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Philarethe
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Message par Philarethe »

Pour être complet, le décrêt d'intronisation pris sur cet admirable site de l'ECOF:





4- DéCRET PATRIARCAL D'INTRONISATION CANONIQUE

DE MGR GERMAIN éVêQUE DE

L'éGLISE CATHOLIQUE ORTHODOXE DE FRANCE (11 JUIN 1972)



LE PATRIARCAT ROUMAIN

Chancellerie du Saint-Synode n°6640/1972

X JUSTINIAN
par la grâce de Dieu, Patriarche de l'Eglise
Orthodoxe Roumaine, suppléant du trône de Cesarée
de Cappadoce, Métropolite de Oungro-Valachie,
Archevêque de Bucarest, et
Président du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine

Au très cher clergé et aux fidèles orthodoxes de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, Eglise protégée par Dieu, grâce, miséricorde et paix de la part de Dieu, notre Père des Cieux, et de Notre part, bénédiction paternelle.

Nous portons à la connaissance de tous que Notre Sauveur Jésus-Christ par l'envoi du ciel, sous forme de langues de feu, du Très Saint et Vivifiant Esprit, sur Ses saints disciples et apôtres, les a confirmés dans la mission de prêcher Son Evangile des degrés hiérarchiques divers dans Sa Sainte Eglise, par l'imposition des mains, assurant ainsi le service sacerdotal dans un enchaînement ininterrompu, jusqu'à la fin des siècles, et en instituant de la sorte pour les fidèles, des Pasteurs et des Archipasteurs participant aux mêmes grâces et pouvoirs apostoliques.

En tant qu'humble successeur de ces Pasteurs prenant connaissance de la décision du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine Nr. 3320 du 28 avril 1972, décision par laquelle il a approuvé la demande de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France d'être acceptée sous l'autorité canonique supérieure de l'Eglise Orthodoxe Roumaine ;

Vu que par le décès de l'évêque Jean de Saint-Denis le siège épiscopal de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France est devenu vacant ;

Déterminé par les obligations canoniques que nous avons assumées à l'égard de cette Eglise, par les dispositions de l'art. 3, alin. "a" du Statut de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, ainsi que de la décision Nr. 3320/1972 du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine de ne pas laisser l'Eglise Catholique Orthodoxe de France privée de son Chef canonique ;

Vu les décisions de l'Assemblée Générale de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France des années 1967,1968, 1969,1970 et 1971, ainsi que la volonté du clergé et des fidèles de cette Eglise-là, exprimées dans les lettres à Nous adressées, ainsi que le rapport du 28 avril 1972, pièces par lesquelles on Nous fait savoir que le Très Révérend Archiprêtre Gilles Hardy, Vicaire Général, a été déclaré évêque élu de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, s'étant montré digne de cette haute charge, étant constant dans la foi de l'Eglise Orthodoxe Universelle, digne de serviteur de l'Autel du Seigneur, prédicateur capable de l'Evangile, s'acquittant avec zèle et rectitude des charges ecclésiastiques qui lui ont été confiées jusqu'aujourd'hui ;

Vu aussi l'adresse du 11 mai 1972 du Conseil Episcopal de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, par laquelle on Nous sollicite le sacre comme évêque du Très Révérend Père Archimandrite Germain Hardy, Vicaire Général. Nous avons soumis les documents mentionnés au Synode Permanent de l'Eglise Orthodoxe Roumaine dans sa séance du 6 juin 1972 ;

La Commission synodale instituée par le Synode permanent à la suite de la décision No. 6640, 8326 du 6 juin 1972, après l'examen des documents du dossier respectif, et après l'examen canonique du Très Révérend Archiprêtre Gilles Hardy, Vicaire Général, a constaté que celui-ci, d'accord avec l'Eglise des premiers siècles et avec les Eglises Orthodoxes de partout, confesse tout ce que l'Eglise Orthodoxe Universelle confesse, et rejette tout ce que l'Eglise Orthodoxe rejette, elle constate aussi que son élection comme évêque par l'Assemblée Générale est faite en conformité avec les stipulations de l'art. 5, afin. "d" du Statut de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France et avec la doctrine des saints canons ; elle constate encore que la personne élue réunit les conditions canoniques exigées pour être consacrée évêque et que la tonsure monastique du Très Révérend Père Vicaire Général a été célébrée au Monastère Anthym de Bucarest le 29 avril 1972, lorsqu'il a reçu le nom monastique de GERMAIN; le 30 avril on lui a accordé la dignité d'Archimandrite de la sorte que le Très Révérend Père Vicaire Général Germain Hardy est digne d'être consacré évêque.

En même temps, le 6 juin 1972, Nous et les membres du Synode Permanent, prenant connaissance aussi de la décision de l'Assemblée Générale Extraordinaire de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, décision prise dans sa séance du 6 mai 1972 par laquelle on a adopté à l'unanimité la "Déclaration sur l'Eglise Catholique Orthodoxe de France" et le Statut canonique de cette Eglise, acte par lequel l'Eglise Catholique Orthodoxe de France est entrée ipso facto en relation canonique avec l'Eglise Orthodoxe Roumaine, la reconnaissant comme instance canonique supérieure ;

En vertu de la décision du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine No. 3320/ 1972, nous avons disposé ce qui est de rigueur pour la consécration comme évêque du Très Révérend Père Archimandrite Germain Hardy le 11 juin 1972, acte déjà effectué par Son Eminence le Métropolite Nicolas de Banat et les évêques Théophile Ionesco de Paris et Antoine de Ploiesti, Vicaire patriarcal, dans la Cathédrale orthodoxe de Paris, sous le patronage de "Saint-Irénée".

Fondés sur ce que nous avons exposé plus haut, sur les saints canons, sur la décision du Saint-Synode du 28 avril 1972 et sur les dispositions de l'art. 3, alin. "a" et de l'art. 5, alin. "d" du Statut de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, Nous, le Patriarche de l'Eglise Orthodoxe Roumaine et Président du Saint-Synode, Nous accordons l'investiture à Son Excellence Mgr Germain Hardy et Nous l'instituons Evêque de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France.

Pour confirmer cette disposition canonique, Nous émettons et accordons à l'évêque élu, à Son Excellence Germain Hardy, ce Décret Patriarcal, pour témoigner que Son Excellence est investie du pouvoir hiérarchique et avec juridiction d'évêque.

En vertu de ce que nous venons d'exposer, Son Excellence a le don d'accomplir tout ce qui revient de droit à un évêque canonique, pour l'édification spirituelle de sa communauté.

De la part de Son Excellence, nous attendons qu'il maintienne le contact avec l'autorité canonique supérieure et qu'il la consulte dans les problèmes dogmatiques, canoniques et cultuels dépassant sa compétence; qu'il entretienne des rapports avec les autres formations et organisations orthodoxes de France dans un esprit fraternel, irénique et œcuménique ; nous attendons enfin qu'il soit vigilant et pratiquant lui-même sa confession de foi, les saints canons, les obligations assumées par la "Déclaration sur l'Eglise Catholique Orthodoxe de France" et par le "Statut canonique" de cette Eglise, concernant la foi, le culte et les normes ecclésiastiques.

Nous l'exhortons au travail sans répit, à la concorde, à une sagesse paternelle, à l'attachement envers sa communauté, en se montrant à tous un bon guide pour la garde et l'affermissement de la foi de l'Eglise Orthodoxe Universelle, de ses traditions, ainsi que des coutumes et des intérêts nationaux de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France.

Outre les prérogatives épiscopales qui lui reviennent selon les saints canons, outre les droits et les devoirs prévus dans le "Statut de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France" et dans le "Statut des Associations cultuelles catholiques orthodoxes françaises", Nous attestons tout particulièrement que Son Excellence l'Evêque Germain Hardy est l'unique Chef canonique et légal des fidèles qui reconnaissent sa juridiction canonique.

Nous faisons les meilleurs vœux que les prières des saints que l'Eglise Orthodoxe Universelle vénère unanimement ainsi que les prières des saints locaux que l'Eglise Catholique Orthodoxe de France vénère par l'emploi égal de l'ancien rite des Gaulois et du rite liturgique byzantin, fortifient son Excellence l'Evêque Germain Hardy dans sa haute mission de Chef spirituel des fidèles de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France et qu'ils daignent l'aider à maintenir ses fidèles étroitement unis autour de son siège épiscopal, fermement inébranlables dans la foi correcte de l'Eglise Orthodoxe Universelle.

A notre cher clergé et à nos chers fidèles appartenant à cette Eglise, Nous recommandons tout chaleureusement et de tout Notre cœur paternel, Son Excellence l'Evêque Germain Hardy comme leur unique hiérarque canonique, élu de l'Assemblée Générale et par le clergé et les représentants laïcs du diocèse les exhortant à le reconnaître et à lui témoigner l'estime qui lui est due, ainsi qu'à lui obéir en toute charité dans la direction des affaires ecclésiastiques selon les dispositions canoniques et dans les limites des dispositions légales et statutaires. Ils attesteront ainsi être de véritables fils spirituels, obéissants, étroitement unis autour de leur Pasteur, Maître et Guide Spirituel, successeur canonique des Saints Apôtres du Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ à qui appartiennent toute gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Donné aujourd'hui, le 11 juin, l'an du salut mille neuf cent soixante douze, dans Notre Résidence Patriarcale de Roumanie, à Bucarest.

JUSTINIAN
Patriarche de Roumanie
Président du Saint-Synode de
l'Eglise Orthodoxe Roumaine
Irène
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Message par Irène »

Sur ce fil, parlant d'un intervenant sur ce site, Yvette Le Quéré écrit :"et l'un d' eux, pourtant au soir de sa vie"... Je ne saurais répondre à cette inélégance avec la verve, l'esprit et l'intelligence qui auraient animé notre ami s'il avait eu la possibilité d'intervenir lui-même mais, par respect pour lui, je désire relever ce manque total de courtoisie.
Yvette Le Quéré
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ECOF

Message par Yvette Le Quéré »

FORUM

En réponse à Claude, Phylarète, Antoine, etc. *17.09.04*

Yvette Le Quéré

Pardonnez-moi la longueur de ce message, mais j’écris pour la dernière fois à ce Forum, et j’espère que vous voudrez bien me laisser exprimer une partie de ce que j’ai sur le cœur.

Vous pensez que j’ai insulté et agressé les internautes qui se manifestent ici. Or, je pense n’avoir ni insulté ni agressé personne, et je ne suis pas animée d’une vive animosité à l’égard de mes interlocuteurs. Il m’avait semblé - mais j’ai pu me tromper - qu’une mise au point était nécessaire – entre chrétiens cela s’appelle une correction fraternelle – pour répondre aux propos d’Antoine. Aucun internaute n’ayant protesté contre ces injures proférées par l’un des leurs - car vous voudrez bien reconnaître qu’il s’agissait d’injures - je me suis trouvée dans la situation d’une personne qui voit les siens agressés devant des témoins qui restent là sans intervenir. Aussi ai-je défendu les miens de mon mieux et à ma façon, sans injurier personne : l’injuriée était l’ECOF. Affirmer le contraire est retourner la situation à son avantage.

Vous écrivez, Claude : " En particulier, le fait de parler " d’acharnement pathologique " à propos des critiques de l’ECOF : sommes-nous en Union soviétique pour que toute position contraire à la vôtre soit immédiatement traitée comme relevant de la psychiatrie ? " Toute position contraire à la mienne ne m’entraîne nullement à soupçonner un " acharnement pathologique ". Et si ce Forum est un lieu de débat, ne pourriez-vous reconnaître que certains ont une étrange façon de débattre ? C’est un " immondice " qui vous pose la question. D’autre part, je ne suis pas sur l’Internet, et vos messages sur l’ECOF m’ont été communiqués récemment par des amis internautes qui ne m’ont adressé que les critiques accumulées sur l’ECOF depuis plusieurs mois. C’est pourquoi je ne parle que de l’ECOF, et c’est pourquoi j’ai été atterrée par ce que j’ai lu. Ces critiques émanent, dites-vous, de ses anciens membres. Vous me l’apprenez, mais pourquoi pensez-vous que je les injurie alors qu’il n’en est rien, et pourquoi ne se trouve-t-il personne parmi les habitués de votre site pour les prier – comme vous m’en priez - de donner leur opinion, d’opposer des arguments à ce qui leur a déplu, plutôt que de s’attaquer aux personnes, dont à l’évêque. Et pourquoi certains d’entre vous renchérissent-ils sans avoir fait eux-mêmes une expérience dans l’ECOF ?

Je vous cite, Claude : " Mais surtout, que cherchez-vous avec des procédés comme celui qui consiste à affirmer que l’on a fait disparaître un texte de vous qui est toujours bien visible sur le forum, ou en envoyant deux fois de suite le même message sur deux fils différents, dont un avec lequel il n’a aucun rapport ? " Je ne cherche rien du tout, tout s’explique puisque vous écrivez vous-même que vous avez changé ce texte de place. Il avait donc bien disparu de l’endroit où il était. Je n’ai pas l’Internet, et l’internaute à qui j’ai demandé de bien vouloir publier mon deuxième message, m’a informée que le premier avait disparu. Alors, je l’ai signalé au Forum, et émis le vœu que mon deuxième message ne disparaisse pas comme le premier. C’est tout. Vous écrivez : " Je signale que ce fil sur la crucifixion est toujours bien visible sur la page d’accueil de notre Forum ". Bien. Je vous remercie de cette information. D’autre part, veuillez agréer nos excuses et nous pardonner d’avoir publié deux fois sur des sites différents la même chose. Mais cet internaute qui me rend ce service est une personne très âgée et errare humanum est.
Quant à sainte Blandine que je porte dans mon cœur, je n’ai rien voulu prétendre de ce que vous prétendez. Personne n’est prêt au martyre. Vous n’avez pas compris mes propos. D’une part, j’ai voulu vous faire remarquer en la citant, que ce ne sont pas des " savoirs " livresques, intellectuels, qui ouvrent le chemin de la sainteté et permettent de juger dans tous les domaines. Et j’ajoute aujourd’hui : surtout quand l’intellect s’échauffe au lieu de rester froid et que le cœur se refroidit au lieu de rester chaud… D’autre part, j’ai voulu critiquer votre anonymat en vous piquant un peu… Mais, voulant piquer un peu, j’ai piqué trop fort, au vif… Trop vigueur chez moi… Mais, l’esprit français… vous le comprenez encore j’espère… Je n’ai pas voulu vous blesser, mais vous piquer... Est-ce si grave ? Quoi qu’il en soit, je vous en demande pardon. A ce sujet, j’ai vu la réponse de Pascal que je ne désapprouve pas. Cependant, cette mode de n’indiquer que son prénom - inspirée des systèmes économiques qui balayent la personne pour faire d’elle un objet – un simple rouage de l’entreprise - remonte à l’après-68 et visait – sans s’en cacher - à aligner tout le monde dans une impersonnalité qui préparait une sorte d’anéantissement de la personne et de l’originalité de ses racines familiales. Or, pour nous chrétiens, le Christ S’est incarné et Sa généalogie est connue. C’est pourquoi il me semble, peut-être à tort, que ces remarques anonymes assimilent leurs auteurs aux incorporels qui vivent dans le monde invisible qui nous entoure. Vraiment, je ressens cela profondément, et c’est pourquoi il me semble dommage que des chrétiens orthodoxes aient adopté ce système qui est employé par ceux qui font la chasse aux sorcières. Cela ne risquerait-il pas de vous tenter ? Il est toujours mieux d’avoir une personne en face de soi ou, à défaut, de connaître son nom. Mais, bien entendu, comme dit l’Apôtre, tout est permis, etc. Et je ne comprends pas pourquoi mon opinion à ce sujet déclenche chez vous des remarques… agressives, Claude… Allons, allons…

Phylarète, vous publiez un document que nous avons publié avant vous, mais vous oubliez de faire état de tout le contexte. Vous extrayez, vous soulignez, vous doublez la grosseur des lettres (ce qui est assez comique) et les " graissez " pour mieux accuser, juger et condamner. J’avoue avoir pensé in petto : " Tiens, tiens ! Comme dirait Claude, nous revoilà en Union soviétique le K.G.B. est à l’œuvre. Encore un procès qui n’en est pas un ! " Ceci est une première remarque. La deuxième remarque est la suivante : un évêque ne peut être jugé que par ses pairs, d’autres évêques réunis en Synode et au cours d’un procès – avec accusation et défense - et en présence de l’accusé. Et contrairement à ce que l’on voudrait faire accroire, notre évêque n’a jamais fait l’objet d’un procès et n’a jamais été déposé. Et c’est la raison pour laquelle Bucarest n’a jamais voulu fournir à qui que ce soit – et pour cause – les minutes et les documents relatifs au procès en question : il n’y a pas eu de procès. Phylarète, pourquoi avez-vous oublié de doubler la grosseur (si comique) des lettres, de les " graisser " et de souligner que le Patriarche de Constantinople, S.S. Demetrios, avait édicté, en 1975, une ordonnance – restée longtemps secrète – adressée à son métropolite à Paris, Monseigneur Meletios. Cette ordonnance indique que les requêtes de Monseigneur Germain doivent être rejetées et invite Monseigneur Meletios à ne plus entrer en communication avec lui. A l’époque, les évêques des Eglises de la Diaspora résidant en France se regroupaient au sein d’un Comité inter épiscopal. Ce dernier fut créé à l’instigation de l’Eglise de Rome qui voulait n’avoir qu’un seul interlocuteur orthodoxe – parlant d’une seule voix – sur son " territoire juridictionnel ". L’ordonnance du Patriarche Demetrios de rejeter toute requête et de ne plus entrer en communication avec l’évêque Germain fut donc transmise à ces évêques dont l’obéissance fut totale. Et c’est ainsi qu’un nouvel évêque fut isolé par ses frères en Christ et dans l’épiscopat, ce qui – à mon humble avis – est une faute extrêmement grave devant Dieu.

Dès le sacre de Monseigneur Germain, en 1972, l’on s’émut depuis le plus haut niveau jusqu’aux plus bas. Les articles médisants du SOP – organe de presse du Patriarcat de Constantinople – inspiraient certains membres de notre Eglise qui critiquaient et pressuraient leur évêque, chacun voyant midi à sa porte et voulant que sa volonté soit faite. Pour ma part, j’ai rencontré deux prélats de l’Eglise de Rome avec qui j’ai pu parler librement des problèmes de notre Eglise. Chacun était très au fait de la politique ecclésiastique menée par Rome à l’encontre des orthodoxes résidant " sur son territoire juridictionnel ", dont l’ECOF. L’un m’a prévenue, et je le cite textuellement : " Jamais nous ne laisserons des Orthodoxes s’implanter sur notre territoire juridictionnel. Nous leur donnons juridiction sur des personnes, pas sur notre territoire ". L’autre m’a confié, et je le cite textuellement : " Dites à votre évêque de ma part de faire très attention. On va chercher à l’isoler ". Ce qui fut fait. Monseigneur Germain fut isolé pour des raisons de " territoire juridictionnel " et de politique ecclésiastique. Mais, le plus grave, est que les évêques de la Diaspora prétendirent que l’évêque Germain s’isolait lui-même, d’où les incessants reproches du Patriarcat de Bucarest à son encontre. Et lorsque Monseigneur Germain protestait de ses efforts pour entrer en relations avec les évêques de la Diaspora, le Saint Synode ne le croyait pas. Car, ni le Patriarcat de Bucarest ni notre Eglise n’avaient connaissance de l’ordonnance du Patriarche Demetrios. De plus, Monseigneur Germain – désireux de garder l’esprit dans lequel notre Eglise fut fondée – et ne pouvant se faire comprendre du Saint Synode du Patriarcat de Bucarest, lui demanda son exeat qui lui fut refusé. Pourquoi ? Mystère ! Mais la suite qui a été donnée à cette affaire laisse supposer qu’il était politiquement important que ce soit le Patriarcat de Bucarest qui le rejette. Mais, ceci n’est qu’une conjecture. Quoi qu’il en soit, Monseigneur Germain fut rejeté. Comment ? Nous l’avons vu ci-avant : sans procès. Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’abandon non canonique de notre Eglise, mais arrêtons-nous là.

Bien entendu, qui peut juger ? Il faudrait pouvoir prendre en compte la vie, avec ses difficultés, ses complications, ses incompréhensions, ses tensions, la méfiance, la peur, etc., avec, à tous les niveaux, des hommes qui luttaient dans des conditions très difficiles. Car il ne faut pas oublier que le communisme a persécuté et dévasté les Eglises de l’Est qui ont subi le martyre : certains de leurs hiérarques et de leurs fidèles ont été tués, emprisonnés et torturés. D’autres ont fui leur pays et ont été accueillis ici et là. Mais, aujourd’hui - et je pense à la remarque de Jean-Louis Palierne - alors que ces évêques participent ici en toute sécurité et liberté à des shows télévisés, n’est-il pas étrange que l’ordonnance de 1975 du Patriarche Demetrios à l’encontre de Monseigneur Germain soit toujours en vigueur ? A ce propos, s’il voulait vraiment éclairer ses lecteurs, le Forum devrait publier l’admirable " Supplique adressée au Saint Synode de l’Eglise orthodoxe serbe " inspirée par " une conscience qui veille dans l’Evangile " et rédigée en 1977 par saint Justin Popovitch – Dieu ait son âme - alors Archimandrite et Père spirituel du monastère de Celije. Enfin, pour l’instant, comme l’internaute Jean-Serge, l’on ne peut que dire : " Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de nous ! "

Antoine, à propos de votre dernier fil au sujet d’un document publié à la rubrique " Pour une réponse orthodoxe aux besoins spirituels en Europe ", vous écrivez :

" …quelques extraits montrent qu’Anne-Yvette Le Quéré a caché une bonne partie de la vérité sur l’affaire de cet article concernant le film " La Passion ", elle écrivait (suit un extrait de ma lettre). Cacher la vérité lui permettait ainsi de nous donner des leçons de charité chrétienne, c’est de bonne guerre. Et puis nous ça ne peut nous faire que du bien ". Oui, cela aurait dû… Pour l’instant, permettez-moi de vous donner une information quant aux usages relatifs à la correspondance. Lorsque l’on a adressé une lettre à une personne, cette lettre lui appartient. Dès l’instant que vous divulguez une information extraite d’une lettre privée qui ne vous est pas destinée, vous commettez un détournement de courrier, une violation de la vie privée des personnes, et vous vous rendez complice de celui ou celle qui l’a détournée à l’origine. De plus, vous écrivez que j’ai caché la vérité et que ma lettre montre bien quelles sont les luttes de pouvoir au sein de l’ECOF " au détriment de la doctrine orthodoxe ". Premièrement, n’ayant pas à vous immiscer dans mon courrier, vous n’aviez pas à le critiquer. Deuxièmement, ma lettre montre aussi que nous sommes membres à part entière de l’Eglise orthodoxe catholique, que nous veillons et prions comme il sied dans l’Eglise du Christ, ce qui nous rend capables, avec la Grâce de Dieu, de régler nos affaires nous-mêmes de la manière qui nous convient.

Vous avez écrit : " Vous vouliez personnaliser un débat, alors que nous nous en tenons à des faits, des situations, des articles ". Apparemment, il y a loin de la theoria à la praxis, car vos pensées et vos actes ne sont pas coordonnés. En effet, injurier des personnes n’est ni un fait, ni une situation, ni un article. Quant à celui que vous appelez " Germain " et dont vous parlez avec un si grand mépris, n’est-il pas une personne ?

Vous écrivez que notre Sainte Liturgie n’est pas " reconnue ". Vous n’êtes point à jour dans vos informations : elle l’est. Comme les Chinois au temps du Grand Timonier, voudriez-vous aussi, Antoine, tuer tous les oiseaux, enfin ceux qui ne chantent pas comme à Byzance ?

Vous écrivez : " Il n’est pas de mon ressort qu’aucune Eglise orthodoxe ne soit en communion avec l’ECOF. Il est dommage qu’en 40 ans vous n’en ayez pas trouvé les vraies causes, etc. " Parmi les causes, il y a l’ordonnance du Patriarche Demetrios de Constantinople qui n’a jamais été annulée : depuis 1975, cela fait 30 ans qu’elle sévit… Sans cela, les évêques de la Diaspora auraient pu soutenir fraternellement Monseigneur Germain dans sa vie et dans ses démarches auprès des Eglises autocéphales, car la situation de l’ECOF relève des Eglises orthodoxes autocéphales, et non des instances non canoniques des évêques de la Diaspora. Mais, les évêques de ces Eglises autocéphales en voie d’anéantissement " grâce " au communisme, ces évêques pensaient d’abord à survivre, puis, après la chute ( ?) du communisme, à regrouper ses membres échappés à la mort pour essayer avec eux de reconstruire l’Eglise du Christ. Quant aux 10 ans qui manquent pour parvenir à 40 ans, il y avait ce qu’il y a encore : l’ambition hégémonique du Patriarcat de Constantinople qui est contraire à la Tradition de l’Eglise orthodoxe et à la Foi de nos Pères. Parmi les causes, il y a aussi la mise en demeure de Monseigneur Germain - un évêque - par les clercs et les laïcs rédacteurs du SOP d'avoir à répondre à un pamphlet dans un délai fixé, sous peine de publication urbi et orbi de cette littérature. Monseigneur Germain n'a pas répondu, estimant à juste titre qu'un évêque n'a pas à céder à un chantage. En conséquence, le document diffamatoire fut mis en vente à La Procure où il était proposé à toute personne demandant des renseignements sur l'Eglise orthodoxe de France. Je l'ai vérifié personnellement. Ce n'est que lorsque le Patriarcat de Bucarest a prié Monseigneur Germain de se défendre que notre évêque a répondu au SOP par un lettre irénique qui devrait, elle aussi, être publiée par le Forum. Notons que le document diffamatoire du SOP était encore en vente plus de 10 ans après sa publication – et peut-être y est-elle encore - sans être accompagnée de la réponse de Monseigneur Germain, comme elle aurait dû l’être.

Antoine, je vous cite encore : " Voyez vous, il y a deux ECOF. Celle qui était née dans la pensée des fondateurs (Jean Maximovitch, V. Lossky), parée comme une véritable épouse pour le Christ, et celle qui a finalement vu le jour pour s’enlaidir et se prostituer au fil des années. Il y a eu un foisonnement théologique spirituel magnifique, des articles de grande valeur et de grande profondeur, des gens formidables et un gâchis écœurant laissant des tas d’immondices que vous avez rappelé ". En tournant cette dernière phrase comme vous la tournez, vous trompez vos lecteurs. Ce n’est pas moi qui ai " rappelé " des tas d’immondices ". C’est vous qui vous êtes permis ce qualificatif que j’ai relevé. Et vous aussi, Antoine, si j’en crois vos propos, vous vous êtes enlaidi et prostitué depuis votre Baptême. En sortant des eaux du Jourdain, lavé du péché ancestral, vous étiez, j’en suis certaine, une belle âme cachée dans le corps d’un beau petit poupon, charmant, gai et rieur (Ouille ! Encore l’esprit français…). Voyez ce que vous êtes devenu : un policier, un inquisiteur qui injurie les prévenus, et qui semble ne pas avoir profité des articles de grande valeur et de grande profondeur de Vladimir Lossky… Ces articles contiennent des semences. Il appartient à chacun d’entre nous de les protéger pour qu’elles se développent et vivent en nous par la Grâce de Dieu. Vous voyez, il y a loin de la coupe aux lèvres ! Quant à l’ECOF, notre Eglise, – " gâchis écœurant ", " mensonges ", " pétaudière ", " arnaque spirituelle " - ne la jugez donc pas aussi superficiellement. Quels que soient les défauts de ses membres qui se reconnaissent faibles et pécheurs, " malheureuse, battue par la tempête, inconsolée ", notre Eglise nous permet de goûter à la douceur de la Croix vivifiante et de nous affermir dans la Foi de nos Pères.

A tous, pardonnez, je vous prie, la sévérité de mes propos, mais il ne convient pas que certains qui se disent chrétiens injurient leur prochain et écrivent n’importe quoi sous prétexte de Forum et d’anonymat.

Merci à Jean-Serge pour ses prières et ses supplications. Que la Mère de Dieu par ses prières purifie nos pensées et nos cœurs.

Adieu, aux Internautes du Forum.

Que Dieu voit et nous sauve tous.

Yvette Le Quéré

Quatre-Temps d’automne Saint Rouin, abbé de Beaulieu en Argonne (+ 709)

17 septembre 2004
Irène
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Message par Irène »

Il ne faut pas dire "adieu" au forum tout simplement car vous aurez peut-être envie d'y intervenir de nouveau ;
De tout ce que vous auriez pu lire sur le forum, j'aurais souhaité que vous nous apportiez votre expérence et vos connaissances . C'est déjà le souhait que j'avais émis lors de votre inscription motivée pour un droit de réponse.
pascal
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Message par pascal »

Cher Yvette,

dommage que vous preniez les choses ainsi.

lorsque vous parlez de la mauvaise habitude de n'utiliser que les prénoms en renvoyant à une habitude post 68... je trouve que c'est faire fort peu de cas de l'usage du nom de baptême pour la communion... Le Seigneur n'a que faire des états civils... dans l'absolu, si je vous dis que je m'appelle pascal truc muche ou pascal machin chouette, me connaîtriez vous que mieux ? si nous sommes frères et soeurs ... point n'est besoin de nous rappeler nos noms de famille.

lorsque vous dites Vous écrivez que notre Sainte Liturgie n’est pas " reconnue ". Vous n’êtes point à jour dans vos informations : elle l’est.Il me semble qu'il eut mieux valu prolonger en disant par qui plutôt qu'en prolongeant par Comme les Chinois au temps du Grand Timonier, voudriez-vous aussi, Antoine, tuer tous les oiseaux, enfin ceux qui ne chantent pas comme à Byzance ?

on peut ne pas être d'accord avec le comportement du Phanar et éviter de le comparer avec un régime qui a tué directement ou indirectement des dizaines de millions de personnes. De plus je ne connais pas d'oiseaux qui puissent faire l'Ison...

pour la réponse de Msgr Germain au SOP, elle est consultable, ainsi que d'autres documents forts intéressants d'ailleurs sur le orthodoxie.free.fr (c'est le site de l'ECOF):http://orthodoxie.free.fr/lettre_ouvert ... p_1979.htm
RÉPONSE AUX DÉTRACTEURS

LETTRE OUVERTE

en commentaire d'un document

(et de ceux qui l'ont suivi) publié en juin 1979 par le S.O.P.

À propos de l'Église Orthodoxe de France



DE L'ÉGLISE

Après des années, cédant aux demandes instantes de nos frères dans l'épiscopat de la Sainte Église orthodoxe, et pour manifester l'esprit filial qui nous habite envers Sa Béatitude le patriarche de l'Église de Roumanie et le Saint Synode dont nous sommes membre, nous acceptons de répondre aux questions posées par cinq théologiens orthodoxes en juin 1979. Si nous n'avons pas répondu jusque là, c'est que nous considérions alors ces questions comme dictées par la malveillance. Nous voulons voir aujourd'hui qu'elles ont été plutôt inspirées par la difficulté compréhensible que nos frères ont à accepter et à reconnaître notre communauté, incontestable sur le plan canonique et dogmatique, mais originale par son comportement missionnaire, et déconcertante par sa nouveauté et par son indépendance.

Peut-être avons-nous été pour nos frères orthodoxes occasion de découragement et d'impatience ! Nous leur en demandons pardon, et nous les prions de nous comprendre et de ne plus nous rejeter. C'est donc dans un esprit de réconciliation que, nous souvenant des riches dons que Dieu nous a impartis et de l'intime liaison qui nous attache organiquement à la terre depuis toujours chrétienne de France, nous nous tournons vers nos frères orthodoxes pour leur répondre sur les points les plus importants, espérant par là apaiser l'inquiétude compréhensible qu'ils nourrissent à notre sujet. Que l'Esprit Saint, par les prières de la Très Pure Mère de Dieu et de tous les saints, nous inspire des paroles sincères et capables de toucher le cœur de nos frères dans la Foi.

Nos lecteurs admettront que nous laissions délibérément de côté les textes issus de transcriptions manuelles d'enregistrements magnétiques. L'enseignement dispensé chez nous en ce qui concerne la doctrine de l'homme est conforme à celui qui est traditionnellement dispensé au sein de l'Orthodoxie. Nous avons seulement l'habitude d'insister sur l'esprit, participation de l'homme à l'Esprit de Dieu, à la suite des théologiens russes, comme par exemple Théophane le Reclus (Thomas Spidlik, "La Doctrine spirituelle de Théophane de Reclus - le Cœur et l'Esprit, Rome", 1965, p. 5, p. 29, pp. 143 et suivantes). Il nous paraît particulièrement important pour nos contemporains d'échapper à la confusion entre le psychique et le spirituel. Du reste, ceux qui veulent s'assurer de notre doctrine peuvent aisément le faire en se procurant les cours dispensés au sein de l'Institut orthodoxe Saint-Denys à Paris.

Plusieurs autres points méritent une réponse développée.

I - QUESTIONS ECCLÉSIOLOGIQUES

Il nous semble, tout d'abord, que c'est notre existence même qui gêne nos frères orthodoxes. Les rapports que nous entretenons avec l'archevêché roumain pour l'Europe occidentale sont évidemment des rapports de communion au sein de la même Église patriarcale. Mais, les relations avec les diocèses grec et russe du patriarcat œcuménique restent soumises au cadre fixé‚ par la décision du patriarche œcuménique Démétrios. Cette décision a été communiquée au métropolite Mélétios en date du 20 juin 1975, donc longtemps avant le texte publié par le SOP. On constate, dans la citation que nous faisons de cette décision, que ce sont principalement la question ecclésiologique et celle de la compétence canonique des différents patriarcats qui sont en cause.

"Ayant en vue tout ce que votre aimable Excellence a soumis de temps en temps à l'Église sur le problème soulevé en France, suite à l'adjonction sous la juridiction du patriarcat de Roumanie des Français orthodoxes de rite occidental en France, de la proclamation de leur groupe en "Église autonome", et du sacre de l'évêque Gilles Hardy sous le titre d'évêque de Saint-Denis, nous invitons votre Excellence, par une décision synodale :

a) à ne plus entrer désormais en communion-communication avec cet évêque illégalement sacré, et que si vous êtes interrogé, le cas échéant, sur les raisons de cette attitude, vous la justifierez en invoquant l'intervention illégale du patriarcat de Roumanie dans un domaine relevant de la juridiction du patriarcat œcuménique sans aucune entente préalable avec ce dernier, et

b) que votre Excellence veille à ce que la demande d'acceptation de la requête de l'évêque susmentionné de Saint-Denis, Gilles Hardy, soumise à la Commission diorthodoxe épiscopale en France placée sous la présidence de votre Excellence, ne soit pas acceptée par la Commission et qu'elle soit rejetée".

La décision du patriarcat œcuménique répond à la constitution de l'Église catholique orthodoxe de France en diocèse autonome (cf. statuts canoniques de 1972) par le patriarcat de Roumanie. C'est l'initiative roumaine qui est mise en cause, et non l'objet de cette initiative - les Français orthodoxes. Nous constatons que le patriarcat œcuménique n'accepte pas cette initiative, pas plus qu'il ne reconnaît l'Église autocéphale d'Amérique. Toutefois, cette situation nous fait souffrir : elle nous prive, depuis 1975, de rapports normaux avec ceux d'entre les orthodoxes des différents diocèses en France qui s'alignent généralement sur la position du Phanar. Une telle attitude tient compte de la suprématie d'honneur accordée au patriarcat de Constantinople, il faut le reconnaître ; elle ne met cependant pas en question l'orthodoxie des membres de l'Église catholique orthodoxe de France.

Cette prise de position a rendu particulièrement difficiles les rapports inter-orthodoxes en France, notamment au sein de la Fraternité orthodoxe. Les commissions de dialogue qui se sont réunies périodiquement ont abouti chaque fois à une impasse que nous attribuons surtout à une incompréhension réciproque.

Origine de l'Église orthodoxe de France

Consciente de "la souffrance de tant d'orthodoxes martyrs et confesseurs de la Foi" (SOP p. 4), l'Église orthodoxe de France n'a pas pour origine "le témoignage renouvelé de l'orthodoxie, notamment en Occident", grâce à "une lecture spirituelle de l'histoire" contemporaine rendue possible par "les émigrations orthodoxes du 20e siècle".

Non ! l'Église orthodoxe de France a comme point de départ le fait que des orthodoxes russes ont, à notre époque, consacré leur vie à l'Occident et à leurs frères occidentaux, et qu'ils ont été reçus par des chrétiens de cet Occident souvent désemparé par l'histoire religieuse de son dernier millénaire.

Parmi ces Russes et ces Français, on peut nommer les deux frères (Eugraph et Maxime) Kovalevsky, le père Irénée Winnaert, le père Lev Gillet, l'archevêque Jean (Maximovitch) de San Francisco, le métropolite Anastase de New York, le patriarche Serge de Moscou... Ces hommes ont transmis, sans rien retenir jalousement pour eux-mêmes, les éléments de la foi orthodoxe à l'oreille et au cœur d'un certain nombre de chrétiens d'Occident affamés et assoiffés. Ils ont ainsi réveillé l'esprit de l'ancienne Église des origines, d'abord en France, puis en Europe occidentale, en ces terres qui s'étaient éloignées de la pensée et de la vie patristiques.

Ces mêmes hommes se sont effacés devant cet héritage ecclésial, permettant ainsi, dans le contexte contemporain, la résurgence progressive de ces Églises primitives de l'Europe occidentale. Il ne s'agissait pas alors pour eux de "rappeler la légitimité ans l'Église orthodoxe de la pluralité des rites", ni de "dépasser les blocages ethniques", ni de permettre à un orthodoxe de découvrir qu'il "peut être chez lui en Europe occidentale". Il s'agissait véritablement de restaurer une Église, dans ses constitutions, dans son but et dans sa vie quotidiennes. Loin de tout "archéologisme" comme de tout "charismatisme", ce que cherchaient ces hommes, et ce que nous cherchons encore aujourd'hui, c'est la Tradition vivante. Ce qui peut être ajouté encore, c'est que cette entreprise a une portée incalculable pour un véritable œcuménisme : ni pluraliste, ni relativiste, mais tenant compte des principes apostoliques concernant l'Église locale. Il ne s'agit pas seulement de restaurer ce qui a été, mais de construire l'Église de demain avec tous ceux qui veulent y coopérer.

Principes ecclésiologiques

Les principes de cette attitude ecclésiale qui fut celle des pionniers de l'Église orthodoxe de France, et que nous faisons nôtres aujourd'hui, se résument, en fait, dans le commandement évangélique : "Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que Je vous ai commandé" (Matthieu 28, 18-19). Il s'agit de permettre à des Occidentaux, sans nier la réalité des autres communautés chrétiennes catholiques romaines et réformées, tenant compte aussi de ce que ces pays furent évangélisés de longue date, de revivre la Tradition antique de l'Église. Ceux que nous avons plus haut nommés étaient eux-mêmes porteurs de cette Tradition, et ils aidèrent les Occidentaux à la redécouvrir avec leur propre génie religieux. Il s'agissait de rendre possible pour la France, sans le moindre "nationalisme", ce qui est vécu dans leur terroir par les Églises russe, roumaine ou grecque : l'expression de la Tradition commune à travers une culture locale propre, une culture véritablement territoriale.

Le désir de ceux qui œuvrèrent les premiers pour ce témoignage ecclésial trouve son écho dans les propos suivants :

1 - Le métropolite Anastase de New York écrit en 1960 :

"Cette communauté (les paroisses orthodoxes françaises) considérait son entrée dans l'orthodoxie non comme une conversion à une nouvelle confession, mais comme le retour à la foi de ses pères, c'est-à-dire comme la renaissance de l'Église des Gaules.

"Il ne fait pas de doute que ce mouvement ecclésial (la conversion à l'orthodoxie d'un nombre appréciable de croyants français) qui peut, en vérité, être appelé orthodoxe, est intimement lié à la renaissance spirituelle de la France...

"Tenant compte, en conscience, de la valeur missionnaire de cette Église d'avenir pour toute l'Église universelle, l'Église orthodoxe russe hors-frontières estime de son devoir de lui apporter un soutien total dans sa vie constructive extérieure et intérieure".

Et le métropolite soutint l'Église orthodoxe de France.

2 - Le patriarche Athénagoras de Constantinople dit, le 25 octobre 1954 :

"C'est une chose merveilleuse pour nous d'apprendre la renaissance de l'orthodoxie en Occident. Mais, nous ne sommes pas étonnés que ce mouvement vienne de France, de cette France qui nous a donné déjà tant de belles et douces choses. C'est un moment historique pour toute la chrétienté, et ce serait une grande faute de notre part si nous ne comprenions pas que nous devons travailler à sa réalisation... Puissiez-vous être le pont qui sera jeté entre l'Église orthodoxe dépositaire de la vraie lumière et l'Église romaine que nous aimons".

3 - Le métropolite Gennade, membre du Saint-Synode de Constantinople, écrit le 16 novembre 1955 :

"La Commission canonique que je préside a étudié la question (de la reconnaissance de l'Église de France et de la consécration d'un évêque) dans son ensemble, et a décidé, en principe, d'accepter la demande. Les conclusions de la Commission canonique ont été acceptées hier par le Saint-Synode du patriarche..."

(Cette décision positive n'eut pas de suite en raison de la pression de certains milieux russes de Paris).

La restauration en France de la vie ecclésiale conforme aux principes de la tradition apostolique est l'aboutissement de l'effort de très nombreuses générations d'occidentaux depuis la fin du XVe siècle. Aux XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles les différentes tentatives ont échoué parce qu'il n'était pas possible d'entrer en contact suivi, et dès lors en communion, avec les communautés orthodoxes d'Orient. Au XXe siècle, cet effort a abouti grâce à la présence providentielle sur le sol de France d'une émigration nombreuse témoignant du patrimoine de l'orthodoxie universelle. Cette restauration se concrétisa, en 1936, grâce à la rencontre de deux hommes : Irénée Winnaert, issu de l'Occident chrétien, et Eugraph Kovalevsky, membre de l'Église russe. Il revient à la sagesse et au discernement du patriarche Serge de Moscou d'avoir entendu, dans la demande de ces deux hommes, l'appel ancien de l'Occident : retrouver sa tradition originelle et la faire renaître au sein de l'orthodoxie. Le patriarche bénit ce mouvement en lui donnant le nom d'Église orthodoxe occidentale, et la distingua nettement de l'organisation des paroisses russes en Europe occidentale.

Cette constitution ne s'appuyait pas sur le nationalisme, mais sur le principe classique de la territorialité ecclésiale. On prenait en compte l'héritage des Pères universels et, en particulier, de ceux du terroir. L'Église orthodoxe occidentale rencontra immédiatement l'hostilité, non des Églises locales de l'Orient bien enracinées dans leur propre pays, mais de leurs ressortissants émigrés en France. Cette méfiance a été accrue par le développement d'un prétendu "œcuménisme" qui ne veut pas se ressourcer aux racines apostoliques et patristiques de l'Église. L'œcuménisme véritable est celui de la Tradition exprimée en particulier par les sept Conciles œcuméniques : dans ce patrimoine se trouvent les solutions aux questions que se posent, non seulement l'Église orthodoxe elle-même, mais aussi les communautés catholiques-romaines et réformées, séparées de sa communion. L'existence de l'Église orthodoxe de France contrarie évidemment les tendances relativistes, comme, par exemple, les théories des "branches" qui se manifestent dans le mouvement œcuménique.

Dans ces conditions, il était difficile de soumettre les travaux liturgiques indispensables à la vie de l'Église à la correction de théologiens et de liturgistes qui ne comprenaient pas les buts poursuivis, ou qui voyaient dans ces buts un obstacle à l'œcuménisme officiel. Ceux pour qui l'œcuménisme consiste dans le compromis théologique (dans la théologie trinitaire, par exemple, en acceptant le filioque comme une formulation entre autres) et ecclésiologique (en reconnaissant au pape de Rome juridiction sur les évêchés locaux) ne peuvent accepter la théorie de l'Église locale telle qu'elle a été vécue en France avant Charlemagne. Comment se concerter entre orthodoxes sur les problèmes liturgiques et canoniques quand, déjà, on n'est pas d'accord sur l'ecclésiologie ? Il importe que le monde de la diaspora orthodoxe en Occident se pose la question : en dehors du fait que nous sommes nés en Occident, et nés de parents orthodoxes, quelle pensée ecclésiologique peut animer notre vie de chrétiens, sans abandonner ou trahir l'héritage de nos pères ? À une telle question, nous pourrions peut être répondre ensemble.

Deux ruptures

Si l'Église orthodoxe de France a dû rompre par deux fois (et non une multitude de fois, comme le laisse entendre le SOP) avec les évêques qui la protégeaient, ce fut à son grand dommage. Mais, c'était nécessaire pour rester fidèle au principe ecclésiologique de l'Église locale animée à la fois par le souffle de la Tradition une et par les caractères spécifiques de son patrimoine liturgique. En matière de sacrement et de canon, l'Église catholique orthodoxe de France a certes besoin de se concerter conciliairement avec les autres orthodoxes qui vivent en France ; elle a certes commis des erreurs d'appréciation et d'application. Mais elle pose en principe qu'aucune Église orthodoxe n'a de droit sur l'Occident, même s'il est vrai que cet Occident est soumis à la sollicitude conciliaire de l'Église orthodoxe tout entière, puisqu'il a été privé de sa communion pendant des siècles.

Ainsi, toute communauté, ou même toute personne qui, en Occident, demande aide et protection pour vivre de la foi orthodoxe, doit être prise en considération et associée à la renaissance de ces Églises qui anciennement étaient en communion avec les Églises d'Orient. Ceci peut être fait dans le respect du lieu et sans aucune colonisation culturelle. Cela aussi, c'est l'œcuménisme véritable : aider en les respectant ceux qui ont été séparés du tronc de l'orthodoxie à retrouver la vie ecclésiale de leurs pères et à construire l'Église de demain. Cette attitude, qui est la nôtre et celle de beaucoup d'occidentaux aujourd'hui, a été comprise et bénie successivement par le patriarche Serge de Moscou, le métropolite Anastase de New-York, l'archevêque Jean de San Francisco et les patriarches Justinien et Justin de Bucarest.

Là où le document du SOP parle inconsidérément d'"errances juridictionnelles", nous serions portés, quant à nous, pour nous "glorifier en Dieu", à souligner, au contraire, une remarquable continuité. Il est arrivé à d'autres, n'est-il pas vrai, de se trouver quelque temps dans un vide canonique, qu'on nous pardonne de le rappeler... Les deux malheureuses ruptures auxquelles nous avons été contraints nous ont privés de l'aide d'orthodoxes éminents, comme Vladimir Lossky, par exemple. Nous respectons les raisons qui les conduisirent à ne plus nous aider. Par contre, d'autres nous ont fidèlement conservé leur soutien, et nous leur rendons hommage. Ce fut le cas, par exemple, jusqu'à sa mort, du père Lev Gillet. Peu avant sa mort, ce dernier invita l'évêque Germain en Angleterre pendant deux jours pour examiner, en présence d'un témoin, comment se comporter devant les inévitables réactions suscites par une Église orthodoxe occidentale, aussi bien au sein de la diaspora orthodoxe que chez les catholiques-romains, les réformés ou même les anglicans. En ce qui concerne l'Église de Rome, dont la sève spirituelle et l'expérience religieuse ont tant apporté au monde, la communauté orthodoxe occidentale et française ne la considère pas "avec agressivité", contrairement à ce que certains commentaires tendancieux laissent entendre. Elle croit discerner les points où la confession et l'expérience "romaines" blessent le cœur de l'Église universelle; mais elle souhaite devenir un des éléments concrets capables d'aider l'Église de Rome à retrouver la Tradition inaltérée, gardée par les Églises orthodoxes locales, et à redevenir ainsi "la première" parmi les égales de toutes les Églises locales, comme l'enseignait saint Irénée de Lyon. Cela encore est l'œcuménisme véritable.

Pas d'uniatisme

Est réfutée ainsi l'accusation inconsidérée d'"uniatisme" à rebours. En réfléchissant au sens des termes avant de les utiliser, on se rappelle que l'uniatisme historique fut l'union de diocèses ou de paroisses orthodoxes à Rome, union opérée au besoin par la force de l'État, union purement extérieure satisfaisant aux prétentions ecclésiologiques de la papauté. C'est un abus de langage, qu'on ne devrait même pas relever s'il ne faisait déjà tant de mal, que constitue l'emploi du mot "uniatisme" à propos de l'Église catholique orthodoxe de France. Aucune Église orthodoxe locale ne nous a jamais ni sollicités ni forcés à entrer dans sa communion. Et nous-mêmes n'avons jamais demandé une appartenance formelle. Mais librement, l'Église catholique orthodoxe de France s'est adressée à telle Église orthodoxe locale pour lui demander de bénir ses constitutions, de vérifier sa foi et lui procurer la communion avec le tronc inaltéré de l'orthodoxie, étant entendu que l'unité réside exclusivement dans le Christ, seul chef de l'Église.

La problématique religieuse de l'Occident

Le principe ecclésiologique qui définit l'Église orthodoxe de France, principe exprimé dans les statuts de 1972, a suscité des réactions très dures qui ont conduit notre patriarcat à nous demander, en 1974 et en 1976, certains amendements concernant les points suivants :

1 - Tout en conservant à l'Église catholique orthodoxe de France son statut d'Église, il conviendrait, par égard pour les autres communautés, de faire apparaître seulement la réalité diocésaine actuelle d'"évêché orthodoxe catholique de France".

2 - Tout en conservant l'usage légitime de la liturgie dite "selon saint Germain", il conviendrait, toujours par égard pour les frères, de célébrer plus souvent le rite byzantin.

3 - Tendre à réduire, voire à faire disparaître les communautés orthodoxes occidentales hors du territoire de l'Église catholique orthodoxe de France, en dépit des statuts de 1972 (article 2 b).

Il est vrai qu'en 1936 le métropolite Serge de Moscou, alors locum tenens du patriarche, fit écrire à Monseigneur Winnaert (11 août 1936) :

"Le patriarche considère comme possible que certains points (par exemple le statut épiscopal de Monseigneur Winnaert) soient l'objet d'une solution plus large. Mais, dans l'état présent des choses, le patriarcat ne croit pas pouvoir aller plus loin, afin de ne pas soulever, par des hardiesses unilatérales, la désapprobation des Églises-sœurs".

Nous comprenons que c'est dans le même esprit que le patriarche Justinien nous demanda de tels amendements. En effet, en avril 1967, en recevant Mgr Jean de Saint-Denis (anciennement l'archiprêtre Eugraph Kovalevsky) venu lui rendre une première visite et solliciter sa protection, le patriarche Justinien lui avait dit : "Je reçois en vous non seulement un frère évêque, mais le chef d'une Église orthodoxe sœur". Et aussitôt, il lui donna le Saint-Chrême en signe de communion. Ce n'est qu'à la demande des autres formations orthodoxes en France que le patriarche et le Saint-Synode de l'Église de Roumanie proposèrent successivement les protocoles de 1974 et de 1976, comportant tous les trois points énumérés ci-dessus. Voici la lettre manuscrite que l'Évêque Germain laissa à Bucarest en réponse au protocole du 21 février 1974.

Bucarest, le 25 février 1974

À Sa Béatitude le patriarche Justinien

Votre Béatitude,

"Faisant appel à votre discernement et à votre sens profond du gouvernement de l'Église, comme à la paternité que vous assumez à notre égard, je demande à votre Béatitude de bien vouloir prendre cette lettre en considération et de me conseiller dans l'une des implications du protocole du 21 février 1974.

"Nous nous accordons, en effet, depuis le début, dans la nécessité de parvenir aux relations normales de communion avec les orthodoxes d'autres éparchies canoniques en France, et nous avons tout entrepris en ce sens jusqu'à ce jour. Nous avons également tenu compte des dispositions liturgiques et sacramentelles de la "Décision de déclaration sur l'Église catholique orthodoxe de France" présentée au Saint-Synode le 28 avril 1972 ; ces dispositions s'harmonisent avec les points énumérés dans le protocole. Je reconnais, enfin, que mes démarches en Italie, bien que légitimes par le souci des fidèles et permises, au départ, par votre accord verbal, en septembre dernier, ont procuré des difficultés sérieuses à votre Béatitude, ce dont je vous demande pardon.

"Je ne veux donc en venir, ici, qu'aux deux autres points importants du document : notre nom d'"Église" et l'interprétation qui a été faite de mes démarches en faveur de l'Église roumaine de Paris.

"Afin qu'il n'y ait pas de doute dans la confiance filiale que nous vous faisons, nous avons signé le protocole lorsqu'il nous fut présenté comme condition "sine qua non" de la continuité de nos relations avec l'Église de Roumanie. Prendre un délai de réflexion aurait pu donner à croire que nous songions à la rupture avec vous.

"Mais, je dois maintenant rencontrer mon clergé et mes fidèles pour leur faire part, non du secret du protocole, mais de ses conséquences concrètes.

"Les statuts canoniques de l'Église catholique orthodoxe de France, approuvés au mois de mai 1972 par notre Assemblée générale, et ratifiés par le Saint Synode de l'Église de Roumanie, disent que toute modification de leur contenu doit être approuvée par l'Assemblée générale.

"Or, si je le prends à la lettre, le protocole semble nous obliger à changer notre nom, nom qui figure constamment dans les statuts, et qui détermine l'essence même de notre identité ecclésiale.

"Je vous demande, par conséquent, si je pense avec exactitude en disant que nos statuts demeurent inchangés et que le protocole, sur ce point capital de notre personnalité ecclésiale, a pour seul but de conquérir, autant qu'il est possible, les cœurs et les esprits des Orthodoxes des autres juridictions vivant en France, en donnant les preuves d'une modération irénique, notamment par modification de notre papier à en-tête.

"Ou bien, dois-je comprendre que nos statuts sont remis en cause dans leur contenu même ? Auquel cas, je devrais recourir à notre Assemblée générale, d'une part, et en référer aux autorités françaises, d'autre part.

"Dans le premier cas, je serai amené seulement à donner des explications aux clercs et aux fidèles par une lettre pastorale, afin de les éclairer sur le but pacificateur de nos entretiens et des dispositions relatives au nom.

"Dans le deuxième cas, il me faudra recevoir l'adhésion de l'Assemblée générale et informer les autorités juridiques françaises qui nous ont enregistré sous le nom d'Église catholique orthodoxe de France depuis de nombreuses années, ainsi que les autorités gouvernementales de la République française dont le protocole du 21 février 1974 rappelle que l'accord diplomatique écrit a été déterminant.

"Je ne suis pas du tout certain d'obtenir l'acquiescement de notre Assemblée générale, puisque la modification serait contraire à l'esprit de nos statuts et à la Grammata d'intronisation délivrée lors du sacre épiscopal, le 11 juin 1972. Les services du ministère des Affaires étrangères, auprès duquel nous serions tenus de transmettre une éventuelle modification, nous demanderaient alors des explications.

"J'espère que ma première pensée est conforme à la vôtre, mais je veux éviter toute erreur de jugement, afin que vous-même et le Saint-Synode n'ayez pas de reproche à formuler.

"La question de notre nom dépasse le cadre de notre organisation canonique actuelle, car elle recouvre le principe ecclésiologique de l'Église locale orthodoxe de France. S'il fallait renoncer à ce nom dans nos statuts, même provisoirement, nous serions, dès maintenant et dans l'avenir, en contradiction avec ce paragraphe (3a) : "L'Église catholique orthodoxe de France sauvegarde son autonomie dans ses problèmes spirituels et administratifs, ses coutumes et l'indépendance de ses intérêts nationaux". Et enfin, pourquoi aurait-il fallut attendre autant d'années pour supprimer ce qui fait le centre de nos pensées ecclésiologiques ?".

L'Église orthodoxe de France n'est pas un diocèse de la diaspora, mais un diocèse local. Cela ne devrait pas empêcher le Comité interépiscopal d'inviter l'évêque Germain à travailler avec les autres évêques sur des questions communes ou sur celles qui concernent son diocèse. Mais, il paraît évident que les diocèses de la diaspora rencontrent des problèmes spécifiques qui ne concernent pas l'évêque Germain - du moins tant qu'une pensée ecclésiologique commune ayant en vue la construction de l'Église orthodoxe locale n'existe pas.

Du reste, en attendant des temps de plus grande conscience ecclésiologique, il y a largement la place en France, comme en tout pays d'Occident, pour une organisation orthodoxe héritière du sol même du pays et pour une organisation orthodoxe héritière des pays d'où viennent les différentes émigrations. Ces deux organisations n'ont pas lieu d'être en compétition. Dans l'avenir, elles pourront se rassembler, quand tout risque de confusion sera écarté, pour former une seule réalité ecclésiale. Que des Français deviennent membres de paroisses de rite byzantin ne résout pas mieux la situation et l'ensemble du problème orthodoxe dans notre pays que l'emploi de ce même rite byzantin par plusieurs communautés catholiques-romaines ne résout certains problèmes liturgiques de l'Église de Rome. Au contraire, cela masque la question véritable, qui n'est pas liturgique mais ecclésiologique, et cela en retarde la résolution. Suivons donc plutôt les commandements du Christ Lui-même :

- comme Il se fit homme avec les hommes, et suivant l'exemple de l'apôtre Paul qui se fit Grec avec les Grecs, faisons-nous Français avec les Français. Tel fut le comportement du plus critiqué des Russes émigrés : Eugraph Kovalevsky.

- le Christ nous commande : "Allez enseignez les nations" (Matthieu 28, 19). L'Église doit assumer, enseigner et baptiser non seulement les personnes, mais les cultures. Le terme "nation" ne doit pas être pris au sens étroit et "nationaliste", mais au sens large, comme c'est le cas dans les Actes des Apôtres quand on parle des peuples présents à la Pentecôte. Cette doctrine a d'ailleurs été fidèlement appliquée par l'Église à travers l'Histoire. L'aspect culturel de la mission des saints Cyrille et Méthode en est l'illustration. Toutefois, quand ces missionnaires sont arrivés chez les Slaves, ce sont des païens qu'ils ont trouvés, tandis que l'émigration orthodoxe a rencontré en Occident des populations qui, bien que coupées de l'orthodoxie depuis dix siècles, vivaient dans une civilisation chrétienne depuis presque deux mille ans. Les pays d'émigration étaient orthodoxes pendants les dix siècles précédents, depuis aussi longtemps que les Grecs...

II - QUESTIONS CANONIQUES

Comme nous l'avons suggéré dans la première partie de ce document, le motif essentiel de la contestation qui oppose les différents diocèses de la diaspora orthodoxe au diocèse unique de l'Église orthodoxe de France est un motif d'ordre ecclésiologique : il est souhaitable que tous les orthodoxes qui vivent en Occident accèdent un jour à une pensée ecclésiologique commune, même si cela doit contrarier l'œcuménisme officiel, et ce, afin d'œuvrer à l'œcuménisme véritable - une seule Foi, un seul Christ, un seul Esprit et de multiples Églises locales caractérisées par leur culture propre. Nous souhaitons sur cette question une concertation et un travail commun avec tous les évêques orthodoxes qui sont en France. Nous souhaitons aussi que la question soit posée dans les commissions qui préparent le Concile pan- orthodoxe.

Le principe d'économie

Les questions canoniques découlent directement de la question ecclésiologique. L'Église orthodoxe de France a pu paraître parfois précipitée dans ce domaine. Mais, nous souhaitons une concertation sur ce point, car nous sommes animés par le zèle pastoral et la compassion pour les hommes et les femmes de ce pays : nous sommes évêque et prêtres pour eux, et nous nous dévouons sincèrement à eux, attentifs à leur faim, à leur soif, à leur angoisse dans la crise de civilisation qu'ils traversent. C'est dans cet esprit de compassion pastorale que l'évêque Jean de Saint-Denis nous a montré la voie de ce que la sainte Tradition appelle l'économie en ce qui concerne particulièrement l'Eucharistie. Cette "économie" est une permission donnée par l'évêque à ses prêtres au sein du diocèse, sans préjuger de la façon dont les évêques d'autres diocèses assument leur responsabilité pastorale. Mais, ce n'est pas une norme canonique nouvelle, car nous ne sommes pas habilités à promouvoir de nouveaux canons. Là encore, le saint et grand Concile aura à discuter, à organiser dans l'Esprit-Saint la concertation des évêques et du peuple, et peut-être à trancher. Nous livrons quelques éléments de l'expérience pastorale qui a lieu au sein de nos paroisses.

L'économie en question porte essentiellement sur deux points : la relation entre le sacrement de pénitence et le sacrement de l'eucharistie, et l'accès à l'Eucharistie des baptisés non-orthodoxes.

A - Pénitence et Eucharistie.

Au sein du diocèse de l'Église orthodoxe de France, nous encourageons les fidèles à communier fréquemment, c'est-à-dire non seulement tous les dimanches, mais aussi en semaine. Nous les encourageons à ne pas participer à la Divine Liturgie sans communier. La participation à la Divine Liturgie sans communier constitue, en réalité, un scandale; c'est pourquoi la 9ème règle apostolique dit : "Tous les fidèles qui entrent (dans le temple) et qui écoutent la lecture des Écritures, mais qui ne restent pas pour la prière et à la Sainte Communion doivent être excommuniés, sur le fondement de ce qu'ils introduisent alors du désordre dans l'Église". Nous savons que les Pères de l'Église avaient la même attitude. L'Eucharistie vivifie et sanctifie l'être humain.

D'autre part, nous connaissons l'importance du sacrement de pénitence. C'est un sacrement en soi, renouvellement du baptême, particulièrement nécessaire au moment des temps forts de l'année liturgique. Tel est le cas de la confession pascale, par exemple, donnant au fidèle la possibilité de renouveler toute sa vie dans la mort et la résurrection du Christ. Nous savons que l'Eucharistie aussi est instituée "pour la rémission des péchés" - comme c'est le cas encore du sacrement de l'onction des malades.

En fonction de ces données, l'évêque propose aux prêtres de ne pas exiger la confession personnelle avant chaque eucharistie, ce qui serait d'ailleurs pratiquement difficile à cause du nombre des communiants. Cela n'empêche pas les fidèles qui en ressentent le besoin d'en bénéficier. Le prêtre peut donner une absolution générale au sein de la liturgie, juste avant la communion : c'est actuellement la pratique générale dans nos paroisses, et elle ne préjuge pas de la nécessité d'une confession personnelle au moins à l'occasion des grandes fêtes et avant les démarches importantes - mariage, ordination - et en cas de maladie grave. La pratique relève de l'économie des personnes et du discernement du prêtre. Nous n'avons pas institué de règle. Ce qui est urgent c'est de réconcilier l'être humain avec le Christ et avec Son Église.

La question du jeûne eucharistique est également proposée à l'économie et au discernement pastoral. Nous recommandons le jeûne depuis minuit pour la communion du matin, et depuis midi pour la communion vespérale, ceci, une fois encore, non pas avec la prétention d'introduire de nouveaux canons, mais pour appliquer aux personnes concrètes les saintes dispositions des canons de l'Église orthodoxe. Nous ne nous posons pas en réformateurs de la tradition canonique, tâchant plutôt de nous réformer nous-mêmes. Mais l'Esprit Saint émeut nos entrailles pastorales en faveur des fidèles qui désirent communier fréquemment, et, après tout, ne sommes-nous pas là en tant que pasteurs pour, devant Dieu et devant l'Église, prendre sur nous ce fardeau léger ?

Voici un texte de l'évêque Jean de Saint-Denis, alors archiprêtre Eugraph Kovalevsky (Cahiers Saint-Irénée, n° 32, janvier 1962, p. 9) à propos de l'Eucharistie "pour la rémission des péchés" :

"Je me souviens d'une conversation avec quelques prêtres russes d'une grande qualité morale et d'une piété exemplaire. Ils soutenaient avec force que la communion est le couronnement, le sommet dont seuls les dignes peuvent s'approcher. Sans nier nullement que la communion est l'union avec le Christ, la source de la grâce, le feu qui nous divinise, qu'elle est le centre de la vie de l'Église, les prémices du repas eschatologique de l'Époux avec l'Église, j'indiquais à mes confrères qu'elle est, en même temps, le médicament, l'absolution, la purification, le pardon, la nécessité quotidienne et vitale pour le progrès spirituel, un instrument de notre salut, blessure pour le diable. Ils poussèrent des cris d'indignation, considérant que je jetais les perles aux pourceaux, et que c'est un sacrilège de regarder l'Eucharistie comme un "instrument de notre salut". Pour eux, la communion demeurait presque une récompense pour la bonne conduite...".

En fait, nous savons qu'il existe simultanément deux aspects du mystère eucharistique : il est la nourriture du Royaume, le sceau du salut et la récompense des saints et des martyrs; il est aussi la nourriture de ceux qui marchent vers le Royaume. Dans l'Église orthodoxe, actuellement, on a tendance à majorer le sens eschatologique de l'Eucharistie ; mais, l'autre existe aussi : l'être humain a aussi besoin de l'Eucharistie pour vivre tous les jours de sa vie. Les Pères de l'Église connaissaient bien ces deux sens, et ils n'ont pas pensé que c'était diminuer l'Eucharistie que de la pratiquer comme voie du salut, parce que le Christ Lui-même, dont l'Eucharistie est le Corps et le Sang, S'est présenté non seulement comme "Vie" et comme "Vérité", mais d'abord comme "Voie". Il est donc possible que nous nous concertions entres orthodoxes sur ce point : la communion est premièrement pour la rémission des péchés ; deuxièmement pour la vie éternelle.

Voici dans les Conférences de saint Jean Cassien (VII, 30) un texte qui témoigne de l'opinion des Pères anciens :

"Pour ce qui est de la très sainte communion, nous ne nous souvenons pas qu'elle leur (il s'agit des possédés) ait jamais été interdite; tout au contraire, on pensait devoir la leur donner chaque jour, s'il était possible. La parole de l'Évangile : "Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens" n'a pas ici d'application : la très sainte communion ne va pas servir de nourriture au démon, mais à purifier et garder à la fois le corps et l'âme du possédé. Reçue par lui, elle devient à l'esprit qui réside dans ses membres ou s'efforce de s'y cacher, un feu qui le brûle et le contraint à la fuite".

Les prières qui sont lues avant la communion soulignent aussi que la communion est pour la rémission des péchés. La communion n'est pas seulement pour les justes et les élus, mais elle est pour les pécheurs repentant. Elle n'est pas pour ceux qui en sont dignes - car, qui est digne ? Elle est pour ceux qui sont conscients de leur indignité.

Nous souhaitons que cette question soit l'objet de la concertation entre les évêques orthodoxes qui assument leur charge pastorale dans ce pays, et qu'elle soit mise à l'ordre du jour du saint et grand Concile orthodoxe.

B - Conditions générales de la communion eucharistique.

a - La norme pastorale.

Nous connaissons les conditions que les Pères ont définies pour l'accès à la sainte Eucharistie. Nous les rappelons ici pour servir de base à la concertation inter-orthodoxe et de référence à notre propre clergé (cf. Cahiers Saint-Irénée, n° 35, juillet 1962, pp. 31 et 32). Il doit être clair aussi que ces conditions ne définissent pas un "droit", car les saints canons ne relèvent pas du monde juridique, mais du monde de l'Église - monde ascétique, sacramentel et spirituel. Ces conditions définissent la possibilité pour l'être humain de recevoir la grâce du Saint-Esprit et d'être admis dans le Royaume. C'est là l'esprit des saints canons.

1 - Condition dogmatique-ecclésiale.

Définition : il est nécessaire d'être membre de l'Église orthodoxe pour pouvoir y communier.

Commentaire : on ne peut séparer la Tête du Corps, le Christ de Son Église. Celui qui communie au Christ communie à l'Église, c'est-à-dire qu'il entre en union avec elle, avec son dogme, sa spiritualité, sa vie. Il est évident que celui qui confesse l'hérésie ou qui s'oppose à l'enseignement orthodoxe ne peut communier à l'Église. Celui qui la reconnaît comme la véritable Église du Christ et qui devient membre de son assemblée peut communier à sa table mystique.

(C'est la condition de la Foi et de l'appartenance ecclésiale, qui revient, en fait, à la question du baptême. Le Christ accueille à Sa Cène ceux qui sont Ses disciples).

2 - Conditions canoniques.

Définition : il ne suffit pas d'être uni en esprit et en vérité à l'Église. Il est indispensable d'être admis à la communion par la hiérarchie, le prêtre étant son représentant.

Commentaire : le Christ a donné à Ses saints apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de délier et de lier en discernant si le croyant peut communier. C'est le prêtre qui reçoit le croyant dans l'orthodoxie, qui reçoit la confession de ses péchés, qui lui donne l'absolution et qui lui permet de communier. Il lie ou il délie.

3 - Condition spirituelle.

Définition : le fidèle qui s'approche de la Sainte Table doit être pénétré de sa propre indignité et, en même temps, d'une confiance totale en la miséricorde divine.

Commentaire : celui qui s'imagine être digne de s'approcher des redoutables mystères, communie "pour sa condamnation". Il en est de même pour celui qui doute de la bonté de Dieu. "Dieu résiste aux orgueilleux".

(Le ministère pastoral a pour rôle d'amener l'être humain aux dispositions spirituelles qui lui permettent de ne pas communier "pour sa condamnation", mais "pour la vie éternelle").

4 - Condition morale.

Définition : il est des péchés qui ferment à l'être humain la porte du Royaume (1 Cor. 6, 9-10). Ces fautes requièrent une pénitence préalable fixée par le prêtre ou le père spirituel : il s'agit principalement du meurtre, de l'adultère et de l'apostasie.

Commentaire : le pécheur, après la confession, reçoit du confesseur une "pénitence" (épitimie) qui est un remède pour la maladie spirituelle qu'est le péché, et non une punition de caractère juridique. Cette "pénitence", suivant l'importance du péché, l'état spirituel du pénitent et le discernement du père spirituel, sera brève ou longue (quelques mois, un an, plusieurs années...). Pendant les périodes de pénitence, le pénitent n'est pas reçu à la sainte communion. Mais, il n'est pas "excommunié" au sens fort. Il demeure membre de l'Église qui prie d'ailleurs pour lui comme elle prie pour les catéchumènes et pour les malades. L'Église a cette pratique, car elle sait qu'il est nécessaire de suivre les commandements du Christ pour être admis dans le Royaume. C'est donc autant par souci du salut du pénitent qu'elle fait cela que pour souligner la sainteté et la pureté du Corps du Christ, qui est à la fois le sacrement de l'Eucharistie et le sacrement de l'Église.

5 - Condition évangélique.

Définition : seul, celui qui s'est réconcilié avec son frère, au moins dans son cœur, peut communier.

Commentaire : c'est le Christ Lui-même qui demande la réconciliation fraternelle avant l’offrande. L’Eucharistie est le sacrement de l’union, de l’amour et de la réconciliation. "Celui qui dit qu'il aime Dieu et qui n'aime pas son frère est un menteur", écrit le saint évangéliste Jean dans son épître.

6 - Condition ascétique.

Définition : le jeûne eucharistique est demandé par l'Église avant la communion.

Commentaire : ni le Christ ("après le souper, Il prit la coupe") ni l'Église des premiers siècles (les agapes précédaient l'Eucharistie) ne réclamèrent le jeûne eucharistique. Toutefois, dès le IVe siècle, les Pères commencèrent à le demander, et c'est encore la pratique de l'Église. Nous savons que le Christ Lui-même a jeûné quarante jours avant de commencer à Se donner en nourriture par Son enseignement. Son exemple et finalement Sa Pâque. Le jeûne constitue une bonne préparation spirituelle à l'Eucharistie, en conduisant le croyant à se purifier de ses fautes et à acquérir à la fois le sens de son indignité et celui de la miséricorde de Dieu. Il approfondit la faim et la soif spirituelles que veut satisfaire le Christ Lui-même. La pratique actuelle de l'Église prévoit un jeûne depuis minuit pour la communion matinale.

(La question du jeûne est un des points importants à l'ordre du jour du Concile pan-orthodoxe).

7 - Condition de piété.

Définition : l'Église propose de se préparer à la sainte communion par des prières, par la confession des péchés et différentes formes d'abstinence réglées avec le père spirituel, compte tenu des dispositions et des forces de chacun.

Commentaire : l'Église pose la nécessité de se purifier pour Dieu et de rompre avec tout ce qui entrave l'homme intérieur et l'empêche de recevoir l'Esprit Saint.

Telles sont les sept principales conditions qui permettent l'accès à la Sainte Table dans l'Église orthodoxe. Elles se ramènent à trois : être membre du "laos" de l'Église par la Foi ; être réconcilié avec tous ; être préparé intérieurement par la "métanoïa" personnelle. Ces conditions permettent une vie sacramentelle féconde et, en particulier, la communion fréquente sans banalisation. C'est ce qu'ont souhaité les Pères orthodoxes comme saint Cyprien, saint Basile, saint Jean Chrysostome et, plus près de notre époque, saint Nicodème de l'Athos, Jean de Cronstadt le Thaumaturge et plusieurs prélats actuels.

Nous savons aussi que, dans ce domaine, les pratiques peuvent varier d'une Église locale à l'autre, d'un diocèse à l'autre, parfois d'une paroisse à l'autre... Que ceux qui sont scandalisés par la rareté de communion des uns, et ceux qui sont scandalisés par la fréquence de communion des autres se rappellent ces paroles du bienheureux Augustin d'Hippone :

"Les uns communient chaque jour, les autres à certains jours déterminés seulement. Ici, aucun jour ne se passe sans qu'on célèbre le Saint Sacrifice; là on ne célèbre pas les Mystères que les samedis et dimanches, ou bien le dimanche seulement. Les coutumes de ce genre sont librement observées et, pour un chrétien grave et prudent, le mieux est de faire ce qu'il voit faire là où il se trouve. Car il faut regarder comme indifférent ce qui n'est pas contre la Foi ou les mœurs, et juger les choses du point de vue du milieu où l'on vit".

B - L'économie pastorale à l'égard des chrétiens non-orthodoxes.

Nous avons rappelé plus haut ce qui est normatif dans le domaine sacramentel. Ce n'est pas un exposé exhaustif de la question, mais nous pensons en tout cas exprimer par là un certain accord inter-orthodoxe sur la question de la communion. Il reste, par contre, à débattre entre orthodoxes de l'économie en ce qui concerne les chrétiens non-orthodoxes qui participent à la Liturgie de l'Église. Nous savons que la règle de l'Église orthodoxe aussi bien que de l'Église catholique-romaine est de ne pas pratiquer la communion sacramentelle entre nous - incongrûment nommée "intercommunion". Un des motifs invoqués sur le plan œcuménique est le fait que les Églises sont actuellement en désaccord, et que la réconciliation doit précéder la communion. La raison invoquée par l'Église catholique-romaine est que la reconnaissance de la primauté papale telle qu'elle la conçoit doit précéder la communion. En ce qui concerne les orthodoxes, la raison principale est la question de la Foi : il faut avoir la même foi pour communier. Quant aux réformés, les raisons varient, mais ils sont généralement très favorables à la communion...

Notre expérience pastorale

Au sein du diocèse de l'Église catholique orthodoxe de France, on a, depuis plusieurs années, accompli un long chemin dans ce domaine. On nous objectera que le sacrement de l'Eucharistie n'est pas un champ d'expérience... Il nous a semblé pourtant qu'à situation nouvelle il fallait tenter d'apporter une attention nouvelle - nous ne prétendons pas à des "solutions" ! Notre attitude a consisté à considérer premièrement la foi des baptisés : croire que Jésus est le Fils de Dieu - ce qui correspond au minimum dogmatique exigé dans l'Église primitive pour être baptisé. Notre attitude a consisté aussi à observer une certaine logique : à partir du moment où l'on reconnaît le baptême accompli dans l'Église catholique-romaine, pourquoi refuser la communion ? Notre attitude pastorale a consisté enfin à considérer le nombre important à notre époque en France et, en général, en Europe occidentale, de "chrétiens sans Église" : ce sont tous ceux qui ont été régulièrement baptisés, et qui ensuite se sont éloignés de l'Église de leur enfance, soit pour avoir été heurtés par le clergé, soit par une défaillance dans la vie personnelle (divorce ou adultère, par exemple), soit par apostasie, c'est-à-dire ayant pendant un temps douté de Dieu et de Son Christ ; il y a, enfin, ceux qui cherchent la tradition chrétienne véritable et qui ne pensent pas la trouver dans leur Église sociologique, et ceux qui, tout simplement, cherchent la Vérité, et cela à travers des apprentissages spirituels de toutes sortes.

Notre attitude pastorale à l'égard de nos frères chrétiens sans Église a été dictée par le principe ecclésiologique exposé plus haut. Car, se sentir membre de l'Église du lieu, et pas seulement d'une Église déléguée par Rome ou déléguée par une Église orthodoxe locale d'un autre pays, cela ne consiste pas seulement à avoir un épiscopat local élu par les fidèles du lieu ; cela ne consiste pas seulement non plus à célébrer une liturgie qui a des racines importantes dans le patrimoine et la culture du lieu ; mais cela consiste aussi à sentir ses entrailles d'évêque ou de prêtre s'émouvoir devant les souffrances, la faim et la soif des hommes et des femmes de ce lieu, et à se sentir évêque, prêtre et diacre pour eux.

Nicolas Berdiaev, qui n'est pas un Père de l'Église, mais qui est un des grands penseurs chrétiens de notre temps, a une très belle page sur cette question des chrétiens en mal d'Église :

"Nous vivons, écrit-il (Esprit et Liberté, Desclée de Brouwer, 1984, p. 16), dans une époque de transition, de crise spirituelle, où beaucoup de pèlerins errants reviennent au christianisme, à la foi de leurs pères, à l'Église, à l'orthodoxie. Ces hommes reviennent, ayant passé par l'épreuve de la nouvelle histoire, dont ils ont atteint les limites extrêmes. Ces âmes de la fin du XIXe siècle et du commencement du XXe siècle sont des âmes tragiques. Ce sont de nouvelles âmes, dans lesquelles on ne peut déraciner les conséquences de l'expérience vécue.

"Comment reçoit-on ces voyageurs revenant à la Maison du Père ? Trop souvent autrement que ne fut accueilli le fils prodigue de la Parabole. La voix du fils aîné, qui se glorifie d'être resté auprès du Père et de l'avoir servi, se fait par trop entendre. Cependant, parmi ces pèlerins de l'esprit, il n'y a pas seulement des hommes dépravés, il y a aussi des affamés et des assoiffés de Vérité ; et ils seront plus justifiés devant Dieu que d'innombrables "chrétiens bourgeois" qui s'enorgueillissent de leur pharisaïsme et s'estiment "grands propriétaires" dans la vie religieuse".

Tel est l'esprit qui anime notre attitude pastorale : elle n'a évidemment pas le moindre rapport avec le "prosélytisme". Elle définit un comportement missionnaire particulier, propre à un temps où l'on rencontre moins de non-chrétiens que de chrétiens qui ont quitté l'Église. Nous souhaitons en discuter avec nos frères orthodoxes qui vivent en Europe occidentale et qui, eux aussi et de plus en plus, rencontrent ces fils prodigues de notre temps. Nous souhaitons aussi que les commissions préparatoires au saint et grand Concile prennent en compte cette réalité car, parmi ces voyageurs, les uns s'adressent à l'Église de leur baptême - l'Église catholique-romaine ou la Communauté réformée - et les autres s'adressent à l'Église orthodoxe dont ils font la découverte émerveillée. Il reste cependant à définir l'articulation de l'économie que peuvent pratiquer les pasteurs.

1 - L'admission dans la communion orthodoxe.

Elle peut se faire par la confession de la Foi, l'absolution des péchés et la communion eucharistique. Dans l'Église catholique orthodoxe de France, comme dans d'autres diocèses orthodoxes, la pratique actuelle consiste à proposer, en plus, le sacrement de la sainte chrismation avant l'Eucharistie, afin de renouveler le baptême.

2 - L’économie à l’égard des personnes.

- elle ne concerne évidemment pas, en principe, les chrétiens membres effectifs d'une paroisse catholique-romaine ou réformée, au sein de laquelle ils communient régulièrement. Ce serait là justement "l'intercommunion" dénoncée plus haut ;

- elle ne concerne pas non plus des groupements anonymes, sauf erreur ou "débordement" de notre part. S'il est effectivement arrivé de recevoir à la communion des non-orthodoxes "de passage", l'Église catholique orthodoxe de France apporte la pénitence, et elle recommande à l'heure actuelle à ses clercs de veiller strictement dans ce domaine ;

- elle peut (ce n'est ni un droit ni une obligation) concerner les cas suivants, selon le discernement de celui qui préside la Liturgie, et sans que cela constitue une norme canonique : des personnes déjà baptisées qui se préparent à la sainte chrismation orthodoxe et qui suivent une catéchèse préalable ;

.· des malades, quand le prêtre de leur Église n'est pas disponible, et éventuellement après accord avec ce dernier ;

.· le conjoint chrétien non-orthodoxe d'un orthodoxe ;

.· le parent chrétien non-orthodoxe d'un orthodoxe au baptême ou au mariage d'un orthodoxe ;

.· un chrétien sans Église, en situation de recherche, dont le pasteur discerne la quête sincère de l'Église.

Dans tous ces cas d'économie circonstanciée, la foi requise est la foi orthodoxe dans le Christ vrai Dieu et vrai homme. De plus, la Divine Liturgie à laquelle participe le communiant confesse en plénitude la Foi de l'Église, et celui qui se présente à la sainte communion le fait parce qu'il accepte ce qu'il entend ainsi enseigner. Il appartient du reste au prêtre de s'entretenir avec ces personnes et de les instruire des tenants et aboutissants d'une telle communion; de plus, le prêtre lui-même, qui n'est pas un distributeur automatique de sacrements objectivés, s'engage pastoralement à l'égard des personnes de bonne foi reçues ainsi à la communion. Il doit y avoir un "suivi" pastoral.

Nous ne présentons nullement cette pratique comme normative. Nous en connaissons les fruits souvent excellents. Nous reconnaissons aussi nos erreurs et nos échecs dans ce domaine. Conscients de tout cela, la Communauté orthodoxe française commence à insister auprès des fidèles et des pasteurs en vue d'une meilleure préparation pénitentielle en liaison avec la communion eucharistique. Elle est prête à changer radicalement d'attitude si le contexte religieux et spirituel l'exige pour le bien des orthodoxes et de ceux qui ne le sont pas. Elle est prête à en discuter avec tous les autres orthodoxes en France qui sont confrontés aux mêmes réalités sacramentelles et pastorales. Il importe d'ajouter pour être complets que nombre de membres de l'Église catholique orthodoxe de France peuvent témoigner qu'ils ne seraient jamais devenus "confesseurs de la foi orthodoxe" dans toute sa plénitude, si la communion eucharistique leur avait été refusée lorsqu'ils sont venus la demander ou lorsqu'ils s'y sont sentis appeler par l'Esprit-Saint la première fois. L'Eucharistie les a greffés sur l'Église, eux qui s'estimaient sans abri ecclésial. Ils étaient ceux dont parle la Parabole (Luc 14, 23) : "Le maître dit aux serviteurs : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, invite-les à entrer, afin que ma maison soit remplie". Les anges de Dieu les ont trouvés errants et sans pasteur et les ont conduits au Banquet préparé "pour un grand nombre".

III - ANNONCER JÉSUS-CHRIST DANS TOUS LES MILIEUX

Le document du SOP fait état des relations entretenues par des responsables clercs ou laïcs de l'Église catholique orthodoxe de France avec les milieux spirituels les plus divers, et particulièrement les milieux spiritualistes. Nous sommes conscients de nous être souvent laisser déborder et d'avoir été quelquefois plus loin que nous ne l'aurions voulu et qu'il était effectivement souhaitable. Mais, nous sommes conscients aussi d'avoir fait, depuis la parution du document du SOP, c'est-à-dire depuis bientôt dix ans, des efforts considérables pour trouver l'attitude juste dans ce domaine. Nous y avons été aidés, il faut le dire, moins par nos frères orthodoxes d'Europe occidentale, que par la hiérarchie de l'Église de Roumanie. Voyant les dispositions sincères de notre cœur et le zèle pastoral et missionnaire qui nous animait, elle nous a paternellement repris et guidés vers une attitude plus mûre. Certainement, il reste beaucoup à faire. Il faudrait, là encore, que soit possible une réelle concertation entre orthodoxes, entre évêques orthodoxes, en particulier, pour répondre à bon escient à la faim et à la soif de nos frères humains qui cherchent la Vérité par des voies connues de Dieu... Quoi qu'il en soit, nous pouvons résumer l'attitude pastorale que nous voulons nôtre.

Attitude pastorale

En ce qui concerne notre doctrine, il n'est que de venir écouter ce que l'évêque et nos professeurs enseignent publiquement dans notre institut ou prêchent au sein de la Liturgie. À titre d'exemple, citons le cours annuel de l'évêque Germain mettant au point la doctrine orthodoxe de l'intégralité de la personne humaine en face des doctrines réincarnationnistes, ou tel cours de trois ans sur l'anthropologie des Pères de l'Église !

En ce qui concerne notre attitude pratique, elle se résume dans l'expression : "rencontrer des personnes qui cherchent Dieu pour leur parler du Christ et de la Divine Trinité". Et cela, quelles que soient ces personnes, et quelles que soient les voies par lesquelles elles cherchent actuellement Dieu. C'est pourquoi nous n'hésitons pas à répondre favorablement quand nous sommes invités à témoigner de notre foi dans le milieu même, comme le fit l'apôtre Paul.

Diverses organisations

Nous distinguons et discernons parmi les "organisations du monde" une gamme d'implication. Un clerc orthodoxe est prié de n'appartenir à aucune organisation, parce qu'il appartient à l'Église par son ministère consacré. Quand au fidèle qui est membre de l'Église par son baptême et par sa foi, il ne lui est pas toujours facile, sur un plan pratique, de se "désengager" ou de refuser tel ou tel type d'engagement; voyons quelques exemples.

Du point de vue politique, il y a en France tout un éventail de positions, et il y a aussi des partis et des syndicats. Il est mieux pour un chrétien d'être libre, parce que notre "parti", si l'on peut dire, c'est le Christ et la Divine Trinité. Mais, il y a des personnes qui sont membres d'un parti politique, selon leur conscience. Nous leur faisons confiance, et pensons qu'elles font de leur mieux pour y témoigner de l'Évangile. Et puis, nous votons tous, parce que nous appartenons à ce pays, et que nous en respectons loyalement les institutions.

Il existe aussi des mouvements spiritualistes de toutes sortes. C'est le cas, par exemple, de la franc-maçonnerie qui comporte d'ailleurs diverses tendances, généralement déistes et relativistes du point de vue des dogmes. Il est mieux de se considérer exclusivement comme membre de l'Église, ordre divino-humain auquel nous appartenons par le baptême et la foi en Jésus-Christ, Dieu incarné. Les clercs de notre Église sont tenus de s'abstenir d'appartenir à de telles organisations, puisqu'ils sont consacrés au service de l'Église. Des laïcs, cependant, qui viennent de ces milieux, leur appartiennent encore. Certains les quittent en trouvant ou en retrouvant l'Église - c'est le cas du plus grand nombre d'entre eux. Certains y restent. La situation est difficile pour eux. Il leur faut confesser Dieu incarné, Christ ressuscité, la Divine Trinité, en milieu relativiste ! Nous leur faisons confiance, et nous pensons qu'ils font de leur mieux pour témoigner de l'Évangile, de la foi orthodoxe (certains ont été expulsés de ces milieux à cause de la vigueur de leurs convictions chrétiennes...).

Les organisations œcuméniques sont aussi, quoique d'une autre façon, des milieux relativistes. Nous savons qu'il existe des canons interdisant de prier avec les hétérodoxes... Là aussi, il n'est pas toujours facile pour un orthodoxe qui confesse sa foi de participer l'ACAT, à Amnesty International, ou même à un groupe de prière œcuménique de sa région. Ici encore, nous faisons confiance à nos prêtres et à nos fidèles. Ils sont majeurs, et l'Esprit Saint les guide par la prière de l'Église.

Récapitulons

Chacun ne prend-il pas part à son milieu, à sa famille, à sa profession qui véhiculent aussi des idées erronées ? Chacun ne suit-il pas la formation scolaire ou universitaire qui sont loin d'être orthodoxes ? Songeons, par exemple, à une doctrine comme l'évolutionnisme qui fait systématiquement, dans nos écoles, descendre l'homme du singe et qui nie la création ex nihilo. La plupart des milieux que nous fréquentons tous les jours, à commencer par la société dans laquelle nous vivons, se réfèrent à des valeurs incompatibles avec l'Évangile. Et pourtant, nous essayons d'y vivre en chrétiens, sans mépriser les hétérodoxes, les incroyants et les athées de bonne foi, souvent exemplaires par leur honnêteté intellectuelle et par l'authenticité de leur vie. Ainsi, tout fidèle doit être laissé libre, étant entendu que le charisme des laïcs, comme l'a rappel‚ le père Afanassief (dans l'Église du Saint-Esprit) est le discernement, de fréquenter diverses organisations et divers milieux, librement, consciemment, ouvertement et sans tricherie. Il est bon d'être un membre loyal du groupe où l'on pénètre, tout en gardant la liberté d'un être humain majeur, et tout en cultivant son identité de chrétien orthodoxe. Le fait de comprendre la problématique des milieux spiritualistes et d'écrire à leur sujet ce qu'ils apportent de positif à la culture de notre temps ne constitue ni une trahison du dogme orthodoxe ni une caution apportée à ces organisations. Par cette attitude, on souhaite seulement, en introduisant le respect des autres, promouvoir les relations exactes avec tous les milieux rencontrés, et ouvrir, Dieu aidant, aux membres de ces milieux une voie d'accès au christianisme. Du reste, les membres de l'Église catholique orthodoxe de France sont loin d'être les seuls à aller témoigner dans des milieux tels que l'École internationale de la Méditation ou les Loges maçonniques. On y rencontre des conférenciers connus, appartenant à la diaspora; quand aux Loges, on y trouve des "frères" qui sont des orthodoxes grecs, russes ou roumains, et qui s'estiment bons fidèles de leur Église.

En résumé, la palette contemporaine des sociétés spiritualistes est très variée, à la mesure même de la perte d'influence du christianisme. Il faudrait d'ailleurs envisager quelle part de responsabilité revient à l'Église dans l'existence même de ces mouvements... Leurs membres sont pratiquement tous d'origine chrétienne, et ils sont souvent religieusement et spirituellement actifs. Il est inévitable qu'une Église orthodoxe occidentale, nouvelle dans le contexte chrétien en France, rencontre ces mouvements et, souvent, ouvre l'esprit et le cœur de leurs membres à la lumière de la tradition chrétienne qu'ils recherchent sans la connaître. Nous n'avons pas à rompre avec ces sociétés, parce que nous ne sommes, ni ne serons jamais, liés avec elles. Nous pouvons, par contre, les aborder autrement que nous ne l'avons fait jusqu’à ce jour et, effectivement, mieux amener à la métanoïa ceux des ésotériques et occultistes qui viennent confesser la foi orthodoxe et qui deviennent membres de l'Église.

Cette question de la conversion est très délicate, car en réalité seul Dieu convertit vraiment l'homme et, de plus, cet homme a besoin de temps. Les apôtres eux-mêmes ont eu besoin de temps après avoir suivi le Christ spontanément ou avec lenteur, afin de passer de leur judaïsme au christianisme.

Nous disons toujours à nos fidèles, avec l'évêque Jean de Saint-Denis :

"Que votre oui soit oui, que votre non soit non, car vous êtes des membres majeurs de l'Église. N'engagez jamais l'Église. Que les prêtres demeurent disponibles à tous. N'oubliez pas que l'Église orthodoxe n'impose pas : elle propose. Pour atteindre la majorité spirituelle, la mutation en Dieu de l'esprit, la participation à la vie liturgique et aux sacrements, l'intériorisation par la prière, la vérification de soi, l'approfondissement des dogmes et de l'enseignement de l'Église sont indispensables !".

CONCLUSION

Après cette longue explication, il convient de conclure :

Les questions que nous avons laissées de côté sont celles qui
pascal
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Inscription : mar. 22 juin 2004 15:59

Message par pascal »

(...) sont périmées, étant donné l'évolution générale de l'Église orthodoxe de France, ou qui ont reçu une ample réponse à travers les cours dispensés au sein de notre institut, depuis presque dix ans. Mais, nous avons essayé de situer l'Église catholique orthodoxe de France dans son existence à la fois lumineuse et ténébreuse, en face de ce qui nous apparaît comme l'étonnement sincère de nos frères orthodoxes et leur désir authentique de comprendre pour ensuite coopérer. Nous aussi, nous voulons coopérer. Nous désirons que certaines questions soient débattues au plan inter-orthodoxe, par exemple, au sein du Comité inter-épiscopal. Nous désirons aussi qu'elles soient portées à l'ordre du jour du futur saint et grand Concile pan-orthodoxe. Nous désirons, enfin, que l'orthodoxie ait au sein du mouvement œcuménique un dialogue sans compromis et sans relativisme.

Puissent ces lignes servir à la paix, à l'union en esprit et en vérité, et ouvrir ainsi à un nouveau dialogue entre orthodoxes capables de se supporter fraternellement. Nous demandons instamment à nos amis alarmés de trouver en eux-mêmes un peu de bienveillance et de sollicitude pour s'honorer de charité, c'est-à-dire pour voir que nous existons, au-delà et en deçà de nos qualités et de nos défauts. Car comme eux, nous avons reçu la pensée du Christ.

le 22 septembre 1987,

GERMAIN, évêque de Saint-Denis‚

et de l'Église catholique orthodoxe de France

désolé c'est long donc je complète le message ci dessus.

pour finir, si l'on peut dire, sur une note plus légère et humoristique, je remarque, chere Yvette, qu'apparrement les personnes au soir de leur vie vous posent problème:
Je n’ai pas l’Internet, et l’internaute à qui j’ai demandé de bien vouloir publier mon deuxième message, m’a informée que le premier avait disparu. Alors, je l’ai signalé au Forum, et émis le vœu que mon deuxième message ne disparaisse pas comme le premier. C’est tout. Vous écrivez : " Je signale que ce fil sur la crucifixion est toujours bien visible sur la page d’accueil de notre Forum ". Bien. Je vous remercie de cette information. D’autre part, veuillez agréer nos excuses et nous pardonner d’avoir publié deux fois sur des sites différents la même chose. Mais cet internaute qui me rend ce service est une personne très âgée et errare humanum est.
Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

esprit de 1968, es-tu là?

Message par Claude le Liseur »

Yvette Le Quéré a écrit : Cependant, cette mode de n’indiquer que son prénom - inspirée des systèmes économiques qui balayent la personne pour faire d’elle un objet – un simple rouage de l’entreprise - remonte à l’après-68 et visait – sans s’en cacher - à aligner tout le monde dans une impersonnalité qui préparait une sorte d’anéantissement de la personne et de l’originalité de ses racines familiales. Or, pour nous chrétiens, le Christ S’est incarné et Sa généalogie est connue. C’est pourquoi il me semble, peut-être à tort, que ces remarques anonymes assimilent leurs auteurs aux incorporels qui vivent dans le monde invisible qui nous entoure. Vraiment, je ressens cela profondément, et c’est pourquoi il me semble dommage que des chrétiens orthodoxes aient adopté ce système qui est employé par ceux qui font la chasse aux sorcières. Cela ne risquerait-il pas de vous tenter ? Il est toujours mieux d’avoir une personne en face de soi ou, à défaut, de connaître son nom. Mais, bien entendu, comme dit l’Apôtre, tout est permis, etc. Et je ne comprends pas pourquoi mon opinion à ce sujet déclenche chez vous des remarques… agressives, Claude… Allons, allons…

Témoignage d'un chrétien orthodoxe:

"Ce sont également les anges qui inscrivent notre nom dans le ciel, exactement comme les prêtres l'inscrivent à l'église. C'est à cause de cela que je me sens mal à l'aise quand on m'appelle par mes deux noms. J'ai un seul nom, celui que j'ai reçu au baptême. Les anges l'ont inscrit dans le Livre du ciel. C'est mon nom de citoyen de la Jérusalem céleste. Et c'est par le nom de Virgil que Dieu m'appellera au Jugement Dernier. Quand je communie à l'autel, je dis : "Moi, prêtre Virgil, je communie." Je ne dis pas : "Moi, prêtre Gheorghiu". Gheorghiu, c'est un nom que Dieu ne connaît pas. Qui ne m'appartient pas. A la pénitence, quand je me trouve à genoux, sous l'épitrakhélion devant l'icône du Christ Pantocrator, le prêtre confesseur me demande mes péchés en m'appelant Père Virgil. Jamais je ne suis Gheorghiu. C'est ce nom de Virgil qui sera prononcé le jour de ma mort et de mon enterrement, par le prêtre, dans ses prières, et c'est ce nom, Virgil, qui sera gravé sur le bois de ma croix tombale, au cimetière où j'attendrai la résurrection des morts et la vie éternelle. Mes fidèles, à l'église ou je suis prêtre, mes fils et mes filles dans le Christ, et tous les chrétiens orthodoxes m'appellent toujours "Père Virgil". Aucun d'eux ne m'appelle "Père Gheorghiu". Car celui-ci n'existe pas. Gheorghiu est un nom qui appartient à ma vie terrestre, périssable, biologique, physiologique. Gheorghiu, c'est un nom qui n'a pas de signification, sauf pour le bas-monde, la société, l'histoire terrestre. Virgil est un nom pour l'éternité. Un nom reçu d'en-haut. Directement de Dieu. Car Dieu sait répartir son peuple de manière juste et convenable, non seulement par "tribus", "familles" et "maisons", mais encore individuellement par le NOM (Origène, Homélie sur les nombres, XXI).
A cause de cela, Gheorghiu est une appellation qui appartient à ma tunique de peau, à ma vie d'exil sur terre, et elle n'est valable que sur terre, dans les officines des douanes, dans les registres d'état civil, dans les bureaux de recrutement et de la police des étrangers.
Mais il y a encore une raison pour laquelle Dieu me connaît uniquement sous mon nom de Virgil. Dieu - mon créateur qui est mon Grand Evêque du Ciel - est aussi mon Père. Il est notre Père à nous tous. Et un père appelle ses fils par leur nom. Même ici-bas, durant notre brève existence, nos parents selon la chair, nos frères, nos soeurs et nos amis nous appellent par notre nom de baptême. Mon père et ma mère m'ont toujours appelé Virgil. Jamais Gheorghiu. Comment Dieu appellera-t-il ses fils autrement que par leur nom? Le nom que ses fils ont reçu de Lui au baptême? Et les anges, et mes filles et mes fils spirituels et mon confesseur et mes Hiérarques, tous ceux qui me parlent comme à un frère, comme à un père ou comme à un fils, m'appellent Virgil. Gheorghiu, c'est un nom pour les étrangers, pour les autorités du siècle, pour l'extérieur. Oui, un nom pour le bas-monde. Dans le cadre de la famille, de l'Eglise et du ciel, j'ai un seul nom - nous avons tous un seul nom. Notre nom éternel. Et il est saint, car il est donné par Dieu. Et inscrit par les anges."

Virgil Gheorghiu, Pourquoi m'a-t-on appelé Virgil? , Le Rocher, Monaco 1990 (1ère édition 1968), pp. 25-27.

(L'auteur était un prêtre orthodoxe, qui parle ici de l'importance que revêtait dans son village de Haute-Moldavie, très très longtemps avant 1968, la fête onomastique, c'est-à-dire la fête du saint dont on porte le prénom. Car c'est bien un prénom que nous recevons au saint Baptême. Et ce depuis bien avant 1968. Allons, allons... )
Philarethe
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Message par Philarethe »

Il est amusant de voir sur le site de l'ECOF, en addition à la commémoration du Patriarche Pierre avec lequel elle n'était pas plus en communion qu'avec aucun autre Patriarche, Metropolite, Archeveque ou évêque, une carte de voeux de Pâques dudit Patriarche de bienheureuse mémoire !

Il est sous-titré que le Patriarche a envoyé ses voeux à l'évêque Germain.
Quand on lit la carte, on se rend compte que le Patriarche n'a fait que répondre aux voeux dudit évêque Germain, comme a du le faire pour lui le vicariat patriarcal pour tous les autres voeux reçus de toutes sortes d'Eglises et organisations diverses !

D'ailleurs, la carte parle des autres membres bien-aimés de l'OSCM ?
Qu'est ce que c'est ?

http://orthodoxie.free.fr
Glicherie
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Message par Glicherie »

Cela signifie au moins une chose:

Le Patriarche était un homme poli et ne voulait pas mépriser l'ECOF, qu'il ne connaissait probablement pas.

Eternelle Mémoire!



ps OSCM ne connais pas.
pascal
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Message par pascal »

j'ai p eut être un début d'explication:

j'ai trouvé sur le net :The Orphans and Street Children Ministry (OSCM)

c'est une organisation missionaire au Kenya notamment... d'ici à ce que le vicariat se soit planté dans ses envois de remerciements pour les réponses aux voeux de nouvelle année, il n'y a pas des kilomètres...

http://www.lightofhope.info/orphans.htm

ça coinciderait avec les fonctions du défunt Patriarche.
Antoine
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Message par Antoine »

Vous ne saviez pas qu'une carte de voeux avait valeur de reconnaissance canonique dans l'orthodoxie?!
Remarquez à Rome ils ont bien des indulgences: vous pouvez réserver un strapontin au 6ème balcon. Si vous filez un bon pourliche à l'ouvreuse en blanc vous vous retrouvez en fauteuil d'orchestre.
Ah non, pour la grande loge de face c'est spécial. Là il faut réserver auprès de l'architecte en chef du théâtre et ça passe par d'autres canaux. Chuuuuuut!
pascal
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Message par pascal »

je disais qu'il a dû se glisser une erreur ou une confusion, car à ma connaissance notre Eglise n'a pas de lien particulier avec cet OSCM, à moins que le début d'explication que j'ai proposé ne soit pas valable.
pascal
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Message par pascal »

sinon il y a office des sport du canton de montfort, ou de charleville mézière, pour OSCM... mais là on s'éloigne. c'est pas moi hein c'est google qui le dit.

par contre j'ai cherché grande loge de face, ça ne marche pas sur google...
pascal
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Message par pascal »

La Divine Liturgie du rite des Gaules a l'insigne privilège de résoudre l'antinomie aiguë dressée devant la conscience d'un orthodoxe occidental : d'une part, il veut être en communion avec ses frères orthodoxes de l'univers - actuellement et depuis des siècles, l'Orthodoxie visible et historique se confond avec les peuples et le rite d'Orient - et, d'autre part, s'il renonce, au nom de ce souhait légitime, au rite de France, il s'arrache à son passé, se mutile et devient un étranger dans sa propre maison. La liturgie des Gaules lui offre l'équilibre : communion avec l'Orthodoxie universelle et le Christianisme de France.

La parenté de la Divine Liturgie de l'Ancien rite des Gaules, restaurée dans l'Eglise Catholique Orthodoxe de France, avec celles selon saint Jean Chrysostome et saint Basile, est frappante[1].

Le CANON EUCHARISTIQUE ou anaphore - d'une architecture impeccable, est structuré identiquement. Son plan, aussi bien dans les Liturgies selon saint Basile et saint Jean Chrysostome que dans celle des Gaules, est le suivant :

a - Dialogue, qui débute par la bénédiction trinitaire : "Que la grâce...
b - Préface
c - Sanctus
d - Post-Sanctus
e - Institution
f - Anamnèse
g -Offrande des Saints Dons
h -Epiclèse
i - Post-Epiclèse

Notons que les autres rites, qu'ils soient romain, copte, syrien, arménien ou l'anaphore actuelle de la Liturgie de saint Jacques, tout en gardant le même noyau, sont amplifiés par des ajouts, s'éloignant ainsi de la courbe simple et sobre de nos trois liturgies.

Cette similitude avec les deux rites byzantins, permet au prêtre la concélébration sans risque de trouble à l'instant redoutable de la consécration eucharistique.

Bien entendu les paroles sont différentes, mais il existe aussi une différence radicale entre les paroles de saint Basile et de saint Jean Chrysostome. Il en est de même du style. La pratique des deux anaphores byzantines, si dissemblables de contenu et identiques par structure, laisse toute possibilité aux prêtres et évêques accoutumés au rite oriental, de célébrer le rite des Gaules sans être désorientés.

On peut donc affirmer que le canon eucharistique du rite des Gaules est totalement semblable à celui des deux rites byzantins, sauf que ces deux derniers n'en emploient que deux tandis que le premier en possède un grand nombre quant aux textes.

MESSE DES CATECHUMENES : l'Agios du rite des Gaules et sa Litanie universelle - ou ecténie - constituent un autre rapprochement avec le rite oriental (le rite romain ne chante l'Agios que le Vendredi Saint, et après Vatican II seulement une Litanie composite y fut introduite).

MESSE DES FIDELES : la Grande Entrée, ignorée du rite romain, y tient une place de valeur. Ce symbole de l'entrée du Christ-Roi à Jérusalem avant Son Sacrifice, puissamment vécue par la piété orthodoxe, unit les deux traditions.

Le baiser de paix avant le Canon eucharistique (à Rome, il précède immédiatement la communion ; il est au début de la Messe des Fidèles dans le rite antique), est encore une fraternelle similitude.

La proclamation : "Les Choses Saintes aux saints" et le développement de la fin de la messe nouent d'autre liens.

De la même famille que les deux grandes liturgies orthodoxes, notre Messe, répétons-le, est néanmoins soudée à l'histoire de l'Eglise de France.

http://orthodoxie.free.fr/restauration_ ... gaules.htm
ce n'est qu'un extrait d'une masse conséquente de textes à votre disposition sur le site de l'ECOF.

on y trouve aussi les lettres de Saint Germain de Paris, en latin et en français..
http://orthodoxie.free.fr/lettres_de_sa ... _paris.htm

c'est fort intéressant je trouve, non?
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

C'est vraiment du baratin exalté sans consistance!
- et, d'autre part, s'il renonce, au nom de ce souhait légitime, au rite de France, il s'arrache à son passé, se mutile et devient un étranger dans sa propre maison.
En quoi en tant que Français je m'arrache à mon passé en célébrant St Jean Chrysostome? Jamais je n'ai rien ressenti de tel! Ou de mutilation quelconque! En quoi la liturgie de St Jean Chrysostome me fait étranger dans ma propre maison? Et tout ça pour nous dire finalement que les structures du canon sont identiques et qu'il n'y aura donc aucun trouble en cas de concélébration; qu'un prêtre orthodoxe oriental peut célébrer selon le rite des Gaules sans être désorienté.
Mais quelle contradiction! Parce qu'alors un prêtre occidental peut tout aussi bien célébrer selon le rite Chrysostome sans être désorienté non plus. Alors dans ce cas où est passée la mutilation? L'étrangification? annoncées dans le début du texte.

Quand j'assiste à une liturgie de St jean Chrysostome je ne vois rien d'oriental mais que de l'universel.

A-t-on le même point de vue vis à vis des Pères grecs? A-t-on entrepris une réécriture de leurs ouvrages "orientaux" pour les adapter au monde occidental? Vous vous sentez étranger quand vous lisez St Isaac ou st Grégoire de Naziance ou St Basile ou st Jean Climaque?
Là où je me sens étranger c'est quand je lis le catéchisme du pape , quand je lis le concile de Trente! Là oui, je me sens étranger dans ma propre maison parce que ma maison est celle de l'universalité orthodoxe et pas celles du particularisme de la propagande catholique romaine, de l'ultramontanisme, de la puissance papale, de l'hérésie au service du pouvoir.
Mais se sentir trahi par la pratique du rite de St Jean Chrysostome franchement j'ai rarement lu une pareille connerie! Il faut s'enivrer d'une spiritualité de pacotille pour ressentir un truc pareil.
<<La Divine Liturgie du rite des Gaules a l'insigne privilège de résoudre l'antinomie aiguë dressée devant la conscience d'un orthodoxe occidental>> Il faut vraiment se l'inventer cette antinomie et bien se l'enfonser dans la conscience! Il faut se la créer et l'imposer à tout le monde pour pouvoir ensuite y apporter le remède miracle des Gaules sorti d'on ne sait quel chapeau!

Car ce qui n'est pas dit bien sûr c'est que ce rite des Gaules est une invention montée de toute pièce et dans ce cas pourquoi ne pas prendre St jean Chrysostome qui contient tout le poids de la Tradition?
Et puis il n'y a pas que le texte même de la liturgie dominicale. Il faut ensuite reprendre tout le cycle liturgique annuel; et là c'est une autre paire de manches. Quel orthodoxe ira allumer un feu à la St Jean pour l'exorciser ensuite par exemple?

Qui a vu les manuscrits originaux du pseudo rite des Gaules soi disant retrouvé? Où sont-ils? Où peut-on les compulser? On s'est fabriqué un imaginaire et les conséquences sont désastreuses.
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