Signe de la Croix

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Invité

Message par Invité »

Les applaudissements au cours d'une célébration litugique ont l'air de faire problème pour plusieurs. Je crois qu'il faut aller au sens.

Chez moi, lorsqu'une foule veut exprimer son désaccord elle crie «Shooooooooo». Si elle veut exprimer son accord, elle applaudit à tout rompre. Mieux encore et pour donner davantage, les gens se lèvent et alors les applaudissement se prolongent... Ce geste fait partie des habitudes, des conventions. C'est ainsi que l'on fait partout et en toutes circonstances. Applaudir c'est dire OUI ! ON EST D'ACCORD ! FÉLICITATIONS !... pour ce que tu viens de dire .... pour ce qui vient d'être fait ... C'est un geste charitable. L'assemblée dit sont affection et sa joie.

Dans les assemblées liturgiques, selon les lieux et les circonstances, nous applaudissons à certaines occasions et ce geste est loin d'être inconvenant. De même qu'après les prières du célébrant nous répondons "Amen" pour exprimer notre accord dans la foi, après le Oui des époux qui se marient ; après le baptême d'un enfant, l'assemblée dit son «amen» par des applaudissements. Le climat dans lequel se déroule la célébration y est pour beaucoup. Dernièrement, après l'ordination de quatre prêtres, alors que l'Évêque les eut présentés à la communauté chrétienne, tous se sont levés et ont applaudi chaleureusement les nouveaux ministres du Seigneur. Il n'y avait là absolument rien de déplacé.

Comment croyons-nous que les Hébreux soeint arrivés à «battre des mains», «sonner du cor», «jouer de la harpe mélodieuse» et même «danser» devant Yahwé, sinon en utilisant ce qui leur était familier pour exprimer leur joie. Ce n'est pas en inversant la vapeur qu'il faut aller, mais dans le même sens que nous enseigne la Parole de Dieu. Les premiers Juifs devenus chrétiens s'exprimaient en hébreux, mais dès que le message est passé en Grèce, il s'est traduit dans la langue du pays et les célébrations liturgiques ont prit infailliblement quelques couleurs locales. Était-ce contraire au message évangélique que d'inventer des icônes ? et de sculpter des croix ? de psalmodier sur des rythmes différents de ceux des Juifs. Il est parfois plus facile de condamner certaines initiatives inovatrices, de les ridiculiser même, que d'avoir le courage de changer et de s'adapter au temps et au lieu où l'on vit. Le latin et le grégorien étaient d'une autre époque ; à Athènes, le grec ancien n'est plus de son époque ; ferons nous chanter le grégorien aux chinois ? voulons faire taire le tam-tam en Afrique ? Un geste signifiant, bien fait et en son temps ... «et Dieu vit que c'était bon» ! Les africains tapent sur leur tam-tam à certains moment de la liturgie, et pourquoi pas ? Faut-il sortir les orgues de nos églises parce que les premiers chrétiens n'en avaient pas ? s'asseoir sur les plancher parce qu'eux n'avait pas de chaise ni de bancs ?

L'introduction des applaudissements et le baiser de paix sont deux gestes qui apportent plus de sens encore à certains moments de nos célébrations.

Antan
Antoine
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Message par Antoine »

Association française pour le développement de la créativité:
Les applaudissements

1- Objectifs: Mettre chacun des participants en situation de
valorisation. Faire réagir à sa manière chaque participant placé dans
cette situation

2- Description: Le groupe debout est réuni en cercle. À tour de rôle
chaque participant va au centre du cercle et se fait applaudir, puis
regagne sa place quand il le désire.

3- Consigne: " Chacun de nous, à tour de rôle, se place au centre du
cercle et nous l'applaudissons ".

4- Remarques générales: C'est un exercice de préférence non-verbal
qui ne présente pas de difficultés dans sa réalisation. Il peut se situer
en début de séminaire ou l'animateur peut le faire pratiquer quand il
juge que les participants ont besoin d'être valorisés. La consigne est
donnée d'une manière entraînante. L'animateur peut désigner les
participants qui se mettent au milieu si ceux-ci n'y vont pas
spontanément. Les réactions sont très diverses : des participants
peuvent remercier le groupe ; d'autres cherchent à faire amplifier les
applaudissements ; d'autres veulent mériter ces applaudissements et
essaient de faire une prouesse quelconque ; d'autres encore sont gênés
et rejoignent le groupe avant la fin des applaudissements… L'exercice
est d'autant plus intéressant que le groupe est plus nombreux.

5- Variantes: Le participant placé au centre peut dire quelque chose
avant de se faire applaudir : Il peut dire son prénom. Il peut dire " je
suis moi ". Il peut dire une phrase très brève de son choix. Le
participant placé au centre peut s'exprimer corporellement pendant
qu'il est applaudi ; Le groupe peut non seulement applaudir mais aussi
acclamer.

6- Aspects pratiques: L'exercice peut se pratiquer dehors ou également à l'intérieur des églises.

L'association propose aussi des séances d'exercices respiratoires et de relaxation pour accompagner la prière de l'applaudissement:
"Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, applaudis-moi."

Participation aux frais de stage liturgique d'applaudissements: 390 Euros.
On est "prié" d'apporter son sac de couchage et sa bonne humeur.

Gustave Youpi, animateur de coordination interactive au sein de la commission célébration.
Invité

Message par Invité »

Cher Antoine, je suis sans voix devant cette publicité.

Antan
pascal
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Message par pascal »

Antoine,

c'est trop pour moi, je vais succomber de rire...

on dirait un nouveau stage proposé à Béthanie, ou un bidule pour revalorisation de cadres commerciaux sur le retour !

mais vous ne saviez pas qu'on pouvait aussi effectuer une nouvelle forme d'applaudissement interactif: il s'agit pour un intervenant de placer sa paume vers le ciel en signe d'offrande, puis dans un mouvement dynamique de communion, le deuxième intervenant effectue une descente vive mais harmonieuse de sa main sur la paume du comparse, en s'exclamant "yo give me five"

ça se pratique souvent dans les YMCA du Queens et du Bronx à NYcity ... de là à y voir une nouvelle influence de qui vous savez...

bientôt dans certaines communautés, il est également question dans les grandes assemblées de proposer en signe d'acceptation du nouvel arrivant une nouvelle forme d'acclamation:

"il est vraiment, il est vraiment, il est vraiment (notez la triple acclamation) phénoménal" s'en suit une suite d'harmonisation palatisées plus ou moins complexe...

mais là il va falloir réunir moultes commissions c'est pas encore fait.

Sinon il y a un site de l'AFDC?
Antoine
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Message par Antoine »

Sinon il y a un site de l'AFDC?
Oui Oui bien sûr. Excusez moi d'avoir omis de le mentionner. L'afdc est une association sérieuse tant au service des entreprises laïques que religieuses. Il est réjouissant de voir que face à tous ces réactionnaires orthodoxes, le catholicisme prend un bon virage et sait s'adapter à une société moderne et progressiste, axée sur l'épanouissement personnel du chrétien en contribuant à l'établissement du bonheurrrrrrrrrrrrrrrr sur terrrrrrrrrrrrrrrrrrre.
Si vous voulez vous inscrire vous trouverez tout renseignement

http://www.crea-france.com/ressources/outils/applau
Jeanne Saint Gilles
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Make it clap

Message par Jeanne Saint Gilles »

Bonjour Antan

Pour revenir sur les applaudissements, envisagez-vous de faire exploser des pétards et de tirer des mini-feu d'artifices?

Plus sérieusement, quand l'évêque présente les prêtres, vous pouvez dire axios. Encore plus sérieusement, un applaudissement n'est pas un acte sacré, ça veut dire, je suis content on est d'accord... Mais on peut être d'acord et le manifester de façon spirituelle... Prière, psaume. Les époux se disent oui... Alors mieux vaut chantez Alleluïa qu'applaudir...
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
pascal
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Message par pascal »

je ris encore plus,

moi qui pensait que c'était vous, Antoine, qui aviez tourné la chose de manière satirique....

ça existe en vrai!

y a des p'tites bulles de couleur et tout et tout...

comble de l'ironie, ça se trouve boulevard Sébastopol
Irène
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Message par Irène »

Moi aussi je ris encore et ... gratuitement !
pascal
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Message par pascal »

à parcourir le site que vous mentionnez antoine, il ressort deux mots:
créativité et adhérez.... il y a même des chèques créatifs pour l'adhésion..
également, un petit texte édifiant (les mots en gras le sont de mon fait)

Journée mondiale de la créativité
Une célébration de la créativité humaine, partout en France et dans le monde, pour faire la fête aux idées... La créativité est un merveilleux potentiel humain ! Elle offre la promesse d'un monde meilleur, un monde où l'on prend le temps et l'énergie de différer son jugement, d'élaborer des idées dans un esprit de coopération et de partage, de trouver des façons alternatives de résoudre les conflits, de construire des communautés, de générer de la richesse, de l'abondance pour créer des opportunités et apprendre les uns des autres. Plus que jamais, dans ce qui nous semble un tournant, une mutation de notre civilisation, il nous semble important de valoriser la créativité humaine, de valoriser les initiatives innovantes qui participent d'un progrès et tentent de résoudre des problématiques importantes et complexes, de créer un climat créatif où le potentiel de créativité de chacun peut s'exprimer, pour construire un monde dans lequel chacun aimerait vivre, et ce quel que soit le registre : - Dans les entreprises - Dans le secteur éducatif - Dans les domaines économiques, politiques, sociaux, au niveau local et national. Alors, fêtons nos idées, les vôtres, les leurs, celles dont vous entendez parler, tous les jours ! Ce jour est là pour leur rendre hommage ! " Créatifs, nous le sommes tous !"

[/b]
Invité

Message par Invité »

Bonjour Jeanne Saint-Gilles,

J'aime l'humour explosif de vos pétards. Merci de nous faire rire ! Dans mon post précédent, j'écrivais que le ridicule est souvent plus facile à manier.... Les posts qui ont suivi attestent de la vérité de mon dire. Quant à vous, vous avez su répondre par une suggestion positive. Je vous en suis reconnaissant.

Plus sérieusement... Je crois qu'aucun de nos gestes n'est sacré d'une certaine façon. C'est nous qui en important certains gestes dans une ambiance sacrée leur donnons ce sens. Brûler des parfums, chanter, s'agenouiller, autant de gestes neutres. Mais brûler un parfum d'encens pendant la prière en se rappelant le Psaume «Que ma prière s'élève comme un encens» confère à ce geste une sacralité. Chanter les mots de la Parole de Dieu en assemblée chrétienne priante, c'est sacraliser le chant. S'agenouiller devant Dieu en humiliant son coeur, c'est encore sacraliser ce geste. Je ne qualifierais pas les applaudissements de geste sacré mais j'affirme qu'ils ne sont pas inconvenants et qu'ils sont même très signifiants en certaines circonstance dans une célébration liturgique. Le Canada n'est pas la France, ni la Russie ni la Chine.

Je n'essaie pas de porter un jugement sur les gestes de vos liturgies car votre mode d'expression Orthodoxe et oriental est différent de celui des Catholiques en Amériques. La première fois que j'ai vu le geste de l'encensement, j'ai ri en voyant tournoyer et tournoyer l'encensoir. «Quelle affaire ! Qu'est-ce qu'il fait là !"» que je me disais «On est pas au cirque !». Par après, je ne me suis pas demandé si c'était un geste sacré ou non, je me suis simplement dit «Les Orthodoxes agissent selon leur mentalité et leur tradition orientales». Et quand je vois tous ces gens avec des cierges, les autres agenouillés devant les icônes ou les embrassant, je fais la même réflexion «Les Orthodoxes agissent selon leur mentalité et leur tradition orientales». L'important c'est leur franche relation à Dieu. Et si l'un ou l'autre déborde, tous ne font pas ainsi.

Je ne cherche pas à argumenter. J'exprime simplement mon avis sur des points communs à toutes les religions.

Antan
Antoine
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Message par Antoine »

Eliazar a écrit :Je serais très intéressé d'avoir l'adresse du génial inventeur du feu.
L'adresse se trouve dans: Gaston Bachelard: La psychanalyse du feu, Gallimard, Paris, 1938
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Antan a écrit : Je n'essaie pas de porter un jugement sur les gestes de vos liturgies car votre mode d'expression Orthodoxe et oriental est différent de celui des Catholiques en Amériques. La première fois que j'ai vu le geste de l'encensement, j'ai ri en voyant tournoyer et tournoyer l'encensoir. «Quelle affaire ! Qu'est-ce qu'il fait là !"» que je me disais «On est pas au cirque !». Par après, je ne me suis pas demandé si c'était un geste sacré ou non, je me suis simplement dit «Les Orthodoxes agissent selon leur mentalité et leur tradition orientales». Et quand je vois tous ces gens avec des cierges, les autres agenouillés devant les icônes ou les embrassant, je fais la même réflexion «Les Orthodoxes agissent selon leur mentalité et leur tradition orientales». L'important c'est leur franche relation à Dieu. Et si l'un ou l'autre déborde, tous ne font pas ainsi.
Antan
Alors là, quelque chose m'étonne. Que je sache, il y avait des encensements dans les messes catholiques romaines avant la généralisation du rite Paul VI avant 1969. Il y a toujours des encensements dans les messes anglicanes High Church. Vous êtes sûr que vous n'avez jamais vu d'encensement avant la première fois où vous avez assisté à une liturgie orthodoxe?
Idem pour la génuflexion. J'avais un condisciple valaisan à la fac de droit, natif de Sion et aujourd'hui avocat à Genève, qui n'entrait jamais dans une église catho sans s'agenouiller. Je vous assure pourtant qu'il était né en 1973, et qu'il n'était pas "oriental" du tout. Juste pour vous dire que je suis étonné de voir des usages du rite romain, qui sont encore pratiqués en Suisse (qui, bien que n'étant pas le Canada, n'est tout de même pas un pays oriental), vous apparaître comme des usages orientaux.
Comment faisait-on dans vos églises au Canada avant Vatican II? Ou y avait-il des usages européens qui n'avaient pas pris racine au Canada?

A mon avis, c'est un peu audacieux de parler de mentalité et traditions "orientales" à propos des orthodoxes. D'accord pour les Arabes. Mais les Grecs? Mais les Roumains? Un peuple latin peut-il être oriental? Et les Finlandais? (Même si l'Eglise orthodoxe est très minoritaire en Finlande, elle y est quand même religion d'Etat à parité avec l'Eglise luthérienne, ce qui veut bien dire qu'elle n'est pas perçue comme culturellement étrangère.) Mais, alors, quelle signification peut avoir cet adjectif si on l'étend à tous les peuples de Novi Sad à Tokyo?
Je pense que c'est aussi un peu réducteur de parler de "traditions orientales" à l'égard de traditions qui étaient aussi connues en Occident et qui n'ont rien de spécifiquement oriental. Il y a un passage de la Vita Patrum où saint Grégoire de Tours écrit expressément que l'on avait des icônes (il utilise le mot grec) en Gaule mérovingienne. Il n'y a rien de spécifiquement oriental à ce que l'Eglise orthodoxe ait gardé le dépôt de la foi, y compris les expressions extérieures de cette foi, dans son intégralité: c'est là l'essence même de l'Orthodoxie, qui, je vous le rappelle, veut dire "juste glorification", terme qui implique à mon idée de garder non seulement l'intégrité du dogme, mais aussi l'intégrité des rites.
Invité

Message par Invité »

Cher Lecteur Claude, l'interprétation que vous donnez à mes propos me déconcerte un peu. Je parle de la façon d'encenser en tournoyant et tournoyant l'encensoir qui est absolument différente de la façon dont nous le faisons chez les catholiques. Je parle de l'agenouillement comme geste quotidien ou de la prostration devant les rois ou autres personnages autrefois. Quand je parle de tradition orientale, d'abord j'emploie ce mot parce que vous-mêmes parlez toujours de la France et des Amériques en utilisant le mot «occidental», alors où est l'orient ? Je parle de la source, d'où origine ceci et celà ; comme pour un canadien français catholique d'entendre du latin d'ailleurs et des siècles passés. Et l'Asie mineure, c'est où au début de l'Église ? - JEn passant, je n'écris pas avec de l'encre d'amertume ni du vinaigre, mais avec un esprit bien calme.

Et ce qui me surprend au possible, c'est que vous semblez - lisez bien le mot nuancé - considérer que les gestes, «l'expression extérieure de la foi», font/fait partie de «l'essence même de l'orthodoxie» ! L'essence de la foi ... un geste relevant des habitudes locales ! La foi juste/orthodoxe est ratachée à un geste ? Ma foi chrétienne sera plus pure et mieux conservée si elle est accompagné de tel geste précis. Vous ne trouvez pas que vous y allez fort ? D'accord pour le rite essentiel et les paroles qui accompagnent le repas eucharistique, comme le rappele saint Paul. Mais pour le reste, langue, musique, textes liturgiques... Nous allons lire et de chanter en grec ancien parce que c'est la langue des origines ? Même si personne ne comprend ! Les théologiens, les exégètes doivent connaître les langues anciennes, mais nos enfants qui vont aux célébrations doivent-ils le savoir ? Pourquoi est-ce que la Parole de Dieu a été traduite dans toutes les langues ? J'ai fait de bonnes études en musique grégorienne et je trouve cette forme de musique formidable pour des moines qui apprennent le latin et qui se spécialisent dans cet art qui les aide à prier. Mais je ne regrette absolument pas d'y avoir substituté la musique moderne de mon pays et la langue française. Il faut, après avoir précisé une valeur, considérer la situation dans laquelle elle est vécue, et enfin le comportement qui convient. Vous m'offrez un présent, c'est la main droite ou la main gauche qui décidera de votre politesse ?

Quant aux objets le principe est le même. Si l'emploi d'un objet "se démodait" ou "prenait une autre signification", là alors ... Mais tant que l'icône aide à la prière et à l'enseignement de la Parole. Les vêtements sacerdotaux faisaient problème chez les catholiques, alors nous en avons modifié l'apparence tout en conservant le sens de chacun. Pour nous, le célébrant qui officiait dos au peuple, cela n'allait plus avec la signification que nous donnions à l'assemblée des fidèles en Eucharistie. Jésus ne tournait certainement pas le dos à ses apôtres pendant la sainte Cène. L'autel a été retournée. Le prêtre prie maintenant tourné vers nous ses disciples et la valeur foi demeure intègre quand même. Faut-il s'acharner sur certaines traditions de langue, de gestes et d'objets ou faut-il aider les chrétiens à mieux prier, à mieux connaître et comprendre la Parole de Dieu ?

Pour aller à l'extrême dans ce propos, je pense souvent aux Esquimos de notre Grand Nord, il y a 100 ou 200 ans... et même de nos jours. Du pain et du vin pour l'Eucharistie ! Du blé et des vignes sur la calotte polaire ! Et si Jésus avait été un Esquimo ? J'aime jongler parfois.

Vous avez remarqué que je me garde bien de quelque comparaison que ce soit entre célébrations orthodoxes et célébrations catholiques. Mon propos demeure toujours dans les principes généraux sans porter de jugements. Ce serait d'ailleurs contraire au principe qui est le mien que chacun a ses traditions, ses sensibilités, sa façon de vivre ses valeurs, etc. L'important c'est la foi en Jésus Christ.

Je mets un point final ... car j'ai déjà manqué de sobriété !

Antan
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Relisant ce qu’a écrit Antan, et constatant toute la sincérité de sa recherche et la franchise avec laquelle il nous rapporte ses étonnements de catholique romain québécois devant l’Église orthodoxe (et l’intérêt qu’il porte à cette drôle d’Église), je vois quelle distance a été créée entre la mentalité occidentale et l’Église orthodoxe. Pour moi l’Église chrétienne ne fait que répondre aux questions et aux besoins de l’éternellement humain ; bien plus même elle révèle à l’homme ce qu’il est et ce qu’il a toujours été, selon le dessein éternel de Dieu qui a imprimé sur la pâte humaine sa propre image. Évidemment le Créateur sait mieux que personne, et mieux que nous-mêmes ce qu’est cette étrange créature qu’il a Lui-même modelée à sa propre image.

Quant à la mentalité occidentale, pour moi ce n’est que le résultat final de toutes les catastrophes auxquelles a conduit l’hérésie de l’Église latine. Les étonnements et les questionnements d’un occidental catholique observant cette étrange réalité orthodoxe sont celle d’un égaré retrouvant son pays natal. Qu’Antan me pardonne, c’est de cette façon que j’interprète ses réactions. Je ne voudrais que répondre avec franchise à sa franchise.

Dans les étonnements et les questionnements d’Antan je remarque le besoin de déterminer la frontière entre l’aurorisé et l’interdit, et comme l’interdit paraît l’opposé de la Grâce, on essaie de diversifier le domaine de l’autorisé en insistant sur les diversités ethniques et en modulant par l’évolution passée et prévisible. Cependant les gestes et les paroles de l’Église orthodoxe ne sont pas une invention humaine, qu’elle aurait échafaudée pour appliquer les sublimes enseignements du Maître. J’ai cité le texte de saint Basile où il rappelle que “nos Pères” nous ont transmis un enseignement oral très riche, qui n’est pas contenu dans l’Écriture sainte. Le signe de la Croix en fait partie, ainsi que l’essentiel de l’Offrande eucharistique et du Baptême et bien d’autres choses encore. Le texte de l’Écriture sainte lui-même nous a été transmis par la Tradition orale.

Les icônes ne sont pas le fruit d’une créativité des Grecs entrant dans l’Église. La Tradition attribue à saint Luc le premier portrait de la Déipare (la Théotokos). Lorsque l’Église de Rome peignait ou scultait ses très anciennes représentations de Marie, elle la figurait telle une matrone romaine, tête nue et couronnée. C’était conforme à leur traduction ethniques. C’est d’Orient que leur est venue le témoignage de la représentation primitive, où Marie porte le voile des femmes de son pays, drapé par-dessus un bonnet. D’une manière générale l’art des catacombes et des premières basiliques est un art pré-iconographique. L’iconographie orthodoxe est née lorsque l’Église a su reconnaître dans quelques traditions syriennes les vrais portraits de Christ, de sa Mère et des Apôtres, et inventer une esthétique spirituelle propre aux saintes images.

Et il ne faut pas croire que l’Esprit saint a cessé d’œuvrer dans l’Église. Les décisions conciliaires, les saints Canons, les développement liturgiques, l’hymnographie, l’iconographie sont aussi des parties constituantes de la Révélation. Si l’Église orthodoxe est bien l’Église du Christ, cela implique qu’elle possède en elle la présence réelle de l’Esprit saint qui inspire toute sa vie.

Que la vie spirituelle de l’Église orthodoxe comporte toute une série d’actes, de gestes, de positions, de formes, d’images, de rites, cela vient de ce que Dieu a créé tout ce monde concret, réel, qui nous entoure en vue de sa Transfiguration, en vue de notre Divinisation, chair comprise. Rien d’étonnant donc à ce que l’Orthodoxie comporte des icônes, de la musique, des rites. Ils ne représentent pas l’adaptation à une tradition préexistante, ce sont ces formes qui sont créatrices de toute une civilisation, culture comprise, art compris. Les formes de l’Église orthodoxe sont adoptées aussi bien par les récentes petites communautés noires d’Afrique que par l’Église du Japon. Cependant les uns comme les autres doivent avoir des difficultés à trouver du blé et des vignes.

Cela ne veut pas dire que l’Orthodoxie est uniformément stéréotypée : les prêtres orthodoxes portent partout le même costume, et cependant on n’en trouve jamais un qui soit tout à fait identique à son voisin. Et les diddérences de tempérament entre les peuples peuvent s’exprimer : il suffit de se promener sur le mont Athos pour constater que les Russes sont plus gestuels que les Grecs.

Il ne faut pas aller rechercher la signification de ce qui nous est présenté par l’Église dans un signifié intelligible, un concept théologique ou une autorisation canonique. C’est le geste, le rite qui nous révèle beaucoup plus que tout ce que nous aurions pu concevoir.. Le sacrement n’est pas un symbole, mais une réalité qui nous révèle la Vérité de Dieu.

Lorsque l’Église a adopté, sous l’inspiration divine, le rite de l’encensement par cet instrument bizarre qu’on appelle l’encensoir (qui n’existait pas avant l’Église) elle nous a révélé quelque chose de la Vérité divine. Je ne suis pas capable de dire quoi. Mais quelque chose nous est révélé. C’est pourquoi ce rite comme un très grand nombre d’autres, est un des saints Mystères de l’Église orthodoxe. Il vaut mieux dire "un Mystère" qu’un "sacrement" à la manière des catholiques, qui ont externalisé une série artificielle de sept sacrements. Et c’est encore moins un “sacramental”.

Il faut, pour aborder ce type de questions opérer un renversement méthodologique complet : plutôt que de chercher à adapter les rites à une culture humaine particulière, il faut commencer par se poser la question suivante : que nous révèlent les rites sacrés transmis par la Révélation orale sur les lacunes de notre culture ? C'est à dessein que j'emploie le verbe "révéler", car cela fait bien partie de la Révélation que le Verbe incarné est venu apporter aux hommes et que l'Église de nos Pères nous a transmise.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

S’adressant au lecteur Claude, Antan exprime sa surprise nuancée :
Et ce qui me surprend au possible, c'est que vous semblez - lisez bien le mot nuancé - considérer que les gestes, «l'expression extérieure de la foi», font/fait partie de «l'essence même de l'orthodoxie» ! L'essence de la foi ... un geste relevant des habitudes locales ! La foi juste/orthodoxe est ratachée à un geste ? Ma foi chrétienne sera plus pure et mieux conservée si elle est accompagné de tel geste précis. Vous ne trouvez pas que vous y allez fort ? D'accord pour le rite essentiel et les paroles qui accompagnent le repas eucharistique, comme le rappele saint Paul. Mais pour le reste, langue, musique, textes liturgiques... Nous allons lire et de chanter en grec ancien parce que c'est la langue des origines ? Même si personne ne comprend ! Les théologiens, les exégètes doivent connaître les langues anciennes, mais nos enfants qui vont aux célébrations doivent-ils le savoir ? Pourquoi est-ce que la Parole de Dieu a été traduite dans toutes les langues ? J'ai fait de bonnes études en musique grégorienne et je trouve cette forme de musique formidable pour des moines qui apprennent le latin et qui se spécialisent dans cet art qui les aide à prier. Mais je ne regrette absolument pas d'y avoir substituté la musique moderne de mon pays et la langue française. Il faut, après avoir précisé une valeur, considérer la situation dans laquelle elle est vécue, et enfin le comportement qui convient.
Il y a deux choses. La division des langues a été envoyée sur l’humanité à la suite de l’énorme péché qu’avait commis le genre humain, qui jusqu’alors ne parlait qu’une seule langue, de vouloir construire à Babel une tour s’élevant jusqu’aux cieux.. Lorsque l’Esprit descendit sur les Apôtres, au jour de la Pentecôte, il répartit ses dons aux Apôtres en divisant comme des langues de feu. Depuis ces jours une des formes les plus spectaculaire de l’inspiration du saint Esprit dans l’Église est qu’elle sait parler toutes les langues des hommes. Les langues diverses continuent à exister, mais jamais aucune d’entre elles n’a pu créer un obstacle pour l’Église. Elle apprend à les parler toutes, et elle a pu traduire ses livres sacrés dans toutes les langues de l’humanité.

Certains peuples ont conservé un très grand respect pour la langue dans laquelle ils ont reçu l’Évangile. Le grec ancien, le latin et le slavon continuent d’être parlés dans les Églises. Ce respect est parfaitement légitime, mais ne doit pas nuire à la connaissance du sens des paroles. Il faut traduire les textes sacrés dans la lague vernaculaire. Il y a quelques jours l’Église de Grèce à son tour a franchi le pas et demandé qu’on commence à utiliser le grec moderne (la koinè) pour les lectures des offices. Certains soupirent déjà avec nostalgie, mais il faut bien se rendre compte de la réalité des choses, et ce premier pas sera certainement suivi de beaucoup d’autres.

Quant on entreprend ce genre de travail, on se rend rapidement compte que l’adaptation à la langue parlée n’implique pas nécessairement qu’on se mette au niveau de la langue parlée la plus courante. Je soutiens pour ma part qu’il est nécessaire de conserver ce que les liguistes contemporains appellent un registre soutenu. Et on constate aussitôt qu’il est difficile de préciser à partir d’où on va trop loin. Mais ce n’est pas l’objet de notre discussion. En tout cas la barrière de la diversité des langues peut être surmontée et doit l’être. Ce n’est pas en vain que l’Esprit saint a accordé à l’Église le don des langues : il nous a ainsi enseigné que l’adaptation à la langue est bécessaire

Mais il en va tout autrement quand il s'agit des mentalités et des cultures éphémères de divers groupes humains. Quand vous prétendez que de nos jours le célébrant ne peut plus et donc qu’il ne doit plus célébrer en tournant le dos au peuple, alors là non. Et pour préciser la valeur de mon rejet je dois avouer qu’il fut un temps dans ma jeunesse catholique où, à l’époque de Vatican II et même avant (je suis en effet un vieillard au soir de sa vie…) je souhaitais ce genre de réforme et j’ai bien connu des gens qui y étaient très engagés. C’est bien naturel lorsque l’on considère que la liturgie est une expression des valeurs morales de générosité, d’altruisme.

Mais si la Liturgie était le rassemblement des membres du Corps du Christ, Celui qui offre et qui est offert ? L’évêque devrait avoir son siège derrière l’autel. C’est de là qu’il enseigne. À sa gauche et à sa droite les bancs du prêtre devraient entourer l’autel. Mais lorsque l’évêque prie en notre nom (ou lorsque un prêtre le fait par délégation de l'évêque), il est du même côté que nous., devant l’autel, qui est le lieu de la présence divine. Ce que l’on a appelé “la messe à l’envers”, c'est-à-dire ce qui est devenu la règle chez les catholiques, montre bien l’affaiblissement du sens mystérique de la célébration eucharistique au profit d’une sorte de manifestation sociétale.

Vous pouvez me demander comment je peux décider qu'une approche de traduction convient pour la diversité des langues, alors qu'un refus de compromis s'impose pour la diversité culturelle ? Je vous répondrai simplement que le saint Esprit nous a enseigné à agir ainsi lorsqu'il a distribué le don des langues et non le don des acculturations.

Vous dites :
Il faut, après avoir précisé une valeur, considérer la situation dans laquelle elle est vécue, et enfin le [/b]comportement[/b] qui convient.
C’est effectivement une bonne méthode, si vous parlez de votre comportement dans une collectivité de ce monde, dans une famille, une entreprise, une institution, un mouvement, une organisation. Cela montre que vous savez gouverner et modérer vos passions et vos impulsions, et que vous vous efforcez d’adopter un comportement réfléchi. Mes félicitations.

Mais dans l’Église, nos comportements sont réglés par la loi des Béatitudes, par l’économie de la condescendance divine, par les règles que le Seigneur a fixées à l’Église qui est son Corps et que nos Pères dans la foi nous ont transmises. Parler ici d’un système de valeurs dans un environnement donné, d’une situation et d’un comportement, revient à séculariser l’Église en la rabaissant au niveau d’un mouvement militant.

Une fois de plus je vous invite à un complet renversement méthodologique. Dans l’Église, ce n’est pas l’environnement qui nous détermine, ce ne sont pas nos valeurs qui nous permettent d’en juger. Nous sommes en présence ici d’un monde spirituel plus réel que le monde empirique présent. L’Église nous enseigne à faire de nos cœurs, de nos corps, de nos actes, un monument à la gloire du Seigneur. Elle nous révèle comment nous pouvons le faire, en célébrant des Mystères que les hommes par eux-mêmes n’auraient pu concevoir. Nous n’avons pas le droit de les soumettre à l’esprit du temps ou de les accomoder à notre sauce culturelle.

Mais où sont les règles d'antan ? (François Villon)
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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