Starets français

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hilaire
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Message par hilaire »

Et quant au clergé “indigène”, il n’est en grande majorité orthodoxe que d’importation, il a été ordonné soit dans l’Église catholique, soit dans une secte.

Oui, et Saint Paul avant s'appelait Saul et il massacrait les chrétiens, ce qui ne retire rien à la qualité de ses épîtres me semble-t-il, ni de son martyr...

peu m'importe personnellement qu'un prêtre orthodoxe soit français non importé, importé, grec, russe, roumain, moldave, inuit, zoulou... pour peu qu'il soit orthodoxe !
hilaire
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Message par hilaire »

Serait-ce ce message?
Emilie van Taack. a écrit :Chers amis,

À propos de l’échange entre Nicolas Ross et Betty Starynkevitch, je voudrais rebondir sur ces mots très significatifs de Nicolas :

« Tout se passe comme si notre Archevêque ne considérait l'émigration russe dont la majorité d'entre nous sont issus que comme une étape, désormais achevée, d'un grand dessein de transmission de la foi orthodoxe à l'Occident. »

Il y a chez l’archevêque Gabriel, comme chez la plus part des convertis occidentaux, une très profonde inconscience de la difficulté que représente le fait de devenir orthodoxe. Selon eux la foi orthodoxe nous a été transmise par les Russes une fois pour toutes, c’est fait, et nous n’avons plus besoin d’eux !

Comme si cela pouvait se faire simplement par une décision de notre volonté ! Bien sûr, sans la décision de notre volonté, rien n’est possible… Mais ensuite, il faut peu à peu que la vie tout entière devienne orthodoxe, que notre façon de penser, notre mode d’être, le devienne aussi… Et cela n’est possible que dans une très profonde humilité, dans la conscience perpétuelle que nous ne sommes pas encore orthodoxes au sens plein du terme, que nous avons tout à apprendre ! Qu’à chaque pas nous avons besoin de Dieu, de son illumination, et donc de l’aide de notre frère, de nos frères : à quel starets français pourrions-nous demander de nous corriger et de nous faire voir nos erreurs ? Ceux qui pourraient légitimement être considérés comme tels refusent eux-mêmes absolument de relâcher les liens qui les relient aux starets qui les guident et qui appartiennent à des pays orthodoxes, qu’il s’agisse de la Russie ou de la Grèce ou de la Roumanie…

Mais nous n’avons pas cette modestie ! Nous croyons pouvoir nous débrouiller seuls, alors que nous n’avons pas même encore commencé d’explorer l’héritage qui nous a été transmis par la première génération des émigrés russes ! Alors que nous n’avons pas les moyens d’assimiler même partiellement cet héritage parce que nous sommes pleins de nous-mêmes !

L’exposition d’icônes de l’institut Saint Serge était très significative à ce sujet : tant de gens qui s’intitulent iconographes, et mêmes maîtres dans cette activité, et qui ne savent rien, ni ce qu’est une icône ni ce qu’elle signifie, ni théologiquement ni spirituellement !

Nous ne pouvons que grandir – et devant Dieu et devant les hommes - à nous considérer comme des pauvres, comme des ignorants et des apprentis ! Et c’est sur cette voie de la modestie et de la lucidité que nous pourrons un jour nous montrer suffisamment mûrs spirituellement pour pouvoir être considérés pleinement comme une Eglise locale.

Que le présent carême nous soit une occasion, à travers les magnifiques textes du Triode, de comprendre combien nous sommes loin encore de ce que nous cherchons !
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Chers amis,

À propos de l’échange entre Nicolas Ross et Betty Starynkevitch, je voudrais rebondir sur ces mots très significatifs de Nicolas :

« Tout se passe comme si notre Archevêque ne considérait l'émigration russe dont la majorité d'entre nous sont issus que comme une étape, désormais achevée, d'un grand dessein de transmission de la foi orthodoxe à l'Occident. »
Le rôle providentiel de l'émigration russe était aussi, dès le début (1925), la position d'un petit groupe d'émigrés, Wladimir Lossky et ceux qui fondèrent avec lui la confrérie Saint-Photius.
Je crois qu'ils avaient raison sur le fond. La Providence existe. Notre vie a un sens. Même nos malheurs ont un sens. La pauvreté avait jeté dans l'émigration aux Etats-Unis des milliers d'uniates ruthènes que saint Alexis Tóth a ramenés dans le sein de l'Orthodoxie et qui sont à l'origine d'un renouveau dont les effets se font encore sentir de nos jours. Les descendants des survivants de l'effondrement de la Grèce d'Asie (1922), parvenus à New York ou à Chicago, ont apporté la vie monastique sur le continent nord-américain. Aujourd'hui, les émigrés roumains que la ruine de leur pays par le communisme a contraints à un exil économique pénible en Europe occidentale sont en train de fonder des églises orthodoxes jusque dans les petites préfectures de province d'Italie ou d'Espagne.
Makcim, qui a relancé cette discussion, est un bon connaisseur du bouddhisme. Il comprendra sans doute la réflexion que je fais depuis des années. Je suis frappé par le contraste entre l'attitude des Tibétains chassés de leur pays par l'envahisseur communiste et qui y ont vu une occasion de faire connaître leur tradition là où l'exil les avait jetés et qui ont répondu à la demande de ceux qui les accueillaient, et des émigrés venus de l'un ou l'autre pays de tradition orthodoxe qui, à la troisième génération née en exil, ne veulent toujours pas comprendre qu'ils ne sont pas ici comme des voyageurs sans bagages, mais qu'ils portent dans leurs valises le plus précieux des trésors.
Makcim
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Message par Makcim »

Bon, Hilaire a fait la citation d’Emilie Van Taack à ma place ; voilà qui est fait donc. Et il n’est d'ailleurs peut-être pas inutile de commenter son texte. J'aurais bien deux ou trois choses à rajouter un peu plus tard...

Pour ce qui est des starets et ce qu’en disait fort justement Antoine
« Ce dont on manque le plus, c'est de vrais enfants spirituels »
oui, cette citation du Père Syméon, qui ne lui appartient pas, est sans doute très juste et je me rappelle un entretien avec Père Placide il y a quelques années dans lequel il confiait à quel point la notion même d’obéissance était désormais devenue si difficultueuse dans la jeunesse, même celle qui se sent vocation à s’engager dans les monastères.
Il n’est sans doute pas inutile de réfléchir à deux fois avant d’obéir aveuglément à n’importe qui, ce qui est légitime et conseillé dans n’importe quel domaine mais la base même de la relation avec le père spirituel - qu’il soit bouddhiste ou chrétien – c’est d’un autre ordre , c’est avant toute chose la confiance, qui permet l’indispensable abandon de sa volonté propre, et la découverte aventureuse et risquée de la véritable liberté qui est le retrait de la tyrannie de l’ego. Tout cela a été bien exposé.
Je crois d’ailleurs que s’il y a peut-être quelque chose au-delà des théologies et des croyances qui puisse permettre de « communiquer » entre personnes engagées sincèrement et de manière authentique dans une voie spirituelle, comme on dit, c’est ce quasi universel précepte de l’abandon…qu’il faut assortir de la vigilance et de l’attention bien sûr, non seulement exercées sur nos propres faiblesses mais également sur notre refus récurrent de l’abandon.
Bon courage à tous les amateurs !...

Mais pour revenir à notre réalité mondaine qui est le lot du plus grand nombre c’est bien des prêtres de nos paroisses dont nous avons à nous occuper moins que d’improbables starets qui se montreront quand Dieu voudra et je suis bien d’accord sur la nécessité de
« former un clergé indigène »
comme le dit Jean-Louis. Quant aux
« clercs orthodoxes qui sont mal dans leur peau dans leur pays d’origine, pour des raisons très diverses »,
que j’ai oubliés dans ma liste, c’est juste, ils existent également en effet et je dois dire que j’en ai même rencontré sur la Sainte montagne où l’on trouve de tout puisque j’y fus…
Va pour votre conclusion, Jean-Louis, après tout, j’ai toujours été un pessimiste actif et attentif à tout ce qui pourrait arriver.

Enfin pour faire écho aux questions de lecteur Claude sur les Tibétains et les Orthodoxes, je pense que cela mérite une véritable réflexion car il y a effectivement quelque chose de frappant dans les similitudes et les différences chez ces deux peuples fuyant le communisme, chacun recréant à l’étranger les conditions de survie de leur religion en se confrontant aux mêmes types de problèmes récurrents chez les « occidentaux » mais trouvant des solutions bien différentes et d’inégale efficacité. Je vais y revenir dès que possible.
Makcim
Antoine
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Message par Antoine »

Makcim a écrit :la base même de la relation avec le père spirituel - qu’il soit bouddhiste ou chrétien – c’est d’un autre ordre , c’est avant toute chose la confiance, qui permet l’indispensable abandon de sa volonté propre, et la découverte aventureuse et risquée de la véritable liberté qui est le retrait de la tyrannie de l’ego. Tout cela a été bien exposé.
Pourquoi cette digression:"qu’il soit bouddhiste ou chrétien"? Une paternité spirituelle qui n'est pas un engendrement dans le Christ est-elle une véritable paternité spirituelle? Ne mettons-nous pas le terme de "spiritualité", "spirituel(le)" un peu trop à toutes les sauces?
Je tique également un peu sur cette notion de "liberté, retrait de la tyrannie de l'ego" dont vous parlez. Il me semble que l'orthodoxie s'exprime davantage en terme d'humilité, «arme invincible contre tous les ennemis» nous dit Théophane le Reclus. Cette obéissance absolue au Père Spirituel est le chemin de l'humilité plus que de la liberté qui est un concept lourd et très chargé.
C’est peut-être là une différence fondamentale: le bouddhisme parle "liberté" quand l’orthodoxie parle "humilité". C’est l’Esprit Saint qui confère la véritable humilité.
Le christ nous dit « je suis doux et humble de cœur » (Matt. 11,29)
L’Evangile n’emploie jamais le terme de "liberté". Il emploie l’adjectif "libre" ou le verbe "libérer" comme par exemple dans Jn 8,34-48 et il s’agit toujours de la libération de l’homme du péché par l’incarnation, il s’agit du Christ venu nous libérer de l’esclavage du péché. L’esclavage du péché n’est pas "la tyrannie de l’ego" mais celle de Satan dont nous délivre le mystère du baptème. «Si le Fils vous libère vous serez vraiment libre» (Jn 8,26) Ceci est étranger au bouddhisme pour lequel la liberté repose sur une entreprise humaine et non sur la vie en Christ. «Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous, nous demande St Paul.»(IICor 13,5). Toujours Théophane le Reclus nous dit avec tous les Pères: «Nous tous qui avons été baptisés et avons reçu le sacrement de la chrismation, nous avons reçu le don de l'Esprit Saint. Il est en chacun de nous mais il n'est pas également actif en chacun de nous.»
Et Saint Grégoire le Sinaïte (dont il a été récemment question sur ce forum à la rubrique "les âges du christ ") nous écrit: «Le don que nous avons reçu de Jésus-Christ dans le saint baptême n'est pas détruit, il est seulement enterré comme un trésor dans le sol. Le bon sens autant que la reconnaissance veulent que nous déterrions ce trésor et que nous le fassions paraître à la lumière. Cela peut se faire de deux façons. Le don du baptême est révélé d'abord par un accomplissement consciencieux des commandements; mieux nous les accomplissons, plus le don brille en nous de toute sa splendeur et de tout son éclat. Ensuite, il est mis en lumière et révélé grâce à l'invocation constante du Seigneur Jésus ou au souvenir continuel de Dieu, ce qui est une seule et même chose. La première manière est efficace, mais la seconde l'est davantage, car même la fidélité aux commandements reçoit toute sa force de la prière.
C'est pourquoi si nous voulons vraiment voir fleurir la semence de grâce qui est cachée en nous, nous devons nous hâter d'acquérir l'habitude de cette activité du cœur, et pratiquer constamment cette prière au-dedans de nous, sans aucune image ni représentation, jusqu'à ce que notre cœur soit réchauffé et notre âme enflammée d'un amour inexprimable envers Dieu et envers les hommes.»


Si certaines similitudes ascétiques peuvent être observées dans le bouddhisme et l'orthodoxie, leurs finalités me semblent en revanche très éloignées.
L'expression "Retrait de la tyrannie de l'ego" est très ambigüe: Si c'est l'ego qui est tyrannisé, oui, et c'est le Christ qui le libère, si c'est l'ego qui exerce sa propre tyrannie alors nous sommes dans une autre problématique, l'ego signifiant au delà du moi empirique le sujet substantiel.
Dernière modification par Antoine le ven. 17 mars 2006 13:23, modifié 2 fois.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Jean-Louis Palierne a écrit :Nous arrivons à une situation très malsaine, où les prêtres d’origine “indigène” — qui doivent former à peu près la moitié du clergé, toutes juridictions confondues — sont tenus à l’écart de la vie des “juridictions” qui est monopolisée par un petit cercle “d’origine orthodoxe” (mais que signifie une origine au troisième degré ou plus ?). Et quant au clergé “indigène”, il n’est en grande majorité orthodoxe que d’importation, il a été ordonné soit dans l’Église catholique, soit dans une secte.
Le premier travail d’un évêque qui prendrait à cœur sa tâche missionnaire serait de former un clergé indigène. Il y a dans le passé de l’Église orthodoxe de glorieux exemples. Malheureusemernt ce travail n’a jamais été entrepris en France (précision : depuis le départ de l’évêque Jean Maximovitch). Nous payons aujourd’hui le prix de cette carence.
Comment pourrai t'il en être autrement ? Il ne peut encore y avoir beaucoup de français né orthodoxes qui se présentent au sacerdoce. Nous avons donc une majorité de convertis. Ceux-ci ont donc eu une vie avant, parfois "ecclésiale". Beaucoup viennent de l'ECOF, mais ceux qui ont été repris ont été chirotésiés, comme dans le cas de Père Jean Pierre Pahud, d'une manière satisfaisante, ou ordonnés par un évêque après examen canonique. Ce, au moins dans la Métropole Roumaine et le diocèse serbe.
La formation en France existe, la Théologie s'apprend à l'Institut Saint Serge, et les clercs se forment à la liturgie au cours des célébrations avec les anciens, et dans les monastères.

Certes, nous n'avons pas en France de séminaire, ni d'enseignement unifié pour le clergé. Mais les choses se mettent en place lentement, si j'en crois les communiqués de l'AEOF.

Et il n'y a pas beaucoup de candidats au sacerdoce, c'est une réalité (je ne parle pas là des transfuges d'ecclésioles en mal de reconnaissance).

Jean-Louis, vos critiques sont constructives. Mais il est inexact de dire que rien ne se fait. Pour ce que je connais, le Métropolite Joseph au moins se préoccupe d'avoir un clergé local, et de le former. Du reste, nous avons même un évêque "indigène", Monseigneur Marc, fut-il "vicaire" et roumanophone.
Des efforts sont faits, et la volonté existe, même si les obstacles, dont ceux que vous évoqués, sont bien réels.
Makcim
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Message par Makcim »

En réponse j’avais d’abord écrit quelques pages sur la nécessité vitale de ne pas servir une nourriture nouvelle, saine et sainte, dans de vieux plats contaminés par une nourriture avariée faute de voir cette nourriture nouvelle contaminée à son tour. Il faudra bien que des voix s’élèvent pour faire prendre conscience que l’on alimente et perpétue la maladie au lieu de la guérir et que l’on fait fuir les malades définitivement car faute d’avoir insisté sur la différence et la nouveauté en utilisant des formes surprenantes ils n’auront pas vu de différence avec l’ancien menu et n’auront aucunement la conviction qu’ils pourront satisfaire leur faim et étancher leur soif et encore moins de boire à la source…aussi iront-ils dans d’autres auberges. Et que l’on ne me parle pas d’aggiornamento car ce n’est certes pas à cela à quoi je fais référence mais le Seigneur lui-même le dit : « On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. » (Mat.9/17).

Je renonce à être plus explicite et je préfère répondre en racontant ceci :

Je me rappelle l’époque des premières années de mon passage à l’Orthodoxie.
Bienheureux temps avant l’irruption soudaine du World Wide Web, où pour étancher ma soif de savoir, de connaître et de retrouver ces trésors qu’avait offerts à mes yeux éblouis le Père Basile de Stavronikita avec son « Chant d’entrée », je n’avais pas pu avoir l’idée saugrenue, qu’ont certains maintenant, de s’inscrire sur un forum Internet pour se laisser prendre aux mirages du virtuel qui cache tous les projets, bien réels en revanche, les moins comme les plus nobles. Je lisais des livres et surtout j’allais rencontrer et écouter des hommes réels, des personnes, avec un visage, un regard, une voix, une présence réels.

Parmi ceux, nombreux et variés que j’avais rencontrés, écoutés et lus, il y avait un moine à la barbe fournie et au regard de braise, rencontré au monastère Saint Antoine où il était de passage, très peu en odeur de sainteté – et qui s’est bien rangé maintenant pour ne plus faire peur à personne – mais conservant le regard miséricordieux et aimant du Père Placide, qui publiait des livres et faisait des conférences. Cet homme particulièrement volubile – ce qui est évidemment peu recommandable pour un moine – faisait des conférences et avait choisi de prêcher dans des milieux encore moins en odeur de sainteté et ses discours étaient émaillés de tas de références peu orthodoxes, et quelquefois de « crudités » qui auraient pu « surprendre » même les plus délurés… et pourtant la rencontre réelle de cette personne ne m’a jamais fait douter de la sincérité et de la profondeur de son engagement ni de son amour de l’Orthodoxie pour laquelle il portait déjà, bravement, une croix peu légère. J’ai suivi un temps les conférences de cet homme et puis je n’ai pas poursuivi, sans doute tout de même un peu perdu par ses « digressions » d’alors et recherchant un peu plus d’académisme, mais je lui suis reconnaissant d’avoir été celui qui m’a rappelé à l’époque que « 14[…] Satan lui-même se déguise en ange de lumière. » et qu’ « 15 Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. ».

C’est en effet lui qui m’a mis en garde, clairement, fermement, alors que j’étais en quête d’une paroisse pour ma famille d’alors, contre un certain prêtre dont je tairai le nom, bien qu’il ait été souvent cité dans ce forum pour sa « brillante » carrière. J’avais fait sa connaissance après avoir écouté ses conférences en Sorbonne que j’avais trouvées particulièrement intéressantes, et j’avais été frappé que l’on puisse trouver tant de choses si actuelles dans les écrits des Pères de l’Eglise dans lesquels le conférencier ne cessait de puiser, et sans autre référence aucune, pour étayer ses discours comme il le faisait dans ses livres que je m’étais mis à lire aussitôt après, encore plus stupéfait et ravi que l’on puisse trouver toutes ces choses dans la tradition orthodoxe. J’étais même allé chez cet homme, à son invitation, et j’avais pu vérifier que les rayons de sa bibliothèque impressionnante étaient remplis des ouvrages des Pères dans toutes les éditions existantes. Il m’avait conseillé une liste de livres que je me suis mis dévorer aussitôt. J’étais donc particulièrement bien disposé à rejoindre sa paroisse alors située au nord de Paris. J’y fus d’ailleurs, et étrangement cela me rendit alors perplexe et perplexe au point que je m’en ouvris au moine sus-cité. Après un silence dont était capable aussi cet homme de Dieu, il faut le dire pour être juste, il me dit simplement cette phrase de L’Apôtre : 2Cor. 11-15. et j’ai cessé dès lors tout contact avec le brillant conférencier.

Voilà ma réponse et s’il faut être plus clair, pour refaire une petite liste comme dans mon message précédent, je dirai en guise de morale de ces histoires :

Il y a des hommes dont le discours n’est pas pur, non seulement parce que leur discours est forcément le reflet de leur cheminement et de leur culture mais aussi parce qu’ils savent, être comme l’Apôtre qui proclame, pour le citer encore une fois : « 20 Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi quoique je ne sois pas moi-même sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi; 21 avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi quoique je ne sois point sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ, afin de gagner ceux qui sont sans loi. 22 J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. 23 Je fais tout à cause de l’Evangile, afin d’y avoir part. » Et ceux-là qui semblent faire faire des détours peu sûrs à ceux qui les écoutent peuvent sauver !

Et puis il y a des hommes qui citent droitement et uniquement les Pères et dont le discours est irréprochablement pur, et orthodoxe et qui vous mènent tout droit, sans détour, et sûrement… sur le chemin de la perdition !

Et enfin il y a d’autres hommes qui confessent à hauts cris la foi juste et la doctrine sans tache, avec lesquels il est préférable de ne pas discuter, qu’il est préférable d’éviter, car ceux-là, quoi que vous disiez, scrutent et finissent par trouver ce qu’ils recherchent dans les paroles de ceux qu’ils écoutent, pour les mener droit également, sans « digression », sans détour également…à la condamnation au bûcher !
Puissent Dieu nous préserver de ce que ceux-là aient jamais quelque fonction sacerdotale ou magistrale car alors… ça sentira le roussi pour les autres, je le crains.

ps : Une petite suggestion Antoine : se dérussifier un peu et s'helléniser à proportion permettrait peut-être de constater que l'ego est une notion très familière aux orthodoxes grecs... si, si.. au fait quelle différence entre "philautie" et "tyrannie de l'ego". S'il ya quelque chose que j'ai appris du Bouddhisme c'est bien à assumer d'abord et complètement la responsabilité entière de mes actes sans la moindre excuse et c'est bien ce qui m'a conduit ensuite en un deuxième temps... à la conversion au Christ !
Makcim
Antoine
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Message par Antoine »

Si vous me dîtes que ce que vous entendez par "tyrannie de l'ego" c'est la philautie, très bien. Mais je trouve cette expression très ambigüe. Sans doute cette ambigüité fait elle partie de sa tyrannie... Il est simplement bon de préciser, l'ego étant une notion aux sens tellement multiples et vagues aujourd'hui. Mais je ne vois toujours pas pourquoi cette digression par le bouddhisme (qui m'est étranger) quand vous parlez de paternité spirituelle.
Précisons également que quand vous parlez des conférences de Monsieur Laroche à la Sorbonne, qu'il soit entendu que l'institution ainsi nommée ne faisait que louer ses murs et n'accordait en aucun cas son patronnage ou sa "paternité" aux contenus véhiculés. Cela était organisé par un cercle un peu "ésotérique" où se mêlaient à la fois des sujets abordant aussi bien la connaissance du monde par les orteils, la religion des pélicans, le ying et le yang dans la cuisine du riz, le secours de l'astrologie dans la récolte des cacahuètes, la sagesse de la philocalie. Puis ces conférences se sont ensuite déroulées dans d'autres salles parisiennes afin d'éviter la récupération universitaire affichée. Lorsque Monsieur Laroche a cherché à intégrer la juridiction du Métropolite Vasile de Pologne il se targuait effectivement dans son curriculum "vite fait" de "donner des cours à la Sorbonne". Tous les moyens sont bons pour donner de l'éclat à une soutane qui n'est portée que par "tyrannie de l'ego".
Quant à me "dérussifier" ?!??!?!ce serait très difficile car il faudrait commencer par me russifier. Vous faites erreur et sur ma personne et sur les russes auxquels la philocalie n'est pas étrangère. Car s'il est vrai que la philocalie fut publié en grec à Venise à la fin du 18 ème siècle, elle s'est peu répandue dans le monde grec et davantage en Russie avec Païssi Vélitchkovsky puis Théophane le Reclus. Comme quoi nul n'est prophète en son pays...
Acceptez aussi qu'en cherchant à s'accorder avec ceux qui vivent intensément leur foi il peut arriver de trop tendre une corde avant de retrouver la note juste. Cela permet de jouer la partition...
Dernière modification par Antoine le sam. 18 mars 2006 20:09, modifié 1 fois.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Oui, le chemin des Français qui accèdent à l’Orthodoxie est très dur. Éliazar l’avait comparé à un parcours du combattant. Ce chemin est semé d’embûches et de chausse-trappes. Tous nous en avons rencontrées. Tous nous y sommes tombés. Le comble de la douleur, mais ce n’est que le comble, c’est le problème de la traduction du “Notre Père”. J’ai même entendu un éminent clerc orthodoxe, représentatif d’une éminente juridiction, dire un jour : « Oui d’accord, cette traduction ne vaut rien (il parlait de la traduction dite “œcuménique”, mais il aurait pu en citer bien d’autres), mais ça n’a aucune importance : nous, nous avons dans notre langue le véritable texte. » Cela montre le peu d’intérêt qu’ils accordent à l’édification d’une véritable Église locale. “Traditionnalistes” et “modernistes” se querellent rue Daru, mais a-t-on jamais vu les traditionnalistes mettre en cause au nom de la Tradition orthodoxe les traductions en français ?

Il y a des difficultés qui viennent de notre conditionnement propre, local, qui fait que beaucoup de gens ont du mal à situer une recherche spirituelle authentique entre intellectualisme et spiritisme.. Il y a des difficultés qui viennent de la faible fiabilité des gourous orthodoxes présents en Occident (notez la prudence des mots que j’emploie) Il y a des difficultés qui sont créées par le repliement sur soi des communautés immigrées d’origine orthodoxe. Mais il y a aussi des difficultés qui viennent de l’image que les Églises des pays de tradition orthodoxe se font de la réalité occidentale. Impressionnées par une image de science et de responsabilité, elles envoient des représentants qu'elles jugent capables de les représenter dans des négociations au sommet (???). Elles ignorent que les Églises d’Occident n’ont plus aucun crédit chez elles et ne sont plus que des écrans de fumée illusoire. Elles ignorent que les hommes et les femmes de l’Occident sont taraudés par un ardent besoin d’authenticité spirituelle. Elles ne reconnaissent que des transfuges soutanés et ignorent les “petits groupes de recherche” — qui certes sont beaucoup plus difficiles à fidéliser et à instruire.

Former un clergé indigène, beaucoup plus que de recruter des clercs venus d’ailleurs, serait discerner des hommes solides et mûrs et guider leurs pas dans la voie de l’Église.

L’expression “d’Église locale”, qui devrait être au centre de toute ecclésiologie, est mal perçue en France parce qu’elle est utilisée comme pancarte illusiore pour cacher un tout autre dessein. Il y a des gens qui ne rêvant que d’enseigner à l’Église orthodoxe, et avant tout aux Églises des pays de Tradition orthodoxe, qu’elles doivent se transformer pour remplir leur mission dans le monde. Ce serait la paroisse qui devrait porter le titre d’Église locale, et ce serait à elle de “porter et d’offrir le monde”, en mentionnant tous les noms à la Proscomédie, en répondant unanimement et communautairement à tous les “Amen” etc. Les Églises seraient administrées par des soviets de prêtres et présidées par des évêques élus, ordonnés par “l’Axios” communautaire. Plus de moines, le devoir du chrétien est d’engendrer, et d’ailleurs les paroisses seraient des fédérations de couples de fidèles orthodoxes (“la petite Église”).

Dans l’espoir de faire passer cet idéal dans les Églises des pays tradition orthodoxes, stérilisées et oddifiées par le monachisme, on a voulu présenter le projet de rénovation “d’Église locale”, qui représenterait la régénération de l’Église des émigrés au contact des valeurs propres de l’Occident.

Ce n’est pas le souhait des peuples de l’Orient orthodoxe, qui ptéfèrent retourner aux sources. Les modernistes occidentaux en sont tout étonnés. Mais ce n’est pas non plus ce que recherchent les occidentaux qui souhaitent trouver dans l’Orthodoxie un véritable ressourcement spirituel, parce qu’ils sont revenus désabusés par les rêves d’interventionnisme social des Églises d’occident.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Antoine a écrit : Vous faites erreur et sur ma personne et sur les russes auxquels la philocalie n'est pas étrangère. Car s'il est vrai que la philocalie fut publié en grec à Venise à la fin du 18 ème siècle, elle s'est peu répandue dans le monde grec et davantage en Russie avec Païssi Vélitchkovsky puis Théophane le Reclus. Comme quoi nul n'est prophète en son pays...
Je pense au contraire que la Philocalie a eu une influence majeure sur le peuple grec à la fin du XVIIIe siècle. Pas forcément le livre de saint Nicodème l'Hagiorite et saint Macaire de Corinthe, étant donné le grand nombre d'analphabètes à l'époque. Mais l'esprit philocalique, oui. La résurrection du peuple grec asservi a commencé avec le mouvement des Collyvades.
Et c'est là que se situe une tragédie dont l'Eglise a souffert jusqu'à nos jours. La Révolution grecque de 1821 (que les francophones appellent guerrre d'indépendance) a été le fait d'hommes profondément orthodoxes et marqués par l'esprit philocalique. C'est le métropolite Germain de Patras qui a le premier brandi la bannière de la révolte et crié le fameux: "La liberté ou la mort!" resté jusqu'à ce jour la devise de l'Etat grec et dont chaque syllabe est reprise par une bande du drapeau grec. Le fameux général Makriyannis, héros de la Révolution dont la statue se trouve au pied de l'Acropole d'Athènes, était un orthodoxe tout ce qu'il y a de plus traditionnel, qui entretenait une relation de confiance avec saint Jean-Baptiste, qui fut gratifié de divers dons spirituels, etc.
Le malheur est que cette Révolution a été détournée - avec la complicité de l'Angleterre, de la France et de la Russie qui avaient permis la victoire finale des Grecs en détruisant la flotte islamique à Navarin- par des éléments complètement contraires à l'Orthodoxie. Cela a commencé dès 1821, avec Ypsilanti et son Hétairie maçonnique et marquée par l'oecuménisme de la Sainte-Alliance réactionnaire d'Alexandre Ier (le disciple de Madame de Krüdener qui semble avoir connu une conversion radicale par la suite et être devenu en fait le starets saint Théodore Kouzmitch). Cela s'est aggravé après l'assassinat de Kapodistrias (alias Capo d'Istria, qui a toujours un quai qui porte son nom à Genève sur les bords du Rhône), président de la première République hellénique, d'ailleurs assassiné à la sortie de l'église.
Les Puissances protectrices de la Grèce ressuscitée ont alors imposé une caricature d'Etat allemand, avec un roi bavarois et catholique romain, Othon Ier. Le combat des héros de la Révolution grecque a été complètement trahi. L'Etat construit par Othon Ier n'avait aucun rapport avec l'Etat pour lequel ils s'étaient battus.
Les conséquences dans le domaine religieux ont été terribles. Othon Ier, son ministre protestant (ne pas oublier que toute la Franconie, c'est-à-dire tout le nord de la Bavière, est protestante) von Maurer et l'ambitieux archimandrite Théoclite (Pharmakidhis), père de l'oecuménisme en milieu ecclésiastique grec, ont séparé l'Eglise de Grèce du patriarcat oecuménique en 1833 et lui ont imposé une organisation administrative anti-canonique qui relevait en fait de l'érastianisme le plus extrême, plus explicitement appelée en grec κρατισμός: l'étatisme.
Von Maurer ne s'en cachait pas: l'Eglise devait être la servante de l'Etat. Il a donc copié le statut de l'Eglise luthérienne de Bavière de 1818, tandis que Mgr Théoclite se pâmait d'admiration devant le modèle allemand et suisse des Landeskirchen, dont nous continuons d'ailleurs à pâtir en Helvétie, à l'exception du canton de Genève qui a sagement séparé les Eglises de l'Etat en 1907. Le modèle n'était plus la Philocalie, mais les "Lumières" version Adamantios Koraïs. Cela a eu pour l'Eglise de Grèce des conséquences terribles (anti-monachisme, pénétration d'influences hétérodoxes dans l'architecture, l'iconographie, la formation du clergé) dont elle n'a commencé à se relever qu'à partir de 1923 et de l'afflux des réfugiés de la Grèce d'Asie qui, eux, avaient toujours vécu dans un milieu orthodoxe traditionnel.
Sur l'organisation non canonique imposée à l'Eglise de Grèce de 1833 à 1852, les deux sources en français sont A. Delembase, "Aux origines de l'oecuménisme dans l'Eglise de Grèce", traduit du grec, in La Lumière du Thabor n° 11, Paris 1986, pp. 63-89, et Archimandrite Grégoire Papathomas, L'Eglise de Grèce dans l'Europe unie, Epektasis, Katérini 1998, pp. 123-178 (écrit directement en français).
Certes, pendant tout ce temps, des saints ont continué à briller dans l'Eglise de Grèce, et saint Nectaire d'Egine n'est que le plus connu parmi eux. Mais cet éloignement des principes qui guidaient les révolutionnaires de 1821, cet éloignement de la spiritualité philocalique et héyschaste, a été un héritage très lourd à porter pour l'Hellade; le métropolite Hiérothée de Naupacte l'a fort bien décrit dans son livre sur saint Grégoire Palamas.

En revanche, les derniers Romanov ayant été des orthodoxes autrement plus sérieux que leurs prédécesseurs, l'Etat n'a pas fait obstacle au renouveau philocalique dans l'Eglise de Russie au XIXe siècle, et celle-ci a pu connaître une renaissance monastique et hésychaste malgré l'hypothèque que faisait peser sur elle le très césaro-papiste et très luthérien Règlement ecclésiastique de Pierre le Grand.
Yiannis
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Message par Yiannis »

lecteur Claude a écrit :
Les descendants des survivants de l'effondrement de la Grèce d'Asie (1922), parvenus à New York ou à Chicago, ont apporté la vie monastique sur le continent nord-américain.
Le monachisme orthodoxe de tradition grecque n'a pas été implanté aux Etats-Unis et au Canada par les descendants des réfugiés grecs de l'Asie Mineur, mais grâce aux efforts du père Ephraim de Philotheou, qui y a fondé 17 monastères depuis le debut des années 90. Il faut préciser que l'Archévêché Grec-Orthodoxe d'Amérique s'est longtemps opposée à la création de monastères en Amérique, à l'exception de l'archévêque Spyridon. Le feu archévêque Iakovos, un écumeniste ardant et collaborant étroitement avec des maçons riches, ne voulait entendre de monastères et de monachisme. Il en est de même pour d'autres évêques de cette jurisdiction. Le métropolite grec de Boston Méthodios, considéré par beaucoup comme un clône d'Iakovos, ne cache pas son hostilité à l'égard du monachisme en général et à l'égard du père Ephraim en particulier. Ses sermons publics le prouvent bien. Un autre métropolite conseille ses prêtres de ne permettre pas aux laïcs d'aller se confesser aux monastères. Il y a des prêtres et des laïcs qui visitent les monastères secrètement, pour qu'ils ne soient pas mal vus par le conseil de la paroisse! J'ai entendu des Orthodoxes américains appeler l'Archévêché Grec-Orthodoxe "Eastern-Rite Protestants". La pauvrété spirituelle de l'Archévêché ne semble pourtant pas gêner le Patriarcat de Constantinople (la "Grande Eglise du Christ", idôlisée par quelques Grecs Orthodoxes pour des raison que j'ai du mal à comprendre). La grande majorité des éléments traditionels de l'Archévêché (laïcs et prêtres mariés) est actuellement liée spirituellement aux monastères du père Ephraim.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

L’opposition au monachisme est une constante de toutes les tendances modernistes de l’Orthodoxie. Modernistes grecs et modernistes russes ne s’apprécient pas beaucoup mutuellement, mais étaient totalement d’accord sur ce point. Tous les jeunes gens qui aspiraient à la vie monastique étaient systématiquement découragés. Je ne pense pas que les modernistes grecs soient plus “protestants de rite oriental” que les modernistes russes, mais seulement qu’ils expriment plus clairement leur opinion (mais peut-être les modernistes russes sont-ils plus efficaces que les grecs).

Yannis ajoute :
La pauvrété spirituelle de l'Archévêché ne semble pourtant pas gêner le Patriarcat de Constantinople (la "Grande Eglise du Christ", idôlisée par quelques Grecs Orthodoxes pour des raison que j'ai du mal à comprendre).
Il me semble que des raisons financières ne doivent pas être étrangères à l’attitude du Patriarcat de Cobstantinople, mais il ne semble pas plus gêné par la pauvreté spirituelle de ses filiales européennes, qui sont cependant certainement beaucoup moins “juteuses”. Mais je ne vois pas en quoi il y aurait là une raison pour les Grecs orthodoxes (et pour l’ensemble de tous les Orthodoxes de toute ethnie) pour ne pas respecter le Patriarcat œcuménique. S’il est malade (ce que je pense) c’est toute l’Église qui souffre. D’abord c’est vrai pour tout membre de l’Êglise, quel qu’il soit, et puis c’est, en tant que Primus inter pares de tous les évêques de l’Église répandue par tout l’univers, c'est-à- dire celui qui préside à la vie synodale.

On l’a encore constaté dans deux circonstances récentes : lorsque le Synode de la très vénérable Église de Jérusalem (4ème en rang d’honneur des patriarcats) a déposé son patriarche, le patriarcat œcuménique a convoqué et présidé la réunion des Églises autocéphales qui a confirmé cette décision (une simple décision du Synode n'eût pas suffi, il y fallait une confirmation des autres autocéphalies) ; lorsque l’Archevêque d’Athènes a cru pouvoir d’une simple décision déposer un évêque, le Patriarcat œcuménique lui a rappelé qu’il devait prendre cette décision dans les formes canoniques afin que l’intéressé pût faire appel devant le PŒ de cette décision. Dans ces deux circonstances le PŒ a montré qu’une présidence des autocéphalies est nécessaire et utile, comme c’est du reste la règle canonique de l’Église orthodoxe..

Certes je sais que le PŒ est loin de se conduire toujours de manière canonique, en particulier lorsqu’il refuse de constituer ses différentes “filiales” répandues de par le monde en métropoles autonomes, et lorsque il limite son synode à peu de choses près à une réunion de chefs de bureau dépourvus de responsabilités territoriales. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que cette question soit résolue ? Je ne sais. Mais il faut faire confiance au vrai chef de l’Église, le Seigneur, qui, comme nous le rappelait l’Évangile d’aujourd’hui, a dit au paralytique : « Lève-toi, prends ton lit et marche » Et le paralytique se leva, prit son lit et marcha.

Je dis encore une fois qu’il y a, un peu partout sur la terre, des petits groupes de jeunes orthodoxes qui tentent de retourner aux sources, au-delà du modernisme et du traditionnalisme. C’est à eux qu’appartient l’avenir.
Jean-Louis Palierne
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Yiannis
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Message par Yiannis »

Le rôle du patriarcat oecuménique, en tant que président de la communion des Eglises Orthodoxes, est très important. Mon objection concerne le néo-papalisme de certains théologiens Grecs, qui arrive jusqu'au point de déplorer même l'autocéphalie de l'Eglise Russe (j'ai lu ça aussi!).
Puis, il semble que le patriarche Bartholoméos est très stricte, hyper-stricte je dirais, en ce qui concerne l'application des canons dans des questions de jurisdiction, alors qu'il est complètement indifférent vis-à-vis des déclarations très peu orthodoxes d'un nombre de ses évêques ou de leurs actes anti-canoniques.
Les théologiens professionels du patriarcat continuent à rabâcher cette histoire avec les "terres barbares", qui non seulement elle est ridicule, car elle n'est pas conforme au sens du canon du Concile de Chalcédoine (j'ai lu un article récent du métropolite Pantéléimon Rodopoulos et on voit toujours la même langue de bois), mais en plus elle crée une barrière entre Phanar et les autres Eglises autocéphales. C'est en vertu de cette idéologie neo-papiste - oui, il s'agit bien d'une idéologie - que le patriarche écuménique actuel, durant une visite à Tokyo il y a quelques années, n'a pas concélébré avec le feu métropolite de l'Eglise autonome de Japon, Théodose. C'est pour la même raison que l'Eglise de Grèce n'a que des rapports officieux avec l'Eglise du Japon.
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