'Église Sainte, Catholique et Apostolique.
13. — Elle a amené les théologiens occidentaux, ses défenseurs, faute de trouver des appuis dans les Ecritures ou chez les Pères, à recourir à d'innombrables sophismes ; non seulement à des exégèses erronées des Ecritures que l'on ne saurait trouver chez aucun des Pères de la Sainte Église Catholique, mais encore en l'altération des textes sacrés et intangibles des divins Pères d'Orient et d'Occident;
14. - Elle a paru étrange, inouïe et blasphématoire à d'autres communautés chrétiennes qui, avant son apparition, avaient été, pour de justes raisons, excommuniées depuis des siècles de l'Église Catholique.
15. - Elle n'a pas encore pu alléguer, malgré les efforts de ses défenseurs, la moindre preuve tant soit peu convaincante et fondée tirée des Saintes Écritures ou des Pères contre une seule des preuves que nous produisons.
Dans sa nature et dans son essence même une telle doctrine présente tous les symptômes d'un enseignement hétérodoxe. Et attendu que tout enseignement erroné concernant le dogme de l'Église Catholique sur la Sainte Trinité, sur l'origine des hypostases divines, de même que sur la procession du Saint Esprit est et doit s'appeler hérésie, de même, ceux qui adoptent un tel enseignement, sont et s'appellent hérétiques selon la décision même de saint Damase, pape de Rome : « Celui qui pense sainement sur le Père, mais a une opinion erronée sur le Saint Esprit, est un hérétique » {Confession de la Foi Catholique, envoyée par le pape Damase à l'évêque de Thessalonique Paulin).
Pour toutes ces raisons, l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, suivant en cela les saints Pères d'Orient et d'Occident, annonce aujourd'hui conciliairement, de même qu'elle le fît jadis du temps de nos Pères, que cette innovation doctrinale faisant procéder l'Esprit Saint du Père et du Fils est par son essence même une hérésie, et que ses partisans, quels qu'ils soient, des héréti-ques selon la décision formufée en Concile par le saint pape Damase. Les com-munautés qu'ils forment sont des communautés hérétiques et toute communion spirituelle ou religieuse des enfants orthodoxes de l'Église catholique avec eux est illicite, principalement en vertu du canon sept du Troisième Concile Œcuménique.
Article 6
Cette hérésie avec, comme nous l'avons dit, une foule d'autres innovations qui lui sont liées apparut vers le milieu du 7ème siècle. D'abord inconnue et anonyme, elle se propagea secrètement et sous différentes formes dans les diocèses de l'Occident européen durant quatre ou cinq siècles et finit par l'emporter sur l'orthodoxie de ces pays grâce à l'incurie des pasteurs d'alors et de la protection des autorités civiles. Peu à peu elle égara non seulement les Eglises jusque-là orthodoxes d'Espagne, mais encore celles de Germanie, de Gaule et même d'Italie dont l'Orthodoxie rayonnait jadis dans le monde entier. Nos saints Pères, tels Athanase le Grand et le divin Basile, communiquaient fréquemment avec certaines d'entre elles ; leur union et leur relation avec nous permirent de conserver intacte la doctrine de l'Église Catholique et Apostolique Jusqu'au Septième Concile Œcuménique. Lorsque, par la convoitise de l'ennemi de tout bien, les nouveautés relatives à la doctrine saine et orthodoxe sur le Très-Saint-Esprit (contre lequel le blasphème selon la parole du Seigneur ne sera point pardonné aux hommes ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir (Mat. 12 :31-32), les nouveautés successives touchant aux mystères divins, tout spécialement au sacrement du salutaire Baptême, à la sainteté de la Communion et du Sacerdoce, lorsque toutes ces inepties venant les unes après les autres conquirent l'antique siège de Rome lui-même, cette hérésie, ayant acquis une célébrité certaine au sein de l'Église, se revêtit du vocable caractéristique de « papisme ».
En effet, si au début, parmi les évêques de Rome, appelés papes, certains, tels Léon III et Jean VIII (que nous avons déjà mentionnés) se sont bien élevés contre l'innovation et l'ont condamnée à la face de l'Univers entier (l'un par ses fameuses tables d'argent, l'autre par sa lettre au bienheureux Photius lors du (prétendu) Huitième Concile Œcuménique et par sa lettre à Sphendopulchre au sujet de Méthode, évêque de Moravie), la plupart de leurs successeurs furent séduits par les prérogatives, contraires aux canons des Conciles, que cette hérésie leur fournissait pour dominer les Églises de Dieu, er ils y trouvèrent de grands avantages humains et de grands bénéfices. Ayant inventé la monarchie au sein de l'Église conciliaire, le monopole quant à la répartition des dons du Saint Esprit, ils ont non seulement altéré le culte antique qui existait auparavant chez eux, s'étant par de telles innovations retranchés du reste de l’antique société anthentiquement chrétienne, mais encore ils ont tenté, non sans subterfuges honteux ainsi que nous l'apprend une Histoire véridique, d'entraîner dans leur apostasie contre l'Orthodoxie les quatre autres patriarcats et d'assujettir ainsi l'Église catholique aux volontés et aux ordres d'un homme.
Article 7
Nos prédécesseurs et Pères d'éternelle mémoire, voyant l'antique doctrine évangélique foulée aux pieds et la tunique sans couture du Christ déchirée par des mains impies, mus par un amour paternel et fraternel pleuraient la perte de tant de chrétiens pour qui le Christ était mort. Mais cela ne les empêchait aucunement de déployer beaucoup d'effort et de zèle, conciliairement et à titre individuel, afin d'unir à nouveau, autant que faire se pouvait, ce qui avait été séparé, tout en préservant la doctrine orthodoxe de l'Église sainte et catholique : tels d'habiles chirurgiens, ils essayaient d'un commun effort de guérir le membre souffrant, tout en supportant quantité d'afflictions, d'outrages et de persécutions, avec pour unique souci d'éviter que le corps du Christ ne fût divisé, que ne fussent foulées les règles des saints et divins Conciles. Mais, comme le témoigne l'histoire, l'Occident s'obstina dans son erreur. Et nos Pères de glorieuse mémoire purent se convaincre de la justesse des paroles de notre Père parmi les saints Basile le Grand qui, de sa propre expérience disait des évêques d'Occident, et tout spécialement du pape de son époque : « Ils ne connaissent pas la vérité et ne désirent pas la connaître ; ils entrent en lutte contre ceux qui la leur font connaître et consolident par eux-mêmes l'hérésie » (à Eusèbe, évêque de Samosaie — Lettre 239) ; et ainsi, après une première admonestation puis une seconde, constatant leur obstination dans l'erreur, ils secouèrent la poussière de leurs chaussures et, les désavouant, les « livrèrent » à leur « esprit inepte » (attendu que « la guerre est préférable à une paix qui nous sépare de Dieu » ainsi que l'écrivait notre Père parmi les saints Grégoire au sujet des ariens). Depuis lors, il n'y a plus aucune communion spirituelle entre eux et nous, car ils ont, de leurs propres mains, creusé l'abîme profond qui les sépare de l'Orthodoxie.