Présentation et témoignage

Pour les nouveaux arrivants, les timides, etc.

Modérateur : Auteurs

sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Présentation et témoignage

Message par sabeth »

CHRIST EST RESSUSCITE !

Cela fait quelques semaines à peine que je surfe sur ce forum et j'ai déjà posté quelques messages... mais ne me suis pas présentée clairement.
Alors voilà :
Mon vrai prénom est Aline. J'habite à Lausanne, mais suis née à La Chaux-de-Fonds, dans un foyer protestant réformé. Mes parents n'allaient pas
à l'église et ne priaient pas, néanmoins ils ont tenu à ce que mon frère et moi soyons baptisés et recevions une instruction religieuse. J'ai donc été
baptisée à l'âge de 2 mois. Ensuite j'ai suivi, toujours avec un très grand intérêt, le cursus catéchétique protestant de l'époque; jusqu'à environ 10-11
ans je pense, je ne connaissais rien d'autre. Dès l'enfance, j'ai eu soif de connaître Dieu et de lui plaire. J'allais donc volontiers au catéchisme, et ce
n'était pas du tout un problème pour moi de me lever le dimanche matin pour aller au culte, seule. Je cherchais des réponses à mes questionnements.
A l'adolescence j'ai eu le désir d'être pasteur, mais mon niveau d'étude ne me permettait pas d'entrer à l'Université. Comme j'ai aussi toujours été fascinée
par les milieux hospitaliers, je suis devenue infirmière : c'est encore mon métier, je l'aime toujours plus !
A 14-15 ans, une amie me fait découvrir une communauté de soeurs réformées à vocation très oecuménique (dans la mouvance de Taizé) : ce fut mon premier
contact avec une certaine tradition monastique, et ce fut un vrai coup de foudre ! J'ai eu dès lors le désir de la vie religieuse. J'allais chaque mois quasiment
un week-end dans cette communauté, en silence. Puis je suis partie dans le Jura, c'était le début de la vie professionnelle, et comme j'étais assez perturbée à
l'époque, j'ai été séduite par une secte protestante assez extrême : on m'y a débarrassée de tout désir de vie monastique. Ces groupes vivaient assez essentiellement
en opposition au Catholicisme, j'y ai vu des choses invraisemblables faites au nom du "Saint Esprit" !
A 22 ans, fraîche diplômée, j'entre dans une énorme crise intérieure. Je ne pouvais plus être dupe de l'inauthenticité des "manifestations de l'Esprit" de ces groupes,
il devenait évident pour moi que tout ceci avait surtout beaucoup à voir avec des manifestations hystériques. De plus tous ces groupuscules très divers se
contredisaient éminemment sur le plan doctrinal, mais tous semblaient s'appuyer réellement sur les Ecritures. Alors, qui croire ?... Tous se réclamaient des premiers
Apôtres. Sans rien dire à personne (je m'en gardais bien !!), j'ai commencé à chercher les sources du christianisme. Je comprenais déjà très bien que nous, protestants,
étions coupés des origines, c'était le brouillard complet sur la période qui sépare les premiers chrétiens de la Réforme.
Etant en Occident, dans une région où l'orthodoxie était invisible (ou même inexistante), je suis arrivée à l'Eglise Catholique Romaine. Enfin, croyais-je, j'ai trouvé
ce que je cherche ! J'ai cru d'emblée à la succession de Saint Pierre à Jean-Paul II, et tout le reste. Je suis donc devenue catholique, c'était en l'an 2000. Je découvre la liturgie,
la Mère de Dieu, les Pères de l'Eglise (du moins une partie) : quels trésors ! J'ai suivi mon désir de vie religieuse, suis entrée au monastère, mais n'ai vraiment pas pu
m'adapter à ce qui m'était demandé, malgré toute ma bonne volonté. Au fil des années, j'ai ressenti un malaise sourd, sans vraiment pouvoir mettre des mots dessus.
La question du chaos post-Vatican II me tarabustait particulièrement. Pourquoi ? D'où cela vient-il ? Comment en arrive-t-on là ?... N'y avait-il rien d'autre, entre le légalisme
sans miséricorde et rigide des "tradis" et la mollesse ridicule des "modernistes" ? Chez les tradis : une liturgie très belle et digne, mais une telle dureté. Chez les "autres" : des
liturgies laissées à la fantaisie du moment frisant le blasphème et une désobéissance à peine masquée au Pape et au Magistère. Problème sans solution.
J'ai moi-même été prise de plein fouet dans cette problématique, à un point qui frisait, ces derniers mois, le désespoir. Cela faisait des mois que je criais à Dieu : "Réponds-moi !
Pourquoi ? Quelle est l'attitude juste ?" Tourmentée par l'une des nombreux points "chauds" qui me hantaient, sur internet, je me dis soudain : sur ce sujet-là, je connais bien
les points de vue protestant et catholique; et si j'interrogeais l'orthodoxie, pour voir ?... J'arrive ainsi sur le site canadien de la "Transfiguration". Je n'y trouve pas précisément
ce que je cherche, mais poussée par la curiosité, je le parcours un peu et trouve le témoignage du Père Lev Gillet. Je le lis en entier : quel choc !!! Je lis aussi celui du Père Placide
Deseille. Ces deux lectures ont été un vrai chemin de Damas pour moi : tout ce qui me tourmentait s'y trouve tout à coup réuni, je vois que tous mes problèmes n'en font qu'un, je
mets enfin des mots dessus et trouve une réponse qui m'apparaît évidente !!! La plénitude de la Tradition vivante du christianisme, ce n'est pas l'Institution Romaine. J'y apprends
que la messe tridentine n'est pas la messe des origines, que la rupture de la Tradition, ce n'est pas Vatican II, c'est bien avant, et que de là découlent toutes les problématiques
auxquelles j'étais confrontée. Au moment de faire ces lectures et cette prise de conscience, je ne sais comment le dire, mais j'ai senti clairement dans mon coeur que je ne
pourrais pas rester catholique romaine : ce fut instantané. C'est comme si j'avais été longtemps dans une pièce sombre, et que les stores s'étaient soudainement ouverts...
Moment à la fois libérant et terrible ! J'ai trouvé ensuite par la grâce de Dieu cette paroisse francophone à Lausanne; dès la première fois que j'y suis allée, j'ai su que j'y resterais.
Je dévore livre sur livre sur l'orthodoxie. J'ai pu parler avec notre prêtre; je recevrai très bientôt la Chrismation.
Priez pour moi !
Dernière modification par sabeth le ven. 16 avr. 2010 13:47, modifié 1 fois.
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Re: Présentation et témoignage

Message par Claude le Liseur »

Nos prières vous accompagnent.

Votre témoignage est très précieux. Sachez en outre que, si vous avez le sentiment d'un parcours semé d'embûches, il y a un certain nombre de personnes qui sont inscrites sur le présent forum qui sont aussi passées par des chemins inattendus avant d'arriver à l'Orthodoxie.
Henri
Messages : 64
Inscription : mar. 25 oct. 2005 11:19
Localisation : Aude, France

Re: Présentation et témoignage

Message par Henri »

En vérité, Il est ressuscité !
Merci pour votre témoignage. C'est vrai que lorsqu'on découvre l'orthodoxie, soudain tout devient clair, et le cheminement le plus complexe s'illumine comme après une longue et difficile traversée dans une mer mauvaise : l'arrivée au havre du salut est une joie, une fête, un repos et l'on comprend alors que pour arriver là cette traversée était nécessaire. Bienvenue. Soyez assurée de nos prières.
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, gracie-moi.
Domine Jesu Christe, Fili Dei Vivi, parce mihi. (prière de Saint Brendan)
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

Je me recommande à vos précieuses prières : je pense que j'aborde l'étape un peu compliquée où
ça va commencer à se savoir. J'étais très engagée dans le catholicisme, personne ne se doute encore
de quoi que ce soit puisque le cheminement a été... foudroyant !
J'ai envoyé ce matin ma lettre de démission à mon évêché. Mais dois dire que je ne me sens pas trop
le courage de le dire à la chorale liturgique dont je fais partie et où je n'irai évidemment plus (j'en étais
un des piliers !), etc. Je me sens un peu fragile, peur d'être harcelée par des gens qui veulent ramener
la brebis égarée...
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Re: Présentation et témoignage

Message par Claude le Liseur »

sabeth a écrit :Je me recommande à vos précieuses prières : je pense que j'aborde l'étape un peu compliquée où
ça va commencer à se savoir. J'étais très engagée dans le catholicisme, personne ne se doute encore
de quoi que ce soit puisque le cheminement a été... foudroyant !
J'ai envoyé ce matin ma lettre de démission à mon évêché. Mais dois dire que je ne me sens pas trop
le courage de le dire à la chorale liturgique dont je fais partie et où je n'irai évidemment plus (j'en étais
un des piliers !), etc. Je me sens un peu fragile, peur d'être harcelée par des gens qui veulent ramener
la brebis égarée...

J'ai souvent, dans ma vie, été conduit à devoir procéder à des ruptures professionnelles ou associatives. La meilleure solution est de partir sans donner d'explication. Je ne sais pas pourquoi vous avez dû écrire une lettre à votre évêché - qui n'est pas propriétaire de votre âme et que votre destin ne concerne pas. C'est vrai que vous allez être harcelée. J'en ai aussi fait l'expérience en mon temps. Ce harcèlement sera pénible, mais il vous renforcera dans votre conviction. En effet, dans mon cas personnel, je me suis rendu compte que mes interlocuteurs catholiques romains n'avaient aucune espèce d'argument contre un retour à l'Orthodoxie. C'est en ce sens que l'archiprêtre Wladimir Guettée avait raison lorsqu'il qualifiait l'Orthodoxie de témoin gênant aux yeux de la Papauté: il n'y a pas d'argument contre elle, alors qu'il y a profusion d'arguments contre le protestantisme. Ceci vous fera aussi comprendre d'avance l'hostilité de la plupart des interlocuteurs auxquels vous serez confrontée à l'idée de votre retour dans l'Eglise orthodoxe, hostilité qui peut paraître surprenante dans un contexte où le catholicisme perd chaque jour un peu plus de son poids et où, au fond, plus personne n'en a rien à faire (ni du protestantisme, ni de l'Orthodoxie d'ailleurs). Vous serez sans doute surprise de telles réactions alors qu'il y a le feu dans la maison et que le fait que des milliers de catholiques romains renoncent chaque jour à toute forme de religion ne suscite aucune réaction de leur part. C'est que l'on supporte mal le témoin gênant et ceux qui le rejoignent. Mais vous découvrirez très vite que l'argument final de vos interlocuteurs sera "l'amour du Saint-Père", et vous ne serez donc que renforcée dans votre choix, puisque vous, au moins, vous préférez obéir au Christ.
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

Claude le Liseur a écrit :Je ne sais pas pourquoi vous avez dû écrire une lettre à votre évêché - qui n'est pas propriétaire de votre âme et que votre destin ne concerne pas.
Ne serait-ce que pour que mon nom ne figure plus dans leurs fichiers, pour pouvoir l'officialiser (et donc aussi cesser de soutenir l'Eglise Romaine financièrement en
payant l'impôt ecclésiastique pour elle !) puisque la confession religieuse figure dans l'état civil, les dossiers médicaux ou hospitaliers, etc...
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

Claude le Liseur a écrit : Mais vous découvrirez très vite que l'argument final de vos interlocuteurs sera "l'amour du Saint-Père", et vous ne serez donc que renforcée dans votre choix, puisque vous, au moins, vous préférez obéir au Christ.
J'ai déjà très bien vu en 10 ans de catholicisme, que finalement un peu tout tourne autour de cela. Je ne peux pas dire autre chose pour avoir moi-même fonctionné ainsi, croyant
que c'était juste : la référence pour tout, c'est le Saint Père et le Magistère. La plupart des disputes entre catholiques tourne finalement aussi autour de cela.
Celui qui était mon père spirituel catholique (un homme d'un dévouement extraordinaire) est un ardent défenseur de l'obéissance à ce genre d'autorité, en bon bénédictin...
Je me souviens qu'un jour il m'a dit en parlant des orthodoxes : "Vous savez, je pense que le coeur de la rupture des orthodoxes avec nous, ce n'est pas le Filioque, c'est la
soumission au Pape, comme toujours." Maintenant, je comprends que justement, tout découle du Filioque, et que c'est aussi pour cela que l'orthodoxie rejette la papauté romaine.
Cela explique aussi en ce qui me concerne pourquoi j'ai écrit dans mon témoignage que j'ai su instantanément que je ne pourrais rester catholique romaine : le fait même de ne
plus accepter, ne serait-ce qu'intérieurement, cette suprématie papale, me met hors de l'église romaine. Je l'ai tout de suite compris, en toute logique ! Et dès ce moment-là,
bien que j'étais très fervente de l'Eucharistie, il ne m'a été plus du tout possible d'envisager de communier à la messe romaine. Comme tout ceci est arrivé juste avant la Semaine
Sainte, j'ai quand même assisté à certaines célébrations catholiques en raison de mon engagement choral, on comptait trop sur moi. Et pour la première fois, j'ai regardé mes
collègues de chant descendre de la tribune pour communier, tandis que je restais en-haut...
Mais oui, en fait le b.a. BA du catholique, c'est la soumission au Pape et au Magistère, sans quoi tout se désagrège (quoique c'est déjà le cas de toutes façons : l'unité du catholicisme est extérieure, mais à l'intérieur...).
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Re: Présentation et témoignage

Message par Claude le Liseur »

sabeth a écrit : Ne serait-ce que pour que mon nom ne figure plus dans leurs fichiers, pour pouvoir l'officialiser (et donc aussi cesser de soutenir l'Eglise Romaine financièrement en
payant l'impôt ecclésiastique pour elle !) puisque la confession religieuse figure dans l'état civil, les dossiers médicaux ou hospitaliers, etc...

C'est vrai que j'ai le bonheur d'habiter dans le seul canton suisse qui a coupé le cordon ombilical entre Eglises et Etat (en 1907 déjà !). La laïcité à la française a aussi du bon...

Ceci étant, il me semble que ce genre de démarches se fait auprès de l'état-civil. Un jour, j'avais discuté avec un employé de l'état-civil de Fribourg qui m'avait raconté qu'il était habitué à recevoir des visites de gens qui venaient se faire rayer de l'effectif des catholiques romains. Ces "sorties d'Eglise", pour parler en bon français fédéral (Kirchenaustritte), il y en avait déjà beaucoup. Et c'était à Fribourg, et en 1994!

Fribourg avait aussi, il est vrai, la spécialité des gens qui faisaient leur "sortie d'Eglise" pour ne plus payer l'impôt et se faisaient quand même enterrer religieusement ensuite, jusqu'au jour où le diocèse a décidé de ne plus accorder de funérailles religieuses aux gens qui s'étaient inscrits comme sans confession, liant ainsi de manière originale paiement de l'impôt ecclésiastique et obsèques religieuses.

Il me semble que dans les années 1980, la confession figurait encore sur les plaques d'identité militaires (vous savez, celles qu'on était supposé porter autour du cou pour faciliter notre identification en cas très improbable de mort sur un front qui n'existe plus depuis très longtemps). Mais quand je suis parti à mon tour à l'armée en 1996, les plaques d'identité ne faisaient déjà plus mention de la confession. Si je me souviens bien, il n'y avait plus que le nom, le matricule et le groupe sanguin.

Ceci étant, si j'ai un conseil à vous demander, annoncez-vous comme orthodoxe auprès des autorités civiles ou au prochain recensement (si jamais il y en a un jour, puisqu'il paraît que la Suisse a décidé de remplacer le bon vieux recensement décennal par des "sondages"), mais communiquez plutôt aux autorités ecclésiastiques romaines votre sortie d'Eglise sans communiquer plus de détails. J'ai eu l'occasion de remarquer qu'ils n'aiment vraiment pas les orthodoxes (à qui ils font pourtant le plus de sourires dans les manifestations officielles).
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

Claude le Liseur a écrit : C'est vrai que j'ai le bonheur d'habiter dans le seul canton suisse qui a coupé le cordon ombilical entre Eglises et Etat (en 1907 déjà !). La laïcité à la française a aussi du bon...

Ceci étant, il me semble que ce genre de démarches se fait auprès de l'état-civil. Un jour, j'avais discuté avec un employé de l'état-civil de Fribourg qui m'avait raconté qu'il était habitué à recevoir des visites de gens qui venaient se faire rayer de l'effectif des catholiques romains. Ces "sorties d'Eglise", pour parler en bon français fédéral (Kirchenaustritte), il y en avait déjà beaucoup. Et c'était à Fribourg, et en 1994!

Fribourg avait aussi, il est vrai, la spécialité des gens qui faisaient leur "sortie d'Eglise" pour ne plus payer l'impôt et se faisaient quand même enterrer religieusement ensuite, jusqu'au jour où le diocèse a décidé de ne plus accorder de funérailles religieuses aux gens qui s'étaient inscrits comme sans confession, liant ainsi de manière originale paiement de l'impôt ecclésiastique et obsèques religieuses.
Genève n'est pas le seul canton où l'impôt ecclésiastique est facultatif : il y a aussi Neuchâtel.
Oui des gens qui sortent de l'Eglise pour une question pécuniaire, il y en a de plus en plus. Mais ils estiment qu'ensuite l'Eglise n'a pas le droit de leur refuser des obsèques...
D'un certain côté je comprends que des gens qui se fichent de la religion ne veulent pas payer d'impôt ecclésiastique; mais alors, qu'ils soient un peu conséquents et n'exigent
plus rien des églises !

Pour ce qui est des autorités religieuses, ma lettre est partie ce matin. Mais j'irai à l'occasion à l'état civil.
Anne Geneviève
Messages : 1041
Inscription : lun. 30 mai 2005 19:41
Localisation : IdF
Contact :

Re: Présentation et témoignage

Message par Anne Geneviève »

Dans la logique économiste de notre temps, cela semble cohérent : pas d'impôt (paiement), pas de prestation (obsèques). Mais quand il est question de prière, ça fleure quand même la simonie, je trouve.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

La simonie est la "vente" de biens spirituels (comme la vente des indulgences de l'époque de Luther).
Quitter une confession religieuse n'est pas un acte purement administratif, c'est un acte qui a aussi une signification spirituelle... C'est
ce que peut-être bien des gens oublient. Quand on quitte une Eglise, fut-ce pour des raisons pécunières, on se coupe d'une communion
spirituelle, tout comme moi-même qui me fais orthodoxe (pour des raisons spirituelles), je ne suis plus sensée attendre de l'Eglise Romaine qu'elle m'administre des
sacrements. Je pense que c'est surtout en ce sens-là que l'Eglise Romaine dit à ceux qui quittent ainsi : ok, vous vous coupez de l'Eglise :
mais avez-vous bien pensé à TOUT ce que cela signifie ? Au-delà de vos préoccupations financières ? Parce que JUSTEMENT, la prière et les sacrements s'enracinent dans
une communion, ce qui se situe à un niveau un peu autre que la dialectique : "Je paie - j'ai droit à..."
nestor
Messages : 1
Inscription : mer. 14 avr. 2010 22:16

Re: Présentation et témoignage

Message par nestor »

Nouveau venu,je souhaiterais d'un côté décrisper certains débats mais d'un autre dramatiser les enjeux,ou plutôt faire percevoir à quel point ils sont dramatiques aujourd'hui.
Décrisper,par exemple par rapport à la problématique personnelle de Sabeth: si elle trouve son hâvre dans l'orthodoxie,puisse Dieu lui donner en ce lieu toute Sa grâce,le catholique romain que je suis ne s'en offusquera pas.Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches que je ne peux déjà m'empêcher de penser que le deuxième évêque de la Chrétienté c'est le Patriarche de Constantinople,le troisième celui d'Antioche (je sais,ils sont actuellement quatre,voire cinq et je ne vois pas ce qui me conduirait à éliminer les trois autrespour n'en garder qu'un ,dans les conditions historiques qui sont les nôtres)...Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise alors que je vénère les éclatantes saintetés de St Serge de Radonège ou St Séraphin de Sarov.Bien sûr,le jour béni où la Communion sera rétablie entre nous,les orthodoxes ne deviendront pas catholiques et vice versa , ne serait ce que parcequ'ils le sont déjà en un certain sens ...mais aussi parce que , comme avant l'an mil,la figure du Pape de Rome représentera toujours beaucoup plus ,affectivement ("l'amour du Saint-Père") et ecclésiologiquement pour un catholique latin que pour un fidèle des autres patriarcats.Un appel un peu lointain après d'autres appels possibles,une référence sans doute(ils sont et ont toujours été rares les orthodoxes pour qui le pape est mis au rang des hérésiarques au mépris de toute justice) mais rien d'autre sans doute et surtout pas un pouvoir de juridiction universel ,immédiat et indiscutable.Il y faudrait des nuances , certainement , mais ce n'est pas là mon propos.
Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme c'est tout le dépôt de la foi commune qui est en jeu,j'allais dire en joue et le seul "témoin gênant"pour les contempteurs actuels du christianisme c'est le chrétien sincère,orthodoxe et catholique,attaché au dépôt de la foi et derrière lui , le Christ lui-même (René Girard,plus que jamais révélateur des pulsions mortifères de nos sociétés).Au reste,les grands orthodoxes ne s'y trompent pas:ce n'est pas seulement pour des raisons éventuelles de géopolitique qu'un soutien clair et net est venu au Pape Benoit XVI ces jours derniers,du Patriarche de Moscou lui-même,puisse-t-il en être remercié.
Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain mais une ooeuvre commune à laquelle l'Esprit-Saint nous appelle ENSEMBLE.
Dorian
Messages : 137
Inscription : ven. 05 juin 2009 4:17

Re: Présentation et témoignage

Message par Dorian »

...
Dernière modification par Dorian le sam. 11 déc. 2010 16:37, modifié 2 fois.
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Re: Présentation et témoignage

Message par Claude le Liseur »

nestor a écrit :Nouveau venu,je souhaiterais d'un côté décrisper certains débats mais d'un autre dramatiser les enjeux,ou plutôt faire percevoir à quel point ils sont dramatiques aujourd'hui.
Décrisper,par exemple par rapport à la problématique personnelle de Sabeth: si elle trouve son hâvre dans l'orthodoxie,puisse Dieu lui donner en ce lieu toute Sa grâce,le catholique romain que je suis ne s'en offusquera pas.Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches que je ne peux déjà m'empêcher de penser que le deuxième évêque de la Chrétienté c'est le Patriarche de Constantinople,le troisième celui d'Antioche (je sais,ils sont actuellement quatre,voire cinq et je ne vois pas ce qui me conduirait à éliminer les trois autrespour n'en garder qu'un ,dans les conditions historiques qui sont les nôtres)...Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise alors que je vénère les éclatantes saintetés de St Serge de Radonège ou St Séraphin de Sarov.Bien sûr,le jour béni où la Communion sera rétablie entre nous,les orthodoxes ne deviendront pas catholiques et vice versa , ne serait ce que parcequ'ils le sont déjà en un certain sens ...mais aussi parce que , comme avant l'an mil,la figure du Pape de Rome représentera toujours beaucoup plus ,affectivement ("l'amour du Saint-Père") et ecclésiologiquement pour un catholique latin que pour un fidèle des autres patriarcats.Un appel un peu lointain après d'autres appels possibles,une référence sans doute(ils sont et ont toujours été rares les orthodoxes pour qui le pape est mis au rang des hérésiarques au mépris de toute justice) mais rien d'autre sans doute et surtout pas un pouvoir de juridiction universel ,immédiat et indiscutable.Il y faudrait des nuances , certainement , mais ce n'est pas là mon propos.
Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme c'est tout le dépôt de la foi commune qui est en jeu,j'allais dire en joue et le seul "témoin gênant"pour les contempteurs actuels du christianisme c'est le chrétien sincère,orthodoxe et catholique,attaché au dépôt de la foi et derrière lui , le Christ lui-même (René Girard,plus que jamais révélateur des pulsions mortifères de nos sociétés).Au reste,les grands orthodoxes ne s'y trompent pas:ce n'est pas seulement pour des raisons éventuelles de géopolitique qu'un soutien clair et net est venu au Pape Benoit XVI ces jours derniers,du Patriarche de Moscou lui-même,puisse-t-il en être remercié.
Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain mais une ooeuvre commune à laquelle l'Esprit-Saint nous appelle ENSEMBLE.

C'est bien beau tout cela, mais essayez quand même d'en apprendre un peu plus sur l'Orthodoxie. Et pour cela, essayez d'en apprendre un peu plus sur votre propre héritage francophone. Reprenons certaines de vos affirmations.
Nestor a écrit :Décrisper,par exemple par rapport à la problématique personnelle de Sabeth: si elle trouve son hâvre dans l'orthodoxie,puisse Dieu lui donner en ce lieu toute Sa grâce,le catholique romain que je suis ne s'en offusquera pas.
Votre intention est louable, mais on ne change pas de religion comme de chemise. L'Eglise orthodoxe du Christ n'est pas un club auquel on décide d'appartenir parce que l'on s'y sent bien ou pas. Comme l'avait écrit le futur métropolite Amphiloque (Radović) au hiéromoine Gabriel (Patacsi), "on ne joue pas avec l'éternité". Toute conversion est une démarche difficile parce qu'elle participe à la lutte spirituelle. Nous n'entrons pas dans un havre, nous luttons pour acquérir le Royaume. "Les violents s'en emparent" (Mt 11,12). Je souhaite que Sabeth ne rejoigne l'Eglise voulue et fondée par le Christ que si elle est vraiment convaincue de son choix.
Nestor a écrit :Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches
Vous ne connaissez pas l'Orthodoxie de l'intérieur. Si vous aviez fait le pas, vous sauriez à quel point c'est différent. Pour résumer un peu les choses, je parlerais comme le cardinal Congar, qui n'a pas franchi le pas, mais qui a eu une intuition: "Tout est pareil, et tout est différent". Or, contrairement à ce que vous affirmez, tout est pareil extérieurement, tout est différent intérieurement. Vous avez pourtant sous vos yeux l'exemple des uniates qui, extérieurement, sont en tout la copie des orthodoxes - comme les anglicans sont, extérieurement, la copie en tout des catholiques romains. Pourquoi ne vous posez-vous pas alors la question de pourquoi tant et tant d'hommes, de saint Athanase de Brest-Litovsk aux martyrs de Năsăud, ont préféré perdre la vie que de passer de l'Orthodoxie à l'uniatisme? La seule existence de tant et tant de martyrs devrait vous pousser à vous questionner quant à la pertinence de la conviction dont vous faites était ici.
Nestor a écrit :je ne peux déjà m'empêcher de penser que le deuxième évêque de la Chrétienté c'est le Patriarche de Constantinople,le troisième celui d'Antioche (je sais,ils sont actuellement quatre,voire cinq et je ne vois pas ce qui me conduirait à éliminer les trois autrespour n'en garder qu'un ,dans les conditions historiques qui sont les nôtres)...
Je ne vois pas quel rang vous donnez dans la Chrétienté à l'archevêque anglican de Cantorbéry.
En ce qui concerne le patriarcat d'Antioche, je me réjouis d'apprendre que vous n'entendez pas, à vous seul, "éliminer" (au Kärcher?) les concurrents que le Vatican lui a créés au fil des siècles. D'un autre côté, je ne vois pas, et encore moins dans "les conditions historiques qui sont les nôtres", la nécessité de maintenir quatre ou cinq titulaires pour un même siège (et ce reproche vaut aussi pour les orthodoxes en Europe occidentale).
Nestor a écrit :Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise
Mais avez-vous lu le livre publié à Moscou sur les raisons pour lesquelles la spiritualité de François d'Assise ne peut pas être recommandée du point de vue de la spiritualité orthodoxe? Avez-vous songé aux implications que la question des stigmates, par exemple, représente du point de vue de la spiritualité traditionnelle?
Nestor a écrit :alors que je vénère les éclatantes saintetés de St Serge de Radonège ou St Séraphin de Sarov
Grand bien vous en fasse, mais respectez-vous la personne de saint Séraphin de Sarov en tant qu'être humain qui avait ses propres convictions tout à fait contraire à celles que vous expliquez ici, lorsqu'il affirmait (à propos du Raskol) qu'il n'y avait pas de salut en dehors de l'Eglise orthodoxe?
Nestor a écrit :mais aussi parce que , comme avant l'an mil,la figure du Pape de Rome représentera toujours beaucoup plus ,affectivement ("l'amour du Saint-Père") et ecclésiologiquement pour un catholique latin que pour un fidèle des autres patriarcats
Prenez garde de ne pas projeter sur le premier millénaire chrétien un certain sentiment qui a été forgé bien plus tard... et qui a vraiment triomphé au XIXe siècle. Souvenez-vous encore de Mgr de Beaumont affirmant que si "Monsieur de Rome" venait à célébrer dans son diocèse, celui-ci devrait lui en demander l'autorisation... La Petite Eglise était-elle moins "catholique latine" que vous parce qu'elle était capable de se distancier des décisions du Vatican?
Plus je relis votre affirmation, plus je me dis que toute l'histoire de la chrétienté latine la dément et montre, au contraire, quelle rude lutte il a fallu mener pour imposer "affectivement" la figure du Pape de Rome.
Nestor a écrit :(ils sont et ont toujours été rares les orthodoxes pour qui le pape est mis au rang des hérésiarques au mépris de toute justice)
L'exemple même d'une affirmation dénuée de toute preuve , suivie d'un jugement de valeur qui laisse malheureusement sourdre l'intention polémique sous le masque de l'irénisme affiché jusque-là. Car enfin, si l'on accepte de vous suivre dans ce raisonnement basé sur la loi du nombre et le règne de la quantité bien caractéristique de l'esprit du temps (il me semble pourtant qu'ils n'étaient pas si nombreux, les disciples de Notre Seigneur, et il me semble aussi que saint Maxime le Confesseur fut bien seul pour défendre la foi face à des patriarches monothélites), sur quoi vous basez-vous pour lancer de telles vérités statistiques?
Au passage, vous affirmez que saint Marc d'Ephèse ou saint Nicodème l'Hagiorite, parmi tant d'astres lumineux de la foi orthodoxe, ont agi au mépris de toute justice. Ainsi, vous vous attribuez le droit de décider quels sont les saints orthodoxes à la "sainteté lumineuse" (saint Serge de Radonège, saint Séraphin de Sarov) et quels sont les saints orthodoxes qui ont agi "au mépris de toute justice" (saint Marc d'Ephèse, saint Nicodème l'Hagiorite, saint Nicolas Velimirović, les martyrs de Chypre et du monastère de Zographou, saint Bessarion Saraï, etc., alors qu'il suffit de lire la vie d'un saint Marc Eugénikos pour se rendre compte qu'il était un juste parmi les justes), ce qui peut être interprété comme une forme d'impérialisme spirituel (je ne m'arrogerais pas, pour ma part, le droit de trier parmi les canonisations romaines de ces derniers siècles celles qui me plaisent et celles qui ne me plaisent pas). Permettez-moi de vous dire, cher Nestor que les attaques auxquelles vous vous livrez contre nos saints et nos martyrs peuvent aussi blesser profondément certains de vos lecteurs. Car la violence n'est pas la force. La violence du jugement que vous portez sur nos saints Pères et guides spirituels, qui auraient agi "au mépris de toute justice", ne vaut pas une argumentation. Vous jugez, et vous condamnez; mais vous n'apportez pas d'argument à l'appui de la condamnation que vous prononcez.
Nestor a écrit :Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.
Malheureusement, c'est là votre affirmation la plus importante, et c'est là où une analyse dépassionnée de la situation me conduit à un tel désaccord avec vous. Vous devriez peut-être vous poser la question suivante: pourquoi la déchristianisation et l'athéisme ont-ils pris naissance dans votre monde catholique romain et pas dans le monde orthodoxe? Poser la question, c'est y répondre, et c'est la réflexion que se sont faites de nombreux auteurs orthodoxes tels que Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, que je vous invite à lire, car ils ont tous été publiés en français (langue dans laquelle Khomiakov a directement écrit, soit dit en passant). Il est évident que la source de l'incendie de la "maison chrétienne commune en Europe", c'est avant tout l'augustinisme, et secondairement d'autres erreurs dont on a fait la promotion dans les chrétientés hétérodoxes. C'est exactement le raisonnement que vous trouverez dans la très belle encyclique des monastères de l'Athos du 30 décembre 2006, qui se situe dans le droit fil des réflexions de Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, mais qui dénote aussi une connaissance très fine du drame de l'Europe occidentale:
Έπειτα η επιδίωξις του Μακαριωτάτου Αρχιεπισκόπου Αθηνών να συνάψη σχέ­σεις με το Βατικανό επί κοινωνικών, πολιτιστικών και βιοηθικών ζητημάτων, καθώς και η στόχευσις στην από κοινού υπεράσπισι των χριστιανικών ριζών της Ευρώπης (θέσεις οι οποίες συναντώνται και στην Κοινή Διακήρυξι Πάπα και Πατριάρχου στο Φανάρι), κατ’ αρχήν μπορούν να θεωρηθούν ανώδυνες ή και θετικές, εφόσον στοχεύουν στην καλλιέργεια ειρηνικών ανθρωπίνων σχέσεων. Ωστόσον παραλλήλως είναι σημαντικόν αυτά να μη δίδουν την εντύπωση ότι και σήμερα η Δύση και η Ορθοδοξία στηρίζονται στις ίδιες βάσεις και να μη οδηγούν στο να λησμονήται η απόστασις που χωρίζει την Ορθόδοξη Παράδοση από αυτό που συνήθως παρουσιάζεται ως δήθεν «ευρωπαϊκό πνεύμα». Η (Δυτική) Ευρώπη είναι χρεωμένη με μία σειρά αντιχριστιανικών θεσμών και ενεργειών, όπως οι σταυροφορίες, η Ιερά Εξέτασις, το δουλεμπόριο, η αποικιοκρατία· βαρύνεται με την τραγική διαίρεσί της με το σχίσμα του Προτεσταντισμού, τους ολεθρίους παγκοσμίους πολέμους, τον ανθρωποκεντρικό ουμανισμό και την αθεΐα της. Όλα αυτά είναι συνέπειες των θεολογικών παρεκκλίσεων της Ρώμης από την Ορθοδοξία. Η μία μετά την άλλη οι παπικές και οι προτεσταντικές αιρέσεις απεμάκρυναν από τον Δυτικό κόσμο τον ταπεινό Χριστό της Ορθοδοξίας και στην θέσι του εγκατέστησαν τον υπερήφανο άνθρωπο. Ο άγιος επίσκοπος Νικόλαος Αχρίδος και Ζίτσης έγραφε από το Νταχάου: «Τί είναι λοιπόν η Ευρώπη; Ο Πάπας και ο Λούθηρος ... Τούτο είναι η Ευρώπη εις τον πυρήνα της, οντολο­γικώς και ιστορικώς». Ο δε αγιασμένος Γέροντας Ιουστίνος Πόποβιτς συμπλη­ρώνει: «Η Β΄ Σύνοδος του Βατικανού αποτελεί αναγέννησιν όλων των ευρωπαϊκών ουμα­νισμών... διότι η Σύνοδος ενέμεινεν επιμόνως εις το δόγμα περί του αλαθήτου του πάπα» και συμπεραίνει: «Αναμφιβόλως αι αρχαί και αι δυνάμεις της (δυτικο)ευρωπαϊκής κουλτούρας και του πολιτισμού είναι Χριστομάχοι». Δια τούτο έχει σημασία να προβάλλεται το ταπεινό ήθος της Ορθοδοξίας και να υποστηρίζονται οι πραγματικά χριστιανικές ρίζες της Ενωμένης Ευρώπης, αυτές που η Ευρώπη είχε κατά τους πρώτους χριστιανικούς αιώνες, την εποχή των κατακομβών και των επτά αγίων Οικουμενικών Συνόδων. Σκόπιμον είναι η Ορθοδοξία να μη χρεώνεται αμαρτίες αλλότριες και επιπλέον να μη δίδεται η εντύπωσις στους εξ αντιδράσεως προς τις εκτροπές του Δυτικού Χριστιανισμού αποχριστιανισθέντες Ευρωπαίους ότι η Ορθοδοξία ταυτίζεται με αυτόν, αποτυγχάνοντας να μαρτυρείται ως η μόνη αυθεντική Πίστις στον Χριστό και ως η ελπίδα των λαών της Ευρώπης.

Sa Béatitude l’archevêque d’Athènes désire nouer des liens avec le Vatican à propos de questions sociales, politiques ou bioéthiques, et puisqu’il propose de prendre en commun la défense des racines chrétiennes de l’Europe (positions que l’on peut également trouver dans la “déclaration commune” du Pape et du patriarche au Phanar), Au niveau des principes ces positions peuvent paraître ne présenter aucun danger et elles peuvent même paraître positives dans la mesure où elles visent à instituer une collaboration entre tous les hommes recherchant la paix. En même temps cependant il est significatif qu’elles ne donnent pas l’impression qu’aujourd’hui encore l’Occident et l’Orthodoxie reposent sur les mêmes bases et qu’elles ne conduisent pas à oublier l’écart qui sépare la Tradition orthodoxe de ce qui est habituellement présenté comme “l’esprit européen”. L’Europe (occidentale) est l’héritière de toute une série d’institutions et d’entreprises antichrétiennes, comme les Croisades, la sainte Inquisition, l’esclavage, la colonisation ; elle porte le poids de la terrible déchirure qui a été le résultat du schisme du Protestantisme, du désastre des guerres mondiales, de l’humanisme anthropocentrique et de son athéisme. Tout cela ne reptésente que les conséquences de la séparation entre Rome et l’Orthodoxie. Tant les hérésies papistes que les hérésies protestantes qui les ont suivies ont éloigné l’Occident de l’humilité du Christ, à la place duquel elles ont voulu ériger l’orgueil humain. Depuis Dachau le saint évêque Nicolas d’Ohrid et de Jitcha écrivait : « L’Europe, qu’est-ce que c’est ? C’est le Pape et c’est Luther… Ontologiquement et historiquement, c’est dans ce foyer que l’Europe trouve son origine. » Et le bienheureux staretz Justin Popovitch ajoute : « Le Concile Vatican II représente la renaissance de tous les humanismes européens… En effet ce Concile ne s’en est tenu qu’à l’infaillibilité du Pape. » et il conclut : “« indiscutablement les principes et les potentialités de la culture et de la civilisation européenne (occidentale) sont des ennemis du Christ. » C’est pour cette raison qu’il est important d’affirmer l’humilité du comportement de l’Orthodoxie et de rappeler les racines réellement chrétiennes de l’Union européenne, qui étaient celles de l’Europe des premiers siècles, à l’époque des catacombes et des sept Conciles œcuméniques. Il faut souhaiter que l’Orthodoxie ne se charge pas des péchés d’autrui et plus encore qu’elle ne donne pas aux Européens qui ont abandonné le christianisme par réaction aux errances du christianisme occidental, l’impression que l’Orthodoxie lui est identique en oubliant de témoigner qu’elle est la seule Foi authentique en Christ et l’espoir des peuples de l’Europe.
Certes, c'est là un point de vue radicalement différent du vôtre, mais il me semblait de mon devoir de vous le faire connaître, parce que le premier amour que je vous dois, c'est la vérité. On ne sauvera pas la "maison chrétienne commune en Europe" par des marchandages, par des mélanges entre la vérité et l'erreur et par de la politicailerie ecclésiastique. Les évêques orthodoxes qui se sont engagés sur cette voie pour des raisons complexes - ignorance (vous ne pouvez imaginer combien est grande l'ignorance à l'égard de l'Europe occidentale dans certains pays orthodoxes qui connurent le communisme, l'Europe occidentale n'ayant pas, pour se faire connaître, le fait d'être anglo-saxonne comme l'Amérique du Nord, ni même d'exporter des telenovelas comme le Brésil), politique, naïveté, fascination pour la puissance, zèle mal éclairé, ou toute autre raison louable ou moins louable - risquent fort de compromettre le (très) timide renouveau spirituel enregistré depuis un quart de siècle. Ce que je vous annonce là n'est pas ce que le monde veut entendre; mais mieux vaut être Michée que Sédécias ( I Rois 22,24) et, là encore, je préfère dire une vérité qui me semble patente que de me conformer à l'esprit du temps.
Quant aux moines de l'Athos, sans doute sont-ils, si je suis vos critères, de ces "rares" orthodoxes qui agissent "au mépris de toute justice". Pourtant, nous en connaissons plus d'un qui a beaucoup gagné à se mettre à leur écoute.
Nestor a écrit :Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme
Là encore, je suis un peu choqué. Vous ne savez pas ce qu'est une offensive haineuse contre une religion. Discutez avec des orthodoxes qui ont vécu dans la Croatie de Tudjman ou l'Albanie de Hoxha. Je ne vois pas la moindre trace d'offensive haineuse contre le catholicisme en Europe. Dans le monde islamique, oui. En Chine communiste, oui. Mais en Europe? Quand on sait le nombre de chrétiens qui connaissent la persécution à l'heure actuelle et ce qu'endurent les protestants iraniens, par exemple, on ne peut qu'être choqué par l'évocation d'une "offensive haineuse" à propos de la situation en Europe occidentale. Le catholicisme continue à être subventionné par les impôts du contribuable aussi bien en Belgique qu'en Allemagne ou dans 24 cantons suisses sur 26. Le catholicisme a pu conserver son très important et très remarquable réseau d'écoles primaires, d'écoles secondaires et d'universités dans tous les pays d'Europe occidentale. Le catholicisme a pu conserver ses journaux, ses radios, ses chaînes de télévision dans toute l'Europe occidentale. Des partis dont il est la seule doctrine continuent à être représentés au Parlement en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Autriche, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que c'est de devoir se battre pour construire des lieux de culte ou pour pouvoir salarier le clergé - ce qui est pourtant notre situation à nous -, alors comment pouvez-vous parler d' "offensive haineuse"?
Je ne nie pas que tout ce que le catholicisme a en Europe occidentale, il a dû lutter pour l'avoir, par le talent de ses hommes politiques, l'organisation de ses partis, la qualité de ses structures scolaires. Mais enfin, le système scolaire catholique a été menacé en France, par exemple, en 1880 ou en 1905... pas aujourd'hui. Le catholicisme a été persécuté en France, entre 1789 et 1799, ou en Espagne, entre 1936 et 1939, mais pas aujourd'hui.
J'ai connu beaucoup de gens, parmi mes coreligionnaires, qui avaient fait l'expérience de la persécution. Des gens qui avaient 6 ans à Zaporojia en 1987 quand on était encore dénoncé si on fréquentait l'église. Des gens qui avaient été emprisonnés pour avoir écrit une lettre en faveur du martyr Florea Mureşan. Alors, vous comprenez, cela me surprend, de parler d' "offensive haineuse", quand personne n'a été emprisonné, quand pas une seule école n'a été fermée, quand pas un seul journal n'a été saisi, quand pas un seul traitement n'a été suspendu dans les pays qui salarient votre clergé. Vous ne savez pas ce que c'est, la persécution.
Nestor a écrit :le seul "témoin gênant"pour les contempteurs actuels du christianisme c'est le chrétien sincère,orthodoxe et catholique,attaché au dépôt de la foi
Je suis profondément inquiet devant ce que je perçois d'intolérance et d'exclusion dans cette phrase: pour vous, l'anglican, le luthérien, le calviniste ou le mennonite n'est pas un chrétien sincère, atttaché au dépôt de la foi, et témoin gênant aux yeux des ennemis du christianisme? Alors, pourquoi ne pas les mentionner?
Nestor a écrit :Au reste,les grands orthodoxes ne s'y trompent pas
Vous vous attribuez le droit de décider qui est grand, et qui est petit. Je ne sais pas, pour ma part, ce qu'est un "grand orthodoxe" ou un "petit orthodoxe". Je sais seulement ce que m'a dit mon Seigneur: "Celui qui voudra être grand parmi vous se fera le serviteur des autres" (Mt 20, 26). Faute de savoir si vous suivez le même critère de "grandeur", je ne peux donc me déterminer sur votre appréciation relative aux "grands orthodoxes" et aux "petits orthodoxes".
Nestor a écrit :ce n'est pas seulement pour des raisons éventuelles de géopolitique qu'un soutien clair et net est venu au Pape Benoit XVI ces jours derniers,du Patriarche de Moscou lui-même,puisse-t-il en être remercié
Je vous félicite de pouvoir sonder les reins et les coeurs et de pouvoir connaître les motivations intimes des décisions des hommes. Pour ma part, j'en suis bien incapable - qu'il s'agisse de Sa Béatitude le patriarche de Moscou ou de tout autre homme.
Nestor a écrit :Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain
"Toute parole peut détruire une parole, mais aucune parole ne peut détruire la vie." (Saint Grégoire Palamas)
C'est votre droit le plus strict de professer vos propres croyances et convictions. Vous avez estimé que vous pouviez venir sur un forum orthodoxe tout à fait éloigné de vos convictions et le transformer en tribune en faveur de vos idées sans d'ailleurs - mais nous sommes habitués à de tels faits- manifester la moindre tolérance réciproque à notre égard, au vu des jugements que vous vous êtes permis de porter sur des saints parmi les plus respectés de l'Orthodoxie et sur les convictions du peuple chrétien orthodoxe. Toutefois, nous arrivons ici à un stade où je me permets d'intervenir avec vigueur: il ne s'agit plus de l'exposé de vos convictions, de vos croyances et de vos présupposés idéologiques; il s'agit là d'une présentation des faits qui n'est pas conforme à la réalité - du moins telle que j'ai pu l'observer en Transylvanie, par exemple. J'ai été témoin de ce que vous appelez la "nouvelle évangélisation" dans ces régions, de l'argent utilisé pour le prosélytisme anti-orthodoxe, de cette paroisse catholique où le prêtre priait publiquement pour la mort du prêtre orthodoxe du village - qui dut d'ailleurs quitter le village à cause de cette atmosphère de violence -, des églises prises d'assaut en pleine liturgie. Je goûte donc fort peu votre affirmation - nouvelle affirmation sans preuve, au demeurant. Et elle me ramène forcément à ma remarque de départ: essayez d'en apprendre un peu plus sur l'Orthodoxie avant d'en parler.
sabeth
Messages : 35
Inscription : mar. 23 mars 2010 2:30
Localisation : Suisse romande

Re: Présentation et témoignage

Message par sabeth »

Claude le Liseur a écrit : Votre intention est louable, mais on ne change pas de religion comme de chemise. L'Eglise orthodoxe du Christ n'est pas un club auquel on décide d'appartenir parce que l'on s'y sent bien ou pas. Comme l'avait écrit le futur métropolite Amphiloque (Radović) au hiéromoine Gabriel (Patacsi), "on ne joue pas avec l'éternité". Toute conversion est une démarche difficile parce qu'elle participe à la lutte spirituelle. Nous n'entrons pas dans un havre, nous luttons pour acquérir le Royaume. "Les violents s'en emparent" (Mt 11,12). Je souhaite que Sabeth ne rejoigne l'Eglise voulue et fondée par le Christ que si elle est vraiment convaincue de son choix.
Je confirme... Il est vrai que l'esprit actuel est très humaniste, très influencé par l'esprit "New Age" où finalement tout est relatif, et à chacun de faire sa sauce et son chemin
comme il l'entend : "l'important c'est d'être sincère" ! Mon cheminement est loin d'être une partie de rigolade et s'il n'en était que de mon confort ne serait-ce que social, je resterais
bien au chaud chez les catholiques où j'ai la majeure partie de mon réseau d'amis. Depuis mon "chemin de Damas" dont j'ai parlé plus haut, il y a eu bien des nuits au sommeil agité
et boule à l'estomac. Ce n'est que hier que j'ai commencé à parler de ma conversion à un ami catho tradi interloqué. Mais... je tiens à ajouter qu'il y a un grand soulagement aussi.
En ce qui me concerne il réside principalement dans le fait d'abandonner avec un immense ouf de soulagement une spiritualité et une manière de prier affreusement juridique
et même "mercenaire" (les messes pour.... sacrifices pour... dévotions réparatrices qui m'ont toujours mise très mal à l'aise parce que je ressentais cette démarche comme horriblement prétentieuse, etc); une représentation insistant sur les tourments sanglants du Christ qui frisait parfois, à mon avis, certaines manières pas très saines d'aimer l'horreur, le tout sur un fond très culpabilisateur. Le catho progessiste me dira que tout ceci est dépassé et que le catholicisme actuel a changé. Que nenni ! Toutes ces choses sont encore pleinement cautionné par la Magistère catholique (que beaucoup de cathos n'écoutent plus d'ailleurs) en place. J'acceptais et pratiquais ces choses-là par souci d'obéissance et parce que je me disais que c'était moi qui avais un problème pour accepter l'enseignement de l'Eglise. Je cherchais des solutions, interrogeais mon père spirituel d'alors et accueillais docilement ses réponses, mais jamais je n'ai pu être convaincue par cela, et encore moins à l'aise. Maintenant je comprends que le problème, ce n'était pas moi.
Pour en revenir à ce que lecteur Claude a écrit, je ne quitte pas un club pour un autre. Je constate simplement une terrible déchirure dont la réparation sera longue (si elle a lieu un jour...) et ne peux que pleurer en constatant les dégâts. Pleurer en voyant mes amis continuer à se battre contre des moulins à vents. Et pour ma part quitter une barque trouée pour aller rejoindre la Source.
Claude le Liseur a écrit :
Nestor a écrit :Ne serait-ce parce que je suis convaincu intérieurement qu'au delà d'une différence affichée nos Eglises sont spirituellement (et théologiquement,bien sûr) tellement proches
Vous ne connaissez pas l'Orthodoxie de l'intérieur. Si vous aviez fait le pas, vous sauriez à quel point c'est différent. Pour résumer un peu les choses, je parlerais comme le cardinal Congar, qui n'a pas franchi le pas, mais qui a eu une intuition: "Tout est pareil, et tout est différent". Or, contrairement à ce que vous affirmez, tout est pareil extérieurement, tout est différent intérieurement.
Complètement vrai. Si les différences n'avaient porté que sur des détails rituels par exemple, pourquoi donc tant me fatiguer ?...
Claude le Liseur a écrit :
Nestor a écrit :Tellement proches que je ne vois pas pourquoi un orthodoxe interdirait à un autre orthodoxe de vénérer la sainteté tellement lumineuse de Saint-François d'Assise
Mais avez-vous lu le livre publié à Moscou sur les raisons pour lesquelles la spiritualité de François d'Assise ne peut pas être recommandée du point de vue de la spiritualité orthodoxe? Avez-vous songé aux implications que la question des stigmates, par exemple, représente du point de vue de la spiritualité traditionnelle ?
Tiens, ce livre m'intéresserait. Avez-vous la référence svp ? Connaîtriez-vous un équivalent sur les saints du carmel qui ne sont pas non plus, il me semble reconnus dans
l'orthodoxie ? Je souhaite connaître les raisons.
Pour les stigmates, ça rejoint le genre de spiritualité dont j'ai parlé plus haut dans ce message. Il y des traits de St François comme la simplicité et la proximité de la nature qui
est très belle... mais que l'on retrouve chez des saints orthodoxes : j'aime autant aller chercher chez ceux-ci, je suis sûre de ne pas y retrouver de mélanges pas très... orthodoxes ! ;-)

Claude le Liseur a écrit :
Nestor a écrit :Le mien est plutôt de dire à mes frères orthodoxes que notre maison chrétienne commune en Europe - pour commencer - est en train de brûler et que l'incendie prend force.
Malheureusement, c'est là votre affirmation la plus importante, et c'est là où une analyse dépassionnée de la situation me conduit à un tel désaccord avec vous. Vous devriez peut-être vous poser la question suivante: pourquoi la déchristianisation et l'athéisme ont-ils pris naissance dans votre monde catholique romain et pas dans le monde orthodoxe? Poser la question, c'est y répondre, et c'est la réflexion que se sont faites de nombreux auteurs orthodoxes tels que Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, que je vous invite à lire, car ils ont tous été publiés en français (langue dans laquelle Khomiakov a directement écrit, soit dit en passant). Il est évident que la source de l'incendie de la "maison chrétienne commune en Europe", c'est avant tout l'augustinisme, et secondairement d'autres erreurs dont on a fait la promotion dans les chrétientés hétérodoxes. C'est exactement le raisonnement que vous trouverez dans la très belle encyclique des monastères de l'Athos du 30 décembre 2006, qui se situe dans le droit fil des réflexions de Khomiakov, Kalomiros ou Yannaras, mais qui dénote aussi une connaissance très fine du drame de l'Europe occidentale:
Sa Béatitude l’archevêque d’Athènes désire nouer des liens avec le Vatican à propos de questions sociales, politiques ou bioéthiques, et puisqu’il propose de prendre en commun la défense des racines chrétiennes de l’Europe (positions que l’on peut également trouver dans la “déclaration commune” du Pape et du patriarche au Phanar), Au niveau des principes ces positions peuvent paraître ne présenter aucun danger et elles peuvent même paraître positives dans la mesure où elles visent à instituer une collaboration entre tous les hommes recherchant la paix. En même temps cependant il est significatif qu’elles ne donnent pas l’impression qu’aujourd’hui encore l’Occident et l’Orthodoxie reposent sur les mêmes bases et qu’elles ne conduisent pas à oublier l’écart qui sépare la Tradition orthodoxe de ce qui est habituellement présenté comme “l’esprit européen”. L’Europe (occidentale) est l’héritière de toute une série d’institutions et d’entreprises antichrétiennes, comme les Croisades, la sainte Inquisition, l’esclavage, la colonisation ; elle porte le poids de la terrible déchirure qui a été le résultat du schisme du Protestantisme, du désastre des guerres mondiales, de l’humanisme anthropocentrique et de son athéisme. Tout cela ne reptésente que les conséquences de la séparation entre Rome et l’Orthodoxie. Tant les hérésies papistes que les hérésies protestantes qui les ont suivies ont éloigné l’Occident de l’humilité du Christ, à la place duquel elles ont voulu ériger l’orgueil humain. Depuis Dachau le saint évêque Nicolas d’Ohrid et de Jitcha écrivait : « L’Europe, qu’est-ce que c’est ? C’est le Pape et c’est Luther… Ontologiquement et historiquement, c’est dans ce foyer que l’Europe trouve son origine. » Et le bienheureux staretz Justin Popovitch ajoute : « Le Concile Vatican II représente la renaissance de tous les humanismes européens… En effet ce Concile ne s’en est tenu qu’à l’infaillibilité du Pape. » et il conclut : “« indiscutablement les principes et les potentialités de la culture et de la civilisation européenne (occidentale) sont des ennemis du Christ. » C’est pour cette raison qu’il est important d’affirmer l’humilité du comportement de l’Orthodoxie et de rappeler les racines réellement chrétiennes de l’Union européenne, qui étaient celles de l’Europe des premiers siècles, à l’époque des catacombes et des sept Conciles œcuméniques. Il faut souhaiter que l’Orthodoxie ne se charge pas des péchés d’autrui et plus encore qu’elle ne donne pas aux Européens qui ont abandonné le christianisme par réaction aux errances du christianisme occidental, l’impression que l’Orthodoxie lui est identique en oubliant de témoigner qu’elle est la seule Foi authentique en Christ et l’espoir des peuples de l’Europe.
Certes, c'est là un point de vue radicalement différent du vôtre, mais il me semblait de mon devoir de vous le faire connaître, parce que le premier amour que je vous dois, c'est la vérité. On ne sauvera pas la "maison chrétienne commune en Europe" par des marchandages, par des mélanges entre la vérité et l'erreur et par de la politicailerie ecclésiastique. Les évêques orthodoxes qui se sont engagés sur cette voie pour des raisons complexes - ignorance (vous ne pouvez imaginer combien est grande l'ignorance à l'égard de l'Europe occidentale dans certains pays orthodoxes qui connurent le communisme, l'Europe occidentale n'ayant pas, pour se faire connaître, le fait d'être anglo-saxonne comme l'Amérique du Nord, ni même d'exporter des telenovelas comme le Brésil), politique, naïveté, fascination pour la puissance, zèle mal éclairé, ou toute autre raison louable ou moins louable - risquent fort de compromettre le (très) timide renouveau spirituel enregistré depuis un quart de siècle. Ce que je vous annonce là n'est pas ce que le monde veut entendre; mais mieux vaut être Michée que Sédécias ( I Rois 22,24) et, là encore, je préfère dire une vérité qui me semble patente que de me conformer à l'esprit du temps.
Quant aux moines de l'Athos, sans doute sont-ils, si je suis vos critères, de ces "rares" orthodoxes qui agissent "au mépris de toute justice". Pourtant, nous en connaissons plus d'un qui a beaucoup gagné à se mettre à leur écoute.
Le livre réunissant des textes de Khomiakov à ces sujets est magistral ! Quelle analyse géniale cet homme a faite. Je l'ai emprunté à la bibliothèque, mais j'entends bien l'ajouter
à ma prochaine liste d'acquisitions : c'est une référence.
Nestor a écrit :Derrière l'offensive haineuse contre le cathollicisme
Vous ne précisez pas ce qu'est pour vous cette offensive haineuse. Pour beaucoup de mes amis, cette offensive serait l'étalage des scandales moraux touchant l'Eglise Catholique
en ce moment. Mais peut-on abreuver les peuples et surtout le clergé de jansénisme pendant plusieurs générations sans en subir les conséquences, même après coup ?...
Ma pensée va aux victimes et même en un sens aux prêtres ayant chuté (moi je les considère aussi comme des victimes en un certain sens), bien plus qu'à Benoît XVI.
Nestor a écrit :Non,la nouvelle évangélisation n'est pas du triomphalisme romain
Si, justement ! Il suffit d'aller voir sur le site du Vatican et de lire les textes sur l'oecuménisme : celui-ci ne peut être, selon le Magistère, qu'une oeuvre somme toute très
politique en vue d'une soumission universelle des chrétiens au Pape de Rome, quitte à les autoriser par une certaine condescendance (avec laquelle tous les cathos ne sont pas
d'accord, surtout dans les milieux tradis : l'oecuménisme est l'une des principales pierres d'achoppement entre le Vatican et les Lefèvristes, qui la refusent en bloc, en ardents défenseurs du Concile de Trente) à garder leur rite propre; de l'uniatisme à grande échelle, en somme, pourvu que tout soit soumis à Rome. Mais le problème est que
se soumettre à Rome signifie implicitement cautionner tous ses enseignements, y compris le dogme de l'infaillibilité ! Car sinon, cela voudrait dire que le système romain actuel
se tire une balle dans le pied, en acceptant dans son giron des communautés qui rejettent cette doctrine : ce serait un non-sens complet. Dilemme...
J'ai vaguement entendu que certains patriarches orthodoxes seraient prêts à accepter une ouverture à ce type d'oecuménisme, et cela me fait peur.
Répondre