nestor a écrit :Nouveau venu,je souhaiterais d'un côté décrisper certains débats mais d'un autre dramatiser les enjeux,ou plutôt faire percevoir à quel point ils sont dramatiques aujourd'hui.
Décrisper,par exemple par rapport à la problématique personnelle de Sabeth: si elle trouve son hâvre dans l'orthodoxie,puisse Dieu lui donner en ce lieu toute Sa grâce,le catholique romain que je suis ne s'en offusquera pas.Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches que je ne peux déjà m'empêcher de penser que le deuxième évêque de la Chrétienté c'est le Patriarche de Constantinople,le troisième celui d'Antioche (je sais,ils sont actuellement quatre,voire cinq et je ne vois pas ce qui me conduirait à éliminer les trois autrespour n'en garder qu'un ,dans les conditions historiques qui sont les nôtres)...Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise alors que je vénère les éclatantes saintetés de St Serge de Radonège ou St Séraphin de Sarov.Bien sûr,le jour béni où la Communion sera rétablie entre nous,les orthodoxes ne deviendront pas catholiques et vice versa , ne serait ce que parcequ'ils le sont déjà en un certain sens ...mais aussi parce que , comme avant l'an mil,la figure du Pape de Rome représentera toujours beaucoup plus ,affectivement ("l'amour du Saint-Père") et ecclésiologiquement pour un catholique latin que pour un fidèle des autres patriarcats.Un appel un peu lointain après d'autres appels possibles,une référence sans doute(ils sont et ont toujours été rares les orthodoxes pour qui le pape est mis au rang des hérésiarques au mépris de toute justice) mais rien d'autre sans doute et surtout pas un pouvoir de juridiction universel ,immédiat et indiscutable.Il y faudrait des nuances , certainement , mais ce n'est pas là mon propos.
Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme c'est tout le dépôt de la foi commune qui est en jeu,j'allais dire en joue et le seul "témoin gênant"pour les contempteurs actuels du christianisme c'est le chrétien sincère,orthodoxe et catholique,attaché au dépôt de la foi et derrière lui , le Christ lui-même (René Girard,plus que jamais révélateur des pulsions mortifères de nos sociétés).Au reste,les grands orthodoxes ne s'y trompent pas:ce n'est pas seulement pour des raisons éventuelles de géopolitique qu'un soutien clair et net est venu au Pape Benoit XVI ces jours derniers,du Patriarche de Moscou lui-même,puisse-t-il en être remercié.
Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain mais une ooeuvre commune à laquelle l'Esprit-Saint nous appelle ENSEMBLE.
C'est bien beau tout cela, mais essayez quand même d'en apprendre un peu plus sur l'Orthodoxie. Et pour cela, essayez d'en apprendre un peu plus sur votre propre héritage francophone. Reprenons certaines de vos affirmations.
Nestor a écrit :Décrisper,par exemple par rapport à la problématique personnelle de Sabeth: si elle trouve son hâvre dans l'orthodoxie,puisse Dieu lui donner en ce lieu toute Sa grâce,le catholique romain que je suis ne s'en offusquera pas.
Votre intention est louable, mais on ne change pas de religion comme de chemise. L'Eglise orthodoxe du Christ n'est pas un club auquel on décide d'appartenir parce que l'on s'y sent bien ou pas. Comme l'avait écrit le futur métropolite Amphiloque (Radović) au hiéromoine Gabriel (Patacsi), "on ne joue pas avec l'éternité". Toute conversion est une démarche difficile parce qu'elle participe à la lutte spirituelle. Nous n'entrons pas dans un havre, nous luttons pour acquérir le Royaume. "Les violents s'en emparent" (Mt 11,12). Je souhaite que Sabeth ne rejoigne l'Eglise voulue et fondée par le Christ que si elle est vraiment convaincue de son choix.
Nestor a écrit :Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches
Vous ne connaissez pas l'Orthodoxie de l'intérieur. Si vous aviez fait le pas, vous sauriez à quel point c'est différent. Pour résumer un peu les choses, je parlerais comme le cardinal Congar, qui n'a pas franchi le pas, mais qui a eu une intuition: "Tout est pareil, et tout est différent". Or, contrairement à ce que vous affirmez, tout est pareil extérieurement, tout est différent intérieurement. Vous avez pourtant sous vos yeux l'exemple des uniates qui, extérieurement, sont en tout la copie des orthodoxes - comme les anglicans sont, extérieurement, la copie en tout des catholiques romains. Pourquoi ne vous posez-vous pas alors la question de pourquoi tant et tant d'hommes, de saint Athanase de Brest-Litovsk aux martyrs de Năsăud, ont préféré perdre la vie que de passer de l'Orthodoxie à l'uniatisme? La seule existence de tant et tant de martyrs devrait vous pousser à vous questionner quant à la pertinence de la conviction dont vous faites était ici.
Nestor a écrit :je ne peux déjà m'empêcher de penser que le deuxième évêque de la Chrétienté c'est le Patriarche de Constantinople,le troisième celui d'Antioche (je sais,ils sont actuellement quatre,voire cinq et je ne vois pas ce qui me conduirait à éliminer les trois autrespour n'en garder qu'un ,dans les conditions historiques qui sont les nôtres)...
Je ne vois pas quel rang vous donnez dans la Chrétienté à l'archevêque anglican de Cantorbéry.
En ce qui concerne le patriarcat d'Antioche, je me réjouis d'apprendre que vous n'entendez pas, à vous seul, "éliminer" (au Kärcher?) les concurrents que le Vatican lui a créés au fil des siècles. D'un autre côté, je ne vois pas, et encore moins dans "les conditions historiques qui sont les nôtres", la nécessité de maintenir quatre ou cinq titulaires pour un même siège (et ce reproche vaut aussi pour les orthodoxes en Europe occidentale).
Nestor a écrit :Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise
Mais avez-vous lu le livre publié à Moscou sur les raisons pour lesquelles la spiritualité de François d'Assise ne peut pas être recommandée du point de vue de la spiritualité orthodoxe? Avez-vous songé aux implications que la question des stigmates, par exemple, représente du point de vue de la spiritualité traditionnelle?
Nestor a écrit :alors que je vénère les éclatantes saintetés de St Serge de Radonège ou St Séraphin de Sarov
Grand bien vous en fasse, mais respectez-vous la personne de saint Séraphin de Sarov en tant qu'être humain qui avait ses propres convictions tout à fait contraire à celles que vous expliquez ici, lorsqu'il affirmait (à propos du Raskol) qu'il n'y avait pas de salut en dehors de l'Eglise orthodoxe?
Nestor a écrit :mais aussi parce que , comme avant l'an mil,la figure du Pape de Rome représentera toujours beaucoup plus ,affectivement ("l'amour du Saint-Père") et ecclésiologiquement pour un catholique latin que pour un fidèle des autres patriarcats
Prenez garde de ne pas projeter sur le premier millénaire chrétien un certain sentiment qui a été forgé bien plus tard... et qui a vraiment triomphé au XIXe siècle. Souvenez-vous encore de Mgr de Beaumont affirmant que si "Monsieur de Rome" venait à célébrer dans son diocèse, celui-ci devrait lui en demander l'autorisation... La Petite Eglise était-elle moins "catholique latine" que vous parce qu'elle était capable de se distancier des décisions du Vatican?
Plus je relis votre affirmation, plus je me dis que toute l'histoire de la chrétienté latine la dément et montre, au contraire, quelle rude lutte il a fallu mener pour imposer "affectivement" la figure du Pape de Rome.
Nestor a écrit :(ils sont et ont toujours été rares les orthodoxes pour qui le pape est mis au rang des hérésiarques au mépris de toute justice)
L'exemple même d'une affirmation dénuée de toute preuve , suivie d'un jugement de valeur qui laisse malheureusement sourdre l'intention polémique sous le masque de l'irénisme affiché jusque-là. Car enfin, si l'on accepte de vous suivre dans ce raisonnement basé sur la loi du nombre et le règne de la quantité bien caractéristique de l'esprit du temps (il me semble pourtant qu'ils n'étaient pas si nombreux, les disciples de Notre Seigneur, et il me semble aussi que saint Maxime le Confesseur fut bien seul pour défendre la foi face à des patriarches monothélites), sur quoi vous basez-vous pour lancer de telles vérités statistiques?
Au passage, vous affirmez que saint Marc d'Ephèse ou saint Nicodème l'Hagiorite, parmi tant d'astres lumineux de la foi orthodoxe, ont agi au mépris de toute justice. Ainsi, vous vous attribuez le droit de décider quels sont les saints orthodoxes à la "sainteté lumineuse" (saint Serge de Radonège, saint Séraphin de Sarov) et quels sont les saints orthodoxes qui ont agi "au mépris de toute justice" (saint Marc d'Ephèse, saint Nicodème l'Hagiorite, saint Nicolas Velimirović, les martyrs de Chypre et du monastère de Zographou, saint Bessarion Saraï, etc., alors qu'il suffit de lire la vie d'un saint Marc Eugénikos pour se rendre compte qu'il était un juste parmi les justes), ce qui peut être interprété comme une forme d'impérialisme spirituel (je ne m'arrogerais pas, pour ma part, le droit de trier parmi les canonisations romaines de ces derniers siècles celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas). Permettez-moi de vous dire, cher Nestor que les attaques auxquelles vous vous livrez contre nos saints et nos martyrs peuvent aussi blesser profondément certains de vos lecteurs. Car la violence n'est pas la force. La violence du jugement que vous portez sur nos saints Pères et guides spirituels, qui auraient agi "au mépris de toute justice", ne vaut pas une argumentation. Vous jugez, et vous condamnez; mais vous n'apportez pas d'argument à l'appui de la condamnation que vous prononcez.
Nestor a écrit :Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.
Malheureusement, c'est là votre affirmation la plus importante, et c'est là où une analyse dépassionnée de la situation me conduit à un tel désaccord avec vous. Vous devriez peut-être vous poser la question suivante: pourquoi la déchristianisation et l'athéisme ont-ils pris naissance dans votre monde catholique romain et pas dans le monde orthodoxe? Poser la question, c'est y répondre, et c'est la réflexion que se sont faites de nombreux auteurs orthodoxes tels que Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, que je vous invite à lire, car ils ont tous été publiés en français (langue dans laquelle Khomiakov a directement écrit, soit dit en passant). Il est évident que la source de l'incendie de la "maison chrétienne commune en Europe", c'est avant tout l'augustinisme, et secondairement d'autres erreurs dont on a fait la promotion dans les chrétientés hétérodoxes. C'est exactement le raisonnement que vous trouverez dans la très belle encyclique des monastères de l'Athos du 30 décembre 2006, qui se situe dans le droit fil des réflexions de Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, mais qui dénote aussi une connaissance très fine du drame de l'Europe occidentale:
Έπειτα η επιδίωξις του Μακαριωτάτου Αρχιεπισκόπου Αθηνών να συνάψη σχέσεις με το Βατικανό επί κοινωνικών, πολιτιστικών και βιοηθικών ζητημάτων, καθώς και η στόχευσις στην από κοινού υπεράσπισι των χριστιανικών ριζών της Ευρώπης (θέσεις οι οποίες συναντώνται και στην Κοινή Διακήρυξι Πάπα και Πατριάρχου στο Φανάρι), κατ’ αρχήν μπορούν να θεωρηθούν ανώδυνες ή και θετικές, εφόσον στοχεύουν στην καλλιέργεια ειρηνικών ανθρωπίνων σχέσεων. Ωστόσον παραλλήλως είναι σημαντικόν αυτά να μη δίδουν την εντύπωση ότι και σήμερα η Δύση και η Ορθοδοξία στηρίζονται στις ίδιες βάσεις και να μη οδηγούν στο να λησμονήται η απόστασις που χωρίζει την Ορθόδοξη Παράδοση από αυτό που συνήθως παρουσιάζεται ως δήθεν «ευρωπαϊκό πνεύμα». Η (Δυτική) Ευρώπη είναι χρεωμένη με μία σειρά αντιχριστιανικών θεσμών και ενεργειών, όπως οι σταυροφορίες, η Ιερά Εξέτασις, το δουλεμπόριο, η αποικιοκρατία· βαρύνεται με την τραγική διαίρεσί της με το σχίσμα του Προτεσταντισμού, τους ολεθρίους παγκοσμίους πολέμους, τον ανθρωποκεντρικό ουμανισμό και την αθεΐα της. Όλα αυτά είναι συνέπειες των θεολογικών παρεκκλίσεων της Ρώμης από την Ορθοδοξία. Η μία μετά την άλλη οι παπικές και οι προτεσταντικές αιρέσεις απεμάκρυναν από τον Δυτικό κόσμο τον ταπεινό Χριστό της Ορθοδοξίας και στην θέσι του εγκατέστησαν τον υπερήφανο άνθρωπο. Ο άγιος επίσκοπος Νικόλαος Αχρίδος και Ζίτσης έγραφε από το Νταχάου: «Τί είναι λοιπόν η Ευρώπη; Ο Πάπας και ο Λούθηρος ... Τούτο είναι η Ευρώπη εις τον πυρήνα της, οντολογικώς και ιστορικώς». Ο δε αγιασμένος Γέροντας Ιουστίνος Πόποβιτς συμπληρώνει: «Η Β΄ Σύνοδος του Βατικανού αποτελεί αναγέννησιν όλων των ευρωπαϊκών ουμανισμών... διότι η Σύνοδος ενέμεινεν επιμόνως εις το δόγμα περί του αλαθήτου του πάπα» και συμπεραίνει: «Αναμφιβόλως αι αρχαί και αι δυνάμεις της (δυτικο)ευρωπαϊκής κουλτούρας και του πολιτισμού είναι Χριστομάχοι». Δια τούτο έχει σημασία να προβάλλεται το ταπεινό ήθος της Ορθοδοξίας και να υποστηρίζονται οι πραγματικά χριστιανικές ρίζες της Ενωμένης Ευρώπης, αυτές που η Ευρώπη είχε κατά τους πρώτους χριστιανικούς αιώνες, την εποχή των κατακομβών και των επτά αγίων Οικουμενικών Συνόδων. Σκόπιμον είναι η Ορθοδοξία να μη χρεώνεται αμαρτίες αλλότριες και επιπλέον να μη δίδεται η εντύπωσις στους εξ αντιδράσεως προς τις εκτροπές του Δυτικού Χριστιανισμού αποχριστιανισθέντες Ευρωπαίους ότι η Ορθοδοξία ταυτίζεται με αυτόν, αποτυγχάνοντας να μαρτυρείται ως η μόνη αυθεντική Πίστις στον Χριστό και ως η ελπίδα των λαών της Ευρώπης.
Sa Béatitude l’archevêque d’Athènes désire nouer des liens avec le Vatican à propos de questions sociales, politiques ou bioéthiques, et puisqu’il propose de prendre en commun la défense des racines chrétiennes de l’Europe (positions que l’on peut également trouver dans la “déclaration commune” du Pape et du patriarche au Phanar), Au niveau des principes ces positions peuvent paraître ne présenter aucun danger et elles peuvent même paraître positives dans la mesure où elles visent à instituer une collaboration entre tous les hommes recherchant la paix. En même temps cependant il est significatif qu’elles ne donnent pas l’impression qu’aujourd’hui encore l’Occident et l’Orthodoxie reposent sur les mêmes bases et qu’elles ne conduisent pas à oublier l’écart qui sépare la Tradition orthodoxe de ce qui est habituellement présenté comme “l’esprit européen”. L’Europe (occidentale) est l’héritière de toute une série d’institutions et d’entreprises antichrétiennes, comme les Croisades, la sainte Inquisition, l’esclavage, la colonisation ; elle porte le poids de la terrible déchirure qui a été le résultat du schisme du Protestantisme, du désastre des guerres mondiales, de l’humanisme anthropocentrique et de son athéisme. Tout cela ne reptésente que les conséquences de la séparation entre Rome et l’Orthodoxie. Tant les hérésies papistes que les hérésies protestantes qui les ont suivies ont éloigné l’Occident de l’humilité du Christ, à la place duquel elles ont voulu ériger l’orgueil humain. Depuis Dachau le saint évêque Nicolas d’Ohrid et de Jitcha écrivait : « L’Europe, qu’est-ce que c’est ? C’est le Pape et c’est Luther… Ontologiquement et historiquement, c’est dans ce foyer que l’Europe trouve son origine. » Et le bienheureux staretz Justin Popovitch ajoute : « Le Concile Vatican II représente la renaissance de tous les humanismes européens… En effet ce Concile ne s’en est tenu qu’à l’infaillibilité du Pape. » et il conclut : “« indiscutablement les principes et les potentialités de la culture et de la civilisation européenne (occidentale) sont des ennemis du Christ. » C’est pour cette raison qu’il est important d’affirmer l’humilité du comportement de l’Orthodoxie et de rappeler les racines réellement chrétiennes de l’Union européenne, qui étaient celles de l’Europe des premiers siècles, à l’époque des catacombes et des sept Conciles œcuméniques. Il faut souhaiter que l’Orthodoxie ne se charge pas des péchés d’autrui et plus encore qu’elle ne donne pas aux Européens qui ont abandonné le christianisme par réaction aux errances du christianisme occidental, l’impression que l’Orthodoxie lui est identique en oubliant de témoigner qu’elle est la seule Foi authentique en Christ et l’espoir des peuples de l’Europe.
Certes, c'est là un point de vue radicalement différent du vôtre, mais il me semblait de mon devoir de vous le faire connaître, parce que le premier amour que je vous dois, c'est la vérité. On ne sauvera pas la "maison chrétienne commune en Europe" par des marchandages, par des mélanges entre la vérité et l'erreur et par de la politicailerie ecclésiastique. Les évêques orthodoxes qui se sont engagés sur cette voie pour des raisons complexes - ignorance (vous ne pouvez imaginer combien est grande l'ignorance à l'égard de l'Europe occidentale dans certains pays orthodoxes qui connurent le communisme, l'Europe occidentale n'ayant pas, pour se faire connaître, le fait d'être anglo-saxonne comme l'Amérique du Nord, ni même d'exporter des
telenovelas comme le Brésil), politique, naïveté, fascination pour la puissance, zèle mal éclairé, ou toute autre raison louable ou moins louable - risquent fort de compromettre le (très) timide renouveau spirituel enregistré depuis un quart de siècle. Ce que je vous annonce là n'est pas ce que le monde veut entendre; mais mieux vaut être Michée que Sédécias ( I Rois 22,24) et, là encore, je préfère dire une vérité qui me semble patente que de me conformer à l'esprit du temps.
Quant aux moines de l'Athos, sans doute sont-ils, si je suis vos critères, de ces "rares" orthodoxes qui agissent "au mépris de toute justice". Pourtant, nous en connaissons plus d'un qui a beaucoup gagné à se mettre à leur écoute.
Nestor a écrit :Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme
Là encore, je suis un peu choqué. Vous ne savez pas ce qu'est une offensive haineuse contre une religion. Discutez avec des orthodoxes qui ont vécu dans la Croatie de Tudjman ou l'Albanie de Hoxha. Je ne vois pas la moindre trace d'offensive haineuse contre le catholicisme en Europe. Dans le monde islamique, oui. En Chine communiste, oui. Mais en Europe? Quand on sait le nombre de chrétiens qui connaissent la persécution à l'heure actuelle et ce qu'endurent les protestants iraniens, par exemple, on ne peut qu'être choqué par l'évocation d'une "offensive haineuse" à propos de la situation en Europe occidentale. Le catholicisme continue à être subventionné par les impôts du contribuable aussi bien en Belgique qu'en Allemagne ou dans 24 cantons suisses sur 26. Le catholicisme a pu conserver son très important et très remarquable réseau d'écoles primaires, d'écoles secondaires et d'universités dans tous les pays d'Europe occidentale. Le catholicisme a pu conserver ses journaux, ses radios, ses chaînes de télévision dans toute l'Europe occidentale. Des partis dont il est la seule doctrine continuent à être représentés au Parlement en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Autriche, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que c'est de devoir se battre pour construire des lieux de culte ou pour pouvoir salarier le clergé - ce qui est pourtant notre situation à nous -, alors comment pouvez-vous parler d' "offensive haineuse"?
Je ne nie pas que tout ce que le catholicisme a en Europe occidentale, il a dû lutter pour l'avoir, par le talent de ses hommes politiques, l'organisation de ses partis, la qualité de ses structures scolaires. Mais enfin, le système scolaire catholique a été menacé en France, par exemple, en 1880 ou en 1905... pas aujourd'hui. Le catholicisme a été persécuté en France, entre 1789 et 1799, ou en Espagne, entre 1936 et 1939, mais pas aujourd'hui.
J'ai connu beaucoup de gens, parmi mes coreligionnaires, qui avaient fait l'expérience de la persécution. Des gens qui avaient 6 ans à Zaporojia en 1987 quand on était encore dénoncé si on fréquentait l'église. Des gens qui avaient été emprisonnés pour avoir écrit une lettre en faveur du martyr Florea Mureşan. Alors, vous comprenez, cela me surprend, de parler d' "offensive haineuse", quand personne n'a été emprisonné, quand pas une seule école n'a été fermée, quand pas un seul journal n'a été saisi, quand pas un seul traitement n'a été suspendu dans les pays qui salarient votre clergé. Vous ne savez pas ce que c'est, la persécution.
Nestor a écrit :le seul "témoin gênant"pour les contempteurs actuels du christianisme c'est le chrétien sincère,orthodoxe et catholique,attaché au dépôt de la foi
Je suis profondément inquiet devant ce que je perçois d'intolérance et d'exclusion dans cette phrase: pour vous, l'anglican, le luthérien, le calviniste ou le mennonite n'est pas un chrétien sincère, atttaché au dépôt de la foi, et témoin gênant aux yeux des ennemis du christianisme? Alors, pourquoi ne pas les mentionner?
Nestor a écrit :Au reste,les grands orthodoxes ne s'y trompent pas
Vous vous attribuez le droit de décider qui est grand, et qui est petit. Je ne sais pas, pour ma part, ce qu'est un "grand orthodoxe" ou un "petit orthodoxe". Je sais seulement ce que m'a dit mon Seigneur: "Celui qui voudra être grand parmi vous se fera le serviteur des autres" (Mt 20, 26). Faute de savoir si vous suivez le même critère de "grandeur", je ne peux donc me déterminer sur votre appréciation relative aux "grands orthodoxes" et aux "petits orthodoxes".
Nestor a écrit :ce n'est pas seulement pour des raisons éventuelles de géopolitique qu'un soutien clair et net est venu au Pape Benoit XVI ces jours derniers,du Patriarche de Moscou lui-même,puisse-t-il en être remercié
Je vous félicite de pouvoir sonder les reins et les coeurs et de pouvoir connaître les motivations intimes des décisions des hommes. Pour ma part, j'en suis bien incapable - qu'il s'agisse de Sa Béatitude le patriarche de Moscou ou de tout autre homme.
Nestor a écrit :Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain
"Toute parole peut détruire une parole, mais aucune parole ne peut détruire la vie." (Saint Grégoire Palamas)
C'est votre droit le plus strict de professer vos propres croyances et convictions. Vous avez estimé que vous pouviez venir sur un forum orthodoxe tout à fait éloigné de vos convictions et le transformer en tribune en faveur de vos idées sans d'ailleurs - mais nous sommes habitués à de tels faits- manifester la moindre tolérance réciproque à notre égard, au vu des jugements que vous vous êtes permis de porter sur des saints parmi les plus respectés de l'Orthodoxie et sur les convictions du peuple chrétien orthodoxe. Toutefois, nous arrivons ici à un stade où je me permets d'intervenir avec vigueur: il ne s'agit plus de l'exposé de vos convictions, de vos croyances et de vos présupposés idéologiques; il s'agit là d'une présentation des faits qui n'est pas conforme à la réalité - du moins telle que j'ai pu l'observer en Transylvanie, par exemple. J'ai été témoin de ce que vous appelez la "nouvelle évangélisation" dans ces régions, de l'argent utilisé pour le prosélytisme anti-orthodoxe, de cette paroisse catholique où le prêtre priait publiquement pour la mort du prêtre orthodoxe du village - qui dut d'ailleurs quitter le village à cause de cette atmosphère de violence -, des églises prises d'assaut en pleine liturgie. Je goûte donc fort peu votre affirmation - nouvelle affirmation sans preuve, au demeurant. Et elle me ramène forcément à ma remarque de départ: essayez d'en apprendre un peu plus sur l'Orthodoxie avant d'en parler.