signe de croix

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Modérateur : Auteurs

Antoine
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signe de croix

Message par Antoine »

Date : 13.04 18h14
auteur : Serge


Bonjour à tous,
quelqu'un pourrait-il me donner l'origine et "théologie" éventuelle du signe de croix et en particulier pourquoi les orthodoxes et catholiques le
font-ils différemment!
Merci d'avance de combler mon ignorance.
Antoine
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signe de croix

Message par Antoine »

Date : 13.04 20h20
auteur : lecteur Claude


Monsieur,

Vous trouverez la réponse à la plupart de vos questions dans
l'intéressant article qui suit:

Hiéromoine NICOLAS (Molinier)
A propos de l'histoire du signe de la croix
in Le Messager orthodoxe n° 128, Paris 1997, pp. 28-45
revue disponible auprès de la librairie Les Editeurs Réunis, 11, rue de la
Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris, télécopie 01-43-25-34-79,
téléphone 01- 43-54-74-46,
courriel ed.reunis@wanadoo.fr.
Le prix de la revue doit tourner autour de 09 euros.


On s'est signé avec trois doigts en Occident jusqu'au XIIème siècle et le pape Innocent III (1198-1216) écrivait encore que le signe de croix
se faisait avec trois doigts et de droite à gauche.
Puis, au XIIIème siècle, l'usage actuel s'est imposé, sans que personne ne donne d'explication ou de justification particulière à ce changement. Peut-être voulait-on à tout prix se séparer des orthodoxes sur tous les plans?

En Russie, on a fait le signe de croix à la manière orthodoxe - i.e. de droite à gauche -, mais avec deux doigts, jusqu'aux corrections
liturgiques du patriarche Nikon au XVIIème siècle, et les Vieux-Croyants continuent à se signer avec deux doigts - de même que les Arméniens.
Antoine
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signe de croix

Message par Antoine »

Date : 13.04 22h10
auteur : Éliazar


Merci, Claude, pour ces indications si précises. Je vais tâcher
de me procurer ce n° 128 du Messager Orthodoxe.

Serge, puis-je me permettre de suggérer une autre piste ?
Complémentaire, en tout cas. Elle ne me semble pas avoir grand chose à faire avec l'historique du Signe, mais avec son sens profond.

Quand notre Père Isaïe poursuivi par ses persécuteurs et à
bout de forces a supplié Dieu, sur la montagne du Carmel, Dieu lui a dit qu'il allait passer devant lui, mais qu'il courait grand danger d'en mourir.
Aussi devait-il se voiler la face dans son manteau. C'est un mouvement que tout le monde fait machinalement, que celui de ramener le pan de
son manteau d'un côté (disons le droit…) vers l'épaule opposée pour mieux se protéger.
Je pars de la supposition qu'Isaïe était droitier, et donc s'est « protégé du
danger (spirituel) par un mouvement parti de l'épaule droite pour «se refermer » sur l'épaule gauche
– mais ce n'est pas encore l'explication, bien sûr.
La droite est celle qui tient le glaive, c'est le côté de la
Puissance, mais aussi de la Force punitive.
La gauche est celui du Cœur. De la Compassion. Du pardon,
aussi ?
Le Christ (siégeant pour Juger les Vivants et les Morts, au
Grand Jugement) siège à la droite du Père, etc…
La droite est aussi la place d'honneur.

En se signant de la droite à la gauche, le chrétien ne fait-il pas
le mouvement
d'Isaïe : se protégeant à la fois du danger de mort spirituel
(donc du démon qui
rôde cherchant qui dévorer), et « refusant la place d'honneur »
pour se diriger
volontairement vers celle où il n'aura plus de refuge que dans
le Cœur de Dieu,
dans sa Grande Compassion ?
Si c'est bien cela, alors le signe de croix initial, celui que les
Orthodoxes
ont gardé et que les schismatiques ont ensuite « inversé » -
comme tant d'autres
gestes sacrés… - serait à la fois :
· un acte pour se déclarer « homme remis à Dieu », serviteur
du Christ et
portant sa croix sur toute sa personne comme une livrée
· une déclaration d'humilité, un aveu qu'il est trop pécheur pour
« mériter »
la place d'honneur (celle par exemple du Pharisien dans la
synagogue !) et qu'il
va de sa propre volonté se placer du côté de la Miséricorde
· un geste sacré pour se mettre à l'abri de tout : tentation de
voir Dieu,
danger du démon persécuteur, et surtout du danger spirituel
…celui de
l'apostasie comme celui du péché


Bien sûr, inverser une telle gestuelle symbolique, sacrée parmi
tous les gestes,
ne serait-ce pas se déclarer, se désigner, se « signer » comme
voulant être (ou
étant déjà) à l'opposé de la Foi qu'impliquait le Signe de Croix
des premiers
chrétiens ?
Dans ce cas (terrible sur le plan symbolique) celui qui inverse
choisirait
implicitement de « terminer » (son geste ? mais peut-être
même sa vie ?) par la
Justice de Dieu, plutôt que sous la garde de sa Miséricorde.
Il réclamerait la Justice (lui qui est aussi pécheur que le
Publicain) alors
que les Apôtres et leurs successeurs lui ont fait don du geste
qui implore la
Miséricorde et l'effacement de la cédule du péché…
Il y aurait une sorte de rapport mystérieux avec l'incroyable
inversion
apportée à la traduction (qu'on veut nous faire passer pour «
œcuménique » !) du
Pater :
« Ne nous INDUIS pas en TENTATION » ( !) substitué à la
formule de l'Évangile «
Ne nous soumets pas à l'épreuve »… et bien sûr, la disparition
diabolique de «
Et délivre-nous du malin »…
Si je ne me mets pas complètement le doigt dans l'œil – alors :
pauvres
catholiques devenus « romains »…

Que notre Chère mère Marie l'Égyptienne daigne me préserver
d'avoir erré (et
pire : d'errer encore) sans recevoir la correction fraternelle que
vous allez
sans doute me communiquer?
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 14.04 00h11
auteur : Serge


Cher Eliazar,
Loin de moi l'idée d'aucune correction mais un grand merci pour ces pistes ouvertes. Merci également de faire référence à Marie l'Egyptienne pour laquelle j'ai une grande affection spirituelle.
Serge
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 14.04 09h59
auteur : Éliazar



Notre merveilleuse mère Marie l'Égyptienne n'est-elle pas notre
secrète icône à
tous ?

Prostituée comme nous le sommes tous plus ou moins, hélas,
elle (au moins) a
éprouvé un jour la soif de "se jeter à la mer" - comme une
pauvre bouteille vide,
ballotée sur l'océan des passions - pour aller jusqu'à
Jérusalem.

Frappée en plein coeur par la beauté divine (comme nous
sommes une foule
innombrable à l'avoir été un jour), elle n'a pas attendu "d'en être
revenue" -
et de crainte d'en revenir jamais, elle a eu l'héroïsme de se jeter
une fois
encore dans le grand inconnu - mais cette fois complètement
nue, et dans le
désert. Pour toujours.

Mère Marie l'Égyptienne est inscrite tout au fond de nos coeurs
à tous, pécheurs
que nous sommes, comme une bienheureuse brûlure qui ne se
cicatrisera qu'au jour
du Grand Jugement : si notre Maître tant de fois abandonné a
la Grande
Miséricorde de nous en guérir enfin...
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 14.04 10h30
auteur : Éliazar


J'ai l'esprit de l'escalier, mon cher Serge! A propos de ce que je
viens déjà de
vous répondre sur notre mère Marie l'Égyptienne, j'aimerais vous
proposer encore
trois "pistes" ... toujours dans le même désert.

1° Ce n'est pas sans raison que la Sainte Église nous la fait
invoquer comme
"Notre Mère Marie" : elle est notre mère à nous, qui sommes
prostitués comme
elle le fut, mais ne sommes capables ni de fuir dans le désert
absolu comme
elle l'a fait, ni de devenir de grands saints - comme elle l'est
devenue.
Marie la Vierge, elle, c'est comme Mère du Christ - c'est à dire
Mère de Dieu
- que nous pouvons seulement nous permettre de la vénérer.

2° Vous souvenez-vous du saint prêtre qui lui a jeté son manteau
pour qu'elle
s'en recouvre avant de recevoir la sainte Eucharistie?
N'a-t-elle pas fait alors, tout naturellement, le geste multi-
quotidien de
toute l'Antiquité, celui que font encore les peuples arabes (les
chrétiens comme
les musulmans) dans les pays chauds : jeter le pan de leur toge,
de leur manteau
ou de leur burnous DE L'ÉPAULE DROITE VERS L'ÉPAULE
GAUCHE pour se protéger ? Du
soleil qui tue, du vent qui dessèche, du froid qui paralyse...

3° Lorsque que nous faisons, pour le Signe de la Croix, le geste
que j'appelle
quant à moi celui du manteau de notre père dans la prière, Élie,
non seulement
nous nous mettons d'une manière absolue "à l'abri dans le Christ"
- car nous
AVONS REVÊTU LE CHRIST ... comme un manteau sur notre
nudité de prostitués! -
mais nous affirmons encore autre chose : notre renonciation
totale et sans cesse
réaffirmée, tout au long de notre journée, et en nous levant le
matin, et avant
de nous endormir la nuit, DE NE PAS NOUS DÉFENDRE NOUS-
MÊMES pour nous confier
au seul Défenseur de notre âme. Le seul Sauveur.
Car si Pierre avait pensé à se "couvrir" de ce geste (par son
manteau, la
nuit du bois des oliviers), il se serait volontairement mis dans
l'impossibiité
de tirer son glaive et de couper l'oreille du serviteur du Grand
Prêtre. Pierre
était un juif pieux, et tirer le glaive contre le serviteur du Grand
Prêtre
était comme pour nous exercer la violence sur nos propres frères.
Qui peut dire si Pierre, en faisant le geste d'Élie, ne se serait pas
épargné la honte de renier ensuite trois fois le Christ? Car c'est
par une
servante du Grand Prêtre qu'il a été reconnu, peu après...

Enfin ... il faudrait être un saint, déjà, pour aller au bout de ces
pistes-là sans amphigourismes inutiles. Mais une piste, n'est-ce
pas, c'est fait
pour marcher?
Et comme disait l'héroïque Guillaumet : "Si mes camarades
croient que
je suis encore en vie, alors ils croient que je marche". Et c'est
cette ténacité
qui a sauvé la vie du héros de l'Aéro Postale! Alors, pourquoi pas
faire comme
lui - qui n'était même pas croyant ?!
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 14.04 13h26
auteur: Éliazar


Mon cher Serge,

Décidément j'avais un juste pressentiment en m'attendant à
une inévitable
correction (bienheureuse dans tous les cas) pour mon
message initial!

Je l'ai écrit dans la hâte et la confusion, étant déjà en retard
pour quitter la
maison, et j'ai fait la double faute de nommer Isaïe le prophète
Élie - et de
déplacer sur le Carmel (où demeurait en effet Élie, et où il avait
fait perdre
la face à la reine Jézabel en confondant ses faux prophètes par
le feu du ciel)
tout ce qui lui est ensuite arrivé sur l'autre montagne de
l'Horeb.

Vous avez eu la délicatesse de ne pas me rappeler à l'ordre -
en l'occurence:
celui des chapitres 18 et 19 du premier Livre des Rois. Je vous
en remercie.

Et je vous présente toutes mes excuses - comme dit le bon La
Fontaine : "les ans
en sont la cause"...
Éliazar le Bien Confus
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 22.04 00h58
auteur : Serge


Cher Eliazar, vous n'avez certes pas à vous excuser. L'écriture
est grouillante
de personnages et il est facile de s'embrouiller un peu. Je suis
loin d'avoir
vos connaissances et si une erreur peut chez vous résulter d'un
excès, elle ne
résulterait chez moi que d'un manque!J'explore pas à pas les
nombreux sentiers
que l'Esprit me découvre suivant mes modestes progrès
difficilement acquis et
auxquels des pistes comme celles que vous suggérez
apportent des pierres
enrichissantes.
Merci encore
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