Le calendrier

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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

paraclésis a écrit : Pour ce qui est de la remarque sur la/les dates de Noël, je la reçois comme une boutade d'exaspération devant l'argumentaire d'Antoine, boutade qui prolonge tant le raisonnement que l'on tombe dans l'absurde ou dans l'humour !

Je ne comprends pas en quoi un argumentaire serré et factuel comme celui d'Antoine peut provoquer l'exaspération. En tout cas cela ne serait pas dans la tradition de ce forum, où il y a toujours eu des discussions argumentées.
Je ne comprends pas non plus en quelle manière la question de Jean-Serge, si elle avait été un boutade, aurait tant prolongé le raisonnement que l'on serait tombé dans l'absurde ou dans l'humour.
La suite de la discussion a d'ailleurs permis à Jean-Serge de préciser sa pensée, et l'on voit bien qu'il posait une question sérieuse.

Pour répondre à la question de Jean-Serge, je pense que l'encylique de 1920 est une chose, et que la décision de corriger le calendrier en est une autre. Les discussions sur la correction du calendrier liturgique étaient bien antérieures à l'encyclique de 1920, dont je ne sais d'ailleurs pas si elle se situait dans un contexte franchement oecuméniste ou si elle ne procédait pas du rêve caressé à l'époque par beaucoup d'orthodoxes qui croyaient que l'Eglise anglicane et l'Union d'Utrecht allaient retourner au bercail orthodoxe. En tout cas, l'encyclique de 1920 a été signée par des métropolites d'un patriarcat de Constantinople en pleine déshérence et où il n'y avait même pas de patriarche à ce moment-là.
En revanche, la correction du calendrier a été adoptée, entre 1924 et 1971, par des Eglises florissantes, dans un tout autre contexte que celui de l'encyclique de 1920, ce qui montre bien qu'elle avait d'autres causes.
Vous savez bien que, lors de la conférence panorthodoxe de Constantinople en 1923, les deux sujets pratiques les plus importants abordés par les délégations ont été la correction du calendrier ecclésiastique et le remariage des prêtres veufs. Dans les deux cas, il s'agissaient de problèmes qui étaient soulevés depuis des décennies, et qui avaient suscité beaucoup de discusssions avant d'être débattus par cette conférence. Or, je ne vois pas, par exemple, le lien entre le remariage des prêtres veufs et l'oecuménisme.
Je pense qu'il faudrait enfin accepter l'idée que l'Eglise orthodoxe voulue et fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ est un organisme autonome qui vit sa vie propre et dont l'agenda n'est pas fixé jour après jour par l'oecuménisme et l'anti-oecuménisme.
Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Merci pour cette réponse à laquelle je répondrai en plusieurs morceaux car elles abordent 2 thèmes :

- l'encyclique de 1920 est-elle oecuméniste, ou que se cache-t-il derrière?
- quel est le contexte de l'adoption du Nouveau calendrier?

Pour vous exprimer mes réserves quant au Nouveau calendrier, elles tiennent essentiellement à ces deux choses :

- il relève d'une démarche oecuméniste dans la lignée de l'encyclique de 1920... Je reviendrai dès que je trouve cette encyclique en français

- il est le fruit d'un contexte peu favorable : influences étrangères à l'Eglise (je laisse le complot franc-maçon de côté), contrecoup de la Révolution russe; et ne manifeste pas la liberté de l'Eglise

- et il abrège le jeûne des Apôtres

Je m'attarde sur ce point notamment sur la situation des Eglises au moment où elles ont adopté le Nouveau calendrier car le terme florissant mérite d'être nuancé je crois. La question qui me vient à l'esprit est : ce choix est-il libre de toute pression. Je me permets de revenir sur l'expression
église florissante
.

Tout d'abord, lors de cette conférence pan-orthodoxe, la situation de l'orthodoxie au niveau mondial ne peut être considérée comme florissante car la Révolution russe est passée par là. Je crois que ça a été un coup dur pour l'Orthodoxie (y compris en dehors de la Russie) du simple fait du poids démographique de la Russie...

Pour en revenir aux Eglises locales qui adoptèrent le Nouveau calendrier:

1° Constantinople avait -je crois- déjà été saigné par les douloureux transferts de populations.

C'est autour de cette période que l'on voit aussi le Patriarcat développer une ecclésiologie un rien impérialiste : l'ERHF lui reprochera de vouloir mettre la main sur les lambeaux de l'Eglise russe, en Estonie, Pologne, Finlande voire aux Etats-Unis... Sans oublier la mise en place d'un évêque concurrent en Tchécoslovaquie (contre l'Eglise serbe). Il me semble en revanche que les années 20 marquent un certain déclin du Phanar. Il existe une homélie ou un discours de Saint Jean de Shangai à ce sujet qui m'a l'air véridique (à fouiller dans ma paperasse).

Spirituellement cela marque à mon avis le début d'un certain déclin du Phanar (disons la hiérarchie pour faire simple)


2° L'Eglise bulgare a, elle, adopté le nouveau calendrier en 1968 : période communiste. On peut légitimement soupçonner une pression étatique

3° L'Eglise finlandaise... qui est au calendrier grégorien : on m'a dit (un Américain) qu'elle a été légalement obligé de passer à ce calendrier... J'ignore si cela est exact... et je n'ai trouvé où le vérifier

4° L'Eglise polonaise, semble-t-il est mixte (ancien et nouveau calendrier). J'ignore de quand date l'introduction du nouveau, mais si cela remonte aux années 20, ce serait aussi une période peu florissante pour l'Eglise de Pologne dont, 400 édifices, je crois, furent dynamités ou confisqués et qui se trouva sujette à une persécution intense de l'Etat polonais... La question est : "Y a-t-il eu pression en matière de calendrier?"

5° Les églises roumaine et grecque... Elles ne se sont pas trouvées au moment du passage au nouveau calendrier dans une situation de persécution. Mais n'y avait-il pas à ce moment des pressions étatiques (pour des raisons que j'ignore) ou encore un courant admirateur de l'Occcident avancé qui aurait voulu faire aussi bien que les Occidentaux? Je ne sais pas.

6° Alexandrie passe au nouveau calendrier quand Meletios Metaxakis -un aventurier de la mître- devient patriarche.

7° Antioche, je ne sais pas... comment ni pourquoi


Vu certaines de ces choses, je ne suis pas très enclin à défendre un calendrier qui aurait été en fait imposé de diverses façons : pression extérieure. Il serait intéressant de savoir aussi si au sein des synodes, on n'aurait pas forcé la main de quelques-uns.

L'autre point qui me vient à l'esprit est le suivant : la conférence de 1923 a également parlé du remariage des prêtres veufs... Aucun rapport avec l'oecuménisme...

Néanmoins, il me semble que cette période des années 20 est véritablement une période où il y a eu des tentatives de changer la face de l'Eglise, de la moderniser (dans le mauvais sens su terme), de la mettre au goût du mond : autoriser les prêtres veufs à se marier, ou encore assouplir des règles du jeûne, ou encore les innovations des rénovateurs russes (qui furent reconnus comme Eglise légitime par le Patriarcat de Constantinople!). J'ai le sentiment, c'est plus un sentiment qu'une conviction qui devrait être plus étayée, que dans les années 20, on a tenté de faire passer un package assez indigeste mêlant : oecuménisme (encyclique de 1920), un certain rénovationnisme (prêtre veuf remarié, évêques mariés) et que dans ce package figurait aussi le passage au nouveau calendrier...

Auriez-vous entendu parler d'un livre défendant cette opinion, publié au moins en russe et en anglais. Je reviendrai avec le titre car on devait me le prêter (on ne voulait pas que je le lise avant mon baptême [sic]) et ensuite j'ai oublié de le demander mais ça me revient à l'esprit.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Serge a écrit : ou encore les innovations des rénovateurs russes (qui furent reconnus comme Eglise légitime par le Patriarcat de Constantinople!).
Un seul point. Vous me pardonnerez de l'isoler au sein de votre message, mais c'est parce que je l'attendais, celui-là.

Point classique de la polémique vieille-calendériste: "l'Eglise vivante" russe reconnue comme Eglise légitime par le patriarcat de Constantinople. Fait exact. Fait qu'aucune attaque contre le calendrier révisé, comme j'en ai déjà lu des centaines toutes identiques (d'où une certaine lassitude pour laquelle vous voudrez bien m'excuser) n'oubliera d'utiliser.
Mais tout l'art est de ne présenter qu'une partie des faits exacts.
Alors je rétablis les faits dans leur totalité: "les rénovateurs russes (qui furent reconnus comme Eglise légitime par les patriarcats de Constantinople et de Jérusalem!)".
Très curieusement, la polémique paléohimérologite ne mentionne jamais ce deuxième fait tout aussi exact et véridique que le premier. Pourquoi? Parce que le patriarcat de Jérusalem a gardé l'ancien calendrier? Et que la communion avec le synode rénovationniste de Moscou n'est péché discréditant que pour un patriarcat qui a accepté la réforme du calendrier, et qu'elle est peccadille à passer pour silence pour un patriarcat qui a gardé l'ancien calendrier?
Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

lecteur Claude a écrit :
Jean-Serge a écrit : ou encore les innovations des rénovateurs russes (qui furent reconnus comme Eglise légitime par le Patriarcat de Constantinople!).
Mais tout l'art est de ne présenter qu'une partie des faits exacts.
Alors je rétablis les faits dans leur totalité: "les rénovateurs russes (qui furent reconnus comme Eglise légitime par les patriarcats de Constantinople et de Jérusalem!)".
Je l'ignorais absolument, et je ne crois pas être le seul... merci donc de le dire bien haut...
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paraclésis
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Message par paraclésis »

Le dimanche, notre dimanche avec sa connotation résurrectionnelle, est fixé par rapport à la résurrection, le troisième jour, donc, pour moi, tout calendrier chrétien faisant abstraction des shabbats juifs est inadéquat.
C'est pour cela que je "sens" comme un évidence la nécessité de fêter Pâques après les juifs.
Je ne renvoyais pas à Androkinof pour le suivre, bien évidemment, puisque dès son liminaire il précise que ces questions ne sont point le centre de son écrit.
Je citais le cycle pascal en raison de la belle recension de textes patristiques qu'il donne.
Je ne peux, après avoir lu l'Exode durant les grands carêmes (ainsi que Job, l'Echelle etc), ne pas comprendre pourquoi ceux qui nous précèdent y ont trouvé une harmonie avec les temps prépascaux.

Pour le dire en peu de mots, le christianisme se distingue clairement du judaîsme, il ne saurait s'en séparer radicalement sans éteindre ses propres racines.

Enfin, pour ce qui est de la transmission des textes aussi importants que les canons, il y a certes des écrits qui demeurent et se transmettent, mais il y a aussi très profondément dans la conscience orthodoxe la vie de la réception du texte.
Pour le dire simplement, de nombreux orthodoxes qui n'ont pas lu tel texte canonique ne pourraient cependant en rien s'en écarter, parce qu'il leur a été transmis, imprégné, ces textes par une vie ecclésiale conforme à ces textes qui les nourrit depuis leur premier âge.
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GIORGOS
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ON NE PEUT FÊTER LA PÂQUE AVEC LE PESAJ ...

Message par GIORGOS »

+
A propos de la célébration de Pâques en coïncidence de temps avec le Pesaj juif, l’Eglise a été toujours formel pour l’interdire.

Ainsi, au IVème. Siècle, dans l'anné 341, le Concile d’Antioche dans son Canon Premier :
1. De ceux qui agissent contre les ordonnances de Nicée au sujet de la fête de Pâques.
Tous ceux qui oseront enfreindre le décret du grand et saint concile assemblé à Nicée, en l'auguste présence de l'empereur Constantin aimé de Dieu, touchant la sainte et salutaire solennité de la pâque, doivent être excommuniés et rejetés de l'Église, s'ils s'obstinent par esprit de dispute à s'élever contre
ces sages décisions. Et cela pour les laïcs. Quant aux supérieurs ecclésiastiques, évêques ou prêtres ou diacres, si après le présent décret quelqu'un ose se singulariser en célébrant la Pâque avec les Juifs, le saint concile le tient dès lors pour séparé de l'église; car non seulement il commet une faute, mais il devient pour beaucoup une cause de trouble et de perdition; de tels clercs seront dépouillés de leur office, eux et ceux qui resteront en communion avec eux après la déposition. Les clercs déposés seront privés des honneurs extérieurs auxquels ont droit ceux qui sont inscrits au saint canon du clergé et le divin sacerdoce
.


Par ailleurs je me rappelle qu’il y a un étude de l’Archimandrite Sergius de l’Eglise Bulgare de l’Ancien Calendrier (en communion avec le Synode de Mgr. Cyprien, et alors bien moderée) qui aborde le même sujet avec des arguments des plus convaincantes.

Il serait très intéressants de les lire, mais je ne le connais qu’en anglais, et pour moi est il impossible de faire une triple traduction (anglais, espagnol, français).
Giorgos
SEÑOR JESUCRISTO, HIJO DE DIOS, TEN PIEDAD DE MÍ PECADOR.
Antoine
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Message par Antoine »

Il n'y a rien de nouveau dans ce canon que vous citez qui concerne une coïncidence de la pascalie avec la pâque juive
Tous ceux qui oseront enfreindre le décret du grand et saint concile assemblé à Nicée, touchant la sainte et salutaire solennité de la pâque, doivent être excommuniés et rejetés de l'Église, s'ils s'obstinent par esprit de dispute à s'élever contre ces sages décisions. [...] si après le présent décret quelqu'un ose se singulariser en célébrant la Pâque avec les Juifs, le saint concile le tient dès lors pour séparé de l'église


1) J'ai déjà mentionné que la pseudo interdiction de fêter avec les juifs ( je dis pseudo parce que vous en forcez l'interprétation) n'est sans doute pas dans l'article de Nicée dont nous n'avons plus l'original et qui n'est jamais cité comme tel avec cette disposition prise lors de conciles locaux et rajouté à l'ordonance de Nicée. Quand vous lisez "Fêter avec" il faut comprendre "fêter selon".

2) qu'il faut distinguer suivre le calendrier juifs et la fixation du 15 nisan et une date de pâque selon le comput julien et l'ordonnance de Nicée qui tomberait par coïncidence en même temps.

3) "fêter avec" implique une participation à la pâque juive ce qui est très différent de fêter "en même temps" parce qu'il se trouve que les dates coïncident. Les Pères étaient soucieux d'unité entre les chrétiens, d'unité dans la foi et non pas soucieux d'exclusion a priori de qui que ce soit à quelque titre que ce soit.

4) Que le plus important dans cette symbolique de Nicée était de respecter une pascalie commune à tous les chrétiens à une époque où la date de pâque n'était pas unifiée et où beaucoup fêtaient encore selon les observances juives, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, et la symbolique cosmologique très importante.

5) Le calendrier Julien avec son décalage devenu important au fil des siècles ne respecte plus cette symbolique cosmique et fête très souvent après la deuxoème pleine lune qui suit l'équinoxe.

6) le canon que vous citez parle de ceux qui "s'obstinent par esprit de dispute à s'élever contre ces sages décisions" et non pas d'une coïncidence calendaire qui ferait que Pâque Chrétienne tombe en même temps que la pâque juive. Il s'agit de ceux qui refuseraient d'appliquer les directives de Nicée.

7) On peut très bien sans faire de torsion aux canons rectifier les résultats du calcul de la pascalie à l'aide de l'astro-pysique moderne sans pour autant modifier le mode de calcul préconisé par Nicée. C'est ce qui a déjà été fait mais il faudra un concile panorthodoxe pour enterriner ces résultats et mettre le calendrier à jour. C'est ainsi que le "nouveau calendrier" n'est qu'un calendrier Julien révisé dont il a gardé la pascalie erronée et mis simplement les dates fixes en concordance avec le calendrier civil. Un nouveau calendrier avec pascalie corrigée a déjà été mis au point et donne un décalage d'une journée avec le calendrier grégorien en l'année 2700. C'est ce calendrier qui sera sans doute adopté en concile. Il rectifie bien sûr le décalage des treize jours actuels qui nous renvoie à une deuxième pleine lune d'équinoxe au lieu de la première.
Dernière modification par Antoine le ven. 29 juil. 2005 11:23, modifié 1 fois.
Antoine
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Message par Antoine »

Paraclesis a écrit : tout calendrier chrétien faisant abstraction des shabbats juifs est inadéquat. C'est pour cela que je "sens" comme un évidence la nécessité de fêter Pâques après les juifs.
1) Vous forcez des explications qui n'ont jamais effleuré l'esprit des Pères et que je n'ai jamais lues chez eux. Nous ne pensons pas nos fêtes en relation avec un autre calendrier. Nous n'avons pas réintégré dans notre calendrier les fêtes juives même si par ailleurs nous avons conservé des traces de la liturgie juive qu'il est intérressant d'étudier. Nicée vous demande simplement d'attendre le dimanche qui suit la pleine lune d'équinoxe et les textes vous donnent la symbolique cosmologique.

2) cette disposition de fêter "après les juifs" n'avait pas pour but d'établir une chronologie liturgique en observance du calendrier juif comme je vous l'ai déjà montré. Votre "évidence" n'a pas été à l'origine de cette décision. Votre "a priori" n'est qu'un "a posteriori". Les conciles locaux qui ont adopté cette disposition l'on fait parce qu'il fallait unifier la pascalie et éviter justement toute confusion dans les esprits de ceux qui faisaient un amalgame entre la pâque chrétienne et la pâque juive. Or il était impossible de précéder la pâque juive sans enfreindre la directive d'attendre la première pleine lune d'équinoxe et donc on a retardé au dimanche suivant la pâque juive. Vouloir y chercher le respect d'une chronologie inter-calendaire avec le judaïsme est une élucubration. L'exode n'a pas la même interprétation chez nous et chez eux. Comme vous le dîtes très justement le Triode y fait plein d'allusions. Vous nous rendriez d'ailleurs services si vous preniez à votre charge de relever tous les passages du triode qui mentionne l'exode afin que nous voyions comment il est vécu dans cette perpective chrétienne.

3) notre calendrier a sa propre cohérence interne et décide de sa propre chronologie en donnant la prédominance au théologique sur le temporel. Demandez vous simplement à quoi les apôtres ont-ils communié le soir de la cène.

4) C'est la symbolique cosmologique qui est importante dans cette façon de calculer la date de pâque et c'est elle qui faut conserver à tout prix et respecter au mieux. Cette cosmologie est présente dans l'ancien testament comme dans le nouveau.

5) il n'y a pas chez les Pères de rejet du Judaïsme comme vous l'avez souligné mais une démarcation très nette dûe au fait que le judaIsme nie la messianité et la divinité de Jesus et que notre lecture de l'ancien testament est faite à la lumière du nouveau. C'est la rencontre avec les disciples d'Emmaus. Cela implique un profond respect et une intégration des textes de l'ancien testament et une réinterprétation chrétienne. En aucun cas il n'y a de dénigrement. Mais de là à établir une dépendance intercalendaire il y a un fossé à ne pas franchir. En revanche si vous avez spirituellement besoin de penser notre pascalie comme succédant calendairement nécessairement à la fête juive de Pessah pour goûter pleinement la saveur pascale , alors surtout ne vous privez pas. D'ici que notre pascalie soit modifiée vous avez encore le temps de jouir d'une telle pensée.
Le dimanche, notre dimanche avec sa connotation résurrectionnelle, est fixé par rapport à la résurrection, le troisième jour, donc, pour moi, tout calendrier chrétien faisant abstraction des shabbats juifs est inadéquat.


6)Je ne comprends pas ce que vous avez voulu dire. Je ne vois pas la relation car le shabbat tombe du vendredi soir coucher du soleil et se termine le samedi avec l'appartion des trois premières étoiles. Vous voulez lier la descente aux enfers au shabbat? Dimanche est le huitième jour, c'est à dire le premier et le dernier, celui de l'alpha et de l'omega, le jour un de la genèse au sens de unique. La septante emploi "mia= un" et non pas "protos= premier". Il est donc celui de la création, de la re-création, de l'éternité du royaume célébrée et réalisée dans le sanctuaire. Le repos de Dieu serait aussi à retravailler pour comprendre ce que nous chrétien nous signifions pas cela. Dieu ne se repose pas , la création est continue et la re-création de la Résurrection montre bien qu'il n'ya pas de repos au sens d'une cessation d'activité de Dieu si je puis employer cette expression impropre. Je savais dans le message du 27 juillet que "le débat reste ouvert"...Désolé de vous exaspérer.
Dernière modification par Antoine le ven. 29 juil. 2005 13:18, modifié 1 fois.
Jean-Serge
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Archimandrite Sergius

Message par Jean-Serge »

Je viens de lire la texte de l'Archimandrite Sergius. Comme d'habitude, il n'est disponible qu'en anglais (y a-t-il des publications orthodoxes en français?), ce qui impose une traduction un peu longue (car il n'est pas court ce texte). Il comporte les citations patristiques défendant l'usage de fêter Pâques après les Juifs et pas en même temps et a le mérite de revenir sur l'expression : "avec les Juifs".

Ceux qui lisent en anglais y auront accès en direct au lien suivant en intégralité.

http://www.orthodoxinfo.com/ecumenism/firecsyn.pdf


Pour les autres, je mets une partie de la traduction déjà réalisée ci-après.
En effet, elle contient déjà pas mal d'éléments notamment patristiques

TRADUCTION PERSONNELLE ACHEVE
Le Premier Concile oecuménique et la fête de Pâques
« Pas avec les Juifs »

par l’Archimandrite Serge

Je passe sur la présentation de l’Archimandrite si vous voulez bien pour aborder le cœur du sujet.

Dernièrement, un nombre de théologiens orthodoxes et de membres du clergé ont soutenu que l’interdiction de célébrer la Résurrection de Notre Sauveur Pâques (connue dans le monde occidental sous le terme païen de Easter [ceci ne vaut que pour l’anglais] ) « avec les Juifs » n’a pas lieu d’être et n’est pas, comme l’Eglise l’a toujours enseigné, un véritable « décret » du premier concile œcuménique de Nicée (325). Cette affirmation innovatrice s’appuie sur l’argument que les Actes de ce concile n’ont pas été conservés et que les 20 canons existants du Concile ne mentionnent pas la célébration de Pâques. En fait, cependant, aussi bien dans la lettre de Saint Constantin le Grand aux Evêques qui ne purent assister au concile que dans la lettre envoyée par le concile à l’Eglise d’Alexandrie, il y a des données notables (bien qu’indirectes) sur les accords spécifiques entre le Concile et les chrétiens des terres orientales au sujet d’une célébration commune de Pâques par tous les Chrétiens.

Malheureusement, les théologiens avec des tendances oecuménistes ont déduit de ces différentes sources une seule affirmation : tous les Chrétiens doivent célébrer Pâques en même temps. Ils ignorent au passage la question du jour de la célébration. De même, ils distordent intentionnellement la prohibition explicite du premier canon du Concile d’Antioche de 341 – c'est-à-dire que la Pâques chrétienne ne doit pas être célébrée en même temps que la Pâque juive- [on retrouve notre question : que veut dire avec les Juifs NDT]- rendant mal son sens originel : l’expression « pas avec les Juifs » est simplement interprété comme une injonction contre le calcul de la date de Pâques suivant le système erroné employé par les Juifs de l’époque, pour le calcul de la Pâque juive.

De tels arguments sans fondement sont ceux du Très Révérend Professeur L. Voronov dans son article « La question du calendrier » et du Professeur D. Ogitski dans un article intitulé : « Les règles canoniques de la Paschalie orthodoxe ». Les deux articles sont parus dans la collection « Travaux théologiques » publiée à Moscou et éditée par le Patriarcat de Moscou en 1971.

Fidèle à cette pensée, l’Evêque Pierre (L’Huillier) de Korsun (actuellement archevêque de New York (OCA)), dans son rapport sur Pâques à une conférence œcuménique tenue à Genève (Chambésy) en 1977, « Les résolutions du Concile de Nicée au sujet de la célébration simultanée des Pâques juive et chrétienne », publié en français dans le Messager orthodoxe (Paris n° 93-96, 1976) maintient que l’interdiction contre une célébration commune entre les Pâques juive et chrétienne « ne fait en aucun cas référence à la coïncidence entre les deux dates »( p78), et que « ce n’est qu’à partir du Moyen Age que cette idée a surgi, basée sur une interprétation littérale mais erronée de l’expression avec les Juifs ». Son Eminence ne perçoit pas qu’ « une telle simultanéité entre les deux Pâques contredit les canons de l’Eglise » et que « la Pâques chrétienne doit toujours suivre la Pâque juive ». Il cite en tant que preuve de l’interprétation erronée de l’expression « avec les Juifs », l’interprétation du canoniste Zonaras du 7e canon des Apôtres ; cette interprétation affirme : « leur [celle des Juifs] fausse ( erreur de traduction peut-être) fête doit venir en premier et ensuite notre Pâques devrait être célébrée » ; et le canoniste Matthieu Blastaris qui inclut dans son Codex Alphabétique, parmi les autres règles pour déterminer la date de Pâques, une interdiction de célébrer la Fête en même temps que les Juifs.

En réponse à l’Archevêque Pierre, nous pourrions noter que ce ne sont pas uniquement ces deux commentateurs tardifs de la Tradition byzantine, mais aussi plusieurs Pères et écrivains de l’Eglise contemporains du Premier concile oecuménique ou des hommes qui vécurent peu de temps après qui témoignent explicitement des décisions des Saint Pères de Nicée au sujet de la question de la célébration de la Pâques chrétienne à la même date que les Juifs. Nous examinerons donc les preuves et données fournies par ces Pères à commencer par le premier d’entre eux, Saint Athanase le Grand, un participant direct et actif dans les résolution du Concile de Nicée

Saint Athanase le Grand (Le titre est de moi pour faire une coupure)

Dans deux de ces épîtres, Saint Athanase aborde la question de la célébration de Pâques. Dans une lettre aux Evêques d’Afrique (chapitre 2), il écrit : « Le concile de Nicée fut convoqué à cause de l’hérésie d’Arius et à cause de la question de Pâques. Parce que les Chrétiens en Syrie, Cilicie et Mésopotamie n’étaient pas en concorde, au même moment (tÒ kairÒ) que les Juifs célébraient leurs Pâques, ils célébraient aussi [la Pâques chrétienne] » (Migne, Patrologia Graeca, Vol. XXVI, col. 1029).

Dans sa lettre “Sur les Synodes d’Ariminum et de Séleucie” (chapitre 5), le saint commente : “Le concile de Nicée ne fut pas tenu sans raison manifeste, mais avec une bonne raison et un besoin urgent ; parce que les Chrétiens de Syrie, de Cilicie et Mésopotamie erraient en ce qui concerne les saints jours et célébraient Pâques avec les Juifs (met. tÇn .IoudaÛvn ¤poÛoun tò P.sxa)” (ibid., col. 688). Il est évident à partir du contexte que l’expression avec les Juifs signifie ce que l’Eglise a toujours enseigné ; l’expression ne fait référence à rien d’autre qu’à une célébration commune avec les Juifs au même moment. De plus, c’est cette concélébration dans le temps qui mérita des reproches et fut l’une des raisons pour la convocation du Synode de Nicée.
Je me permets ce petit commentaire

Je pense que cela indique que "avec les Juifs " fait référence à la date car il dit bien en ce qui concerne "les saints jours". C'est une question de calendrier et pas de concélébration "oecuménique" avant l'heure. Il me semble lire la même chose dans le canon 7 du concile des apôtres :

[
b]7. Des clercs qui célèbrent le jour de Pâques avant l'équinoxe du printemps.

Si un évêque, un prêtre ou un diacre célèbre le saint jour de Pâques avec les Juifs avant l'équinoxe du printemps, qu'il soit déposé.[/b]
Le canon suppose une question de date. Sinon pourqoui préciser : "avant l'équinoxe de printemps"?

Je rends la parole à l'archimandrite Serge

Saint Ambroise de Milan (titre de moi)

Saint Ambroise de Milan (environ 339-97) dans une épître écrite aux Evêques du district d’Emilie vers 386, observe, en réponse à leur question au sujet du caractère tardif de Pâques pour l’année à venir (387) : « La détermination de la date de Pâques selon l’enseignement de la Sainte Ecriture et la Sainte Tradition des Père qui se réunirent au Concile de Nicée ne requiert pas une petite sagesse. En sus d’autres merveilleuses règles sur la Foi, les Saints Pères, avec l’aide d’hommes d’expérience désignés pour déterminer le jour de la Fête, produisirent un mode de calcul pour cette date d’une durée de 19 ans et établirent « a cycle of sorts that became a model for ensuing years » [Je ne saisis pas ce qu’est un cycle de quoi servant de modèle pour les années à venir NDT] Ce cycle fut appelé le “nonus decennial, son but étant qu’en tout lieu, on célèbre le sacrifice de la Résurrection la même nuit » (Epistle XXIII, Chap. 1, Migne, Patrologia Latina, Vol. XVI, col. 1070).

La règle basique pour le calcul de Pâques est décrite par Saint Ambroise dans le chapitre 11 de la même épître : « Nous devons observer une règle : de telle sorte que la 14e lune [c'est-à-dire le 14e jour du mois de Nisan, soit la Pâque juive NDT] ne tombe pas le jour de la Résurrection, mais le jour de la Passion du Christ ou un autre jour la précédent, vu que la célébration de la Résurrection a lieu dimanche »

Plus loin, il justifie la règle en question en faisant référence à la fête de Pâques de 373 et à celle de 377, qui est intervenue à des dates tardives : « Ainsi en 373, quand la 14e lune [qui est la Pâque juive] est tombée le 24 mars, nous avons célébré Pâques le 31 mars. De même en 377, quand la 14e lune est tombée le 9 avril (Dimanche), la Pâque du Seigneur a été célébrée le dimanche suivant, le 16 avril ». De fait, Saint Ambroise confirme la rectitude de la condition de base établie par la « Paschalie d’Alexandrie », et universellement acceptée par le Synode de Nicée : la Pâques du Christ ne doit jamais coïncider avec la Pâque juive et qu’elle ne doit pas seulement suivre la Pâque juive mais être célébrée le Dimanche.

Au vu de cette déclaration nette de Saint Ambroise qui défend le cycle pascal fait de 19 années mis au point par le Saints Pères de Nicée, il est difficile de comprendre que l’Archevêque Pierre, qui cite aussi le passage antérieur de la 33e épître de Saint Ambroise, qui [l’archevêque] reconnaît que le Saint « pensait de cette façon » et qui admet même que « le cycle alexandrin était en usage à Milan et dans les Eglises administrées par cette ville », néanmoins écrive plus tard que « l’idée que le cycle alexandrin de 19 ans fut confessé par les Pères de Nicée fut introduit uniquement petit à petit » (ibid., p. 75).

Une autre source important qui confirme la règle de base pour le calcul de Pâques est la collection des Epîtres pascales des Patriarches d’Alexandrie, qui étaient promulguées au début de chaque année et dans lesquelles les dates de Pâques étaient annoncées. Un grand nombre de ces épîtres ont été préservées dans les travaux de Saint Athanase le Grand (dans la période 329 à 335) et dans ceux de Saint Cyrille d’Alexandrie (période 414-442). En pratique toutes ces épîtres confirment l’interdiction canonique de célébrer Pâques « en même temps que les Juifs » et leur Pâque, vu qu’aucune des dates indiquées ne coïncide avec la Pâque juive. L’Evêque Pierre n’a absolument aucune preuve pour appuyer son affirmation : « au 4e siècle, après Nicée, les Pâques Chrétienne et Juives ont coïncidé plusieurs fois ». Pour appuyer cette fausse affirmation, il cite le scientifique français V. Grumel qui, dans son essai “The Problem of the Date of Pascha in the Third and Fourth Centuries” (Le problème de la date de Pâques aux 3e et 4e siècles) (Journal of Byzantine Research, Vol. VIII, pp. 165-166), utilise une table des dates des deux Pâques (juive et chrétienne) publiée par Swartz pour les 19 années entre 328 et 346. En fait, uniquement deux des dates de Swartz sont réellement des dimanche : en 329 et 333. Au sujet de la première de ces dates, 329, Saint Athanase désigne le 6 avril comme date de Pâques et non le 30 mars comme le fait Swartz. Au sujet de 333, Saint Athanase écrit que la date de Pâques fut (moved back) avancée afin d’éviter qu’elle ne coïncide avec la célébration d’anniversaire de Rome. A nouveau, excepté ces deux années, aucune des dates dans cette table utilisée par l’Evêque Pierre ne tombe un dimanche. Donc ces dates de Pâques sur lesquelles il fonde ses arguments sont fictives.

Saint Jean Chrysostome

La date tardive de Pâques en 387 incita Saint Jean Chrysostome, alors Prêtre à Antioche, à faire trois homélies « Contre les Juifs » à l’automne 386. Dans l’ignorance, beaucoup de Chrétiens de la ville célébrèrent Pâques en même de temps que les Juifs. De ce fait, ils débutèrent le Grand Carême plus tôt qu’à la date correcte. Pour les corriger, Saint Jean Chrysostome invoque le décret du Concile de Nicée à ce sujet : « Plus de 300 Pères assemblés en Bythinie à Nicée, on décrété cela [que Pâque ne doit pas être fêtée en même temps que les Juifs- note de l’auteur] et vous les déshonorez de cette façon. Vous les accusez soit d’ignorance comme s’ils n’étaient pas conscients de ce qu’ils prescrivaient, soit de lâcheté, comme s’ils connaissaient la vérité, mais l’avaient trahi. C’est ce qu’implique votre non respect de leur décret. Une grande sagesse et une grande manliness (virilité ?) ressortent de tous les Actes du Concile. Soyez attentifs, alors à ce que vous faites car vous accusez ainsi a grand nombre de Pères sages. Si le Christ est au milieu de deux ou de trois [Matthieu 18 :20], il était d’autant plus présent parmi ceux qui étaient plus de 300 quand ils déterminèrent et établirent toutes ces choses. De plus, vous ne les accusez pas eux, uniquement, mais l’oecoumène entière, car elle a accepté leur décret. Considérez-vous les Juifs plus intelligents que les Pères qui étaient assemblés venant de toutes les parties de l’univers habité ? » (Third Sermon Against the Jews, Migne, Patrologia Graeca,Vol. XLVIII, col. 865).

Comme ces mots que Saint Jean Chrysostome emploi pour tancer les Chrétiens judaïsant sont plein de force ; il les blame non seulement car ils célébrent Pâques en même temps que les Juifs mais aussi car ils « jeûnent avec les Juifs » -une infraction également explicitement interdite par le 70e canon des Apôtres : 70. De ceux qui fêtent les fêtes des Juifs : « Si un évêque ou un clerc jeûne avec les Juifs, ou célèbre avec eux leurs fêtes ou reçoit d'eux les cadeaux de leurs fêtes, par exemple des azymes ou quelque chose de semblable, qu'il soit déposé. Si c'est un laïc, qu'il soit excommunié. » Cependant, l’Archevêque Pierre, quand il cite l’homélie de Saint Jean Chrysostome sur ce point spécifique (ceux qui jeûnent avant que le temps ne soit venu), garde le silence au sujet des Chrétiens judaïsant, et en effet, au tout début de son article remarque même : « dans ces discussions, provoquées par la pratique pascale particulière des Orientaux personne ne les accusa d’être « judaïsants ».
Saint Epiphane de Chypre

Saint Epiphane de Chypre, un contemporain de Saint Jean Chrysostome, bien que d’origine juive, dénonce les Audiani, une secte hérétique florissante à l’époque parce qu’ils “désirent fêter Pâques avec les Juifs ; c'est-à-dire, ils essaient de prouver que Pâques devrait être célébré au même moment où les Juifs préparent leur pain sans levain » (Adversus LXXX Haereses, Chap. 70, Migne, Patrologia Graeca, Vol. XLII, col. 360). Il argumente que Dieu nous révéla la vérité sur ce sujet « à travers deux grands actes, conduits par le pieux empereur Constantin de Bienheureuse mémoire qui :

1° convoqua le Concile œcuménique qui établit le Symbole de la Foi composé à Nicée et confirmé par les signatures des évêques présents

2° confirma avec leur aide [celle des évêques] et pour le bien de l’unité chrétienne la question de la date de Pâques…, ce qui fut accompli quand les Evêques, venant de partout examinèrent la question en détail et décrétèrent unanimement que Pâques devraient être célébrée conformément à leurs décisions »

Saint Epiphane souligne particulièrement le “décret” concernant l’interdiction de célébrer Pâques avec les Juifs : « La Sainte Eglise de Dieu … prend en compte non seulement le 14e jour [du mois de Nisan], mais aussi la semaine – la répétition cyclique de séries de 7 jours… L’Eglise prend en compte non seulement le 14e jour lunaire mais aussi le mouvement du Soleil afin d’éviter la célébration de deux Pâques la même année. Car, bien que nous fassions attention au 14e jour, nous allons au-delà de l’équinoxe et alors, plus loin, assignons la célébration de Pâques au Saint Jour de Dieu, à savoir le dimanche (ibid., Chap. 50, Migne, Patrologia Graeca, Vol. XLI, col. 888).

Saint Epiphane continue : “Beaucoup pourrait être dit sur le degré de perfection avec lequel les Pères, ou plus précisément Dieu lui-même via les Pères, fixa pour l’Eglise la véritable et correcte célébration de la plus élevée et plus sainte des Fêtes, de telle sorte qu’elle puisse être célébrée après l’équinoxe et que nous ne célébrons pas Pâques le 14e jour [c'est-à-dire ne célébrons pas Pâques avec les Juifs au moment de leur propre fête- note de l’auteur]

Saint Cyrille d'Alexandrie et Saint Proterios

Parmi les nombreux Pères qui traite de la Paschalie, nous devrions aussi mentionner Saint Cyrille d’Alexandrie, qui écrivit la chose suivante dans son épitre à Saint Léon, le Pape orthodoxe de Rome : « Examinons attentivement ce que le Synode de Nicée a décrété au sujet du calcul des 14 lunes de chaque mois du cycle de 19 ans ; car pour tout synode qui surviendrait, il a été décrété qu’aucune Eglise ne pourrait faire la moindre chose en contradiction avec la résolution convenue au Concile de Nicée sur Pâques » (Migne, Patrologia Latina, Vol. LIV, cols. 604-605).

Le successeur immédiat de Saint Cyrille, le Saint Martyr Proterios (qui fut cruellement tué par les Anti-chalcédoniens en 457) évoque la question de la date tardive de Pâques de l’année 455. Il attire l’attention sur le fait que, vu que cette année la Pâque juive tombait un dimanche, le 17 avril, la Pâque du Christ devrait être déplacée au dimanche suivant, le 24 avril, « en conservant l’usage de nos Pères » (Migne, Patrologia Latina, Vol. XLIV, col. 1089). Saint Proterios veut dire par « nos Pères », ici, les Saints Pères du Concile de Nicée au sujet desquels il dit plus tard : « Quand nos Saints Pères parmi les plus bénis fixèrent le cycle inviolable des 19 années, ils établirent ce mode de calcul ni en accord avec les outils ignorants et ineptes des Juifs de l’époque ni en accord avec la sagesse fausse des gentils ; les Saints Pères furent plutôt guidés par la Grâce de l’Esprit Saint et soigneusement prient en compte les 14 lunes pascales dans le cours du cycle de 19 ans déjà mentionné » (ibid., col. 1091).
Saint Maxime le Confesseur

Quelques siècles plus tard, Saint Maxime le Confesseur perrfectionna le cycle pascal de 19 ans en multipliant 19 par 28 (la période après laquelle un date spécifique du calendrier retombe sur le même jour de la semaine, c'est-à-dire au dimanche). Cet élargissement du cycle pascal est connu sous le nom de Great Indiction, un cycle répétitif de 532 années (19X28=532) indiquant les dates de Pâques pour chaque année. Au chapitre 14 de son remarquable travail, A Short Clarification of the Redeeming Pascha of Christ our Lord –une courte clarification sur la Pâques rédemptrice - (Migne, Patrologia Graeca, Vol. XIX, col. 1232), Saint Maxime remarque de même : « Nous qui sommes, par la Grâce vouchsafed (zut ça veut dire quoi?) de garder la Pâques du Christ, avec le pain sans levain de la sincérité et de la vérité [I Corinthiens 5 :8] autorisons le passage d’un jour [pour célébrer Pâques] quand le 21 mars tombe un samedi et que ce samedi est le 14e jour du mois lunaire. Si le 18 avril tombe un dimanche et que ce dimanche est, selon le calendrier juif, le 14e jour du mois lunaire, alors nous autorisons le passage de 7 jours avant la célébration de Pâques. C’est parce que, pendant les 25 jours entre le 22 mars et le 25 avril, le jour de la Pâque rédemptrice doit être célébré, conformément aux canons, pas avant la première date [le 22 mars] ni après la dernière [25 avril], en vertu des règles de l’Eglise et de la tradition concernant ces dates ». La pascalie d’Alexandrie suit ces mêmes dates jusqu’à nos jours, de même que l’interdiction absolument claire dans les commentaires de Saint Maxime contre la célébration de la Pâques du Christ le même jour que la Pâques juive.
Nouveaux calendriers et oecuménisme

D’après les témoignages patristiques que nous avons cités, il est évident que les arguments mis en avant par l’évêque Pierre et d’autres autorités, au sujet du sens de l’interdiction canonique de célébrer la Pâques chrétienne en même temps que la Pâques juive sont faux Il y a deux raisons apparentes pour la myopie de ces orthodoxes qui se jouerait des règles patristiques pour la célébration de Pâques. La première, bien connue, est que l’adoption du calendrier révisé par bien d’églises orthodoxes pendant ce siècle a été motivé par des considérations œcuméniques : une tentative de standardiser la célébration des Fêtes chrétiennes, en favorisant une célébration en même temps dans le monde chrétien. De cette façon, en dépit des différences doctrinales entre les différentes confessions chrétiennes, il aurait eu une impression d’unité, occultant ainsi les raisons véritables de la séparation à savoir des questions de croyance et de piété. Vu qu’une partie de l’Eglise orthodoxe suit à présent le calendrier grégorien [il faudrait dire julien révisé ou nouveau plutôt que grégorien qui prête à confusion NDT], il reste aux oecuménistes de jeter à terre la Pascalie orthodoxe, un obstacle majeure vars l’union œcuménique. De là les tentatives sans art ( ???) (artless) et trompeuse des Orthodoxes innovateurs d’enlever des morceaux au témoignage monolithique des Pères sur le sujet, soit par des mésinterprétations intéressées des textes grecs des Conciles qui établirent la mode de calcul de Pâques.
Nouveaux calendriers et oecuménisme

D’après les témoignages patristiques que nous avons cités, il est évident que les arguments mis en avant par l’évêque Pierre et d’autres autorités, au sujet du sens de l’interdiction canonique de célébrer la Pâques chrétienne en même temps que la Pâques juive sont faux. Il y a deux raisons apparentes pour la myopie de ces orthodoxes qui se jouerait des règles patristiques pour la célébration de Pâques. La première, bien connue, est que l’adoption du calendrier révisé par bien d’églises orthodoxes pendant ce siècle a été motivé par des considérations œcuméniques : une tentative de standardiser la célébration des Fêtes chrétiennes, en favorisant une célébration en même temps dans le monde chrétien. De cette façon, en dépit des différences doctrinales entre les différentes confessions chrétiennes, il aurait eu une impression d’unité, occultant ainsi les raisons véritables de la séparation à savoir des questions de croyance et de piété. Vu qu’une partie de l’Eglise orthodoxe suit à présent le calendrier grégorien [il faudrait dire julien révisé ou nouveau plutôt que grégorien qui prête à confusion NDT], il reste aux oecuménistes de jeter à terre la Pascalie orthodoxe, un obstacle majeure vars l’union œcuménique. De là les tentatives sans art ( ???) (artless) et trompeuse des Orthodoxes innovateurs d’enlever des morceaux au témoignage monolithique des Pères sur le sujet, soit par des mésinterprétations intéressées des textes grecs des Conciles qui établirent la mode de calcul de la date de Pâques soit en ignorant simplement le témoignage patristique.
Deuxièmement, les innovateurs oecuménistes ne cherchent pas seulement à soumettre le christianisme orthodoxe à l’hétérodoxie mais ont aussi comme objectif un monde oecuménique dans lequel Chrétiens et non chrétiens mettraient de côté leurs différences. Ainsi, ils trouvent antisémite et vieux jeu nos objections orthodoxes de célébrer les fêtes avec les Juifs, qui ont rejeté le vrai Messie mais ont aussi désiré sa mort et ont arboré durant les siècles un mépris pour le christianisme orthodoxe. Les innovateurs se sont faits les avocats du politiquement correct et ont été influencés par les théologiens catholiques romains, qui ont à grand cri, excusé les Juifs d’une complicité dans la mort du Christ fermant les yeux sur les mots de la Sainte Ecriture et les enseignements de Pères. Notre foi bien sûr n’est pas antisémite ou basé sur la haine d’un peuple quelconque. Mais elle est fondée sur, et ancrée dans un ferme engagement à reconnaître le caractère unique du Christ, la primauté de l’Eglise orthodoxe et dans le maintien absolu de la Sainte Tradition que les Apôtres nous ont transmis. Il est impensable dans ces conditions que nous cherchions une unité en matière de fête en faisant fi d’une unité en matière de foi ; que nous célébrions nos Fêtes conformément à un calendrier institué par un « évêque » (le Pape de Rome) séparé de l’Eglise orthodoxe ; et que nous célébrions la Résurrection du Christ en même temps que la Pâque de ceux qui non seulement rejettent le Messie mais lui manque de respect ( ???) (revile). Voilà donc , en matière d’innovation sur ce sujet important qu’est le calcul de la date de Pâques.

Achevé : les notes de bas de page ne sont pas traduites
Dernière modification par Jean-Serge le sam. 30 juil. 2005 11:11, modifié 3 fois.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Antoine
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Message par Antoine »

Oui c'est exactement ce que vous trouvez dans toutes les parrutions des Vco qu'ils soient de Bulgarie ou d'ailleurs. Cela n'a rien de convainquant, on butte toujours sur les mêmes interprétations et je ne répète pas ce que j'ai déjà expliqué ci-dessus. Nous voyons effectivement qu'il faut que pâque tombe un dimanche et non pas le 14 nisan qui peut tomber n'importe quel jour de la semaine. C'est cela qui est essentiel. Un dimanche, et celui qui suit la pleine lune de l'équinoxe. Point barre. Le reste ne sont que des conséquences dont on force l'interprétation.

Quand on veut cristalliser la Tradition dans l'intégrisme on se sert de tout ce qu'on trouve quitte à utiliser à tort le calendrier pour justifier les nombreux schsimes que les Vco ont fait et les anathèmes mutuels incessants.
En outre je suis pour ma part l’ancien calendrier, mais pas pour les raisons invoquées dans ce fil, que je trouve plus cohérent que ce mixte de calendrier julien révisé en attendant le vrai nouveau calendrier si l'orthodoxie arrive à tenir son concile.

Pour info :
1999 pâques juive tombe du 07 au 14 Pâque orthodoxe le 11 avril
2001 pâques juive tombe du 08 au 15 Pâque orthodoxe le 15 avril
2004 pâques juive tombe du 06 au 13 Pâque orthodoxe le 11 avril
2005 pâques juive tombe du 24 au 01 mai Pâque orthodoxe le 1 mai
2007 pâques juive tombe du 03 au 10 Pâque orthodoxe le 8 avril
2008 pâques juive tombe du 20 au 27 Pâque orthodoxe le 27 avril
2010 pâques juive tombe du 05 au 12 Pâque orthodoxe le 4 avril , donc avant la Pâque juive.
Sur ce j'abandonne ce fil car nous avons déjà fait x recherches sur ce sujet abordé plusieurs fois sur ce forum et surtout sur l'ancien où nous avions déjà Claude et moi donné tous les canons et moultes textes vétéro calendaristes.
On peut aussi voir avec profit le site http://perso.wanadoo.fr/nvogel/Dossiers ... ancre51525
Dernière modification par Antoine le ven. 29 juil. 2005 18:47, modifié 1 fois.
paraclésis
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Message par paraclésis »

un grand merci à Jean Serge, pour son labeur de traduction.
Visiblement Antoine et moi ne faisons pas la même lecture de l'ensemble des Pères, tel saint Ambroise dont l'explication situe (clairement pour moi) notre Pâques après celle des juifs.

Pour jean Chrysostome je suis plus nuancée, car l'étude de ses 8 homélies contre les juifs, montre, hélas, qu'il fait feu de tout bois pour parvenir à son but pastoral, à savoir que la communauté chrétienne se tienne à distance des juifs, et pour cela il préconise même que les chrétiens se passent des soins prodigués par les médecins (juifs), pour ce qui est de décrire les dangers de la fréquentation des juifs il ne fait pas dans la dentelle ! (les plus vifs de ce forum ont là leur grand prédécesseur !)
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Il faudrait tout de même distinguer les niveaux ! Je suis pleinement en accord avec Antoine, d'abord sur le plan des documents. Avant l'imprimerie, la seule manière de conserver un texte, c'était de le recopier et les supports, en particulier le parchemin, coûtaient très cher. Imaginez qu'on soit obligé d'acheter pour chaque e-mail à envoyer un nouvel ordinateur complet, cela donnera l'ordre de grandeur des coûts d'époque. Donc quand on copiait les actes d'un concile oecuménique, il était fréquent de les faire suivre des actes des conciles locaux qui l'avaient ensuite entériné. Mais ce n'est pas toujours clair pour l'historien, surtout si on n'a pu sauvegarder que la vingtième copie et qu'elle soit lacunaire.
Ensuite, aucun canon n'a été élaboré dans le vide. C'était toujours la réponse à une question, une situation, une difficulté concrètes. Et le Christ lui même nous a prévenus : "la lettre tue mais l'Esprit vivifie." A Nicée, le judéo-christianisme et les confusions avec le judaïsme restaient des périls immédiats d'autant plus forts que 1. les élaborations gnostiques et leur filiale manichéiste n'étaient pas éteintes et qu'elles étaient justement le produit de confusions entre judaïsme, christianisme et néo-platonisme alexandrin, auquel il fallait ajouter un filet de zoroastrisme ; 2. c'est dans le monde juif le tout début du mouvement de réécriture et de commentaires fermés de la Bible hébraïque pour l'éloigner de la Septante qu'utilisent les chrétiens, mouvement qui aboutira au bout de 4 siècles au texte des Massorètes avec, par exemple, la réécriture d'Isaïe, "la vierge enfantera" en "la jeune femme enfantera", ce qui n'a évidemment pas le même sens.
Enfin, la préoccupation d'allier la "nuit lumineuse comme le jour", celle de la pleine lune d'équinoxe, avec le dimanche, 1er et 8e jour, est évidente dans la symbolique de Pâques.
J'aimerais bien aussi, si ce n'est pas trop demander, que les préoccupations de distinction théologique n'aboutissent pas à de l'antisémitisme primaire.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Antoine
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Message par Antoine »

C'est simple de comprendre que ce qui a été fixé c'est
1) ne pas observer les règles juives du 15 nisan.
2) fêter un dimanche et impérativement un dimanche
3) ce dimanche est celui qui suit la pleine lune d'équinoxe de printemps.

Le reste appartient à l'astronomie.

Ambiguïté du cas où le 15 nisan va tomber un dimanche:
Pour lever l'ambiguïté et ne pas être accusé d'avoir fêté selon les règles juives , à une époque où la paschalie de Nicée était encore fraiche et peu conforme aux habitudes de certains et où les calendriers n'étaient pas uniformes, le mieux était de repousser au dimanche suivant. Cette mesure est une conséquence a postériori et non pas un a priori de Nicée.
Ceci n'a pas été fait pour respecter l'exode qui chronologiquement dans l'histoire de l'humanité s'est déroulée avant la Résurrection, exode fêté de plus par la religion juive selon un autre calendrier. Il n'y a pas a priori d'interdépendance calendaire visant à respecter cette chronologie de l'histoire humaine. Je ne pense pas que les orthodoxes soient émus en fêtant Pâques par le fait que les juifs viennent de fêter l'exode. Ils s'en contrefichent. Maintenant si ça vous aide vous, Paraclesis, dans votre approche pascale et bien tant mieux, mais c'est un simplisme vraimant curieux.
Le cycle pascal des 19 années nous donne des lunes qui se décalent. C'est encore un autre sujet mais il est aussi important mais beaucoup plus technique surtout si on le traite en rapport avec la réforme grégorienne et avec le nouveau calendrier (le vrai, pas le julien révisé d'aujourd'hui) établi en 1920.
Le résultat est qu'en 2010, sauf erreur, Pâque juive tombera après notre paschalie comme indiqué sur le tableau de mon précédent message.

De nos jours, en respectant Nicée et la pensée des Pères, les règles énoncées ci-dessus suffisent amplement. L'injonction concernant les juifs et interprétée jusqu'à l'interdiction d'une coïncidence purement astrale n'a pas de raison d'être sauf si on l'absolutise comme le font les juridictions anciennes calendaristes jusqu'à l'anathème. Il faut aussi interprêter les canons en fonction du contexte dans lequel ils ont été écrits et prendre en compte ce contexte faute d'appauvrir les canons ou de les rendre absurdes. Ce contexte apparaît bien dans les textes que nous donne Jean Serge avec beaucoup de dévouement. Encore faut -il le lire avec un oeil qui ne s'en tient pas au stupide souci de la lettre au risque de tomber dans l'arbitraire.

Réfléchissons deux minutes:
Aujourd'hui, dans une perspective d'un calcul de l'équinoxe et de la pleine lune à l'aide de nos connaissances astonomiques actuelles qui sont d'une grande précision, et tout en respectant l'injonction Nicéenne de fêter Pâques le dimanche qui suit cette lune d'équinoxe, en quoi le fait que cette date ne tienne pas compte de ce que feraient les juifs pendant ce temps remettrait notre foi chrétienne en cause d'une façon ou d'une autre et boulverserait notre Sainte Tradition? Bien au contraire cela renforcerait Nicée et sa symbolique cosmique.
Soyons sérieux, rendons à l'histoire ce qui lui appartient et à Dieu ce qui est à Dieu, et laissons vivre notre Tradition Vivante dans notre contexte à nous, sans la figer dans l'arbitraire et le refus obscurantiste de toute science. Cela me rappellerait trop une affaire Galilée...
Maintenant on peut aussi faire le choix imbécile de l'anathème à tout va en détournant les Pères des objectifs d'unification, de pastorale et de témoignage du Christ qu'étaient les leurs.
GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Je veux bien remercier Jean Serge pour avoir voulu faire la lourde labeur de traduire le travail de l'Archimandrite Sergius, qui n'est pas un Archimandrite de laboratoire, bien sur, mais un ancien disciple de l'evêque Seraphim et membre des années durant autant du Patriarchat Bulgare que de la Faculté de Théologie.

Je n’ai rien à dire quand nous sommes face un problème méconnu a l’époque des Pères, ou quand l’Eglise n’a pas tranché.
Mais faire d’anti « vieux calendarisme » systématique, il me semble que c'est bien pire que de faire anti « néo calendarisme» systématique.
Et non pas par une raison de sympathie.
On oublie très souvent que ni l'Eglise Russe au sens large, ni les Eglises du Serbie, Jérusalem et autres, (même presque la troisième part de l'Eglise de Roumaine) ne sont pas "anciens calendariques". Elles suivent très simplement le calendrier qu'elles ont reçu des Pères: le Caléndrier Ecclésiastique.
Mais si nous sommes contre (par raisons scientifiques ou "autres [1]") du Caléndrier de l'Eglise et voulons le reformer, pourquoi s'attaquer a ceux que le suivent fidèlement?

Vouloir forcer l’interprétation du “pas avec les juifs”contre le sens permanent avec lequel l’Eglise l’a compris ne relève pas du « militantisme ecclésiastique » ?
N’est pas vouloir faire prévaloir un theologumene douteux contre la théologie ?
---
[1] Parmi ces "autres" peut avoir, pourquoi pas, le désir de être comme les autres, mais pourquoi ne pas le dire?
---
[J'ai edité le message pour supprimer une allusion équivoque, laquelle a pû blesser]
Dernière modification par GIORGOS le lun. 08 août 2005 2:08, modifié 4 fois.
Giorgos
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Le canon disant qu'il ne faut pas fêter Pâques "avec les Juifs, c'est-à-dire avant l'équinoxe de printemps", ne se comprend que si l'on se souvient que, depuis le IIIème siècle, les Juifs, en effet, ne tiennent plus compte de l'équinoxe de printemps pour fixer la date de leur fête de Pâques. "Dans le calendrier juif, aucun problème: la Pâque est le 15 Nissan." (Jean Lefort, La saga des calendriers, Pour la Science, Paris 1998, p. 128.) Cet éloignement du calendrier juif par rapport aux données astronomiques a finalement été systématisé par les réformes calendaires du patriarche Hillel II en 359. Je partage donc l'interprétation que Jean-Serge donne de ce canon.
Ajoutons que ce canon cité comme "7ème canon du concile des Apôtres" ne provient pas du concile des Apôtres (Ac XV:4-29) réuni à Jérusalem en 49 (en 50/51 selon le Père Nicolas Dura), mais d'une collection dite "les canons des Apôtres", ce qui veut dire "les canons dans l'esprit des Apôtres", et qui date du IVème siècle. D'où la référence au fait que les Juifs ne tenaient plus compte de l'équinoxe de printemps pour fixer la date de Pessah, ce qui n'était bien sûr pas encore le cas quand s'est réuni le concile des Apôtres.
D'ailleurs, au moins depuis le XVème siècle, plus personne n'attribue les "canons des Apôtres" au concile des Apôtres (cf. Prêtre Professeur Nicolae Dura, Le régime de la synodalité selon la législation canonique, conciliaire, oecuménique, du Ier millénaire, Editura Ametist 92, Bucarest 1999, p. 153 - ouvrage directement rédigé en français - avec références; passage reproduit in La Lumière du Thabor, n° 49-50, L'Âge d'Homme, Lausanne 2003, p. 79) - ce qui n'empêche bien sûr pas ces canons d'être une expression de la foi orthodoxe apostolique.
Les Juifs ont cessé de tenir compte de l'astronomie pour fixer la date de leurs fêtes, nous, nous avons continué.
Ce qui montre bien le souci constant de l'Eglise de fixer le calendrier liturgique d'après les astres, comme j'en ai déjà donné un autre exemple fameux (les 318 Orthodoxes de Nicée ramenant la date de l'équinoxe du 25 mars au 21 mars, ce qui constituait déjà une première correction du calendrier julien).

Et puis rappelons encore une fois que, si le concile de Nicée a donné certaines règles pour la paschalie, le calcul pratique a été fait deux siècles plus tard par le moine roumain de la Dobroudja établi à Rome, le vénérable Denys le Petit (Dionisius Exiguus / Dionisie cel Mic), qui a calculé une lunaison théorique qui sert au calcul de la date de Pâques dans l'Eglise orthodoxe (sauf en Finlande). Ce que nous utilisons n'est donc pas à proprement parler la paschalie de Nicée, mais celle du vénérable Denys le Petit. Et, comme Antoine, je pense qu'il serait maintenant possible, grâce à la science contemporaine, de calculer une lunaison réelle, dans le respect du principe fixé par Nicée.

Mon cher Giorgos, avec toute l'estime que j'ai pour vous, mais puisque vous me prenez indirectement à partie (je suis semble-t-il le seul nouveau-calendariste dans cette discussion, Antoine relevant d'une paroisse qui suit l'ancien calendrier), je vous ferai remarquer que ce ne sont pas les fidèles de Constantinople, Alexandrie, Antioche, Bucarest ou Athènes qui, sur ce forum, reviennent sans cesse sur le sujet du calendrier. Je dois dire que le fait d'assister à la même discussion pour la quinzième ou vingtième fois depuis quatre ans finit par me lasser, mais je dois encore intervenir de temps en temps pour réagir à certains travestissements de la vérité. Maintenant, il est clair que ce genre de discussions comporte un risque de tuer le forum, tout le temps consacré à la ixième discussion sur le calendrier étant pris à des sujets à mon avis plus importants pour une vie orthodoxe, tandis que les lecteurs se fatiguent petit à petit...
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