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Publié : sam. 14 mai 2005 9:01
par zohra
personnellement je n'aime pas du tout ce terme de mariage mixte....comme si on était deux animaux d'espèce différente....
la Bible dit bien que si l'un ne croit pas et l'autre oui, le Seigneur bénira l'union et les enfants qui naitront pour que le couple reste uni.

Mariage vie de couple sexualité

Publié : sam. 14 mai 2005 12:36
par eliazar
Moi non plus je n'apprécie pas le "raccourci" de Mariage Mixte. C'est un peu le lit de Procuste : à force de raccourcir les jambes, on coupe la possibilité d'avancer !

Mais c'est une manie moderne, contemporaine même : nos contemporains ne supportent plus les termes longs, ni les définitions précises. Ils ne supportent plus non plus les films ou les débats complets : à la télévision, ils préfèrent zapper que de se concentrer. C'est comme çà!

En fait ce n'est pas le couple qui est mixte, comme le raccourci le laisserait supposer. C'est la religion ! L'amusant, c'est que nous entendions tous à peu près la même chose : nous entendons l'expression comme s'appliquant aux conjoints - et nous laissons totalement de côté ce que signifie vraiment le Mariage.

Le Mariage est un acte surnaturel, sacré. Deux êtres humains s'unissent en Dieu - pour "participer" à l'oeuvre de Dieu, en donnant naissance à de nouvelles vies. Ce qui est en soi quelque chose d'extraordinaire... même si cela nous semble tellement naturel.

Mais notre mode actuelle est de parler beaucoup du plaisir, qui est important mais secondaire - et presque jamais du devoir, qui est, lui, essentiel. Cette perspective fausse tout, car si le but essentiel du mariage est le plaisir, alors (je m'excuse de paraître cynique) je ne vois pas du tout pourquoi ilfaudrait s'embarrasser des multiples contraintes du mariage (religieux ou même légal) !

Dans le véritable Mariage, les "conjoints" s'unissent en vue d'un double but : le plus apparent est de créer la vie, mais celui qui en découle (dans le temps) tout en lui pré-existant (dans son sens le plus fondamental), c'est de créer de nouvelles vies éternelles, pour le Royaume.

Ce en quoi l'absence de religion, l'opposition à la religion, ou l'appartenance à une communauté non "orthodoxe" - de la part d'un des deux époux - risque de créer des difficultés incessantes, et de maintenir une véritable épine enfoncée dans le coeur de celui des deux qui en est le plus conscient. Généralement, celui ou celle qui est "orthodoxe".

Car il ne s'agit absolument pas de balayer d'un revers de main l'autre conjoint. Qui pourrait faire cela, s'il aime son "frère-époux" ou sa "soeur-épouse" de toute son âme ?!

Au contraire, le tout premier devoir de l'époux est de mener l'épouse vers le Royaume afin que leur union se continue indissolublement jusque dans la vie éternelle. Ce n'est en fait que secondairement que l'époux et l'épouse ont, ensemble, le même devoir vis à vis de leurs futurs enfants.

Je dis l'époux parce que je suis un homme - mais c'est exactement le même devoir que l'épouse a vis à vis de son époux : on le dit moins, parce que la femme est en général plus sensible au sens sacré du mariage, et qu'elle a neuf mois, à chcune de ses grossesse, pour méditer cela en profondeur, dans tout son être physique, certes, mais encore et indissolublement dans son être spirituel. C'est plus souvent hélas aux hommes qu'il faut rappeler qu'ils sont autre chose que des bêtes de reproduction !

Quant on considère "sérieusement" le Mariage, le véritable Mariage, on comprend que les Apôtres aient dit : sachant cela, qui osera encore se marier !

Et il est évident que le fait d'avoir une même foi chevillée au coeur - même si les deux n'ont pas le même niveau d'expérience de la vie en Dieu, ou de connaissance de la sainte doctrine - aide à monter ensemble vers la vie éternelle; et le contraire freine terriblement. Les deux, du reste. Et forcément aussi leurs enfants.

Malheureusement, dans la société marchande actuelle, tout est fait pour nous répéter à longueur de vie : "vous êtes des bêtes, profitez-en" !!!

Alors qu'en réalité, c'est le monde capitaliste qui en profite... Et nous qui y perdons notre âme.

Mariages mixtes...

Publié : lun. 16 mai 2005 16:50
par Jean-Serge
zohra a écrit :personnellement je n'aime pas du tout ce terme de mariage mixte....comme si on était deux animaux d'espèce différente....
la Bible dit bien que si l'un ne croit pas et l'autre oui, le Seigneur bénira l'union et les enfants qui naitront pour que le couple reste uni.
Bonjour Zohra

Vous mentionnez en fait une épître de Saint PAUL aux Corinthiens je suppose dans laquelle il dit que le mari est sanctifié par sa femme et inversement... Toutefois cela -de l'avais de tous- s'applique aux couples dont l'un des membres a adopté le christianisme alors qu'ils étaient déjà mariés. En revanche, Saint Paul dans la même épître rappelle bien de se marier "dans le Seigneur". Cela est logique car si la famille doit être une petite église, il faut bien que les conjoints aient la même foi...

Mais bien sûr les couples mixtes peuvent aussi être très heureux...

Re: Mariages mixtes...

Publié : lun. 16 mai 2005 17:46
par zohra
Jean-Serge a écrit :
zohra a écrit :personnellement je n'aime pas du tout ce terme de mariage mixte....comme si on était deux animaux d'espèce différente....
la Bible dit bien que si l'un ne croit pas et l'autre oui, le Seigneur bénira l'union et les enfants qui naitront pour que le couple reste uni.
Bonjour Zohra

Vous mentionnez en fait une épître de Saint PAUL aux Corinthiens je suppose dans laquelle il dit que le mari est sanctifié par sa femme et inversement... Toutefois cela -de l'avais de tous- s'applique aux couples dont l'un des membres a adopté le christianisme alors qu'ils étaient déjà mariés. En revanche, Saint Paul dans la même épître rappelle bien de se marier "dans le Seigneur". Cela est logique car si la famille doit être une petite église, il faut bien que les conjoints aient la même foi...

Mais bien sûr les couples mixtes peuvent aussi être très heureux...
Si les époux croient tous deux en Christ,alors ils ont la même foi,même s'ils n'apprtiennent pas à la même communauté.pour moi c'est cela se marier dans le Seigneur.

Re: Mariages mixtes...

Publié : lun. 16 mai 2005 20:14
par Jean-Serge
zohra a écrit : Si les époux croient tous deux en Christ,alors ils ont la même foi,même s'ils n'apprtiennent pas à la même communauté.pour moi c'est cela se marier dans le Seigneur.
Cette analyse de l'expression de Saint Paul "se marier dans le Seigneur" me mène vers d'autres conclusions. On se demande bien sûr qui est le Seigneur (dont il est question). Or sont Seigneur, le Père, le Fils et l'Esprit (je n'ai point les extraits bibliques en tête mais je puis les retrouver aisément si vous le demander). Donc on dépasse l'obligation minimale que vous mentionniez de croire au Christ...

Puis poursuivons si vous le voulez bien... Toutes les communautés croient-elles à la Trinité et tout simplement au Christ de la même façon? Et bien non... Les Unitariens, pour prendre un exemple croient dans le Christ mais en niant sa divinité... et ainsi de suite... Pour en rester aux hypostases de la Trinité, il y a cette question du filioque à laquelle croient les catholiques...

Mais revenons au Christ... Nos époux (admettons-le) croient au Christ.... Mais l'Eglise est le Corps du Christ... De ce fait, croire au Christ c'est aussi croire en une Eglise bien précise et adhérer à ses dogmes, son enseignement etc. Dès lors si deux églises qui se réclament du même Christ ont des dogmes différents, cela veut dire que ce Corps du Christ présente un léger souci... Il serait divisé, il n'aurait pas une grande cohérence... De là le fait, que se marier dans le Seigneur ne peut impliquer qu'un mariage homogène (religieusement)... avec une personne ayant exactement la même foi. J'espère avoir été plus ou moins clair... et pas trop confus...

Mais bien sûr, chacun est libre de faire ce qu'il veut...

mariage dans la liturgie

Publié : sam. 11 juin 2005 23:32
par paraclésis
Je viens de lire d'une traite ce fil.
Je ne sais si cela contredit les usages du forum, mais je vais signaler qu'à Marseille depuis dix ans les mariages ont lieu durant la divine liturgie paroissiale (paroisse francophone).
Suite à l'étude des textes disponibles en grec et en français, suite à une foultitude de discussions en paroisse, les mariages unissant deux orthodoxes (ce ne sont pas les plus nombreux !) se déroulent dans la liturgie. Il a fallu un peu changé nos usages.
Les futurs mariés parfois refusent, le plus souvent pour des questions d'horaire (réunion de famille dispersées, désir d'un mariage durant des périodes non autorisées, ou encore hélas parce que leur conception du mariage en fait à tors une affaire privée...)
Les paroissiens ne se sont jamais plaint du rallongement de la liturgie. De toute façon, nos prêtres commencent les offices à l'heure, et finissent quand ils finissent !
Par contre, parfois le comportement des invités de la noce dérangent, là il y a problème, aussi à la demande des paroissiens, les prêtres interviennent quand nécessaire.

Publié : dim. 12 juin 2005 19:03
par Antoine
Pourriez-vous nous indiquer l'ordo détaillé que vous suivez pour cet office?

Publié : dim. 12 juin 2005 21:15
par paraclésis
De mémoire non. Je vais rechercher si j'ai encore le texte premier avec les consignes de la chorale ou le numéro du journal paroisial en donnant une description après mise en pratique.
P André Borély a scotché sur son hiératikon le texte définitif, mais euh, je suis pas sûre de vouloir lui donner à lire le forum...

Mariage, sexualité

Publié : lun. 13 juin 2005 10:38
par eliazar
Antoine, tu as écrit (le 17 janvier en réponse à Monique) :
« J'ai donc voulu indiquer que le mariage était le rétablissement de cette structure trinitaire telle qu'elle a été instituée par Dieu et que donc il y a une pérennité de cette structure dans le Royaume. (C'est un théologoumène .) »
Nous sommes nombreux sur ce forum à ne pas connaître d’autres mots français que ceux qui peuvent se trouver dans un bon dictionnaire de langue courante ou littéraire. Ce n’est pas la première fois que je me pose la question d’un glossaire orthodoxe que nous devrions créer, dans la partie « SITE », pour faciliter la compréhension ds textes orthodoxes cités par l’un ou l’autre des intervenants de culkture orthodoxe – afin de les rendre accessibles aux nouveaux venus à cette culture spécifique. Ayant eu à publier, jadis, un recueil d’homélies orthodoxes (pour rendre service à mon Évêque de l’époque), j’avais senti déjà cette obligation, car ce recueil était destiné à un vaste public non averti – et publié par une maison d’éditions catholique romaine. Obligation (ou nécessité absolue ?) que les écrivains qui avaient participé à ce recueil n’avaient pas ressentie parce que leurs textes étaient à l’origine adressés à une audience de fidèles orthodoxes, et donc censés comprendre tous ces mots-là. Et cependant nous savons bien que même dans une paroisse orthodoxe de vieille souche, une partie du vocabulaire utilisé couramment par un ex-étudiant en théologie n’est comprise que « à peu près ».

Théologoumène me semble parfaitement illustrer cette nécessité.

Mariage et sexualité

Publié : lun. 13 juin 2005 12:14
par eliazar
Antoine a écrit le 16 janvier:
« L'homme a un rapport trinitaire à Dieu. Adam–Eve–Dieu / Eve-Adam-Dieu. C'est cela faire une seule chair.»
Il y aurait beaucoup à développer sur cette « chaîne d’amour » qui relie en quelque sorte les « deux-en-une-seule-chair » pour les ancrer en Dieu. Et qui, plus encore qu’une chaîne d’amour, est un circulus d’amour, car l’amour conjugal a de toute évidence d’abord eu « naissance » dans la volonté amoureuse de Dieu - qui a d’abord réunis mystérieusement l’époux et l’épouse, qui s’ignoraient encore en tant que tels (comme il a tiré Éve d’Adam, qui était endormi, avant de la lui « présenter ») avant même de bénir leur mariage par l’acte liturgique célébré dans Son Église.

Comme le Verbe et Fils est « descendu » pour prendre chair de Marie et est devenu homme – avant de « remonter » en emportant dans Son Royaume l’humanité assumée par Lui, je ressens profondément que l’amour conjugal est d’abord issu d’une motion du Saint Esprit qui « jette » en quelque sorte deux êtres humains l’un vers l’autre, l’un en l’autre, et les constitue en « mariage », avant de transfigurer ce mariage dans le Royaume après leur mort terrestre et leur re-naissance pour la vie éternelle. C’est en tout cas ce qui me rend évidentes les réponses ou partie des réponses apportées dans ce fil par Antoine, et quelques autres.

Mais ma question va au-delà de la citation que je viens de faire, et qui en est le tremplin en quelque sorte. Et pour garder l’image du tremplin, ce qui fait rebondir ma question ( !!) est la citation bien connue de saint Paul (Ière aux Corinthiens 7, 12-14) :
<<Si un frère a une femme non-croyante, et qu'elle consente à habiter avec lui, qu'il ne la répudie point; et si une femme a un mari non-croyant, et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle ne répudie point son mari. Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le mari croyant; autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu’ils sont saints. >>
Comme ce texte est généralement compris, Paul ne parlerait que du mariage d’un croyant (chrétien) avec une non croyante (et vice-versa). Mais ne s’applique-t-il pas également lorsque la partie orthodoxe épouse un(e) croyant(e) hérétique – par exemple, qui croit à la sainteté du Christ, qui le vénère (c’est par exemple le cas des musulmans), mais ne croit pas à Sa divinité ? Nous vivons dans une société où de tels cas se retrouvent presque aussi souvent qu’au temps de Paul le mariage avec un païen. Il n’y a pas que les musulmans dans ce cas, du reste ; nombreux sont nos contemporains qui considèrent le Christ avec un grand respect, mais comme un homme exceptionnel, ou au mieux, un grand prophète. Et parfois, il s'agit de personnes profondément "religieuses" ou "spiritualistes", voire même baptisées dans leur petite enfance, mais ensuite non enseignées - et qui ont cherché à droite et à gauche jusqu'à se former un véritable corps de doctrine (cf les guénonistes,etc.), long et difficile à éclairer, surtout à l'âge adulte et lorsqu'il s'agit d'une véritable culture, et pas d'idées vaguement à la mode.

En ceci, l’arianisme dont nous venons de célébrer la condamnation dimanche en fêtant les Pères du premier Concile (de 318) est loin d’avoir disparu, et on en trouve plus que des traces dans ce qu’on désigne habituellement sous l’appellation pudique d’agnosticisme. Et même, avec la montée des ésotérismes de la famille « new age », par exemple, cette « pudeur » recouvre de plus en plus de véritables croyances gnostiques.

Paul semble bien considérer dans ce texte que :

1° le mariage a été célébré liturgiquement - dans l’Église
2° la bénédiction divine a été appelée par le prêtre sans que la partie non croyante (au sens de la Foi du Credo) en soit exclue (du reste si elle l’avait été, il n’y aurait pas mariage du tout) – et même avec la possibilité qu’il ou elle continue, au cours de ce mariage, à « professer » sa non foi à la divinité du Christ ; ou à Sa résurrection, etc.

L’Église peut-elle, dans ce cas, accepter de célébrer un mariage unissant en fait un croyant chrétien et une croyante non chrétienne ?

La notion de « mariage mixte » ( je trouve l’expression inexacte) ne s’applique-t-elle qu’aux cas d’union entre orthodoxe et non orthodoxe, par exemple catholique romain, protestant ou autres dérivés ?

Ou bien l’Église peut-elle considérer également comme un vrai mariage (« mixte ») l’union entre orthodoxe et hérétique ? Avec l'espoir toujours que la partie croyante, par la vertu du "circulus" dont je parlais plus haut, puisse "emmener" la partie non croyante jusqu'à la transfiguration dans la vie éternelle, dans le Royaume du Christ qu'il ou elle ne reconnaît pas encore, dans cette vie-ci ?

Ce type d'union, sacralisé par le mariage, peu-il être envisagé par exemple lorsque la partie non croyante est toutefois membre de l'Église par son baptême ? Ceci pour tenir compte de ce qu'avait déjà écrit Antoine au début de ce fil :
Un(e) orthodoxe peut toujours se marier civilement avec un(e) hétérodoxe et demander l'autorisation de communier dans sa paroisse en attendant que son (sa) conjoint(e) devienne orthodoxe. Cela m'étonnerait que cette économie ne soit pas accordée. Ah bien sûr , vis à vis de l'entourage ça n'a pas la même prestance que les pompes de Daru et il faut expliquer à tout le monde pourquoi il en est ainsi. Cela oblige à réfléchir sur sa propre foi et à l'affirmer. Mais quel sens cela aurait-il de conférer le sacrement du mariage à quelqu'un qui n'est pas membre de l'Eglise? C'est ça la question et non pas celle des accomodements.
Maintenant rassurez vous, le laxisme épiscopal a déjà souvent donné l'autorisation pour de tels mariages en l'Eglise, quoique maintenant ils resserrent un peu la bride et freinent ce type d'union. Je dis "laxisme" volontairement car on n'est plus dans le domaine de l'économie. Une économie se confère en l'Eglise et pas à quelqu'un qui n'en fait pas partie.
Peut-on alors considérer que les deux font partie de l'Église, puisque tous deux baptisés, mais à deux stades différents de leur foi ?

Mariages dit mixtes

Publié : lun. 13 juin 2005 12:33
par Jean-Serge
Excusez-moi Eliazar, mais ce texte de Paul mentionne uniquement le cas des couples mariés formés préalablement à la conversion d'un des conjoints au christianisme... Je devrais pour cela rechercher la source patristique que j'ai oublié mais il n' y a aucun doute à cela (enfin je crois).

Toujours au sujet de ces mariages "mixtes", je serais heureux de savoir auprès des personnes ayant un certain vécu, si sociologiquement parlant, les cas de mariages mixtes se retrouvent surtout auprès des "non pratiquants". Est-ce que le passage à l'église orthodoxe pour un mariage mixte est l'occasion de renouer avec l'Eglise orthodoxe. Est-ce que ce mariage mixte suppose un engagement de la part du couple de baptiser les enfants dans l'Eglise orthodoxe?

Enfin, j'avais entendu parlé d'un rapport de l'AEOF sur le sujet? Est-il disponible quelque part?

Concernant cette pratique des mariages "mixtes", j'ai cru comprendre que l'Eglise serbe (à vérifier) demande que les enfants soient baptisés dans l'Eglise orthodoxe alors qu'en Géorgie, aucun mariage mixte n'est célébré à l'église.

Mariage et sexualité

Publié : lun. 13 juin 2005 12:43
par eliazar
Jean-Serge a écrit :
ce texte de Paul mentionne uniquement le cas des couples mariés formés préalablement à la conversion d'un des conjoints au christianisme... Je devrais pour cela rechercher la source patristique que j'ai oublié mais il n' y a aucun doute à cela (enfin je crois)
A cela, j'ai déjà répondu par avance, en établissant un parallèle entre le temps de Paul (co existence de l'Église naissante et du monde païen dominant) et notre temps (co existence de l'Église "survivante" et du monde pagano-hérétique majoritaire).

Paul parlait à "ses" chrétiens de Corinthe, et répondait aux cas précis qui se posaient à eux, au sein de la société dans laquelle ils vivaient. Nous vivons dans une autre société, et le même problème se pose à nouveau, mais dans d'autres termes.

Mariage et sexualité

Publié : lun. 13 juin 2005 13:21
par eliazar
On a déjà parlé au début de ce fil des remariages de veufs ou de veuves. Et on l'a fait en rappelant très justement que le mariage est indissoluble, donc jusqu'à la vie éternelle comprise, comme l'est l'union du Christ et de l'Église.

Je n'aurai pas le mauvais esprit de souligner que le Christ ressuscité ne meurt plus, et que les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église. Jeanne Saint Gilles me prierait avec raison de ne pas faire de blagues douteuses.

Reste que si la position parfaite est bien celle de sainte Macrine, et de rester jusqu'à sa propre mort fidèle à l'union indissolublement contractée avec le membre défunt, saint Paul a tout de même écrit, dans la suite du chapitre 7 de sa première épître aux Corinthiens :
"Je dis aux célibataires et aux veuves : il leur est bon de demeurer comme moi. Mais s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient : mieux vaut se marier que brûler" (8-9)
Et plus loin, il précise même :
"Une femme demeure liée aussi longtemps que vit son mari; mais si le mari meurt, elle est libre de se marier avec qui elle veut, quoique seulement dans le Seigneur. Elle est pourtant plus heureuse, à mon avis, si elle demeure comme elle est." (39-40)
Paul ne situe donc pas le remariage comme un manquement, ni même comme une imperfection formelle - mais en parle en termes de prudence, ou d'économie.

Et pourtant : le (la) remarié(e) n'aura-t-il pas, comme la femme dont parle l'Évangile, plusieurs maris ou plusieurs épouses dans le Royaume ?

La réponse du Seigneur n'excluerait donc pas la co existence, alors, de plusieurs amours conjugaux indissolubles ("elle est libre de se marier avec qui elle veut ... / ... dans le Seigneur") ?

Même si nous comprenons bien que les conditions nouvelles de la vie dans le Royaume ne supposent plus l'accomplissement de l'amour dans la chair, nous retrouverions alors (et avec cette seule modification) l'état vétéro testamentaire des mariages de l'époque patriarcale ?

Publié : lun. 13 juin 2005 14:56
par samuel
En pratique, que se passe t'il quant un prêtre ou un diacre se marie après son ordination, ou divorce ?

Peut il avec autorisation de son évêque se marier valablement ?
Peut il s'il a divorcé se remarier et rester dans son ordre?

Publié : lun. 13 juin 2005 15:00
par Jean-Louis Palierne
N’ayant pas le temps pour quelques jours d’écrire autant que je voudrais, je me borne à citer quelques morceaux une étude du père Grigorios Papathomas sur les mariages mixtes. J’ai pris un petit condensé des parties qui concernen( uniquement le mariage.
Dans le cadre de la coexistence des Communautés religieuses au sein d’une société pluraliste des citoyens, le mariage faisait et fait fonction, jusqu’à aujourd’hui encore, tantôt de facteur de rencontre, tantôt de facteur de retranchement entre ces Communautés comme entre leurs membres. Tout au long des siècles, les pratiques n’ont pas été toujours et partout les mêmes. Les unes furent adoptées dans des sociétés monoculturelles ou dans des îlots “millet”-ethnoreligieux au sein d’un empire, les autres ont émergé de facto dans des sociétés multiculturelles.

Il est également vrai que, à un certain moment de la vie humaine et de l’Histoire, le mariage fut adopté parce qu’il contribuait à la construction et à la stabilisation d’une Communauté religieuse homogène et unie. Toutefois, quand il a été exploité à cette seule fin, il a davantage favorisé l’isolement communautaire que l’ouverture vers l’extérieur et la rencontre avec les autres. L’exploitation du mariage dans ce but a donné lieu à des pratiques validées par la coutume et la loi, lesquelles, par la suite, ont creusé encore davantage le fossé. Ainsi, de nos jours, où est universellement menée une lutte pour l’unité des peuples, le mariage qui, par définition, se doit d’être non seulement le couronnement de l’amour dans une société centripète des personnes, mais aussi l’image du Royaume de Dieu, devient générateur de conflits, de séparation entre les partenaires du couple-famille, ainsi que de tendances centrifuges. Et il en est ainsi et toujours avec l’approbation institutionnelle, avouée ou tacite, des Communautés religieuses.

[…]

Avant tout, pour la Théologie de l’Église, le mariage est ce qui constitue le mystère de la vie, de la communion des personnes et de l’union de deux existences en une seule chair telle que Dieu l’a conçue (cf. Mt 19, 6 ; Mc 10, 8 ; Éph 5, 31). Le terme “mariage” est préservé exclusivement pour distinguer l’union unique entre un homme et une femme, établie par Dieu Lui-même, pour accomplir ses visions cosmogoniques et eschatologiques. Tout événement-mariage, indépendamment de la religion et du rituel, est de tout point de vue l’accomplissement du but et du vœu cosmogoniques de Dieu qui veut que le “ genre humain se multiplie et se répande sur la terre ” dans une perspective de co-création (Gn 1, 28 ; 9, 1. 7), condition préalable de la réception et, par suite, de la métamorphose du genre humain, un et unique, en société/communion du Royaume. C’est la raison pour laquelle le verbe biblique répète avec insistance : “ Ce que Dieu a uni, qu’un homme [ou une Communauté] ne le sépare point ” (Mt 19, 6 ; Mc 10, 9). L’union conjugale introduit l’homme et la femme — les deux unis — dans une réalité nouvelle, un nouveau et unique modus vivendi et il en fait une création nouvelle d’“une seule chair”. L’aspect vital/mystérique de cette création nouvelle n’est pas limité à l’office liturgique lui-même, mais devrait continuer et croître durant toute la vie des personnes concernées. C’est ainsi qu’était vécu le mariage dans la Communauté protochrétienne et que l’a transmis la première voix théologique de l’Église, Paul, l’Apôtre des nations, en disant qu’il s’agit d’un “ Grand Mystère ” (Éph 5, 32) en soi [aspect monogame, hétérosexuel, conjugal et communionnel], mais qui, dans la perspective de la présence dans le monde adoptée par l’Église, s’exprimait profondément dans le vœu liturgique que ce mariage s’accomplisse “ en Christ et en l’Église ” (Éph 5, 32). Car, pour l’Église, le mariage chrétien est l’icône de la relation d’amour qui existe entre le Christ et son Corps tout entier, l’Église “répandue à travers tout l’univers”. Il trouve son sens ultime dans la participation à cette relation. Le mariage est donc essentiellement une réalité ecclésiale [aspect sacramentel/mystérique, ontologique, sotériologique et eschatologique].

[…]

Durant la quasi-totalité du premier millénaire, le mariage était un fait de société, célébré dans le Mystère unique de l’Église. Étant donné que, d’ordinaire, il était célébré durant la Divine Liturgie, et jamais à un autre moment, puisqu’il s’agissait de fidèles-membres du corps ecclésial, il était procédé à une sorte de bénédiction précédant la Sainte Communion (Tertullien-Ignace d’Antioche), qui bénissait la décision commune de vie, commençait par la communion commune et le calice commun.

Nous savons tous que la Divine Liturgie des st Basile de Césarée (4e siècle) et st Jean Chrysostome (5e siècle) est divisée en deux parties : la Liturgie des Catéchumènes (Liturgie de la Parole) et la Liturgie des Fidèles (Liturgie eucharistique) qui débute juste avant l’annonce “ Les portes, les portes, … ”. Or, quand il s’agissait d’un couple, dont l’un des membres était un fidèle baptisé et l’autre un catéchumène non baptisé, il n’était pas possible en pratique de procéder à une telle bénédiction de mariage pendant la Liturgie des Fidèles, vu que le catéchumène non baptisé devait sortir en ce moment liturgique donné, sans avoir le droit d’y assister. L’Église a alors été obligée de déplacer la bénédiction de mariage pendant la Liturgie des Catéchumènes, pour épargner au couple une attente allant jusqu’à trois ans, durée de la catéchèse jusqu’au baptême. Elle a donc déplacé cette bénédiction de mariage aussi bien pour les fidèles que pour les catéchumènes désormais avant la lecture de l’Épître apostolique et de l’Évangile, et, en fait, cette pratique du moment de la bénédiction s’y est maintenue jusqu’à aujourd’hui pour les deux types de la célébration de mariage (Divine Liturgie et Office de Mariage).

[…]

C’est précisément dans de telles situations, pour répondre à certaines demandes, que semble être apparu le mariage dispar, comme est apparu plus récemment, à partir de la fin du 19e siècle, et pour des raisons analogues le mariage mixte.

[ G. P. appelle “mariage dispar” le mariage interreligieux, et “mariage mixte” le mariage entre chrétien]

À ceux qui rejetteraient l’historicité et la réalité de ce mariage correspondant à la réalité sociale de disparité de cultes, nous aimerions d’abord poser une question. À un moment historique donné, pour quelle raison l’Église, en plus de la cérémonie de mariage, célébrée pendant la Divine Liturgie (soit celle des Fidèles, soit celle des Catéchumènes), a-t-elle carrément admis que la cérémonie du mariage puisse sortir du cadre de l’Eucharistie, introduisant l’office du mariage tel que nous le possédons aujourd’hui, célébré hors de la Divine Liturgie et a-t-elle ainsi créé une nouvelle forme de cérémoniel, tout à fait semblable dans sa structure à la Divine Liturgie, mais excluant par définition la Sainte Communion et le calice commun ? […] Simplement, la pratique qui s’est instituée bien plus tard, dressant des obstacles institutionnels pour les raisons que nous avons vues et que nous allons voir, a changé les données et a abouti, aujourd’hui, à ce que l’Église soit sans ouverture vers la Création et le monde tout entier ou à ce que le corps ecclésial, pour se défendre, ne cesse de proposer des solutions allant à l’encontre de la liberté et des solutions contraignant à la double appartenance religieuse forcée.

Précisons que l’Église catholique a maintenu depuis toujours ce type de mariage, tandis que l’Église orthodoxe l’a aboli après la chute de Constantinople (1453). Voyons toutefois ce qui s’est passé : il est déjà fait référence au mariage dispar dans le Nouveau Testament (1 Cor 7, 1-40). L’Église primitive vit alors dans un environnement païen, idolâtre. Nombreux sont ses membres, fidèles baptisés, qui épousent des femmes idolâtres non baptisées. Et pourtant, l’Église bénit leur mariage (1 Cor 7, 14. 16). Ici encore, lorsque l’un des membres du couple d’idolâtres se fait chrétien, l’Église primitive enjoint, non seulement de ne pas se séparer, mais aussi de ne pas demander la dissolution du mariage (1 Cor 7, 10-16 et 26).

[…]

[Enfin G. P. aborde le cas du mariage civil (actuel)]

Ce mariage célébré à la Mairie est considéré comme non-mariage de la part de l’Église catholique pour des raisons purement idéologiques, tandis que l’Église orthodoxe, pour les raisons théologiques que nous avons soulignées plus haut, l’accepte en tant qu’accomplissement du mystère et du but ultime de la vie.

[…]

Pour consolider encore plus ce point de vue, qu’il soit permis de faire une comparaison en rapport avec la confession ecclésiale, quoique de tels arguments ne devraient pas être invoqués. Si quelqu’un, en confession, déclare à l’Église que, avant le mariage qu’il est sur le point de contracter, il a eu des liaisons, disons, avec cinq femmes, l’Église célèbre son mariage comme un premier mariage. Tandis que, s’il dit qu’il a déjà contracté trois mariages civils, l’Église orthodoxe ne célèbre pas de (quatrième) mariage. Voilà pourquoi, en fin de compte, le mariage civil constitue un mariage du point de vue aussi bien pratique que théologique. Parce qu’il constitue un engagement public à fonder une communauté de vie, icône du Royaume à venir, dans le cadre d’une communauté d’hommes.

[…]

Enfin, il est grand temps, pour l’Église orthodoxe, de renoncer aux barrages culturels et nationalistes qui ont été élevés dans le passé récent et de se tenir théologiquement plus ouverte et d’un point de vue sotériologique plus dilatée, face aux hétéroreligieux et, en particulier à l’Islam et aux Communautés musulmanes, vu que, d’une part, une longue expérience historique passée prouve que cette ouverture est possible et que, d’autre part, dans le présent, cette possibilité existe objectivement.
J’ajouterai simplement une remarqua personnelle : il me semble tout à fait excessif de parler d’une dimension “eschatologique” du mariage, tout comme d’y voir un prolongement des relations trinitaires. Cela fait partie de la majoration du mariage trop fréquente dans le discours théo-idéologique contemporain.