sabeth a écrit :Je confirme... Il est vrai que l'esprit actuel est très humaniste, très influencé par l'esprit "New Age" où finalement tout est relatif, et à chacun de faire sa sauce et son cheminClaude le Liseur a écrit : Votre intention est louable, mais on ne change pas de religion comme de chemise. L'Eglise orthodoxe du Christ n'est pas un club auquel on décide d'appartenir parce que l'on s'y sent bien ou pas. Comme l'avait écrit le futur métropolite Amphiloque (Radović) au hiéromoine Gabriel (Patacsi), "on ne joue pas avec l'éternité". Toute conversion est une démarche difficile parce qu'elle participe à la lutte spirituelle. Nous n'entrons pas dans un havre, nous luttons pour acquérir le Royaume. "Les violents s'en emparent" (Mt 11,12). Je souhaite que Sabeth ne rejoigne l'Eglise voulue et fondée par le Christ que si elle est vraiment convaincue de son choix.
comme il l'entend : "l'important c'est d'être sincère" ! Mon cheminement est loin d'être une partie de rigolade et s'il n'en était que de mon confort ne serait-ce que social, je resterais
bien au chaud chez les catholiques où j'ai la majeure partie de mon réseau d'amis. Depuis mon "chemin de Damas" dont j'ai parlé plus haut, il y a eu bien des nuits au sommeil agité
et boule à l'estomac. Ce n'est que hier que j'ai commencé à parler de ma conversion à un ami catho tradi interloqué. Mais... je tiens à ajouter qu'il y a un grand soulagement aussi.
En ce qui me concerne il réside principalement dans le fait d'abandonner avec un immense ouf de soulagement une spiritualité et une manière de prier affreusement juridique
et même "mercenaire" (les messes pour.... sacrifices pour... dévotions réparatrices qui m'ont toujours mise très mal à l'aise parce que je ressentais cette démarche comme horriblement prétentieuse, etc); une représentation insistant sur les tourments sanglants du Christ qui frisait parfois, à mon avis, certaines manières pas très saines d'aimer l'horreur, le tout sur un fond très culpabilisateur. Le catho progessiste me dira que tout ceci est dépassé et que le catholicisme actuel a changé. Que nenni ! Toutes ces choses sont encore pleinement cautionné par la Magistère catholique (que beaucoup de cathos n'écoutent plus d'ailleurs) en place. J'acceptais et pratiquais ces choses-là par souci d'obéissance et parce que je me disais que c'était moi qui avais un problème pour accepter l'enseignement de l'Eglise. Je cherchais des solutions, interrogeais mon père spirituel d'alors et accueillais docilement ses réponses, mais jamais je n'ai pu être convaincue par cela, et encore moins à l'aise. Maintenant je comprends que le problème, ce n'était pas moi.
Pour en revenir à ce que lecteur Claude a écrit, je ne quitte pas un club pour un autre. Je constate simplement une terrible déchirure dont la réparation sera longue (si elle a lieu un jour...) et ne peux que pleurer en constatant les dégâts. Pleurer en voyant mes amis continuer à se battre contre des moulins à vents. Et pour ma part quitter une barque trouée pour aller rejoindre la Source.
J'ai éprouvé le besoin de rappeler certaines vérités premières - et notamment le fait que l'on ne change pas de religion comme de chemise - suite à un message qui me semblait aller trop loin dans l'indifférentisme adogmatique et le sentimentalisme New Age, mais je ne voudrais pas aller trop loin en sens inverse. J'ai eu un cheminement à bien des égards semblable au vôtre, et s'il y a eu des moments difficiles au début - notamment parce qu'il fallait effacer les siècles de conditionnement par la peur dont tout homme d'Europe occidentale est, qu'il le veuille ou non, la victime et qu'il fallait faire l'apprentissage de la liberté que représente l'Orthodoxie, mais aussi pour des raisons de pression sociale qui étaient d'ailleurs plus fortes il y a quinze ans qu'aujourd'hui -, cela n'a pas été, dans l'ensemble, si dramatique que cela... et surtout, la force de la libération que représente le retour à l'Orthodoxie l'a emporté, dans mon expérience, sur tout le reste.